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Full text of "La création et ses mystères dévoilés ; ouvrage où l'on expose clairement la nature de tous les étres, les éléments dont ils sont composés et leurs rapports avec le globe et les astres, la nature et la situation du feu du soleil, l'origine de l'Amérique, et de ses habitants primitifs, la formation forcée de nouvelles planètes, l'origine des langues et les causes de la variété des physionomies, le compte courant de l'homme avec la terre, etc. Avec dix gravures"

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Mttteum 

173 


LA  CRÉATION 


ET 


SES  MYSTERES  DEVOILES 


ŒT  OUVRAGE  SE  TROUVE  ÉGALEMENT  CHEZ  LAUTEUR , 
Bac  ««  teMoiiTlIle,  49^  à  Nenllly,  près  Paris. 


I  M  p.    B  F.  \  A  R  n   K  T  C*  ,    2  ,    R  D  K   n  A  SI  I E  T  T  H 


LA  CRÉATION 


KT    SES 


MYSTÈRES  DEVOILES 

Ouvrage  où  Fod  expose  claiieiiuiDt  la  Nature  d».  tous  les  Etres 

LES  ÉLÉMENTS  DONT  ILS  SOUt  COMPOSÉS 

ET  LEURS  B APPORTS  AVEC  LE  GLORE  ET  LES  ASTRES 

LA  NATURE  ET  LA  SITUATION   DU  FEU   DU  SOLEIL 

L'ORIGINE  Qt  L'AMÉRIQUE 

.  .  *  -  ^ 
LA  FORMATION  FORCÉE  DB  NOUVELLES  PLAKÈTES 

L'ORiaiNB  DIS  LANGUES  BT  LBS  CAUSES  DE  LA  VARIÉTÉ  DBS  PHYSI0N0MIR3 
LE  COMPTE  COURANT  DE  L'HOMME  AVEC  LA  TERRE,  RTC. 


PAR   AT  SNIDEK^ 


0 


PARIS 


LIBRAIRIE  A.  FRANCK 

67  ,   RUI   RICHELIEU 


LIBRAIRIE  E.  DENTU 

PAL419-ROYAL,   GALERIE   d'oRIÉAKS,    1  .'t 


1859 

Droli  de  Traclociion  rénervé 


i  «  «  .^    # 


PREFACE 


0 

v^  Félix  qui  poluit  rerum  cognoscere  C4U»a».' 

û  Virgile,  Georg.,  II. 

I  «  * 

> 

0  Pendant  plus  de  vingt  ans,  mes  réflexions  et  mes 

recherches  m'ont  porté  à  me  demander  l'origine  de 
ces  nombreuses  populations  que  Christophe  Colomb 
rencontra  en  Amérique  lors  de  sa  découverte  en 
1492,  ainsi  que  les  autres  voyageurs  qui  l'ont 
suivi.  - 

Comment  ces  populations  se  trouvaient-elles  dans 
ces  contrées  inconnues? 

Dans  le  pays  même,  c'est-à-dire  en  Amérique,  ni 
Colomb,    ni   Améric  Vespucci,    ni  Cortèz,  ni  Piz- 

zaro,  ni  leurs  successeurs,  n'ont  jamais  trouvé  de 
livres  pour  éclairer  l'histoire  de  l'origine  du  peuple 
américain. 

Tout  ce  que  les  auteurs  modernes  ont  dit  et  écrit 
sur  le  passage  présumé  des  peuples  par  le  nord,  ou 
en  traversant  la  mer,  était  conjectural  et  impossible 
a  mes  yeux  ;  d'abord  le  nord  de  l'Asie  ne  touche  pas 
avec  le  nord  de  l'Amérique  pour  qu'il  y  ait  une  corn- 


PKËFAGE. 


munication  par  terre,  et  quant  à  la  traversée  par 
nier,  la  distance  de  l'Afrique  a  rAmérique  était  im- 
mense, et  la  navigation  était  inconnue  ou  dans  Ten- 
fance  ;  ensuite,  ce  qui  détruisait  Tune  et  Tautre 
de  ces  hypothèses,  c'étaient  les  débris  de  monu- 
ments, de  colonnes  et  de  pierres  qui  avaient  servi 
très-anciennement,  quelques-unes  portant  encore  des 
vestiges  d'inscriptions  pareilles  à  celles  de  l'Egypte, 
que  je  voyais  dans  les  forêts  et  dans  les  déserts  de 
l'Amérique. 

Il  me  semblait  donc  que,  quand  même  les  hommes 
auraient  pu  traverser  l'Océan,  ils  n'auraient  certes 
pas  emporté  avec  eux  ces  masses  énormes  de  pierres 
et  en  si  grande  abondance. 

Si  les  hommes  avaient  emporté  seulement  leurs 
instrument^,  et  travaillé  la  pierre  en  Amérique,  l'art 
se  serait  conservé  et  perfectionné;  car  le  goût  des 
arts,  qui  est  inné  chez  tous  les  peuples,  progresse 
surtout  quand  une  nation  jouit  d'une  paisible  tran- 
quillité, comme  celle  dont  jouissaient  les  populations 
en  Amérique  à  l'époque  de  la  découverte  de  ce  grand 
continent. 

Mais  les  monuments  en  pierre  de  taille  qu'on  ren- 
contrait à  cette  époque  n'étaient  que  des  débris, 
sauf  quelques  rares  sujets  qui  ornaient  des  temples 
du  Mexique  et  qui  étaient  vénérés  comme  des  objets 
d'un  ancien  souvenir. 

Aussi,  dans  mes  pérégrinations  à  travers  les  déserts 
de  l'Amérique,  ai-je  rencontré  en  bien  des  endroits, 
ainsi  que  je  le  disais  tout  à  l'heure,  des  débris  d'an- 
ciennes colonnes,  des  fragments  de  statues,  et  de 
grandes  pierres,  quelques-unes  portant  encore  des 


PRÉFÀGS.  7 

vestiges  d'hiéroglyphes,  et  j'en  ai  vu  ensevelis  dans 
les  terres  et  dans  le  fond  de  certaines  rivières. 

Je  n'ai  pas  manqué,  en  toute  occasion,  de  prendre 
des  notes  de  la  position  de  ces  découvertes,  et  lorsque 
l'objet  était  à  ma  portée,  je  le  mesurais  et  j'en  faisais 
la  description  ;  mais  malheureusement  ces  notes  se 
sont  perdues  dans  les  vicissitudes  de  mes  excur- 
sions. 

De  nos  jours  cependant  les  fouilles  dommencenl  à 
se  pratiquer  par  les  soins  des  hommes  instruits  et  des 
propriétaires  dans  certaines  contrées  du  Nouveau- 
Monde;  déjà,  grâce  à  eux,  nous  sommes  à  même,  non 
plus  d'énumérer  des  fragments  et  des  débris,  mais  bien 
des  monuments  entiers,  des  statues  et  des  tables  de 
taille  gigantesque,  des  animaux  complets  en  pierre 
de  toute  sorte,  et  même  des  traces  d'inscriptions  qui 
ue  tarderont  pas  à  être  déchiffrées.  Dans  le  courant 
de  cet  ouvrage,  j'indique  la  localité  et  le  nom  de 
l'honorable  personnage  qui  est  déjà  en  possession 
d'une  centaine  de  ces  trésors  de  l'antiquité,  et  qui 
continue  toujours  ses  fouilles. 

C'est  ainsi  que  les  entrailles  de  la  terre  amé- 
ricaine semblent  faire  sortir  ces  témoins  pour  venir 
confirmer  son  origine  telle  que  je  me  suis  proposé  de. 
l'indiquer.  Je  dois  cette  découverte  à  mes  réflexions 
et  à  mes  recherches,  et  j'espère  avoir  touché  du 
doigt  la  vérité. 

Mais,  pour  la  faire  comprendre ,  cette  vérité,  pour 
expliquer  le  détachement,  la  séparation  de  ce  nou- 
veau monde  qui  a  été  uni  à  l'ancien  pendant  tant  de 
siècles,  il  me  fallait  présenter  leurs  positions  primi- 
tives, leur  liaison  antérieure,  le  tout  dans  son  en- 


8  -  PRÉFACE. 

semble.  Pour  donner  ces  explications,  il  me  fallait 
remonter  à  la  position  de  notre  planète,  et  pour 
traiter  de  notre  planète,  il  fallait  me  reporter  à  son 
origine,  à  sa  création. 

Mais  comment  oser  parler  de  la  création,  quand 
déjà  les  hypothèses  des  savants  sur  cette  question 
ont  rempli  le  monde  sous  toute  espèce  de  formes? 

Toutefois,  ayant  examiné  les  systèmes  de  presque 
tous  les  auteurs  qui  ont  traité  ce  grave  sujet,  j'ai 
remarqué  qu'aucune  de  leurs  opinions  ne  se  rap- 
portait complètement  à  mes  idées.  Convaincu  de  la 
vérité  où  m'ont  conduit  mes  réflexions,  j'ai  entrepris 
la  tâche  d'exposer  le  système  que  m'indiquait  ma 
conviction,  basée  sur  l'inévitable  liaison  des  êtres  de 
toute  espèce,  depuis  la  masse  grandiose  du  globe, 
jusqu'au  plus  petit  insecte. 

J'ai  trouvé  que  l'infiniment  petit  a  été  l'origine 
et  la  source  de  l'infiniment  grand  ;  que  rien  ne  vient 
de  rien,  mais  aussi  que  ce  qui  est  grand  ne  vient  pas 
du  grand,  mais  commence  par  un  être  petit,  attendu 
que  la  nature  n'agit  qu'à  l'aide  de  corps  ou  d'élé- 
ments imperceptibles. 

Je  me  suis  convaincu  que  la  terre  de  l'Amérique 
et  celle  de  l'ancien  monde  ont  été  composées  en 
même  temps,  avec  une  matière  identique,  et  que  les 
êtres  de  toute  nature  qui  habitent  ces  deux  grands 
continents,  ceux  qui  s'agitent  à  la  surface  de  la 
terre,  comme  ceux  qui  nagent  dans  les  eaux,  comme 
les  êtres  qui  planent  dans  l'air,  sont  également  com- 
posés de  la  même  matière  que  le  corps  de  la  planète 
qui  devait  servir  à  leur  séjour. 

Pour  développer  ces  idées,  il  me  fallait  entrer 


PRÉFACE.  l) 

dans  tous  les  détails  de  la  création,  entendue  dans 
son  sens  le  plus  général  ;  c'est-à-dire,  dans  les  dé- 
tails de  la  composition  de  chacun  des  êtres,  non-seu- 
lement de  là  planète,  mais  aussi  des  règnes  minéral, 
végétal  et  animal  ;  et  encore  des  eaux,  du  feu  et  de 
Tair ,  puis  des  phénomènes  intérieurs  et  extérieurs 
de  la  terre,  et  enfin  de  son  atmosphère,  et  de  la  loi 
du  mouvement  universel. 

Comme  ces  phénomènes  ont  une  liaison  directe 
avec  les  astres,  mes  recherches  ont  dû  se  porter  sur 
les  corps  des  autres  planètes,  et  sur  le  soleil,  qui  do- 
mine notre  constellation. 

Parmi  les  planètes,  j'ai  choisi  Saturne;  son  poids, 
ses  satellites,  m'offraient  un  terme  de  comparaison 
assez  commode  pour  expliquer  leurs  phases  dans  les 
époques  de  la  création,  et  concevoir,  par  analogie,  la 
séparation  de  notre  Lune. 

Quant  au  Soleil,  les  astronomes  les  plus  éminents; 
Herschel,  Arago,  et  M.  de  Humbold,  ont  exprimé  à 
ce  sujet  des  opinions  qui  sont  généralement  reçues. 
Cependant,  aucun  d'eux  n'a  résolu  positivement  le 
pi*oblème  de  la  nature  et  de  la  situation  de  son  feu 
resplendissant;  par  conséquent,  la  porte  des  re- 
cherches étant  encore  ouverte  sur  cette  question,  je 
dus  essayer  aussi  d'exposer  mon  idée.  Ici  un  fait  in- 
contestable me  guidait:  l'origine  et  la  nature  positive 
des  matières  ;  car,  si  les  matières  composant  le  soleil 
étaient  de  la  même  origine  que  celles  composant  les 
planètes,  it  n'y  avait  aucune  raison  de  douter  que  son 
corps  ne  possédât  les  mêmes  éléments  ;  il  fallait  seu- 
lement savoir  comment  se  produisait  et  de  quoi  s'a- 
limentait le  feu  extérieur  du  soleil,  ce  feu  si  puissant. 


10  PRÉFACE. 

qui  domine  et  vivifie  toutes  les  planètes,  ainsi  que 
les  êtres  qu'elles  contiennent. 

Pour  résoudre  cette  question  importante,  après 
avoir  consulté  les  œuvres  des  Newton ,  des  Ke- 
pler, etc.,  et  n'ayant  rien  trouvé  de  satisfaisant  à  cet 
égard,  j'ai  fait  la  comparaison  de  ce  feu  sublime  et  élé- 
mentaire avec  celui  de  notre  globe  et  déterminé  sa 
position  entre  la  planète  et  le  soleil,  et  j'ai  osé  pré- 
senter pour  solution  une  nouvelle  hypothèse;  cette 
idée  toute  neuve  m'est  v^nue  comme  une  consé- 
quence inévitable  de  la  simplicité  avec  laquelle  toutes 
les  choses  de  la  nature  sont  faites. 

Le  feu  céleste,  comme  celui  de  l'intérieur  de  la 
terre,  ayant  coopéré,  en  consolidant  notre  planète,  à 
l'addition  des  êtres  qu'elle  produisait  dans  les  règnes 
végétal  et  animal,  il  m'a  fallu  entrer  dans  l'expli- 
cation du  travail  de  la  création,  d'après  les  époques 
de  formations  successives  des  minéraux,  des  vé- 
gétaux et  des  animaux,  en  faisant  la  statistique  de 
certaines  espèces  de  ces  derniers,  pour  déter- 
miner la  condition  des  êtres  en  général  sur  la 
terre. 

Les  eaux,  qui  ont  joué  un  si  grand  rôle  dans  la 
formation  de  notre  monde,  devaient  avoir  leur  place 
assignée  depuis  leur  origine  jusqu'au  terme  de  leur 
mission.  Cet  élément  primitif  ayant  un  rapport  per- 
pétuel avec  l'existence  du  globe  et  de  tous  les  êtres 
qu'il  contient,  et  ayant  participé  h  de  grands  phé- 
nomènes, j'ai  dû  observer,  en  passant,  les  causes 
et  les  effets  de  cette  puissance  à  l'extérieur  comme 
k  rintérieur  de  la  terre. 

L'atmosphère,  qui  fait  visiblement  partie  de  notre 


PRÉFACE.  11 

planète  et  qui  la  sépare  de  l'espace,  en  servant  de 
gi*and  laboratoire  chimique  aux  émanations  ter- 
restres; cette  atmosphère,  où  Tair  se  purifie,  et,  qui 
iious  en  fournit  constamment  pour  notre  existence, 
ne  pouvait  manquer  d'avoir  son  histoire  dans  mon 
exposé. 

Enfin,  Thomme,  le  dernier  arrivé  sur  notre  globe 
dans  Tordre  de  la  création,  portant  en  lui  l'intel- 
ligence avec  les  devoirs  qu'elle  lui  impose,  termine 
mon  ouvrage. 

Le  dernier  jour  de  la  création,  dans  lequel  nous 
vivons,  m'a  offert  des  arguments  positifs  qui  ont 
justiSé  beaucoup  d'explications  concernant  les  jours 
précédents  de  la  création  ;  ces  arguments  ont  régula- 
risé, après  examen,  des  conditions  qui  auraient  pu 
rester  danà  le  domaine  des  hypothèses. 

Parmi  ces  faits  se  trouvent  la  dérivation  des  mo- 
lécules et  les  rapports  analogues  des  êtres  entre  eux  ; 
j'ai  dû  examiner  ce  que  l'homme,  comme  individu, 
reçoit  de  la  terre  et  lui  rend,  établir  pour  ainsi  dire 
son  compte  courant,  qui  s'est  étendu,  par  un  calcul, 
sur  toute  la  race  humaine  ;  ce  calcul  m'a  conduit  au 
bilan  des  autres  êtres,  et  leur  ensemble  m'a  fourni 
la  statistique  du  mouvement  jourpalier  sur  lequel  j'ai 
pu  baser  le  chiffre  des  émanations  qui  se  produisent 
sur  tout  le  globe  terrestre. 

La  matière  sur  laquelle  repose  la  loi  de  la  pesan- 
teur et  les  principes  du  mouvement  perpétuel  sont 
l'objet  d'un  chapitre  spécial. 

L'origine  des  langues  et  les  causes  de  leurs  diver- 
sités, comme  la  cause  de  la  variété  des  physiono- 
mies humaines,  sont  aussi  Tobjet  d^un  chapitre  à 


12  PRÉFACE. 

part,  ainsi  que  le  but  de  la  création  de  l'homme. 

Enfin,  j'examine  ce  qu*a  produit  jusqu'ici  l'intelli- 
gence de  l'homme  dans  le  grand  œuvre  de  la  civili- 
sation. Ce  dernier  tableau  n'est  pas  flatteur  pour 
l'homme  ;  mais  je  ne  pouvais  que  dire  la  vérité,  heu- 
reux si  l'aperçu  que  je  donne,  dans  les  derniers  cha- 
pitres, des  maux  qui  affligent  l'espèce  humaine  con^- 
tribue  à  rendre  l'homme  aussi  parfait  de  cœur  qu'il 
l'est  au  point  de  vue  de  l'intelligence  dont  il  a  été 
gratifié  par  le  Créateur. 

Dans  un  ouvrage  aussi  peu  volumineux  qu'est 
celui-cf,  je  me  suis  eflbrcé  de  rendre  mes  pensées  le 
plus  clairement,  le  plus  simplement  possible,  afin  que 
tout  le  monde  puisse  le  lire  et  le  comprendre,  sans 
avoir  besoin  de  chercher  dans  le  dictionnaire  la  va- 
leur de  termes  nouveaux  ou  scientifiques.' 

Je  sens  que  j'ai  trop  osé  peut-être  en  touchant  à  la 
partie  philosophique  de  la  création  ;  du  moins,  je  me 
suis  astreint,  autant  que  possible,  aux  époques  de  la 
Bible. 

L'astronomie  a  nécessairement  réclamé  une  place 
dans  mon  ouvrage  :  je  lui  ai  fait  celle  que  la  nature 
de  l'œuvre  comportait;  quant  aux  règnes  minéral, 
végétal  et  animal,  ils  y  figurent  avec  les  êtres  les  plus 
importants  de  la  création. 

Si  quelqu'une  de  mes  idées  ne  paraissant  pas  suf- 
fisamment prouvée,  on  jugeait  à  propos  de  la  classer 
dans  le  nombre  des  hypothèses,  elle  n'en  sera  pas 
moins  utile  pour  des  recherches  subséquentes. 

€  Tant  qu'il  ne  nous  est  pas  donné,  >  disait  le  sa- 
vant Anglais  Newton,  «  de  parvenir  au  juste  degré  de 
€  certitude,  il  convient  de  tolérer  les  hypothèses, 


PRÉFACE.  13 

<sr  mais  en  les  rapportant  seulement  entre  les  choses 
«  probables.  * 

Le  célèbre  Allemand  Euler  disait  aussi  :  «  Je  ne 
«  pense  pias  qu'une  grande  liberté  de  feindre  des  hy- 
<r  pothèses  soit  pernicieuse  à  la  connaissance  de  la 
«  vérité;  car  je  suis  bien  persuadé  que  ce  n'est 
«  qu'après  plusieurs  de  ces  essais,  que  l'on  tente  en 
«  imaginant  des  hypothèses^  qu'il  nous  est  permis 
«  d'arriver  à  la  vérité.  » 

Le  philosophe  français  Descartes,  en  traitant  du 
magnétisme,  a  donné  un  exemple  frappant  de  l'avan- 
tage des  hypothèses. 

Enfin,  l'Américain  Francklin,  mon  compatriote,  a 
encore  dit  :  c  Je  considère  une  théorie  toujoui*s  utile, 
^  lorsqu'elle  classe  les  faits  méthodiquement;  elle 
«  sera  une  hypothèse,  mais  une  hypothèse  indispen- 
«  sable  qui  débrouillera  un  grand  nombre  de  faits 
^  connus.  * 

Quelle  que  soit  donc  la  hardiesse  de  certaines  de 
mes  hypothèses,  je  suis  convaincu  que  ces  grands 
hommes  les  auraient  approuvées,  comme  je  suis  sûr 
que,  si  Franklin  vivait,  il  partagerait  mon  opinion 
sur  le  fait  de  la  formation  de  l'Amérique  et  sur  l'ori- 
gine de  ses  premiers  habitants. 

A.  Snidek. 


PREMIER  JOUR 


OU 


PREMIÈRE   ÉPOQUE 


RÈGNE  DE   L'AIR  ET  OU  FEU 


Après  de  longs  efforts,  un  immense  assemblage 
S'élève,  et  du  chaos  tout-à-coup  se  dégage  : 
Le  monde  naît  enfla  ;  ses  ressorts  affermis 
Se  composent  encor  d'éléments  ennemis. 
Le  choc  tumultueux  de  leur  foule  infinie 
De  ce  jeune  univers  éloignait  l'harmonie; 
Mais  la  terre  bientôt  se  sépare  des  cieux; 
L'onde  envahit  des  mers  les  gouffres  spacieux  ; 
Les  monts  dressent  leur  cime,  et  l'essence  éthéréo 
S'élance  et  resplendit  à  la  voûte  azurée. 

Lucrèce  , 

Traduit  pAr  M.  de  Ponckrville. 


LE  &ÉMIE  DE  LA  NATURE. 

Je  crus  voir,  dans  l'éclat  de  sa  riche  parure, 

Appai'altre  à  mes  yeux  le  Dieu  de  la  nature  ; 

Dans  ses  traits  doux  et  fiers  une  mâle  beauté 

Semblait  joindre  la  grâce  à  la  sévérité; 

Son  front  touchait  le  ciel,  ses  pieds  foulaient  la  terre. 

Ses  accents  ressemblaient  k  la  voix  du  tonnerre; 

Mille  astres  éclataient  sur  son  front  radieux, 

La  foudre  dans  ses  mains  et  l'éclair  dans  ses  yeux  ; 

Douze  signes  ornaient  sa  ceinture  flottante. 

Au  tissu  varié  de  sa  robe  éclatante 

Les  sept  rayons  d'Iris  prodiguaient  leurs  couleurs; 

Sous  ses  pieds  les  gazons  se  tapissaient  de  fleurs. 

Il  ordonnait  :  les  eaux  s'échappaient  de  leurs  sources; 

Le  tonnerre  grondait,  les  vents  prenaient  leurs  courses; 

Autour  de  lui ,  le  Temps ,  sous  mille  aspects  nouveaux , 

Achevait ,  renversait ,  reprenait  ses  travaux  ; 

Les  débris  s'animaient,  la  mort  était  féconde, 

Et  la  destruction  renouvelait  le  monde. 

Dblille. 


PREMIER   JOUR 


00 


PREMIÈRE    ÉPOQUE 


RÉGNE    DE    L'AIR  ET   DU   FEU 


CHAPITRE  PREMIER 

IVotlonuB  i;énérales 

Sommaire.  —  Aspect  du  ciel;  nombre  des  étoiles,  1,2.  —  Vide  du 
lîrmament,  3,4.  —  Loi  de  destruction  et  de  production,  5  à  8.  — 
Nature  de  Tiiomme ,  9.  —  Analogie  de  l'homme  avec  les  astres ,  10. 

—  Intelligence  de  Thomme,  11.  -^  Nouveaux  ri^iporU  de  l'homme 
avec  les  corp.^  célestes,  12.  —  Éléments  dont  ils  sont  composés ,   13. 

—  Matière  et  fonction  de  notre  globe,  Û,  15,  16.  —  Témoignage  de 
la  Bible,  17,  18. 

I .  —  Quel  que  soit  le  point  du  globe  sur  lequel  rhomme 
se  trouve ,  son  regard  embrasse,  du  zénith  à  l'horizon ,  cette 
voûte  infinie  du  ciel  qui  contient  suspendues  les  étoiles  par 
millions. 

2.  —  Ces  étoiles,  grandes  è  nos  yeux  comme  de  petits 
diamants,  sont  séparées  les  unes  des  autres  par  des  millions 
de  millions  de  lieues. 

3.  —  Ces  astres,  soleils,  planètes,  ou  étoiles,  sont  bien  plus 
nombreux  encore;  nos  yeux^  nos  télescopes  les  plus  puissants 

2 


18  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 

n'ont  pas  assez  de  portée  pour  nous  permettre  de  les  conipter, 
ou  même  de  les  apercevoir  dans  le  vide  incommensurable  du 
firmament  (1). 

4.  —  Ce  vide  immense  est  destiné  à  recevoir  d'autres 
astres  et  de  nouvelles  planètes,  qui  augmenteront,  à  des  mo- 
ments donnés,  le  nombre  des  étoiles  dans  la  sphère  de  Tu- 
nivers. 

5.  —  L'univers  est,  en  vertu  d'une  loi  éternelle,  le  foyer 
d'un  mouvement  perpétuel  de  production  et  de  destruction. 

6.  —  Chaque  soleil  et  chaque  planète,  par  la  même  loi, 
est  également  un  foyer  de  productions  et  de  destructions  con- 
tinuelles. 

7.  —  La  matière,  y  compris  l'homme,  qui  en  fait  parlie, 
est  l'objet  d'une  incessante  production  et  destruction. 

8.  —  Ce  qui  provient  de  la  destruction  est  une  cause  de 
nouvelle  formation. 

9.  -H.  L'homme  est  composé  de  la  même  matière  dont 
est  composé  le  monde  qu'il  habite. 

10.  '^  La  nature  agit  sut  l'homme  et  sur  tout  œ  qui  l'en- 
toure ,  avec  les  mêmes  lois  suivant  lesquelles  elle  agit  sui- 
tes corps  célestes. 

11.  —  Dieu  a  donné  à  l'homme  l'intelligence,  afin  qu'il 
ptifeèô  "recottUâUf è ,  iwlïnirer  et  imiter,  durant  sa  courte 
Clattïère,  là  ^Herfectioti  dont  il  voit  le  modèle  dans  l'univers, 

12.  —  Chaque  soleil  et  chaque  planète  absorbent  et  re- 
jettent continuellement  des  fluides ,  comme  l'homme  aspire 
VtAr  ^t  rejette  i^fi  hakine  et  s6i  tr^mpiration* 

(-1)  Herschell  a  calculé  75  miUions  d^éloiles;  mais  s'il  eût  pu  placer 
son  télescope  sur  la  plus  éloignée  qu'il  ait  aperçue ,  il  en  aurait  trouvé 
des  milliards  dans  lés  espaces  supérieurs,  indépendamment  de  cdles 
ôt  Ift  vofe  lactëé,  et  s^ns  y  comprendro  ies  comètes. 


NOTIONS   GÉNÉRALES.  19 

13.  —  La  réunion  des  molécules,  ou  fluides  superflus, 
épars  dans  l'espace ,  est  le  principe  de  la  formation  des  astres 
nouveaux ,  comme  une  molécule  de  semence  est  le  principe 
de  la  formation  d'une  plante  ^  d'un  animal  et  de  l'homme. 

K.  —  Notre  globe  a  été  composé  du  superflu  des  éma- 
nations des  autres  astres,  soleils  et  planètes. 

15.  —  L'état  actuel  de  notie  globe,  ses  évolutions,  ses 
attractions,  et  ses  émanations,  nous  fournissent  autant  d'é- 
léments de  comparaison  avec  les  autres  astres  qui  lui  ont 
donné  leurs  fluides  superflus;  bien  plus,  en  vertu  de  la 
loi  de  travail  perpétuel  que  nous  avons  indiquée  (13),  ils 
fournissent  encore  et  fourniront  toujours  la  matière  destinée 
à  composer  d'autres  astres  que  nous  ou  nos  descendants  par* 
viendrons  à  découvrir  dans  l'espace. 

16.  —  Notre  globe  kii-même,  par  la  force  de  liaison 
qui  règle  le  mouvement  universel  de  tous  les  corps  existants 
sous  la  voûte  du  ciel,  contribue  depuis  sa  formation,  et  con- 
tribiiera  toujours  à  l'expansion  de  ces  fluides,  en  émettant  sa 
portion  de  molécules  superflues,  comme  on  le  verra  au 
chapitre  xi. 

I7«  —  Les  anciens  livres,  la  sainte  Écriture  elle-mêue, 
quelque  abrégée  qu'elle  isoit^  nous  ouvrent  la  voie  à  ta  con*- 
naissance  de  ces  faits,  car  nous  lisons  dans  la  Bible  :  «  la 
terre  était  sans  forme  et  vide  (c'est-à-dire  dans  le  vidé),  et 
les  ténèbres  étaient  sur  la  face  de  l'abîme.  Ce  fut  le  premier 
jour.  »  (Genèse^  ch.  i,  v.  2.) 

Ig.  —  Nous  allons  donc  suivre,  au  milieu  de  ces  ténèbres 
dont  parle  la  Bible,  le  chaos  du  premier  jour,  oi|  pour  mieux 
dire  de  la  i«*emière  époque  de  formation  ;  mais,  avant  tout, 
nous  devons  entrer  dans  quelques  détails  pour  développer 
les  principes  que  nous  vepons  de  poser. 


20  première;  époque. 


CHAPITRE    IL 

DéTeloppement  des  Principes  énoneé» 

ei-demiiui. 

Sommaire.  —  Élaboration  des  fluides  dans  l'espace,  19.  — '  Leurs  mod  - 
fications  dans  notre  atmosphère,  20.  —  Effets  analogues  qui  se  pro- 
duisent dans  le  règne  animal,  21.  —  Rencontre  et  réunion  des  masses 
de  fluides;  leur  assemblage,  22.  —  Propriété  de  cet  assemblage,  23. 
—  Sa  contraction ,  son  rétrécissement ,  sa  force  attractive ,  24.  —  Sa 
pesanteur,  25.  —  Formation  du  feu  central ,  26.  —  Belles  conséquences 
du  travail  de  Tassemblage ,  27.  —  Mode  de  formation  des  planètes  et 
des  satellites ,  28.  —  Loi  relative  aux  satellites,  29,  30.  —  Système 
des  anneaux,  31.  —  Decsité  des  satellites,  32,  33.  —  Exemple  tiré  de 
la  planète  Saturne ,  34.  —  Limites  dans  lesquelles  nous  nous  renfer- 
mons, 35.  — Tableau  de  la  densité  des  corps  de  notre  système  solaire,  36. 

19.  —  Tout  soleil,  toute  planète,  a  ses  émanations  con- 
linuelles  jour  et  nuit;  une  partie  de  ces  émanations  retourne 
à  sa  source  primitive,  en  vertu  de  la  loi  d'attraction ,  d'im- 
pulsion et  de  répulsion  (1),  sous  des  formes  diverses  de  cha- 
leur, pluie  ou  neige;  mais  une  partie  se  disperse  et  voyage 
dans  respace  sous  forme  de  molécules  invisibles;  ces  molé- 
cules possèdent  naturellement  la  'pro'pnété  intrinsèque  des 
corps  existant  dans  l'astre  ou  la  planète  qu'elles  ont 
quitté. 

20.  —  Ainsi,  les  émanations  de  toute  nature  qui  sortent 
continuellement  de  notre  globe,  s'élèvent  et  passent  dans  son 
atmosphère,  qui  est  Timmense  laboratoire  où  se  purifient  tous 
les  éléments  émanés  de  la  terre.  Cette  purification  s'opère 
au  moyen  de  Téther  qui  filtre  constamment  des  régions  su- 
périeures dans  les  régions  inférieures;  c'est  là  que  s'exé- 

(1)  Nous  n'avons  pas  besoin  de  démontrer  celle  loi;  elle  a  été  trop 
bien  expliquée  par  les  Kepler,  les  Newton,  etc. 


DÉVELOPPEMENT   DES   PRINCIPES.  21 

cuieni  les  modiBcations  chimiques  de  la  matière  dont  one 
partie,  poussée  par  les  vents  hors  des  limites  de  l'atmosphère, 
pénètre,  par  Teffet  de  sa  subtilité,  dans  les  régions  supé- 
rieures et  latérales  en  dehors  de  notre  globe. 

21.  -^  De  même,  quand  Thomme,  quand  les  animaux  res- 
pirent, il  se  fait  une  opération  chimique  dont  les  poumons 
sont  le  foyer;  Tair  aspiré  s'y  décompose;  Tun  de  ses  élé- 
ments, Toxygène,  suivant  les  physiologistes,  entre  dans  le 
sang,  et  une  partie  des  autres  éléments  est  expulsée  sous 
forme  de  ce  qu'on  appelle  Thaleine  ;  Thaleiné  n'est  donc  plus 
composée  des  mêmes  principes  que  Pair;  elle  a  changé  de 
qualité,  et  en  sortant  des  êtres  animés,  elle  passe  dans  l'at- 
mosphère, et  se  mêle  à  la  masse  des  molécules  dispersées 
dans  Tespace. 

22  —  Il  arrive  un  moment  où  une  énorme  quantité  de 
ces  molécules  de  toute  nature,  entraînées  par  leur  propre 
poids,  qui  engendre  les  vents  dans  toutes  les  directions,  sont 
poussées  vers  un  point  central,  et  se  rencontrent  dans  les 
régions  célestes  ;  ce  phénomène  doit  s'opérer  dans  les  diverses 
sphères  d'activité  des  astres  ou  constellations,  au  moins  une 
fois  tous  les  quatre  ou  cinq  siècles,  par  une  raison  que  nous 
verrons  plus  tard  ;  alors,  la^  rencontre  des  molécules  sur  une 
immense  échelle  produit  forcément  leur  union  ;  cette  union 
forme  un  amas  très-considérable;  c'est  ce  que  nous  appellerons 
un  assemblage. 

23.  —  Cet  assemblage,  quelque  dilaté  qu'il  soit,  est  déjà 
un  corps  spécial  et  isolé  dans  l'espace  ;  ce  corps  a  aussi  la 
propriété  inhérente  à  tous  les  corps,  d'attirer. à  lui  et  d'ab- 
sorber les  molécules  isolées  qui  s'approchent  de  son  cercle 
d'action. 

24.  —  L'assemblage,  par  la  loi  du  mouvement  universel, 
ne  peut  pas  rester  slalionnaire  ;  il  se  trouve  poussé  avec  vio- 
lence, il  est  entraîné  par  le  courant,  et  doit  suivre  la  marche 


22  PREMIÈRE  ÉPOQUE. 

ouverte  devant  lui  sur  un  chemin  qui  sera  bieRioi  son  orbite 
régulière;  dans  sa  course  précipitée,  Tassemblage  se  rétrécit, 
se  contracte,  en  diminuant  son  volume,  qui  se  durcit  vers  le 
centre,  en  même  temps  qu'il  augmente  sa  sphère  extérieure 
par  Fadjonction  constante  de  nouvelles  molécules,  lesquelles 
forment  de  nouveaux  cercles  successifs  autour  du  premier 
corps, 

25.  —  Ce  corps  a  déjà  un  poids  suffisant  pour  se  maintenir 
en  équilibre  ;  il  entre  aussitôt  dans  les  lois  de  la  pesanteur 
qui  régissent  les  autres  corps  célestes,  et  par  conséquent,  il 
est  immédiatement  en  harmonie  avec  ceux  de  la  constellation 
dans  laquelle  il  se  trouve,  et  commence  à  subir  sa  première 
règle  organique,  qui  est  de  faire  ses  évolutions  rapides  dans 
un  sens  circulaire  ou  ovale. 

26.  —  Un  rétrécissement  progressif  sera  l'effet  de  ce  travail 
continu  ^  et  la  compression  de  Tassemblage  sera  relative  ou 
proportionnelle  à  la  vitesse  de  sa  rotation  ;  la  contraction 
produisant  une  dureté  centrale,  cette  dureté  engendrera  le 
feu,  et  ce  feu  dominera  la  masse,  classera  les  matières  en 
les  séparant  de  leurs  parties  liquides. 

27.  —  Plus  l'assemblage  se  durcit,  plus  il  augmente  sa 
force  d'attraction ,  en  sorte  que  pendant  longtemps  il  sera 
destiné  à  faire  un  double  service.  D'abord,  il  absorbera  les 
molécules  vagabondes  dans  l'espace,  et  provenant  des  fluides 
superflus  des  autres  astres;  son  travail  aura  ensuite  pour 
conséquence  la  formation  d'une  nouvelle  planète  dans  le  cadre 
du  firmament  ;  enfin  il  sera,  de  plus,  un  moyen  de  purifier 
l'air  du  ciel  en  balayant,  pour  ainsi  dire,  les  fluides  hété- 
rogènes, et  en  les  rendant  utiles  pour  une  nouvelle  trans- 
formation. 

28.  —  Le  temps  que  durera  ce  premier  enfantement  d'une 
nouvelle  planète  sera  subordonné  à  la  quantité  de  molécules 
ou  de  fluides  superflus  qui  se  trouveront  disponibles  pour  elle 


DÉVELOPPEMENT    DES   PRINCIPES.  ^3 

dans  Tespaee,  et  à  Taptitiicle  qu'aura  le  nouveau  corps  pour 
les  recevoir  ou  les  rejeter;  ainsi,  il  les  recevra  tant  que  ses 
parties  extérieures,  déjà  liées  au  centre  par  une  affinité  cti-^ 
recte,  conserveront  la  même  énergie  d'attraction.  Dans  le 
cas  contraire,  les  nouvelles  couches  de  molécules  qui  se  û\^ 
poseront  circulairement  et  se  fixeront  autour  du  corps  pi^n* 
cipal  ne  pourront  pas  filtrer  et  se  fusionner  jusqu'au  centre; 
elles  ne  pourront  qu'être  rejetées  par  celui-ci,  s'il  arrive  que 
lai  cause  qui  a  fait  obstacle  à  la  filtration  immédiate  devienne 
plus  puissante;  alors  la  répulsion  ou  le  rejet  aura  lien^  soit 
par  le  détachement  d'une  couche  tout  entière,  soit  par  la 
séparation  de  quelques  fragments;  chaque  portion»  ainsi  dé- 
tachée, formera  autant  de  satellites  toujours  adhérents  au 
corps  principal,  ainsi  que  nous  voyons  la  lune  graviter  autour 
de  notre  globe,  et  les  satellites  de  Jupiter  et  de  Saturne 
tourner  autour  de  ces  planètes. 

29.  --  Les  satellites  se  formeront  à  mesure  qu'ils  seront 
détachés  du  corps  principal.  La  place  dans  laquelle  chaque 
satellite  aura  été  déposé  lui  restera  acquise, pQur  toujours 
sans  qu'il  puisse  jamais  s'en  écarter,  à  cause  du  rapport 
d'affinité  et  de  dépendance  toiit  à  la  fois  qui  unira  ce  sa-;- 
tellite  à  sa  planète;  il  resterai  presque  sous  sa,  domination  ; 
son  mouvement  de  rotation  sera  assujéti  au  mouvement  du 
corps  principal,  quelle  que  soit  la  distance  qui  les  sépare. 

30.  —  Chaque  satellite  se  trouvera  éloigné  de  sa  planke 
à  une  distance  plus  ou  moins  grande ,  la  cause  de  cette  dis^ 
tance  provenant  simplanent  du  rétrécissement  du  corps 
principal,  car  chaque  satellite  reste  au  point  où  il  a  été 
déposé. 

3 1.  —  Un  anneau  peut  se  détacher  tout  entier  de  la  cir- 
conférence de  la  planète,  à  un  moment  donné  de  refroidis- 
sem^t,  et  conserver  sa  forme  ;  cela  arrivera  toutes  les  fcMs 
qu'il  hii  manquera  la  chaleur  et  la  force,  soit  pour  se  ré- 


24  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 

Irécirsor  lui-même,  soit  pour  se  partager  en  plusieurs  corps; 
alors  cet  anneau, et  successivementd'autresanneaux,se  main- 
tiendront en  état  circulaire  autour  de  la  planète,  quand  même 
cette  planète  continuerait  à  se  rétrécir  vers  son  centre  ;  c'est 
ce  qui  est  arrivé  à  la  planète  Saturne,  dans  la  constellation  de 
noU*e  soleil.  Il  existe  sans  doute,  et  il  y  aura,  dans  la  suite 
des  temps,  bien  d'autres  planètes  présentant  des  phénomènes 
semblables,  et  peut-être  avec  une  douzaine  et  plus  d*anneaux 
autour  d'elles,  dans  les  constellations  que  nous  ne  parvenons 
pas  à  apercevoir. 

32,  —  Les  satellites,  après  leur  formation,  restent  gé- 
néralement plus  légers  que  la  planète  dont  ils  dépendent, 
ainsi  que  le  prouve  la  lune,  qui  n'a,  à  peu  près,  que  sept 
dixièmes  de  densité  relativement  à  la  terre. 

33.  —  Cependant,  une  planète  peut  se  refroidir  à  la  pre- 
mière où  à  la  seconde  époque  de  sa  formation,  et  dans  ce  cas 
elle  restera  toujours  très-légère,  tandis  que  ses  satellites 
peuvent  conserver  leur  chaleur  spéciale,  continuer  l'œuvre 
de  leur  rétrécissement  particulier;  dans  ce  cas,  le  satellite 
deviendra  un  corps  plus  compacte,  mais  sa  petite  dimension 
le  laissera  toujours  soumis  aux  lois  dominantes  de  sa  planète, 
èi  laquelle  il  a  laissé  la  quintessence  de  ses  fluides. 

3<.  —  Saturne  n'a  qu'un  dixième  du  poids  ou  de  la  densité 
de  notre  globe;  cette  circonstance,  et  celle  de  son  immense 
circonférence,  prouvent  que  la  planète  Saturne  s'est  refroidie 
aux  premières  époques  de  sa  formation,  après  cependant 
avoir  détaché  ses  satellites,  et  peu  de  temps  après  la  sépa- 
ration de  ses  derniers  anneaux,  qui,  refroidis  eux-mêmes,  lui 
sont  restés  forcément  adhérents. 

35.  —  Notre  but  n'étant  point  d'entrer  dans  les  détails  de 
l'astronomie,  nous  nous  arrêterons  aux  indications  stric- 
tement nécessaires  pour  expliquer  l'origine  et  la  suite  de 
nos  recherches  de  formation  primitive  ;  quant  à  la  planète 


DÉVELOPPEMENT   DES   PRINCIPES.  25 

Saturne,  nous  l'avons  prise  comme  point  de  comparaison  ; 
nous  pourrons  y  revenir,  mais  nous  donnerons ,  surtout 
lorsqu'il  en  sera  temps,  des  détails  sur  le  soleil,  astre 
qui  domine  dans  le  cercle  de  notre  constellation.  Il  nous 
sufGt,  pour  le  moment,  d'indiquer  la  densilé  des  principaux 
corps  célestes  de  notre  système  solaire  comparativement  à  la 
terre. 

Nous  nous  bornerons*  aussi  à  indiquer  les  grands  faits  pri- 
mitifs de  la  nature,  car  les  petits  phénomènes  qui  se  pro- 
duisent dans  Tespace,  comme  la  foudre,  les  comètes,  les 
aérolithes,  et  tant  d'autres  accidents  momentanés,  n'entrent 
pas  dans  le  plan  de  cet  ouvrage;  ils  sont  expliqués  dans  les 
traités  spéciaux  d'astronomie  et  de  météréologie. 

36.  -r  Densilé  des  corps  célestes  dans  notre  système  so- 
laire : 

La  Terre  représente  1,000 

Le  Soleil 0,254,84  prouvé  par  l'Observatoire. 

La  Lune 0,742  Id.  id. 

Mercure  .......  2,583 

Vénus 1,037,9 

Mars 0,650,6 

Jupiter.  . 0,258,0  prouvé  par  TObservatoire. 

Saturne 0,104,22     Id.  id. 

Herschell. 0,220,4      Id.  id. 

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Vénus  serait  donc  la  seule  planète  dont  la  densité  appro- 
cherait de  celle  de  la  terre  ;  cependant,  comme  elle  est  plus 
près  du  soleil ,  son  rétrécissement  a  dû  être  plus  grand  et  sa 
dureté  doit  être  plus  forte,  ainsi  qu'on  parviendra  sans  doute 
à  le  reconnaître  par  les  observations  futures  de  l'astronomie. 

Ces  faits  exposés,  nous  revenons  au  chaos  dont  nous  avons 
parlé  à  la  fin  du  premier  chapitre. 


26  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 


CHAPITRE  III. 

IValt  —  AssemMa^e  —  Rotation  da  Cliaos 

Sommaire.  —  Action  des  vents ,  37.  —  Rencontre  des  molécules ,  38.  — ' 
Choc;  l'assemblage  se  sotidifle,  39.  —  Formation  du  feu,  ses  effets,  40. 

—  Fluide  magnétique,  sa  propriété,  AL  —  Principe  électrique,  42. 

—  Formation  de  notre  globe,  43.  —  Expérience  tirée  de  la  neige,  44. 

—  Molécules  aqueuses  ,  molécules  sèches ,  45.  —  Calcul  des  molécules 
élémentaires  de  notre  globe,  46.  —  Marche  de  la  condensation  du 
fluide  élémentaire,  quantité  des  molécules  employées ,  47,  48.  —  Bases 
de  notre  calcul ,  49.  —  Addition  successive  des  molécules ,  50.  —  Pro- 
cédé du  travail  de  condensation,  51.  —  Détachement  de  la  lune,  ses 
causes,  52.  —  Conséquences  pour  la  terre  de  Téruption  des  volcans, 
53.  —  Quantité  de  matières  qui  ont  composé  notre  satellite ,  54.  — 
Tableau  du  travail  progressif  de  condensation  ,  nombre  de  siècles  em- 
ployés, 55. 

37.  —  A  ce  moment  de  la  nuit  éternelle,  au  milieu  de  ces 
ténèbres  qui  couvraient  la  face  de  Tabîme,  suivant  l'expres- 
sion de  la  Bible,  les  soixante-quatre  courants  indiqués  par  la 
rose  des  vents  chassaient  devant  eux  les  molécules  ou  fluides 
superflus  des  astres  du  firmament. 

On  sait  que  le  vent  ne  doit  sa  force  d'impulsion  qu'à  la 
pesanteur  de  Tair;  or,  les  fluides  en  question  étant  par  eux- 
mêmes  un  air,  mais  un  air  cinq  fois  plus  pesant  que  l'air  or- 
dinaire, leur  énergie  d'impulsion  sera  cinq  fois  plus  considé- 
rable et  plus  violente, 

38.  —  Les  vents,  de  mille  côtés  diflérents,  se  dirigeant 
donc  vers  un  seul  point,  poussaient  sur  un  centre  commun 
les  énormes  masses  de  ces  matières.  Elles  se  rencontrent, 
voilà  le  choc  qui  s'opère,  la  force  du  contact  les  unit,  un  im- 
mense assemblage  se  forme ,  et  ses  molécules  ne  peuvent  plus 
se  dégager  ;  désormais  leur  sort  sera  commun  pour  le  reste 
de  l'éternité  ;  de  nouvelles  masses  portées  dans  la  même  di- 


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ASSEMBLAGE.  27 

reetion  par  les  courants  qui  se  succèdent  viennent  se  préci- 
piter sur  les  extrémités  de  cet  assemblage;  les  derniers  fluides 
qui  arrivent  ainsi  à  Textérieur  cherchent  à  se  faire  jour  pour 
continuer  leur  route  avec  toute  la  force  d'impulsion  qu  ils 
ont  reçue  ;  mais  ces  nouveaux  fluides  peuvent  à  peine  péné- 
trer jusqu'au  centre  de  la  masse,  et,  s'ils  y  pénètrent,  c'est 
pour  s  y  arrêter  et  faire  corps  avec  la  matière  déjà  plus  com- 
pacte qu'ils  y  rencontrent. 

39.  —  C'est  ainsi  que  se  continuera  pendant  quelque 
temps  Tunion  des  matières  dans  le  grand  assemblage;  mais 
dorénavant  ce  ne  sera  plus  les  vents  seuls  qui  y  contribue- 
ront; les  courants  ne  seront  plus  qu'un  auxiliaire  secondaire; 
l'assemblage,  devenant  corps  solide,  sera  lui-même  un  instru- 
ment d'attraction;  car,  à  l'instant  du  premier  choc,  le  croi- 
sement des  molécules  a  produit  un  centre  commun,  centre 
pressé,  comprimé,  bientôt  endurci,  aimanté  (1),  et  destiné  à 
servir  de  pivot  à  toute  la  masse. 

40.  —  La  pression  de  l'assemblage,  s' augmentant  vers  le 
point  central,  engendre  le  feu  (2). 

Ce  feu  est  l'âme  (3),  le  régulateur  du  corps  de  la  nouvelle 
planète;  ce  feu  va  dissoudre,  analyser  et  réunir  les  diflé- 
rentes  substances  renfermées  dans  ses  molécules,  lesquelles 
contiennent,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  indiqué  (m  19),  les 

{A)  Prenez  une  petite  barre  de  fernon  rouillée,  tenez-la  d'aplomb , 
à  50  centimètres  du  sol ,  et  laissez  tomber  d'aplomb  cette  barre  sur 
une  pierre.  Cje  choc,  en  ébranlant  toutes  les  molécules  du  métal ,  lui 
fera  acquérir  des  propriétés  magnétiques;  pour  vous  en  convaincre, 
approchez  le  bout  qui  a  frappé  le  sol,  d^une  aiguille;  quand  même  elle 
serait  sur  Teau ,  elle  sera  attirée  vers  la  barre  de  fer. 

(2)  Tous  les  mouvements  violents  suffisent  pour  produire  du  feu. 

'Descartes,  Princ.^  iv,  art.  Lxxxvn. 

(3)  Ainsi  deux  grands  pouvoirs  furent  créés  par  Dieu  : 
L'un,  c'est  Tattraction;  et  l'autre,  c'est  le  feu. 

Delille  ,  Règnes ,  i. 


28  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 

propriétés  intrinsèquea^  de  la  matière  existant  dans  les  autres 
astres  du  firmament. 

41.  —  Le  classement  opéré  par  l'action  du  feu,  en  déga- 
geant toutes  les  matières,  réunit  les  atomes  magnétiques,  dont 
le  fluide  puissant  tient  la  masse  de  l'assemblage  assujettie  aux 
divers  corps  déjà  classés  dans  Tespace. 

42.  —  Le  point  du  ciel  où  s'est  opérée  la  première  rencontre 
des  molécules  était  un  vide  (  1)  assez  vaste  pour  former  le  lit 
de  la  nouvelle  planète;  les  courants  ont  pu,  pour  quelques 
moments,  agiter  Tassemblage  suivant  certaines  déviations  ; 
mais  déjà  la  masse  est  devenue  un  corps  solide  et  assez  pesant 
pour  ne  plus  obéir  aux  caprices  des  vents.  Le  principe  élec- 
trique inhérent  aux  molécules  s'est  développé  dans  le  corps 
entier  et  va  le  guider  régulièrement  sur  le  chemin  de  Torbile 
que  le  Créateur  de  l'univers  a  fixée  pour  les  évolutions  de 
cette  nouvelle  planète. 

43.  —  Dans  les  notions  générales,  nous  avons  expliqué  le 
travail  que  fait  une  nouvelle  planète  dans  le  cours  de  sa  for- 
mation (23  à  28);  ce  travail  a  été  le  même  pour  notre  globe; 
seulement,  il  nous  reste  à  savoir  l'espace  qu'il  a  occupé  dans 
le  vide,  lors  de  sa  plus  large  dilatation  d'assemblage,  la  quan- 
tité de  molécules  qui  ont  été  employées  pour  sa  formation, 
le  temps  qu'il  est  resté  dans  l'état  de  chaos  primitif,  et  ce 
qu'il  a  dû  faire  dans  le  cours  du  premier  jour,  c'est-à-dire 
durant  la  première  époque  de  sa  condensation. 

Une  double  expérience  nous  a  fourni  les  bases  de  nos  re- 
cherches, ainsi  que  la  démonstration  et  le  calcul  des  pro- 
priétés que  les  molécules  acquièrent  par  leur  passage  dans 
les  espaces  célestes. 

{A)  Le  mol  vide,  généralement  adopté,  n'est  pourtant  pas  le  véri- 
table mot,  car  l'espace  contient  dans  toute  son  étendue  un  fluide  ou 
éther  très-subtil  et  éminemment  élastique,  lequel  s'unit  au  corps  nou- 
veau qui  prend  sa  place  en  s'y  amalgamant  lors  d'une  nouvelle  for- 
mation. 


ASSEMBLAGE.  29 

H.  —  La  neige  étant  la  seule  matière  venant  du  ciel  que 
nous  ayons  eue  à  notre  disposition,  afin  de  nous  rendre 
compte  des  qualités  qu'elle  pouvait  avoir  acquises  dans  l'atmo- 
sphère, nous  avons  rempli  déneige  un  verre, et,  l'ayant  placé 
dans  une  chambre  à  température  modérée,  nous  avons  re- 
marqué que  la  neige  contenue  dans  le  verre  s'est  peu  à  peu 
rétrécie  sur  elle-même  en  formant  une  boule  compacte;  ses 
molécules  se  resserraient  autant  que  possible  vers  le  centre, 
et,  lorsqu'elles  ne  purent  plus  se  comprimer,  quand  tous  les 
pores  se  trouvèrent  fermés  par  leur  propre  contraction,  alors 
seulement  la  boule  a  commencé  à  se  fondre  extérieurement 
et  a  continué  de  se  liquéûer  constamment  par  les  couches 
extérieures,sauf  la  partie  supérieure,  qui  résistait  et  qui  s'est 
fondue  la  dernière. 

45.  —  Nous  avons  donc  la  preuve  que  l'élaboration  des 
matières  dans  l'espace  est  telle,  que  chaque  molécule,  même 
de  la  neige,  reçoit  sa  part  d'élasticité,  d'électricité  et  de  ma- 
gnétisme; que  partout  où  les  molécules  se  rencontrent  en 
masse»  après  s'être  élaborées  dans  l'atmosphère,  elles  tendent 
à  l'union  et  à  la  compression  entre  elles,  et  que,  lorsque  le 
durcissement  est  parvenu  à  son  maximum,  alors,  si  le  corps 
est  composé  de  molécules  totalement  aqueuses,  la  compression 
continuant  en  amène  la  dissolution  ;  dans  le  cas,  au  contraire, 
où  les  molécules  seraient  d'une  nature  sèche  ou  solide,  la 
compression  poussée  à  son  maximum  engendrerait  le  feu, 

46.  —  L'opération  suivante  nous  a  servi  de  base  pour  le 
caleul. 

Nous  avons  pris  un  litre  de  neige  dans  son  état  naturel, 
et  nous  l'avons  laissée  fondre;  elle  nous  a  donné  le  quart  de 
la  mesure  en  eau  ;  cette  eau,  bouillie  quelques  minutes,  s'est 
réduite  à  la  huitième  partie;  un  huitième  s'est  donc  perdu 
en  évaporation.  Nous  disons  s'est  perdu,  quoique  une  dimi- 
nution de  l'eau  ne  soit  pas  une  véritable  perte,  attendu 


30  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 

que  la  partie  transformée  en  état  de  vapeur  est  allée  quel- 
que part  dans  Tair. 

Le  flocon  ou  le  grain  de  neige,  quelque  minime  qu'il  soit, 
est  un  géant  en  raison  des  molécules  élémentaires,  qui  sont 
imperceptibles  ;  aussi  cette  comparaison  ne  doit-elle  servir 
que  pour  démontrer  le  degré  de  réduction  d'une  matière  pro- 
venant du  ciel,  et  la  seule  qui  puisse  avoir  de  l'analogie  avec 
les  molécules  élémentaires  en  question. 

Nous  avons  considéré  que  la  plus  petite  parcelle  de  neige 
est,  relativement  à  une  molécule,  ce  que  le  chitTre  600  est 
au  chiffre  1 ,  et  que  la  densité  du  corps  de  notre  globe  est 
quatre  jois  et  demie  celle  de  Teau.  Nous  avons  tenu  compte 
de  la  différence  d'épaisseur  et  d'élasticité  des  molécules  dans 
les  abstractions  de  notre  calcul,  et  nous  avons  obtenu  pour 
résultat  800  y.  1  ;  donc,  huit  cents  lieues  de  molécules  ou  de 
fluide  primitif  équivalent  à  une  lieue  du  corps  de  notre  globe 
en  son  état  actuel . 

47.  —  L'espace  que  Tass^ïîblage  de  notre  globe  a  occfupé 
dans  le  ciel ,  et  la  quantité  de  molécules  employées  pour 
arriver  à  sa  formation,  peuvent  être  appréciés  d'après  sa 
grosseur  actuelle,  qui  est  de  9,000  lieues  de  circonférence 
en  outre  <te  son  atmosphère.  Pour  le  former,  il  a  fallu,  d'a- 
près oe  qui  précède,  7,200,000  lieues  de  circonférence  de 
molécules  ou  fluide  primitif»  Toutefois,  comme  cette  quantité 
de  fluide  n'a  pas  été  réunie  d'un  seul  coup,  on  conçoit  qu'en 
réalité,  il  ne  se  soit  pas  produit  une  circonférence  aussi  vaste 
pour  Tenfantement  de  notre  globe. 

(8.  —  Le  maximum  de  molécules  qui  a  servi  au  premier 
assemblage  a  été  tout  au  phis  de  la  moitié  du  nombre  ci- 
dessus,  c'est-à-dire  de  3,600,000  lieues  de  circonférence,  et 
encore  le  choc  primitif  a-t-il  instantanément  réduit  cette 
masse  de  fluide  à  une  condensation  de  moitié  ;  donc  1 ,800,000 
lieua*i  ont  été  la  plus  grande  circonférence  qui  se  soit  mise  en 


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ASSEMBLAGE.  31 

mouvement  de  rotation,  lors  de  la  formation  du  globe  ter- 
restre, et,  dès  ses  premières  évolutions ,  la  pression  de  l'as- 
semblage en  a  continué  le  rétrécissement. 

49  —  Pour  connaître  le  progrès  de  la  pression  qui  s'est 
opérée  vers  le  centre,  suivre  à  l'œil  la  diminution  de  la  cir- 
conférence qui  a  été  le  travail  des  siècles,  et  voir  en  même 
temps  Tadjonction  progressive  de  la  seconde  moitié  des  mo- 
lécules indiquées,  il  suffit  de  se  reporter  aux  belles  lois  dé- 
couvertes par  Kepler,  et  de  considérer  les  célèbres  principes 
de  Newton  ;  c'est  là  ce  qui  nous  a  mis  sur  la  voie  de  notre 
calcul. 

50.  —  Il  serait  long  et  fastidieux  de  suivre  pied  à  pied 
la  marche  du  rétrécissement  des  1,800,000  lieues  de  fluide, 
et  le  remplacement  successif  des  couches  transmises  à  Tin- 
lérieur,  par  de  nouvelles  couches  déposées  à  l'extérieur  pour 
entrer,  à  leur  tour,  dans  Tinlérieur  de  la  masse,  et  faire 
place  à  d'autres  molécules  qui  seront  attirées  également  jus- 
qu'à la  concurrence  des  3,600,000  lieues  qui  doivent  com- 
pléter la  quantité  voulue  de  7,200^000,  lesquelles  gravite* 
ront  encore  sur  elles-mêmes  avec  une  autre  addition  de 
fluide  qui  devra  appartenir  au  satellite.  En  vue  d'abréger, 
nous  partageons  en  cinq  périodes  le  rétrécissement  progres- 
sif effectué  dans  l'assemblage  de  notre  globe  à  cette  première 
époque* 

51.  —  Dîins  les  prettliers  temps,  la  matière  étant  légère, 
se  resserrait  plus  facilement  ;  mais  à  mesure  qu'avançait  le 
travail  de  la  compression,  plus  la  matière  se  consolidait,  plus 
il  lui  fallait  de  temps  pour  se  rétrécir  davantage.  Dans  cette 
première  époque  de  formation,  nous  avons  cependant  la  com- 
pensation des  molécules  fraîches  qui  viennent  se  joindre  pé- 
riodiquement à  la  massé ,  et  nous  devons  à  cette  combinaison 
la  facilité  de  calculer  en  périodes  égales  le  temps  du  travail 
depuis  le  jour  du  premier  assemblage  jusqu'au  moment  où  le 


32  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 

rétrécissement  s'est  trouvé  assez  réduit  pour  détacher  le  cercle 
satellite  qui  formera  la  lune, 

52.  —  Ce  satellite  de  notre  globe  s'est  détaché  de  la  masse, 
lorsque,  par  son  propre  poids,  il  pouvait  se  maintenir  comme 
un  corps  isolé.  Deux  puissants  auxiliaires  ont  contribué  à  cette 
séparation  :  l'un  était  le  refroidissement  de  la  couche  pâteuse, 
presque  liquide,  du  cercle  intermédiaire;  l'autre,  l'explosion 
violente  de  millions  de  volcans,  qui,  éclatant  au  même  ins- 
tant, ont  produit  le  cataclysme  de  la  fin  du  premier  jour  ou 
de  la  première  époque;  cette  explosion  a  séparé  le  satellite  de 
la  planète,  en  le  laissant  à  la  place  qu'il  occupait,  pendant 
que  le  corps  de  cette  planète  se  resserrait  sur  son  centre. 

53.  —  La  première  conséquence  qui  est  dérivée  de  l'é- 
ruption des  volcans  tout  autour  du  globe,  c'est  qu'ils  ont  porté 
sur  toute  la  surface  delà  terre  une  couche  d'acide  provenant 
des  exhalaisons  souterraines  échappées  en  fumée;  cet  acide, 
qui  peut  avoir  été  d'une  nature  plus  ou  moins  carbonique , 
était  certainement  doué  ^'une  force  extraordinaire  et  capable 
d'asphyxier  tous  les  êtres  vivants,  si,  à  cette  époque,  il  y  eût  eu 
des  habitants  ;  cet  acide  a  été,  par  sa  présence  et  son  amal- 
magation  avec  les  matières  de  la  surface,  le  principe  de  la 
formation  des  sels,  dont  le  rôle  primitif  se  manifesté  dès  le 
commencement,  et  se  trouve  dans  l'ordre  des  nécessités  de  la 
terre;  car  c'est  grâce  à  son  influence,  que  la  végétation  des 
plantes  va  se  développer  prodigieusement  dans  les  journée^ 
successives  (1). 

i^)  Nos  volcans,  si  rares  et  $i  chétifs  qu'ils  soient  maintenant,  sont 
encore  une  des  principales  sources  de  l'acide  carbonique.  M.  de  Hum- 
boidt  a  le  premier  signalé  Tabondance  de  pareilles  émanations  «  qui 
apparaissent,  disait-il^  comme  un  dernier  effort  de  ractivité  i^oLca- 
nique.  »  M.  Boussingault  analysa  en  ^1827  les  gaz  qui  se  dégageaient 
des  volcans  de  Téquateur,  et  il  Irouva  que  ces  gaz  contenaient  jusqu'à 
95  pour  cent  d'acide  carbonique. 

M.  Bunsen  a  trouvé  des  résultats  analogues  dans  les  volcans  d'ïs- 


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ASSEMBLAGE.  33 

54.  —  Le  moment  est  arrivé  pourtant  de  remarquer  que 
la  lune  ayant  un  diamètre  de  782  lieues,  selon  Copernic , 
et  1,800  lieues  de  circonférence,  suivant  Topinion  généra- 
lement adoptée ,  ce  satellite  aurait  eu  besoin ,  comparative- 
ment à  la  terre,  d'une  quantité  de  molécules  d'un  chiffre 
de  1,440,000  lieues  de  circonférence;  mais  comme  son  corps 
est  plus  léger  dans  la  proportion  de  j^,  elle  n'a  employé,  par 
cette  raison,  que  1,068,480  lieues  de  molécules  en  circon- 
férence primitive;  ce  qui,  ajouté  aux  7,200,000  de  la  terre, 
fait  une  totalité  de  molécules  en  circonférence,  de  8,268,480 
lieues  pour  la  composition  de  notre  globe  et  de  son  satellite 
la  lune. 


lande,  el  les  eaux  thermales  d^Aix-la-Chapelle.  Cet  acide  est  en  disso- 
lution dans  beaucoup  d^eaux  minérales  acidulées,  comme  celles  de 
Vichy,  de  Spa,  de  Seltz,  etc. 

M.  Charles  Deville  analysant  deux  échantillons  de  gaz  recueillis 
pendant  la  dernière  éruption  du  Vésuve,  a  trouvé  dans  Tun  3  1/2  et 
dans  Fautre  9  1/4  pour  cent  diacide  carbonique. 

L*analyse  des  gaz  du  lac  de  Naphte  ou  de  Polici,  en  Sicile,  a  donné 
5  pour  cent  d'acide  carbonique. 

Le  lac  d^Averne ,  célébré  par  Virgile ,  n'était  qu^une  sorte  de  puits 
profond  d*où  s^exhalaient  en  quantité  considérable  des  émanations 
d'acide  carbonique  ;  les  oiseaux  qui  venaient  chercher  leur  nourriture 
sur  ses  bords,  y  tombaient  asphyxiés;  d'où  lui  vient  le  nom  primitif 
d^ji-ornis  (contraire  aux  oiseaux) ,  dont  on  a  fait  Aveme.  On  le  regar- 
dait autrefois  comme  une  des  bouches  de  l'enfer. 

Dans  la  chaîne  de  TAltaï ,  en  Asie ,  il  existe  des  sources  où  le  gaz 
carbonique  se  trouve  mélangé  avec  des  gaz  inflammables  dont  les 
Chinois  se  servent  peur  différents  usages. 

Une  de  ces  sources,  encadrée  dans  la  glace,  est  d*une  force  extra- 
ordinaire ,  et  de  son  bouillonnement  rayonnent  des  masses  de  glo- 
bules, qui,  malgré  l'acide  carbonique  contenu  dans  cette  eau,  sont 
remplies  de  gaz  hydrogène,  en  sorte  qu'en  approchant  une  allumette 
enflammée  de  la  source,  on  voit  celle-ci  s'entourer  d'une  ceinture  de 
flammes  voltigeant  sur  l'eau. 

Le  feu  sacré  des  Perses  provenait  de  sources  pareilles. 


34  PREMIÈRE   ÉPOQUE. 

55.  —  Le  tableau  suivant  représente  à  vue  d'œil ,  mais 
bien  entendu  hypothétiquement,  le  progrès  de  raccumulation 
et  de  la  réduction. 


ASSEMBI^GB 

primitif 
et  périodes 
soccessifes 


3,600,000 
1**  période. 
2"«  période. 
3"*  période. 
4"*  période. 
5"*  période. 


AGCDlfULATION 

des  quantités 

de 

molécules 


TOTAL 


3,600,000 
4,500,000 
5,600,000- 
6,300,000 
7,200,000  I 


»  » 
900,000 
900,000 
900,000 
900,000 
1,068,480  qai  ont  servi  pour  la  formation  du  satellite. 


REDUCTION 

par  effet 

da 

rétrécissement 


1,800,000 

1,200,000 

1,000,000 

800,000 

600,000 


Total  pour  la  planète,  7,200,000  lieues  de  circonférence. 
Total  pour  le  satellite,  1,068,480      Id.  id. 

8,268,480  lieues  de  circonférence. 


EN 
combien 
de 
tempe 


Instantaném. 
60  siècles.^ 
60      d". 
60      do. 
60      d». 
60      d». 


300  siècles. 


CHAPITRE  IV 

Conmitloii  du  fita^telllte  de  la  Terre 
et  TruwtM  tetérleor 


SoMHAiRi.  —  Gouche  liquide  et  p&teuso;  ses  premières  conséquences,  56. 

—  Pourquoi  la  lune  n'a  pas  d'atmosphère ,  57.  —  DisUnce  de  la  lune 
à  la  terre  justifiée,  58.  —  Feu  intérieur,  son  action,  59.  —  Causes 
des  grands  cataclysmes ,  60.  —  Conséquences  pour  la  lune  de  la  perte 
de  son  atmosphère,  61.  —  Condensation  de  la  masse  lunaire,  62.  — 
Raison  des  hautes  montagnes  et  des  grands  volcans  de  la  lune ,  63. 

—  Marées  de  la  lune,  64.  —  Nature  de  l'atmosphère  lunaire,  65.  — 
Absence  d'êtres  vivants;  fin  de  la  première  Journée,  66. 

56.  —  Par  le  tableau  qui  précède,  nous  voyons  que  le  ré- 
trécissement de  notre  globe  a  été  plus  rapide  au  commen- 
cement, lorsque  les  molécules  étaient  fraicbes,  molles,  et  qu'à 


FORiMATION    DE    LA    LUxNE.  35 

mesure  que  le  temps  s'est  écoulé,  ce  durcissement  est  devenu 
plus  lent,  quoiqu'il  s'opérât  avec  l'amalgamation  de  nouvelles 
matières  fraîches,  qui  s'ajoutèrent  peu  à  peu,  comme  on  l'a 
vu,  dans  l'espace  dé  240  siècles,  à  la  siJrface  et  dans  les 
pores  de  l'intérieur.  C'est  dans  cet  espace  de  temps  que  se 
sont  réunies  les  molécules  formant  un  ensemble  de  7,200,000 
lieues  de  circonférence.  Arrivé  à  cette  quantité,  le  travail 
intérieur  divisa  les  matières  par  l'action  du  feu,  jusqu'au 
point  de  transmettre  à  la  surface,  et  presque  tout  autour  du 
cercle  extérieur,  la  partie  pâteuse  et  la  plus  liquide  de  ces 
substances  ;  cette  matière,  rejetée  à  la  surface,  devient  doré- 
navant un  rempart  pour  empêcher  l'entrée  à  toute  autre 
matière  nouvelle;  aussi  les  molécules  qui  se  sont  accumulées 
à  la  cinquième  période  durent  rester  à  part  pour  former  une 
couche  particulière. 

57.  —  Pendant  la  durée  du  contact  de  ces  molécules  et 
de  leur  rotation  avec  la  totalité  de  la  masse,  dans  le  cours 
de  60  siècles,  le  cercle  extérieur,  c'est-à-dire  les  1,068,480 
lieues  de  molécules  en  circonférence,  qui  ont  formé  le  sa- 
tellite, subit  nécessairement  lui-même  la  loi  du  rétrécis- 
sement proportionnel  ;  dans  cette  action,  ce  cercle  perdit  la 
quintessence  de  son  propre  gaz,  que  le  grand  corps  attira  en 
lui-même;  c'est  par  cette  raison  que  la  lune  n'a  plus,  ou  qu'il 
lui  reste  très-peu  d'atmosphère  ;  elle  l'a  perdue  en  faveur  de  la 
terre,  et  elle  dépendra  constamment  de  cette  planète,  par  une 
conséquence  de  l'affinité  du  gaz  qu'elle  lui  a  cédé  dans  cette 
combinaison  primitive. 

58.  —  Les  calculs  de  l'astronomie  ont  prouvé  que  la  lune 
se  trouve  actuellement  éloignée  de  la  terre  de  95,000  lieues; 
cette  donnée  est  précisément  en  rapport  avec  les  chiffres  de 
notre  tableau,  qui  montrent  que  les  molécules  dernières  ar- 
rivées pour  former  ce  satellite,  s'étaient  fixées  sur  un  cercle 
de  démarcation  qui  devait  les  séparer  de  la  masse  de  notre 


36  PREMIÈRE    ÉPOQUE. 

planète,  lorsque  celte  masse  avait  environ  600,000  lieues  de 
circonférence. 

La  quantité  de  molécules  formant  un  cercle  de  600,000 
lieues  de  circonférence,  à  la  fin  de  240  siècles,  doit  avoir  été 
réduite  à  500,000,  soixante  siècles  plus  tard,  à  Tépoquede  la 
séparation  du  satellite;  notre  calcul  est  donc  exact,  car  la 
distance  du  centre  à  la  circonférence  extérieure,  d'après  les 
calculs  du  cercle ,  suivant  le  rapport  d'Archimède,  7:  22, 
ou  celui  d'Adrien  Métius,  113  :  355,  ou  encore  celui  des  as- 
tronomes 1  :  3,14059...,  serait  toujours  approchant  de95,000 
lieues. 

59.  —  Nous  avons  parcouru  les  phases  de  réduction  qui 
se  sont  produites  dans  une  série  de  300  siècles,  et  nous  avons 
vu  l'énorme  quantité  de  7,200,000  lieues  de  matières  se 
condenser  en  une  simple  masse  de  600,000  lieues. 

Cette  pression  s'est  effectuée,  non-seulement  par  la  per- 
pétuelle rotation  du  corps  sur  lui-même,  mais  plus  encore 
par  le  rétrécissement  opéré  dans  la  masse,  en  conséquence 
de  l'attraction  et  de  Faction  des  feux  intérieurs. 

Ces  feux  intérieurs  constitués  par  l'effet  de  la  compression, 
agissent  sur  mille  points  différents  ;  par  leur  action ,  toutes 
les  molécules  se  décomposent,  leurs  matières  se  séparent,  et 
les  éléments  homogènes  s'unissent  entre  eux  dans  l'acte  même 
de  leur  décomposition. 

Les  vides  ou  cavités,  formés  partout  dans  l'intérieur,  ré- 
sultat de  ce  grand  travail  de  décomposition,  de  rétrécis- 
sement et  de  classement,  se  remplissent  par  la  chute  de  nou- 
velles matières  superposées  qui  tombent  dans  le  foyer  du  feu. 

60.  —  Cette  opération  perpétuelle  forme  constam- 
ment de  nouvelles  cavernes,  qui  à  leur  tour  s'affaissent, 
portant,  par  les  éboulements  qui  s'effectuent,  la  matière 
fraîche  de  l'extérieur  sur  la  masse  incandescente  de  l'in- 
térieur. 


FORMATION  DK   LA   LUNE.  37 

Ce  grand  travail  s'opère  dans  une  longue  suite  de  siècles  ; 
il  a  pour  résultat  le  rétrécissement  et  une  densité  progressive 
de  la  planète;  car,  à  mesure  que  Tinfiltration  des  matières 
fraîches  s'exécute  à  Tintérieur,  à  mesure  aussi  que  le  classe- 
ment s'effectue  entre  les  matières  dures,  les  matières  liquides 
ou  pâteuses  sont  repoussées  de  Tintérieur  à  l'extérieur,  où 
elles  se  déposent  sur  un  lit  qui  deviendra  plus  tard  le  bassin 
des  mers. 

Lorsqu'une  grande  quantité  de  ces  matières  pâteuses  et  li- 
quides sont  poussées  sur  la  surface,  elles  commencent  à 
obstruer  et  à  remplir  en  partie  les  vides  ou  les  cratères  qui 
servaient  de  soupiraux  ou  de  cheminées  au  feu  intérieur. 
Alors  arrive  la  nécessité  pour  ce  feu  de  s'ouvrir  des  passages 
nouveaux,  et  pour  les  obtenir,  il  se  fait  des  explosions  ;  des 
volcans  s'ouvrent  en  mille  endroits,  et  quand  ces  effets  se 
produisent  dans  un  même  instant,  ils  amènent  les  grands 
cataclysmes,  comme  celui  qui  a  séparé  la  lune. 

61.  —  Nous  avons  déjà  indiqué  qu'au  moment  où  les  élé- 
ments de  la  lune  sont  demeurés  séparés  de  la  grande  masse 
de  la  planète  terrestre,  celle-ci  avait  absorbé,  en  se  l'ap- 
propriant, la  quintessence  de  leurs  gaz;  ces  gaz,  surtout 
magnétiques  et  électriques,  ont  filtré  du  cercle  extérieur  des 
molécules  dans  l'intérieur  de  la  terre.  Nous  avons  vu  éga- 
lement que  la  lune  se  trouvera  ainsi  privée  de  Téther  atmos- 
phérique qui  sera,  par  contre,  en  assez  grande  abondance 
autour  de  notre  globe.  Il  faut  maintenant  voir  les  consé- 
quences qui  vont  résulter  de  cette  perte  pour  notre  sa- 
tellite. Nous  allons  les  expliquer  en  suivant  Tordre  de  son 
travail. 

62.  —  Les  matières  destinées  à  former  notre  satellite, 
une  fois  isolées,  ont  dû  d'abord  se  ramasser  sur  elles-mêmes; 
leur  cercle,  très-étendu,  s'est  resserré  facilement,  selon  l'ordre 
de  rotation  de  tous  les  corps  célestes. 


38  PREMIÈRE  ÉPOQUE. 

Dans  cette  rotation  ,  la  masse  lunaire  a  opéré  son  rétré- 
cissement de  la  même  manière  que  Ta  fait  celle  de  la 
terre,  c'est-à-dire  que  le  travail  a  suivi  la  même  analogie, 
pendant  un  certain  nombre  de  siècles.  Tune  comme  l'autre 
se  rétrécissant  vers  son  propre  centra. 

La  lune,  étant  plus  petite,  a  dû  accomplir  beaucoup  plus 
vite  son  rétrécissement. 

63.  —  La  lune,  dans  ce  travail  de  compression  identique 
à  celui  de  la  terre,  a  vu  s'allumer  son  feu  central  par  l'effet 
du  durcissement  de  ses  matières  (40);  les  explosions  de  ses 
volcans  seron légalement  énergiques,  et  comme  elle  n'a  point 
d'atmosphère  qui  puisse  peser  sur  sa  surface,  ses  cratères 
seront  plus  libres  et  auront  visiblement  beaucoup  plus 
d'étendue. 

Les  soulèvements  du  sol  ne  rencontrant  non  plus  aucune 
pression  atmosphérique  qui  comprime  leur  action,  les  mon- 
tagnes seront  plus  élevées  que  sur  la  terre,  et  par  une  con- 
séquence naturelle,  les  éboulements  seront  aussi  plus  faciles, 
puisqu'ils  trouveront  des  cavernes  plus  spacieuses  pour  les 
engloutir. 

64.  —  Les  eaux  nécessairement  dérivées  de  la  pression 
des  molécules,  auront  également  une  action  plus  libre  à  l'ex- 
térieur du  satellite,  attendu  l'absence  d'une  atmosphère  qui 
aurait  circonscrit  leurs  élévations  ;  les  marées  autour  de 
la  lune  auront  donc  un  libre  essor,  et  s'élèveront  avec 
plus  de  violence,  et  à  des  hauteurs  bien  plus  grandes  que 
les  marées  de  notre  globe,  qui  sont  contenues  par  son  atmo- 
sphère. 

65.  —  Cependant  la  lune,  dans  le  travail  de  séparation 
qui  s'opérera  dans  son  sein  par  l'action  de  son  feu  central , 
trouvera  pourtant,  dans  la  division  de  ses  matières,  un  résidu 
de  gaz  propre  à  rester  autour  du  satellite  en  forme  d'atmos- 
phère; mais  ce  résidu  aura  peu  d'importance,  et  sa  nature 


FORMATION    DE   LA    LUNE.  39 

sera  trop  faible  pour  exercer  une  influence  physique  sur  le 
corps  de  ce  satellite. 

Toutefois,  cette  petite  atmosphère,  quelque  minime  qu'elle 
soit,  sufâra  pour  le  travail  de  la  respiration  des  êtres  qui 
doivent  être  appelés  à  habiter  sur  la  surface  de  la  lune. 

66.  —  Nous  retrouverons  la  lune  à  json  état  de  formation 
complète  le  jour  où ,  suivant  la  Bible,  les  astres  deviendront 
visibles  à  la  terre;  en  attendant,  revenons  à  notre  globe.  Nous 
l'avons  laissé  à  la  fin  de  cette  première  journée  ou  époque  de 
la  création,  achevant  de  s'épurer  et  de  sortir  de  la  première 
nuit  de  son  chaos. 

Dans  cette  journée  solennelle,  la  confusion  des  molécules 
pendant  Télaboration  du  feu,  de  Tair  et  de  l'eau,  s'opposait  à 
la  formation  et  au  développement  de  toute  espèce  d'êtres 
vivants  sur  la  terre  (car  la  terre  n'était  pas  matériellement 
encore  formée),  quoique  l'esprit  vivifiant  y  fût  déjà  ré- 
pandu, ainsi  qu'il  se  trouve  présent  toujours  et  partout  ;  mais 
ce  qui  régnait  alors,  c'était  le  feu  intérieur  dans  le  travail  de 
destruction  apparente,  produisant  en  réalité  l'arrangement 
des  matières  au  milieu  des  ténèbres,  et  préparant  Tavénement 
d'une  domination  différente  pour  la  seconde  époque. 

Et  les  ténèbres  étaient  sur  la  face 
de  Tablme  :  ce  fut  le  premier  jour. 

Genèse,  chap.  i,  v.  2  et  5. 


DEUXIÈME  JOUR 


00 


DEUXIÈME    ÉPOQUE 


RÈ6NE  DE  L'EAU 


C'est  à  Veau^  dont  tout  sort,  que  Thaïes  nous  ramène. 
Vair  seul  a  tout  produit,  nous  dit  Anaximène; 
Et  Tétemel  pleureur  (1)  assure  que  le  feu 
De  l'univers  naissant  mit  les  ressorts  en  jeu. 

L.  Racine. 


Si  des  airs  et  du  feu ,  de  l'onde  et  de  la  terre , 
L'essence  avec  lenteur  nait,  s'augmente  et  s'altère, 
Ce  monde,  leur  ouvrage,  est  soumis  à  leur  sort; 
Il  reçoit  la  naissance ,  il  subira  la  mort. 
Une  puissance,  enfin,  destructive  et  féconde. 
Forme,  épuise,  entretient  tous  les  membres  du  monde. 
Il  faut  donc  que  la  terre ,  et  les  cieun  et  les  flots 
Se  replongent  un  jour  dans  l'horrible  chaos. 

(Lucrèce,  ch.  5.) 
De  Pongbrvillb. 


(I)  HéracUte. 


DEUXIÈME  JOUR 


OU 


DEUXIÈME    ÉPOQUE 


RÉGNE  DE   L'EAU 


CHAPITRE  V 

IntervMlle  du  premier  «a  «eeend  J^*ar 

SoMiiAiRe.  —  Nécessité  de  Tintervalle  d'une  époque  à  Tautre ,  67.  — 
Signification  de  cet  intervalle ,  68.  —  Analogie  avec  le  repos  nécessaire 
à  tous  les  êtres  et  notamment  à  l'homme,  69.  —  Différence  entre  le 
repos  du  globe  et  celui  de  l'homme,  70.  —  Repos  des  volcans  causé 
par  leur  affaissement ,  71.  —  Forces  de  la  nature ,  leur  énergie  Crois- 
sante, 72.  —  Apparition  des  premiers  êtres  «  les  coquilles,  73.  —  Les 
premières  plantes,  74..  —  L'eau  se  sépare  des  autres  matières,  75.  — 
Formation  des  bassins  et  des  montagnes  ;  durée  de  l'intervalle ,  76. 

67.  —  La  Bible  et  tous  les  livres  anciens  sur  lesquels  nous 
nous  appuyons,  nous  expliquent  que  Dieu  a  accompli  la  création 
en  six  jours  (ou,  bien  entendu,  en  six  époques);  par  consé- 
quent, il  y  a  un  certain  intervalle  d'un  jour  à  Tautre  ;  c'est 
incontestable.  Mais  quelle  est  la  raison  qui  justifie  cet  inter- 
valle ?  car  Hen  n'était  impossible  à  Dieu;  il  pouvait  faire  le 
tout  en  un  seul  jour,  en  une  seule  époque;  sa  volonté  suprême, 
qui  est-la  cause  de  tout  ce  qui  existe,  n'a  pas  besoin  de  prendre 
du  repos  pour  réfléchir  à  ce  qu'elle  devra  faire  le  lendemain. 

Il  est  donc  évident,  et  les  anciens  l'ont  reconnu  comme 


44  DEUXIÈME    ÉPOQUE. 

nous,  que  le  Créateur  a  voulu  marquer  d'un  intervalle  le  pas- 
sage d'un  jour  à  l'autre  ou  d'une  époque  à  l'autre,  et  nous  al- 
lons voir  que  cet  intervalle  était  nécessaire. 

68.  —  Que  s'est-il  fait  dans  cet  intervalle  ?  Pourquoi  était-il 
nécessaire  ?  Le  globe  n'a  certes  pas  pu  suspendre  un  instant 
son  travail  de  rotation  autour  de  son  axe  ;  les  éléments  qui  lui 
appartenaient  et  ceux  de  tout  le  firmament  devaient  continuer 
de  fonctionner  d'après  les  lois  d'organisation  de  l'ensemble  ; 
que  signifie  donc  cet  intervalle  de  repos  ? 

Il  a  une  signification  très-positive,  et  il  se  rapporte,  propor- 
tion gardée  de  son  importance,  aux  lois  générales  de  la  nature, 
qui  sollicitent  au  repos,  sorte  d'intervalle  après  le  travail , 
tous  les  êtres,  en  commençant  par  l'homme,  qui  est  par  sa 
nature  en  analogie  parfaite  avec  tout  ce  qui  fonctionne  dans 
l'univers. 

Nous  avons  déjà  vu  et  nous  aurons  occasion  de  remarquer 
encore  les  rapports  et  les  liaisons  de  l'homme  avec  tout  ce 
qui  existe  en  lui  et  autour  de  lui,  depuis  le  haut  du  ciel  jus- 
qu'aux entrailles  de  la  terre,  et. c'est  par  cette  étude  que  nous 
sommes  arrivé  à  reconnaître  ses  relations  avec  les  lois  gé- 
nérales. 

69-  —  Qu'il  soit  donc  admis  que  l'intervalle  ou  le  repos 
d'une  époque  à  l'autre  était  nécessaire,  comme  il  est  néces- 
saire à  l'homme  de  dormir  après  le  travail  du  jour,  afin  d'ac- 
quérir par  son  repos  de  nouvelles  forces  pour  le  lendemain  (1); 
comme  il  est  nécessaire  à  la  terre  d'avoir  le  repos  d'une 
année  à  l'autre  lorsqu'elle  a  produit  une  récolte,  car  si  Ton 
continuait  toujours  de  semer  du  blé  sur  le  même  terrain,  il 
serait  bientôt  épuisé  et  ne  donnerait  plus  de  moisson  ;  comme 
aussi  les  plantes  de  toute  espèce  éprouvent  le  repos  de  l'hiver 
pour  reprendre,  avec  leur  précédente  énergie,  le  travail  de 

(4)  Voir  la  note  A,  à  la  fin  du  volume. 


INTERVALLE.  45 

leur  fécondation  et  produire  au  printemps  des  feuilles  fraîches 
et  des  rejetons  plus  vigoureux. 

70. —  Seulement  Thomme»  pour' qui  la  journée  a  été  de 
vingt-quatre  heures,  n'a  besoin  que  de  six  heures  de  repos  ;  de 
même,  et  relativement,  le  globe,  pour  qui  les  journées  ont  été 
de  trois  cents  siècles,  aura  besoin  pour  le  moins  de  soixante 
siècles  de  repos  ;  mais  le  repos  ou  sommeil  du  globe  n'était 
pas  de  la  même  nature  que  celui  de  Thomme;  le  globe  tour- 
nait toujours  sur  lui-même;  ses  fonctions  continuèrent  leurs 
rapports  avec  les  autres  astres  ;  son  repos  ou  son  inertie  rela- 
tive avait  lieu  dans  son  intérieur  par  un  affaiblissement  de 
travail  après  quelque  grand  cataclysme. 

71.  —  Le  premier  jour  de  formation  de  notre  globe  a  fini 
par  un  grand  cataclysme  qui  a  dégagé  son  cercle  extérieur;  ce 
cercle  est  devenu,  comme  nous  Tavons  vu,  son  satellite,  la 
lune  ;  ce  qui  a  réduit  considérablement,  en  un  instant,  la  ma- 
tière constituant  notre  planète.  Ce  cataclysme  dut  momenta- 
nément épuiser  les  forces  intérieures  du  globe;  aussi,  les  mil- 
liers de  volcans  qui  avaient  causé  la  séparation  des  deux  corps 
restèrent  quelque  temps  en  inaction  et  comme  affaissés. 

72.  —  Ainsi  la  nature  n'est  pas  destinée  à  aller  par  sauts  et 
par  bonds;  sa  marche  doit  être  régulière  dans  tous  les  temps; 
et  lorsque  la  nécessité  lui  impose  un  effort  extraordinaire,  tel 
qu'un  cataclysme,  elle  répare  ensuite  ses  forces  par  un  inter- 
valle de  repos,  jusqu'à  ce  que  les  désordres  de  la  révolution 
ayant  disparu,  elle  puisse  reprendre  la  suite  de  son  travail 
précédent  ;  c'est  dire  qu'au  second  jour  ou  à  la  seconde  époque, 
la  pression  qui  produit  le  rétrécissement  et  le  feu  intérieur 
sera  plus  énergique  qu'elle  ne  l'a  été  pendant  cet  intervalle 
de  repos  comparatif;  et  cette  énergie,  croissant  de  plus  en 
plus,  amènera  un  nouveau  cataclysme. 

4 

73.  —  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  cet  in- 


46  DEUXIÈME    ÉPOQUE. 

lervalle  de  repos  relatif,  c'est  qu'il  est  l'époque  nécessaire  et 
tranquille  de  la  génération,  vivifîcation  et  multiplication  des 
êtres  destinés  à  occuper  le  globe. 

Le  premier  jour  ou  la  première  époque  n'admettait  aucune 
classe  d'êtres  capables  d'exister  dans  le  tourbillon  de  l'assem- 
blage; mais,  dans  l'intervalle  de  ce  jour  au  second,  la  croûte 
du  globe  se  trouvant  constituée,  une  classe  d'êtres  envahit 
cette  écorce. 

Quelle  est  Tespèce  qui  parait  la  première,  qui  pourra  vivre 
sur  un  sol  encore  mou ,  fangeux,  où  la  matière  n'est  qu'une 
pâle  boueuse?  Ce  sont  les  coquilles,  c'est  précisément  ce  sol 
qui  leur  convient;  leur  multiplication  sera  énorme;  l'espèce 
se  divisera  en  une  multitude  de  classes,  chaque  classe  se 
reproduira  par  des  croisements  et  formera  des  races  de  toutes 
formes  et  de  toutes  grandeurs;  la  terre  sera  pour  longtemps 
le  royaume  des  coquilles;  leur  carapace  les  protégera  contre 
les  secousses  et  les  violences  des  courants  qui  les  rouleront 
d'un  côté  à  l'autre  de  la  planète,  et  elles  trouveront  partout 
les  mêmes  éléments  de  substance. 

Avec  les  coquilles  paraissent  contemporainemenl  les  po- 
lypes, ces  êti*es  moitié  minéraux  et  moitié  végétaux,  qui  se 
multiplient  dans  la  vase  et  qui  formeut  par  leurs  corps  des 
roches,  des  bancs,  etc. 

74  —  La  nature  boueuse  du  sol  admet  aussi  la  produc- 
tion d'une  sorte  de  plantes  mollasses,  telles  que  les  cactus , 
les  joncs,  les  fougères,  etc.  ;  la  grande  chaleur  du  sol  les  fera 
pousser  même  à  de  très-grandes  dimensions,  et  toute  la  cir- 
conférence de  la  planète  en  sera  envahie. 

75.  —  Pendant  que  cet  intervalle  ou,  si  l'on  aime  mieux, 
l'aurore  du  second  jour  favorisait  la  production  de  ces  êtres 
sur  la  surface  du  globe,  l'intérieur  reprenait  peu  à  peu  son 
travail  de  décomposition  ;  le  feu  central  réactivait  son  œuvre 
de  séparation  des  matières  ;  la  pierre  et  le  règne  minéral  com- 


INTERVALLE.  47 

mençaient  à  se  former  pour  se  subdiviser  bientôt  en  mille 
espèces  de  propriétés  différentes  ;  l'eau,  qui  était  encore 
amalgamée  à  ces  matières,  allait  être  rejetée  insensiblement 
à  la  surface ,  afin  de  former  plus  tard  les  mers ,  les  lacs  et 
fleuves. 

La  sortie  de  ces  eaux  de  l'intérieur  à  la  surface  ne  pou- 
vait s'effectuer  qu'au  moyen  de  passages;  ces  passages  étaient 
des  crevasses  causées  par  des  bouleversements  ou  cataclysmes 
partiels  sur  l'un  ou  l'autre  point  de  la  circonférence;  ces 
cataclysmes  partiels  étaient  toujours  assez  importants  pour 
contribuer  à  la  réduction  de  la  terre  et  à  son  rétrécissement. 

76.  --  A  la  première  époque,  il  ne  pouvait  y  avoir  de 
montagnes  notables  autour  du  globe ,  la  surface  étant  pres- 
que plane  ;  le  cataclysme  qui  a  séparé  te  satellite  ayant  mis 
à  découvert  une  surface  fangeuse  et  aqueuse^  cette  surface 
se  présenta  à  peu  près  nivelée  et  lisse;  mais  la  partie  qui  est 
restée  sèche  offrait  comme  la  forme  d'un  bloc  avec  quelques 
aspérités  plus  ou  moins  inégales ,  entre  lesquelles  les  eaux 
devaient  se  sillonner  provisoirement  des  passages ,  jusqu'à  ce 
que  la  condensation  et  les  éboulements  eussent  produit  des 
profondeurs  plus  marquées ,  qui  sont  devenues  le  siège  spé- 
cial des  eaux ,  pendant  que  les  soulèvements  formaient  des 
collines  et  des  montagnes,  effet  naturel  des  cataclysmes  par- 
tiels et  des  grands  cataclysmes  successifs. 

Lintervalle,  donc,  aura  duré  depuis  le  grand  cataclysme 
général  du  premier  jour ,  jusqu'au  premier  cataclysme  partiel 
qui  annonçait  Taube  du  second  jour. 


48  DEUXIÈME     ÉPOQUE. 


CHAPITRE   VI 

Formation  de  rEaii  et  des  Mers 

Sommaire.  —  L'eau  agent  général  de  la  deuxième  époque,  77.  —  Déga- 
gement de  la  terre  et  sa  position  à  Test,  78.  —  Travail  d'épuration  de 
l'eau,  79.  —  Formation  des  courants,  80.  —  Origine  du  flux  et  du 
reflux  des  mers,  81.  —  Théorie  des  contre-courants,  82.  —  Formation 
des  profondeurs  et  des  hauteurs  dans  l'Océan ,  83.  —  Principes  de  la 
formation  des  pierres  et  des  minéraux ,  84.  —  Origine  des  sources  et 
desriyiëres,  85.  —  Théorie  de  la  formation  des  eaux  thermales,  86. 
—  Lacs  intérieurs  souterrains ,  87.  •—  Origine  dos  volcans  et  des  trem- 
blements de  terre,  88.  —  Utilité  de  la  combinaison' de  l'eau  avec  les 
autres  éléments ,  89.  —  Formation*  et  variété  des  matières  destinées  à 
l'entretien  du  règne  végétal  et  du  règne  animal ,  90.  —  Courants  super- 
posés, 91.  —  Différentes  espèces  d'habitations  des  animaux  sous-ma- 
rins, 92.  —  Tribut  porté  au  feu  par  l'eau,  93. 

77.  —  Le  premier  jour,  ou  la  première  époque  de  l'assem- 
blage des  molécules  par  Taction  de  Tair  et  par  leur  compres- 
sion, nous  a  montré  le  règne  du  feu  ;  nous  allons  voir  dans 
le  second  Jour  ou  dans  la  seconde  époque  le  règne  de  l'eau. 
Ainsi  ces  trois  éléments ,  Tair ,  le  feu  et  l'eau ,  qui  sont  et  qui 
seront  toujours  les  objets  principaux  de  nos  besoins,  et  sans 
lesquels  nous  ne  pouvons  exister ,  ont  été  aussi  les  matériaux 
primitifs  de  la  constitution  de  notre  planète ,  et  ont  dominé 
exclusivement  dans  les  deux  premières  époques  de  son  orga- 
nisation. 

78.  —  Le  grand  cataclysme  du  premier  jour  n'a  pas  eu 
seulement  pour  effet  la  séparation  du  satellite  de  la  terre ,  et 
un  grand  rétrécissement  de  la  planète  sur  elle-même;  car, 
dans  Taccomplissement  de  ce  phénomène,  la  masse  la  plus 
pesante  a  glissé  sur  un  des  bords  du  cercle  spbérique ,  de 
manière  que  cette  masse,  qui  devait  être  la  terre ,  estdemeu- 


FORMATION    DE   l'eAU    ET    DES    MERS.  49 

rée  à  Test,  tandis  que  sur  l'autre  partie  de  la  circonférence 
est  restée  la  matière  légère,  pâteuse ,  ou  liquide,  qui  devait 
plus  tard  former  le  lit  des  mers  :  voilà  le  premier  degré  de  la 
séparation  de  la  terre  et  des  eaux. 

79.  —  Ainsi,  un  tiers  environ  de  notre  planète  restait  à 
découvert,  à  sec,  tandis  que  sur  les  deux  autres  tiers  du  con- 
tour et  sur  toute  la  surface  correspondante  s'étendait  la  ma- 
tière liquide,  qui  devait  augmenter  constamment  par  l'adjonc- 
tièn  des  matières  humides  qui  sortaient  de  Tintérieur  du 
globe;  toutes  ces  évaporations  s'effettuèrent  avec  un  travail 
régulier  d'épuration ,  d'après  lequel  l'eau  la  plus  limpide  et  la 
plus  légère  montait  toujours  à  la  surface. 

80.  —  L'eau  envahit  autour  de  la  circonférence  toutes  les 
localités  qui  pouvaient  lui  offrir  un  lit;  ces  masses  de  liquide, 
en  augmentant,  se  réunirent  et  acquirent  une  force  d'unité 
qui  engendra  des  courants  ;  ces  courants  vont  dorénavant  et 
pour  l'éternité  dominer  les  eaux  en  dirigeant  leur  parcours  et 
leur  action. 

81.  —  Cependant  les  courants  ne  peuvent  pas  transporter 
ces  masses  d'eau  tout  autour  delà  circonférence  de  la  planète; 
elles  couvrent  les  deux  tiers  de  la  surface ,  il  est  vrai ,  mais  il 
reste  encore  un  tiers  à  peu  près  qui  barre  leur  passage  ;  ce 
tiers  veut  rester  lui-même  le  maitre  de  sa  position  ;  c'est  la 
terre  presque  solide  qui  se  dresse  comme  un  plateau  supé- 
rieur, indépendant,  sur  le  bord  de  la  sphère  ;  ce  plateau  est 
comme  un  rocher  contre  lequel  viennent  se  briser  les  cou- 
rants, et  qui.  les  fait  rebrousser  chemin  et  retourner  sur 
leurs  pas;  c'est  le  commencement  du  flux  et  du  reflux,  et  de 
l'ondulation  des  vagues. 

82.  —  Les  eaux,  repoussées  par  la  terre  ferme,  revenant 
à  leur  point  de  départ,  rencontrent  sur  leur  chemin  des  cou- 
rants  nouveaux  qui  amènent  de  nouvelles  couches  d'eau , 
lesquelles  seront  à  leur  tour  également  repoussées  par  le 

4 


50  DEUXIÈME    ÉPOQUE. 

même  obstacle,  et  forcées  de  revenir  aussi  à  leur  point  de 
départ.  Dans  ces  mouvements ,  les  couches  liquides  se  dépla- 
cent ,  les  plus  légères  passent  au-dessus,  les  plus  denses  ou 
les  plus  lourdes  se  tiennent  au-dessous;  tel  est  le  principe  des 
courants  et  contre-courants  superposés. 

Ce  croisement  des  diverses  masses  d'eau  accroît  la  rapidité 
des  courants;  cette  rapidité  se  manifeste  avec  plus  ou  moins 
d'énergie»  selon  l'épaisseur  des  couches  et  l'impétuosité  des 
chocs;  rimpulsion  est  encore  augmentée  quelquefois  par  les 
vents,  et  alors  la  violence  des  courants  est  terrible. 

83.  —  Toutes  les  fois  que  les  courants  sont  poussés  avec 
cette  violence ,  ils  forcent  leur  passage  en  creusant  des  lits 
dans  l'océan ,  et  en  emportant  avec  eux  toute  la  matière  ou 
le  terrain  qui  cède  facilement  à  leur  impétuosité;  c'est  aussi 
le  point  de  départ  du  déplacement  des  matières  solides  et  de 
Tarrangement  des  couches  terrestres  de  la  première  forma- 
tion, l'origine  des  éminences  qui  ont  été  soulevées  plus  tard 
et  sont  devenues  des  collines  et  des  montagnes,  dont  les  iné- 
galités sont  en  rapport  avec  celles  des  profondeurs  de  l'océan. 

84.  —  Souvent ,  à  la  place  même  où  s'opère  le  creusement 
de  ces  profondeurs,  se  rencontre  la  voûte  d'une  caverne  sou- 
terraine formée,  comme  nous  l'avons  vu  (59,  60),  par  le  feu 
souterrain.  La  voûte  se  trouvant  enlevée  par  l'action  des 
courants ,  Teau  tombe  et  porte  avec  elle  sur  le  feu  ou  la 
masse  incandescente  une  immense  quantité  de  matières  fraî- 
ches; ces  matières  sont  des  plantes,  des  coquilles,  des  pois- 
sons, etc.,  dans  leurs  mille  variétés,  tous  propres  à  se  subli- 
mer dans  la  grande  fournaise  et  à  produire  ces  dissolvants 
qui,  dans  le  travail  de  l'analyse,  décomposent  admirablement 
les  corps  en  leurs  divers  éléments  ;  de  là  chaque  matière  va 
s'unir  à  ce  qui  lui  est  homogène.  De  là  vient  aussi  le  prin- 
cipe de  formation  des  pierres,  des  métaux,  etc.,  subdivisés  en 
des  milliers  de  familles  de  nature  et  de  qualités  différentes. 


FOUMATION   DE   L'EAU   ET   DES   MERS.  51 

85.  —  Les  courants ,  après  avoir  déposé  ces  aliments  nou- 
veaiix  au  service  du  feu  ,  s'ouvrent  des  passages  pour  sortir 
dans  toutes  les  directions  possibles,  et  s'échappent ,  soit  par 
tiltration ,  soit  par  des  cataractes,  reparaissant  ainsi  à  la  sur- 
face à  des  points  plus  ou  moins  éloignés  de  celui  où  ils  avaient 
disparu . 

Ainsi  a  commencé  le  passage  des  eaux  à  travers  les  couches 
terrestres ,  et  de  là  Torigine  des  sources,  principe  de  forma- 
tion des  ruisseaux ,  des  rivières  et  des  fleuves*  Les  inonda- 
tions du  Nil  sont  causées  principalement  par  de  pareils  dépôts 
formés  dans  les  lacs  souterrains  de  l'Afrique  (1). 

86.  —  Lorsque  le  voyage  des  eaux  est  suffisamment  pro- 
longé, elles  déposent,  par  une  loi  de  la  filtration ,  des  dé- 
tritus hétérogènes  pour  alimenter  les  plantes ,  et  sortent 
fraîches,  claires  et  potables  ;  mais  lorsque  ayant  peu  voyagé, 
elles  arrivent  directement  du  contact  du  feu,  elles  reparais- 
sent  à  la  surface,  encore  chaudes  et  chargées  de  sels,  de. 
soufres,  de  bitumes,  ou  d'autres  matières  minérales.  Ce  sont 
ces  eaux  que  Ton  nomme  thermales. 

87.  —  Dans  ces  courses  à  travers  les  couches  souterraines, 
les  eaux  rencontrèrent  des  cavités  dans  lesquelles  se  tirent 
des  dépôts ,  qui  sont  devenus  des  réservoirs,  ou  des  lacs  inté- 
rieurs. Il  s'est  produit  encore  de  ces  lacs  ou  réservoirs  toutes 
les  fois  que  les  eaux  ont  r^contré  des  matières  assez  molles 
pour  y  former  un  bassin ,  et  lorsque  ces  bassins  se  sont  ap- 
profondis par  les  affaissements  volcaniques ,  ils  sont  restés 
ouverts  à  la  surface,  comme  la  mer  Caspienne  et  le  lac 
Baïkal  (2). 

88.  —  Lorsque,  dans  l'intérieur  du  globe ,  le  travail  du 
feu  multiplie  les  vides,  les  cavernes,  les  voûtes,  les  bour- 

(i)  Voir  la  note  B  à  la  fin  du  volume. 
(2)  Voyez  la  note  C.       - 


52  DEUXIÈME   ÉPOQUE. 

soufflures ,  préparatifs  des  révolutions  physiques  qui  en  se- 
ront la  conséquence,  ces  vides  se  remplissent  d'air  qui  se 
dégage  de  toutes  les  parois  des  cavités  pour  être  absorbé  par- 
le feu  souterrain  qu'il  alimente  ;  cet  air  doit  se  renouveler 
au  moyen  de  communications  avec  la  surface  extérieure, 
soit  par  les  crevasses ,  soit  par  les  volcans,  qui  représentent, 
pour  ainsi  dire,  les  cheminées  du  grand  laboratoire  terrestre; 
mais  toutes  les  fois  que  les  courants  des  eaux  portent  sur  leur 
passage  des  couches  de  matières  solides,  telles  que  les  sables, 
les  limons,  elc,  et  qu'en  passant,  ces  couches  restent  dépo- 
sées dans  les  crevasses  ou  dans  les  cratères ,  alors  le  feu  se 
trouvant  comme  emprisonné  et  privé  du  contact  de  l'air , 
cherche  une  communication;  pour  Toblenir,  il  fait  de  si  vio- 
lents efforts,  qu'il  s  ensuit  des  explosions  ;  ces  explosions 
produisent  de  nouvelles  ouvertures  et  des  volcans  nouveaux; 
ces  phénomènes  s'annoncent  toujours  par  des  secousses  inté- 
rieures ;  c'est  le  principe  de  ce  que  nous  appelons  les  trem- 
blements  de  terre. 

89.  —  L'eau,  l'air  et  le  feu,  cette  trinité  merveilleuse 
dans  son  action,  prodigieuse  dans  son  activité,  incompréhen- 
sible dans  ses  effets,  ont  été  les  éléments ,  les  principes  de 
division  et  en  même  temps  de  classification  de  tous  les  corps, 
de  tous  les  composés  ^  dans  la  formation  du  globe  terrestre. 

Que  de  produits  s'engendrent  sous  nos  yeux  par  l'eau  et 
pnr  l'air!  Combien  de  combinaisons,  de  transformations  ne 
voyons-nous  pas  se  produire  aussi  par  l'eau  au  simple  rappro- 
chement du  feu  !  Nous  l'éprouvons  chaque  jour  dans  la  satis- 
faction de  nos  besoins  matériels  ou  de  notre  curiosité  ;  à  l'aide 
de  l'eau,  nous  fabriquons  des  creusets  dans  lesquels  le  feu  nous 
ouvre  les  secrets  de  l'analyse  et  décompose  les  plus  durs  mé- 
taux; dans  une  marmite,  il  nous  permet  de  changer  la  forme 
des  produits  bruts  pour  les  rendre  utiles  à  notre  alimentation, 
à  la  condition  d'employer  l'eau,  car  l'eau  est  aussi  nécessaire 


FORMATION    D£    l'ëAU    ET   DES    MERS.  5!^ 

pour  aider  à  la  cuisson  des  aliments  qu'elle  est  indispensable 
pour  Tacililer  notre  digestion. 

L'eau,  Tair,  et  le  feu,  soit  réunis,  soit  isolés,  sont  d'une 
nécessité  absolue  pour  l'existence  de  Thomme ,  comme  ils  ont 
été  nécessaires  dans  le  grand  laboratoire  des  entrailles  de  la 
terre,  pour  convertir,  former  et  classer  tant  de  minéraux 
que  nous  baptisons  de  mille  noms  différents;  car  le  grand 
laboratoire  du  globe  possédait  tous  les  matériaux  à  combi- 
ner, puisque  les  éléments  de  ces  matériaux  se  trouvaient  par 
atomes  dans  les  molécules  de  l'assemblage  primitif. 

90.  —  Le  règne  de  l'eau,  à  cette  seconde  époque,  a  établi 
ses  lois,  d'après  lesquelles  les  eoinantsont  été  chargés  du  trans- 
port des  couches  terrestres  d'une  situation  à  Tautre.  La  pro- 
vidence du  Créateur  a  voulu,  par  ce  point  de  départ,  pour- 
voir à  deux  grands  résultats  à  la  fois  :  le  premier  au  profit 
des  êtres  destinés  à  habiter  sous  les  eaux,  car  Tenlèvenient 
des  matières  laissait  des  profondeurs  dans  lesquelles  les  pois- 
sons et  les  autres  êtres  trouvaient  à  des  étages  successifs  des 
antres  et  des  repaires  pour  vivre  sépares  selon  les  races  ;  le 
second,  au  profit  des  êtres  destinés  à  habiter  sur  la  terre,  car 
les  couches  des  matières  terrestres  portées  par  les  eaux  étaient 
riches  d'engrais  et  propres  à  la  végétation  future  préparée  en 
vue  du  règne  animal.  Des  couches  d'une  nature  identique  se 
formaient  également  au-dessous  des  mers ,  et  lorsque  le  fond 
de  l'océan  s'est  découvert  pour  devenir  le  plateau  terrestre,* 
ainsi  qu'il  est  arrivé  à  plusieurs  reprises,  la  surface  du  sol  a 
présenté  ses  couches  enrichies  des  mêmes  engrais  que  nous 
venons  d'énumérer. 

91.  —  Bien  que  les  eaux,  ainsi  que  leurs  lits,  aient  sou- 
vent changé  de  place  autour  de  la  surface  du  globe,  cependant 
les  lois  primitives  de  leur  tiavail  comme  de  leur  existence , 
sont  toujours  restées  les  mêmes,  ces  lois  ne  pouvant  plus  su- 
bir d'altération  ni  de  changements. 


.54  DEUXIÈME   ÉPOQUE. 

AU  commencement,  l'eau  qui  entourait  la  surface  de  la 
planète  n'était  que  d'une  mince  épaisseur,  à  cause  dé  la  grande 
extension  de  la  superficie;  mais  à  mesure  que  le  rétrécisse- 
ment du  globe  s'opérait,  Teau  se  concentra,  et  les  profon- 
deurs se  firent  dans  les  endroits  marqués  par  les  chutes  indi- 
quées plus  haut  (83,  84),  et  toutes  les  fois  qu'une  profondeur 
partielle  avait  lieu,  elle  devait  créer  son  courant  particulier; 
ce  courant  formait  une  couche  de  passage  indépendante  de 
la  couche  du  courant  qui  passait  au-dessus  d'elle;  de  là  sont 
venus  ces  courants  superposés  que  nous  reconnaissons  sous  la 
mer,  les  gulph-stream ^  etc. 

92.  —  Les  courants  des  eaux,  en  creusant  leurs  propres 
lits,  ont ,  suivant  la  vélocité  dé  leur  parcours,  établi  à  diffé- 
rentes profondeurs  de  magnifiques  plaines,  où  l'herbe  et  le 
sable  devaient  convenir  à  certains  poissons;  les  excavations 
inférieures  furent  formées  pour  le  séjour  d'autres  races  de 
poissons;  plus  profondément  encore  s'étendirent  des  espaces 
vides  où  des  arbres  et  des  plantes  devaient  servir  d'abri  et  de 
pâturage  à  d'autres  espèces  d'individus.  Chaque  étage,  pour 
ainsi  dire,  devait  avoir  des  propriétés  relatives  et  convenir 
aux  nécessités  des  races  qui  allaient  bientôt  paraître.  Au  fond 
des  mers,  il  existe  donc  de  vastes  plaines,  une  surface  aussi 
inégale  que  la  surface  de  la  terre  et  qui  présente  des  monta- 
gnes, des  vallées ,  des  ravins,  des  roches  et  des  sables,  ainsi 
%que  des  herbes ,  des  plantes,  des  arbres,  des  forêts  très-éten- 
dues et  ayant  le  domicile  de  certains  animaux  qui  y  font  leur 

séjour,  absolument  comme  certains  animaux  terrestres  (1). 

• 

{{)  Rien  n*est  plus  curieux  que  la  variélé des  plantes  sous-marines,  les 
unes  destinées  au  pâturage,  les  autres  devant  servir  d*abri  et  d^ombre 
aux  animaux  nés  pour  vivre  dans  Teau.  Le  règne  végétal  sous-marin 
est  très-riclie  en  espèces  qui  diffèrent  des  plantes  terrestres,  mais  la 
quantité  en  est  peut-être  plus  nombreuse  que  sur  la  terre;  une  grande 
partie  appartient  à  une  classe  qui  est  entre  le  règne  végétal  et  le  règne 
animal,  et  qui  finit  par  se  transformer  en  minéral  ;  ces  plantes,  rcti- 


SUITS   DU    RÈGNE   DE   L  EAU.  55 

93.  —  Les  eaux  ont  ét^  ua  puissant  auxiliaire  au  profit 
du  grand  laboratoire  intérieur  du  globe,  car  elles  portaient 
au  feu  central,  ainsi  qu'on  Va  vu  (84),  d'innombrables  ma- 
tières fraîches  après  les  avoir  fait  nattre;  ces  matières,  ces 
millions  de  milliards  de  coquilles,  de  poissons,  de  plantes,  ont 
été  les  matériaux  éminemment  utiles  et  nécessaires  qui  ont 
servi  y  soit  intégralement,  soit  comme  alliage  ou  ciment,  à  la 
formation  de  nombreuses  espèces  de  pierres ,  de  métaux ,  de 
terres,  etc.,  de  tant  de  sortes  et  de  qualités  différentes. 


CHAPITRE   VU 

liaite  da  Rè^ne  de  rEaii. 

Sommaire.  —  Végétaux  et  animaux  créés  par  Teau ,  9li.  —  Travail  Mes 
zoophytes«  bancs  sous-marins,  roches,  lies,  etc.,  95.  —  Effets  de  leur 
engloutissement ,  06.  -^  Espace  occupé  par  l*eau  à  la  surface  du  globe, 
97.  —  Proportion  des  êtres  occupant  le  globe ,  ordre  d'apparition ,  98. 

—  Caractère  primitif  de  IVau ,  99.  —  Inaction  de  l'atmo?»phère ,  100. 

—  Nécessité  de  la  pluie,  101.  —  Ëpoqtie  de  son  apparition,  102.  • 
Ses  effets,  103.  —  Accroissement  progressif  de  la  pluie,  10&.  —  Bien- 
faits particuliers  de  Teau,  105.  —  Son  action  à  travers  la  terre,  106.  — 
Observations  relatives  aux  principes  de  Teaa ,  107.  —  L'eau  considérée 
comme  aliment,  108.  —  Différence  de  quaUté  de  l'eau  primitive  com- 
parée à  celle  de  nos  jours,  109,  110,.  111.  ^  Qualité  de  Teau  comme 
baromètre  de  la  fin  de  notre  sixième  époque,  112. 

94.  —  Il  se  forme  sous  les  eaux  des  plantes  ayant  un  tronc 
et  des  fibres,  et  semblables,  pas  conséquent,  à  celles  que 

rées  de  leur  élément  et  exposées  à  Tair,  changent  complélemenl  de 
règne  et  deviennent  des  minéraux. 

«  Il  y  a,  dit  de  Maillet,  des  forêts  d'arbres  sous  la  mer,  et  une  pro- 
•  digieuse  quantité  de  champignons  à  brahches  ou  à  doigts.  Les  habi- 
«  tanls  de  la  Guadeloupe  se  servent  de  ce  végétal  marin  pour  faire  de 
«  la  chaux;  on  voit  ces  plantes  croître  assez  vite  et  renaître  de  leur 
«  tronc.  »  —  Voula{t-il  indiquer  les  polypes^ 


56  DEUXIÈME   ÉPOQVE. 

nous  voyous  sar  la  terre.  Mais  les  plantes  n'ont  pu  se  former 
que  bien  plus  tard,  lorsque  les  détritus  engendrés  dans  l'eau 
eurent  déposé  un  engrais  de  nature  à  alimenter  et  entretenir 
la  sève  de  pareilles  productions.  Au  commencement,  la  fange 
boueuse  qui  nageait  dans  les  eaux  ne  pouvait  produire  que  des 
plantes  encore  mal  déterminées,  de  ces  plantes  singulières, 
qui  de  végétal  se  convertissent  en  minéral. 

Par  la  même  raison ,  les  animaux  qui  se  formaient  alors  sur 
ce  terrain  boueux  étaient  aussi  d'une  nature  indécise^  et 
paraissaient  participer  plutôt  de  la  pierre  que  de  l'animal. 

Ces  espèces  d'êtres  ont  été  les  premiers  créés  par  l'eau , 
conjointement  avec  les  coquilles,  et  comme  l'étendue  de  la 
circonférence  était  relativement  très-considérable,  ces  sortes 
de  productions  se  sont  multipliées  d'une  manière  prodi- 
gieuse. 

Ces  animaux-pierres,  les  plus  simples  de  la  nature,  qui  ne 
possèdent  ni  cerveaux,  ni  moelle  épinière^  ni  organes  de  r^- 
piration,  ni  vaisseaux  destinés  à  la  circulation  des  fluides;  ces 
animaux,  qui  n^ont  qu'une* seule  ouverture  servant  à  la  fois 
de  bouche  et  d'anus;  qui  se  nourrissent,  comme  les  plantes, 
par  la  succion  et  l'absorption  des  matières  qui  approchent  de 
leur  canal  alimentaire;  ces  animaux ,  en  apparence  insigni- 
fiants, ont  toujours  été  et  sont  encore  les  plus  nombreux 
dans  la  Hature,  et  c'est  à  leur  influence  que  Ton  doit  la  con- 
solidation des  minéraux  et  de  la  croûte  solide  qui  entoure  le 
globe  terrestre. 

Cette  espèce  animale,  généralement  appelée  In  grande  fa- 
mille des  pidypes,  a  été  divisée  par  ieà  naturalistes  en  plu- 
sieurs classes,  dont  les  principales  sont  les  zoophytes  (ani- 
maux-plantes),  les  zoolithes  (animaux-pierres);  les  coraux 
spnt  une  branche  dominante  de  ces  derniers. 

95.  —  Ces  petits  êtres ,  ces  produits  qui  semblent  les  plus 
ténus,  les  plus  fragiles»  et  auxquels  on  ne  fait  presque  nulle 


SUITE    DU    RÈGNE   DE    l'EAU.  57 

atteDtion  ,  ont  joué  cependaDt,  comme  nous  venons  de  Tindi- 
quer,  le  plus  grand  rôle  dans  la  formation  du  globe;  rien  ne 
prouve  mieux  la  vérité  de  cet  adage  :  Tt^mon  fait  la  force  ; 
car  c'est  Tunion  de  ces  petits  êtres,  en  apparence  si  futiles, 
qui  a  produit  les  biincs  et  les  rochers  contre  lesquels  les  mers 
ont  dû  reculer.  Ainsi  Teau ,  ce  puissant  élément,  a  trouvé  le 
plus  terrible  envahisseur  de  son  domaine  dans  les  groupes  de 
ces  animalcules  auxquels  elle  a  donné  la  vie. 

Ces  petits  animaux  ont  formé  des  bancs  qui ,  par  la  suite 
des  siècles,  sont  devenus  des  îles  et  des  continents,  et  il  en 
surgit  encore  de  nos  jours  au  milieu  des  mers,  qui  ont  sou- 
vent la  même  origine  (1). 

Plusieurs  de  ces  îles  formées  par  les  polypes  ont  été  sou- 
levées ensuite  par  l'action  des  volcans  au  milieu  des  océans; 
lorsqu'elles  se  trouvèrent  au-dessus  des  eaux  ,  Faction  des 

(4)  CeUe  année,  on  lisait  dans  an  journal  de  Paris,  le  Siècle  du  10 
janvier 'l 858  : 

«Un  fait  curieux  qui  intéresse  la  science  et  la  navigation  vient  d^êlre 
signalé.  Le  détroit  de  Torrès^  situé  dans  TOcéan  équinoxial,  entre  la 
Nouvelle-Hollande  et  la  Papousie,  a  été  de  tout  temps  d'une  naviga- 
tion difficile,  à  cause  des  nombreux  îlots  qui  la  parsèment;  mais  des 
passages  profonds  et  indiqués  sur  les  cartel  permettaient  aux  plus  gros 
navires  de  traverser  ce  bras  de  mer  en  naviguant  avec  soin.  Des  tra- 
vaux hydrographiques  récents  ,  exécutés  par  ordre  de  l'amirauté  an- 
^'laise,  viennent  de  faire  connaître  que  ces  passages  étaient  envahis 
par  des  excroissances  madréporiques  qui  rendent  désormais  la  naviga- 
tion du  détroit  impraticable  pour  les  navires  d^un  fort  tonnage. 

a  Les  polypes  calcaires  de  cette  mer  croissent  avec  une  telle  puis- 
sance qu'on  a  calculé  que  si  leur  développement  suit  toujours  la  même 
loi,  le  détroit  de  Torrès  pourra,  dans  vingt  ans  environ,  être  inter- 
cepté sur  plusieurs  points  dans  toute  sa  largeur.  11  a  160  kilomètres 
de  long  sur  une  largeur  très-variable,  et  qui  est,  dans  certains  en- 
droits, de  5  kilomètres  seulement.  En  1606,  époque  où  il  fut  décou- 
vert, le  détroit  de  Torrès  ne  comprenait  que  26  îlots;  aujourd'hui  il 
en  a  plus  de  ^150,  sans  compter  ceux  que  les  Iravaux  récemment  exé- 
cutés par  l'administration  ont  permis  de  reconnaître.  » 


58  DEUXIÈME   ÉPOQUE. 

polypes  dut  cesser,  car  ils  ne  peuvent  ni  vivre,  ni  travailler 
en  dehors  de  leur  élément.  Cependant,  après  quelques  siècles, 
ces  iles  ont  présenté  à  leur  surface  une  belle  végâation  de 
toute  sorte  de  plantes  et  une  population  variée  d'animaux 
compatibles  avec  le  climat,  l'homme  sauvage  y  compris,  ainsi 
que  Tont  prouvé  les  découvertes  des  voyageurs. 

96.  —  Aux  époques  piimordiales,  où  les  éboulements  étaient 
fréquents  comme  les  cataclysmes,  ces  bancs  n'avaient  pas  le 
temps  de  se  former  complètement;  ils  étaient  engloutis,  avant 
d'être  consolidés,  dans  les  gouffres  de  l'intérieur  incandescent, 
auquel  ils  apportaient  précisément ,  avec  leurs  acides  et  leurs 
principes  caustiques,  homogènes  à  ceux  du  règne  minéral,  un 
auxiliaire  indispensable  à  la  formation  des  pierres  et  des  miné- 
raux en  général,  ainsi  que  nécessaire  à  la  séparation  et  à  la 
purification  de  certaines  classes  de  ce  règne  important. 

97.  —  Mais  ce  n'est  pas  tout:  l'eau  est  la  mère  de  bien  d'au- 
tres produits  qui ,  à  leur  tour,  deviennent  puissants  et  influeat 
grandement  sur  les  événements  du  globe  (1).  Pour  avoir  une 
idée  exacte  de  leur  importance,  il  faut  examiner  la  position 
que  l'eau  a  prise  autour  du  globe  et  la  division  de  son  règne 

.  par  le  classement  des  races  auxquelles  elle  a  donné  la  vie. 
L'eau  embrassait,  depuis  le  commencement,  les  neuf  dixiè- 
mes de  la  surface  du  globe  (au  moment  où  notre  satellite  s'est 
détaché)  ;  ce  domaine  immense  à  l'époque  où  le  globe  était 
vingt  fois  plus  grand  dans  sa  circonférence  qu'il  ne  l'est  au- 

*(^)  Les  êtres  et  les  objets  qui  cmt  pris  naissance  dans  Teau,  savoir  : 
les  os  des  animaux,  les  arbres ,  les  cailloux,  les  sables^  etc.,  ont  été 
transportés  par  les  courants  en  mille  endroits  ;  ils  ont  rempli  le  lit 
des  rivières  et  rendu  des  continents  entiers  arides  et  inhabitables  ; 
exemple,  le  Sahara  ;  ils  ont  rempli  de  même  les  cratères  des  volcans 
et  causé  des  cataclysmes  qui  ont  bouleversé  la  terre  sens  dessus  des- 
sous; ils  ont  formé  des  bancs  et  obstrué  les  passages  de  la  navigation; 
ils  ont  comblé  des  porls,  couvert  des  villes  et  des  villages,  etc. 


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SUITE   DU   RÈGNE   D£   l'eAU.  59 

jourd'hui,  comprenait  un  espace  tellement  vaste ,  qu'il  s'y 
produisit  des  myriades  d'êtres  dont  le  calcul  surpasse  toute 
imagination.  Par  les  cataclysmes  successifs,  le  globe  s'est  con- 
stamment réduit;  sa  circonférence  a  diminué  et,  au  moment 
où  nous  écrivons,  Teau  ne  domine  plus  que  sur  à  peu  près  les 
quatre  cinquièmes  de  la  surface.  Mais  la  multitude  des  êtres 
ainsi  que  leur  classement  est  restée,  proportionnellement  à 
son  étendue,  la  même  qu'au  commencement.  Nous  présentons 
dans  le  tableau  ci-contre  la  succession  des  diverses  espèces, 
dans  l'ordre  de  leur  apparition,  et  l'espace  qu'elles  ont  occupé 
et  qu'elles  occupent  encore  proportionnellement ,  afin  qu'on 
puisse  avoir  une  idée  de  leur  importance  relative. 

98.  — Ce  tableau,  qui  aurait  pu  ne  venir  qu'ultérieurement 
dans  un  chapitre  du  règne  animal ,  trouve  sa  place  ici  à  cause 
de  l'espace  que  l'eau  a  concédé  à  chaque  race  de  ce  règne 
dans  son  domaine;  ce  tableau,  dressé  suivant  la  forme  cir- 
culaire du  globe,  représente  au  centre  les  deux  cercles  de 
capacité  proportionnelle  occupés  aujourd'hui  par  l'homme  et 
tout  le  règne  animal;  le  cercle  suivant  est  celui  des  oiseaux; 
les  autres  indiquent  l'étendue  relative  de  l'espace  occupé  par 
les  diverses  espèces  d'animaux  aquatiques,  en  s'élargissant 
suivant  l'importance  des  races  jusqu'à  celle  des  polypes,  qui 
est  la  pins  nombreuse  et  la  première  venue. 

On  remarquera  que  le  dehors  du  grand  cercle ,  au-dessus 
des  polypes,  qui  représente  l'extérieur  de  toute  la  circonfé- 
rence du  globe  terrestre  et  marin ,  est  envahi  par  le  règne  végé- 
tal, dont  les  plantes  sont  aussi  bien  sous  les  eaux  que  sur  la 
terre. 

Ce  tableau  peut  aussi  douner  une  idée  de  retendue  relative 
de  notre  planète,  en  considérant  le  grand  cercle  extérieur  mar- 
qué n*  1  comme  représentant  la  grandeur  du  globe  au  moment 
de  l'apparition  des  premiers  végétaux  et  animaux,  et  le  plus 
petit  cercle  marqué  n^  8  comme  représentant  la  grandeur  du 
\i\obe  à  la  6™e  journée  ou  à  notre  époque  actuelle. 


60  DEUXIÈME   EPOQUE. 

Ce  tableau  représente  donc  les  circonférences  extrêmes  de 
proportion  et  de  réduction  qu'a  subies  la  terre. 

99.  —  L'eau  a  donc  un  empire  immense  en  étendue ,  en 
domination  et  en  population;  ses  produits  sont  incalculables  ; 
les  effets  de  ses  actions  sont  prodigieux;  son  domaine  est  à  la 
fois  bienfaisant  et  redoutable;  il  est  de  son  essence  d'être  tran- 
quille et  calme,  mais  Timpulsion  des  courants  et  des  vents, 
les  actions  souterraines  du  feu  et  de  l'air,  l'accroissement  et 
l'agitation  des  animaux  qu'elle  contient^  lui  font  changer  de 
caractère  et  même  dénaturent  sa  qualité  et  sa  couleur  (1). 

100.  —  A  celte  époque  primordiale  l'eau  ne  pouvait  pas  jouer 
le  grand  rôle  qui  devait  lui  être  assigné  plus  lard  dans  lesphé^ 
nomènes  de  l'atmosphère;  celle-ci  étant  également  à  son  état 
de  formation  n'avait  pas  encore  besoin  d'agir  par  absorption 
pour  reverser  sur  la  terre  et  restituer  à  la  mer  la  pluie  et  la 
rosée  au  service  des  règnes  végétal  et  animal,  qui  Jusque-là 
n'avaient  pas  paru. 

La  nature,  dans  son  admirable  travail,  fournit  en  temps 
opportuns  aux  besoins  de  chaque  être  qu'elle  produit,  et  l'en- 
chaînement des  nécessités  réciproques  marche  selon  l'agran- 
dissement des  espèces. 

101.  —  Lorsque  les  végétaux  et  les  animaux  envahirent  la 
terre,  l'eau  qui  filtrait  dans  les  souterrains,  qui  travei^sait  les 
parties  sèches  par  les  ruisseaux,  les  rivières  ou  les  fleuves, 
n'était  pas  suffisamment  étendue  pour  l'entretien  périodique  de 
la  vie  des  plantes  et  des  animaux  ;  il  fallait  que  la  nature  vint 
au  secours  de  ces  nouveaux  comparants  dans  toutes  les  locali- 
tés de  la  terre ,  et  elle  ne  manqua  pas  de  pourvoir  à  l'importante 
fonction  de  l'arrosage  des  terres,  et  à  la  formation  de  certains 
dépôts  sur  les  points  du  globe  où  le  grand  réservoir  de  l'Océan 
ne  pouvait  pas  arriver.  De  là  vint  la  création  de  la  pluie. 

(^)  Voir  Ici  note  D,  à  la  fin  du  volume. 


SUITE   DU  RÈGNE   DE   l'eAU.  61 

102.  —  Dans  les  temps  primitifs  il  n'y  avait  pas  de  pluie; 
elle  aurait  été  inutile,  et  les  causes  de  sa  formation  n'existaient 
pas  encore;  la  terre  n'émettait  pas  alors  ces  vapeurs  et  ces 
exhalaisons  qui  ont  été  depuis  nécessaires  aux  échanges  qui 
s'opèrent  dans  l'atmosphère;  d'ailleurs,  l'atmosphère  n'était 
pas  complètement  formée  ;  c'est  plus  tard,  par  suite  de  l'alté- 
ration des  eaux  primitives  et  du  besoin  de  leur  purification , 
que  s'opéra  le  merveilleux  ouvrage  de  l'absorption  des  vapeurs 
et  leur  transformation  en  pluie,  qui  n'a  commencé  à  tomber 
sur  la  terré  qu'à  la  4™e  époque,  lorsque  le  ciel,  selon  la  Ge- 
nèse, a  été  distingué,  découvert  à  la  terre, 

103.  —  La  pluie  devait  naître  de  la  force  des  choses.  Nous 
savons  aujourd'hui  qu'elle  se  forme  des  vapeurs  qui  s'exhalent 
du  globe  en  s'élevant  dans  l'almosphère,  où  elles  subissent,  au 
contact  de  l'air,  celte  admirable  distillation  qui  sépare  l'eau 
pure  et  la  laisse  retomber  sur  le  globe  comme  si  elle  passait 
par  un  tamis,  pour  se  répandre  doucement  et  en  parties  égales 
sur  la  terre. 

Il  semble  que  l'empire  de  l'eau  ,  dont  nous  nous  occupons , 
devrait  s'enrichir  des  quantités  de  pluie  qui  lui  viennent  de 
cette  source;  mais  loin  de  là,  la  pluie  n'ajoute  rien  à  la  masse 
liquide,  et  souvent,  dans  son  passage  d'un  instant,  elle  occa- 
sionne des  accidents  plus  ou  moins  graves ,  sans  augmenter 
d'une  seule  goutte  l'ensemble  des  eaux  autour  du  globe. 

104.  —  L'accroissement  des  plantes  et  des  animaux  sur  la 
terre,  ayant  produit  une  augmentation  de  vapeurs,  il  s'en  est 
suivi  un  accroissement  progressif  et  relatif  de  pluies  et  de 
rosées,  et  il  en  sera  réclamé  encore  davantage  par  suite  de 
l'appauvrissement  des  terres  et  de  la  nécessité  de  réparer  l'épui- 
sement de  leurs  propriétés  fécondantes. 

On  compte,  de  nos  joui*s,  que  de  la  quantité  de  pluie  qui 
tombe  sur  la  terre,  un  sixième  est  absorbé  par  le  sol;  une 
pareille  quantité  est  transportée  par  les  cours  d'eau  ,  les 


62  DEUXIÈME   ÉPOQUE. 

fleuves,  les  rivières,  etc.,  et  que  le  restant  retourne  en  va- 
peurs. 

105.  —  Si  Teau,  à  certains  moments,  se  montre,  dans 
rOcéan,  le  plus  orageux  et  le  plus  terrible  ennemi  du  genre 
humain,  d'un  autre  côté,  elle  prête  du  secours  à  Thumanité 
pour  la  préserver  de  la  destruction  du  feu  en  éteignant  les 
incendies. 

Rien  n'est  plus  obéissant  à  la  volonté  de  Thomme  que  cet 
élément  lorsqu'il  n'est  pas  influencé  et  maîtrisé  par  les  capri- 
ces de  l'air;  il  se  soumet  aux  besoins  industriels  jusqu'à  épuir 
sèment,  se  transformant  en  vapeurs  pour  donner  sa  force  aux 
machines  et  aux  bateaux,  comme  sMl  voulait,  sous  la  direction 
de  l'homme ,  faire  concurrence  à  la  vélocité  des  vents. 

106.  —  Comme  le  feu  sépare  les  choses  qui  sontjointa«î, 
l'eau  rejoint  celles  qui  sont  séparées.  L'essence  du  feu  s'éva- 
pore dans  l'air,  l'air  se  jette  dans  l'eau,  et  l'eau  pénètre  dans 
la  terre,  qui  est  le  réceptacle  de  toutes  les  semences.  Si  l'eau  ne 
passait  et  ne  repassait  incessamment  par  les  conduits  de  la 
terre,  le  feu  la  consommerait.  L'eau,  en  passant  par  la  terre, 
aide  à  la  putréfication,  qui  est  la  mère  de  la  génération.  L'eau 
passe  à  travers  le  feu  et,  en  retournant  sur  son  passage,  elle 
attire  les  bitumes,  les  soufres  et  les  autres  propriétés  minéra- 
les qu'elle  reporte  à  la  surface  et  qu'on  emploie  pour  l'usage 
des  bains  ou  des  eaux  médicinales. 

107.  —  D'après  les  expériences  de  Cavendish,  en  1784, 
répétées  ensuite  par  Lavoisier,  Laplace,  Monge  et  Meunier, 
l'eau  est  formée  de  85  parties  (en  poids)  d'oxygène  et  de 
15  d'hydrogène  (en  poids). 

En  faisant  brûler  ensemble,  dans  des  vaisseaux  clos,  les 
deux  gaz  hydrogène  et  oxygène ,  dans  les  proportions  ci-des- 
sus, on  forme  une  quantité  d'eau  égale  au  poids  des  deux  gaz. 

Mais  ces  gaz  occupent  un  espace  très  considérable  avant  leur 
combustion;  car  pour  former  un  décimètre  cube  d'eau,  il  faut 


SUITE   DU   RÈGNE   DE  l'EAU.  63 

634  décimètres  cubes  de  gaz  oxygène  et  1 51 3  décimètres  cubes 
de  gaz  hydrogène. 

Le  gaz  hydrogène  est  le  fluide  le  plus  léger  que  Ton  con- 
naisse; il  Test  de  13  à  14  fois  plus  que  l'air  que  nous  respi- 
rons. Le  rapport  du  poids  de  Teau  à  celui  de  Tair  est  ainsi 
établi  dans  V Annuaire  du  Bureau  des  longitudes  :  un  déci- 
mètre cube  d'eau  pesant  1  kilogramme,  le  décimètre  cube 
d'air  pèse  1  gramme  298187  à  la  température  de  zéro  et  sous 
la  pression  atmosphérique  de  76  centimètres. 

L'eau  y  à  raison  de  l'extrême  petitesse  de  ses  molécules,  de 
leur  indépendance  réciproque,  de  leur  mobilité,  se  soumet 
avec  la  plus  grande  docilité  et  la  plus  grande  exactitude  aux 
lois  de  l'hydrostatique ,  c'est-à-dire  à  cette  partie  de  la  physi- 
que qui  a  pour  objet  la  pesanteur  et  l'équilibre  des  fluides. 

l'eau  comme  ALmsirr. 

108.  —  Dans  le  règnç  de  l'homme,  à  la  sixième  journée, 
nous  signalerons  les  fonctions  de  Tair  comme  aliment;  il  est 
donc  à  propos,  pendant  que  noas  sommes  dans  le  règne  de 
l'eau,  d'observer  aussi  quel  est  son  rôle  dans  les  mêmes 
fonctions. 

L'eau  est  non-seulement  la  boisson  la  plus  commune  de 
rhomme,  et  la  seule  qui  serve  à  tous  les  animaux,  mais 
elle  est  le  meilleur  dissolvant  de  la  matière  nutritive.  L'eau 
s'associe,  se  combine  avec  toutes  les  matières  solides  que 
nous  employons  pour  notre  nourriture,  et  devient  elle-même 
alimentaire;  ainsi ,  dans  le  pain,  elle  prend  de  la  solidité  ; 
elle  forme  une  des  parties  constituantes  des  aliments  princi- 
paux dont  se  nourrissent  tous  les  peuples  de  la  terre ,  et 
joue,  par  conséquent,  le  premier  rôle  dans  l'économie  ani- 
male. 

Il  y  a  plus  :  l'eau  est  la  médecine  la  pli^s  salutaire  pour  le 
règne  animal. 


64  DEUXIÈME   ÉPOQUE. 

L*eau  froide  flatte  le  palais»  apaise  la  soif,  aide  à  la  di- 
gestion en  remontant  les  forces  de  Testomac. 

Ueau  refroidie  à  la  glace  est  un  tonique  encore  plus 
actif. 

L'eau  tiède  relâche  les  viscères. 

L'eau  chaude  excite  les  nausées ,  et  peut,  dans  beaucoup  de 
caç ,  remplacer  les  émétiques. 


l'eau  primordiale. 


109.  —  L'eau  primitive,  quoiqu'elle  n'ait  pas  été  rempla- 
cée, n'était  cependant  pas  la  même  que  celle  dont  nous  avons 
r usage  de  nos  jours. 

Au  sortir  de  sa  source  sublimée,  pour  ainsi  dire,  et  con- 
centrée dans  la  molécule,  l'eau  primitive  était  vierge;  l'atome 
liquide  que  la  pression  avait  extrait  de  l'atome  solide  était 
pur,  et  ces  atomes  liquides  accumulés  formaient  une  eau  la 
plus  délicieuse  que  l'imagination  puisse  concevoir. 

Mais  à  mesure  que  les  siècles  s'avancèrent,  les  plantes  et 
les  animaux  s'introduisirent  dans  l'eau  en  s'y  dissolvant  ; 
leur  présence  et  leui*s  décompositions  altérèrent  et  corrompi- 
rent la  qualité  de  l'eau. 

Quelle  différence,  en  effet,  dans  les  propriétés  de  l'eau  au 
commencement  d'une  journée  ou  d'une  époque ,  comparati- 
vement à  celle  qu'on  dut  lui  trouver  à  la  fin  de  la  même 
époque ,  lorsque  des  myriades  d'animaux ,  dans  l'espace  de 
300  siècles ,  s'y  étant  décomposés ,  l'eurent  corrompue  en 
altérant  totalement  sa  nature! 

L'eau  alors ,  après  cette  longue  période  de  temps ,  devait 
être  nécessairement  méconnaissable  et  presque  entièrement 
changée  quant  à  ses  qualités. 

C'est  pourquoi  aussi  la  Providence,  ayant  en  vue  la  purifi- 
cation générale  de  la  matière,  a  renouvelé,  à  diverses  grandes 
époques,  le  bouleversement  total  du  globe. 


SUITE    DU    RÈGNE    DE    L  EAU.  05 

MO.  —  A  chaque  bouleversement  produit  par  les  grands 
cataclysmes  qui  renouvelaient  la  face  de  la  terre,  il  y  a  donc 
eu  une  purification  générale  de  Feau ,  qui  reparaissait  pure 
pour  la  nouvelle  journée  qui  commençait.  N'aurions- nous 
pas  de  nos  jours,  dans  notre  sixième  époque,  quelques  échan- 
tillons de  cette  eau  pure  ?  Oui,  certes,  nous  en  avons;  il  doit 
en  exister  dans  les  rochers  où  elle  reste  enfermée ,  attendu 
qu'il  entre  dans  la  mission  d'un  cataclysme  de  comprimer 
violemment  tout  ce  qui  se  trouve  à  ce  moment  sous  l'action 
foudroyante  de  sa  pression  !  Or,  entre  les  pierres  et  les  mé- 
taux, il  y  a  toujours  eu  de  petites  ou  de  grandes  cavités;  l'eau 
qui  s^y  trouve  au  moment  du  cataclysme  est  emprisonnée  par 
un  autre  minéral  qui  presse  les  parois,  et  toutes  les  fois  que 
les  deux  minéraux,  qu'ils  soient  pierre,  cristal  ou  roche, 
possèdent  une  cavité  centrale,  cette  cavité  conservera  son 
vide,  tandis  que  le  contour  sera  pressé  pour  ne  former  plus 
qu'un  bloc;  si,  dans  cette  cavité,  il  se  trouvait  de  l'eau,  elle 
y  restera  donc  prisonnière  pour  toujours,  car  il  n'y  a  plus 
moyen  qu'elle  en  sorte,  ni  qu'elle  s'en  évapore. 

III.  —  On  rencontre  de  temps  en  temps,  particulière- 
ment en  Amérique,  des  morceaux  de  cristal  de  roche  où  l'on 
voit,  par  la  transparence,  la  goutte  d'eau,  très-belle,  grande 
et  limpide. 

On  a  reconnu  aussi  des  gouttes  d'eau  dans  des  morceaux 
de  quartz;  mais,  comme  on  ne  pouvait  pas  le  prévoir,  en 
cassant  la  pierre  on  a  perdu  l'eau.  Le  cristal  de  roche  ne 
trompe  pas,  il  ne  cache  rien,  car  il  est  transparent;  nous 
jsavons  que  sa  formation  est  certainement  antérieure  au  dé- 
luge; donc  là  goutte  d'eau  qu'il  contient  est  au  moins  de  la 
cinquième  journée,  si  ce  n'est  de  la  quatrième  ou  de  la  troi- 
sième époque  de  formation  de  notre  globe. 

Mais  cette  eau  primordiale,  quand  même  elle  serait  de  la 
quatrième  ou  de  la  cinquième  époque  de  formation ,  ne  sau- 

5 


6G  DEUXIÈME    ÉPOQUE, 

rait  plus  convenir  à  notre  constitution;  notre  physique  étant 
habitué  à  une  eau  corrompue  ne  pourrait  pas  supporter  la 
boisson  d'un  liquide  dont  la  pureté  remonte  à  trois  cents,  à 
cinq  cents  ou  à  mille  siècles;  la  différence  de  climat  de  ces 
temps  reculés ,  en  comparaison  du  climat  et  des  autres  con- 
ditions physiques  de  notre  temps,  est  immense,  et  si  Ton 
buvait  aujourd'hui  cette  eau  primordiale  »  le  moindre  effet 
qu'elle  pourrait  avoir  sur  nos  intestins,  ce  serait  de  les  pétri- 
tier,  et  par  là  elle  nous  causerait  la  mort. 

l'eau  comme  baromètre  . 

112.  — •  Si,  d'après  la  Bible,  nous  nous  trouvons  aujour- 
d'hui à  la  sixième  journée ,  c'est-à-dire  à  la  sixième  époque 
de  formation ,  nous  pouvons  hardiment  consulter  comme 
un  baromètre  infaillible  la  qualité  générale  de  Teau ,  et 
au  moment  donné  où  sa  nature  sera  profondément  altérée, 
notre  postérité  pourra  calculer  sur  ce  baromètre  la  durée 
probable,  ou  la  fin  de  cette  journée  ou  de  cette  sixième 
époque. 


FIN    DU    RÈriNE    DE    L*EAU:  '  C7 


CHAPITRE   VIII 

Fin  du  Rèstie  de  TKaa 

Sommaire.  —  Altération  de  l'eau  des  mers,  113.  —  Altération  de  Teaii 
terrestre,  114.  —  Examen  d'une  goutte  d'eau  douce  an  microscope, 
115.  —  Décroissance  périodique  de  la  qualité  de  l'eau,  lie.  —  Loi  de 
disparition  des  êtres;  restitution  des  éléments;  difTérence  relative  à 
l'eau ,  117.  —  Variété  des  races  provenant  de  l'absorption  des  sucs  spé- 
ciaux, 118.  —  Méduses,  sèches;  influence  do  leurs  liqueurs  pour  l'eau, 
119.  —  Absorption  d'électricité  et  de  magnétisme,  mer  lumineuse,  120. 
—  Genre  torpille,  etc.,  121.  —  Coquilles  électriques,  122.  —  Mer  lu- 
mineuse, 123. —  Abondance  des  fluides  électriques,  124.  —  Vues  delà 
Providence  dans  la  formation  des  races  nouvelles,  125.  —  Réflexions 
sur  les  services  rendus  par  l'eau,  son  analogie  avec  l'éther,  126.  — 
Développement  des  rapports  de  l'eau  avec  l'éther,  127.  —  L'éther  est- 
il  le  séjour  d'ôtres  animés?  128.  —  Effets  de  l'eau  combinée  avec  l'air 
et  le  feu,  129,  130.  —  Fin  de  la  seconde  époque,  131. 

113.  —  L'eau  de  la  mer ,  aujourd'hui ,  est  déjà  très  alté- 
rée, et  il  u  en  peut  être  autrement  en  raison  des  millions  de 
myriades  d'animaux  qui ,  depuis  tant  de  siècles,  séjournent, 
vivent  et  se  décomposent  dans  son  sein;  cette  eau  n'est  plus 
potable,  et  continuera  de  plus  en  plus  à  s'altérer  jusqu'à  de- 
venir totalement  corrompue  ;  elle  le  serait  déjà  sans  les  aspi- 
rations et  les  expirations  successives  de  l'atmosphère,  qui  en 
rafraîchissent  journellement  la  surface,  par  la  puriOcation 
des  vapeurs  et  leur  restitution  en  forme  de  rosées,  pluies, 
etc.,  etc. 

lU.  —  L'eau  terrestre,  que  nous  appelons  douce,  cette 
eau  que  la  nature  a  pris  soin  de  nous  distiller  à  travers  les 
couches  de  la  terre ,  cette  eau  que  nous  croyons  limpide,  est 
loin  de  valoir  Teau  pure  et  primitive  des  premières  époques 
de  formation;  il  suffit  de  l'analyser  et  on  y  trouvera  un  mé- 


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FIN   DU   RÈGNE   1>K   L*EAU.  69 

117.  —  Toutefois,  quoique  le  changement,  la  décrois- 
sance et  la  disparition  des  êtres  soient  le  résultat  général 
prévu  dans  les  grandes  lois  de  Tunivers,  le  résultat  partiel , 
relatif  à  notre  planète  pendant  le  cours  de  ses  fonctions ,  est, 
en  un  sens ,  bien  différent. 

Pour  mieux  expliquer  ce  fait,  anticipons'  un  peu  sur  les 
époques  suivantes. 

L'homme,  comme  on  le  sait,  rend  à  la  terre  les  éléments 
qu  il  a  reçus  de  la  terre;  le  poisson,  ou  tout  animal  aquatique, 
rend  à  l'eau  les  éléments  d'existence  qu'il  a  puisés  dans  le 
sein  de  l'eau;  la  terre  et  l'eau  doivent  rendre  à  leur  tour 
un  tribut  au  firmament.  Cette  rotation  d'échanges,  cette  res- 
titution d'éléments  d'existence  par  suite  de  la  disparition 
dçs corps,  est  inévitable;  mais  les  effets  momentanés  pré- 
sentent des  différences  essentielles. 

Voici  les  différences  : 

Le  firmament  s'enrichit  de  la  surabondance  des  vapeurs 
émises  par  les  êtres  qui  se  développent  sur  notre  planète;  la 
terre  s'engraisse  des  cadavres  des  hommes  et  des  autres  ani- 
maux; mais  Teau  se  corrompt,  ses  qualités  s'altèrent  par  les 
détritus  des  corps  qui  s'y  déposent. 

118.  —  Non  seulement  l'eau  s'altère  en  qualité,  change 
de  nature  et  de  couleur,  comme  nous  l'avons  vu,  mais  les 


disparition  de  races  entières  est  également  prouvée  dans  le  règne 
animal  .et  végétal. 

La  disparition. des  astres  est  aussi  un  fait  reconnu.  Ainsi  la  constel- 
lation des  pléîades  était  composée  de  sept  étoiles;  on  n^en  compte  plus 
que  six. 

On  en  a  perdu  une  dans  la  petite  ourse;  une  dans  Andromède,  etc. 
«  Désastre  vraiment  effroyable,  dit  M.  Moreau  de  Jonnès,  dans  son 
«  ouvrage  la  France  avant  ses  premiers  habitants^  puisque  Texlinc- 
«  tion  d'un  soleil  suppose  Tanéantissement  de  plusieurs  mondes  comme 
«  le  nôtre,  et  la  destruction  de  tous  les  êtres  quelconques  qui  les  ha- 
<c  hitaient!  » 


70  DEUXIÈME   ÉPOQUE.  | 

races  anéanties  et  perdues  dans  son  sein  y  ont  laissé,  par  la 
décomposition  de  leurs  cadavres,  mille  substances  diverses 
qui  s'y  sont  séparées,  et  Teau  ne  pouvant  pas  les  consumer 
comme  le  ferait  le  feu ,  il  s'ensuit  que  ces  substances  putré- 
fiées donnent  la  vie  à  de  nouveaux  êtres  ;  ces  êtres  amènent 
de  nouvelles  races;  ces  races  nouvelles  s'imprègnent  d'un 
attribut  distinctif,  par  exemple,  d'un  suc  provenant  de  la 
décomposition  d'un  être  précédent;  ce  suc,  qui  était,  par  hy- 
pothèse, un  caustique  faible ,  devient  un  caustique  renforcé 
dans  les  individus  de  la  race  nouvelle.  ' 

Ainsi,  un  acide,  un  phosphore ,  un  venin,  c'est-à-dire  une 
propriété  ou  une  arme  de  défense  quelconque,  qui  étaient 
moins  indiqués,  moins  puissants  dans  une  race  éteinte,  de- 
viendront plus  marqués,  plus  abondants,  plus  communs  dans 
une  race  nouvelle  qui  continuera  de  s'alimenter  de  tel  ou  tel 
suc  particulier  dans  les  détritus  de  certains  cadavres  spé- 
ciaux. 

119.  —  Rien  n'est  plus  propre  à  prouver  la  vérité  de  cette 
opération  que  les  méduses  ;  ces  animaux  sécrètent  et  excrè- 
tent, en  la  lançant  à  volonté,  une  liqueur  ècre  et  brûlante* 
qui  est  l'effet  et  le  produit  des  sucs  que  cette  race  pompe  dans 
les  détritus  spéciaux  des  cadavres  décomposés  dans  l'eau. 

De  même,  les  sèches  et  les  poulpes  répandent  une  humeur 
noirâtre  qui  trouble  l'eau  immédiatement ,  et  leur  permet 
d'échapper  en  se  dérobant  à  la  vue  des  ennemis  qui  les  pour- 
suivent. Si  ces  animaux  se  défendent  et  se  sauvent  par  cet 
ingénieux  expédient,  ils  n'en  causent  pas  moins  un  dommage 
à  l'eau  qu'ils  salissent  et  altèrent  par  ces  excréments  brûlants 
et  noirâtres. 

Ainsi ,  les  individus  des  deux  races  que  nous  venons  de 
citer,  ont  la  propriété  de  choisir  les  sucs  qui  sont  les  plus 
aptes  à  composer  dans  leur  corps  de  ces  liqueurs  spéciales 
qu'ils  peuvent  lancer  pour  leur  défense,  et  ils  abandonnent 
les  sucs  d'une  nature  différente. 


FIN   DU   RÈGNE   DE   l'eàU.  71 

On  conçoit  que  dans  les  sucs  ainsi  abandonnés  par  cesdeux 
races ,  il  y  a  d'autres  propriétés  qui ,  séparément ,  peuvent 
donner  à  d'autres  poissons,  d'une  constitution  différente,  à 
d'autres  espèces  d'êtres  qui  s'en  emparent  et  les  absorbent  > 
une  force  inbérente  à  la  matière  dont  ils  s'imprègneot. 

POISSONS   ÉLECTRIQUES. 

120.  —  Ainsi,  par  exemple,  le  corps  de  chaque  animal , 
soit  sur  la  terre,  soit  dans  l'air,  soit  dans  T^u,  a,  dans  sa 
composition,  quelques  atomes  d'électricité  et  de  magnétisme 
qui  font  partie  essentielle  de  son  fluide  vital. 

Dans  la  décomposîtimi  àe&  cadavres  an  sein  des  mers ,  ces 
atômes  électriques  et  magnétiques,  qui  se  séparent  des  corps, 
sont  en  grande  partie  absorbés  par  une  race  de  nouveaux 
êtres ,  qui ,  en  les  choisissant  pour  aliment,  se  trouvent  for- 
tifiés d'une  abondance  d'électricité  ou  de  magnétisme  analo- 
gue à  l'abondance  d'humeur  que  nous  avons  signalée  dans  la 
sèche  ou  la  poulpe. 

Nous  voyons  de  nos  jours  des  surfaces  fort  étendues  sur  la 
mer ,  qui  présentent,  de  temps  à  autre,  des  phénomènes  cu- 
rieux de  lumière  électrique.  En  effet ,  après  tant  de  siècles  de 
décomposition  des  millions  de  milliards  de  cadavres  sous-ma- 
rins ,  il  ne  pouvait  pas  en  être  autrement  ;  leurs  atomes  d'élec- 
tricité, séparés  par  la  dissolution,  se  réunissent  par  leur 
attraction  mutuelle;  l'union  de  ces  molécules  forme  des  mas- 
ses, et  les  races  nouvelles,  destinées  à  s'en  nourrir ,  ne  suffisent 
pas  pour  en  absorber  la  totalité  ;  il  en  reste  donc  une  assez 
grande  abondance,  dans  certaines  circonstances  déterminées, 
sur  la  surface  de  la  mer;  cette  quantité  est  augmentée  encore 
parles  êtres  mêmes  qui  s'en  sont  nourris  et  qui  se  décompo- 
sent après  leur  mort. 

121.  —  Ainsi,  nous  voyons  des  poissons  qui  font  de  ces 


72  DEUXIÈME    ÉPOQUE. 

molécules  leur  nourriture  spéciale  et  qui,  imprégnés  de  cet 
aliment,  donnent  des  signes  de  réiectricité  ramassée  dans 
leurs  corps  vivants;  dans  ce  genre  sont  la  torpille,  lagyni- 
note  et  le  roalaptérure. 

La  torpille  (1)  a  son  organe  électrique  sur  les  côtés  du  cou; 
la  gymnote  au-dessous  de  la  queue,  et  le  malaptérure  autour 
du  corps  entier;  mais  chez  tous  il  est  d'une  nature  à  peu  près 
semblable;  à  Toeil  nu  on  le  prendrait  pour  un  morceau  de 
lard;  à  l'aide  d'une  forte  loupe,  on  reconnaît  qu'il  est  com- 
posé d'un  nombre  considérable  de  petites  cellules,  toutes 
uniformes,  que  circonscrit  une  membrane  très  serrée ,  très- 
résistante,  et  que  remplit  un  liquide  gélatino-albumineux. 

122.  —  Si  le  genre  Torpilles,  comme  le  genre  Sèches,  ab- 
sorbe une  partie,  spécialement  choisie  par  leur  espèce^  de 
ces  matières  électriques,  il  en  reste  donc  une  autre  partie 

(-1)  La  torpille,  poisson  du  genre  des  raies; son  corps,  complète- 
ment lisse,  est  aplati  et  presque  circulaire;  elle  a  beaucoup  de  ressem- 
blance pour  la  forme  générale  avec  une  petite  raie. 

(c  L^espace  situé  entre  les  nageoires  pectorales,  la  tète  et  les  bran^ 
c  chies ,  est  rempli  de  chaque  côté  par  un  appareil  singulier  formé  de 
«  petits  tubes  membraneux  serrés  les  uns  contre  les  autres,  subdivi- 
«  ses  par  des  cloisons  horizontales  ou  petites  cellules  remplies  de  mu- 
c  cosités,  et  animés  par  une  grande  quantité  de  nerfs.  C'est  dans  cet 
«  appareil  que  réside  la  puissance  que  possède  la  torpille  d'imprimer 
«  une  commotion  soudaine  aux  corps  qui  s'approchent  d'elle  ou  qui  la 
«  touchent  avec  la  main  ou  même  avec  un  bâton,  et  de  les  paralyser. 
<c  Les  torpilles  donnent,  par  le  même  moyen,  la  mort  aux  poissons  et 
a  aux  animaux  dont  elles  font  leur  nourriture.  9  (  M.  Douillet.) 

La  commotion  que  Ton  reçoit  lorsqu'on  touche  une  torpille  est  sem- 
blable à  celle  que  cause  la  bouteille  de  Leyde,  ou  tout  autre  corps 
fortement  électrisé. 

La  gymnote  a  un  corps  cylindrique  et  très-allongé;  elle  a  la  faculté 
de  donner  des  secousses  encore  plus  fortes,  et  elle  peut  engourdir 
même  à  distance  les  autres  animaux.  Lorsqu'on  la  touche  à  deux 
mains,  la  commotion  devient  si  forte,  qu'elle  peut  renverser  un 
homme. 


FIN    DU    RÈGNE    DE    L  EAU.  7^ 

dont  les  molécules  ne  sont  convenables  ni  à  Fune  ni  à  l'autre 
de  ces  racés  de  poissons;  et  pour  employer  ce  que  ceux-ci 
rebutent,  il  a  surgi,  dans  l'ordre  des  coquilles,  une  race  toute 
particulière  qui  s'en  empare  et  forme  une  nouvelle  classe 
dont  Télectricité,  moins  forte  mais  plus  lumineuse,  ressort 
même  en  dehors  de  leurs  carapaces,  et  présente,  en  certaines 
occasions,  des  phosphorescences  sur  une  grande  étendue  des 
mers. 

Un  phénomène  de  ce  genre  vient  d'être  publié  tout  récem- 
ment et  nous  en  donnons  le  détail  en  note  (1). 

123.  —  Ces  molécules  électriques,  avec  les  mélanges  pu- 
trides provenant  des  décompositions  des  cadavres,  engendrent 
aussi  des  insectes  et  des  animalcules  spéciaux  d'un  nombre 
considérable ,  et  on  les  yoit  fréquemment  dans  les  mers  et 
dans  les  lacs;  leur  quantité  est  énorme;  souvent  les  capi- 
taines voyageant  la  nuit  voient ,  sur  une  distance  de  plu- 
sieurs lieues,  la  mer  blanche  comme  du  lait;  ce  sont  les 
corps  de  ces  vers  à  la  surface  de  l'eau  qui  produisent  ces 
phénomènes. 

124.  —  Les  volcans  sous-marins,  par  leurs  éruptions  ins- 
tantanées, causent  la  mort  immédiate  de  myriades  de  poissons; 
la  décomposition  de  ces  masses  de  cadavres  produit  une  pu- 
tréfaction qui  engendre  une  infinité  de  ces  vers  et  forme  en 
outre  toute  sorte  d'aliments  aux  autres  animaux  sous-marins; 
la  matière  électrique  est  donc  énormément  abondante  dans 
toutes  ses  subdivisions. 

125.  T-  Ces  détails  tendent  à  démontrer  ces  grandes  lois 
de  la  nature  :  que  toute  décomposition  d'un  corps  se  ramifie 
en  résultats  différents;  que  chaque  subdivision  a  son  emploi 
et  que  tout  emploi  nouveau  tient  à  un  changement  de  cons- 
titution dans  les  corps;  que  tout  changement  dans  un  organe 

(1)  Noie, F,  à  la  fln  du  volume. 


74  DEUXIÈME    ÉPOQUE. 

fondamental  entraine  des  modifications  dans  les  autres  or- 
ganes pour  conserver  rharmonie,  maïs  qu'en  même  temps 
un  caractère  spécial  détermine  chaque  être  en  particulier; 
enfin  que  la  Providence  a  voulu,  par  la  formation  de  nouvelles 
races  dans  Teau,  faire  absorber  les  détritus  séparés  des  cada- 
vres, afin  d'empêcher  que  leurs  miasmes,  qui  se  seraient  sans 
cela  trop  accumulés,  corrompissent  entièrement  les  eaux: 
sans  cette  prévoyance,  le  monde  n'aurait  pu  durer. 

Nous  verrons  dans  le  règne  animal  combien  de  fois  une 
race  de  poissons  aurait  déjà  suffi  pour  envahir  tous  les  bassins 
des  mers;  en  attendant,  retournons  à  notre  seconde  époque, 
en  continuant  notre  étude  sur  le  règne  de  l'eau. 

L  EAU   BT   l'ËTHER. 

126.  -—  Quelles  que  soient  les  altérations  que  l'eau  a 
subies  dans  le  cours  des  siècles ,  son  règne  aura^  toujours 
rendu  les  plus  grands  services  à  tous  les  êtres  appelés  à  pas- 
ser par  ce  globe;  si  ces  êtres  ont  été  les  instruments  d'alté- 
ration de  ses  qualités,  s'ils  ont  été  assez  ingrats  pour  en 
changer  la  nature,  l'eau  n'aura  pas  moins  été  constamment 
appropriée  à  leurs  besoins. 

Quelle  sublime  conception  que  celle  de  la  formation  de 
Teau!  Indépendamment  des  usages  auxquels  elle  sert,  l'eau, 
par  l'une  de  ses  propriétés,  inspire  encore  une  profonde 
réflexion,  car  elle  nous  donne  l'idée  d'étudier  et  la  clef  pour 
comprendre  la  nature  de  cet  autre  élément  que  nous  ne  pou- 
vons ni  toucher,  ni  voir;  cet  élément  qui  remplit  les  espaces, 
que  nous  appelons  Yéther,  faute  de  savoir  son  vrai  nom,  qui 
soutient  les  énormes  poids  des  globas  et  des  astres  du  firma- 
ment avec  la  même  facilité  que  l'eau  soutient  sur  sa  surface 
tous  les  vaisseaux  du  monde,  sans  paraître  en  aucune  ma- 
nière fléchir  sous  leurs  masses. 

127.  — •  L'eau,  diaphane  comme  l'éther  du  ciel,  nedifl'ère 


FIN   DB   RÈGNE   DE   L'eAU.  75 

de  celui-ci  que  par  la  différeuce  considérable  de  son  poids, 
Teau  pesant  2,600  fois  plus  que  Téther,  et  900  fois  plus  que 
Fair.  L'eau  a  cet  avantage  sur  Tair  que  chaque  goutte  d'abord 
isolée  s'incorpore  et  s'amalgame  avec  une  autre  goutte  dès 
Finstant  qu  elle  la  touche  et  compose  un  ensemble  uniforme 
et  élastique  précisément  comme  Féther. 

Uéther  étant  un  fluide  infiniment  plus  subtil,  a  Favantage 
d'une  force  proportionnelle  2,600  fois  plus  énergique  que 
celle  de  l'eau. 

Une  analogie  bien  marquée  entre  l'eau  et  Féther  résulte 
encore  de  l'aptitude  de  Fun  et  de  Fautre  à  ouvrir  ses  pores  à 
tout  objet  plus  lourd,  à  lui  donner  passage  et  à  se  refermer 
sur  lui  sans  qu'il  paraisse  le  moindre  dérangement  à  leur  état 
précédent. 

128.  —  Ici  vient  se  placer  une  réflexion  :  Si  l'eau  engendre 
et  entretient  tant  d'êtres  aquatiques ,  pourquoi  Féther  n'en- 
gendrerait-il pas  également  des  êtres  homogènes  à  sa  nature? 

Nous  avons  vu  qu'il  y  a  entre  l'eau  et  Féther  analogie  de 
forme,  d'élasticité  et  de  ténacité;  nous  avons  vu  aussi  que  la 
différence  est  de  2,600  fois  dans  la  subtilité  de  ces  deux  élé- 
ments, en  sorte  que,  relativement,  les  êtres  habitant  dans 
Féther  seraient  2,600  fois  plus  subtils  que  les  habitants  de 
l'eau. 

Comme  tout  ce  qui  existe  dans  l'univers  est  animé,  il  n'y 
a  aucun  doute  que  Féther  ne  soit  le  séjour  de  certains  êtres 
que  notre  vue  trop  grossière  ne  peut  distinguer,  et  que  nos 
télescopes  mêmes  ne  peuvent  saisir.  D'ailleurs,  comme  ce 
fluide  que  nous  appelons  Féther  ne  commence  qu'au  delà  de 
notre  atmosphère,  nous  ne  le  connaissons  pas  dans  sa  véri- 
table pureté. 

Cependant,  puisqi#il  en  filtre  continuellement  quelques 
parties  à  travers  notre  atmosphère,  il  ne  sera  pas  impossible 
de  parvenir,  avec  des  instruments  plus  perfectionnés,  à  trou- 
ver un  jour  la  solution  de  ce  problème. 


76  DEUXIEME   ÉPOQUE. 

Mais  nous  ne  voulons  pas  nous  éloigner  de  nos  recherches 
sur  la  création  terrestre;  restons  donc  dans  le  règne  de  Teau. 

AFFINITÉ   ET  COMBAT  DE   L  EAU   ATEC    L  AIR   ET  LE   FEU. 

129.  —  L'eau,  coinine  nous  l'avons  indiqué,  a  été  origi- 
nairement le  fruit  de  la  décomposition  des  molécules  de  l'air; 
ces  deux  éléments,  qui,  séparés;  semblent  deux  ennemis,  ont 
eu  la  même  origine,  et  conservent  dans  leur  sein  le  feu  qui  a 
été  l'instrument  de  leur  séparation. 

1 30.  — Si  le  feu  s'empare  de  quelque  objet  terrestre,  l'air 
non -seulement  active  l'incendie,  mais  l'encourage  et  aug- 
mente la  destruction  ;  pour  l'arrêter,  pour  le  comprimer,  on 
a  recours  à  l'eau,  qui  Tétouffe  et  l'anéantit. 

Dans  une  bourrasque  sur  mer,  c'est  encore  l'air  qui,  par 
ses  mouvements,  cherche  à  détruire  ce  que  l'eau  protège  sur 
sa  surface;  les  navires  qui  y  périssent  doivent  leur  perle  au 
combat  de  ces  deux  éléments  entre  eux,  lutte  d'une  violence 
qui  parfois  surpasse  l'imagination  humaine. 

Il  est  donc  évident  que  ces  trois  éléments  primitifs,  l'air, 
l'eau  et  le  feu,  séparés,  agissent  en  bien  et  en  mal  avec  une 
énergie  extraordinaire  sur  les  destinées  des  êtres,  tandis  qu'u- 
nis et  ne  formant  qu'un  seul  corps,  ils  entretiennent  la  vita- 
lité et  constituent  la  force  qui  soutient  l'univers. 

131.  —  Le  second  jour  ou  la  seconde  époque,  qui  dura  au 
minimum  300  siècles  comme  la  première  époque,  finit  éga- 
lement par  un  cataclysme  qui  engloutit  toute  la  partie  décou- 
verte de  la  terre  ;  cette  partie  était  à  l'est ,  et  ouvrait  les 
cratères  de  ses  nouveaux  volcans  vers  le  sud;  c'est  vers  ce 
point  que  sera  tournée,  pour  la  troisième  époque,  la  partie 
découverte  du  plateau  de  la  terre,  tandll  que  l'est,  le  nord  et 
l'ouest  de  la  sphère  seront  couverts  par  les  eaux. 


TROISIÈME  JOUR 


OU 


TROISIÈME   ÉPOQUE 


RÈGNE  DE   LA  TERRE 


s 


De  sa  puissance  immortelle 

Tout  parle,  tout  nous  instruit^ 

Le  jour  au  jour  la  révèle , 

La  nuit  Tannonce  4  1&  nuit. 

Ce  grand  et  superbe  ouvrage 

N'est  point  pour  Thomme  un  langage 

Obscur,  et  mystérieux  : 

Son  admirable  structure 

Est  la  voix  de  la  nature 

Qui  se  fait  entendre  aux  yeux. 

J.-B.  Rousseau. 


J*ai  vu  les  blés  mûrir  où  mugissent  les  flots. 

Les  coquilles  des  mers  fécondant  les  campagnes, 

Et  Tancre  antique  enfouie  au  sommet  des  montagnes: 

Linné. 


TROISIÈME  JOUR 


ou 


TROISIÈME     ÉPOQUE 


RÈ&NE   DE   LA   TERRE 


CHAPITRE  IX. 

InlePTalle  dn  deuxième  aa  troisième  Jfonr 

Sommaire,  —  Appellation  de  la  terre;  ses  premières productiong,  132.  — 
Nécessité  d'étudier  la  terre,  133.  —  Ses  dimensions  et  son  étendue, 
134.  —  État  de  pureté  de  l'eau  et  de  la  terre,  135.  —  Repos  à  l'inté- 
rieur du  globe  ;  ses  causes ,  136.  —  Agitation  momentanée  à  l'extérieco*, 
137.  —  Développement  du  règne  végétal ,  138.  —  Nous  reste-t-il  quel- 
ques traces  des  végétaux  de  cette  époque  ?  139.  — ^^ Premiers  animaux 
aquatiques  terrestres  ;  leur  disparition  ,  140.  —  Grands  animaux  de 
seconde  formation,  141.  —  Minéraux  solides;  cataclysmes  partiels,  142. 

132.  —  Les  trois  éléments*  primitifs,  Tair,  le  feu  et  Teau, 
avaient,  dans  les  deux  premières  époques,  accompli  les  lois 
suivant  lesquelles  la  nature  a  tracé  le  grand  travail  de  l'orga- 
nisation des  êtres. 

Le  troisième  jour,  suivant  la  Bible  (Genèse,  ch.  I,  v.  10, 
11,  12),  rélément  aride  recevait  le  nom  de  terre,  et  ses  pre- 
miers fruits  furent  Therbe  verte  et  les  arbres.  Ce  sont  donc 
les  végétaux  qui,  suivant  la  Bible,  devront  régner  à  cette 
époque  déformation. 


80  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

133.  —  Mais  avant  d'examiner  le  règne  végétal,  qui  va  oc- 
cuper la  surface  de  la  terre  et  qui,  par  sa  présence,  attirera 
les  finimaux  qu'il  devra  nourrir,  il  est  nécessaire  de  porter 
notre  attention  sur  celte  terre  qui  est  la  mère  du  règne  végé- 
tal, animal  et  minéral. 

La  Bible,  peu  explicite,  n'a  pas  eu  Tintention  d'enlever  à 
la  terre  son  règne,  et  la  science  demande  que  nous  nous  arrê- 
tions à  son  examen,  car,  à  défaut  d'explications  qui  manquent 
dans  les  livres  de  l'Ëcriture  sainte,  la  terre  nous  offre  dans 
ses  entrailles  des  pages  précieuses  pour  découvrir  les  antiquités 
et  nous  donner  les  informations  nécessaires  à  notre  ouvrage; 
c'est  donc  au  règne  de  la  terre  qu'appartiendra  la  troisième 
journée,  c'est^nlire  la  troisième  époque. 

134.  —  La  circonférence  du  globe,  réduite  de  la  moitié,  se 
trouvait  être  hypothétiquement  de  cent  mille  lieues  après  le 
cataclysme  du  second  jour. 

L'élément  aride,  c'est-à-dire  la  terre,  ne  se  montrait  à  dé- 
couvert que  sur  un  quart  de  cette  circonférence  du  côté  mé- 
ridimaly  les  trois  autres  quarts  étant  couverts  d'eau. 

135.  —  La  terre  et  l'eau  étaient  l'un  et  l'autre  en  ce  moment 
dans  un  état  de  pureté  parfaite,  car  le  cataclysme,  dans  la 
révolution  qu'il  venait  d'opérer,  avait  englouti  toutes  les 
matières  hétérogènes  qui  se  trouvaient  à  la  surface. 

136.  —  L'intérieur  du  globa  étant  assez  rafraîchi  par  la 
quantité  des  nouvelles  matières  tombées  dans  son  centre,  aura 
pour  quelque  temps  un  travail  paisible  tout  en  perfectionnant 
les  produits  du  règne  minéral. 

137.  —  L'^agitation  sera  plus  sensible  au  dehors,  momen- 
tanément du  moins,  jusqu'à  ce  que  les  eaux  puissent  se  fixer 
dans  tous  les  coins  des  cavités  où  les  lits  et  les  vallées  leur 
permettront  d'arrêter  leur  niveau. 

138.  —  L'extérieur  de  la  planète  jouissant  d'un  climat 


INTERVALLE.  81 

presque  toujours  égal,  F  accroissement  du  règne  végétal  sur 
la  terre  et  sous  \eé  eaux  va  progressivement  se  développer 
avec  tout  le  luxe  possible,  et  naturellement  les  animaux  qui 
sont  aptes  à  se  nourrir  de  plantes  se  hâteront  de  paraître  sur 
toute  l'étendue. 

139.  —  Comme  il  serait  curieux  de  connaître  les  qualités 
des  plantes  qui  ont  fleuri  à  celte  époque  !  Elles  étaient  certai- 
nement de  formes  gigantesques  ;  mais  cette  époque  est  trop 
loin  de  nous  pour  qu'il  en  reste  des  vestiges  dans  nos  mines 
de  houille;  car,  il  est  facile  de  le  comprendre,  les  végétaux 
dont  les  empreintes  se  rencontrent  dans  les  fossiles  des  houil- 
lères sont  d'une  période  plus  récente,  et  peuvent  tout  au  plus 
appartenir  à  la  quatrième  époque;  et  encore  nos  fouilles  dans 
la  terre  sont  jusqu'à  présent  trop  rapprochées  de  la  croûte 
du  globe,  outre  que  les  plantes  des  époques  primordiales  ont 
dû  être  toutes  consumées  par  l'action  du  feu  pour  entrer  dans 
la  composition  des  minéraux. 

D'ailleurs  les  couches  de  houilles  n'ont  pu  se  former  qu'à 
l'instant  d'un  refroidissement  ultérieur,  à  mesure  que  le  feu 
se  retirait  pour  se  diriger  sur  d'autres  points  de  l'intérieur, 
abandonnant  les  matières  végétales  et  animales  surabondantes. 
Ces  matières  restant  à  leur  place  se  refroidissaient,  et  nous 
les  trouvons,  ainsi  refroidies,  au  milieu  ou  à  côté  d'autres  mi- 
néraux qui  avaient  déjà  subi  toutes  les  métamorphoses  que  le 
feu  avait  à  opérer  sur  eux.  Telle  fut  la  formation  des  houil- 
lères. 

Aujourd'hui  on  reconnaît,  au  microscope,  dans  les  charbons 
déroche,  des  impressions  de  plantes  et  de  troncs  d'arbres  en- 
tiers, souvent  atteignant  20  et  30  mètres  de  hauteur;  parfois 
on  trouve  des  modules  de  minerai  de  fer  argileux,  des  feuilles, 
des  branches  et  des  fruits,  autour  desquels  la  matière  métal- 
lique s  est  concrétionnée  ;  on  y  rencontre  également  des  formes 
d'animaux  et  surtout  abondamment  des  poissons  dont  les  os 

6 


82  TROISIÈME   ÉPOQUE. 

et  les  épines  sont  d'une  dimension  irès-étendue,  et  des  écailles 
gigantesques  carbonisées. 

UO.  —  Sur  la  surface  encore  extrêmement  dilatée  du  globe  à 
cette  époque,  Teau  n'était  pas  profonde,  ainsi  que  nous  l'avons 
constaté,  et  même,  à  peu  d'exceptions  près,  la  profondeur  ne 
pouvait  guère  être,  en  moyenne,  que  de  1  à  2  mètres;  en  consé- 
quence de  cette  disposition^  les  animaux  les  plus  nombreux, 
après  les  coquilles  et  les  polypes,  devaient  être  les  amphibies, 
les  tortues,  les  crapauds,  etc.,  de  formes  colossales,  et  dont 
les  espèces  ont  disparu  de  la  même  manière  que  les  grands 
végétaux. 

141.  —  Aussitôt  qu'un  animal,  de  quelque  espèce  qu'il  soit, 
paraît  sur  la  terre,  dans  ces  petites  races  qui  se  multiplient 
prodigieusement,  il  en  nait  incontinent  un  autre  d'une  espèce 
plus  grande  destiné  à  le  dévorer.  Ainsi,  après  les  coquilles 
parurent  les  animaux  géants  qui  devaient  s'en  nourrir  et  ayant 
des  organes  appropriés  à  ce  genre  de  nourriture;  alors  aussi, 
pendant  cet  intervalle  de  repos,  se  multiplièrent  considérable- 
ment les  polypes  et  les  mollusques,  que  nous  avons  déjà  vus 
figurer  dans  l'époque  précédente. 

142.  —  Dans  le  même  intervalle,  que  nous  continue- 
rons de  supposer  de  60  siècles ,  l'intérieur  de  la  terre  eut 
le  temps  de  consommer  les  matières  fraîches  qui  lui  avaient 
été  fournies  par  le  cataclysme  qui  a  terminé  la  seconde 
journée. 

Nous  devons  donc  placer  à  cette  époque  la  formation  des 
pierres  les  plus  solides  et  les  plus  pures.  Lorsque  ces  minéraux, 
par  l'effet  de  leur  propre  disposition,  emprisonnaient  comme 
par  une  cloison  le  feu  qui  les  avait  formés,  ce  feu  cherchant 
h  se  remettre  en  contact  avec  l'air,  s'ouvrit  un  passage  en 
faisant  de  nouveau  éclater  les  masses  solides  qui  l'enlaçaient; 
les  explosions  qui  en  résultèrent  bouleversant  les  matières  la- 
térales ou  superposées,  il  se  produisit  des  cataclysmes  partiels 


OPINIONS   DES    PHILOSOPHES.  83 

à  différents  points,  ce  qui  dut  se  renouveler  assez  fréquemment 
dans  le  courant  d'une  époque. 

Nous  admettons  que  l'intervalle,  qui  a  été  un  temps  de  repos 
sans  aucune  commotion  de  ce  genre,  cesse  du  moment  qu'un 
de  ces  cataclysmes  partiels  a  paru  sur  le  globe. 


CHAPITRE  X. 

Opinions  de»  PhlicMioplieii 

Sommaire.  —  La  terre  considérée  sous  trois  aspects,  1^3.  —  Ce  que  c'est 
que  Variée;  le  règne  de  la  nature,  Uli.  —  But  et  mission  de  la  terre, 

145.  —  Ce  que  nous  devons  à  la  science  ;  observation  concernant  Moïse, 

146.  —  Opinions  des  philosophes  ;  les  plutoniens  et  les  neptuniens,  1^7, 

—  Sanchoniafon,  148.  —  Thaïes,  149.  —  Ànaximandre  et  Galilée,  150. 

—  OcelUis  Lucanus,  151.  —  Timée  de  Locres,  152.  —  Aristote,  153. 

—  Pythagore ,  154.  —  Heraclite,  155.  —  E  mpedo  clés ,  156.  —  Anaxa- 
gore,  157.  —  Démocrite,  158.  —  Épicure,  159.  —  Les  prôtres  égyp- 
tiens, 160.  —  Platon,  161.  —  Les  Indiens ,  162 ,  163.  —  Réflexions  au 
au  sujet  de  ces  opinions,  164.  —  Descartes,  165.  —  Linné,  166.  — 
Burnet,  167.  —  Bourguet,  168.  —  Woodward,  169.  —  Scheuzer,  170. 

—  Fontenelle,  171.  —  Whiston,  172.  —  Deluc ,  173.  —  Reyr,  174.  — 
De  Maillet,  175.  —  Morro,  176.  —  Buflfon,  177.  —  Hutton ,  178.  — 
Pallas,  179.  —  Saussure,  180.  —  Dolomieu ,  181.  —  La  Place,  182. 

—  Patrin,  183.  —  Opinions  de  Humbert  Geffroy,  Bêcher  et  Schal; 
réfutation,  iSli.  —  L'opinion  des  Indous  approche  le  plus  de  la  vérité, 
185.  —  Motif  de  ce  jugement,  486.  —  Notre  opinion  formelle,  187, 188. 

143.  —  La  troisième  époque  nous  présente  donc  le  règne 
de  la  terre  ;  nous  devons  l'examiner  sous  trois  aspects  diffé- 
rents :  1°  dans  son  état  de  formation  relative  à  son  époque; 
2**  dans  son  étal  de  fonction  comme  règne  de  la  nature,  et 
3**  dans  son  état  de  subordination  comme  tributaire  de  l'u- 
nivers. 

144.  —  Quant  à  son  état  de  formation,  nous  y  avons  déjà 


84  TROISIÈME   EPOQUE. 

été  initiés  par  les  deux  époques  précédentes,  et  du  moment 
que  la  terre  s  est  dégagée  des  eaux,  et  qu  une  partie,  nom- 
mée Y  aride  dans  l'Écriture,  se  présenta  à  découvert,  cette 
partie  dut  immédiatement  livrer  sa  surface  au  règne  végétal  ; 
celui-ci,  à  son  tour,  fut  destiné  à  procurer  la  nourriture  au 
règne  animal  ;  ces  deux  règnes  fonctionnent  à  la  surface  de 
la  terre  avec  la  même  activité  que  le  règne  minéral  fonc- 
tionne au-dessous,  et  les  trois  règnes  sortant  du  même  sein, 
liés  ensemble  par  la  même  origine,  ne  pouvant  pas  exister 
l'un  sans  Tautre,  seront  obligés  de  suivre,  pour  l'éternité,  les 
destinées  de  la  terre,  qui  est  leur  mère  commune;  le  travail 
d'ensemble,  qui  s'opérera  par  leur  action  combinée,  sera 
appelé  le  règne  de  la  nature. 

Les  fonctions  du  règne  de  la  nature  seront,  d'après  les  lois 
établies  par  le  Créateur,  une  conséquence  aussi  fatalement 
nécessaire  que  Ta  été  la  formation  même  de  la  terre;  elles 
seront  en  rapport  avec  l'activité  de  cette  formation ,  mais 
embellies  par  Tordre  merveilleux  de  ses  nouvelles  disposi- 
tions, 

145.  -^  Quel  est  le  but  visible  de  la  terre?  Après  avoir 
constaté  d'une  manière  qui  nous  semble  irréfragable  sa  for- 
mation primitive  ;  après  avoir  reconnu  qu'elle  est  la  mère  des 
trois  règnes,  minéral,  végétal  et  animal;  après  avoir  reconnu 
de  même  que  sa  mission  est  de  produire  ainsi  le  merveilleux 
règne  de  la  nature  ;  lorsque  nous  voyons  que  les  siècles  dé- 
posent dans  son  sein  toutes  les  générations,  nous  contente- 
rons-nous de  supposer  que  le  but  de  la  terre,  que  son  objet 
définitif,  eu  un  mot,  est  d'engloutir  ce  qu'elle  a  créé?  Non, 
la  mission  de  la  terre  n'est  pas  seulement  d'ensevelir  succes- 
sivement les  êtres  qu  elle  a  portés,  puis  de  redonner  la  vie 
en  reprenant  dans  son  sein  le  dépôt  des  générations  de  tous 
les  siècles;  elle  a  un  but  plus  important,  plus  grand,  plus 
en  rapport  avec  sa  position;  elle  a  été  formée  par  une  fatale 


OPINIONS  DES  PHILOSOPHES,  85 

nécessité,  et  cette  nécessité  de  sa  formation  entraîne,  par  la 
même  loi,  la  nécessité  pour  elle  de  payer  son  tribut  à  Tuni- 
vers;  la  monnaie  ou  la  matière  de  ce  tribut  se  compose  dans 
son  sein  par  les  opérations  qui  s  y  produisent;  c'est  une  con- 
séquence de  Fharmonie  qui  règne  dans  la  nature,  d'après  les 
fonctions  et  conformément  aux  prescriptions  de  la  loi  uni- 
verselle. 

U6.  —  La  terre  a  été  considérée  longtemps  parmi  les 
anciens  peuples  comme  l'univers  même,  comme  la  seule  créa- 
tion de  rÊtre  suprême,  née  pour  le  service  de  Thomme.  Il  y 
€Ut  dansies  temps  reculés  des  savants  qui  contribuèrent,  par 
calcul,  à  propager  cette  croyance,  et  Ton  connaît  assez  les 
motifs  intéressés  qui  les  ont  portés  à  imaginer  des  mystères 
et  à  entretenir  les  peuples  dans  Tignorance. 

La  science  a  fini  par  déchirer  le  voile,  mais  il  a  fallu  bien 
des  siècles  pour  que  la  vérité  osât  se  montrer  au  grand  jour  ; 
c'est  à  la  science  que  nous  devons  d'avoir  pu  lire  dans  les 
entrailles  de  la  terre,  et  c'est  là  un  livre  trop  grand,  dont  les 
pages  sont  trop  répandues  pour  qu'il  soit  possible  d'en  empê- 
cher Texamen.  En  mettant  ces  pages  en  regard  des  récits  de 
la  Bible,  nous  voyons  que  Moïse  savait  parfaitement  ce  qu'il 
disait;  mais  en  même  temps  il  laissait  mystérieusement  le 
champ  ouvert  aux  interprétations. 

Moïse  était  trop  savant  pour  ne  pas  prévoir  qu'un  jour  vien- 
drait où  la  terre  parlerait  d'elle-même  en  montrant  ce  qui 
existe  dans  son  sein  ;  c'est  pourquoi  Moïse  est  resté  sous  la 
réserve;  mais  cette  réserve  même  s'évanouit  lorsqu'il  annonce 
que  la  terre  ou  Varide  a  paru  le  troisième  jour;. donc  le  pre- 
mier et  le  second  jour  avaient  été  ceux  de  l'air,  du  feu  et  de 
l'eau.  Il  est  évident,  par  conséquent,  que  la  terre  est  le  fruit 
de  ces  trois  éléments;  elle  ne  pourrait  pas  exister  ni  se  per- 
pétuer sans  la  présence  de  ces  mêmes  frois  éléments  généra- 
teurs; elle  restera  toujours  sous  leur  dépendance  et  ne  sera 
féconde  et  productive  que  par  leur  concours. 


86  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

147.  —  La' terre,  avant  l'élude  de  la  géologie,  a  été  le  su- 
jet de  bien  des  recherches  où  se  sont  exercées  les  imaginations 
des  plus  célèbres  philosophes,  et  qui  ont  donné  lieu  à  mille 
théories  plus  ou  moins  ingénieuses  ou  absurdes,  émises  et 
soutenues  soit  par  les  Egyptiens,  soit  par  les  Grecs  et  les  Ro- 
mains, depuis  Sanchoniaton  jusqu'à  Epicure,  et  depuis  Platon 
jusqu'à  nos  jours. 

On  s'est  même  souvent  divisé  en  deux  camps  principaux: 
cehii  des  Plutoniens,  qui  prétendaient  expliquer  la  composition 
du  globe  par  le  feu,  et  les  NeptunienSy  qui  soutenaient  que 
l'eau  seule  avait  formé  le  monde  et  donné  la  vie  à  tous  les 
êtres. 

Nous  pouvons  dire  que  ces  disputeurs  avaient  raison  de  part 
et  d'autre;  seulement,  ils  n'ont  pas  aperçu  que  la  théorie  de 
chacun,  prise  isolément ,  était  une  impossibilité;  mais  réunies 
et  combinées,  les  deux  actions,  celle  du  feu  et  celle  de  Teau, 
avec  le  concours  de  l'air,  ont  développé  leurs  propriétés,  et 
produit,  par  le  travail  du  premier  et  du  second  jour,  les  ré- 
sultats que  nous  venons  d'exposer. 

Au  surplus ,  les  opinions  relatives  à  cette  belle  question  ont 
été  si  variées ,  et  parfois  si  divergentes,  qu'il  sera  curieux  de 
rappeler  par  extraits  les  systèmes  les  plus  importants  et  les 
opinions  les  plus  accréditées  des  meilleurs  philosophes. 

OPINIONS  DES  AUTEURS  ANCIENS  SUR  L'ORIGINE  DE  L'UNIVERS 
ET  LA  FORMATION  DE  LA  TERRE. 

148.  —  Sanchoniaton,  prêtre  de  Beryte,  le  plus  ancien^ 
des  historiens ,  vivait  du  temps  de  Sémiramis,  vers  l'an  21 64 
avant  J.-C.  (selon  Ussérius),  937  ans  avant  que  Moïse  sortit 
de  l'Egypte  avec  les  Israélites. 

Il  a  écrit  l'histoire  des  Phéniciens;  cette  histoire  commen- 
çait, dit-on ,  par  un  système  absurde  et  fabuleux  sur  la  for- 
mation de  l'univers.  On  sait  que  les  Phéniciens  se  croyaient» 


OPINIONS   DES   PHILOSOPHES.  87 

suivant  Sanchonialon ,  le  premier  peuple  du  monde/  L'au- 
teur, qui  ne  s'accorde  jamais  avec  Moïse,  attribue  tout  aux 
descendants  de  Caïn ,  et  ne  parle  pas  du  déluge. 

Philon  de  Biblos,  écrivain  du  deuxième  siècle,  a  traduit  en 
grec  l'ouvrage  de  Sanchoniaton.  Cette  histoire  phénicienne 
est  perdue,  ainsi  que  la  traduction  grecque  de  Philon.  Nous 
ne  connaissons  ces  deux  ouvrages  que  par  quelques  fragments, 
que  Polydore  (né  à  Tyr,  Fan  283  de  J.-C),  rapporte,  et  qui 
ont  été  copiés  et  commentés  par  Ëusèbe,  dans  sa  chronique, 
que  saint  Jérôme  a  traduite. 

Ëusèbe  nous  dit  que  Sanchoniaton  avait  puisé  tout  ce  qu'il 
rapporte  sur  l'origine  du  monde,  dans  les  écrits  du  Thot  ou 
Mercure  des  Égyptiens,  attendu  que  ce  dernier,  ayant  été 
l'inventeur  des  lettres,  doit  avoir  été  le  premier  historien. 
C'est  donc,  ajoute  l'abbé  Banier,  dans  les  ouvrages  de  ce  chef 
de  savants,  du  célèbre  Mercuve,  que  l'auteur  phénicien  avait 
puisé  le  fond  de  son  histoire. 

U9*  —  Thalês  (7e  et  6e  siècle  avant  J.-C.)  a  été  le  pre- 
mier de  tous  les  Grecs  qui  se  soit  appliqué  à  la  physique  et 
à  l'astronomie.  Il  habitait  en  lonie  sur  les  côtes  de  TAsie-Mi- 
neure.  Il  croyait  que  l'eau  était  le  premier  principe  de  toutes 
choses;  que  la  terre  n'était  qu'une  eau  condensée ,  Tair  une 
eau  raréfiée;  que  toutes  choses  se  changeaient  perpétuelle- 
ment les  unes  dans  les  autres;  mais,  qu'en  dernier  lieu,  tout 
se  résolvait  en  eau  ;  que  l'univers  était  animé  et  rempli  d'êtres 
invisibles  qui  voltigeaient  sans  cesse  d'un  côté  et  de  l'autre; 
que  la  terre  était  au  milieu  du  monde  ;  qu'elle  se  mouvait  au- 
tour de  son  propre  centre,  qui  était  le  même  que  celui  de  l'u- 
nivers ,  et  que  les  eaux  de  la  mer ,  «  sur  quoi  elle  était  posée, 
«  lui  donnaient  un  certain  branle  qui  était  la  cause  de  son 
«  mouvement.  » 

Thaïes  a  été  le  premier  qui  ait  prédit  les  éclipses  du  soleil 
et  de  la  lune;  c'est  lui  qui  a  recherché  le  premier  l'origine  des 


88  TROISIÈME   ÉPOQUE. 

vents,  la  matière  de  la  foudre,  la  cçuse  des  éclairs  et  du 
tonnerre. 

Personne,  avant  lui,  n'avait  connu  la  manière  de  mesurer 
les  hauteurs  des  tours  et  des  pyramides  par  leur  ombre  méri- 
dionale, lorsque  le  soleil  est  dans  Téquinoxe. 

Instruit  à  l'école  des  Égyptiens,  Thaïes  avait  adopté  leur 
calendrier,  qui  fixait  Tannée  à  360  jours;  il  ajouta  cinq  jours 
à  la  fin  des  douze  mois  pour  achever  le  cours  de  Tannée. 

C'est  Thaïes  qui  a  donné  connaissance  de  la  petite  Ourse, 
dont  les  Phéniciens  se  servaient  pour  régler  leur  navigation. 

150.  —  Dans  le  système  de  Thaïes,  la  terre  élait  formée 
en  sphère;  Anaximandre  la  croyait  un  cylindre,  comme  si  elle 
devait  rester  enfermée  dans  un  plat  ovale  au  milieu  duquel 
étaient  les  eaux;  d'autres  philosophes  la  supposaient  carrée , 
conique ,  rhomboïdale  ;  enfin  il  n'y  a  que  depuis  trois  siècles 
qu'on  s'est  approché  de  la  vérité,  encore  avec  un  grand  ris- 
que, car  Galilée,  qui  soutenait  que  la  terre  est  ronde  et 
tourne  sur  elle-même,  fut  emprisonné  et  forcé  de  se  dédire 
sous  peine  de  perdre  la  vie.  Ce  célèbre  astronome,  obéissant 
aux  caprices  de  l'ignorance  et  de  la  superstition,  dut  se  ré- 
tracter; mais  en  même  temps,  fort  de  sa  conscience,  il  mur- 
murait entre  ses  dents:  «  E  pur  si  muove!  »  Ce  mot  ayant 
été  recueilli  .et  compris,  tous  les  savants  firent  des  recherche^ 
qui  menèrent  à  la  connaissance  des  plus  grands  secrets  de  la 
nature. 

Cependant  chaque  vérité  n'a  été  trouvée  qu'à  travers  une 
foule  d'hypothèses  ;  les  erreurs  mêmes  ont  servi  de  marche- 
pied, car,  dans  les  investigations  scienti tiques,  Terreur  con- 
duit souvent  à  une  découverte  sérieuse. 

151.  —  OcELLus  LucANUs  cst  Tautcur  grec  le  plus  ancien 
qui  ait  parlé  de  la  nature  de  Tunivers.  Né  en  Lucanie,  côte 
de  la  mer  lyrrhénienne,  disciple  de  Pythagore,  6e  siècle 
avant  J.-C,  il  dit  que  l'univers  est  indestructible  et  impro- 


OPINIONS   DBS   PHILOSOt^HES.  89 

duil;  qu'il  a  toujours  été  et  sera  toujours  ;  que  s'il  eût  com- 
mencé,  il  ne  serait  pas  encore. 

152.  —  TiMÉE  DE  LocRES,  qui  vécut  peu  de  temps  après 
Ocellus,  a  traité  de  Tâme  du  monde  ;  il  distingue  Fintelli- 
gence,  cause  de  tout  ce  qui  se  fait  avec  dessein,  de  la  néces- 
sité, cause  de  ce  qui  est  forcé  par  les  qualités  des  corps. 

c<  De  ces  deux  causes,  ajoute-t-il,  l'une  a  la  nature  du 
«  bon ,  et  se  nomme  Dieu,  principe  de  tout  bien  ;  l'autre,  ou 
«  plutôt  les  autres,  qui  marchent  après  la  première  et  qui 
€  agissent  avec  elle,  se  rapportent  à  la  nécessité  »  (1). 

153.  —  Aristote,  le  plus  savant  peut-être  des  savants  de 
l'antiquité,  et  précepteur  d'Alexandre,  prétend  que  la  priva- 
tion doit  être  mise  au  rang  des  principes;  il  dit  que  la  matière 
dont  se  fait  une  chose  doit  avoir  la  privation  de  la  forme  de 
cette  chose  ;  qu'il  faut,  par  exemple,  que  la  matière  dont  on 
fait  une  table,  ait  la  privation  de  la  forme  de  la  table;  c'est-à- 
dire  qu'avant  de  faire  une  table,  il  faut  que  la  matière  dont 
on  la  fait  ne  soit  point  une  table. 

Aristote  tient  que  tous  les  corps  terrestres  sont  composés  de 
quatre  éléments  :  la  terre,  l'eau,  Tair  et  le  feu;  que  la  terre 
et  l'eau  sont  pesantes,  en  ce  qu'elles  tendent  à  s'approcher  du 
centre  du  monde,  et  qu'au  contraire  l'air  et  le  feu  s'en  éloi- 
gnent le  plus  qu'ils  peuvent;  qu'ainsi  ils  sont  légers. 

154.  — Pythagore  (70*  olympiade,  6*  siècle), chef  de  la  secte 
italique  comme  Thaïes  ét^it  le  chef  de  la  secte  ionique,  ensei- 
gnait que  le  monde  était  animé  et  intelligent;  que  l'âme  de 
cette  grosse  machine  était  l'éther,  d'où  sont  tirées  toutes  les 
âmes  particulières,  tant  des  hommes  que  des  bêtes;  il  croyait 
à  la  métempsycose  et  défendait  de  manger  des  animaux. 

Pythagore  soutenait  que  le  principe  de  toutes  choses  était 
l'anîté;  que  de  là  venaient  les  nombres;  des  nombres,  les 

(1)  Traduction  de  Tabbé  Le  Batteux.  Paris,  1768. 


90  TROISIÈME   ÉPOQUE. 

points;  des  points,  les  lignes;  des  lignes,  les  superficies;  des 
superficies,  les  solides,  et  des  solides,  les  quatre  éléments, 
le  feu,  Tair,  Teau  et  la  terre,  dont  tout  le  monde  était  com- 
posé; et  que  ces  éléments  se  changeaient  perpétuellement  les 
uns  dans  les  autres,  mais  que  rien  ne  périssait  jamais  dans 
l'univers,  et  que  tout  ce  qui  arrivait  n'était  que  des  change- 
ments. 

,155.  —  tIÉRACLiTE  dit  que  le  feu  est  le  seul  élément  de 
l'univers. 

156.  —  Empedocles,  d'Agrigente,  était  le  chef  de  l'école 
qui  donnait  quatre  éléments  à  la  formation  de  l'univers  :  le 
feu,  l'air,  l'eau,  et  la  terre.  Voici. son  explication.  1*»  le  feu, 
qui  prend  sa  source  au  ciel,  se  change  en  air;  2*»  de  l'air  est 
formée  l'eau,  qui  s'épaissit  et  devient  terre  ;  3**  de  la  terr« 
naissent  en  rétrogradant  les  autres  éléments,  l'eau  d'abord, 
ensuite  l'air  et  le  feu.  Cette  chaîne  de  métamorphoses  n'est 
jamais  interrompue,  et  les  éléments  ne  cessent  de  voyager  du 
ciel  à  la  terre  et  de  la  terre  au  ciel. 

157.  —  Anaxâgore  a  créé  le  système  iîomcBomigwe,  d'après 
lequel  le  feu  et  l'eau,  par  exemple,  naissent  des  particules 
du  feu  et  de  l'eau,  et  tous  les  corps,  en  un  mot,  se  forment  de 
l'assemblage  d'éléments  similaires.  ' 

158.  —  Démocrite  (5"  siècle),  disciple  de  Leucippe,  croyait 
que  les  premiers  principes  de  toutes  choses  étaient  les  ato- 
mes et  le  vide;  que  rien  ne  se  faisait  de  rien,  et  qu'aucune 
chose  ne  pouvait  jamais  être  réduite  à  rien  ;  que  les  atomes 
n'étaient  sujets  ni  à  la  corruption ,  ni  à  aucun  autre  change- 
ment, parce  que  leur  dureté  invincible  les  mettait  à  couvert 
de  toute  sorte  d'altération  ;  que  l'âme  de  l'homme,  qu'il  croyait 
être  la  même  chose  que  l'esprit ,  était  aussi  composée  du  con* 
cours  de  ces  atomes,  de  même  que  le  soleil ,  la  lune,  et  tous 
les  autres  astres;  que  ces  atomes  avaient  un  mouvement  tour- 


OPINIONS   DES   PHILOSOPHES.  91 

noyant  qui  était  la  cause  de  la  génération  de  tous  les  êtres;  et 
comme  ce  mouvement  tournoyant  était  toujours  uniforme , 
c'était  la  raison  pour  laquelle  Démocrite  admettait  le  Destin  , 
et  croyait  que  toutes  choses  se  faisaient  par  nécessité. 

Ëpicure,  qui  s'est  basé  sur  les  mêmes  fondements  que  Dé- 
mocrite,  mais  qui  ne  voulait  point  admettre  cette  nécessité , 
a  été  obligé  d*inven ter  un  mouvement  de  déclinaison. 

Démocrile  soutenait  que  Tâme  était  répandue  dans  toutes 
les  parties  du  corps,  et  que  le  motif  pour  lequel  nous  avions 
du  sentiment  dans  toutes  ces  parties,  c'était  parce  que  chaque 
atome  de  Famé  correspondait  à  chaque  atome  du  corps. 

Démocrite  disait  que  tous  les  astres  étaient  emportés  par  la 
rapidité  d'un  tourbillon  de  matière  fluide ,  dont  la  terre  était  lé 
centre ,  et  que  chaque  astre  se  mouvait  d'autant  pins  douce- 
ment, qu'il  était  plus  proche  de  la  terre,  attendu  que  la  vio- 
lence du  mouvement  de  la  circonférence  s'affaiblissait  peu  à 
peu  en  tirant  vers  le  centre. 

159.  —  Épicure  (4®  siècle),  adoptant  les  principes  de  Dé- 
mocrite, développa  son  système  de  formation  du  monde.  Les 
idées  et  la  doctrine  d'Épicure  nous  ont  été  transmises  par  le 
poète  latin  Lucrèce,  dans  son  admirable  ouvrage  de  la  Nature 
des  choses  (1),  où  il  s'est  lui-même  identifié  avec  le  philoso- 
phe grec. 

160. — Les  prêtres  d'Egypte  possédaient  un  grand  système  de 
cosmogonie  qui  donne  la  plus  haute  idée  de  leurs  connaissan- 
ces. Ils  avaient  reconnu  que  les  eaux  avaient  couvert  tout  le 
globe  ;  qu'elles  y  avaient  déposé,  à  la  surface,  des  coquilles  et 
d'autres  débris  d'êtres  organisés  ;  qu'il  y  avait  eu  de  grands 
affaissements  de  continents  entiers. .. 


(i)  On  sait  que  le  cardinal  de  Polignac  en  a  entrepris,  sinon  fait 
la  réfutation  dans  son  ouvrage ,  également  en  vers  latins,  intitulé  : 
V  Ànti^Lucrèce, 


92  TROISIÈME   ÉPOQUE. 

161.  —  Platon,  lui ,  prétendait  que  Tâge  du  monde  doit 
se  compter  par  des  myriades  de  siècles;  il  supposait  qu'au  bout 
d'une  certaine  période ,  tout  rétrogradait  ;  que  les  astres  se  le- 
vaient à  l'occident  et  se  couchaient  à  l'orient ,  et  que  les  hom- 
mes d'alors  commençaient  leur  carrière  par  la  vieillesse  pour 
mourir  dans  Penfance.  [Plut.  An  Politic.) 

162.  —  Les  Indous  ou  Indiens,  peuple  le  plus  ancien- 
nement civilisé,  représentaient  la  terre  sous  la  formé  d'une 
fleur  de  lotus  flottant  sur  l'Océan.  Au  milieu  de  la  fleur, 
à  l'endroit  du  germe,  ils  plaçaient  le  mont  Mérou,  habita- 
tion des  dieux,  qui  symbolisait  l'Inde,  située  au  milieu  du 
monde. 

D'autres  sectes  de  l'Inde  n'admettaient  pas  la  fleur  de  lotus, 
mais  elles  y  substituaient  un  vaisseau  mystique  dont  le  mont 
Mérou  formait  le  mât. 

Quant  au  Mérou ,  tous  les  systèmes  s'accordent  pour  le 
placer  au  centre  de  la  terre. 

Le  centre  de  la  terre  était  pour  chaque  peuple  dans  son 
propre  pays;  les  Egyptiens  le  plaçaient  à  Tbèbes  aux  cent 
portes;  pour  les  Assyriens,  c'était  Babylone;  pour  les  Hébreux, 
c'était  Jérusalem ,  et  les  Grecs  avaient  fixé  le  centre  de  la 
terre  au  mont  Olympe;  mais  plus  tard,  par  l'influence  des 
prêtres  d'Apollon,  le  point  central  fut  reporté  au  temple  de 
Delphes. 

1 63. — Plutarque  {de  Oraculorum  defectu)  nous  raconte  qu'un 
vieillard  vénérable  vivait  dans  l'Inde  avec  les  génies,  et  in- 
terprétait les  oracles  de  la  nature  aux  rois  qui  venaient  le 
consulter.  Il  révéla  à  ses  prosélytes  qu'il  y  avait  dans  l'uni- 
vers 183  mondes  rangés  en  forme  de  triangle,  de  sorte  que 
60  occupaient  chaque  côté,  et  qu'il  y  en  avait  un  de  plus  à 
chaque  angle.  Ces  globes  tournaient  tous  en  rond  et  l'aire 
du  triangle  était  la  demeure  de  la  vérité. 

Métrodore  disait  qu'il  était  aussi  absurde  de  n'admettre  que 


OPINIONS   DES    PHILOSOPHES.  93 

1 83  mondes  dans  Vespace,  que  de  ne  faire  crotlreque  183  épis 
de  blé  dans  une  vaste  campagne. 

164.  —  La  comparaison  des  idées  de  ces  philosophes  fait 
voir  que  Tlndien  avait  pour  but  d'indiquer  ,  par  une  image , 
l'espace  étroit  de  la  demeure  deJa  vérité;  son  opinion  était 
toute  morale;  tandis  que  le  Grec  se  contente  de  critiquer  l'i- 
dée matérielle  sans  appliquer  la  sienne;  preuve  de  la  mauvaise 
critique  qui  a  régné  dans  tous  les  âges.  Mais  il  résulte  de  cette 
comparaison  que  le  penseur  indien,  à  une  époque  très-reculée, 
reconnaissait  plus  de  planètes  et  de  mondes  que  n'en  ont  re- 
connu quelques  astronomes  de  notre  moyen-âge. 

Sans  nous  arrêter  aux  opinions  des  autres  philosophes  de 
l'antiquité ,  non  plus  qu'à  celles  des  Romains,  qui  se  trouvent 
principalement  dans  les  écrits  philosophiques  de  Cicéron ,  mais 
qui  n'offrent  guère  que  l'examen  critique  de  la  philosophie 
grecque ,  nous  traversons  le  moyen-âge  et  arrivons  au  17©  siè- 
cle. A  cette  époque ,  les  esprits,  excités  par  le  succès  du  sys- 
tème astronomique  que  Copernic  et  Galilée  venaient  de 
proclamer ,  cherchaient  également  à  soulever  les  voiles  qui 
cachaient  encore  l'origine  et  la  formation  du  monde. 

OPINIONS  DES   PHILOSOPHES  ET   DES  SAVANTS  MODERNES 
SUR  L'ORIGINE  DE  L'UNIVERS. 

165.  —  Descartes  (17*  siècle)  dit  que  la  terre  et  les  cieux 
ne  peuvent  être  faits  que  d'une  même  matière. 

Le  soleil  et  chaque  étoile  fixe  sont  les  centres  d'autant  de 
tourbillons  de  matière  subtile  qui  font  circuler  autour  de  ces 
centres  d'autres  corps  plus  petits.  Notre  tourbillon,  par  exem- 
ple, entraîne  toutes  les  planètes  autour  du  soleil,  et  le  tour- 
billon entier  du  soleil  et  des  planètes  circule  autour  de  la 
terre. 

Cette  dernière  opinion  rentre  dans  le  système  de  Tycho-^ 
Beahé. 


94  TROISIÈME   ÉPOQUE. 

La  matière  subtile  de  ces  tourbillons  esl  celle  que  Descartes 
nomme  le  premier  élément;  il  imagine  ensuite  un  second  élé- 
ment pareillement  composé  de  molécules  subtiles ,  mais  de 
forme  ronde,  et  enfin  un  troisième  élément  composé  de  molé- 
cules sillonnées  de  canaux  à  travers  lesquels  les  deux  sortes 
de  molécules  susdites  peuvent  se  mouvoir  et  circuler  dans  une 
infinité  de  directions.  Avec  ces  données  hypothétiques,  il 
entreprend  d'expliquer  tous  les  phénomènes  de  la  nature. 

166.  —  Linné  suppose  que  tout  le  globe  a  été  couvert  par  les 
eaux  (1)  ;  qu'il  n'y  avait  qu'une  île  considérable  qui  fût  au-des- 
sus des  eaux.  Dans  cette  ile,  située  sous  l'équateur,  était  une 
montagne  irès-élevée,  et  dont  la  cime  était  couverte  de  neiges, 
en  sorte  qu'elle  offrait  tous  les  climats,  depuis  la  température 
là  plus  chaude,  qui  était  au  bord  de  la  mer,  jusqu'au  sommet. 

Sur  cette  montagne  étaient  dispersés  les  plantes  et  les 
animaux  de  tous  les  climats. 

Les  eaux  se  changèrent  en  terre  et  diminuèrent les 

continents  parurent et  parvinrent  à  l'état  où  nous  les 

voyons. 

167.  —  BuRNET  (Thomas),  Londres,  1681,  dans  son  sys- 
tème, n'indique  pas  comment  s'est  formé  le  globe;  seulement 
il  dit  :  «  Avant  le  déluge  de  Noé,  la  surface  était  plane,  sans 
«  montagnes,  sans  vallées.  Les  matières  les  plus  pesantes 
«  s'étaient  précipitées  au  centre  du  globe;  les  moins  pesantes 
«  se  déposèrent  autour  de  celles-ci  en  raison  de  leur  gravité, 
tt  en  faisant  différentes  couches  concentriques.  L'eau  sur- 
ce  nagea  par-dessus  toutes  ces  couches.  Des  matières  plus 
«  légères  que  l'eau ,  telles  que  des  matières  houilleuses, 
^<  grasses...,  composèrent  une  dernière  couche  au-dessus  de 
«  cette  eau  ;  ce  qui  forma  la  surface  ou  croûte  extérieure  du 
«  globe.  Toutes  les  parties  de  celle  matière  grasse  qui  s'étaient 

(\)  Oratio  âe  telluris  hahitahilis  incremento. 


OPINIONS  DES  PHILOSOPHES.  95 

«  élevées  dans  Tatmosphère  retombent  sur  cette  croûte,  et 
«  Tair  devient  pur. 

«  Au  délude  tout  changea  de  face.  La  croûte  légère  de  la 
«  terre  se  dessécha  par  Tardeur  du  soleil.  Elle  se  creva  de 
«  toutes  parts.  D'un  autre  côté,  Teau  qui  était  sous  cette 
«  croûte  se  dilata ,  fit  effort  contre  cette  croûte  qu'elle  sou- 
«  leva  en  différents  endroits.  Les  fentes  de  la  croûte  aug- 
«  mentèrent;  enfin  elle  s'écroula  dans  le  vaste  abîme  d'eau 
«  qui  était  au-dessous. 

c<  L'équilibre  du  globe  fut  troublé,  Taxe  de  la  terre  s'in- 
«  clina  comme  il  est  aujourd'hui ,  et  amena  l'inégalité  des 
«  saisons.  One  partie  des  eaux  fut  refoulée  à  la  surface  du 
«  globe,  et  vint  former  les  mers,  tandis  qu'une  partie  des 
«  continents  se  précipitait  dans  l'océan  intérieur.  Les  angles 
c(  de  la  croûte  abîmée  s'élèvent  dans  les  airs  et  y  forment  les 
c(  montagnes  et  les  vallées.  Les  eaux  qui  s'écoulent  creusent 
«  de  plus  en  plus  ces  vallées. . .  » 


Il  n'y- avait  pas,  à  notre  connaissance,  de  matières  grasses 
dans  le  règne  minéral  avant  la  production  des  êtres  organi- 
sés. Il  n'y  a  aucune  terre  plus  légère  que  l'eau  pouvant  for- 
mer des  couches  qui  surnagent  sur  celle-ci.  Ce  sont  là  des 
erreurs  qu'il  est  bon  de  signaler  en  passant. 


168.  —  BouRGUET,  naturaliste,  à  qui  la  physique  doit  la 
belle  observation  de  la  correspondance  des  angles  dés  mon- 
tagnes^  a  établi  un  autre  système.  Il  dit  «  que  notre  planète 
<i  a  pria  sa  forme  dans  un  instant;  que  ce  n'était  d'abord 
«  qu'un  amas  de  matière  fluide  ;  après  un  certain  nombre 
«  d'évolutions  sur  son  axe  et  autour  du  soleil ,  sa  première 
«  structure  fut  détruite.  Bientôt  après,  le  feu  se  mit  dans  le 
«  globe,  et  cet  élément  destructeur  le  consume  lentement. 


96  TROISIÈME    EPOQUE. 

0  jusqu'à  ce  que  tous  les  êlres  animés  qu^l  renferme  dans  son 
((  sein  soient  anéantis.  » 

Il  admet  comme  Woodward  que,  lors- du  déluge,  tout  ce 
qu'il  appelle  Vancien  monde  fut  dissous,  excepté  les  co- 
quilles... Il  convient  aussi  que  les  montagnes ,  les  vallées  et 
les  plaines  ont  été  formées  dans  les  eaux,  qui,  par  conséquent, 
ont  couvert  les  pics  les  plus  élevés. 

Il  ne  dit  point  ce  que  sont  devenues  ces  eaux. . .  mais,  comme 
il  admet  des  cavernes  intérieures,  il  est  vraisemblable  qu'il 
suppose  qu'elles  s'y  sont  enfouies. 

Il  dit  encore  que  le  globe  diminuera  de  diamètre,  mais  que 
son  atmosphère  sera  beaucoup  augmentée. 

169.  —  Woodward  (1)  suppose  aussi  qu'une  croûte  de 
terre  et  de  pierres  s'est  formée  au-dessus  de  l'eau ,  sans  en 
assigner  les  causes...;  que  cette  croûte  s  affaisse...;  que  les 
eaux  ont  dissous  toutes  les  substances  minérales  et  n'ont  pas 
touché  aux  coquillages  ni  aux  autres  débris  d'êtres  organisés. 

170.  —  ScHEUZER  a  embrassé  l'opinion  de  Woodward;  il 
dit  que  Dieu  a  brisé  les  différentes  couches  de  la  terre.  Là,  il 
élève  de  hautes  montagnes,  comme  en  Suisse  et  dans  toutes 
les  Alpes,  tandis  qu'ailleurs,  comme  en  Flandre  et  en  Hon- 
grie.... il  n'a  formé  que  des  plaines... 

171.  —  Foî^TENELLE  a  aussi  supposé  des  abaissements  con- 
sidérables de  différentes  parties  de  la  surface  de  la  terre, 
dérivations  de  grands  tremblements  de  terre  ou  des  volcans  ; 
mais  il  n'émet  aucune  opinion  relative  à  la  première  forma- 
tion; il  dit  :  c(  Ce  qui  se  présente  le  plus  naturellement  à 
«  l'esprit,  c'est  que  le  globe  de  la  terre,  jusqu'à  une  certaine 
«  profondeur,  n'était  pas  solide  partout,  mais  entremêlé  de 
«  quelques  grands  creux,  dont  les  voûtes,  après  s'être  soute- 

(i)  Essai  sur  P Histoire  naturelle  de  la  terre.  Londres,  -1684. 


OPINIONS  DES   PHILOSOPHES.  97 

«  nues  pendant  un  temps,  sont  enfin  venues  à  fondre  subite- 
«  ment.  Alors  les  eaux  seront  tombées  dans  les  creux,  les 
«  auront  remplis ,  et  auront  laissé  à  découvert  une  partie  de 
«  la  surface  de  la  terre,  qui  sera  devenue  une  habitation  con- 
«  venable  aux  animaux  terrestres  et  aux  oiseaux.  . 

«  Dans  le  même  temps  que  les  voûtes  ont  fondu,  il  est  fort 
«  possible  que  d'autres  parties  de  la  surface  du  globe  se 
c<  soient  élevées  et  par  la  même  cause.  Ce  seront  là  les  mon- 
«  tagneSj  qui  se  seront  placées  sur  cette  surface  avec  des  car- 
re rières  déjà  toutes  formées.  » 

172.  —  Whiston  suppose  que  la  terre  avait  été  primitive- 
ment une  comète,  ou  l'atmosphère  d'une  comète,  qui  décrivait 
une  ellipse  fort  excentrique.  Tantôt  échauffée  à  un  degré  pro- 
digieux dans  son  périhélie,  tantôt  exposée  au  froid  le  plus 
âpre  dans  son  aphélie,  elle  était  alternativement  en  partie 
vitrifiée,  et  en  partie  couverte  de  glaces. 

Enfin  son  orbite  se  modifie  et  son  ellipse  devient  à  peu  près 
circîulaire,  k  la  distance  du  soleil  où  elle  se  trouve  aujourd'hui. 

Tout  change  pour  lors  dans  l'organisation  intérieure  du 
globe  terrestre.  Le  soleil  communique  une  grande  chaleur, 
les  glaces  fondent.  L'eau,  devenue  liquide,  laisse  précipiter  au 
centre  les  parties  les  plus  pesantes.  Des  parties  aqueuses  et 
aériformes  demeurent  engagées  avec  celles-ci.  Cependant  la 
majeure  partie  des  eaux  surnage  à  ce  noyau  brûlant. 

Au-dessus  de  cette  couche  d'eau  se  forme  une  nouvelle 
croûte  de  matières,  terres  et  pierres,  qui  compose  la  surface 
du  globe. 

Cette  croûte,  mal  affermie,  s'écroule  enfin  et  tombe  dans 
le  sein  des  eaux.  Une  partie  s'élève  en  l'air,  et  va  former  les 
montagnes;  tandis  que  l'autre  partie,  occupant  la  place  des 
eaux,  force  celles-ci  à  refluer  sur  la  terre  et  à  venir  former 
nos  mers.  Ces  montagnes,  avant  le  déluge,  étaient  peu  élevées. 

Mais,  le  18  novembre  2349  avant  l'ère  vulgaire,  une  co- 


98  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

mète,  revenant  de  son  périhélie  (celle  de  1680),  passe  à  peu 
de  distance  de  la  terr«  et  l'ienveloppe  de  sa  queue,  formée  de 
vapeurs  aqueuses  lrè&-dilatées  par  la  chaleur.  La  terre  attire 
une  portion  de  ces  vapeurs,  qui  se  condensent  et  tombent  en 
pluies,  qui  dui*ent  quarante  jours,  et  inondent  toute  la  surface 
du  globe.  (C'est  encore  le  déluge  rapporté  par  la  Genèse.) 

173.  —  Deluc  admet  également  la  chute  de  la  plus  grande 
partie  du  globe,  mais  il  l'explique  par  une  hypothèse  toute  dif- 
férente des  précédentes.  Il  dit  «  que  le  premier  coordonnateur 
«  de  Tunivers  a  construit  primitivement  nos  globes,  le  soleil 
«  et  les  planètes,  aux  lieux  où  ils  sont,  et  leur  a  donné  leur 
«  forme  actuelle.  x> 

Son  système  ne  signale  pas  les  lois  qui  ont  produit  ces  évé- 
nements. 

174.  —  Ret;  ce  savant  prétend  également  que  les  mon- 
tagnes et  les  vallées  ont  pu  être  formées.par  des  aJOTaissements, 
et  il  s'appuie  sur  ridentUé  des  couches  que  présentent  les^leux 
rives  de  la  vallée. 

175.  —  L'opinion  de  be  Maillet  est  curieuse.  Cet  auteur 
pense  que  tous  les  globes  célestes^  et  par  conséquent  la  terre, 
sont  alternativement  embrasés  et  recouverts  d'eau;  que 
Teau,  par  conséquent,  peut  occuper  des  globes  différents  en 
passant  des  uns  dans  les  autres  par  Tévaporation. 

176.  Lazare  Morro,  dans  son  ouvrage  sur  Torigine  des 
coquilles  fossiles,  imprimé  en  1740,  avance  que  loutes  les 
montagnes  ont  été  soulevées  par  Faction  des  feux  souterrains* 
Il  distingue  deux  époques  où  a  dû  se  faire  cette  opération. 

177.  —  BuFFON  suppose  que  les  soleils  et  les  comètes  ont 
été  créés  comme  nous  les  voyons ,  et  avec  les  forces  néces- 
saires pour  leur  faire  parcourir  Jeurs  orbites. 

Mais  il  y  a  96,000  ans  qu'une  comète  tomba  obliquement 
dans  le  soleil,  et  en  détacha  la  650*  partie.  Toute  cette  masse. 


OPINIONS  DES  PHILOSOPHES.  99 

lancée  dans  l'espace,  se  dissipa  et  forma  toutes  les  planètes 
principales  et  secondaires  de  notre  système  solaire,  qui  décri- 
virent des  ellipses  peu  allongées. 

Notre  terre,  composée  de  cette  matière  incandescente» 
liquide,  acquit  la  figure  sphéroîdale  par  son  mouyement  de 
rotation  diurne.  Elle  se  refroidi!  chaque  jour.  Une  partie  des 
vapeurs  qui  s'étaient  élevées  dans  l'atmosphère  se  condensa 
et  forma  les  mers. 

Ces  eaux  attaquèrent  les  parties  solides  du  globe,  et  en 
firent  dissoudre  une  portion;  c'est  ainsi  que  se  formèrent  les 
terres  et  les  pierres. 

Le  refroidissement  de  la  terre  au  point  de  pouvoir  la  tou- 
cher s'est  fait  en  34,770  ans,  et  son  refroidissement  à  la  tem- 
pérature actuelle,  en  74,832  ;  d'où  il  suit  que  notre  globe  a 
joui  d'une  chaleur  convenable  à  la  nature  vivante  depuis 
40,062  ans,  et  que  les  êtres  sensibles  pourront  encore  y  sub- 
sister pendant  93,291  ans,  c'est-à-dire  jusqu'à  Tan  168,t23, 
depuis  Torigine  des  planètes. 

Suivant  ce  système,  notre  monde  planétaire  ne  s'est  orga- 
nisé que  depuis  74,832  ans 

178.  —  Système  de  Hutton,  —  Ce  système  n'explique  pas 
la  première  formation  du  monde.  Le  docteur  Hutton  coaçoit 
seulement  que  notre  globe  est  soumis  à  une  vicissitude  de 
destruction  et  de  renouvellement.  La  matière  solide  de  la 
terre  est  continuellement  rongée  par  des  agents  naturels. 
Ainsi  les  rochers  les  plus  durs  sont  minés  peu  à  peu  par  l'air 
et  par  l'eau ,  et  les  débris  des  matières  sont  constamment 
portés  vers  l'Océan  et  déposés  dans  son  lit. 

En  outre ,  il  existe  dans  le  sein  du  globe ,  à  une  grande 
profondeur ,  une  chaleur  qui  met  en  fusion  les  substances 
déposées  dans  ces  régions  intérieures.  Mais  les  substances 
sur  lesquelles  opère  le  feu,  se  trouvant  comprimées  par  les 
couches  supérieures,  cette  pression  s'oppose,  du  moins  en 


100  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

grande  partie,  à  la  volatilisation ,  et  il  se  produit  des  dépôts, 
des  strata  de  matières  durcies  par  la  condensation. 

Ces  dépôts  successifs  et  continuels  poussent  sans  cesse  les 
matériaux  consolidés  à  la  surface  du  globe,  où  ils  sont  soumis 
à  la  loi  de  destruction  que  nous  avons  expliquée. 

C'est  ainsi  que  notre  monde  est  formé  des  débris  d'un  monde 
qui  l'a  précédé,  et  donne  maintenant  les  matériaux  pour  uo 
autre  monde.  Celte  opération  naturelle  n'aura  jamais  de  fin, 
comme  il  est  impossible  de  lui  assigner  un  commencement. 

179.  —  Pallas  n'indique  pas  de  système  de  formation;  il 
dit  que  les  eaux  des  mers  n'ont  jamais  dû  couvrir  que  les  col- 
lines calcaires  à  100  toises  d'élévation. 

180.  —  Saussure,  sans  s'occuper  du  globe  comme  les  pré- 
cédents, se  trouve  encore  plus  embarrassé  pour  expliquer  les 
soulèvements  des  montagnes,  opérés,  dit-il,  par  une  cause 
quelconque. 

181.  —  DoLOMiEU  admet  une  dissolution  primitive  de  tous 
les  matériaux  qui  composent  Técorce  du  globe,  la  destruction 
et  la  précipitation  de  toutes  les  matières,  la  coagulation  opérée 
par  la  cristallisation  confuse. 

182.  —  La  Placé.  Son  hypothèse  est  qu'au  commence- 
ment y  toute  la  masse  de  notre  système  solaire ,  formant  une 
immense  atmosphère,  a  d'abord  existé  à  l'état  gazeux  ;  qu'en- 
suite elle  s'est  modifiée  en  passant  par  l'état  liquide. 

183.  —  Patrin  écrivait,  en  1788,  que  la  surface  de  la 
terre  était  primitivement  plane...  «  Mais,  dit-il,  les  matières 
«  terreuses,  salines,  métalliques  composant  le  globe,  péné- 
«  trées  d'eau,  agissent,  réagissent. ••  Or,  point  de  fermenta- 
«  lion  sans  augmentation  de  volume,  sans  boursoufflements... 
«  Ces  boursoufflements  ont  soulevé  les  montagnes.  » 

184.  —  HuMBERT,  Geffroy,  Becher  et  Schal  sont  d'accord 


OPINIONS     DES     PHILOSOPHES.  101 

pour  convenir  que  le  feu,  Teau  et  la  terre  ont  été  les  pre- 
miers principes  de  la  formation  du  globe  ;  Schal  ajoute  pour 
quatrième  principe  Tair. 

Ainsi  il  y  aurait  eu  quatre  éléments  d'après  ces  penseurs* 
Mais  si  la  terre  en  faisait  partie ,  elle  serait  donc  elle-même 
un  de  ses  principes,  et  puisqu'elle  existerait  matériellement, 
de  quoi  serait-elle  formée  ?  Il  est  évident  que  le  principe  doit 
exister  avant  la  formation  ;  or,  la  terre  élant  la  conséquence 
du  principe,  ne  peut  venir  qu'à  la  suite  de  l'œuvre  du  prin- 
cipe, qui  est  Tair,  Teau  et  le  feu. 

185.  —  Les  opinions  des  grands  hommes  qui  ont  sacritié 
leur  vie  à  Tétude  de  la  science,  méritent  notre  reconnaissance  ; 
rien  aussi  n'est  plus  instructif  et  amusant  que  la  comparai- 
son de  leurs  opinions  souvent  tout  à  fait  opposées,  mais  tou- 
jours utiles*  C'est  par  cette  raison  que  nous  venons  de  les 
rapprocher,  bien  que  nous  n'admettions  nullement  leurs  prin- 
cipes, à  l'exception  de  certains  cas  particuliers. 

Quelque  curieuse  que  soit  la  grande  différence  des  opinions 
des  savants  modernes  d'avec  celles  des  anciens  Indous ,  il 
est  cependant  positif  que  ces  derniers,  avec  leur  mont  Mérou^ 
approchaient  le  plus  de  la  vérité  sur  la  ligure  de  la  terre , 
abstractivement  parlant;  car  la  terre,  pendant  les  quatre 
premières  époques,  n'était  qu'un  bloc  entouré  d'eau  et  ayant, 
d'un  côté  seulement ,  une  proéminence;  cette  proéminence 
s'est  peu  à  peu  découverte  en  forme  de  grand  plateau  qui  s'é- 
levait et  dont  le  centre  le  plus  haut  représentait  un  mont. 

Linné  est  le  seul ,  parmi  les  modernes,  qui  ait  approché 
des  idées  des  Indous. 

186.  —  Tant  que  la  terre  n'avait  pas  acquis,  par  l'action  du 
feu  intérieur,  un  rétrécissement  suffisant  pour  former  une 
cristallisation  dont  les  conséquences  devaient  être  la  séparation 
de  certaines  parties ,  elle  restait  compacte ,  comparativement 
molle,  et  conséquemment  toujours  unie  en  un  seul  bloc,  ce 


102  TROISIÈME     ËPOQU£. 

bloc  subissait,  sans  se  désunir,  tous  les  changements  de  foraie 
et  même  de  déplacements  de  Test  au  sud ,  du  sud  à  l'ouest , 
de  l'ouest  au  nord,  comme  un  bloc  de  pâte  qui  obéit  entre  les 
mains  d'un  boulanger  ;  mais  après  que  le  boulanger  a  mis  ce 
bloc  dans  le  four  et  que  le  feu  a  consolidé  le  pain ,  il  n'y  a  plus 
moyen  de  dominer  la  pâte;  il  faut  un  couteau  pour  la  divi- 
ser. Il  en  a  été  de  même  de  la  terre  :  lorsqu'elle  a  été  assez  en- 
durcie, elle  s'est  cristallisée,  et  lorsqu'elle  s'est  trouvée  en  cet 
état  de  cristâUisatioD ,  elle  n'a  plus  bougé  de  la  place  où  elle 
s'est  trouvée;  les  efforts  du  grand  cataclysme  du  cinquiènoe 
jour,  comme  nous  le  verrons,  n'ont  eu  le  pouvoir  que  de  bal- 
lotter la  masse  terrestre;  elle  n'a  plus  changé  de  situation, 
mais  elle  s'est  brisée, 

187.  —  Pour  nous,  il  reste  prouvé  que  la  terre  est  formée, 
comme  nous  l'avons  expliqué,  par  un  assemblage  de  molé- 
cules provenant  du  superflu  d'autres  astres;  la  nécessité  les  a 
réunies,  puis  comprimées;  la  compression  a  produit  une  sé- 
paration, dont  le  résultat  est  la  terre  et  Teau. 

La  terre  est  donc  un  composé  de  l'air,  du  feu  et  de  l'eau, 
principes  contenus  dans  les  atomes  des  molécules  indiquées  ; 
ces  trois  éléments  ont  engendré  forcément  et  constamment 
des  êtres ,  qui  sont  venus  activer  et  faciliter  la  formation  de 
la  terre  dans  toutes  ses  subdivisions  d'ordre,  d'espèces,  déna- 
ture et  de  qualités. 

Du  moment  que  la  terre  a  été  formée,  elle  devient,  à  son 
tour,  la  mère  des  minéraux,  des  végétaux  et  des  animaux  ; 
mai»  lequel  de  ces  trois  enfants  a  dû  être  l'aine,  si  les  deux 
derniers  ont  été  nécessaires  pour  faire  le  ciment  ou  former 
l'alliage  du  premier  dans  le  sein  incandescent  de  la  mère? 

188.  —  Primitivement ,  dans  l'ordre  matériel  et  grossier, 
pour  ainsi  dire ,  la  pression  seule  a  pu  suffire  pour  séparer  les 
atomes  pierreux  ,  éléments  compactes  de  la  matière  ;  mais  en 
ce  qui  concerne  la  nature ,  les  espèces  et  la  qualité  dès  choses. 


LÀ  TERRE  A  SON  ÉTAT  DE  FONCTION.       103 

et  même  des<  pierres,  l'embrasement  de  l'intérieur  du  globe 
n'a  pu  sublimer  les  substances  métalliques  qu'à  l'aide  du  car-  . 
bone  des  plantes ,  et  les  plantes  n'ont  pu  se  former  que  par 
l'engrais  animal;  il  s'ensuit  que,  dans  l'espèce,  les  végétaux  . 
et  les  minéraux  d'une  certaine  qualité  se  sont  présentés  pres- 
que simultanément;  par  conséquent,  les  trois  règnes  de  la 
nature,  le  minéral ,  le  végétal  et  l'animal  sont,  à  l'endroit  de 
la  terre,  ce  que  la  trinité  de  l'air,  du  feu  et  de  l'eau  est  vis- 
à-vis  du  cieU 


CHAPITRE  XI 

Ea  Verre  »  son  étei  de  ilMieiioii  «^entine  rèipuMs 

«le  la  IVAtare 

Sommaire.  ~-  Le  pourquoi  et  le  comment,  180.  —  Opinion  des  panthéistes, 
190.  —  Rérutation ,  191.  -r  L'existence  de  Dieu  et  Tintelligence  de 
rhomme,  192.  —  Loi  de  la  nature,  193.  --  Le  progrès,  194.  —  Explo- 
ration dans  le  sein  de  la  terre,  195,  196,  —  Obstacles  à  des  fouilles 
profondes,  197,  198.  —  Problème  géologique  à  résoudre,  199.  —  L*in- 
finiment  petit  base  de  toute  création,  200,  —  Loi  de  formation  du 
règne  minéral,  201.  —  Pouvoir  borné  de  la  chimie ,  202.  —  Mission 
de  la  sdenoe;  disparition  des  mystères,  203. 

Igg^  —  Le  Créateur  de  l'univers  nous  a  bien  donné  l'in- 
telligence  pour  étudier,  découvrir ,  sL  nous  le  pouvons,  et 
expliquer  tous  les  secrets  de  la  nature  et  son  grand  œuvre  ; 
aucune  borne  ne  s'iaterpose  pour  nous  empêcher  de  savoit  le 
cmmmt..*;  mais  il  ne  nous  est  pas  permis  d'interroger  le 

pmrquùi... 

Par  conséquent ,  examinons  comment  se  sont  créés  les  mon- 
des et  la  loi  qui  les  wsoutient;  mai&  ne  demandons  pas  pourquoi 


104  TBOISIÈMË     ÉPOQUE. 

s'est  formé  l'univers,  ou  pourquoi  existe  le  firmament...  Ce 
.  pourquoi ,  nous  ne  le  saurons  jamais. 

190.  —  Il  y  a  des  philosophes  d'un  grand  mérite  qui  n'ad- 
mettent pas  de  création  à  côté  de  Tinfini;  ils  disent  que  ce  qui  * 
est  infini  remplit  tout,  comprend  tout  et  ne  peut  pas  avoir  eu 
de  commencement  ;  qu'un  créateur  fait  supposer  un  être  à 
part  dont  l'existence  serait  inçonipatible  avec  Tinfini  ou  se 
confondrait  dans  l'infini  et  ne  s*en  déduirait  que  par  abstrac- 
tion; que  s'il  y  avait  jeu  création  ou  formation  du  monde  de 
rien,  c'est  que  le  créateur  aurait,  au  moins,  tiré  de  lui-rmême 
les  éléments  de  l'univers;  que  ces  éléments  n'auraient  donc 
fait  qu'un  avec  lui  ou  qu'il  ne  ferait  qu'un  avec  eux;  que, 
d'ailleurs,  si  la  création  s'était  opérée  dans  l'espace,  l'espace 
aurait  devancé  le  créateur;  ainsi  l'espace  comprenant  la  ma- 
tière aurait  existé  lorsque  le  créateur  a  commencé  son  œuvre; 
donc  il  n'y  aurait  pas  eu  création;  par  conséquent,  la  matière 
et  l'esprit  ou  l'intelligence  ne  font  qu'un;  ce  sont  deux  prin- 
cipes, l'un  passif,  l'autre  actif,  combinés  ensemble  et  agissant 
simultanément  de  toute  éternité  et  dont  l'existence  est  néces- 
sairement antérieure  à  la  formation  générale;  de  l'action  du 
principe  esprit  sur  le  principe  matière  résultent  les  productions 
que  aous  voyons  et  toutes  celles  que  nous  pouvons  concevoir. 
De  là  vient  la  célèbre  école  du  Panthéisme. 

191  —  Quelque  logique  que  paraisse  en  théorie  la  déduc- 
tion qui  précède,  nous  ne  pouvons  pas,  pour  notre  part, 
l'admettre;  caria  matière,  quelque  merveilleuse  qu'elle  soit, 
avec  toutes  les  qualités  de  formation  et  d'esprit  qu'elle  possède, 
agit  à  0os  yeux  sous  l'impulsion  d'une  loi  ;  or  cette  loi  ne  peut 
pas  être  un  effet  matériel,  mais  bien  le  fruit  d'une  haute  in- 
telligence; à  cette  intelligence  immense  on  a  donné  le  nom  de 
Dieu;  donc  il  y  a  un  Dieu  créateur,  et  ce  que  nous  pouvons 
concéder  à  l'école  panthéiste,  parce  que  cela  est  certainement 
dans  les  attributs  de  la  possibilité',  c'est  que  ce  même  Pieu, 


LA  TERRE  Â  SON  ÉTAT  DE  FONCTION.       105 

infini  et  créateur,  soit  répandu  par  son  esprit  dans  les  atomes 
invisibles  de  T infini  qui  régissent  l'univers,  sans  que  cela  em- 
pêche qu'il  ait  soïi  siège  plus  particulier  dans  Tun  ou  Fautre 
point  de  sa  création. 

192.  —  On  voit  que  notre  ferme  conviction  est  qu'il  existe 
un  Dieu,  être  intelligent  et  sublime,  créateur  de  toutes  choses. 
Maintenant,  que  son  esprit  soit  constamment  répandu  partout, 
et  que  ses  lois  soient  immuables  et  en  permanence  pour  le 
travail  de  la  nature,  c'est  incontestable;  que  la  matière  se  dé- 
compose pour  se  renouveler  immédiatement,  c'est  de  toute 
évidence;  enfin  qu'une  des  lois  de  Télernité  soit  que  la  des- 
truction s'effectue  pouf  la  recomposition,  cela  est  visible  à  nos 
yeux. 

Les  détails  de  ces  grandes  et  petites  compositions,  destruc- 
tions et  reconstructions,  sont  perceptibles  à  l'homme;  tout  ce 
qui  permet  la  question  du  comment  cela  s*€St  fait,  non  seule* 
ment  peut  être  résolu  par  son  intelligence,  mais  il  tomberait 
en  contravention  avec  les  lois  du  Créateur  s'il  n'en  faisait  pas 
l'objet  de  ses  recherches;  car  si  Dieu  n'avait  pas  voulu  que 
nous  sachions,  il  ne  nous  aurait  point  donné  l'intelligence  et 
les  moyens  de  faire  des  découvertes. 

Mais  en  même  temps  nous  devons  reconnaître  que  Dieu  a 
voulu  conserver  pour  lui  seul  la  queslioQ  du  pourquoi,  c'est- 
à-dire  du  motif  pour  lequel  il  a  fait  cet  univers;  comme  ce 
motif  ne  nous  sera  jamais  connu,  c'est  dire  que  nous  devons 
renoncer  à  le  demander. .. . . 

193.  —  Mais  si  toute  hypothèse,  même  la  plus  vraisembla- 
ble, est  impossible  sur  la  question  de  savoir  pourquoi  existe 
l'univers,  il  nous  est  permis  en  revanche  de  savoir  comment 
se  forment  les  mondes  et  les  êtres  qui  les  habitent;  de  manière 
que  l'origine  de  l'univers  restera  le  secret  de  Dieu,  mais  la 
formation  des  mondes  ne  sera  plus  un  secret  pour  l'homme. 

La  formation  des  astres,  celle  des  comètes,  des  mondes. 


106  TROISIÈMS    ÉPOQUE. 

ainsi  que  de  tous  les  êtres  qui  les  habiteat^  est  une  fatale  né- 
cessité qui  doit  se  produire  et  se  reprodaire  sans  cesse* 

Cette  nécessité  s'appelle  la  loi  de  la  natwe;  elle  est  basée 
sur  le  mouvement  perpétuel;  le  mouvement  perpétuel  fait 
produire  obligatoirement  des  émanations  ;  ces  émanations  for- 
ment du  superflu  sollicité  à  se  reconstituer;  la  reconstitution 
est  la  loi  naturelle  du  progrès;  le  progrès  est  la  multiplication 
forcée  des  mondes  et  des  êtres  (1). 

194.  —  Le  monde  que  nous  habitons  nous,  offre  h  preuve 
de  ce  spectacle  brillant  des  lois  de  la  nature;  son  mouvement 
perpétuel  autour  de  son  axe  et  sur  son  ellipse,  ses  émanations 
qui  passent  continuellement  dans  Tatmo^ère,  leur  change* 
ment  de  forme,  la  transformation  des  vapeurs  en  pluie  qni 
rafraîchit  notre  sol  et  entretient  ou  altère  notre  santé,  voilà 
le  progrès  qui  pousse  à  la  multiplication  des  êtres  habitant  k 
terre. 

195.  —  Notre  monde,  ou  la  terre  que  nous  habitons,  nous 
permet  d'ouvrir  son  sein  et  de  pénétrer  dans  ses  entrailles 
pour  étudier  les  lois  qui  les  ont  formées.  Jusqu'à  présent  nous 
en  avons  peu  profité,  les  excavations  les  plus  avancées  n'ayant 
pénétré  qu'à  la  profondeur  de  6  kilomètres  au-dessous  de  la 
surface.  Ces  fouilles  nous  ont  fourni  un  spectacle  bien  inté- 
ressant. En  voyant  tant  de  qualités  différentes  de  pierres,  de 
métaux,  de  houilles,  de  tourbes,  ainsi  qu'en  remarquant 
l'ordre  de  leurs  gisements ,  on  peut  admirer  la  régularité  et 
le  partage  des  couches,  tantôt  droites,  eflet  du  travail  des 
siècles  sans  altération;  tantôt  horizontales,  ce  qui  indique  le 
moment  d'un  changement  survenu  dans  le  gisement  spbé-* 
riqœ  du  globe,  et  tantôt  croisées  ou  verticales^  ce  qui  prouve 
que  le  globe,  en  quelque  partie,  s'est  prêté  au  déplacement 
plus  souvent  d'un  côté  que  de  l'autre.  Cela  ressort  du  déraBr 

(I)  Voir  c^lap.  i",  4  à  -16. 


LA  TERRE  A  SON  ÉTAT  DE  FONCTION.       107 

gemeni  de  Tordre  habituel  de  la  aature,  ou,  pour  mieux  dire 
en  cette  occasiou,  eela  ressort  de  l'ordre  du  désordre.  Nato- 
rellemeiit  les  eaux  y  ont  contribué  partout  en  transportant  et 
déposant  des  couches,  ainsi  que  nous  Tavons  expliqué  pkis 
haut,  laissant  au  temps  le  soin  de  condenser  régulièrement  les 
sédiments  ainsi  déposés. 

196.  —  Mais  6  kilomètres  de  profondeur  ne  sont  que  la 
940^  partie  de  l'épaisseur  de  la  terre,  depuis  sa  surface  jus- 
qu'au caitre  y  et  cela  ne  peut  nous  apprendre  tout  au  plus 
que  quelques  vérités  sur  l'époque  qui  a  précédé  la  nôtre,  c'est- 
à-dire  nous  donner  quelques  informations  sur  la  craquième 
journée  de  la  Bible.  l\  pourrait  se  trouver  pourtant  quelques 
parties  du  globe  qui,  ayant  épuisé  leur  concentration  aux 
premières  époques,  fussent  restées  fixes  dans  leur  position 
refroidie  et  assez  concentrées  pour  n'avoir  pas  eu  besoin  du 
travail  de  la  cinquième  époque,  et  qui ,  en  même  temps, 
n'eussent  pas  été  déformées  par  les  éboulements  de  la  qua- 
trième journée.  Nous  espérons  donc  rencontrer  quelques  points 
du  globe  dans  ces  conditions,  où  nous  trouverons  des  faits  du 
quatrième  et  peut-être  du  troisième  jour,  car  au  delà  il  faut 
renoncer  à  tout  espoir  de  découverte. 

197.  —  Si  nous  pouvions  parvenir  à  creuser  jusqu'au  cin- 
quième, ou  seulement  au  dixième  de  l'épaisseur  qui  nous 
sépare  du  centre,  c'est-à-dire  jusqu'à  1,100  ou  550  kilo- 
mètres, nous  verrions  sans  doute  des  merveilles  souterraines 
qui  nous  sont  inconnues.  Mais  un  tel  travail  est  au-dessus 
des  forces  humaines;  car,  outre  la  dépense  énorme  qu'il  né- 
cessiterait, on  rencontrerait  des  obstacles,  qui  cependant  ne 
seraient  insui'montables  que  par  suite  des  accidents  dont  nous 
allons  parler,  et  qui  forceraient  à  recommencer  l'essai  sqr 
une  autre  partie  du  globe. 

198.  —  Dans  l'intérieur  de  la  terre,  il  y  a  incontestable- 
ment et  toujours  en  activité  une  partie  du  feu  primitif  ;  les 


108  TaOlSIÈME    ÉPOQUE. 

volcans,  qui  sont  ses  cheminées^  en  sont  une  preuve,  et  la 
chaleur,  qui  filtre  partout  au-dessous  de  la  surface  pour  la 
vivification  des  plantes,  en  est  une  autre  preuve.  Mais  ce  feu 
n'est  plu»  pi  aussi  actif  ni  aussi  répandu  quil  Ta  été  dans  les 
époques  précédentes;  son  action  est  lente  et  sa  résidence  n'est 
plus  simplement  centrale ,  mais  aussi  divisée.  Si  une  fouille 
pénétrait  sur  un  point  où  eiiste  ce  feu,  il  faudrait  nécessai- 
rement renoncer  à  toute  continuation;  au  surplus,  l'instru- 
ment qui  oserait  pénétrer  jusque-là  serait  à  l'instant  con- 
sumé. 

En  second  lieu ,  il  existe  dans  l'intérieur  de  la  terre  des 
cavernes  assez  considérables,  produites  ou  creusées  précisé- 
ment par  l'action  du  feu.  Si  on  rencontrait  une  caverne 
sèche,  la  fouille  serait  heureuse  et  la  continuation  plus  facile  ; 
mais  la  plupart  de  ces  cavernes  sont  remplies  d'eau  et  for- 
ment de  vastes  lacs  alimentés  directement  par  les  eaux  ve- 
nant des  mers  et  des  filtratious  des  couches  supérieures.  Si 
la  fouille  rencontrait  un  de  ces  lacs,  il  faudrait  également 
renoncer  à  la  découverte  locale  et  se  transporter  à  une  grande 
distance  pour  recommencer  l'essai  sur  un  autre  point. 

199.  —  Si  une  fouille  pouvait  se  faire  sans  rencontrer  ni 
le  feu,  ni  les  lacs,  il  est  très-probable  qu'après  une  cinquan- 
taine de  kilomètres ,  l'instrument  ne  pourrait  plus  pénétrer 
en  certains  endroits,  ceux,  par  exemple,  où  le  feu  a  refoulé 
ses  résidus  les  plus  durs  ;  dans  ces  endroits,  il  ne  doit  exister 
que  des  roches  en  fer  massif  ou  d'autres  métaux  qui  nous 
sont  inconnus,  mais  d'une  extrême  pesanteur  et  dureté,  et 
contre  lesquels  tout  instrument  se  briserait. 

Il  faudrait  avoir  la  chance  de  trouver  une  ligne  ou  une 
voie  qui,  dans  sa  longueur,  n'offrit  d'autres  difficultés  à 
vaincre  que  les  obstacles  ordinaires;  alors,  sauf  la  rencontre 
inévitable  de  quelques  filtrations  des  eaux,  et  de  quelques  ro- 
ches plus  ou  moins  dures,  on  parviendrait  à  des  couches  in- 


LA  TERRE  A  SON  ÉTAT  DE  FONCTION.       109 

térieures  encore  inconnues  ;  l'étude  comparative  des  matières 
qui  les  composent  permettrait  à  la  science  de  reconnaître  la 
date  de  formation,  et  par  un  calcul  des  distances,  on  pourrait 
arriver  à  la  solution  de  ce  problème,  à  savoir  :  le  temps  qui  a 
été  employé  pour  l'endurcissement  de  telle  pierre  ou  de  tel 
métal  ;  et  surtout  on  trouverait  les  vestiges  des  animaux  qui 
ont  été  les  premiers  habitants  du  globe,  vestiges  qu'on  peut 
découvrir  seulement  à  de  grandes  profondeurs,  lorsque  l'air 
n'aurait  pu  y  pénétrer  depuis  les  éboulements  des  cataclysmes 
primitifs. 

200.  —  Toutes  les  matières,  tous  les  corps  ensevelis  et  for- 
mant partie  intégrante  de  la  terre,  que  nous  regardons  comme 
composant  le  règne  minéral,  présentent  des  caractères  diffé- 
rents, depuis  le  sable  isolé  jusqu'au  quartz  ou  au  marbre  com- 
pacte, depuis  rélasticité  du  plomb  jusqu'à  la  dureté  de  l'or  ou 
du  platine;  mais  tous  ces  produits,  regardés  au  microscope , 
nous  font  voir  qu'ils  sont  composés ,  chacun  en  particulier, 
de  grains  plus  ou  moins  fins;  ces  grains  sont  eux-mêmes  com- 
posés d'atomes;  ils  nous  font  donc  remonter  à  leur  origine  et 
parlent  à  notre  intelligence. 

Ainsi ,  ces  masses  énormes  de  minéraux  dei  toutes  espèces 
ne  sont  qu'un  assemblage  de  petits  grains;  ces  petits  grains 
de  chaque  minerai  sont  composés  d'atomes  ;  ces  atomes  s§ 
sont  réunis,  dans  le, principe,  par  attraction  mutuelle  dans 
les  molécules  du  grand  assemblage  indiqué  auchap.  ii,  n*"  22  et 
suivants;  puis  ils  se  sont  séparés  de  nouveau  pour  s'unir  en- 
suite les  uns  avec  les  autres,  suivant  leur  nature  homogène 
et  en  raison  de  leurs  qualités  spéciales. 

On  ne  peut  pas  nier  l'évidence,  et  il  faut  reconnaître  que 

L  INFINIMENT  PETIT  EST   LA  BASE  DE  LA  MATIÈRE  DONT  SE  COMPOSE 
U  TERRE  ET  TOUT  CE  QUI  EXISTE  EN  ELLE. 

201.  —  La  loi  de  formation  du  règne  minéral  est  donc 
celle-ci  :  Les  atomes  de  l'assemblage  primitif  du  premier  jour, 


ItO  TROISIÈME     ÉPOQVE. 

subdivisés  et  sépurës  par  le  feu ,  se  sont  attirés  les  uns  les  au- 
tres dans  les  ^cialités  de  leur  caractère  homogène  ;  si  ces 
aiômes  offraient,  par  leur  aature ,  supposons  40  espèces  de 
minéraux  primitifs ,  Tamalgame  des  corps  d'animaux  et  des 
plantes ,  intervenus  k  l'époque  de  leur  fusion ,  a  dû  produire 
cent  autres  cond^inaisons  ;  de  ces  combinaisoBS  sont  résultées 
mille  variétés  différentes  ;  ces  variétés  se  sont  encore  multi- 
pliées et  subdivisées  selon  le  plus  ou  le  moins  d'alliage  végé- 
tal et  animal  qui  s'est  introduit ,  en  diverses  proportions,  aux 
époques  de  fusion 

202.  —  La  science  de  la  chimie  nousdoni^e  la  clef  de  cette 
vérité  et  nous  permet ,  sinon  de  refaire  la  composition  primi- 
tive, du  moins  de  la  comprendre,  et  plus  encore  d'en  faire 
la  décomposition  et  de  voir  les  proportions  de  chacune  des 
matières  hétérogènes  qui  font  partie  d'un  métal. 

La  chimie,  en  effet,  peut  bien  imiter  de  grandes  choses  ; 
elle  peut  décomposer  tout  objet  qui  se  trouve  dans  la  terre  ou 
à  sa  surface,  mais  elle  ne  pourrait  jamais  refaire  ces  mêmes 
d)jet$,  car  il  lui  manquerait  les  premiers  éléments  tels  qu'ils 
étaient  à  l'époque  de  formation.  L'homme  ne  peut  posséder, 
pour  les  employer  dans  son  travail,  ni  l'air,  ni  l'eau,  ni  le 
feu,  tels  qu'ils  existaient  aux  temps  primitifs;  le  feu  que 
l'homme  a  maintenant  à  sa  disposition  est  trop  grossier  en 
comparaison  de  celui  que  la  nature  a  employé  d'abord' dans 
son  immense  laboratoire. 

Le  Créateur  permet  donc  à  Thomme  de  le  comprendre  pour 
Tadmirer  ;  il  lui  permet  de  faire  tous  les  essais  pour  appro- 
cher du  grand  œuvre  de  la  création  du  monde,  afin  qu'ar- 
rivé au  terme  de  ses  efforts,  il  voie,  par  son  insuccès, 
combien  est  grandiose  l'œuvre  de  l'univers,  combien  est  im- 
pénétrable la  loi  de  la  nature,  quelle  folie  il  y  aurait  à  pré- 
tendre l'imiter,  et  combien,  par  c^séqueot,  le  Créateur 
mérite  notre  admiration  et  nos  humbles  adorations. 


hk    TERRE  A  SON  ÉTAT  DE  FONCTION.       111 

203.  —  Il  est  donc  évident,  et  c'est  un  article  des  lois  de 
la  nature,  que  rhomme  a  reçu  les  facultés  de  rintelligence 
pour  se  convaincre  de  ces  vérités.  Par  suite  des  mêmes  lois 
naturelles,  Thomme  de  science  doit  travailler  à  instruire  ses 
semblables,  également  doués  d'inteiligenee,  mais  distraits  par 
des  occupations  secondaires  Les  hommes  instruits  sont  donc 
obligés  de  leur  transmettre,  sans  détour  et  sans  mystères, 
toutes  les  découvertes;  car  rien  n'est  plus  propre  à  conduire 
à  4a  saine  religion  qœ  l'étude  des  oeuvres  de  DLcm,  rien  n'in- 
dique mieux  la  soumission  que  nous  lui  devons,  rien  n'est 
plus  propice  pour  le  culte  qu'il  (attende  Malheureusement  les 
hommes  instruits  de  l'antiquité,  et  Moïse  lui-même,  ont  voulu 
faire  mystère  de  leur  science,  et  les  connaissances  sont  restées 
circonscrites  chez  un  petit  nombre  d'élus;  à  leur  mort,  la 
postérité  a  perdu  avec  eux  le  fruit  de  leurs  études,  et  îl  n'est 
resté  que  le  merveilleux  de  leurs  récits,  qu'on  a  commentés  de 
mille  manières,  suivant  les  capacités  et  surtout  suivant  les 
intérêts  des  hommes. 

Ce  mervalleux  a  engendré  le  fanatisme,  qui  a  «u  des  con- 
séquences très-graves  pour  l'humanité;  de  cruelles  divisions, 
des  religions  toutes  ^^ontraires  les  unes  a»x  autres,  des  sectes 
passionnées  en  ont  été  les  résidtats,  ainsi  que  d'horribles 
guerres  qui  ont  etftralné  la  ruine  des  peuples. 

Il  était  réservé  à  la  science  de  grandir  pour  expliquer  le 
merveilleux  de  la  nature,  et  dévoiler  tous  les  mystères,  et  la 
science,  qui  a  commencé  son  eeuvre  depuis  un  siècle  à  peine, 
ne  manque  pas  à  sa  mission,  car  c^baque  jour  elle  porte  un 
nouveau  tribut  à  l'autel  de  la  vérité. 


112  TROISIÈME     ÉPOQUE. 


CHAPITRE  XII 

Bèg^oe    mloéral 

Sommaire.  —  Soins  réciproques  de  la  terre  et  des  éléments ,  20/4.  —  For- 
mation des  minéraux,  205.  —  Cruauté  et  générosité  de  la  terre,  206. 

—  Corruption  et  épuration  de  la  terre ,  207.  —  Rapetissement  suc- 
cessif et  proportionnel  de  la  terre  et  de  ses  habitants ,  208.  —  Perpé- 
tuité de  convulsions  de  la  terre ,  transmises  à  la  nature  de  l'homme  , 
209.  —  Signes  précurseurs  de  ces  convulsions,  210.  —  Orages  et  trem- 
blements de  terre ,  211.  —  Analogie  entre  la  terre  et  l'homme ,  note. 

—  Puissance  de  l'électricité,  212.  —  Effets  des  courants  électriques, 
213.  —  Le  phosphore  organique  ;  réflexions  sur  la  puissance  de  l'élec- 
tricité, 214.  —  Limites  de  notre  tâche,  215.  —  Le  diamant  et  la  pierre 
à  chaux ,  216.  —  Pureté  et  simplicité  des  pierres  précieuses  ,217.  — 
Composition  de  la  pierre  à  chaux,  218. 

204.  —  Il  est  certain  que  la  même  loi  de  la  nature  qui 
existe  aujourd'hui  existait  au  temps  primitif;  il  n'y  a  de 
modification  que  dans  les  effets ,  provenant  de  la  différence 
des  matières  plus  ou  moins  altérées;  ainsi  la  terre,  fille  des 
trois  éléments  primitifs,  Tair,  l'eau  et  le  feu,  a  toujours  eu 
besoin  de  leur  secours  pour  sa  conservation.  A  son  tour,  la 
terre  a  dû  rendre,  relativement,  les  mêmes  soins  aux  trois 
règnes  qui  ont  été  engendrés  dans  son  sein>  le  règne  minéral, 
le  règne  végétal,  et  le  règne  anulil;  chacun  d'eux,  dans 
ses  milliers  d'espèces  et  de  races ,  retourne  dans  le  sein  de 
la  terre ,  avec  laquelle  tous  les  trois ,  sous  des  formes  diffé- 
rentes ,  composent  une  seule  et  même  famille,  comme  ayant 
eu  une  seule  et  même  origine,  et  ayant  une  égale  destinée , 
avant  et  après  la  mort,  pour  retomber  de  nouveau  ensemble 
dans  le  néant ,  ou  plutôt  pour  subir  uftérieurement  une  nou- 
velle transformation. 

Cette  nouvelle  transformation  s'opère  avec  le  concours  des 
trois  éléments  primitifs,  se  décomposant  par  atomes  en  quel- 


RÈGNE   MINÉRAL.  113 

que  sorte  modifiés ,  mais  toujours  destinés  à  la  recomposition 
de  molécules  qui  seront  forcées  d'entrer  dans  d'autres  phases 
de  créations  nouvelles  complètement  inconnues  pour  nous, 
mais  bien  prévues  et  établies  par  la  loi  de  la  nature. 

205.  —  Pour  mieux  saisir  le  travail  qui  s'opérait  dans  l'in- 
térieur de  la  terre,  il  Taut  tenir  .compte  du  tribut  qui  lui  était 
payé  par  les  végétaux  et  les  animaux  dans  les  grandes  occa- 
sions de  leurs  engloutissements;  c'est  avec  leur  concours 

'  qu'elle  formait  ce  grand  règne  minéral  que  nous  admirons 
aujourd'hui.  La  formation  a  été  lente ,  et  ne  pouvait  avoir 
lieu  que  pas  à  pas ,  en  se  perfectionnant  à  mesure  que  des"" 
matières  fraîches  venaient  ^richir  le  travail  souterrain. 
Nous  aurons  une  idée  approximative  de  la  quantité  de  ces 
matières  lorsque  nous  examinerons  le  règne  animal ,  où  les 
recherches  nous  feront  trouver,  sinon  des  os,  au  moins  des 
traces  indubitables  des  habitants  primitifs. 

La  terre  avait  besoin  d'engloutir  les  êtres  qui  se  produi- 
saient ,  pour  ofTrir  une  meilleure  demeure  aux  races  nou- 
velles, et  en  même  temps  pour  continuer  l'œuvre  du  perfec- 
tionnement des  minéraux. 

206.  —  Dans  les  jodrs  suivants  nous  reviendrons,  à  Toccii- 
sion  dû  règne  animal,  sur  les  preuves  de  l'existence  des 
habitants  primitifs,  et  nous  verrons  les  traces  que  ces  êtres 
ont  été  obligés  de  léguer  à  la  terre;  il  nous  importe,  pour  le 
moment,  de  vérifier  ce  qui  s'est  opéré  dans  son  sein ,  en  vue 
delà  conservation  et  du  bien-être  qu'elle  voulait  offrir,  en 
mère  généreuse ,  aux  nombreux  enfants  auxquels  elle  allait 
donner  la  vie,  pour  la  leur  regrmdre  de  nouveau  après  un 
court  passage  sur  sa  surface.  C'est  à  la  terre  plutôt  qu'à  Sa- 
turne que  les  anciens  devaient  prêter  l'habitude  de  dévorer 
sesenfants;  elle  les  dévore,  en  effet,  jusqu'à  ne  laisser  que 
des  traces  imparfaites  de  ses  premiers  habitants  ;  mais  il  faut 
hii  rendre  la  justice  de  reconnaître  que  de  lem*  vivant ,  la 


114  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

lerre  leur  offre  el  leur  fournit  avec  un  empressement  mater- 
nel toutes  les  délices  que  la  nature  est  capable  de  produire, 
et  cela  avec  une  régularilé  admirable  et  inimitable. 

207.  —  Curieuse  coïncidence  cependant  !  Il  semble  que  la 
terre,  mère  de  tout  ce  qui  existe  sur  elle,  ait  fourni  la  loi  ou 
donné  Texemple  de  l'ingratitude  que  les  enfants  ont  généra- 
lement pour  leurs  parents;  car  la  terre,  à  force  d'enfermer 
dans  son  sein  les  corps  de  ses  enfants,  empeste  l'air  et  Teau, 
et  subit  elle-même ,  comme  le  r^ne  de  Teau ,  une  aUération 
funeste.  La  terre,  en  effet/  à  toutes  les  minutes  de  la  jour- 
née, depuis  un  grand  nombre  de  siècles,  reçoit  les  cadavres 
des  hommes  et  des  animaux,  dont  les  miasmes  sont  incalcu- 
lables. Toutefois,  le  calcul  approximatif  en  sera  démontré 
dans  le  règne  animal,  et  résumé  à  la  sixième  époque;  il  suf- 
fit, quant  à  présent,  de  dire  que  la  terre  ne  serait,  à  ce  mo- 
ment de  notre  journée  ou  de  notre  époque,  qu'un  vaste 
cloaque,  ne  donnant  que  la  peste  et  la  contagion,  et  par  con- 
séquent  impropre  à  être  le  séjour  de  Thomme ,   sans  le 

'  secours  de  Tair,  de  Teau  et  du  ï^et3,  qui  journellement  vien- 
nent rafraîchir  sa  surface  par  le  déversement  des  vapeurs 
que  l'atmosphère  est  chargée  de  composer  à  Taide  des  vents , 
et  qui  retombent  en  grande  partie  sous  la  forme  de  phiies  et 
de  rosées. 

208.  -^-'  La  terre  aussi  a  eu  ses  moments  de  lutte  et  de 
combat  avec  ses  premiers  parents,  Tair,  le  feu  et  Teau; 
chaque  époque  de  formation  hii  a  infligé  de  rudes  convul- 
sions ,  qui  ont  altéré  fortement  ses  dimensions  en  les  rédui- 
sant constamment,  de  sorte  qu'au  sixième  jour  elle  ne  sera 
plus  qu*un  extrait  de  sa  grandeur  précédente. 

La  terre,  de  son  côté,  a  réduit  elle-même  la  taille  des  êtres 
qu'elle  produisait  en  proportion  de  sa  propre  réduction; 
ainsi  les  animaux  et  les  plantes  du  sixième  jour,  c'est-à-dire 
de  notre  époque,  doivent  être  plus  petits  que  ceux  du  cin- 


KÈGNE    MINERAL.  115 

qoième  jour,  comme  ceux-ci  étaient  beaucoup  moins  grands ' 
que  ceux  du  quatrième  jour,  ou  de  la  quatrième  époque,  et* 
ainsi  de  suite  en  rétrogradant. 

209.  —  Les  combats  de  la  terre,  conséquence  de  ses  con- 
vntsiQDs  intérieures,  quoique  affaiblis  ,  ne  sont  pas  terminés; 
le  principe  reste  et  se  maintiendra  toujours;  c'est  une  condi- 
tion de  Texistence  vitale,  également  transmise  à  Thomme,  qui, 
depuis  sa  naissance  jusqu'à  sa  mort ,  est  en  proie  aux  combats 
de  son  propre  tempérament;  ce  qui  cause  plus  ou  moins  son 
bonheur  ou  son  malheur  sur  la  terre. 

210.  —  Tout  combat  ou  toute  convulsion  qui  agite  la  terre, 
soit  dans  son  intérieur,  soit  sur  sa  surface»  se  réfléchit  im- 
manquablement sur  le  règne  animal  et  végétal ,  surtout  dans 
les  lieux  ou  à  proximité  des  lieux  oi!i  un  événement  de  cette 
nature  surgit.  L'homme,  qui  est  Tétre  le  plus  sensible  du  règne 
animal ,  en  souffre  le  plus;  mais  la  terre,  en  mère  affectueuse, 
n'a  jamais  manqué  de  donner  l'alarme ,  comme  si  elle  voulait 
prévenir  du  danger  et  laisser  à  l'homme  le  temps  de  se  garan- 
tir contre  les  violences  du  règne  minéral.  Ainsi  les  éruptions 
des  volcans  n'arrivent  jamais  sans  qu'auparavant  elles  soient 
annoncées  par  des  bruits  souterrains,  ou  par  Tapparition  delà 
famée  qui  sort  des  crevasses  du  cratère  mi  des  entrailles  de  la 
terre;  de  même  un  tremblement  déterré,  destiné  à  ébranler  , 
sinon  à  les  engloutir ,  des  villes,  villages  ou  territoires  entiers, 
n'arrive  jamais  sans  être  précédé  de  quelques  bruits  souter- 
rains et  souvent  renouvelés,  auxquels  succèdent  de  petites 
secousses  avant-coureurs  de  la  grande  qui  sera  ta  destrnctton; 
aussi  l'homme ,  s'il  prend  ses  mesures  au  premier  avertisse- 
ment ,  aura  le  temps  de  se  sauver,  lui ,  sa  famille  et  ses  bes- 
tiaux. 

211.  —  Be  même,  si  le  combat  part  du  ciel  contre  la  sur- 
face de  la  terre,  les  orages,  les  foudres,  les  trombes,  etc., 
sont  annoncés  d'avance;  la  terre  semble  resserrer  ses  pores 


116  TBOiSlÈME     ÉPOQUE. 

et  refuser  d'émettre  ou  de  recevoir  des  évaporalions ,  ce  qui 
causée  pour  un  moment,  un  froid  presque  glacial  sous  nos 
pas,  en  même  temps  que  les  vapeurs  suspendues  en  forme  de 
nuages  noirs  sur  nos  têtes  semblent  vouloir  retarder  le  mo- 
ment de  la  chute  foudroyante  des  orages;  Thomme,  averti , 
peut  donc  chercher  un  abri. 

Ainsi,  quand  les  hommes  périssent  dans  les  tremblements 
déterre,  c'est  la  conséquence  de  leur  ineptie,  ou  de  leur 
lenteur  à  s'échapper;  les  30,000  victimes  du  dernier  tremble- 
ment de  terre  de  Naples,  du  mois  de  décembre  1857,  pou- 
vaient se  sauver  en  fuyant  au  premier  avertissement  souter- 
rain qui  s'était  fait  entendre  24  heures  auparavant. 

Dans  Ibs  époques  primitives,  les  tremblements  de  terre  les 
plus  minimes  embrassaient  des  territoires  immenses  en  raison 
de  la  substance  moins  consolidée  de  ta  terre  et  de  sa  prodi- 
gieuse étendue  ;  mais  à  notre  sixième  époque,  le  plus  grand 
phénomène  de  cette  nature  n'a  embrassé  que  l'étendue  de 
200  lieues  carrées ,  encore  était-ce  au  commencement  de  l'é- 
poque ;  cette  catastrophe  a  englouti  et  renversé  cent  villes 
dans  la  Lybie,  ainsi  que  l'avance  Févêque  d'B[yppone(l),  saint 

Augustin . 

. 

212.  —  Les  phénomènes  qui  se  produisent  dans  le  sein  de 
la  terre  et  qui  sont  en  correspondance  avec  Téther  du  ciel, 
sont  dirigés  par  des  fluides  électriques,  dont  l'énergie  et  la 
rapidité  sont  également  prodigieuses.  Rien  ne  peut  résister  à 
leur  activité;  tout  doit  se  soumettre  à  leur  passage.  L'électri- 
cité élève  subitement  la  température  des  corps  jusqu'à  fondre 

(1)  Encore  une  analogie  entre  la  terre  et  rhomme.  La  terre  n*a  pas 
seule  des  tremblements,  elle  semble  en  léguer  le  principe  à  Thomme, 
comme  pour  le  prévenir  que  sMl  possède  les  délices  de  la  terre,  il  doit 
aussi  participer  à  ses  combats.  Et  en  effets  dans  les  fièvres,  Phomme 
sent  des  frissons ,  des  tremblements:  ces  effets  augmentent  dans  les 
paralysies^  et  occasionnent  quf'lquefois  des  secousses  violentes. 


RÈG.NE   MINERAL.  117 

et  dissiper  les  plus  réfractaires.  Elle  donne  inslatitanément  un 
foyer  lumineux  dont  mille  lumières  factices  n'égalent  pas  Tin- 
tensité,  et  capable  de  dissoudre  les  corps  composés.  Enfin 
Télectricité  a  une  forcesecrèteconcentrée  et  violente, qui  fait 
trembler  la  terre,  depuis  le  centre  du  globe  jusqu'à  la  côucbe 
la  plus  raréfiée  de  son  atmosphère  élevée. 

213.  —  Où  et  comment  se  produit  l'électricité?  Est-ce 
dans  la  terre  ou  dans  son  atmosphère?  D'où  viennent  les 
éléments  primitifs  qui  la  font  naître?...  Nous  les  chercherons 
dans  le  laboratoire  de  l'atmosphère,  qui  est  pourvu  de  ma- 
tières plus  nouvelles  que  l'intérieur  de  la  terre,  particu- 
lièrement à  notre  époque. 

Les  courants  électriques,  constamment  en  communication 
entre  eui ,  nous  expliquent  les  bruits  souterrains  comme  une 
conséquence  forcée  de  l'impulsion  transmise  de  l'extérieur  ; 
la  couche  atmosphérique,  qui  fait  partie  de  la  terre  même, 
se  trouvant  raréfiée,  laisse  un  libre  passage  à  ces  courants. 

La  matière  électrique ,  considérée  dans  son  principe , 
est  la  concentration  de  l'essence  des  atomes  du  feu  primi- 
tif ;  c'est  à  elle  qu'on  doit  ta  pression  de  consolidation  de 
tous  les  métaux  dans  la  terre.  Comme  elle  est  également  en 
force  minime  et  proportionnelle  dans  l'homme ,  elle  est  le 
feu  qui  anime  l'esprit  animal  ;  sans*  elle,  il  n'aurait  pas  de 
vitalité. 

2U.  —  Déjà  cette  vérité  a  été  reconnue  par  Yauquelin 
(le  phosphore  organiqw) ,  et  M.  Mège-Mourries  vient  de  dé- 
couvrir que  le  phosphore  organique  se  trouve  dans  le  grain 
des  céréales  aussi  bien  que  dans  l'œuf  des  animaux  ,  en  qua- 
lité d'initiateur  dynamique  et  de  premier  aliment  de  l'em- 
bryon naissant. 

Lorsque  la  science  sera  parvenue  à  dominer  et  à  maitriseï* 
la  puissance  de  l'électricité ,  elle  aura  rendu  un  immense  ser- 
vice à  l'industrie;  déjà  la  télégraphie  électrique  en  est  un 


118  TROISIÈME     ÉP0U13E. 

heureux  commeiicement  ;  il  s  agit  à  présent  de  trouver  les 
moyens  de  s'emparer  de  la  force  électrique  et  de  s*en  servir 
pour  tous  les  besoins  qui  exigent  l'emploi  de  la  force  mo~ 
trice. 

Le  Créateur  de  Tunivera  n'a  rien  caché  à  Thomme  sur  la 
terre;  il  lui  a  donné  l'inlelligenee,  comme  nous  l'avons  dit, 
pour  découvrir  et  pour  faire  tourner  à  son  avantage  tout  ce 
qui  existe  dans  la  nature.  L'homme  est  déjà  arrivé  à  diriger 
l'eau  et  le  feu ,  pourquoi  ne  parviendrait-il  pas  à  un  pareil 
résultat  pour  Tair,  cet  élément  infini  qui  contient  les  trésors 
les  plus  précieux? 

Aussitôt  que  l'homme  aura  soumis  la  force  électrique  à 
un  emploi  régulier,  il  aura  fait  la  première  étape  sur  le  che- 
min qui  doit  le  conduire  à  diriger  l'élément  de  l'air. 

215.  —  Nous  laissons  aux  savants  géologues  le  soin  de 
donner  des  noms  aux  divers  produits  de  la  terre,  ainsi  qu'aux 
minéraux  et  aux  métaux  dans  leurs  innombrables  subdivisions 
et  à  mesure  de  la  découverte  qui  en  est  faite.  Notre  tâche  s'est 
bornée  à  la  recherche  du  principe  et  des  causes  de  formation; 
ces  causes,  nous  venons  de  les  expliquer  ;  elles  peuvent  se  vé- 
rifier par  la  décomposition  des  matériaux,  car  l'analyse  de 
toutes  matières',  qui  est  la  fonction  de  la  chimie,  démonti;e 
la  réunion  des  principes^  en  les  séparant  les  uns  des  autres. 

216-  —  Avant  de  finir  ce  chapitre  du  règne  minéral,  qu'il 
nous  soit  permis  d'examiner  de  près  le  plus  dur  des  minéraux 
et  la  plus  fragile  des  pierres  que  nous  trouvons  de  nos  jours. 
Le  choix  de  ces  deux  extrêmes  sera  encoje  qne  preuve  de  plus 
des  faits  déjà  signalés.  Examinons  donc  le  diapiant,  qui  est 
reconnu  jusqu'à  présent  pour  le  plus  dur  ainsi  que  le  plus 
précieux  des  minéraux,  et  la  pierre  à  chaux;  qui  est  la  plus 
fragile  des  pierres, 

217.  —  Ceux  des  minéraux  qui  ont  le  moins  tiré  du  mé- 
lange des  matières  hétérogènes  végétales  et  anipiales,  et  qu'on 


RÈGN£   Mir>i£RAL.  t19 

peut  considérer  comme  vierges  et  comme  possédant  le  plus 
de  la  pureté  de  l'extrait  direct  des  atomes  des  molécules  pri- 
mitives, ce  sont  les  pierres  précieuses.  Nous  en  avons  pour 
preuves  :  l""  leur  clarté,  leur  limpidité,  indice  de  la  virginité 
de  leur  eau  originelle;  2""  leur  dureté,  signe  d'une  plus  an- 
cienne formation  et  d'un  état  continu  sans  aucun  changement 
successif,  ainsi  que  d'une  plus  longue  durée  à  l'influence 
d'une  chaleur  égale  pendant  im  très-grand  nombre  dé  siècles; 
3^  leurs  couleurs  variées,  indice  d'aspirations  de  la  quintes- 
sence des  vapeurs  des  diverses  matières  minérales  qui  se  sont 
trouvées  à  leur  proximité. 

En  somme )  on  peut  admettre  que  les  pierres  précieuses 
blanches, comme  le  diamant  le  plus  pur,  proviennent  de  l'union 
des  atomes  homogènes  durcis  isolément  ou  par  suite  de  Téva- 
poration  sans  autre  amalgame  que  l'eau  primitive  cristallisée 
dans  son  essence.- Les  autres  pierres,  comme  les  topazes,  les 
rubis,  les  saphirs,  les  émerandes,  etc.,  etc«,  les  diamants  co- 
lorés même,  sont  également  de  conservation  primitive,  mais 
avec  l'aspiration  de  la  quintessence  des  vapeurs  des  métaux, 
comme  le  cuivre,  l'or,  l'argent,  le  fer,  le  mercure,  le  plomb, 
rétain,  etc.  Leur  conservation  est  due  à  Tenveloppe  pierreuse», 
ou  métallique  qui  s'est  cristallisée  autour  d'eux  et  les  a  pré- 
servés dans  leur  nature. 

Lavoisier,  en  brûlant  du  diamant  sous  une  cloche  ne  ren- 
fermant que  de  l'oxygène,  obtint  un  produit  identique  à  celui 
de  la  combustion  du  charbon  pur«  c'est-à-dire  de  Tûcide  car- 
bonique. Clouet  confirma  les  expériences  de  Lavoisier  par  des 
procédés  différents. 

Mais  si  le  diamant  est  un  charbon  pur,  Torigine  du  dia- 
mant, ainsi  que  de  toute  autre  pierre  précieuse»  est  donc  telle 
que  nous  l'avons  indiquée,  attendu  que  le  charbon  pur  est  la 
quintessence  de  la  matière  dans  sa  pureté  originelle. 

218.  —  Au  contraire,  la  pien*e  à  chaux  a  été  imprégnée 


120  TKUIHIÈMË     EPOQUE. 

de  loutes  les  malières  hélérogènes ;  cependant  la  chaux,  avant 
sa  calcination,  n'a  aucune  propriété  corrosive;  elle  n'acquiert 
cette  propriété  que  lorsqu'on  l'arrose  et  qu'on  l'imbibe  d'eau, 
car  c'est  alors  que  se  développent  sa^  parties  ignées  et  brû- 
lantes. 


CHAPITRE  Xni 

li»  Terre  dans  son  état  de  sabordioatlon 
comme  tributaire  de  riJniTers 


Sommaire.  —  Perpétuité  des  lois  de  la  nature;  question  au  sujet  des 
évaporations,  219.  —  Comment  s*est  formée  l'atmosphère  du  globe  ter- 
restre, 220.  —  Son  élévation  et  limite  de  son  épaisseur,  221.  —  Varié- 
tés des  régions  atmosphériques,  222.  —  Proportion  des  gax  élémentaires 
de  Tair ,  itore,  223.  —  Dimension  graduelle  de  densité  de  Tatmosphère, 
22A.  —  Du  poids  et  du  volume  de  Tatmosphère,  225.  —  Résultats 
fournis  par  le  calcul,  226.  —  Résultat  séculaire,  227.  —  Étendue  du 
tribut  payé  par  le  globe  terrestre ,  228.  —  Importance  du  laboratoire  ^ 
de  Tatmosphère,  229.  —  Excès  des  fluides  perdus  par  la  terre  compa- 
rativement à  ceux  qui  lui  sont  rendus ,  230.  —  Utitité  de  l'atmosphère, 
231. 


219.  —  La  terre,  que  nous  devions  considérer  ici  seulement 
eomme  formation  de  la  troisième  époque,  nous  a  entraîné  à 
suivre  son  règne,  quoique  d'une  manière  très-rapide,  jusqu'à 
nos  jours;  il  n'en  pouvait  pas  être  autrement  :  les  lois  de  la 
nature  étant  aujourd'hui  les  mêmes  qu'elles  ont  été  de  tout 
temps,  les  preuves  visibles  de  ce  qu'elle  opère  sous  nos  yeux, 
la  liaison  des  événements  physiques  qui  ont  été  la  cause  du 
changement  des  matières  et  de  leur  reconstitution  sur  la  terre, 
devaient  nous  conduire  à  un  aperçu  général  de  l'ensemble; 
car  les  récentes  découvertes  de  la  géologie  sont  le  meilleur  té- 


LÀ    TERRE    TRIBUTAIRE    DE   l'uNIVERS.  121 

moignage  pour  confirmer  les  faits  que  dous  exposons  dans  cet 
ouvrage  (1). 

Il  nous  reste  a  examiner  si,  par  Tefifet  de  la  réduction  excen- 
trique causée  par  son  propre  rétrécissement  à  chaque  renou- 
vellement  d'époque,  la  terre  ne  subirait  pas  aussi  une  dimi- 
nution de  son  volume  ayant  pour  cause  ses  évaporations  en 
faveur  de  l'atmosphère,  et  en  outre  si  la  terre  ne  serait  pas 
obligée  d'abandonner  une  partie  de  ces  évaporations  en  fa- 
^veur  d'autres  astres  comme  tribut  en  raison  de  sou  af6nité 
avec  eux,  ou  comme  obligation  par  suite  des  échanges  de 
fluides  attirés  pour  leur  mutuelle  purification. 

Relativement  à  ces  échanges,  il  nous  restera  à  calculer  si 
la  terre  n'y  contribue  pas  de  tout  l'excès  de  son  superflu,  en 
raison  de  la  surabondance  de  ses  produits. 

220.  —  L'atmosphère  de  notre  globe  ne  pouvait  exister  au 
premier  jour  ou  à  la  première  époque;  nous  avons  indiqué  (55) 
que  la  quintessence  du  gaz  des  molécules  abandonnées  pour 
la  formation  de  son  satellite  est  restée  en  faveur  de  la  terre  au 
moment  de  leur  séparation;  ce  gaz,  augmenté  de  celui  de 
notre  planète,  a  formé  la  première  couche  de  notre  at- 
mosphère, laquelle  peut  s'être  augmentée  en  se  dilatant  en 
élévation. 

221.  —  Il  serait  très-diflicile  de  connaître  l'exacte  épaisseur 
des  couches  qu'avait  notre  atmosphère  et  l'accroissement  qui 
s'était  produit  à  la  fin  de  chaque  époque  ;  mais  les  calculs  sa- 
vants de  nos  célèbres  astronomes  nous  ont,  à  plusieurs  reprises, 
indiqué  son  étendue  à  notre  époque;  il  est  vrai  que  leurs  cal- 
culs présentent  de  grandes  difiérences. 

D'après  M.  Biot,  l'épaisseur  actuelle  de  l'atmosphère  serait 
de  43  kilomètres,  ou,  comparée  à  la  grandeur  du  rayon  moyen 
de  la  terre,  elle  serait  dans  le  rapport  de  1  à  48  et  son  poids 

(^)  Voyez  sir  Charles  Lyell ,  Manuel  de  Géologie  élémentaire. 


122  TROISIÈME    ÉPOQUE. 

serait  trè&-considérabIe,  s'il  est  vrai  qu'il  soit  de  1  kilogramme 
par  centimètre  de  surface;  d'autres  astronomes  ont  supputé 
cette  épaisseur  a  une  élévation  de  75  kilomètres,  et  Mairan 
l'avait  supposée  de  300  lieues. 

Le  fait  est  que  l'atmosphère  ne  peut  pas  s'élendre  aunlelà 
du  point  de  l'espace  où  l'attraction  du  corps  central  fait  équi- 
libre à  la  force  centrifuge.  Les  portions  d'atmosphère  qui  dé- 
passeraient cette  limite  s'échapperaient  par  la  tangente,  ou 
pour  mieux  dire  entreraient  dans  les  atomes  de  l'élher  et  sui- 
vraient une  marche  tout  à  fait  indépendante  de  l'atmosphère 
terrestre. 

222.  —  Cependant  il  faut  bien  reconnaître  que  la  nature  de 
l'atmosphère  n'est  pas  uniforme;  elle  diffère  énormément 
en  qualité  et  eii  densité  depuis  la  surface  de  la  terre  jus- 
qu'aux dernières  limites  de  sa  hauteur;  plus  elle  s'élève , 
plus  elle  est  rare,  et  plus  elle  est  rare,  plus  elle  s'amin- 
cit par  couches  de  gradation,  jusqu'à  ce  qu'elle  arrive  à  la 
finesse  et  à  l'imperceptibilité  de  la  matière  qu'elle  touche 
et  que  nous  appelons  l'^i^^r  dans  les  régions  de  l'espace  supé- 
rieur. 

223. —  Dans  toutes  les  régions,  l'air  de  l'atmosphère  contient 
de  la  vapeur  d'eau,  de  l'acide  carbonique,  de  l'oxygène  et  de 
l'azote;  mais  l'un  ou  l'autre  de  ces  gaz  prédomine  suivant  la 
différence  de  hauteur. 

L'acide  carbonique  augmente  en  été  et  diminue  en  hiver  ; 
dans, un  temps  calme,  le  gaz  est  plus  abondant  la  nuit  que  le 
jour. 

L'atmosphère  au-dessus  des  grandes  villes  contient  plus  d'a- 
cide carbonique  qu'au-dessus  de  la  campagne,  d'après  les 
expériences  de  Saussure, 

Suivant  les  savants  chimistes  MM.  Dumas  et  Boussingaull, 
la  composition  réelle  de  l'air  dans  ce  dix-neuvième  siècle  est, 
(în  volume  : 


LA    TEHH£    TRIBUTAIRE   DE   l'uNIVËRS.  123 

/  faisant    vivre   les    animaux  , 
20,80   volume   d*OXygène.]      étant  respirable,  et  activant 

(      la  combustion. 

{  donnant  la  mort  aux  animanx, 
79,20   VOtume  d*  azote   t    •]      n'étant  pas  respirable  et  étei- 

(      gnant  les  corps  enflammés. 

En  poids i  23,10    d^oiygène  , 

^  }  lOM    d'azote, 

Et  en  pesanteur  : 

Dn  litre  d'air  pèse,  à  la  température  de  0  degré,  1  gr.  2995. 

Nous  ignorons  les  proportions  d'éléments  que  l'air  avait 
dans  les  premiers  temps  de  la  formation;  mais  nos  succes- 
seurs observeront  dans  les  siècles  à  venir  ses  altérations  fu- 
tures. Nous  savons  cependant  que,  dès  le  commencement, 
l'atmosphère  était  le  dépositaire  des  gaz  primitifs,  dont  les 
atomes  devaient  servir  pour  arrêter  et  conserver  en  eux  la 
chaleur  émanée  du  soleil  ;  ces  atomes,  invisibles  à  nos  yeux, 
font  partie  de  l'air  (1). 

224.  —  En  admettant  le  chiffra  minimum  de  43  kilo- 
mètres, selon  M.  Biot,  pour  la  hauteur  de  notre  atmosphère» 
soit  43,000  mètres  d^élévation  tout  autour  de  la  surface  <lu 
globe,  il  faut  reconnaître  que  la  qualité  de  l'air  .composant 
les  couches  atmosphériques  diffère  à  mesure  qu'on  s'élève. 
Ainsi,  l'air  voisin  de  la  terre  est  plus  pesant,  non-seule- 
ment parce  qu'il  est  comprimé ,  mais  aussi  h  cause  des 
émanations  dont  il  est  chargé.  Par  la  même  raison,  dans 
les  profondeurs  de  la  terre,  le  poids  de  l'air  augmente 
encore  plus  sensiblement  par  l'effet  de  la  pression.  A 
20  lieues  de  profondeur ,  ce  qui  ne  fait  qqe  la  soixante- 
quatorzième  partie  du  rayon  du  globe,   l'air  pèserait   au 

(I)  Voir  la  note  G.  à  la  (iti  du  volutnr. 


124  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

moins  autant  que  Tor  (suivant  Y  Encyclopédie  méthodique , 
article  air). 

L'atmosphère  diminue  donc  graduellement  de  poids  à 
mesure  qu'elle  s'élève ,  en  sorte  que  la  couche  correspondant 
au  quarante-troisième  kilomètre  de  hauteur ,  en  la  suppo- 
sant la  plus  élevée,  doit  être  presque  aussi  subtile  que  Téther, 
avec  lequel  elle  forme  la  limite  de  la  circonférence  de  notre 
planète. 

225.  —  Si  l'atmosphère  s'est  formée  par  les  émanations 
du  globe,  comme  c'est  indubitable  puisqu'elle  fait  partie 
intégrante  de  notre  planète,  il  nous  serait  facile  d'établir, 
par  un  calcul  de  proportion,  la  quantité  en /70icl^  que  chaque 
siècle  aurait  fournie,  en  prenant  pour  base  l'hypothèse  des 
siècles  compris  dans  les  différentes  époques  de  cet  ouvrage; 
mais  ce  poids,  quand  même  il  serait  exact,  ne  peut  pas 
donner  la  solution  que  nous  cherchons;  c'est  le  volume  qu'il 
nou§  faut,  pour  indiquer  l'étendue  de  l'espace  qui  sépare  la 
terre  de  l'éther^  espace  destiné  de  tout  temps  à  former  le 
grand  laboratoire  de  puritication,  qui  devait  donner  à  la  terre 
le  rafraîchissement  et  la  viviûcation  par  le  renouvellement 
de  l'air  périodique  sur  toute  sa  surface. 

226.  —  Comme  nous  avons  parlé  de  lieues  de  circonfé- 
rence au  chapitre  de  l'assemblage  primitif  des  molécules, 
nous  allons  réduire  en  lieues  la  hauteur  de  l'atmosphère  sur 
la  base  minimum  de  43  ou  44  kilomètres. 

Avec  cette  donnée,  le  calcul  présente  les  résultats  sui- 
vants : 

Diamètre  de  la  terre.  .  .  .     3,000  lieues. 

Circonférence 9,000       » 

Surface.  ......     27,000,000  lieues  carrées. 

Solidité 13,500,000,000  lieues  cubiques. 


LA   TERRE    TRIBUTAIRE   DE    l'uNIVERS.  125 

En  comprenant  Tatmosphère  dans  le  calcul ,  on  trouve  : 

Diamètre  .  .  .^ 3,022  lieues. 

Circonférence 9,066      » 

Masse ,  800  millions  de  lieues  cubiques,  ou  800  millions  de 
fois  64  milliards  de  mètres  cubes,  ou  encore  800  millions  de 
fois  640  milliards  d'hectolitres  (1). 

D'après  un  article  de  M.  Francœur,  publié  dans  le  Journal 
des  Connaissances  utiles  et  pratiques,  l'atmosphère  entière 
qui  environne  le  globe  pèserait  523  millions  260  mille  mil- 
liards de  kilogrammes;  soit:  kil.  523,260,000,000,000,000. 

227.  —  Ainsi,  dans  les  temps  primitifs,  après  la  première 
journée,  l'atmosphère  s'est  formée  comme  partie  intégrante 
de  la  planète  au  moyen  des  évaporatioAs  du  globe  ;  si  les 
évaporations  successives  avaient  dû  servir  pour  continuer  à 
agrandir  l'atmosphère  en  étendue  de  hauteur,  les  43  kilo- 
mètres ou  les  75,  et  même  les  300  lieues  deMairan  ne  seraient 
pas  suffisantes  pour  l'accumulation  qui  se  serait  faite  dans 
un  si  grand  nombre  de  siècles;  car  supposant  seule- 
ment 1500  siècles  depuis  la  première  époque,  il  s'ensuivrait 
que  les'43  kilomètres  de  M.  Biot  se  seraient  formés  à  raison 
de  un  kilomètre  tous  les  36  siècles,  en  commençant  à  l'o- 
rigine par  un  seul  kilomètre  d'atmosphère,  ce  qui  ne  nous 
parait  pas  admissible. 

Le  calcul  de  Mairan  portant  sur  300  lieues  présenterait 

(4)  Principes  de  ce  calcul  : 

i  lieue  =3  4  kilomètres  =  4,000  mètres. 

1  lieue  carrée  =  16,000,000  mètres  carrés.- 

1  lieue  cube  =  64,000,000,000  mètres  cubes. 

1  litre  =  ^  décimètre  cube. 

^  hectolitre  =  400  décimètres  cubes. 

1  mètre  cube  =  iOOO  décimètres  cubes. 


12G  TROlSiÈMK    ÉPOQUE. 

une  formation  de  uiv  cinquième  de  lieue  ou  quatre  cinquièmes 
de  kilomètre  d'atmosphère  par  siècle,  ce  qui  serait  plus  pro- 
bable, et  c'est  ce  que  nous  admettrions,  non  pas  comme 
atmosphère  de  progression,  mais  comme  formation  des  prin- 
cipes d'évaporation,  ou,  pour  mieux  dire,  comme  perte,  irré- 
parable pour  le  globe ,  de  matières  destinées  à  passer  dans 
les  régions  de  l'espace  au  profit  d'autres  corps. 

228.  —  Si  le  tribut  que  notre  planète,  pour  obéir  aux  lois 
de  l'univers,  doit  payer  en  émanations  ou  vapeurs  en  faveur 
des  autres  globes,  est,  par  hypothèse,  d'un  cinquième  de  lieue, 
ou  même  d'un  kilomètre  d'étendue  en  hauteur  par  siècle, 
cela  ne  ferait,  suivant  nous,  qu'un  centimètre  et  demi  de  di- 
minution par  siècle  dans  le  contour  de  notre  globe.  Or,  il 
n'est  nullement  douteux  que  nous  subissons  cette  diminution  ; 
l'éloignement  des  mers  remarqué  sur  une  foule  de  points  du 
globe  terrestre  nous  en  fournit  la  preuve. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  :  notre  globe  paie  un  tribut  plus  fort 
que  celui  qui  émane  de  son  propre  corps  ;  les  êtres  qui 
croissent  et  périssent  sur  la  terre  donnent  une  abondance 
d'émanations  indépendante  du  rétrécissement  du  globe  ;  l'ha- 
leine et  les  exhalations  des  animaux,  qui  sont  Feffet  de  leur 
action  à  l'extérieur  du  globe,  comptent  pour  une  portion  très- 
considérable  de  ce  tribut,  comme  nous  l'expliquerons  dans  le 
r^ne  animal,  et  à.  la  sixième  époque. 

229.  —  Au  total ,  l'évaporation  périodique  du  globe  est 
très-considérable;  elle  passe  dans  l'atmosphère,  ob  elle  subit 
sa  purification  en  se  combinant  avec  la  matière  venant  des 
régions  supérieures ,  à  travers  l'éther  qui  ouvre  ses  pores  au 
passage  de  toutes  les  molécules  quelles  iqu' elles  soient. 

Mais  si  l'atmosphère  est  un  grand  labomtoire  de  purifica- 
tion qui  doit  rendre  à  la  terre  ce  que  celle-ci  lui  a  transmis,  il 
est  également  certain  que  l'atmosphère  rend  à  l'autre  c6té  de 
ses  confins  les  matières  qui  lui  sont  venues  des  autres  régions. 


LA    TERRE   TRIBUTAIRE   DE  L'UNlVERb\  127 

230. — Il  est  donc  positif  que  Tatmosphère  sert  de  labo- 
ratoire pour  les  unes  et  pour  les  autres;  qu'un  échange  de 
fluides  s'opère  dans  son  sein^  et  qu'il  sort  de  notre  planète 
toujours  un  peu  plus  qu'elle  ne  reçoit  en  retour  ;  l'expansion 
est  constamment  au  moins  d'un  millième  en  plus  de  ce  qu'elle 
reçoit  soit  en  poids  soit  en  Y(^me ,  et  celte  fraction  qu'elle 
perd,  quantité  assez  considérable,  quelque  minime  qu'elle  pa- 
raisse, est  le  tribut  qu'elle  doit  payer  à  la  nature  pour  l'entre- 
tien et  la  formation  d'autres  astres  selon  les  lois  de  l'univers. 

23U  —  L'atmosphère,  dans  toute  son  étendue  d'élévation, 
n'est  réellement  que  la  première  couche  extérieure  de  notre 
globe  :  elle  est  Pavant-garde  destinée  à  la  protection  des  êtres 
qui  doivent  habiter  la  seconde  couche,  c'est-àrdire  la  surface 
de  la  terre. 

L'atmosphère  pèse  de  tout  son  poids  sur  cette  surface;  elle 
enveloppe  de  sa  matière  tout  ce  qui  existe  sur  terre  et  sur 
mer;  sans  cette  enveloppe  et  son  poids,  aucun  être  animal, 
y  compris  Thomme,  ne  pourrait  exister.  ^ 


128  TROISIÈME     ÉPOQUE. 


CHAPITRE    XIV 


■i'Atmospliéroloffle 


SoMMAiAB.  —  Étude  des  phénomènes  de  Tatmosphëre ,  232.  —  Analogie 
de  l'homme  avec  la  terre  ;  pression  atmosphérique  qu'il  supporte  :  notes; 
le  calorique  et  le  sang,  233.  —  Énergie  d'absorption  de  l'atmosphère, 
23ft.  —  Séparation  des  molécules  dans  l'atmosphère,  235.  —  Diversité 
de  ces  matières;  quelle  est  celle  qui  domine,  236.  —  Leurs  combinai- 
sons avec  des  atomes  de  l'éther  ;  nuages,  vents ,  pluies,  tonnerre,  etc., 
237.  —  Vitesse  des  couches  atmosphériques  dans  le  mouvement  de  rota- 
tion, note;  calcul  des  mouvements  de  la  terre,  238.  —  Vitesse  des  cou- 
ches atmosphériques  par  régions ,  239 ,  240.  —  Nouvelle  analogie  entre 
l'atmosphère  et  l'homme,  2M.  —  Différence  de  criblages  dans  les  ré- 
gions atmosphériques,  2^2.  —  Nature  de  l'électricité,  son  universalité, 
263.  —  Rapidité  des  combinaisons  des  atomes;  formation  des  nuages, 
ZUUb  —  Les  fluides  émanés  d'une  contrée  y  reviennent-ils?  2A5.  — 
Solution  de  cette  question,  2^6.  —  Formation  et  travail  des  météores, 
247,  248,  249.  —  Fin  de  la  troisième  journée,  250. 


232.  —  Dans  le  règne  de  la  terre,  qui  est  l'objet  de 
la  troisième  journée,  nous  devons  seulement  examiner  les 
causes  et  les  effets  de  l'atmosphère  comme  agent  terrestre 
dans  son  enveloppe  extérieure. 

Cet  examen  nous  conduit  à  rechercher  ce  qui  se  passe  entre 
la  surface  de  la  terre  et  la  première  couche  atmosphérique 
pour  découvrir ,  s'il  est  possible,  quelques  secrets  des  opéra- 
tions directes  ou  indirectes  qui  se  pratiquent  dans  le  labora- 
toire de  l'atmosphère,  laquelle,  en  définitive,  est  une  partie 
de  la  terre.  Si  la  science  trouve  justement  un  grand  intérêt 
dans  les  investigations  pratiques  au-dessous  de  la  croûte  de 
la  terre,  pourquoi  n'aurait-elle  pas  un  égal  intérêt  à  former 
une  nouvelle  branche  d'études  en  portant  ses  recherches  au- 
dessus  de  la  même  croûte?  Si  la  première  a  été  baptisée  du 


l'atmosphérologie.  129 

nom  de  géologie^  la  nouvelle  science  s'appellerait  très-bien 
atrmsxthérologie. 

La  géologie  nous  offre  Tétude  des  faits  passés;  Talmosphé- 
rologie  nous  offrira  l'étude  des  faits  présents  et  de  l'avenir. 

233.  —  L'homme,  dans  ses  analogies  avec  la  terre,  en 
présente  une  remarquable  sous  le  rapport  de  la  pression  at- 
mosphérique (1). 

En  effet,  l'homme  est,  comme  la  terre,  enveloppé  par 
l'atmosphère ,  qui  presse  Tun  et  l'autre  eh  proportion  de 
leur  surface;  c'est  cette  pression  énergique  qui  donne  à 
rhomme  la  faculté  de  se  tenir  debout. 

Un  homme  de  taille  ordinaire,  dont  le  corps  a  14  à  15 
mille  centimètres  carrés  de  superficie,  éprouve  une  pression 
évaluée  de  15  à  20,000  kilogrammes,  en  raison  de  la  hauteur 
et  du  poids  de  l'atmosphère  (2). 

La  terre,  dont  le  corps  a  en  superficie,  suivant  notre  calcul 
(226),  27  millions  de  lieues  carrées  ou  432  mille  milliards 
de  mètres  carrés  (432,000,000,000,000),  éprouve  une  pres- 
sion de  4,492,800,000,000,000,000  de  kilogrammes,  c'est- 
à-dire  à  peu  près  4,493  millions  de  milliards  de  Hh- 
grammes,  pression  qui  est  en  définitive  le  poids  réel  de  Tat- 
mosphère. 

Ce  résultat,  quelque  prodigieux  qu'il  puisse  paraître,  seriiit 
encore  inférieur  à  celui  que  fourniraient  les  données  du  Dic- 
tionnaire encyclopédique  des  gens  du  monde  ^  qui  évalue  la 
surface  de  la  terre  à  509,072,546,965,000  mètres  carrés, 
c'est-à-dire  environ  509  mille  72  milliards  et  547  millions  de 
mètres  ;  ce  qui  impliquerait  une  pression ,  et  par  conséquent 
un  poids  atmosphérique  de  plus  de  5,294  millions  de  milliards 
de  kilogrammes  (3). 

(Vj  Voy.  note  H. 

(2)  Voy.  note  I. 

(3)  Le  poids  exact  serait  :  5,294,354,488,430,000,000  kil. 

9 


130  TROiSlÈME     ÉPOQUE. 

234.  —  Si  rétude  de  l'atmosphère  ou,  autrement  dit,  si 
Tatmosphérologie  peut  devenirutile  autant  qu'elle  est  curieuse, 
les  réflexions  suivantes  serviront  aussi  de  commencement  ou 
de  clef  pour  ouvrir  la  voie  aux  recherches  scientifiques. 

Tout  objet  liquide,  tel  que  Teau,  le  vin,  le  bouillon, 
U huile,  l'alcool,  de  même  que  certains  corps  solides,  comme 
le  sucre,  la  chaux,  Tarsenic,  etc.,  mais  dissous  dans  un 
liquide,  diminuent  et  disparaissent  rapidement  si  on  les 
laisse  à  Tair  libre;  le  pain  et  toute  autre  substance  pâteuse 
deviennent  durs  ;  en  un  mot,  tout  objet  mou  se  dessèche  de 
plus  en  plus;  c'est  Tatmosphère  qui  absorbe  tout  :  le  sucre 
comme  le  poison,  les  corps  huileux,  la  graisse^  les  matières 
vivantes  ou  mortes,  l'haleine  de  Thomme  en  bonne  santé 
comme  le  dernier  soupir  du  moribond,  le  suc  des  plantes 
comme  les  excréments  des  animaux,  les  parfums  des  fleurs 
comme  les  miasmes  des  cadavres,  la  vapeur  de  Teau  comme 
la  fumée  du  foyer;  tout  est  constamment  et  irrévocablement 
absorbé  par  l'atmosphère  ;  elle  est  un  centre  continuel  d'at- 
traction ;  tout  monte  chez  elle,  et  insensiblement  nous  voyons 
disparaître  les  objets  qu'un  moment  où  un  jour  auparavant 
nous  avions  sous  les  yeux. 

235.  —  Il  est  facile  de  comprendre  que,  dans  l'atmosphère, 
tous  ces  objets  hétérogènes  les  uns  aux  autres  trouvent, 
chacun  en  particulier,  la  place  convenable  à  son  homogénéité, 
et  que  changeant  de  forme  et  se  divisant  en  atomes  encore 
plus  imperceptibles,  ils  s'introduisent  dans  l'intérieur  des  mo- 
lécules destinées  soit  à  revenir  sur  la  terre,  soit  à  passer  au- 
delà  de  réther  pour  fonctionner  ou  demeurer  dans  les  régions 
du  firmament  en  remplacement  d'autres  molécules  qui  ont 
passé  ailleurs. 

Mais  cette  réalité  n'interdit  pas  de  chercher  à  découvrir, 
soit  par  le  calcul,  soit  par  des  investigations  chimiques,  les 
degrés  des  proportions  et  l'influence  matérielle  que  ces  propor- 
tions peuvent  exercer  sur  les  événements  périodiques  ;  car  en 


I'atMosphèuolugiê.  131 

^dirïetiant  43  ou  7 5 ^kilomètres  pour  Télévation  de  l'atmos* 
phère,  il  est  présuflaable  qu'à  chaque  kilomètre  de  graduation, 
il  y  a  unfe  différence  dans  la  qualité  et  rareté  des  molé- 
cules. Il  y  aura  donc  43,  ou  75  degrés  différents  de  criblc^e 
et  de  mélanges  dans  cette  circulation  des  matières  au  sein  de 
r  atmosphère. 

236.  —  Ainsi  les  émanations  des  êtres  vivants  sont  diffé* 
rentes  de  celles  des  morts;  également  il  doit  y  avoir  une 
différence  dans  les  évaporations  des  divers  liquides  d'une 
nature  tout  opposée  :  on  ne  peut  pas  admettre  que  la  vapeur 
de  Talcool  soit  la  même  que  celle  de  l'eau  corrompue  ou  du 
vinaigre,  de  l'urine  ou  du  lait,  des  miasmes  fétides  ou  des 
parfums,  et  ainsi  de  suite;  donc  le  premier  problème  à  ré- 
soudre ce  serait  de  savoir  quelles  matières  sont  les  plus  nom- 
breuses dans  les  quantités  relatives  d'évaporationsquisepro* 
duisent  sur  le  globe,  et  après  cette  statistique  viendrait  la 
question  desavoir  quel  degré  d'influence  chacune  de  ces  ma- 
tières peut  exercer  par  ses  résultats  physiques. 

237*  —  Il  est  naturel  de  penser,  comme  nous  l'avons  dit, 
que  ces  évaporations,  rapidement  enlevées  et  plongées  dans 
l'atmosphère  au-delà  de  la  portée  de  nos  yeux,  rencontrent 
bientôt  des  atomes  d'une  nature  toute  différente  qui  sont 
descendus  des  régions  supérieures,  et  que  leur  rencontre^ 
déjà  prévue  par  les  lois  de  l'univers,  opère  un  merveilleux 
travail  dont  nous  ne  connaissons  pas  le  secret  ;  mais  ce  tra- 
vail s'effectue,  nous  en  voyons  les  résultats,  c'est-à-dire 
que  nous  voyons  retourner  sur  la  terre,  l'air,  le  vent,  la 
pluie,  la  rosée,  la  neige,  le  tonnerre,  les  éclairs,  etc.  Nous 
apercevons  des  nuages,  comme  s'ils  étaient  là  pour  tenir  le 
dépôt  de  ces  matières  fluides,  qui  nous  sont  destinées  en 
échange  de  nos  évaporations  ;  nous  voyons  plus  encoit;, 
nous  voyons  une  partie  de  ces  nuages  voyager  quelquefois 
avec  une  grande  célérité  comme  s'ils  allaient  nous  enlever, 


132  TROISIÈME     ÉPOQUE. 

à  liotts  leur  réservoir  pour  le  porter  sur  une  autre  contrée,  et 
souvent  encore  nous  les  voyons  aller  et  venir,  puis  s'en 
retourner,  comme  s'ils  étaient  indécis  sur  le  point  où  ils 
auraient  à  s'arrêter  pour  se  décharger  ;  dans  leurs  indéci- 
sions apparentes,  ils  se  choquent  souvent  ;  en  se  heurtant,  ils 
procjuisent  des  phénomènes  que  nous  ne  connaissons  encore 
qu'imparfaitement;  nous  voyons  tomber  la  foudre  qui  s'est 
formée  dans  leur  sein  par  le  croisement  de  l'électricité  qu'ils 
font  dégager  de  leur  corps. 

238.  —  L'astronomie  a  bien  calculé  que  la  terre  tourne  sur 
son  axe  à  raison  de  un  dixième  de  lieue  par  seconde,  et  qu'elle 
est  emportée  dans  l'espace,  par  son  mouvement  de  transla- 
tion, à  raison  de  sept  lieues  par  seconde  (Lalande)  (1). 

Mais  l'astronomie  n'a  pas  encore  dit  si  la  couche  terrestre 
atmosphérique  tourne  identiquement  avec  le  corps  de  la 
planète.  Il  faut  bien  remarquer  que  si  la  vélocité  de  l'atmos- 
phère est  identique  dans  toute  sa  hauteur,  le  cercle  extérieur 
ayant  un  rayon  de  43  ou  75  kilomètres  de  plus  que  le  rayon 
terrestre  (224),  doit  avoir  un  peu  plus  de  rapidité  que  la  surface 
du  globe,  et  que  la  vélocité  de  chaque  point  atmosphérique 
est  graduelle,  et  en  raison  de  son  éloignement  de  la  terre. 

Toutefois  la  rapidité  des  molécules  de  la  couche  supérieure 
doit  être  considérablement  ralentie  par  Teffet  de  leur  légèreté 
comparativement  aux  molécules  des  couches  inférieures,  qui 
sont  plus  denses  et  plus  lourdes,  étant  pressées  par  les  couches 
supérieures,  surtout  comparativement  aux  molécules  de  la 
terre.  C'est  ainsi  qu'une  plume  tombe  moins  vite  dans  Pair 
qu'une  balle  de  plomb. 

Donc  Tatmosphère  a  une  limite  d'élévation  ;  cette  limite 
est  une  conséquence  de  la  rotation  ;  elle  est  établie,  fixée,  là 
où  la  force  de  rotation  a  cessé. 

(!)  Voir  noie  K. 


l'àtmosphérologie.  133 

239.  —  L'atmosphère,  partie  intégrante  de  la  terre,  doit  né- 
cessairement suivre  la  marche  de  rotation  que  celle-ci  exécute 
sur  son  axe;  mais  est-ce  la  totalité  de  l'atmosphère  dans  toute 
son  élévation  qui  suit  le  mouvement  de  là  planète  ou  seule^ 
ment  une  partie? 

Les  avis  jusqu'à  présent  ont  été  partagés;  il  y  a  eu  des  phi- 
losophes qui  ont  dit  que  la  terre  tournait  toute  seule,  ce  qui 
est  inadmissible,  attendu  qu'en  ce  cas  Tatmosphère  serait  un 
corps  détaché,  et  s'il  était  détaché,  il  ne  serait  plus  l'at- 
mosphère terrestre. 

D'autres  auteurs  ont  dit  que  toute  la  masse  de  l'atmosphère 
suivait  le  mouvement  de  rotation  de  la  terre;  cette  hypothèse 
est  encore  invraisemblable,  parce  que  les  couches  les  plus 
éloignées  de  l'atmosphère  étant  beaucoup  trop  légères  et  rares 
seraient  abandonnées  sur  la  route,  ne  pouvant  suivre  la  rapi- 
dité de  la  masse  solide  du  globe. 

240.  —  L'atmosphère  est  bien  forcée  de  tourner  intégrale- 
ment avec  la  terre,  mais  elle  le  fait  avec  une  gradation  pro- 
portionnelle qui  s'affaiblit  insensiblement  à  mesure  que  ses 
molécules  et  ses  atomes  se  raréfient,  de  manière  que  jusqu'à 
la  moitié  de  la  hauteur  de  l'atmosphère  les  couches  les  plus 
pesantes,  touchant  ou  avoisinant  la  terre,  roulent  à  peu  près 
avec  la  même  rapidité;  mais  l'autre  moitié,  comprenant  les 
couches  supérieures  plus  légères,  ralentit  son  cours  progresT 
sivement,  en  proportion  de  la  rareté  de  ses  atomes;  en  d'au- 
tres termes,  des  800  millions  de  lieues  cubiques  d'atmosphère 
indiquées  au  n»  226,  un  tiers  environ  ou  la  moitié  marche 
avec  la  même  rapidité  que  la  terre;  les  deux  autres  tiers  ou 
l'autre  moitié,  tout  en  restant  attachéi^  aux  premières  cou-^ 
ches,  ralentissent  leur  mouvement,  par  gradation  proportion- 
nelle, jusqu'à  ce  que  la  dernière  couche,  qui  est,  si  l'on  veut, 
Tépiderme  de  la  masse,  se  confonde  avec  Féther  supérieur 
qu'elle  touche. 

Cela  nous  semble  démontré  par  la  direction  des  vents  alizés 


f.^4  TROISIÈME     EPOQUE. 

qui  souftlent  entre  les  tropiques,  en  sens  inverse  du  mouve- 
ment de  rotation  de  la  terre.  Or  ces  vents  sont  précisément 
engendrés  par  ropposition  du  courant  des  couches  mobiles 
de  Talmosphère  avec  le.  moiivement  du  corps  solide  de  h 
terre,  et  ce  qui  contribue  puissamment  à  la  formation  et  à 
Taccroissement  de  ces  phénomènes,  ce  sont  les  «'itômes  pro- 
venant (le  l'éther  extérieur,  qui  filtrent  à  travers  les  couches 
supérieures  de  l'atmosphère  pour  contribuer  aux  opérations 
indiquées. 

Il  est  évident  qu'à  mesure  qu'on  s'élève,  le  poids  de  Fat- 
mosphère  va  en  décroissant. 

241.  —  Nous  avons  indiqué  (233,  note)  que  tout  ce  qui  se 
passe  dans  Thomme  est  en  analogie  parfaite  avec  ce  qui  se  fait 
dans  le  corps  de  la  terre  ou  dans  les  autres  corps  de  l'uni- 
vers par  l'application  d'une  même  loi. 

Pour  mieux  comprendre  l'action  de  l'atmosphère  énoncée 
.dans  l'article  qui  précède,  examinons-nous  nous-mêmes,  rela- 
tivement h  la  terre. 

La  peau  qui  enveloppe  l'homme,  et  qui  n'est  pas  même  de 
l'épaisseur  d'un  millimètre,  est  cependant  formée  de  plusieurs 
couches,  dont  la  dernière  à  l'extérieur  s'appelle  l'épiderme  et 
nous  sépare  de  l'air. 

Cette  épiderme  a  une  infinité  de  pores  par  lesquels  sort 
notre  transpiration,  quelquefois  si  abondante  que  notre  corps 
est  littéralement  inondé  de  sueur;  c'est  aussi  par  les  pores 
de  l'épiderme  que  l'homme  reçoit  l'air,  le  froid  et  Thumidé 
qui  s'introduisent  dans  son  corps. 

La  terre  est  également  enveloppée  par  l'atmosphère,  dont 
^épaisseur  peut  se  diviser  en  couches  proportionnelles  Jus- 
qu'à la  dernière  couche  extérieure,  que  nous  avons  appelée 
figurativement  son  épiderme. 

Cette  épiderme  de  l'atmosphère,  qui  la  sépare  de  l'éther 
du  ciel,  ayant  des  pores  comme  l'épiderme  de  l'homme,  on 


l'àtmosphérologie.  135 

peut  se  figurer  i*éDorme  quantité  de  sueur  ou  de  fluide  qui 
doit  constamment  la  traverser  soit  en  montant,  soit  en  des- 
cendant. 

L'épiderme  de  Tatmosphère  est  la  dernière  limite  des  cou- 
ches assez  denses  pour  réfléchir  et  contenir  la  lumière  solaire 
et  produire  le  crépuscule. 

242.  —  Il  serait  impossible  de  calculer  la  gradation  des 
couches  de  l'atmosphère  jusqu'à  son  épiderme;  nous  devons 
nous  contenter  de  savoir  l'étendue  et  l'espace  de  cet  immense 
laboratoire  atmosphérique.  Cet  espace,  déjà  calculé  au  m  226, 
nous  présente  800,000,000  de  lieues  cubiques.  Il  est  évident, 
en  supposant  exacte  la  hauteur  de  13  kilomètres  et  en  fixant 
à  chaque  kilomètre  une  couche  différente,  qu  il  y  a,  comme 
nous  Tavons  établi ,  43  couches  diverses  dans  la  rareté  dès 
atomes  composant  la  masse  atmosphérique. 

Il  est  également  naturel  d'admettre  que  si  les  20  premières 
couches  ou  les  20  premiers  kilomètres  ont  leur  rotation  égale 
à  celle  de  la  terre,  les  autres  23  kilomètres  en  ont  une  gra- 
duellement affaiblie,  et  la  différence  étant  sensible  à  chaque 
couche,  il  y  aura  24  couches  différentes;  donc  24  criblages 
différents  Tun  de  Tautre  et  chacun  approprié  au  perfection- 
nement des  divers  produits.  , 

A  côté  de  cette  observation,  qui  est  le  premier  pas  pour 
résoudre  notre  problème,  on  doit  ajouter  Tinfluence  des  cou- 
rants, des  vents,  qui  sont  engendrés,  comme  on  Ta  vu,  par 
l'effet  même  de  ces  différences  et  destinée  à» accélérer  la  for- 
mation  des  objets,  à  les  purifier  et  à  les  disperser;  ces  objets 
sont  l'électricité,  le  sec,  l'humide,  dans  leurs  mille  divisions, 
aptes  à  absorber  ou  rejeter  la  chaleur  du  soleil,  pour  passer 
de  nouveau  sur  la  terre  ou  pour  sortir  par  le  côté  supérieur 
en  faisant  place  à  d'autres  atomes  destinés  à  renouveler  le 
travail  perpétuel. 

Le  calorique  et  l'éleclricité  modifient  sans  cesse  l'at- 
mosphère. 


136  TROISIÈME  ÉPOQUE. 

Dans  le  milieu  s'exercent  les  phéDomènes  les  plus  remar- 
quables ;  la  partie  inférieure  est  appelée  région  des  mé- 
téores. 

243.  —  Un  des  principes  qui  se  manifestent  avec  le  plus 
d'importance  dans  l'atmosphère,  c'est  Télectricité,  dont  nous 
avons  déjà  parlé  (212  et  suiv.);  elle  est  le  lien  qui  met  la 
terre  en  communication  avec  tous  les  astres. 

C'est  le  feu  vital  de  tous  les  corps  grands  et  petits;  tous  en 
possèdent  une  dose  proportionnelle  et  suffisante  pour  mainte- 
nir entre  les  êtres  un  rapport  d'affinité  perpétuelle. 

On  a  trouvé  que  toutes  les  molécules,  lorsqu'elles  sont  mises 
en  mouvement,  donnent  de  l'électricité  et  qu'elle  est  trans- 
mise à  Tair  par  l'intermédiaire  des  vapeurs;  ainsi  la  terre, 
les  plantes,  comme  les  eaux,  comme  les  animaux,  possèdent 
et  émanent  leur  proportion  d'électricité. 

244.  —  La  masse  des  matières  entrées  dans  l'atmos- 
phère et  provenant  soit  de  la  terre,  soit  de  l'élher  supérieur, 
ne  pourrait  pas  exister  ni  s'élaborer  si  l'atmosphère  était  im- 
mobile; c'est  la  violence  de  sa  marche,  entraînée  qu'elle  est 
parle  mouvement  de  la  terre,  d'une  part,  ce  sont  les  vents 
alizés,  d'une  autre  part,  qui  contribuent  à  la  purification  des 
atomes,  comme  ils  lui  facilitent  l'absorption  des  éléments  qui 
sont  nécessaires  à  son  travail.  La  fusion  des  atomes,  leur  clas- 
sement, leur  dispersion,  s'opèrent  avec  une  rapidité  que 
l'imagination  seule  peut  concevoir. 

,  Ceux  des  atomes  qui  sont  destinés  à  revenir  sur  la  terre 
s'agglomèrent  et  forment  ordinairement  des  nuages  qui,  en 
grande  partie ,  sont  visibles  à  nos  yeux ,  sous  diverses  cou- 
leurs, blancs,  noirs,  bleus ,  jaunes ,  rouges,  etc. ,  etc.,  selon 
le  reflet  de  la  lumière  qui  les  frappe,  le  jour  ou  la  nuit,  par 
le  soleil,  la  lune,  ou  les  étoiles. 

245.  —  Ces  nuages  que  nous  voyons  sont-ils  les  dépositai- 
res des  fluides  que  nous  avons  fournis  à  l'atmosphère  par  suite 


l'àtmosphérologie.  137 

de  rémanation  opérée  dans  notre  pays  ?  ou  contiennent-ils 
les  produits  des  émanations  fournies  par  une  contrée  qui  se- 
rait, par  exemple,  notre  antipode? 

Les  vapeurs  absorbées  par  l'atmosphère,  à  Paris,  retom- 
bent-elles sous  leur  nouvelle  combinaison  à  Paris  ?  ou  bien 
seront-elles  versées  sur  Londres,  ou  sur  l'Amérique,  ou  dans 
les  Indes?  Et  lejf  vapeurs  des  Chinois  et  des  Japonais  sont-elles 
revenues  chez  eux  ou  en  sommes-nous  les  héritiers? 

246.  —  Il  est  positif  que  les  vapeurs  qui  sont  émanées 
d'ufYi  endroit  ne  reviennent  pas  à  la  même  place,  ni  même  à 
sa  proximité. 

Le  mouvement  perpétuel  de  l'air  nous  en  donne  le  motif; 
cependant,  quel  que  soit  le  point  de  départ  d'où  émanent  les 
évaporations\  leur  produit  se  manifeste  rigoureusement  à  la 
latitude  du  climat  propre  à  le  recevoir;  aussi  ces  fluides  re- 
çoivent-ils, dans  la  région  de  l'atmosphère  d'où  ils  doivent 
retomber  sur  la  terre,  l'impression  du  climat  homogène  à  la 
température  du  même  point  de  la  terre. 

Ici  se  présente  l'occasion  d'un  examen  fort  important  pour 
la  science;  car  si,  par  une  cause  accidentelle,  la  dissolution 
des  matières  dans  l'atmosphère  n'avait  pas  subi  une  transmu- 
tation en  vue  d'une  perfection  relative,  il  se  pourrait  qu'une 
contagion,  comme  le  choléra-morbus ,  ou  d'autres  épidémies 
fussent  transportées  instantanément  d'une  partie  du  monde  à 
l'autre. 

247.  ' —  Eu  outre  du  travail  atmosphérique  qui  s'effectue 
pour  l'absorption,  les  combinaisons  et  la  restitution  des  mo- 
lécules de  la  terre ,  et  à  cause  même  de  ce  travail  ^  il  y  a 
encore  à  remarquer  la  formation  de  certains  agents,  curieux 
ou*  terribles ,  phénomènes  prodigieux  que  nous  appelons  mé- 
téores^ 

Ces  météores  semblent  se  charger  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'hé- 
térogène et  de  vicié  dans  les  atomes  arrivés  de  la  terre  dans 


138  TROISIÈME  ÉPOQUE. 

Tatmosphère;  ils  épuisent  pour  ainsi  dire  le  Tond  du  creuset, 
ou  la  lave,  le  rebut  des  matières,  afin  de  contfibuer  è  la  re- 
production des  atomes  purifiés. 

Ces  météores  ou  l'élaboration  de  ces  météores  forment 
aussi  un  objet  d'étude  particulier;  ils  pffrent  différentes  clas- 
ses, comme  si  chaque  classe  devait  absorber  une  portion  spé- 
ciale du  rebut,  ou  des  principes  hétérogènes  «et  nuisibles  des 
atjômes  à  restituer  à  la  terre  ou  à  Téther,  et  former  par  eux- 
mêmes  un  produit  à  part,  ou  un  effet  à  part. 

248.  —  Ainsi,  les  météores,  en  se  produisant,  nous  appor- 
tent les  tempêtes,  les  ouragans,  les  trombes,  tous  phéno- 
mènes calamiteux  et  terribles;  d'un  antre  côté,  il  s'en 
produit  qui  ne  sont  pas  nuisibles,  mais  très-curieux,  comme 
1  arc-en-ciel,  les  halos  (qui  sont  des  cercles  colorés  qu'on  voit 
souvent  autour  du  soleil  ou  de  la  lune),  le  mirage  (1),  les  pa- 
rhélies,  ou  faux  soleils,  la  lumière  zodiacale  (2). 

Il  se  forme  encore  assez  souvent,  et  sans  que  ce  soit  à  une 
grande  élévation  dans  l'atmosphère,  des  métépres  engendrés 
directement  par  les  objets  putrides  de  la  terre,  comme  les 
feux  follets,  qui  ne  sont  que  du  gaz  hydrogène  qui  se  dégage 
par  la  décomposion  de  matières  putréfiées,  et  s'enflamme, 
soit  par  l'étincelle  électrique,  soit  par  d'autres  causes. 

Les  feux  Saint-Ëlme  sont  de  petites  flammes  qui  se  mon- 
trent à  l'extrémité  des  corps  métalliques,  pointus  et  élevés, 
tels  que  les  mâts  des  navires,  les  cordages,  etc. 

Les  étoiles  filantes  ou  bolides,  ainsi  que  les  aérolithes  ou 
pierres  météoriques,  doivent  tomber  de  quelques  astres  en 
dehors  de  notre  globe,  et  s'enflamment  en  traversant  notre 
atmosphère. 

(i)  Tableau  formé  dans  ratmosphére  par  la  réflexion  dVbjets  sou- 
vent très -éloignés. 

(2)  Lumière  blaniche  qui  paraît  dans  le  ciel  en  forme  de  globe,  du 
côté  du  couclianl,  principalement  entre  les  tropiques. 


L  A'^'MOSPHÈROLOGIS.   '  139 

249;  —  Mais  ces  phénomènes  ne  sont  pas  tous  le  produit 
général  de  la  grande  atmosphère  dont  nous  parlons. 

Il  s'en  forme  accidentellement  dans  les  régions  inférieures, 
par  reffet  de  Texcédant  de  vapeurs  produites  par  iine  sura- 
bondance d'émanations  dans  les  localités  où  les  populations 
sont  très-agglomérées,  ou  encore  dans  le  voisinage  des  forêts. 
Ces  vapeurs,  qui  arrivent  jusqu'à  la  hauteur  des  montagnes, 
sont  forcées  par  leur  pesanteur  d'achever  leur  transformation 
sans  dépasser  la  cime  de  ces  montagnes,  et  là  elles  se  con- 
densent en  brouillards  ou  en  nuages,  qui  souvent  sont  forcés 
de  retomber  en  forme  de  neige,  de  grêle  ou  d'autres  phéno- 
mènes, sans  avoir  pu  s'élever  jusqu'aux  masses  régulières  de 
l'atmosphère  supérieure. 

Mais  notre  notre  but  n'est  point  de  sortir  des  limites  de  la 
formation  de  l'atmosphère  ;  ces  phénomènes  font  l'objet  de 
la  météorologie,  branche  des  sciences  naturelles,  à  laquelle 
nous  renvoyons  le  lecteur. 

250.  -^  En  termiliant  l'époque  relative  au  règne  de  la  terre, 
nous  devons  dire  que  nous  avons  entendu  indiquer  seule- 
ment, sous  ce  titre,  l'action  qui  élabore  et  organise  les  ma- 
tières dans  le  sein  et  à  la  surface  de  la  terre. 

Notre  but  était  de  diviser,  par  qrdre,  autant  que  possible,  le 
travail  de  la  création  de  la  nature  suivapt  les  époques  ;  majs 
il  doit  être  compris  que  nous  ne  sommes  pas  arrivas  ici  ^  1^ 
conclusion  définitive  du  règne  de  la  terre,  car  elle  n'est  encore, 
à  la  fin  de  cette  troisième  époque,  qu'à  la  mpitié  de  sa 
formation. 

En  effet,  elle  n'avait,  à  ce  moment,  ni  la  solidité,  ni  la 
forme^  ni  la  matière  qui  devait  caractériser  sa  nature  dans 
l'ordre  de  densité  qui  lui  était  destiné  ;  il  lui  fallait  encore 
traverser  deux  époques  très-longues  pour  obtenir  ce  qui  lui 
manquait,  et  se  fortifier  en  poids  et  en  qualité  par  l'adjouc- 
iion  de  matières  qui  ne  pouvaient  lui  venir  que  des  règnes 


140  TROISIÈME  ÉPOQUE. 

végétal  et  anima).  Nous  pourrons  apprécier,  seulement  à  la 
fin  de  la  cinquième  journée,  la  quantité  de  substance  que  ces 
deux  règnes  auront  fournie  à  la  terre,  pour  contribuer  à 
sa  complète  formation,  dans  l'état  où  elle  se  trouve  aujour- 
d'hui. 


QUATRIÈME  JOUR 


OU 


QUATRIÈME  ÉPOQUE 


RÊ6NE  VÉGÉTAL:  LES  ASTRES 


Tantôt  ma  voix  chantait  les  vertus  minérales; 
Un  nœud  secret  les  joint  aux  races  végétales. 
L*arbuste,  Tarbrisseau,  les  herbes  ^t  Jes  fleurs, 
Des  éléments  divers  puissants  combinateurs , 
Sont  le  laboratoire  où  leur  force  agissante 
Exerce  incessamment  son  action  puissante; 
Et  de  tous  ces  agents  dans  la  plante  introduits. 
Forme  Téclat  des  fleurs  et  la  saveur  des  fruits  : 
Admirable  chimie,  où  l'air,  la.  terre  et  Tonde 
Forment  mille  unions  de  leur  guerre  féconde! 

Delillb  , 
{Trois  Règnes^  ch.  vi). 


LE  SOLEIL 

Roi  du  monde  et  du  jour,  guèirier  aux  cheveux  d'or, 

Quelle  main,  te  couvrant  d'une  armure  enflammée. 

Abandonna  l'espace  à  ton  rapide  essor, 

Et  traça  dans  Tazur  ta  route  accoutumée? 

Nul  astre  à.  tes  côtés  ne  lève  un  front  rival  ; 

Les  filles  de  la  nuit  à  ton  éclat  pâlissent, 

La  lune  devant  toi  fuit  d'un  pas  inégal. 

Et  ses  rayons  douteux  dans  les  flots  s'engloutissent. 

BAOUR-Lor.IflAN. 


QUATftiÈME  JOUR 


oo 


QUATRIÈME    ÉPOQUE 


RÉGNE  VÉGÉTAL;  LES  ASTRES 


CHAPITRE    XV 

Interwalle  du  Trotolènie  au  9***^<^'^»^^  JToiir. 

Sommaire.  —  Déplacement  des  eaux;  rétrécissement  de  la  planète,  251. 

—  Travail  intérieur;  progrès,  252.  —  Amalgame  des  matériaux,  253. 

—  Ce  qui  a  échappé  au  cataclysme,  254*  —  Formation  des  houillères, 
255.  —  Énergie  productive,  256.  —  Le  baobab  d'Ânderson,  257.  — 
État  particulier  du  globe,  258.  —  Longueur  de  l'intervalie;  perfec- 
tionnement des  produits ,  259.  —  Récit  de  la  Bible  concernant  le  qua- 
trième jour,  260.  —  Place  et  rôle  de  la  lune  déterminés,  26f. 

251.  —  Le.  troisième  jour  a  fini,  comme  les  époques  pré- 
cédentes, par  un  grand  cataclysme,  qui  a  affaissé  la  terre 
dans  toutes  ses  parties  ;  l'aride  ou  le  découvert,  qui  était 
au  sud,  a  disparu,  Teau  Payant  caché  en  se  déplaçant  de 
l'ouest,  où  va  se  trouver  le  découvert  ou  Taride  du  quatrième 
jour. 

Ce  bouleversement  du  troisième  jour  a  causé  dans  le  vo- 
lume de  la  planète  un  rétrécissement  considérable,  lequel, 
compté  avec  les  rétrécissements  partiels  qu'elle  a  subis  dans 
les  siècles  de  la  troisième  époque,  a  réduit  la  circonférence 


144  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 

du  globe  ;  pour  la  quatrième  journée,  à  cinquante  mille 
lieues. 

252*  —  Mais  si  le  volume  a  diminué ,  la  densité  a  aug- 
menté ,  et  la  force  et  le  progrès  vont  être  désormais  déter- 
minés. 

Le  progrès  avait  déjà  été  notable  à  la  troisième  époque, 
non-seulement  dans  le  travail  de  la  consolidation  de  la 
terre,  mais  aussi  dans  la  nature  des  minéraux  et  la  classifi- 
cation de  tous  les  corps. 

La  prodigieuse  quantité  d'arbres,  de  forêts,  de  végétaux, 
formés  pendant  300  siècles,  sur  une  circonférence  de  cent 
mille  lieues,  est  en  dehors  de  tout  calcul  ;  leur  présence  a 
contribué  à  des  opérations  gigantesques  au-dessous  de  la 
terre  ;  la  formation  des  minéraux  et  leur  classement  par  suite 
de  Tamalgame  des  produits  des  polypes,  des  coquilles  et 
d'autres  animaux,  qui  ont  été  de  même,  dans  une  proportion 
énorme,  engloutis  par  ce  grand  cataclysme,  vont  préparer  un 
nouvel  état  de  formation  intérieure,  qui  bientôt  amènera  le 
perfectionnement  de  la  planète. 

Le  progrès  signifie  donc  ici  augmentation  et  perfectionne- 
ment dans  la  qualité  des  corps  intérieurs  et  extérieurs  :  le 
progrès  est  le  but  naturel  et  nécessaire,  ou  la  conséquence 
forcée  des  événements  physiques. 

253,  —  Tant  que  l'assemblage  des  molécules  travaillait 
isolément  par  lui-même,  il  ne  pouvait  produire  qu  une  masse 
molle;  mais  lorsque  les  troncs  des  arbres,  les  résidus  des 
végétaux  et  les  carapaces  des  animaux  sont  venus  en  aide 
par  leur  amalgamé,  la  composition  des  corps  durs  en  a  été 
la  suite  immédiate;  de  là  l'augmentation  en  densité  de  la  paa^ 
tière,  le  feu  demeurant  chargé  de  Toeuvre  du  perfectionne- 
ment. D'après  cette  loi,  chaque  jour  le  règne  minéral  a  gagné 
en  dureté,  et  à  cette  quatrième  journée  il  est  beaucoup,  plus 
puissant  qu'il  ne  Tétait  à  l'époque  précédente. 


INTERVALLE.  145 

254.  —  A  Taurore  du* quatrième  jour,  nous  nous  trouvons 
donc  sur  Taride  de  la  terre  découverte  du  seul  côté  silué  à 
Touest;  rien  sur  sa  surface  que  quelques  tiges  végétales  for- 
tuitement épargnées  de  distance  en  distance,  et  quelques  frag^ 
menls  de  matières  animales  ou  des  dépôts  d'œufs  échappés  à 
la  fureur  des  eaux  qui  sont  parties  pour  remplir  les  gouffres 
et  les  bas-fonds,  en  parcourant  toute  la  circonférence  du 
globe. 

Dans  la  rapidité  de  leur  déplacement  improvisé,  la  fureur 
du  parcours  des  eaux  a  été  d'aulant  plus  impétueuse,  qu'elle 
était  provoquée  par  Téclat  subit  du  cataclysme. 

255.  —  La  masse  des  richesses  végétales  et  animales  qui 
ont  été  englouties  à  ce  moment  est  incalculable  :  des  forêts 
immenses  vont  être  consumées  pour  le  service  du  règne  mi- 
néral; mais  leur  quantité  surabondante  dépassant  les  besoins 
de  ce  règne,  une  grande  partie  de  ces  forêts  se  refroidiront 
sans  être  consumées  j  puis  elles  se  consolideront  isolément  et 
formeront  des  houillères,  dont  les  couches  compactes  serviront 
ultérieurement  de  combustible  à  Tusage  des  générations 
d'êtres  intelligents  que  la  terre  est  destinée  à  produire  dans 
les  âges  successifs. 

256.  —  La  nature  va  recommencer  à  peupler  sa  surface 
aride  et  sa  surface  sous -marine,  et  cette  fois  elle  le  fera  avec 
plus  de  luxe  et  de  perfection  dans  les  espèces  ;  c'est  la  marche 
du  progrès* 

La  végétation  va  devenir  luxuriante,  car  la  terre  est  rem- 
plie et  engraissée  par  les  myriades  de  cadavres  ensevelis,  et 
provenant  des  règnes  végétal  et  auimal. 

Les  nouvelles  forêts  vont  donner,  comme  aux  jours  précé- 
dents, des  arbres  gigantesques  ;  l'herbe  de  ces  époques  n'avait 
pas  moins  de  cinq  à  six  pieds  ou  deux  mètres  de  hauteur;  les 
simples  fougères  étaient  plus  grandes  que  les  arbres  de  nos 
jours;  la  cime  des  arbres  s  élevait  à  plus  de  mille  mètres. 

10 


14G  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 

257.  ^—  Lfi  célèbre  bolanisle  Andersen,  dans  ses  voyages, 
ayant  rencontré  le  baobab,  qu'il  nomma  le  géant  du  Sénégal, 
prétendit  reconnaître,  par  le  nombre  des  couches  concen- 
triques, que  ce  géant  des  végétaux  était  contemporain  de  la 
création;  mais  il  faisait  allusion  à  la  création  de  Thomme 
de  la  Bible  ou  de  la  sixième  journée;  s'il  avait  pu  voir  les 
arbres  de  la  troisième  et  quatrième  journée,  il  aurait  trouvé 
que  le  géant  baobab  n'était  qu'un  nain  en  comparaison  de 
leurs  énormes  dimensions. 

258.  —  Dans  ces  révolutions  du  globe,  la  matière,  neuve 
encore,  déployait  immédiatement  et  régulièrement  toute  son 
('mergie  ;  sur  la  surface  de  la  terre  et  au  fond  des  eaux ,  le  règne 
végétal  et  animal  se  reproduisait  rapidement. 

Dans  rintérieur  de  la  terre,  le  travail  du  feu  augmentait 
d'activité  en  raison  des  matières  fraîches  qui  lui  étaient  ar- 
rivées. 

Les  eaux  dominaient  partout  :  elles  s'écoularent  librement 
lorsqu'elles  trouvaient  un  passage  possible;  elles  le  forçaieïit 
quand  elles  rencontraient  des  barrières,  leur  masse  étant  une 
force  irrésistible  et  leurs  courants  impétueux  renversant  tous 
les  obstacles. 

Les  montagnes,  à  cette  époque,  étaient  à  peine  marquées  ; 
il  n'y  avait  encore  que  des  aspérités  de  peu  d'élévation,  les 
soulèvement^  n'étant  pas  concentrés  ;  la  dilatation  des  bour- 
soufflures  de  la  terre  prévenait  toute  élévation  importante; 
mais,  par  contre,  il  s'y  formait  beaucoup  plus  de  cavernes 
et  de  cavités  de  dimensions  prodigieuses. 

259.  —  L'intervalle  de  la  3™«  à  la  4'^©  époque,  ou  le  temps 
de  repos  qui  s'est  écoulé  entre  le  grand  cataclysme  qui  a  fini 
la  troisième  journée  et  le  petit  cataclysme  qui  commence  la 
quatrième,  a  été  plus  long  qu'aux  jours  précédents,  à  cause 
de  la  quantité  plus  dure  de  matières  fraîches  entrées  dans 
l'intérieur  de  la  terre.  Celte  époque  devient  remarquable  pour 


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la  géologie ,  car  tous  les  métaux  ayant  à  repasser  encore  à  la 
fusion  et  au  creuset  du  feu ,  avec  les  alliages  nouveaux ,  il 
s'ensuivra  la  perfection  et  la  croissante  compacité  de  certains 
d'entre  eux,  qui  deviendront,  par  Tancienneté  de  leur  forma- 
tion ,  les  plus  durs  et  les  plus  reconnaissables  dans  les  âges 
des  recherches. 

260.  —  D'après  la  Bible,  Genèse,  chap.  i  »  v.  14,  15,  16, 
17,  18,  19,  Dieu  ordonne  que  le  quatrième  jour  mette  en 
évidence  les  astres  du  firmament  ;  que  deux  grands  corps  lu- 
mineux ,  le  soleil  et  la  lune  ,  puissent  luire  sur  la  terre 
pour  présider  au  jour  et  à  la  nuit ,  et  pour  séparer  la  lumière 
d'avec  les  ténèbres. 

261.  —  Ainsi,  d*après  la  tradition  des  livres  saints  et  les 
récits  de  Moïse,  c'est  le  quatrième  jour  que  notre  satellite,  la 
lune,  a  été  formellement  achevé  et  définitivement  concentré 
en  lui-même,  formant  un  corps  qui  a  reçu  sa  mission  et  sa 
place,  et  dont  la  destinée  a  été  fixée  pour  toute  la  durée  de 
notre  globe. 

Le  cercle  de  la  lune  ne  couvre  plus  d'un  voile  de  molécules, 
ni  d'une  ombre,  la  surface  de  la  terre;  les  ténèbres  qu'il 
produisait  ont  disparu;  il  n'empêche  plus  la  présence  du  so- 
leil d'agir  directement  et  régulièrement  sur  notre  globe.  {Vàir 
la  gravure  qui 'indique  la  lune  sur  son  orbite  autour  de  la 
terre.) 


lifj  '  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 


CHAPITRE  XVI. 

Sommaire.  —  Quatrième  joar  de  la  Bible ,  262.  —  Le  règne  végétal  dans 
toutes  les  planètes,  263.  —  Le  règne  animal  dans  les  mômes  pla- 
nètes, 264.  —  Qualité^  et  dimensions  des  plantes  au  troisième  jour  ; 
si  elles  ont  gagné  ou  perdu  par  la  présence  du  soleil,  265.  —  Décrois- 
sance du  règne  anima),  266«  —  Le  progrès  dans  tes  altérations  du 
règne  végéta) ,  267.  — '  Disparition  simultanée  des  plantes  gigantesques 
et  des  animaux  géants ,  268.  —  Causes  de  la  décroissance  du  règne 
végéta] ,  269.  —  La  nature  ne  fait  pas  de  mystères  dans  ses  œuvres  ; 
émanations  pernicieuses  des  plantes,  270.  —  Effets  de  l'électricité  sur 
les  plantes»  271.  —  Identification  du  règne  végétal  dans  la  masse  du 
globe,  272.  —  Affinité  de  ce  règne  avec  l'atmosphère,  273.  —  Carac- 
tères principaux  des  plantes  actuelles,  274-  —  Considération  au  sujet 
des  dépôts  houillers,  275. 

262.  —  Voici  le  jour  que  la  Bible  reconnaît  pour  celui  où  la 
lumière  a  été  créée  sans  limites  en  faveur  de  la  terre.  Notre 
globe,  sous  ce  rapport,  a  été  un  des  mondes  privilégiés  par  le 
créateur;  car  nous  vofons  que  Saturne  et  beaucoup  d'autres 
mondes,  qui  nagent  dans  le  firmament,  sont  restés  soumis 
à  la  servitude  de  leurs  satellites,  et  ils  demeureront  peut-être 
pour  réternité  ainsi  enveloppés  par  un  cercle  qui  ne  peut  plus 
se  séparer  de  la  planète. 

263.  —  Le  règne  végétal  existait  sur  notre  globe  dès  le  troi- 
sième jour,  d'après  le  témoignage  de  la  Bible,  et  comme  nous 
l'avons  vu,  du  reste,  quoique  la  terre  ne  jouît  pas  encore  de 
la  vue  du  soleil ,  attendu  le  développement  considérable  du 
cercle  de  la  lune,  qui  arrêtait  les  rayons  de  cet  astre  ;  or,  si 
ce  règne  existait  pour  nous  en  pleine  vigueur,  bien  que  le 
soleil  ne  nous  fit  pas  sentir  les  bienfaits  de  sa  présence, 
ce  même  règne  végétal  peut  donc  exister  également  dans 


DU    RÈGNE    VÉGÉTAL.  149 

Saturne  et  dans  les  autres  planètes,  quoiqu'elles  se  trouvent 
sous  l'enveloppe  d'un  cercle  de  satellites,  dans  les  mêmes 
conditions  où  se  trouvait  la  terre  à  son  troisième  jour. 

•264.  —  Le  règne  végétal,  l'herbe  avant  tout,  est  la  cause 
naturelle  de  la  présence  de  Tanimal  qui  s'en  nourrit;  donc, 
en  supposant  les  conditions  de  nourriture  qu'avait  Tanimal 
au  moyen  de  l'herbe  que  pouvait  offrir  le  globe  au  troisième 
jour,  il  peut  exister  aussi  des  animaux  dans  Saturne  et  les 
autres  planètes  non  encore  dotées  de  la  lumière  brillante  du 
soleil.  Il  y  a  plus  :  l'herbe  et  Tanimal  existent  immanquable- 
ment aussi  dans  le  soleil,  puisque  le  soleil  renferme  en  lui- 
même  un  corps  opaque,  isolé  de  Penveloppe  qui  brille  à  sa 
surface. 

265.  —  L'herbe  et  les  plantes,  en  général,  qui  existaient 
au  troisième  jour,  avaient  naturellement  une  différence  quel- 
conque de  forme,  d'épaisseur  et  de  couleur,  comparativement 
à  ce  qu'elles  ont  été  à  partir  du  quatrième  jour;  elles  ne  pou- 
vaient prospérer  qu'à  l'aide  des  sucs  qui  leur  étaient  fournis 
par  leurs  racines  et  par  la  chaleur  de  la  terre;  il  leur  man- 
quait le  bienfait  de  la  lumière  du  soleil,  ainsi  que  la  rosée  que 
ses  rayons  échauffent  sur  les  feuilles  et  sur  les  branches,  et 
qui ,  de  nos  jours ,  fournit  une  seconde  nourriture  aux 
plantes. 

Cette  privation  du  soleil  a-t-elle  été  un  bien  ou  an  mal 
pour  le  règne  végétal  ? 

Comme  Te  soleil  est  utile  aux  plantes  lorsqu'il  agit  concur- 
remment avec  l'humidité,  mais  qu'il  dessèche  les  feuilles  jus- 
qu'à extinction  quand  il  les  frappe  de  sa  chaleur  isolée,  il 
semblerait  que  le  règne  végétal  n'a  rien  gagné,  pour  lui-même, 
à  la  présence  du  soleil,  puisque  les  arbres,  les  plantes  et 
l'herbe  étaient,  pendant  toute  la  durée  de  la  troisième  journée, 
comme  nous  l'avons  déjà  reconnu,  énormément  plus  grands 
et  gros  qu'ils  ne  l'ont  été  par  la  suite,  et  qu'enfin  tous  les  vé- 


tSO  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 

gétaux  o»t  éprouvé  une  décroissance  sensible  à  chaqve  renou- 
vellement d'époque* 

266.  —  Tout  étant  relatif,  les  animaux  qui  se  nourissaienl 
de  ces  végétaux  ne  trouvèrent  plus  un  aliment  convenable  à 
leur  coQsiilution  dans  les  herbes  nouvelles;,  dont  la  substance 
et  le  goût  étaient  altérés  pour  eux  :  la  différence  de  cette 
nourriture  causa  nécessairement  une  différence  dans  la  qualité 
des  animaux  et  dans  leur  taille  ;  ainsi  les  êtres  durent  décroître 
h  chaque  époque,  et  la  décroissance  dans  la  taille  des  individus 
du  règne  animal  fut  en  proportion  de  la  taille  des  arbres  et 
(tes  herbes,,  c'est-à-dire  en  raison  de  la  décroissance  du  r^oe 
végétal. 

267.  —  On  doit  donc  remarquer,  dans  le  règne  végétal 
primitif,  cette  particularité  extraordinaire,  quil  a  commencé 
par  ^ire  gigantesque,  colossal,  à  son  enfance,  et  qu'en  avan- 
çant en  âge  avec  le&  époques,  il  a  été  en  se  rapetissant  pour 
devenir  nain  à  son  âge  robuste. 

Les  phases  de  ces  altérations  et  leurs  causes  nous  dévoilent 
un  secret  de  la  nature,  secret  important  qui  nous  montre  com- 
biea  la  Providence  a  soin  d'imprimer  la  loi  du  progrès  dans 
toutes  les  élaborations  de  la  matière. 

La  transformation  des  végétaux,  dans  leur  déclinaison  pro- 
gressive, était  un  bienfait  que  la  nature  préparait  en  faveur 
des  êtres  plus  nobles  du  règne  animal  qui  devaient  venir  sur 
la  terre  aux  époques  suivantes. 

Les  végétaux,  à  Fombre  ou  dans  les  ténèbres  de  la  nuit, 
émettent  des  miasmes  mortels,  tandis  qu*au  contact  du  soleil 
ils  exhalent  le  parfum  et  la  fraîcheur.  Par  conséquent,,  lorsque 
Tastre  du  soleil  n'était  pas  encore  apparent  sur  la  terre.  Té- 
manalion  des  plantes  était  pernicieuse,  leurs  miasmes  tom- 
baient épaissis  sur  le  sol,  formant  un  engrais  abondant  pour 
faire  pousser  les  troncs  et  les  tiges  d'une  végétation  colossale, 
mais  a  la  condition  d'empoisonner  l'air;  cet  air  n'était  alors 


DU    RÈGNE    VÉGÉTAL.  151 

respirable  que  pour  les  monstres  géants,  qui  seuls  pouvaient 
vivre  dans  un  pareil  élément  et  se  nourrir  de  cette  qualité 
d'herbe. 

268.  —  En  effet,  avec  la  disparition  des  végétaux  gigan- 
tesques, ont  dû  disparaître  les  animaux  géants,  ces  grands 
sauriens,  ces  immenses  amphibies;  ces  monstrueux  crapauds 
dont  les  formes  hideuses  ne  pouvaient  provenir  que  d'un 
climat  pestilentiel,  et  qui  ont  soulagé  la  terre  de  leur  horrible 
présence,  pour  faire  place  à  d'autres  êtres  de  physionomie 
plus  agréable,  et  en  rapport  avec  la  nouvelle  face  que  présen- 
tait lé  sol  à  la  quatrième  époque. 

269.  —  Le  règne  végétal,  au  deuxième  et  au  Iroisième 
jour,  avait  donc  empoisonné  Tair,  qui  restait  dans  une  at- 
mosphère comprimée;  cet  air  alors  ne  pouvait  être  composé 
que  d'azote  et  de  carbone;  l'oxygène  s'est  développé  après 
que  le  ciel  a  été  entièrement  découvert,  et  que  la  lumière  du 
soleil  a  contribué  au  changement  bienfaisant  de  la  surface  de 
la  terre,  ainsi  que  la  Bible  nous  l'enseigne. 

C'est  donc  au  contact  de  Tair  par  le  soleil,  et  à  celui  des 
plantes  par  sa  lumièiçe,  que  le  règne  végétal  doit  la  dimi- 
nution de  la  taille  de  ses  êtres,  en  même  temps  que  le  per- 
fectionnement de  leurs  qualités. 

Les  végétaux  primitifs  de  taille  colossale  ne  pouvaient  être 
que  mous  et  peu  consistants  ;  le  soleil  vint  fortifier  les  ra- 
cines, resserrer  les  fibres  des  arbres  et  les  consolider;  c'était 
le  progrès,  et  Télaboiatibn  d'une  nourriture  plus  puissante 
pour  des  animaux  moins  gigantesques,  il  est  vrai,  mais  des- 
tinés à  être  plus  forts,  et  d'une  forme  plus  perfectionnée. 

270.  —  La  nature  est  si  loin  de  faire  mystère  de  ses  œuvres, 
qu'elle  en  écrit  les  détails  partout  ;  il  suffit  de  suivre  les 
anneaux  de  la  grande  chaîne,  pour  se  rendre  compte  de  cha- 
que événement  qui  s'est  opéré  depuis  le  premier  jour  de  la 
formation  jusqu'à  nos  jours. 


152  QUATRIÈME   ÉPOQUE. 

Pour  preuve  de  ce  que  nous  venons  de  dire,  s'il  ne  suf- 
fisait pas  de  la  disparition  des  êtres  géants,  dont  les  formes 
hideuses  nous  ont  été  transmises  par  les  poètes  de  Tantiquité, 
par  les  idoles  des  païens,  et  que  nous  retrouvons  en  partie 
dans  les  espèces  infiniment  petites  des  crapauds  ou  des  lé- 
zards de  nos  marais  actuels,  le  règne  végétal  lui-même 
nous  Tattesterait;  car  si  la  lumière  du  soleil  a  modifié  ses 
qualités,  elle  ne  lui  a  pas  enlevé  le  principe  de  sa  constitution 
primitive;  les  pinntes  nous  Tindiquent,  puisque  pendant  la 
nuit  ou  dans  Tobscurité,  elles  donneni  des  exhalaisons  mé- 
phitiques, tandis  qu  au  jour  et  en  pleine  lumière  du  soleil, 
les  mêmes  plantes  exhalent  un  agréable  parfum. 

Pour  s'en  convaincre,  on  peut  faire  Texpérience  suivante: 
qu'on  tienne  dans  une  chambre  fermée  et  obscure  des  plantes 
ou  des  végétaux  de  quelque  espèce  que  ce  soit,  au  bout  de 
trois  à  quatre  heures,  on  y  reconnaîtra  des  émanations  per- 
nicieuses. 

Si  un  homme  veut  dormir  dans  une  chambre  remplie  de 
végétaux,  ou  même  des  fleurs  les  plus  brillantes,  en  peu  de 
temps  sa  santé  s'altérera,  ses  poumons  se  vicieront,  et  il 
succombera  à  une  mort  prématurée. 

271.  — Cependant,  le  règne  végétal  n'est  pas  seulement 
approprié  à  la  nourriture  du  règne  animal  ;  fils  de  la  terre,  il 
est  aussi  chargé  d'entretenir  la  correspondance  entre  l'exté- 
rieur et  l'intérieur  de  sa  mère;  c'est  pour  Therbe  et  les  plan- 
tes que  rhumus  vient  se  filtrer  et  imbibe  d'une  fraîcheur 
humide  et  fécondante  la  piemière  couche  du  sol  terrestre  ; 
c'est  par  les  arbres  que  s'établissent  les  relations  électriques 
entre  les  régions  atmosphériques  et  la  surface  du  globe  de  nos 
jours. 

Il  y  a  dans  les  végétaux,  comme  dans  les  minéraux  et  dans 
les  animaux,  une  chaîne  d'affinité  dont  les  anneaux  condui- 
sent insensiblement  à  la  liaison  de  tous  les  êtres;  l'électricité 
qui  existe  dans  tous  ces  anneaux  produit  des  phénomènes 


DU    RÈGNE    VÉGÉTAL.  153 

particuliers  qui  coimnandent  notre  admiration  Que  dire,  en 
effet,  de  ces  plantes  sensitives  qui  semblent  annoncer  qu'elles 
aussi  ont  des  sensations,  et  qui ,  faute  de  pouvoir  se  transpor- 
ter, nous  indiquent  cependant  par  des  signes  visibles  leur 
caractère  sensible,  preuve  que  leurs  fibres  plus  délicates 
obéissent  ostensiblement  à  l'impulsion  de  Télectricité  ?  Parmi 
ces  plantes,  il  y  a  le  tournesol,  qui  incline  toujours  sa  corolle 
vers  la  face  du  soleil;  il  y  en  a  d'autres,  dans  la  classe  des 
héliotropes,  qui  suivent  tellement  Tastre  du  jour,  que  le  ma- 
tin elles  se  tournent  vers  l'orient,  à  midi  vers  le  sud  et  le  soir 
vers  l'occident;  d'autres  se  ferment,  à  des  heures  déterminées 
du  jour  et  de  la  nuit  ;  d'autres  plantes  s'ouvrent  pendant  le 
jour  tandis  que  la  nuit  elles  se  plient  et  se  ferment  ;  et  cette 
plante  apportée  du  Coromandel  par  Forster,  compagnon  de 
voyage  de  Cook,  dont  les  feuilles  et  les  rameaux  même,  par 
l'effet  d'une  force  interne,  s'abaissent,  s'élèvent,  se  retour- 
nent de  tous  côtés  pendant  le  jour  et  dorment  pendant  la 
nuit!  C'est  le  fluide  électrique  qui  agit,  et  la  nature  sensible  de 
ces  êtres  nous  le  manifeste. 

272.  —  Le  règne  végétal  ayant  eu  part  directement  à  la 
consoUdation  de  la  terre  et  à  la  formation  des  naétaux  par 
l'immense  quantité  de  matières  qu'il  y  a  fournies,  se  trouve 
identifié  au  corps  général  du  globe  et  jusqu'à  son  centre 
parles  effets  de  son  intervention;  c'est-à-dire,  qu'indépen- 
damment de  sa  masse  solide  et  de  son  carbone  de  plantes 
primitives,  il  y  a  l'essence  de  son  suc  gazeux  qui  res- 
tera perpétuellement  mélangé  aux  atomes  des  métaux  so- 
lides, comme  aux  atomes  élastiques  de  l'atmosphère  qui 
font  partie  intégrante  du  globe  tout  autour  de  la  surface 
de  la  terre. 

273.  —  Cet  amalgame  permanent  d'atomes  tient  la  cor- 
respondance intime  entre  le  centre  du  globe  et  les  régions  de 
l'atmosphère  ;  c'est  cette  liaison ,  cette  affinité  invariable  qui, 


154  QUATRIÈME    ÉPOQUE.' 

à  son  point  culminant  extérieur,  Hxe  les  bornes  de  l'atmos- 
phère jusqu'à  son  épiderme  (n°  240). 

C'est  encore  celte  liaison  directe  qui  transmet  les  fluides 
électriques  qui  parlent  du  sol  et  s  élèvent  dans  les  hautes  ré- 
gions  de  l'air  en  présentant  les  mêmes  signes  caractéristiques 
que  ceux  qui  parlent  de  ratmosphère  dans  la  direction  de  la 
terre. 

Le  règne  végétal ,  toujours  actif,  engendre  constamment  de 
nouveaux  fluides  qui  coopèrent  aux  phénomènes  toutes  les  fois 
qu'ils  se  rencontrent  avec  ceux  qui  sortent  de  la  terre,  ou  ceux 
qui  sont  destinés  à  y  entrer. 

Le  règne  végétal ,  comme  le  règne  animal,,'  fournissant  sans 
cesse  des  matières  à  l'intérieur  de  la  terre,  alimente  perpé- 
tuellement l'action  des  fluides  électriques;  et  la  cime  des  ar- 
bres, ou  les  pointes  des  branches  ou  même  des  herbes  en  sont 
généralement  les  conducteurs. 

274.  • —  Nous  ne  parlerons  pas  du  règne  végétal  de  notre 
sixième  journée ,  c'est-à-dire  de  celui  de  nos  jours,  ni  de  la 
qualité  des  plantes  actuelles  ;  nous  renvoyons  aux  ouvrages 
de  botanique,  nous  bornant  à  dire  ici  que  le  principe  de  leur 
existence  a  toujours  été  le  même  ;  que  si  elles  ont  changé  de 
taille  et  même  de  qualité ,  elles  ont  pourtant  toujours  conservé 
leur  forme  et  leur  propriété  essentielle;  que  leur  apparente 
destination  actuelle  est  de  produire  des  fruits  pour  la  nourri- 
ture du  règne  animal ,  et  des  fluides  pour  les  travaux  de  l'air  ; 
que  toutes  les  plantes,  lorsqu'elles  sont  sèches,  perdent  l'ap- 
titude à  la  commotion  électrique ,  mais  que  si  on  leur  rend  de 
rhumidité  en  les  plongeant  pendant  quelque  temps  dans  une 
eau  stagnante  ou  en  les  exposant  à  la  vapeur  aqueuse,  alors 
elles  reprendront  leur  faculté  primitive. 

Aussi,  toutes  les  plantes,  à  leur  état  naturel,  sont  d'excel- 
lents conducteurs  d'électricité.  On  peut  de  là  inférer  la  prodi- 
gieuse influence  que  le  règne  végétal  a  eue  sur  la  terre  à  la 


DU    REGNE    VÉGÉTAL.  155 

troisième  journée,  où  le  globe  était  d'une  étendue  dix  fois  plus 
grande  qu'il  ne  Test  aujourd'hui. 

275.  —  Avant  de  quitter  le  règne  végétal  pour  examiner 
les  astres,  qui  sont  venus  à  cette  quatrième  journée  améliorer 
sa  nature,  jetons  un  regard  rétrospectif  sur  ce  grand  règne  de 
la  troisième  journée.  En  considérant  l'imposante  quantité  de 
forêts  colossales  qui,  à  un  moment  donné,  ont  été  englouties 
dans  les  entrailles  de  la  terre,  et  en  voyant  de  nos  jours  ces 
immenses  dépôts  de  charbon  ,  de  roches ,  de  lignites  et  de 
tourbes  qui  abondent  presque  sous  toute  la  croûte  de  la  terre, 
à  tel  point  que  les  seules  mines  de  Newcastle,  en  Angleterre, 
qui  en  fournissent  chaque  année  des  chargements  par  millions 
détonnes,  pourront  en  fournir  ainsi  pendant  deux  mille  ans 
encore  avant  de  s'épuiser,  ne  serait-on  pas  tenté  de  croire  que 
la  nature  a  voulu  préparer  d'avance  le  combustible  que  la  race 
humaine  serait  appelée  à  consommer? 

Ne  pourrait-on  même  pas  supposer  que  la  nature  prévoyait 
qu'au  bout  d'un  millier  de  siècles  l'homme  inventerait  des 
machines  à  vapeur  qui  utiliseraient  ces  houilles  qu'elle  allait 
lui  préparer,  et  sans  lesquelles  il  eût  été  bien  embarrassé  pour 
activer  Ja  jofiarche  de  ses  bateaux-à  vapeur  et  des  locomotives 
de  ses  chemins  de  fer  ? 

Mais  qui  sait  combien  d'autres  matériaux  la  terre  conserve 
encore  à  la  disposition  de  l'homme?  Et  indépendamment  de 
la  terre^  n'avons-nous  pas  l'air  et  l'eau,  qui  offrent  à  notre 
industrie  des  champs  encore  inexploités?  La  nature  a  tant 
fait,  tant  préparé  pour  les  siècles  à  venir  !  Le  génie  de  l'homme 
06  manquera  pas,  sans  doute,  de  pénétrer  tous  les  secrets 
qu'elle  offre  généreusement  à  ses  recherches  et  à  ses  exploi- 
tations. 


156  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 


CHAPITRE  XVII 

lie  ISolell  suivant  les  opinions  s^nérales. 

Sommaire.  —  Remplacements  successifs  des  végétaux,  276.  —  Questions 
à  résoudre  au  sujet  du  soleil,  277.  —  Opinions  des  philosophes  et  des 
savants ,  278.  —  Opinions  concernant  les  taches  du  soleil ,  279.  — 
Opinions  sur  Tenveloppe  lumineuse,  280.  —  Alimentation^  du  soleil, 
suivant  Newton;  erreur  évidente,  281.  —  Nécessité  d'alimentation  du 
soleil,  282.  —  Silence  des  savants;  ordre  à  suivre  dans  la  solution 
de  ces  problèmes,  283.  —  Origine  et  formation  du  soleil,  286.  — 
Son  alimentation  réelle ,  285.  —  Sources  et  proportions  des  molé- 
cules ,  286.  —  Échange  d'émanations  entre  le  soleil  et  les  planètes , 
287.  —Purification  des  fluides  dans  le  soleil,  288.  —  Comètes,  280. 

—  Opinions  sur  la  formation  de  la  chaleur  el  de  la  lumière;   théorie 
des  ondulations,  290.  —  Constitution  du  soleil  suivant  Herschell,  291. 

—  Habitants  du  soleil,  292.  —  Explication  des  modernes,  293. 

276.  —  La  quatrième  journée,  par  conséquent,  se  borne  à 
présenter  à  notre  imagination  l'antique  magnificence  de  ses 
arbres  gigantesques  et  de  ses  plantes  qui  poussaient,  orgueil- 
leuses, sous  la  puissante  influence  des  lumières  célestes.  Leur 
venue  sur  la  terre  concordait  avec  celle  des  myriades  d'ani- 
maux auxquels  elles  ont  servi  de  pâture;  puis  elles  ont  fini 
par  rentrer  dans  la  terre  et  disparaître  pour  faire  place  à  de 
nouveaux  rejetons  qui,  à  leur  tour,  ont  été  remplacés,  dans 
les  siècles  successifs,  par  des  espèces  de  plus  en  plus  dimi- 
nuées de  taille,  en  proportion  du  rétrécissement  du  globe, 
mais  allant  toujours  en  se  perfectionnant,  car  le  renouvelle- 
ment des  choses,  en  vue  de  la  perfection,  est  la  loi  du  progrès. 

277.  —  Ce  qui  doit  encore  nous  occuper  dans  cette  qua- 
trième journée,  c'est  l'examen  des  astres  annoncés  par  la 
Bible.  Nous  avons  pris  l'engagement  (n**  35)  de  revenir  sur 
le  soleil;  nous  avons  promis  aussi  quelques  explications  tou- 


DU    SOLEIL.  157 

chant  Saturne,  pris  comme  terme  de  comparaison  avec  notre 
planète.  Venons  d'abord  au  soleil. 

Cet  astre  aujourd'hui,  dans  notre  sixième  époque,  fonc- 
tionne précisément  comme  il  fonctionnait  au  quatrième  jour 
de  la  Bible,  bien  que  l'espace  de  temps  que  nous  avons  admis 
dans  cet  exposé  soit  au  minimum  de  huit  cents  siècles,  de- 
puis ce  quatrième  jour  jusqu'au  moment  où  nous  écrivons. 
Ce  soleil,  dont  le  rayon  est  112  fois  celui  de  la  lerre,  et  le 
volume  1,404,928  fois  celui  de  notre  globe;  ce  soleil,  tou- 
jours le  même,  toujours  prêt  à  nous  transmettre  généreuse- 
ment sa  lumière,  de  quoi  se  compose-t-il  et  quelle  est  la  ma- 
tière qu'il  emploie  pour  former  cette  grande  chaleur  qu'il 
rayonne  et  sans  laquelle  nous  ne  pourrions  pas  exister  sur  la 
terre?  Qui  lui  en  fournit  l'aliment? 

278.  —  Dès  la  plus  haute  antiquité,  tous  les  philosophes 
s'accordaient  à  dire  que  le  soleil  était  un  feu  continuel. 

Anaximandre  le  proclamait  un  feu  pur;  ânâxagore  le  con- 
sidérait comme  une  pierre  enflammée  ou  même  un  fer  chaud  ; 
celui-ci  ne  s'inquiétait  pas  de  savoir  si  une  pierre  ou  un  fer 
chaud  pouvait  naturellement  se  refroidir  ;  et  le  premier,  pas 
plus  que  tous  les  autres  philosophes  de  son  opinion,  ne  cher- 
chait point  à  connaître  la  nature  du  combustible  nécessaire 
pour  alimenter  ce  grand  feu. 

Ânaxagore,  cependant,  soutenait  que  le  soleil  était  plus 
grand  qu'il  ne  paraissait  Têtre  ;  il  publia  même  qu'il  était 
plus  grand  que  le  Péloponèse.  Toute  la  population  d'Athènes 
se  récria  contre  une  telle  impiété,  et,  pour  le  punir  de  son 
audace,  on  le  jeta  en  prison,  on  lui  fit  un  procès,  et  il  fut 
condamné  à  mort.  Ce  fut  à  grand' peine  que  Périclès  obtint 
pour  lui  la  commutation  de  la  peine  de  mort  en  celle  de  Texil. 

Plutabque  attribue  à  Épicure  l'opinion  que  le  soleil  était 
une  masse  terrestre,  percée  à  jour  comme  une  énorme  pierre 
ponce,  et  dans  un  état  incandescent  ;  de  ses  trous  sortaient 
les  rayons  qui  nous  arrivent  sur  la  terre. 


158  QUATRIÈME   ÉPOQUE. 

Archélaus  disait  que  le  soleil  était  une  étoile  surpassant  en 
grandeur  toutes  les  autres. 

ZENON,  le  chef  des  stoïciens,  enseignait  que  le  soleil  était 
un  feu  pur  plus  grand  que  la  terre. 

Newton  affirme  que  le  soleil  est  une  masse,  et  que  les  co- 
mètes approchent  quelquefois  si  près  du  soleil,  qu'elles  se 
trouvent  embrasées  d'une  chaleur  deux  mille  fois  plus  grande 
que  celle  d'un  fer  prêt  à  fondre,  et  qu'il  leur  faut  cinquante 
mille  ans  pour  seYefroidir. 

Sir  John  Herschell  écrivait  en  1828  «  que  la  chaleur  pro- 
«  duite  par  les  rayons  du  soleil  sur  notre  globe,  qui  en  est 
«  éloigné  de  trente-quatre  millions  de  lieues,  est  cependant 
c(  si  considérable  que  Ton  doit  croire  que  la  surface  de  cet 
c(  astre  est  dans  un  degré  d'incandescence  qui  passe  toute 
«  imngination.  »   (Philosophical  Transactions,) 

279.  —  Les  observations  des  modernes  ont  découvert  des 
taches  dans  le  soleil;  ces  taches  se  montrent  et  disparaissent  ; 
quelquefois  elles  sont  très-grandes,  aussi  grandes  que  cinq, 
dix,  quinze,  et  même  vingt  fois  notre  globe.  Sgheiner  les 
considérait  comme  des  volcans  en  pleine  activilé. 

Hevelius  voulait  que  le  soleil  fût  entouré  d'un  océan  de 
feu,  ayant  ses  mouvements  tumultueux,  ses  abîmes  et  ses. 
brisants,  et  avec  une  atmosphère  sujette  à  des  générations  et 
à  des  corruptions  analogues  à  celles  que  produit  l'atmosphère 
terrestre. 

KiRKER  compose  le  soleil  de  la  matière  la  plus  dense  qui 
soit  au  monde  ;  sa  masse  forme  un  globe  immense  de  métal 
embrasé  qui  darde  en  ligne  droite,  de  toutes  parts  de  sa  sur- 
face, des  feux  aigus,  pénétrants,  dévorants,  et  qui  s'alimentent 
de  la  matière  même  de  l'astre. 

Derham  dit  que  les  taches  solaires  sont  l'effet  d'éruptions 
volcaniques,  et  qu'elles  sont  formées  par  la  fumée  et  les  sco- 
ries que  vomissent  les  cratères. 


DU    SOLEIL.  159 

Maupertuis  prétend  que  les  taches  sont  des  corps  qui  nagent 
dans  un  fluide  incandescent. 

Alexandre  Wilson,  1774,  établit  que  les  taches  ne  sont 
autre  chose  que  des  excavations,  au  fond  desquelles  se  trouve 
le  noyau  de  Tastre. 

280.  —  Lalande  avance  que  le  soleil  est  entouré  d'une 
matière  lumineuse,  éprouvant  un  flux  et  un  reflux.  Par  suite 
de  cette  marée,  il  se  présente  de  temps  en  temps  d'énormes 
rochers  à  la  surface  de  cet  océan  de  lumière  ;  ces  rochers 
prennent  ainsi  l'aspect  de  taches  noires,  tandis  que  leurs 
pentes  forment  les  pénombres  dans  les  endroits  où  la  ma- 
tière lumineuse  ofi're  le  moins  de  profondeur. 

BoDE  de  Berlin,  en  1776,  trouva  que  le  soleil  était  un*  corps 
obscur  comme  la  terre,  mais  recouvert  d'une  seconde  atmos- 
phère kl  mineuse. 

ëlliot,  en  1787,  croyait  que  la  lumière  du  soleil  prove- 
nait de  ce  qu'il  appelait  une  aurore  dense  et  universelle, 

William  Herscheix,  en  1795,  avait  adopté  Tidée  d'EUrot, 
en  déclarant  que  la  matière  qui  donne  au  soleil  son  éclat 
n  est  ni  un  liquide,  ni  un  fluide  élastique,  mais  bien  une 
couche  de  nuages  phosphoriques,  flottant  dans  l'atmosphère 
transparente  de  l'astre. 


281.  -^  Les  anciens  n'ont  jamais  indiqué,  ainsi  qu'on 
vient  de  le  voir,  comment  pouvait  s'alimenter  cet  immense 
corps  du  soleil  toujours  en  feu,  selon  eux. 

Il  n'y  a  que  Newton  qui  nous  ait  dit  qu£  les  comètes 
sont  la  matière  destinée  à  réparer  Us  pertes  du  soleil , 
attendu  que  le  soleil  et  les  étoiles  s'épuisent  par  des  émis- 
sions  continuelles  de  lumières  et  de  'vapeurs.  (  Principes  , 
livre  III,  prop.  42.) 

Chetne,  son  disciple,  prétend  même  que  la  lumière  et  la 
chaleur  du  soleil  avaient  été  pins  fortes  autrefois  que  de  nos 


160  QUATRIËMË     ÉPOQUE. 

jours,  parce  que,  disait-il,  le  soleil  se  dissipe,  et  la  matière 
dont  il  est  œmposé  s' épuise. 

Un  savant  plus  moderne,  M.  Waterston  (Hull,  1853),  sou- 
tient qu'il  tombe,  des  espaces  extra-planétaires,  sur  notre 
soleil  un  assez  grand  nombre  de  météores,  pour  engendrer  la 
somme  énorme  de  chaleur  actuellement  émise. 

Mais  ni  Tun  ni  l'autre  ne  font  nucun  calcul  pour  établir  la 
quantité  probable  de  combustible,  soit  en  comètes,  soit  en 
autres  corps,  qui  serait  nécessaire  pour  alimenter  le  feu  de 
cet  astre  immense. 

Le  fait  est  que  le  soleil,  ayant  un  rayon  112  fois  aussi  grand 
que  celui  de  la  terre,  et  un  volume  égalant  1,404,928  fois 
celui  du  globe,  et  répandant  le  feu  et  la  lumière  tout  autour 
de  lui,  devrait,  selon.  Newton,  consommer  par  jour,  en  raison 
de  sa  grandeur,  au  moins  la  masse  d'un  globe  du  volume  du 
nôtre,  soit  en  comètes,  soit  en  planètes,  et  de  cette  manière, 
depuis  le  quatrième  jour  de  sa  formation  ou  de  son  apparition» 
selon  la  Bible,  jusqu'aujourd'hui,  c'^st-à-dire  en  huit  cents 
siècles,  il  aurait  consommé  pour  sa  part  la  valeur  de  2,920,000 
planètes,  ou  comètes  du  volume  de  notre  globe,  indispensa- 
bles à  Tentrelien  de  son  combustible. 

Mais  comme  nous  ne  voyons  point  qu'une  si  énorme  quan- 
tité de  planètes  ou  de  comètes  ail  jamais  disparu  de  notre 
système  solaire,  il  est  très-probable  que  le  soleil  n'a  pas  eu 
besoin  de  ce  genre  d'aliment,  ni  d'une  pareille  quantité  de 
combustible. 


282.  —  Les  auteurs  plus  modernes  ne  nous  disent  pas  non 
plus  quel  est  l'aliment  nécessaire  au  soleil  pour  produire  son 
phosphore;  car,  en  acceptant  avec  Elliot  et  Herschell  l'hypo- 
thèse d'une  atmosphère  de  première,  seconde  et  troisième 
couche  autour  du  soleil,  il  est  dans  l'ordre  naturel  d'entrete- 
nir et  de  réparer  ce  qui  se  consomme  pour  produire  la  cha- 


DU    SOLEIL.  161 

leur  et  la;  lumière.  On  ne  peut  pas  supposer  que  la  matière 
phosphorique  reste  perpétuellement  fa  même,  ni  qu'elle  serve 
toujours  dans  les  mêmes  conditions  sans  altération;  une  telle 
idée  serait  contraire  aux  lois  de  la  nature,  qui  ne  permet  pas 
que  les  choses  restent  intactes  et  immobiles  :  tout  change,  se 
détruiLet  se  reconstruit  de  nouveau  pour  tous  les  corps  dans 
le  ciel  et  sur  la  terre;  par  conséquent,  le  principe  atmosphé- 
rique de  la  phosphorescence  ou  toute  autre  source  des  effets 
du  soleil  doivent  s'alimenter  périodiquement  d'une  façon  quel- 
conque, afin  qu'il  puisse. fournir  la  chaleur  et  la  lumière  à 
tous  les  corps  compris  dans  l'étendue  de  sa  constellation. 

L£S    PROBLÈMES. 

283.  —  Ne  trouvant  ni  dans  les  auteurs  anciens,  ni  dans 
les  modernes,  la  solution  de  ces  questions,  à  savoir  :  de  quoi  se 
compose  le  corps  du  soleil  et  quelle  est  la  source  de  son  ali- 
mentation, nous  allons  essayer  d'y  répondre  nous-méme. 

D'abord  le  soleil  est  incontestablement  un  si  grand;  corps, 
qu'il  pourrait  engloutir  un  million  et  demi  de  planètes  grandes 
comme  le  globe  que  nous  habitons. 

Il  devient  nécessaire  pour  nous  de  savoir,  avant  tout,  de 
quoi  est  composé  ce  corps  immense;  nous  verrons  ensuite 
quel  est  l'aliment  qui  lui  est  nécessaire  pour  transmettre  per- 
pétuellement sa  chaleur  et  sa  lumière,  et  enfin  qui  lui  four- 
nit cet  aliment  et  en  quelle  proportion  il  lui  arrive. 

284-  —  Le  premier  problème  concernant  la  nature  et  la 
composition. du  soleil  est  déjà  résolu  par  notre  système  uni- 
versel: le  corps  du  soleil  ne  peut  pas  avoir  une  origine  diffé- 
rente des  autres  corps  célestes.  Il  a  donc  été  formé  des  éma- 
nations superflues  provenant  des  astres  qui  existaient  avant 
lui,  c'est-à-dire  qu'il  s'est  forméjpréc^isément.comme  s'est 
formée  notre  planète  ;  seulement,  les  molécules  qui  ont  servi 
à  composer  le  soleil  ont  été  d'une  nature  un  peu  différente,  et 

11 


162  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 

sufltml  possédant  beaucoup  plàs  d'atÔnlés  piids^fiëHqiiéë,  ma- 
gnétiques et  électriques  que  ti'ên  ont  possédé  }eë  îttolëciiles 
servant  pour  la  formation  de  n<^tf é  globe. 

Cette  différence  dans  là  niaturé  dès  inoléisulés  pt'ittiitîveâ  du 
soleil  venait  de  la  différence  des  àstrèà  antérièiilW  ^tiil  les  àhi 
émslnées;  ceâ  molécules  ayant  leur  principe  s^éîéîal  avaient 
en  outre  plus  de  légèreté^  puisque  le  corps  du  sôféil^'est  ^t-^ 
rêté  daiis  sa  formation  à  une  ëpoque  où  il  n'avait  ertcoi^è  at- 
teint que  le  quart  de  la  densité  ott  de  Topacité  que  pi^ésente 
aujourd'hui  notre  terre  (1  ) . 

Ensuite  lé  corps  du  soleil  h  dû  être  dans  sêi  Mtistellalidn 
le  premier  qui  s'est  formé  sous  la  loi  d'un  astre  antérieur  qui 
protégea  sa  gravitation  dans  un  espace  vide  de  66  milliards 
de  lieues,  espace  où  il  domina  après  sa  formation,  et  d'où 
sîirgiréht  d'autres  éoi^ps  de  planètes  sûr  lesquels  il  devait  ré- 
pàhdré  là  luïrtlère  et  h  chaleur.  Étant  le  premier  qui  se  for- 
inait  danè  cet  Itnmènse  tourbillotî,  il  à  absorbé  tous  les  atomes 
homcigènes  à  ik  îiàlutè  lariiineuse  qui  se  trouvaient  errants 
dSiùi  ritilthèâsé  cercle  dé  ce  vide  qUé  iiôus  appelons  son  systëme 
Sôiaiirè  bli  U  bôtistèllàtiôh.  Placé  au  centre,  il  en  est  lé  ï^oi^  et 
tous  les  autres  globes  présente  et  futurs  lui  sont  subordonnés. 

285.  —  Le  second  problème  est  relatif  à  l'alimentation  du 
soleil.  Nous  disons  qu'il  doit  recevoir  nécessairement  et  cons- 
tamment les  substances  qui  l'alimentent;  mais  il  est  impos- 
sible d'admettre  que  pour  se  procurer  cet  aliment  il  absorbe 
ni  des  mondes,  ni  des  corps  solides  d'aucune  espèce.  D'abord 
là  seule  cbiinâissaUicè  dé  son  immense  circonférence  en  exclut 
la  possibilité ,  éar  un  globe  dé  là  grandeur  du  nôtre  ne  serait 
qu'un  petit  point  qui  couvrirait  un  coin  inà perceptible  du  so- 
leil et  i^roduîràit  juste  l'effet  d'un  petit  Caillou  sur  la  façade 
ffun  pklais.  !)ansde  tfeilèS  dliUfeâfeions  proportionnelles,  Tali- 
m^titm  gérait  pàfe  gêftmi,  èl  èï  l'aliment  tf était  pas  généW, 

(i)  Vwir  noire  tableau  11"  36. 


nu  SOLEIL.  163 

la  chaleur  ne  pourrait  pas  être  ëmme  de  lous  lès  pbiiifô  de  ta 
circonférence;  ensuite  un  corps  solide,  cotiime  le  sèrËiit  nôtre 
g^obe.»  ne  pourrait  pas  être  instantahëment  <;onverti  ete  ëtitt^ 
cdies^  quelles  que  soient  la  violence  et  la  force  du  feu  Sb1ai^e. 

Les  comètes  étant  composées  d'un  fluide  jgaiieùx  poumaitent, 
avec  plus  de  vraisemblance»  devenir  un  aliiâeui  pour  le  soleil, 
attendu  que  leurs  queues  pourraient,  à  la  rigueur,  s*a)^-«> 
quer  t<Nit  autour  du  «oleil  à  iHnstant  de  r^tttactkMt.  Ndû$ 
serions  donc  de  l'avis  de  Newtdu  en  oè  qui  regliHe  i^  to- 
inèies,  s'il  n'y  avait  pas  un  moyen  beautou^  plus  simple  et 
beaucoup  plus  rationnel  d'alimenter  le  soleil  suivant  Aotirè 
système  d'échange  des  molécules. 

Oui,  la  substance  qui  alimente  le  soleil  n'est  pas  uutre 
chose  que  les  molécules  qui  lui  sont  fournies  réguliteemeat^ 
comme  un  tribut,  par  les  émanations  des  planètes  et  de  tons 
les  corps  de  sa  constellation;  il  les  attire  et  les  reçoit  en 
échange  de  ses  propres  émissions. 

2(64  ^  he  troisième  proMètne  à  féso^dre»  après  àvoi^  dé^ 
(MLvert  l'aliment  du  soleil,  c'est  de  tnouv^r  dèns  quelle  ptib^ 
f^rimï  œt  aliment  lui  esl  fourni,  et  qut  tai  en  fôutnit  iè  plm^ 

KottS  «votes  déjà  dit  que  tous  les  corpt^-,  et  snirt&ut  les  p\k^ 
nètes  faisant  cortège  au  soleil ,  fournissent  par  lètirâ  énian^^ 
tiens  les  atomes  qui  vont  alimenter  le  feu  solaire;  la  propor- 
tion est  relative  à  la  masse  (1),  mais  la  quantité  est  grande^ 
énonne>  et  elle  augmente  toujours  à  mesure  que  se  forme  un 
nouveau  corps. 

La  part  d'aliment  que  donne  notre  globe  en  son  particulier 

(^)  Notre  globe  est  un  grain  de  sable  en  comparaison  de  Tunivers, 
tX  ibfi  pèn  de  bbosè  aussi  eh  face  du  soleil.  M.  Francœur,  dans  son 
-BVêÈtkefiHÈphiê^  dit  que  notre  terre,  placée  àù  milièU  du  Soleil,  nëigu- 
nmi  qm  «aMÉbl  ali  petit  liô^iM  au  Jûilieu  d'uâ  IrliH  t  Tdii^ile  entière 
dft  1»  lttne>  élaignée  de  95,600  lieuel  dîB  h  tèrr^  Éé  troutoràil  enfei^ 
mée  dans  Tintérieur  même  du  corps  solaire ,  à  n^itié  chemin,  à  peu 
près,  du  centre  à  la  surface. 


164  QUATRIÈME   ÉPOQUE. 

est  aussi  très-considérable;  les  émanalions  de  la  terre  que 
nous  avons  vues  se  purifier  dans  son  atmosphère,  et  dont  la 
quantité  nous,  sera  démontrée  dans  le  règne  suivant,  peuvent 
nous  en  donner  une  idée;  car  de  F  atmosphère  nous  ne  voyons 
retomber  sur  la  terre  que  les  parties  aqueuses  composées 
d'une  substance  unique,  tandis  que  les  émanations  compre- 
naient des  million^  de  substances  différentes;  donc,  la  sépa- 
ration qui  s'est  opérée  dans  Tair,  après  un  travail  de  division 
à. nous  inconnu,  a  fait  passer  la  plupart  de  ces  substances 
dans  une  région  supérieure,  notre  atmosphère  n'ayant  servi 
véritablement  que  d'instrument  de  criblage  et  de  rouie  de 
transit, 

287.  —  Rien  de  plus  juste  et  de  plus  rationnel  que  cette 
alimentation  du  soleil  par  les  planètes ,  et  en  général  par  les 
corps  de  sa  constellation,  auxquels  il  donne  la  chaleur,  la 
lumière  et  la  vie. 

La  nature  a  montré,  avec  une  clarté  trop  évidente,  ces  lois 
de  réciprocité,  d'échange,  de  production  et  reproduction,  de 
cicéatipn,  destruction  et  renouvellement,  pour  qu'il  nous  soit 
permis  de  douter  que  les,  émanations  dé  notre  globe  aient  une 
autre  destinçition  que  celle  qu'indiquent  l'ordre  et  les  besoins 
de  l'astre  dominateur. 

Il  réclame  donc  pour  lui,  directement,  les  émanations  des 
planètes,  après  qu'elles  ont  passé  au  criblage  de  leurs  atmo^ 
sphères,  où  elles  laissent  celles  des  parties  grossières  qui  doi- 
vent retomber, sur  chaque  globe  respectif. 

288.  —  Le  soleil  reçoit  donc  abondamment  de  ces  émana- 
tions, et  il  lui  en  arrive  de  tous  les  côtés,  car  il  est  au  centre  de 
sa  constellation.  Il  ne  consomme  rien  pourtant,  il  rend  tout 
ce. qu'il  reçoit,  mais  il  le  rend  purifié,  apte  aux  usages  nour 
veaux  ;  réchange  qui  s'opère  est  un  profit  pour  tous. 

Dans  l'atmosphère  du  soleil,  qui  est  immense,  il  y  a  un  la. 
boratoire  que  nous  pouvons  apprécier  seulement  par  notre 


*       .  DU   SOLEIL.  165 

imagination.  Nous  en  profitons,  et  voilà  notre  investigation 
terminée;  nous  jouissons  des  bienfaits  de  ses  rayons,  de  sa. 
chaleur  et  de  sa  lumière,  et  nous  deyx)ns  nous  borner  à-adaii- 
rer  et  reconnaître  qu'il  n'y  a  qu'-un  Dieu  qui  puisse  faire  un 
travail  si  magnifique. 

289.  —  Nous  pouvons  cependant  apercevoir,'  par  les  phé- 
nomènes qui  se  passent  autour  de  nous,  que  le  soleil  ne  suffit 
pas  pour  purifier  dans  son  atmosphère  la  totalité  des  molé- 
cules errantes  dans  Tespace;  car,  indépendamment  de  son  ac- 
tion, nous  devons  faire  compte  des  comètes  qui  voltigent 
autour  de  lui. 

'  Qu'est-ce  donc  que  ces  comètes?  Elles  sont,  comme  on  le 
verra,  le  résultat  de  Tasseniblage des  vapeurs  surabondantes 
qui,  s'unissant  en  masses,  font,  corps  et  marchent  indépen- 
dantes en  franchissant  même  toutes  les  constellations  (1). 

DE   LA   CHALEUR   ET   DE    LA   LUMIÈRE. 

w  i 

280.'  —  Nous  avons  expliqué  comment  s'est  formiélesoleil; 
nous  avons  découvert  l'élément  qui  le  nourrit  et  reconnu  les 
sources  qui  le  lui  fournissent.  Il  nous  reste  encore  à  savoir  si 
c'est  dans  son  foyer  que  se  forme  toute  cette  quantité  de  cha- 
leur et  de  lumière  qui  inonde  la  terre,  ainsi  que  les  autres 
planètes,  par  l'entremise  de  ses  rayons. 

Il  y  a  des  opinions  récentes  d'après  lesquelles  on  établit  (2) 
que  la  chaleur  du  soleil  est  un  développement  d'énergie  méca- 
nique qui,  dans  l'espace  d'un  siècle,  équivaut  à  une  force  vive 

(4)  11  y  a  des  astronomes  qui  croient  que  le  nombre  des  comètes  est 
incalculable;  un,  entre  autres,  prétend  qu'entre  Saturne  et  le  soleil 
on  peut  compter  cinq  cents  millions  de  comètes. 

(Voyez  Syêième  du  monde ,  ou  abrégé  des  lettres  cosmologiques  'de 
M.  Lamber:t,  page  49  ). 

(2)  M.  Thomson  de  Glascow,  et  M.  Joule. 


1($  QUATBIÈME   Ê^QQLE. 

C9|pf^la  4^  produire  le  mouvQme^i  de  toutes  les  planètes. 
Mais  U.  tjbéorie  la  pliJ^  ^cceptéQ  ^  QQlle  ^m  ondulatioas, 
c*est^Mii^e  qve  le  $(^il  n'éi«et  pa^  de  ^m  coip^  le  calorique 
ei  la  lumière»  i^ai^  q^  ^  pr^nœ  met  en  mouyemeot  et 
rend  dès  lors  sensibles  ces  deux  fluides  qui  existent  répandus 
dans  l'espace. 

291.-^  Celte  théorie,  Fesqn^e  géeéral^foeni  aci^epiée,  m 
donne  pourtant  pas  la  solution  des  problèmes  que  nous  «yen 
poséB;  elle  mérite»  tontefois»  que  nous  l'expliquions  arec 
quelques  détails  (1)« 

Herschell  admet  que  le  globe  du  soleil  se  compose  de  bms 
parties  :  Tune,  qui  en  serait  le  «idrpe  om  myw  obscur  ;  une 
seconde^  qui  serait  une  atmosphère  d'un  fluide  élastique 
supportant  une  eouohe  nuageuse  ;  puis,  enfin»  au-dessM^  de 
eeilehci,  la  eouehe  incandescente  ei  kimiiieuse^ 

Dans  cette  hypothèse,  le  célèbre  astionome  ne  fait  pas  dif- 
ficulté d'admettre  que  le  corps  du  soleil  pourrait  être  habité 
par  des  êtres  analogues  à  Thomme;  l'atmosphère  et  la  couche 
nuageuse  préserveraient  ces  habitants  de  la  chaleur  intense 
du  dame  qui  les  surmonte,  tout  en  laissant  pénétrer  jusqu'à 
eux  une  lumière  et  une  température  aufliaantc». 

292.  —  Nous  admettons,  avec  Herschell,  qu'il  y  a  des  ha- 
bitants dans  le  corps  opaque  central  du  soleil;  nous  ajouterons 
même  que  ce  corps  central  est  séparé  des  enveloppes  eité^ 
rieures  de  manière  à  n^être  point  affecté  par  l'éblottissement 

(i)  Dans  le  Dictionnaire  de  la  conversation ,  l^article  soleil  ne  con- 
clut pas  non  plus  conformément  à  noire  question.  On  affirme  que  la 
chaleur  communiquée  à  la  terre  par  le  soleil  ne  se  manilesle  que  lors- 
«|ue  le  calorique  atteint  Patmosphère  et  la  terre  elte^méroe ,  et  que  cet 
agent  se  comporte  comme  le  fluide  électrique ,  en  produisant  le  phé^ 
Bomène  de  la  tumière  et  de  la  chmleur  lorsquUl  frappe  les  iiorps. 

Mais  pour  que  cet  agent  frappe  les  corps,  il  faut  qu'il  ait  un  coiidu«« 
teur  et  une  source  d'expansion  qui  deman()ent  h  leur  tour  up  i^iment. 


DU    i^OL£iL.  167 

de  1^  li^wière  Rj  piir  rftctioH  du  ^;  m  contwre,  la  dispoû- 
li^B  est  telle  que  les  êtr(iis  qui  Vliç^bitéiUdoîwot  jouii*  tf  un  bop 
climat,  et  que  l'intérieur  du  noy^ù  hpbiM  reçoit  sa  chaleur  de 
la  partie  extérieure,  à  l'inv^se  de  i^etre  gl^be,  qui  eOQ^rvè  son 
feu  perpétuel  daps  ^on  ceptre^ 

Les  iach^3  gran.des  et  ^ombreuses  que  nous  \oym^  ii  Vn^ 
t^rîçiir  du  iBQleil  indique^nt  des  ouv^f tur^s  ^fis  doute  niéeeà- 
mn^  k  Ipieû^ditle^  d^  êtres  babH«iit  lie  eori^  opaque  de 
r^fe;  afi»  babitç^pt^  m\  \mHn  d^  raw^rer  açmm^  \em  terfo 
%  be$^  d'épettre  ses  écota^ations;  doQC  Tépuriitioa  ^  \eim 
inoléq^liss  doit  se  faire  dans  un^  atmosphère  intofmédiairequi 
assure  Tordre  et  le  bien-être  intérieur  en  même  temps  qu'elle 
déverse  aux  couches  extérieures  du  soleil  une  multitude  d'à-- 
tomes,  à  charge  de  rechange. 

Mais  les  réflexions  d'Herschell  ne  donnent  pas  encore  la 
solution  que  nous  cherchons  >  et  il  n^est  pas  présumable  que 
ce  célèbre  astronome  aiWpenséque  la  couche  qu'il  admet  in- 
candescenti» è  Tfti^ie^ suit  isiiMtÂle  ù»umet  surface,  car 
rien  ne  peut  rester  immobile  dans  la  nature. 

393.  — ^  D'autres  hypothèses,  et  ce  sont  les  plus  modernes, 
admettent  autour  du  soleil  trois  enveloppes  différentes;  d'abord 
un^  enveloppe  inférieure  gazeuse,  semblable  à  des  vapeiirs;. 
puis  une  enveloppe  lumineuse  d'où  émanent  la  lumière  et  la 
chaleur  rayonnante;  enfin  une  enveloppe  extérieure ,  on  at- 
mosphère, dans  laquelle  flottent  les  nuages. 

Ce  système  est  imaginé  pour  en  tirer  la  conséquence  que  la 
lufiiif^r^  ^t  la  chaleur  sont  traïasmi^s  pa^r  le^  ondulations  et 
non  pas  par  les  émissions  directes ,  qui  é^fii^nt  adpptée^  jufr- 
€p{%  ççs  derniers  t^napi^, 

NftPft  çonlÎMUpps  ïiofi  reejtierçhes  ^t  nous  trçuy^s  encore , 
P  qu'on  a  calculé  qw*  ]^  Imaaièr^  arrive  (Jii  ^^\  à  Ijsi  |fiFF§ 

%Y£iç  m^  vitesse  de  »  mWum  4fl  ^m^  m  iwbmAç»  m  7?iW)o 

lime»  par  sacopde;  !î"  qi|e  Tatpjosnh^e  ijpparen^e  dM  s^if 


168  QUÀTRlÈMiS    ÉPOQUE. 

(ce  sera  sans  doute  la  troisième  ou  re)Ltërieure)se  pm^te  ju»- 
qu'à  neuf  vingtièmes  de  la  distance  de  cet  astre  àMercwM, 
ou  environ  à  6  millions  de  lieues  de  hauteur... 

Ici  nous  devons  nous  arrêter,  car  il  nous  semble  quil  y  a 
une  contradiction  dans  les  déductions;  et  en  effet,  si  l'on  veut 
que  rincandescencé  se  tienne  dans  le  soleil,  l'ondulation  sera 
interceptée  en  route  ou  retardée  par  une  atmosphère  de  6  mil- 
lions de  lieues;  donc  y  ou  l'atmosi^ère  en  question  n'existe 
pas  comme  on  le  présume ,  ou  Torigine  de  la  lumière  et  de  la 
chaleur  est  différente;  msâs  cette  atmosphère  existant,  elle 
serait  elle-même  le  grand  laboratoire  de  Tincandescence. 


CHAPITRE  XVIII 

!!■  Soleil  dMiivant  noire  «ystèiiie. 

SoMMAiBB.  —  Notre  opinion  concernant  le  soleil,  294.  —  Développement 
de  notre  système,  295.  —  Conséquences,  gravitation,  296.  —  Expansion 
des  fluides  solaires,  297.  —  Agent  particulier  entre  le  soleil  et  notre 
atmosphère,  298.  —  Ondulations,  émissions  ou  rayonnement,  299.  — 
Caractère  du  feu  solaire  ;  note  L ,  application  des  miroirs  solaires,  300. 
—  Action  des  rayons,  301.  —  Marche  de  la  lumière,  302.  —  Propor- 
tions des  principes  lumineux  et  calorifiques  dans  l'atmosphère,  303.  — 
Du  phosphore  terrestre,  304.  —  Des  taches  du  soleil,  305.  —  Expli- 
cation de  ce  phénomène ,  306 ,  307,  308. 

• 

294.  —  Voici  notre  opinion  sur  la  création  du  soleil  et  ses 
propriétés  originelles. 

Le  soleil,  dans  sa  grandeur  actuelle,  mesurant  1,404,924 
fois  le  volume  de  notre  globe,  est  le  corps  qui  a  été  formé  le 
premier  dans  l'espace  de  sa  constellation. 

Sa  masse  actuelle  est  une  indication  d'une  grande  valeur 
pour  nous  faire  concevoir  l'énorme  quantité  de  molécules  qui 


DU   SOLEIL.  169 

se  sont  rencontrées  au  moment  de  la  formation  de  ce  corps 
ofrioissal,  sur  le  point  de  l'espace  où  il  siège  maintenant,  et 
qui  devait  être  le  centre  de  sa  domination. 

A  ce  point,  il  n'y  avait  auparavant  que  des  molécules  pro- 
venant d'autres  astres,  et,  pour  ainsi  dire,  en  état  de  vaga- 
bondage. Leur  union  s'est  opérée  d'après  les  lois  générales 
que  nous  avons  expliquées  dans  la  formation  de  notre  planète. 
Leur  assemblage  sur  une  énorme  échelle  a  constitué  ce  grand 
corps.  Mais  les  évolutions  primitives  de  ce  corps,  sa  rotation, 
sa  chaleur,  son  feu,  tout  a  été  formé  en  sens  inverse  de  la 
méthode  de  formation  des  planètes. 

Ainsi,  son  noyau  a  été  refroidi  le  premier,  puis  se  sont  siic- 
4sessivement  refroidies  plusieurs  couchés  qui  Tenveloppaient 
à  la  preniière  époque  de  sa  formation.  Le  feu  se  fixa  sur  les 
dernières  couches  de  l'enveloppe  extérieure,  qui  attirait  à 
elle  tous  les  atomes  phosphorescents ,  électriques  et  magné- 
tiques. 

Ainsi,  la  diflTérence  essentielle  qu'il  y  a  entre  les  planètes  et 
le  soleil,  c'est  que  celui-ci  possède  a  l'extérieur  le  feu  et  les 

PROPRIÉTÉS  QUE  LES  PREMIÈRES  CONTIENNEIH'  DANS  LEUR  CENTRE. 

295.  —  La  boule  centrale  de  ce  grand  corps  a  formé  un  globe 
habitable  d'elle-même,  comme  nous  l'avons  vu  n^  292.  Ce 
globe  est  séparé  d'une  enveloppe  qui  a  composé  et  qui  est  tou- 
jours son  atmosphère ,  laquelle  est  dominée  par  une  autre  en- 
veloppe infiniment  plus  considérable  en  volume  et  en  densité. 

Cette  dernière  enveloppe,  entièrement  composée  de  molé- 
cules spéciales,  s'est  divisée  en  plusieurs  couches  ou  régions, 
chacune  formée  aussi  d'une  spécialité  d'atomes ,  de  manière 
que  le^s  plus  énergiques,  les  plus  phosphorescents  avec  le 
fluide  électrique  et  magnétique  dominent  la  croûte  exté- 
rieure. 

Cette  enveloppe  ne  peut  guère  être,  en  raison  de  la  nature 
de  ses  molécules  primordiales,  d'une  épaisseur  moindre  que 
la  moitié  du  diamètre  du  corps  total  du  soleil. 


170  QUATHlÀMii;   ÉPOQUE. 

Par  cette  clispo^iiion^  cette  gr%ii4e  m^ase  %\  développéft-oa 
surface,  et  totfilement  compulsée  4e  loagoétUme,  de  pbe»- 
phore  et  d'électricités  devait  dominer,  par  sa  puiasaûee  d'atr 
traction  et^de  répulsion,  Vordra  entier  des  planètea, 

11  est  évident  que  cette  composition  de  la  couebe  extërtenre 
dtt  soleil  est  une  «latièré  ignée  d'une  activité  plus  pénétrante 
que  le  feu  le  plus  vif  qu'on  puisse  imaginer. 

On  conçoit  qu^  cette  oompoaitionse'inaiQtienieonatamBieiit 
dans  le  degré  relatif  et  nécessaire  pmr  fournir  aus  planètes 
la  dose  qu'il  leur  faut  en  ohsileur»  lumière  et  éleelrîeitéi 
que  raugmentation  ou  la  diminution  des  oorpa  dépeadanta  dn 
syalème  soteire  fait  augmenter  ou  diminuer  l'élâ»ent:  lumi- 
neux ;  que  cet  élément  sa  compose  et  se  renouvelle  eonfitant^ 
ment  et  régulièrement  dans  la  couclie  ou  région  extérieure  du 
soleil  ;  que  le  renouvellement  du  fluide  solaire  exige  le  renou^ 
vellemeiit  dea  matières  destinées  à  le  former  ;  par  conaéfueftl, 
ces  matières  doivent  lui  parvenir  de  quelque  part. 

Or,  nou$  avons  vu,  numéros  285  et  suivants,  d'où  et  corn- 
nient  eUos  lui  parviennent. 

296.  —  Ainsi,  cet  astre  gigantesque,  resté  dans  l'espace, 
au  centre  de  son  tourbillon,  dominant  par  sa  masse  et  sa  force 
d^attraction^  par  son  feu,  et  par  ses  principes  magnétiques  et 
électriques,  toutes  les  planètes  venues  successivement  autoiiir 
de  lui,  devait  recevoir  d'elles  un  tribbt  de  soumission  ;  c'est- 
à-dire  qu'elles  devaient  tourner,  chacune  sur  son  propre  axe, 
en  voyageant  autour  du  grand  astre  par  des  chemins  nommés 
or6tYe«  ou  cowrôe*  eMijp^içwes. 

Par  la  même  toi,  les  satellites  durent  tourner  autour  de  leurs 
planètes  respectives. 

C'est  une  loi  de  la  pesanteur  que  la  masse  la  plus  forte  do- 
mine ;  or,  toutes  les  planètes  ensemble  ne  forment  pas  la 
masse  que  le  soleil  possède  en  lui  seul  ;  donc,  toutes  doivent 
lui  être  subordonnées. 


DU    SOLEIL.  \1\ 

Mais  comme  les  e^ps  p^nt  les  uqs  $uf  le$  autres  par 
Itiufs  mass^,  ils  tomberaient  toqs  sur  le  soleil»  qui  ^  plus  ()e 
masse  que  toutes  les  planètes  eosemble,  s'il  n'y  avait,  pour 
les  sauvegarder,  des  \^  particulières  de  gravitation  q^i  lea 
prQtégemt  à  toutes  les  distances. 

L'énergie  de  cette  gravitation  est  exacl,en>eAt  la  même  que  tet 
CofOe  d'attraction  i  e(  elle  re^siort  préc^isémejat  de  la  mçiitière  qui 
SQ  troQv^  dans  la  composition  de  l'enveloppe  immense  du  soleil. 

Ain^i  s'explique  :  que  dans  la  masse,  dans  ce  feu  électrique 
et  magnétique,  Q^iste  la  forc^  d'attraviçtion  ;  ^t  quant  à  la  ré- 
pulsion, qui  maintient  l'équilibre  des  astres  dans  tQut^iS  las 
directions,  elle  dérive  de  la  rotation  du  soleil,  attendu  que  par 
TefTet  de  ce  mouvement,  il  exerce  une  force  centripète  et 
centrifuge  qui  contrebalance  son  attraction  à  l'endroit  des 
planètes;  tandis  que  les  planètes,  par  l'effet  de  leur  propre 
mouvement,  subissent  la  même  force  d'afflnité  vis-à-vis  du 
soleil,  et  ces  deux  forces  en  présence  Tune  de  l'autre,  prove- 
vaut  de  la  position  de  leurs  fluides,  qui  sont  fixés  à  Vextë*^ 
rieur  pour  le  soleil,  et  à  intérieur  pour  les  planètes,  tiennent 
l'attraction  et  la  répulsion  dans  un  juste  balancement  ;  consé- 
quence du  mouvement  général,  non  moins  exact  qu'il  est 
admirable. 

297.  —  Dans  les  combinaisons  de  ces  lois,  de  ces  forces 
d'attraction  et  d'expansion ,  le  Créateur  de  l'univers  a  tout 
prévu ,  et  si  le  soleil  devait  dominer  sur  les  planètes  et  en  re^ 
eevoir  un  tribut,  il  lui  était  en  revanche  imposé  de  leur  four- 
nir la  chaleur  et  la  lumière;  par  conséquent,  le  soleil,  dès  sa 
formation,  a  présenté  sur  sa  surface,  avec  le  feu,  ta  force 
expansive  de  la  chaleur  et  de  la  lumière. 

Toute  planète  qui  se  formait  ensuite  et  qui  possédait  cepen-^ 
dant  le  même  feu ,  ayant  chaleur  et  lumière  renfermées  dans 
ses  molécules,  a  été  obligée  de  Taccumuler  dans  le  centre  par 
la  force  centripète;  aussi  la  planète  dut  rester  un  corps  qpa- 


172  QUATRIÈME   ÉPOQIJS. 

que;  mais  en  revanche,  par  suite  de  sa  rotation  sur  elle-même 
et  de  la  force  centrifuge  qui  en  résultait,  elle  évaporait  autour 
de  sa  surface  un  gaz  atmosphérique  qui  était  composé  de  la 
quintessence  de  son  feu ,  c'est-à-dire  de  la  chaleur  et  de  la  lu- 
mière qu'elle  avait  été  obligée  de  refouler  dans  son  intérieur^ 
et  les  atomes  de  cette  quintessence  homogène  à  la  matière  du 
soleil ,  unis  à  Fatmosphère  de  la  terre,  durent  établir  une  com^ 
munication  sympathique  avec  les  rayons  du  soleil,  afin  de  faire 
revivre  par  leur  contact,  à  volonté,  la  chaleuretla  lumière  sur 
la  surface  de  la  terre,  toutes  les  fois  que  le  soleil  lui  présente- 
rait sa  face  majestueuse. 

298.  —  II  est  donc  bien  constaté ,  par  ces  détails,  que  no- 
tre atmosphère  possède  une  partie  des  vapeurs  ignées  apparte- 
nant au  feu  primitif;  que  ces  vapeurs  sont  l'agent  de  la  chaleur 
et  de  la  lumière,  obéissante  la  présence  du  soleil;  mais  il  est 
aussi  vrai qu  il  ne  suffit  pas  que  le  soleil  se  présente;  il  faut 
qu'entre  le  soleil  et  notre  atmosphère  il  y  ait  un  agent  qui 
porte  Tétincelle  pour  mettre  en  activité  la  chaleur  et  la  lu- 
mière,  et  même  que  cet  agent  reste  en  activité  tout  le  temps 
que  dure  la  présence  du  soleil.  Nous  en  avons  la  preuve  sous 
les  yeux,  car  aussitôt  que  le  soleil  disparaît,  la  chaleur  cesse 
et  la  lumière  s'affaibUt;  donc  notre  atmosphère  ne  fournit 
qu'une  partie  de  là  chaleur  et  de  la  lumière  dont  nous  jouis- 
sons, et  même  une  partie  assez  faible  ;  car ,  en  ce  qui  regarde 
la  chaleur,  elle  ne  peut  se  soutenir  par  elle-même  que  peu 
d'instants ,  ou  par  accidents;  et  la  lumière  qui  reste  en  dehors 
de  la  chaleur  doit  avoir  une  spécialité  d'atomes  différents  ;  c'est- 
à-dire  que,  dans  rémission  de  ces  fluides,  il  faut  reconnaître 
des  atomes  de  deux  qualités  différentes;  les  uns  ayant  pour  ca- 
ractère le  principe  de  la  chaleur,  les  autres  celui  de  la  lumière. 

LES   ÉMISSIONS   OU   LES   ONDULATIONS. 

299.  —  En  réponse  aux  savants  qui  pensent  que  le  soleil 


D€    SOLEIL.  173 

communique  sa  chaleur  et  sa  lumière  par  les  ondulations, 
nous  dirons  que  ce  système  se  justifie  seulement  à  l'égard  de 
la  lumière,  mais  non  pas  à  l'endroit  de  la  chaleur.  En  effet, 
lorsque  des  nuages  viennent  à  masquer  le  soleil,  la  chaleur 
cesse  immédiatement;  souvent  même,  si  le  nuage  est  trop 
épais,  un  froid  sensible  se  fait  sentir  à  Tinstant,  et  il  dure 
jusqu'à  l'apparition  nouvelle  du  soleil;  d  l'exception  de  cer^ 
tains  jours  de  l'été,  oii  les  rayons  du  soleil  ont  auparavant 
imprégné  la  terre  de  leur  brûlante  chaleur;  et  lorsque  le  soleil 
se  présente  de  nouveau,  à  l'instant  même  le  froid  disparait  et 
la  chaleur  se  fait  sentir  :  elle  arrive  avec  une  rapidité  pro» 
digieuse. 

Cependant,  si  la  chaleur  a  cessé,  la  lumière  a  continué 
d'agir  tout  le  temps  que  le  soleil  était  couvert  ;  elle  s'est  seu- 
lement un  peu  affaiblie.  Il  est  donc  a  peu  près  prouvé  que  la 
lumière,  si  Ton  veut,  se  transmet  par  ondulations;  mais  il 
n'en  peut  être  de  même  de  la  chaleur. 

Nous  avons  une  autre  preuve  de  cette  vérité.  Une  bougie 
allumée  porte  la  lumière  à  une  grande  distance,  l'ondulation 
de  l'air  la  transmet  tout  autour  et  sur  les  parois  de  l'appar- 
tement ;  la  chaleur,  au  contraire,  rayonne  à  peine  autour  de 
la  mèche  enflammée. 

Il  faut  donc  faire  une  distinction  bien  tranchée  entre  la 
chaleur  et  la  luoiière,  qui  émanent  toutes  les  deux  du  soleil  ; 
elles  ont  leur  source  dans  le  feu  solaire,  mais  ce  sont  deux 
effets  différents  d'une  même  cause. 

300.  —  Le  feu  du  soleil  n'est  pas  un  feu  grossier,  tel  que 
celui  que  nous  allumons  à  notre  usage  ;  le  soleil  a  un  feu  pri- 
mitif tout  pur,  d'une  essence  électrique  et  magnétique,  qui 
se  conserve  et  se  renouvelle  toujours  de  la  même  matière  ho- 
mogène, avec  le  même  principe.  Ses  propriétés  spéciales  sont 
l'attraction  et  la  réflexion  :  il  attire  par  sa  masse  et  il  réflé- 
chit par  ses  parties. 


i 


174  QUATRIÈME   ÉPOQUE. 

.  Ce  (m  n'idst  ni  liquide,  ni  solide  ;  il  esl  bieii  inèàttdescent, 
toujours  prêt  à  accueillir  les  molécules  qui  sont  forcées  de  lui 
venir  de  tous  les  côtés;  ses  pores  sont  constanament  ouverts, 
unt  pour  recevoir  les  àtOmes  qni  lui  arrivent  peYpétneUem^t 
qttid  pour  émettre  perpët^iettemenl  aussi  les  bayons  éléctri^ê^. 
Ce  teu  et  <;es  l'ayons  né  ^nt  pas  éblouissants»  ni  rouget, 
dans  le  corps  même  t)u  soleil  ;  ils  n'acquièrent  cette  propriéié 
(|H*en  sortant  des  pores  de  la  masse  et  aussitôt  <fa*\h  mût  en 
contact  avec  l'air  (1). 

301  —  Ces  rayons  sont  des  jets  étincelants  pleins  du  feu 
électrique  de  la  matière  solaire;  ils  sortent  de  tout  le  contour 
du  soleil  et  vont  porter  jusqu'aux  bornes  de  sa  constellation 
les  bienfaits  de  cet  astre  dominateur. 

Ces  rayons  filtrent  à  travers  Téther  dans  tout  l'espace;  leur 
passage  est  instantané ^  et,  dès  qu'ils  arrivent  à  toucher  les 
corps  des  planètes,  ils  s'y  mettent  en  communication. 

Les  atomes  homogènes  de  l'atmosphère  absorbent  la  (Va- 
leur, la  conservent  et  l'augmentent  tant  que  les  rayons  agis- 
sent; plus  ils  agiront,  plus  Tair  de  l'atmosphère  s'échauffera, 
particulièrement  lorsque  le  soleil  les  darde  perpendiculai- 
rement. 

302.  —  Ainsi,  le  soleil  émet  sa  chaleur,  non  par  ondula- 
tions,  mais  par  vibration  directe  ;  au  contraire,  la  lumière  $d 
propage  et  se  maintient  par  ondulations.  En  voici  une  preuve 
bien  convaincante  : 

En  été,  la  terre,  à  son  aphélie,  est  plus  éloignée  du  soleil 
qu'en  hiver;  la  différence  n'est  pas  moindre  de  1,250,000 
lieues  ;  cependant  la  chaleur  que  nous  éprouvons  est  plkl^éBe^ 
gique  dans  la  première  saisoa  qae  d^  l'antre.  Ctet  <pê  le 
soleil  nous  dardé  ators  ^éft  rayMÈ  phis  vertiidftleoMtt;  Îôdê, 
t'èsi  la  vibration  directe  qui  nous  apporte  la  chaleur. 

0)  Voyez  la  note  L,  à  la  fin  du  volume. 


DU    SOLEIL.  175 

il  Id  ehÀtettf  dOUé  àttivftit  pàt*  voie  d'ohdtlfàtio^,  e^l-i^ 
tfx'^a  hiver,  dafl^  la  saison  oô  te  Soleil  se  trouve  pks  rappfo- 
cbë  éé^  te  t^fHâ  de  l,2i&0;090  U^es,  Itô  ondukittoh^  à^'^nt 
timim  de  tfaemitt  à  partôurir,  leur  effet  ne  se  ferait  piais  sentir 
{dtis  vivement,  ètlaéUMeuf*  ne  devrait  pas  ftôti^  paHeiiir  aVèc 
^bfô  (te  viôlénée  (ij^'èn  été  ?  0^j  puisque  c'est  l'effet  contraire 
qui  se  manifeste,  il  est  donc  évident  que  là  ehàiètt^  bé  frotis 
est  pas  transmise  par  ondulationi^. 

Ainsi,  il  nous  parait  démontré  que  la  chaleur  t)Ol»s arrive dA 
soleil  par -vibration  ou  émissicm  directe^  dont  rintensitë  est 
en  rapport  avec  la  position  perpendiculaire  de  Taétre.  Mais 
s'il  y  a  émission,  il  y  a  nécessairement  consommation  ;  et  s'il 
y  a  consommation  «  il  est  besoin  de  matières  fraîches  pwr 
reproduire  et  restituer  ce  qui  a  été  perdu. 

àÔS.  —  L'a  î'umtèt-è,  tîôu$  FàVoïiâ  dit,  nous  vient  par  on- 
dtilatioUs;  elle  nous  arrivé  avant  que  le  soleil  paraisse  le  ma- 
tin, èl  élte  nôufe  éckire  lors  tnênie  que  le  soleil  est  couvert  de 
tfùâ^^gte,  M  èncôfé  îai^rès  qlill  a  passé  au-dessous  de  Thorizon  : 
è*èst  telte  lûmlèipe  q\ie  nous  appelons  lé  crépuscule. 

Mais  si  la  lumière  s'est  amalgamée  aux  ôndés  de  Tàt- 
mosphèfé  et  se  (conserve  plus  longtemps  que  la  chaleur,  c'est 
ube  preuve  que  Tair  possède  infmimeht  plus  de  principe  lu- 
t&tneui  qu'il  n'a  de  principe  calorifique. 

304.  —  Pourquoi  y  a-t-il  dans  l'air  plus  de  principe  lumi- 
neux que  de  principe  calorifique?  C'est  que  dans  lesévapo- 
rations  qui  passent  de  la  terre  dans  l'atmosphère,  il  y  a,  ^ 
outre  de  l'élément  électro-minéral,  le  phosphore,  qui  émane 
continuellement  des  animaux  et  des  végétaux;  l'homme  même 
en  fournit  sa  'portion>  et  dans  la  division  des  atomes  le  prin- 
cipe phosphoriqûe  volatilisé  reste  en  partie  proportionn^le 
attaché  à  l'atmosphère. 

On  devrait  supposer  alors  que  l'émission  continuelle  de  ce 
phosphore  terrestre  doit  suffire  dans  âôlre  atmosphère  pour 


176  QUATUIÈME   ÉPOOLE. 

donner  également  la  chaleur  et  la  maintenir  au9si .  longtemps 
que  se  maintient  la  lumière;  m^is  cette  remarque ,  qu'à  la 
disparition  du  soleil  la  chaleur  cesse  et  la  lumière  reste,  éta- 
blit que  dans  les  atomes  terrestres  phosphoriques  il  se  fait 
une  séparation  de  deux  principes,  dont  Tun  passe  dans  les 
hautes  régions,  attiré  par  Tastre  souverain,  et  l'autre  reste 
dans  l'atmosphère. 

305.  —  Quant  aux  taches  qu'on  observe  dans  le  soleil,  sir 
John  Herschell  a  reconnu  qu'elles  se  partagent  en  deux  ou  en 
un  plus  ginand  nombre;  dans  cet  état  elles  offrent  tous  les  ca- 
ractères de  cette  extrême  mobilité  qui  n'appartient  qu'à  Tétat 
fluide  et  de  cette  agitation  excessivement  violente  qui  ne 
semble  compatible  qu'avec  Tétat  atmosphérique  gazeux  de  la 
matière.  Le  même  savant  écrivait  en  1828  que  Textrême 
subtilité  de  la  lumière  est  telle  que,  dans  la  longue  série  des 
âges,  les  émanations  du  soleil  ne  peuvent  pas  sensiblement 
altérer  les  dimensions  de  ce  grand  corps,  et  il  ajoute  (1)  : 
c<  Il  est  probable,  d'ailleurs,  qu'il  a  les  moyens  de  compen- 
(c  ser  ses  pertes,  quoique  la  manière  dont  s'opère  cette  res- 
«  tauration  nous  soit  inconnue.  » 

Nous  prenons  acte  de  ces  deux  observations  de  l'éminent 
astronome,  et  avant  d'y  répondre,  nous  en  noterons  une  autre 
d'un  célèbre  astronome  de  Rome,  le  père  Secchi.  Celui-ci  s'est 
aperçu  que  la  chaleur  des  bords  du  disque  solaire  était  pres- 
que la  moitié  de  celle  du  centre,  et  que  les  points  également 
éloignés  du  centre,  en  déclinaison,  n'étaient  pas  également 
chauds. 

En  résumant  ces  trois  faits,  qui  paraissent  venir  à  l'appui 
de  notre  système,  il  nous  reste  à  nous  demander  ce  que  sont 
ces  taches  et  pourquoi  la  chaleur  varie  d'un  point  à  l'autre  du 
soleil? 

(i)  Lecoutdriea,  Panorama  de$>  mondes,  page  i4S. 


DU   SOLEIL.  177 

306.  —  Relativement  aux  taches  remarquées  dans  le  soleil 
depuis  Scheiner  et  Galilée,  qui  ont  été  les  premiers  à  les  aper- 
cevoir, jusqu'à  nos  plus  récents  astronomes,  elles  ont  été 
considérées  comme  des  ouvertures  provenant  de  volcans  ou 
d'autres  causes,  et  qui  seraient  nécessaires  pour  transmettra 
Tair  à  l'intérieur  d'un  globe  habité.  Cela,  en  grande  partie, 
nous  semble  exact  ;  mais  la  quantité  des  taches  et  leur  varia- 
tion évidente,  nous  indiquent  aussi  une  autre  cause  :  cette 
cause,  ce  serait  la  réunion  de  masses  de  molécules  qui,  ve- 
nant de  mille  directions  différentes,  comme  tribut  des  pla- 
nètes envers  le  soleil,  se  rassemblent  attirées  sur  un  point 
déterminé,  où  elles  restent  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  passé  au 
filtrage  de  incandescence  solaire,  pour  sortir  en  rayon- 
nant de  son  atmosphère  étincelante. 

• 

307.  — Nous  avons  indiqué  dans  le  chapitre  précédent,  nu- 
méros 285  et  suivants,  les  sources  de  Talimentation  du 
soleil.  Lors  donc  que  les  émanations  des  planètes  sont  atti- 
rées vers  cet  astre,  la  niasse  énorme  de  ces  vapeurs  ne 
peut  manquer  d'être  perceptible  jusqu'à  obscurcir  un  point 
de  sa  surface.  Cet  effet  explique  catégoriquement  les  deux 
énonciations  de  sir  John  Herschell,  car  ce  fait  spécifie  clai- 
rement la  cause  directe  et  alimentaire,  qui  forme  en  partie 
les  taches  en  question. 

Quant  à  l'observation  de  Taslronome  de  Rome,  concernant 
la  différence  de  chaleur  sur  quelques  points  du  soleil,  Texpli- 
cation  en  ressort  de  la  même  cause,  attendu  que  là  où  se 
porte  la  masse  des  vapeurs  non  encore  recueillies  ni  puri- 
fiées par  le  soleil,  elles  doivent  nécessairement  empêcher  la 
transmission  d'une  partie  de  la  chaleur  qui  s'arrête  en  elles 
en  les  traversant,  de  même  que  si,  sur  un  feu  grossier  de 
nos  foyers,  nous  jetons  du  poussier  de  charbon,  la  partie 
couverte  sera  pour  un  moment  moins  chaude  et  moins 
rayonnante  que  le  feu  resté  à  découvert. 

12 


178  QUA.TRIÈME    ÉPOQUE. 

308.  —  Ainsi^  quand  même  une  partie  des  taches  du  soleil 
seraient  des  ouvertures  destinées  à  transmettre  et  renouveler 
l'air  du  globe  opaque  de  cet  astre,  rien  n'empêche  aussi 
que  la  réunion  des  molécules,  appelées  à  Tahmentation  du 
feu  solaire  extérieur,  ne  produise  également  des  taches. 
Les  détails  que  nous  venons  de  donner  dans  les  deux 
articles  qui  précèdent,  joints  aux  observations  que  nous 
présentons  dans  le  chapitre  suivant,  justifieront  notre  opi- 
nion. 

En  temps  et  lieu,  lorsque  nous  aurons  reconnu  par  le 
calcul  la  surabondance  que  laisse  le  produit  des  molécules, 
et  que  nous  aurons  passé  en  revue  toutes  leurs  fonctions, 
nous  acquerrons  la  certitude  que  les  deux  problèmes  de  sir 
John  Herschell  et  du  père  Secchi  sont  résolus  par  notre 
hypothèse. 

Provisoirement,  nous  laisserons  le  soleil  remplir  ses  bril- 
lantes fonctions,  pour  examiner  la  planète  Saturne,  et  cher- 
cher la  raison  de  la  formation  de  nouvelles  planètes. 


a   '     ' 


*   s 


.') 


LA    PLANÈTE    SATURNE.  179 


CHAPITRE  XIX. 


lia  Planète  Itotarne  et  formation 
de  nouvelles  Planètes. 

Sommaire.  —  Aspirations  et  émanations  de  la  planète  Saturne,  309.  — 
Faible  densité  de  Saturne,  310.  —  Ses  anneaux,  311.  —  Leurs  dimen- 
sions, 312.  —  Révolutions  possibles,  313.  —  Tableau  des  planètes,  314, 
315.  —  Satellites  de  Saturne,  316.  —  Loi  de  gravitation,  317.  —  Com- 
position des  astres,  318.  —  Planètes  récemment  découvertes,  319.  — 
Constellations  ,  320.  —  Espace  céleste  à  remplir  ;  étendue  de  notre 
constellation,  321.  —  Molécules  vagabondes,  322.  —  Correspondance  des 
soleils  avec  leurs  planètes,  323.  —  liaisons  de  fa  formation  forcée  de  nou- 
velles planètes^  32li.  —  Application  de  la  loi  des  affinités,  qui  lie  tous  les 
corps  célestes,  325.  —  Diminution  et  disparition  successive  de  ces  corps, 
326.  —  Les  comètes,  327.  —  Formation  et  mission  de  ces  astres,  328. 

-  309.  —  Comme  le  soleil  attire  de  chaque  planète  la  qua- 
lité et  la  quantité  de  molécules  qui  sont  en  rapport  avec  la 
dislance  et  la  masse  de  ces  corps,  de  même  chaque  pla- 
nète, de  son  côté,  retient  les  molécules  solaires  que  là  loi 
merveilleuse  de  la  nature  lui  assigne  pour  ses  besoins.  Ainsi 
la  planète  de  Saturne,  dans  la  position  de  distance  où  elle 
se  trouve,  doit  retenir  dans  son  atmosphère  beaucoup  plus 
de  fluide  phosphorique  que  la  terre  que  nous  habitons. 

Les  émanations  de  la  planète  Saturne,  dans  son  atmos- 
phère, doivent  opérer  un  travail  différent  du  nôtie,  et  garder 
aussi  à  sa  surface  plus  de  molécules  ayant  un  principe  calo- 
rique, car  elle  est  éloignée  du  soleil  de  trois  cent  soixante 
millions  de  lieues,  tandis  que  notre  globe  n'en  est  éloigné 
que  de  trente-quatre  millions. 

Par  conséquent,  le  rayon  du  soleil  ne  pouvant  pas  porter 
avec  lui,  à  la  distance  de  Saturne,  le  même  degré  de  chaleur 
qu'il  apporte  chez  nous,  ce  rayon  doit  trouver,  dans  Tatmos- 


180  QUATRIÈME    EPOQUE. 

phère  qu'il  traverse,  la  matière  d'un  fluide,  qui  se  chauffe  au 
point  de  maintenir  la  chaleur  proporlionnellement  aux  be- 
soins des  êtres  qui  habitent  la  planète  de  Saturne  ;  ce  fluide 
doit  se  rencontrer  entre  Tun  et  l'autre  anneau  et  la  planète, 
pour  y  fonctionner  coiïtme  une  serre  chaude. 

310.  —  Saturne  se  trouve  dans  la  position  où  se  trouvait 
notre  globe  à  la  seconde  époque  de  sa  formation  ;  par  celte 
raison  il  est  d'un  diamètre  (selon  M.  Struve)  de  31 ,850  lieues, 
tandis  que  notre  globe  n'est  plus  que  de  3,000  lieues  de  dia- 
mètre. Mais  aussi  la  masse  de  Saturne  est  neuf  fois  plus  légère 
que  notre  lerre. 

Saturne  n'ayant  pas  encore  subi  la  compression  qu'a  su- 
bie notre  globe,  la  densité  de  Saturne  est  de  0,10422  ou  un 
dixième,  tandis  que  la  densité  de  la  terre  est  1,00000;  c'est- 
à-dire,  en  d'autres  termes,  que  la  masse  de  Saturne  est  en 
proportion  de  celle  de  la  terre,  comme  104  est  à  1,000,  ou  à 
peu  près  comme  1  est  à  10. 

Si  Saturne  est  destiné  à  passer  par  des  époques  de  com- 
pression comme  en  a  traversé  notre  terre,  il  est  évident  que 
cette  planète  deviendra  plus  petite  que  notre  globe. 

311.  —  Mais  il  est  probable  que  Saturne  ne  peut  plus  se 
condenser,  s'il  a  perdu  la  force  incandescente  de  son  centre; 
il  est  présumable  aussi  que  si  ses  huit  satellites  sont  dans  des 
conditions  identiques  à  celles  où  s'est  trouvé  notre  satellite  la 
lune,  ses  anneaux  sont  dans  des  conditions  différentes. 

Si  Saturne  est  dominé  par  ses  anneaux,  il  se  pourrait  que 
ceux-ci  fussent  destinés  à  opérer  une  révolution  dans  le  corps 
de  la  planète. 

Pendant  une  longue  suite  de  siècles,  il  n'y  eut  qu'un  seul 
anneau  autour  de  Saturne;  Pythagore,  qui  était  un  grand  ob- 
servateur, n'avait  pas  même  aperçu  cet  anneau;  se  serait-il 
détaché  depuis?  Ce  philosophe,  qui  a  fait  la  Lyre  harmo- 
niqmdes  Astres,  n'aurait  pas  manqué  d'assigner  un  bémol  ou 


LA    PLANÈTE    SATURNE.  181 

un  dièse,  ou  une  cadence,  à  Tanneau  de  Saturne,  comme  il 
Ta  fait  avec  tant  d'esprit  pour  chaque  planète  qu'il  avait 
aperçue. 

Galilée  a  été  le  premier  à  s'apercevoir  que  Saturne  se  pré- 
sentait sous  des  aspects  différents  ;  la  stupéfaction  de  ce  cé- 
lèbre astronome  a  été  grande,  mais  il  est  mort  sans  se  rendre 
exactement  compte  du  phénomène.  Les  contemporains  de 
Galilée  ont  déclaré  Saturne  une  boule  avec  deitx  anseSy  ou  un 
chapeau  de  cardinal,  et  plus  tard  on  l'assimila  à  une^t^on- 
nette  au  milieu  d'un  plat  à  barbe. 

11  était  réservé  à  l'illustre  Huyghens  de  découvrir  l'anneau 
de  Saturne,  et  il  publia  sa  découverte  en  1659  dans  son  sys- 
tème saturnin. 

Un  siècle  plus  tard,  William  Herschell  reconnut  en  1722  un 
second  anneau;  enfin,  en  novembre  1850,  deux  astronomes 
contemporains,  M.  Bond  de  Cambridge,  aux  États-Unis,  et 
M.  Maidslone,  en  Angleterre,  trouvèrent  qu'il  se  présentait 
un  troisième  anneau  sortant  entre  le  second  et  la  planète  de 
Saturne.  M,  Lassell,  de  Liverpool,  a  découvert  des  montagnes 
sur  cet  anneau. 

312.  —  Il  ne  serait  donc  pas  impossible  que  la  planète 
Saturne  fût  destinée  à  se  diviser  en  lames  plus  ou  moins 
épaisses.  Ce  qui  rend  probable  cette  idée,  c'est  la  nature  ex- 
trêmement molle  et  légère  de  sa  masse  et  l'attraction  que 
peuvent  exercer  sur  elle  ses  propres  satellites. 

Voici  les  dimensions  des  anneaux  reconnues  par  M.  Struve  : 

Le  premier  anneau  a  un  diamètre  extérieur  de  70,828 
lieues  et  62,470  lieues  pour  le  diamètre  intérieur. 

Le  second  anneau  paraît  avoir  47,207  lieues  de  diamètre 
intérieur,  et  l'intervalle  qui  le  sépare  du  corps  de  la  planète 
a  7,680  lieues.  Les  deux  anneaux  seraient  séparés  entre  eux 
par  un  intervalle  de  720  lieues. 

L'épaisseur  des  anneaux  n'excède  pas  100  lieues,  selon  sir 


182  QUATRIÈME    EPOQUE. 

John  Herschell,  et  leur  masse,  suivant  Bessel,  est  égale  à 
la  118«  partie  de  la  masse  de  la  planète. 

Mais  comme  les  anneaux  ont  des  montagnes  et  une  dureté 
plus  considérable  que  la  planète,  il  n'y  a  aucun  doute  que 
leur  proximité  exerce  un  pouvoir  d'attraction  proportionnelle 
sur  la  masse. 

Il  reste  à  savoir  à  présent  dans  quelle  proportion  se  trouve 
le  troisième  anneau,  qui  n^est  encore  séparé  de  la  planète  que 
par  une  ligne  noire  à  peine  perceptible  à  Taide  de  nos  lu- 
nettes. 

313.  —  Si  Saturne  est  destiné  à  subir  les  divisions  dont 
nous  venons  de  parler,  chaque  séparation  portera  dans  ce 
monde  éloigné  un  renouvellement  physique  correspondant 
aux  cataclysmes  de  notre  planète,  mais  en  sens  inverse  et 
avec  des  effets  différents. 

Les  anneaux,  comme  la  planète,  pourront  toujours  avoir  des 
habitants,  et  les  êtres,  organisés  suivant  la  nature  de  leur  sol 
et  de  leur  climat,  jouiront  constamment  de  la  lumière  et  de  la 
chaleur  nécessaires  à  leur  existence  ;  car  la  lumière,  comme 
la  chaleur,  émanera  toujours  du  principe  de  leurs  molécules 
et  sera  en  rapport  nécessaire  avec  leur  corps  et  le  soleil. 

SU.  —  Le  tableau  suivant  nous  montre  la  différence  de 
densité,  de  volume,  et  de  distance  du  soleil,  relativement 
à  Saturne  et  aux  autres  planètes  de  notre  constellation.  La 
distance  est  évaluée  en  lieues,  puis  en  fractions  ou  en  mul- 
tiples de  celle  de  la  terre. 

La  densité  de  Saturne  étant  la  plus  légère  et  la  plus  molle, 
comparativement  à  toutes  les  autres  planètes,  cet  astre  est 
plus  qu'aucun  autre  dans  les  conditions  à  subir  des  partages 
de  séparation,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué;  seulement, 
comme  ses  huit  satellites  ne  peuvent  subsister  que  par  Fat- 
traction  de  la  grande  masse  de  la  planète,  toute  séparation 
qui  s'effectuera  en  anneaux  forcera  ces  anneaux  à  se  mainte- 


LA    PLANÈTE    SATURNE.  183 

nir  en  faisceaux  compactes  pour  conserver  la  masse  domi- 
nante, tant  que  la  rotation  sur  son  axe  et  le  parcours  sur  son 
orbite  Texigeront. 

315.  —  Tableau  comparatif  de  la  grandeur  du  soleil  et 
des  planètes  en  proportion  de  la  terre,  et  leur  distance. 


NOMS 
des 

DENSITÉ 

TOLDMB 

DISTANCE 
du 

DISTANCES 
d'après 

ÀSTKSS 

SOLKL 

CELLE  DE  LA  TERHE 

Soleil.   .   .  . 

0,2548/ï 

1,404,928 

lieues. 

» 

Mercure.  ,   , 

2,583 

0,06 

14,783.400 

0,387 

Vénus.   .   .   . 

1,0379 

0,91 

27,618,600 

0,723 

La  terre.  .   . 

1, 

1,00 

34,200,000 

1, 

La  lune.   .   . 

0,742 

0,0195 

Dito. 

Xf 

Mars 

0,6506 

0,17 

58,178,600 

1,521 

Jupiter  .    .   . 

0,2580 

1470,00 

198,716,400 

5,203 

Saturne.    .  . 

0,10422 

887,00 

360,351,600 

0,539 

Herschell  .    . 

0,2204 

77,00 

732,752,400 

19,183 

Neptune.  .  . 

0,16 

110,00 

7,114,528^000 

186,244 

316.  —  Suit  la  dénomination  des  huit  satellites  de  Saturne 
et  leur  distance  de  cette  planète. 


NOMS 
des 

SATELLITE*  DE    SATURNE 

NOMS 

de 

ceux  qui  les  oint  découverts 

DISTANCE 

approximative 

de  la  planète  en  lieues 

Le  1*'  est  Mimas   .   r    -    - 

Herschell 

50,000 
60,000 
80,000 
100,000 
140,000 
315,000 
440,000 
900,000 

—  2"«  —  Encelade. 

—  3»«  —  Téthys  .    . 

—  4"*  —  Dioné.   .    . 

—  5»«  —  Rhéa..   .   . 

—  6-ne  __  Titan  ... 

—  7m*  —  Hypérion. 

—  S"*  —  Japhet.  .   . 

Herschell 

Gassiui. 

Cassini. 

Cassini.   . 

Huyghens  

Bond,  Lassell  et  Maidstone. 
Cassini.  . 

184  QUATRIEME   ÉPOQUE. 

317.  —  D'après  les  lois  de  Newton ,  il  est  prouvé  que  la 
gravitation  a  d'autant  plus  d'énergie  que  les  corps  sur  les- 
quels elle  s'exerce  sont  plus  en  contact,  et,  par  contre,  cetle 
force  va  décroissant  à  mesure  que  la  fixité  diminue. 

Aussi  Saturne,  dont  la  masse  est  très-voisine  de  ses  satel- 
lites, tourne  avec  une  grande  rapidité;  son  jour  n'est  que  de 
1 0  heures  et  demie. 

FORMATION   FORCÉE  DES   PLANÈTES. 

318.  —  Si  nous  sommes  entré  dans  quelques  détails  en 
dehors  de  ce  qui  est  relatif  à  la  création  de  notre  globe,  objet 
principal  de  cet  ouvrage,  c'est  en  raison  de  la  variété  que  la 
nature  présente  dans  le  grand  travail  de  ses  formations;  nous 
tenions  à  en  donner  une  idée. 

La  nature  est  si  riche  de  moyens,  si  merveilleuse  dans  ses 
perfections,  que  les  choses  les  plus  contraires,  les  plus  oppo- 
sées, en  apparence,  s'accomplissent  avec  Tordre  le  plus  admi- 
rable; et  toutes  cependant  sont  soumises  à  une  seule  et  même 
loi.  Ainsi  la  lumière  et  la  chaleur,  principes  vivifiants  de  tous 
les  êtres  subordonnés  à  notre  soleil,  émanent  sans  cesse  de 
Tastre  dominateur,  en  raison  de  l'échange  des  atomes  qu'il 
reçoit  de  mille  provenances  différentes,  et  qu'il  rend  dans  les 
proportions  nécessaires.  La  surabondance  des  produits,  qui 
est  ce  que  nous  avons  nommé  le  superflu,  émanant  de  tous 
les  corps  et  de  tous  les  êtres  qui  les  peuplent,  sert  encore  à 
la  combinaison  de  nouvelles  créations,  constamment  variées, 
mais  toujours  sous  la  domination  réglementaire  du  soleil. 

319.  —  Depuis  un  demi-siècle,  nous  faisons  des  acquisi- 
tions importantes  dans  noire  constellation  ;  déjà  cinquante- 
quatre  nouvelles  planètes  ont  été  découvertes  seulement  dans 
l'espace  compris  entre  Vesta  et  Jupiter. 

Qui  peut  dire  si  ces  nouvelles  planètes  et  bien  d'autres  qu'on 


FORMATION   FORGÉE   D£S   PLiNETËS.  185 

découvrira  encore  existaient  à  i'époqiie  d'Adam,  ou  même  au 
temps  de  Noé  ? 

Nos  ancêtres  se  sont  beaucoup  occupés  d'astronomie  ;  c'est 
à  eux  que  nous  devons  les  bases  principales  de  cette  science. 
Sans  doute,  une  partie  de  ces  nouvelles  découvertes  aura 
échappé  à  leurs  yeux,  car  ils  n'avaient  pas,  nous  devons  le 
supposer,  des  instruments  assez  parfaits  pour  les  découvrir  ; 
mais  il  n'y  a  aucun  doute  aussi  que  quelques-unes  de  ces  pla- 
nètes sont  de  nouvelle  formation,  et  assurément  cette  forma- 
tion s'est  opérée  exactement  comme  celle  de  notre  globe. 

320.  —  Les  anciens  comptaient  dans  le  ciel  143  constella- 
tions; les  auteurs  modernes  en  reconnaissent  quelques  mil- 
liers; mais  au-delà  de  ces  milliers,  il  y  en  a  des  millions. 

Il  y  a  des  constellations  plus  grandes  et  d'autres  plus  pe- 
tites ,  selon  la  nature  et  le  nombre  des  corps  destinés  à  les 
former. 

Il  y  a  des  constellations  dans  lesquelles  plusieurs  soleils 
partagent  leur  domination  et  leur  influence  sur  les  planètes 
subalternes. 

Chaque  étoile  fixe  est  un  soleil  plus  ou  moins  grand  que 
le  nôtre,  et  qui  domine  Tordre  des  planètes  soumises  à  son 
empirer 

Toutes  les  étoiles,  c'est-à-dire  tous  les  soleils,  comme  tou- 
tes les  planètes,  sont  habitées  par  des  êtres  vivants. 

321.  —  Puisqu'il  est  impossible  de  compter  les  constella- 
tions et  le  nombre  des  planètes  qu'elles  contiennent,  il  est 
aisé  de  concevoir  le  grand  vide  qui  s'étend  d'une  étoile  à  l'au- 
tre; à  quoi  sont  donc  destinés  ces  espaces  incalculables  qui 
semblent  vides? 

Notre  constellation,  ou  notre  système  solaire,  occupe  un 
espace  qu'on  ne  peut  pas  évaluer  à  moins  de  66  milliards  de 
lieues  cubiques.  Est-ce  que  l'on  se  contenterait  de  croire  que 
cet  espace  immense  ne  contient  que  7  planètes  et  son  soleil , 


186  QUATRIÈME    EPOQUE. 

comme  le  croyaient  les  anciens?  ou  même  que  les  54  planètes 
qu'on  a  découvertes  depuis  suffisent  pour  remplir  sa  des- 
tinée? 

Certainement  cet  espace  contient  en  ce  moment  même  un 
nombre  considérable  de  corps  ou  planètes  en  état  de  formation 
plus  ou  moins  avancée,  et  l'observation  nous  les  fera  voir 
une  à  une ,  lorsqu'elles  seront  de  grandeur  suffisante  pour  être 
à  la  portée  de  nos  télescopes.  D'ailleurs  nous  ne  pouvons 
apercevoir  un  corps  ou  une  planète  que  lorsqu'elle  réfléchit 
la  lumière  qu'elle  reçoit  du  soleil ,  et  une  planète  ne  peut  ré- 
fléchir la  clarté  qu'après  être  devenue  corps  solide.  Kous  ne 
pouvons  donc  pas  apercevoir,  même  quand  ils  seraient  rap- 
prochés, les  corps  en  formation  ou  en  état  d'assemblage  pri- 
mitif. 

322.  —  Or,  les  atomes  ou  les  molécules  superflues  s'ac- 
croissent et  se  multiplient  incontestablement  sur  une  grande 
échelle,  non  seulement  dans  notre  système  solaire,  de  la  part 
de  chacune  de  nos  planètes ,  mais  encore  dans  toutes  les  cons- 
tellations, et  si  nous  avons  employé  le  mot  de  superflues^  c'est 
seulement  pour  indiquer  leur  premier  point  de  départ,  lors- 
qu'elles errent  en  vagabondes,  n'ayant  encore  aucun  centre 
déterminé,  jusqu'à  ce  qu'au  moment  donné,  elles  restent  at- 
tachées à  l'endroit  où  elles  se  trouveront  pour  se  Joindre  aux 
masses.  • 

Nous  donnerons  la  preuve  de  Texistence  perpétuelle  de  ces 
molécules  vagabondes  et  de  leur  prodigieuse  multiplication; 
mais  devant  procéder  avec  ordre ,  nous  n'entrerons  dans  ce 
détail  qu'à  une  époque  ultérieure,  lorsque  les  objets  qui. les 
produisent  auront  passé  sous  notre  examen  ;  alors  nous  aurons 
lieu  d'établir  par  le  calcul  et  avec  la  plus  claire  lucidité  la 
preuve  de  ce  que  nous  avançons. 

323*  —  Chaque  étoile  ou  soleil  a  une  mission  à  remplir 
dans  la  circonscription  de  son  domaine;  chacun  de  ces  aslres 


FORMATION    FORCEE   DES   PLANÈTES.  187 

n'est  pas  le  roi  de  sa  constellation  sans  un  but  précis  et  mar- 
qué; tous  les  corps  qui  occupent  l'espace  de  son  empire  sont 
ses  sujets,  il  est  vrai:  ces  corps,  ces  planètes  ne  pourraient 
pas  exister  sans  lui;  mais  le  soleil  n'existerait  pas  non  plus 
s'il  n'y  avait  des  planètes  et  des  corps  analogues  pour  entre- 
tenir la  correspondance  des  gravitations  et  l'échange  des  flui- 
des nécessaires  à  leur  réciproque  vitalité. 

Le  travail  du  mouvement  perpétuel ,  les  émanations  cons- 
tantes et  mutuelles  de  tous  les  corps ,  avec  les  phénomènes 
qui  en  sont  la  conséquence  et  qui  se  passent  sous  nos  yeux  , 
en  fournissent  la  preuve. 

324.  —  Du  moment  que  l'échange  des  fluides  est  une  né-^ 
cessité  vitale,  ces  fluides  doivent  être  toujours  rafraîchis  et 
renouvelés  pour  répondre  aux  besoins  qu'ils  sont  appelés  à 
remplir.  Dès  qu'ils  doivent  être  rafraîchis  et  renouvelés ,  il 
faut  qu'ils  aient  une  source  de  production  :  mais  lorsqu'il  y  a 
quelque  production,  elle  devient  l'objet  d'un  calcul;  et  lors- 
que par  le  calcul  on  trouve  que  le  chifi're  des^  émanations  pré- 
sente un  superflu,  ce  superflu  doit  finir  par  avoir  un  emploi. 

Ainsi ,  rimmensité  des  molécules  ou  fluides  superflus,  éma- 
nés de  chaque  planète,  de  chaque  astre,  étant  prouvée  par  le 
calcul,  leur  exubérance  assure  forcément  leur  union  à  des  mo- 
ments déterminés;  c'est  donc  la  nécessité,  ou  la  loi  générale 
de  création  qui  produit  un  assemblage,  un  nouveau  corps  dans 
l'espace  ;  donc  la  formation  de  nouvelles  planètes  est  forcée 
par  l'abondance  des  matières  et  d'après  les  lois  de  l'univers  (1). 


(1)  «  Nous  ne  pouvons  donc  douter  que  l'espace  ne  soit  encore  de 
«  notre  temps  le  théâtre  de  formations  nouvelles ,  que  des  mondes  ne 
((  prennent  naissance  sous  l'action  de  la  cause  mystérieuse  et  intelli- 
«  gente  que  nous  révèle  à  tout  iiistant  Tunivers.  D'ailleurs,  entre  ces 
«  mondes  infinis  dont  l'espace  est  peuplé.,  dont  nos  télescopes  cber- 
«  chent  la  position,  dont  nos  astronomes  calculent  le  nombre  et  s'ef- 
«  forcent  de  mesurer  la  dislance  et  la  masse  ^  on  aperçoit  des  amas  de 


188  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 

325.  —  Cette  formation  forcée  entraîne  avec  elle  raffinité 
et  la  propriété  inhérente  aux  corps  dont  chaque  fluide  s'est 
émané. 

Ainsi  un  assemblage  se  compose  de  molécules  qui,  en 
grande  partie,  ont  déjà  passé  par  l'atmosphère  du  soleil  ; 
donc  elles  portent  en^  apanage  aux  corps  nouveaux  Tafânité 
électrique  du  soleil  ;  de  même  que  les  atomes  vagabonds  des 
autres  planètes,  en  s'amalgamant  à  un  même  assemblage,  y 
portent  les  affinités  des  corps  dont  ils  sont  sortis. 

Cette  liaison  maintient  toujours  dans  une  nouvelle  planète 
les  propriétés  primitives  originelles  ;  par  conséquent,  si  les 
molécules  primitives  sont  dérivées  de  mille  planètes,  indépen- 
damment de  celles  du  soleil,  la  nouvelle  planète  aura  une 
liaison  d'affinité  directe  avec  tous  ces  corps  ;  c'est-à-dire  que, 
si  le  mot  affinité  pouvait  se  représenter  figurativement  par 
un  fil,  nous  verrions  la  nouvelle  planète  liée  avec  mille  fils, 
correspondant  en  outre  à  celui  du  soleil,  qui  serait  le  plus 
fort,  tous  servant  à  soutenir  le  nouveau  corps  avec  les  autres 
pour  marcher  avec  lui  de  parité  dans  les  voyages  aériens,  et 
suivre  ensemble  les  lois  du  Créateur  dans  les  combinaisons 
de  l'éternité. 

Si  nous  devions  ensuite  expliquer  les  dimensions  de  ces 
fils,  nous  dirions  que  leur  longueur  serait  naturellement  d'un 
corps  à  l'autre,  et  quant  à  la  grosseur,  elle  serait  un  million  de 
fois  plus  petite  que  l'atome  que  nous  sentons  par  l'odorat  toutes 
les  fois  que  nous  percevons  par  ce  sens  une  odeur  que  les 
yeux  ne  peuvent  pas  voir. 

La  nouvelle  planète,  ainsi  constituée,  émanera  également, 
après  sa  formation,  ses  fluides  comme  les  autres  corps,  et  son 


«  ma Uères  diffuses  et  vaporeuses  qui  sont  répandues  par  quantité  va- 
«  riablc  en  diverses  régions  du  ciel.  » 

La  terre  et  l'homme , 
Par  M.  Alfred  Mauky. 


DES   COMETES.  189 

-superflu  passera  aussi  à  d'autres  formations  qui  subiront  les 
mêmes  lois  d'affinité. 

326.  —  Sans  doute  que  parallèlement  à  ce  renouvellement 
des  corps  célestes,  il  y  a  leur  diminution  et  leur  disparition, 
qui  sont  la  conséquence  de  la  loi  universelle  d'accroissement 
et  de  dépérissement  ;  mais  c'est  le  résultat  du  travail  des  siè- 
cles, travail  au-delà  de  notre  portée,  et  comme  nous  avons 
dû  borner  nos  recherches  aux  mystères  de  la  création,  une 
étude  sur  la  disparition  des  astres  n'eiitre  pas  dans  notre 
plan  ;  il  nous  suffit  de  la  signaler. 

Cependant,  pour  ce  qui  regarde  notre  planète,  nous  conti- 
nuons de  suivre  l'ordre  de  son  rapetissement  d'époque  en 
époque,  et  nous  pouvons  comprendre  par  les  témoignages 
qui  passent  sous  nos  yeux,  que  son  temps  de  disparition, 
quelque  éloigné  qu'il  soit,  ne  peut  manquer  d'arriver  con- 
formément aux  lois  immuables  de  la  création. 


LES    COMÈTES. 

327.  —  La  formation  des  comètes  se  fait  bien  naturelle- 
ment suivant  le  même  principe  des  autres  corps,  c'est-à-dire 
qu'elles  sont  un  assemblage  de  molécules  antérieurement  va- 
gabondes dans  l'espace  ;  seulement  la  différence  de  la  forme 
des  comètes,  leur  demi-transparence  et  leur  marche  rapide  à 
travers  plusieurs  constellations  indiquent  qu'elles  sont  com- 
posées d'une  substance  et  qu'elles  ont  une  destinée  différentes 
des  celles  des  planètes. 

Les  comètes  comme  tous  les  corps  de  la  nature  se  divisent 
en  plusieurs  catégories  :  les  petites  appartiennent  assez  sou- 
vent à  une  seule  constellation ,  et  les  grandes,  au  contraire, 
appartiennent  à  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  constella- 
tions ;  les  unes  et  les  autres  sont  certainement  destinées  à 


190  QUATRIÈME    ÉPOQUE. 

purifier  le  ciel  des  atomes  vagabonds  dont  la  substance  n'au- 
rait pu  convenir  à  aucun  autre  emploi. 

Nous  pouvons,  par  analogie,  nous  reporter  au  règne  de 
Teau,  où  nous  avons  vu  que  la  décomposition  des  corps  donne 
un  nombre  infini  d'atomes  difiérents  les  uns  des  autres,  et  où 
nous  avons  vu  aussi  que  le  genre  torpille  absorbe  une  qualité 
particulière  de  ces  atomes  ;  d'autres  poissons  en  absorbent 
une  autre  qualité,  et  enfin,  chaque  classe  d'êtres  s'empare  de 
la  qualité  homogène  à  sa  production,  et  toutefois  il  reste 
encore  assez  de  substances  pour  altérer  Teau  des  mers. 

Pourquoi  ne  verrions-nous  pas,  dans  les  espaces  du  cieK 
les  mêmes  dispositions  ?  Si  certaine  qualité  de  molécules  est 
propre  à  la  composition  des  planètes,  à  l'alimentation  ou  à  la 
purification  des  soleils,  à  la  formation  d'autres  phénomènes, 
il  en  reste  aussi  qui  ne  sont  propres  à  aucune  de  ces  combinai- 
sons, ou  qui,  ayant  déjà  passé  successivement  par  toutes  ces 
combinaisons,  ont  été  tellement  épuisées,  qu'il  leur  manque 
toute  espèce  d'élasticité  ou  d'énergie  pour  se  combiner  entre 
elles  directement  ;  et  alors,  comme  conséquence  naturelle,  il 
doit  y  avoir  une  loi  de  prévision,  ayant  pour  effet  de  débjar- 
rasser  l'espace  de  ce  superflu  inutile,  qui  nuirait  à  la  régula- 
rité des  mouvements  dépendant  des  lois  générales. 

328.  —  Dans  cette  hypothèse,  un  germe  formé  ad  hoc  de 
certaines  molécules,  doit  avoir  pour  mission  de  parcourir  les 
constellations  de  l'univers ,  et ,  dans  sa  traversée  régulière, 
d'absorber  en  attirant  autour  de  lui  et  à  sa  suite  toutes  ces 
molécules  épuisées,  de  manière  à  balayer  le  ciel,  à  épurer 
tous  les  espaces,  et  nettoyer  pour  ainsi  dire  les  sphères  des  sys- 
tèmes solaires. 

Ces  germes  deviennent  des  comètes  ;  en  parcourant  ainsi 
leurs  orbites,  ces  comètes  (1)  attirent  les  fluides  épuisés  qui, 

(1)  Kepler  constatait,  il  y  a  deux  siècles  et  demi,  que  les  comètes 
sont  aussi  nombreuses  dans  le  ciel  que  les  poissons  daQs  TOcéan. 


DES    GOMÈTËSi  191 

en  s'y  attachant  progressivement,  forment  des  queues  im- 
menses. 

Sans  doute  que  leur -fin  doit  être  de  disparaître,  en  pas- 
sant dans  Tun  ou  l'autre  des  nombreux  soleils  de  l'univers, 
car  il  y  en  a  qui  sont  bien  plus  grands  encore  que  le  nôtre,  et 
qui  sont  aptes  à  recevoir  ces  masses  prodigieuses.  En  effet,  on 
sait  que  des  comètes  traînent  des  queues  de  plusieurs  millions 
de  lieues  de  longueur,  et  peuvent  très-bien  servir  momenta- 
nément à  l'alimentation  d'un  soleil  en  se  déposant  tout  autour 
de  son  disque* 

Nous  terminons  le  quatrième  Jour,  jour  des  astres,  par  ces 
courtes  observations  sur  les  phénomènes  célestes. 

Nous  allons  voir  au  cinquième  jour  la  suite  des  produits 
terrestres,  et  surtout  le  grand  travail  du  règne  animal,  qui  va 
désormais  dominer  sur  la  terre. 


CINQUIÈME  JOUR 


OU 


CINQUIÈME    ÉPOQUE 


RË6NE   ANIMAL 


13 


Les  aoimaux,  divers  d'espèce  et  de  figure. 
Sortirent  du  limon ,  berceau  de  la  nature. 
Quand  la  terre  échauffée  aux  traits  brûlants  du  jour. 
Dans  ses  flancs  que  du  ciel  a  fécondés  Tamour, 
Eut  mûri  la  semence  arrivée  à  son  terme, 
Et  sous  sa  forme  enfin  développé  son  germe. 

De  Saint-Ange, 
Métamorphose»  d'Ovide. 


LE  LION  ET  L'AI&LE 

Au  lion  dans  les  bois ,  à  l'aigle  dans  son  aire , 
Qui  ne  reconnaît  pas  le  même  caractèa-e? 

Tous  deux ,'  rois  des  États  par  la  victoire  acquis. 
Ne  veulent  de  festins  que  ceux  qu'ils  ont  conquis; 
Ennemis  généreux  et  vainqueurs  magnanimes , 
Enfin  tous  deux  font  grâce  à  de  faibles  victimes. 

Deui.le  , 
Les  Trois  Bègnes. 


CINQUIEME  JOUR 


on 


CINQUIÈME    ÉPOQUE 


R  ÉGNE   ANIMAL 


CHAPITRE    XX 

Intervalle  da  f^aatrlème  an  Cinquième  Jour. 

Sommaire.  —  Cinquième  jour  de  la  Bible,  329.  —  Causes  de  la  violence 
du  cataclysme  de  la  quatrième  journée,  330.  —  Déplacement  des  eaux, 
331.  —  Situation  de  la  terre  à  la  cinquième  journée,  332.  —  Réduction 
de  sa  circonférence,  333.  —  Augmentation  de  sa  densité  et.de  son  poids, 
334.  —  Apparition  des  oiseaux,  335.  —  Raisons  de  leur  création  tar- 
dive, 336.  —  Leurs  besoins  ;  causes  de  leur  agilité  ;  pesanteur  de  cer- 
taines espèces^  337«  —  Insalubrité  de  l'atmosphère  dans  les  quatre 
premiers  jours,  338.  —  Formation  de  là  couche  végétale,  339.  —  But 
de  la  création  des  oiseaux,  340.  —  Spectaclie  de  la  nature,  341* 

329.  —  La  Bible  nous  apprend  que  le  cinquième  jour  a  été 
Fépoque  des  animaux  vivant  sous  le  firmament,  et  particu- 
lièrement des  poissons  qui  nagent  dans  la  mer  et  des  oiseaux 
qui  volent  dans  Tair.  (Genèse,  ch«  I,  §  20,  21»  22,  23.) 

330.' — La  quatrième  journée  a  fini  par  un  cataclysme  plus  ter- 
rible qu'aucun  des  cataclysmes  précédents,  par  la  raison  que  la 
terre,  alors  plus  solide  et  plus  rétrécie  que  dans  aucune  époque 


196  CINQUIÈMK     ÉPOQUE. 

antérieure,  a  opposé  plus  de  résistance.  Les  explosions  ne 
rencontraient  plus  de  matières  molles;  tout  ou  presque  tout  le 
contour  du  globe  avait  déjà  subi  maintes  fois  la  pression  et 
le  rétrécissement  dont  nous  avons  expliqué  la  loi;  donc  la 
résistance  se  trouvait  générale,  la  matière  étant  beaucoup  plus 
durcie  et  plus  solide  que  dans  les  cataclysmes  antérieurs. 

331.  —  La  partie  aride  ou  la  masse  découverte  de  la  terre, 
qui  était  à  l'ouest,  s  est  affaissée  et,  par  suite  de  cet  affaisse- 
ment, les  eaux  voisines  ont  été  les  premières  à  couvrir  le  grand 
plateau  terrestre,  qui  est  devenu  désormais  le  fond  de  T Océan  ; 
en  même  temps  il  se  découvre  plus  en  avant  un  nouveau  pla- 
teau qui  formera  Taride  ou  la  terre  de  la  cinquième  journée. 

332.  —  Ce  nouveau  plateau,  en  suivant  Tordre  de  déplace- 
ment des  jours  passés,  sera  porté  au  nord-nord-est,  ou  à  peu 
près  dans  la  situation  où  la  terre  est  placée  de  nos  jours. 

333.  —  La  circonférence  du  globe,  au  commencement  du 
cinquième  jour,  se  trouve  réduite  de  la  moitié,  c'est-à-dire  à 
25,000  lieues. 

334.  —  Quoiqae  rétrécie  de  moitié,  la  terre  était  bien  plus 
pesante  qu'elle  n'avait  pu  l'être  aux  époques  précédentes;  le 
volume  diminuait,  mais  le  poids  augmentait  à  cause  de  l'ad- 
dition des  immenses  forêts,  ainsi  que  des  coquilles  et  autres 
animaux  qui  s'étaient  formés  sur  la  vaste  étendue  de  100, 
puis  de  50,000  lieues  de  contour,  pendant  l'espace  de  tant  de 
centaines  de%iècles. 

335.  —  La  cinquième  époque  na  produira  plus  autant  d'êtres 
sur  la  terre,  dont  la  circonférence  est  fort  diminuée;  cepen- 
dant, dans  les  300  siècles  ou  plus  que  va  durer  cette  époque, 
la  matière  nouvelle  différera  peu  en  qualité,  car  il  viendra  s'y 
joindre  une  nouvelle  espèce  d'habitants  qui  n'ont  pas  besoin 
pour  leur  existence  d'une  grande  étendue  terrestre;  c'e&t  la 
grande  classe  des  oiseaux  vivant  dans  Tair  et  donnant  à  la 


INTERVALLE.  197 

terre  le  produit  de  leurs  digestions,  puis  leur  corps  même 
après  leur  mort. 

336.  —  La  Bible  énonce,  à  .cette  occasion,  une  grande 
vérité  et  atteste  en  même  temps  l'exactitude  de  nos  calculs. 
Les  oiseaux  n'auraient  pas  pu  exister  lorsque  le  cercle  de  no- 
tre satellite,  la  lune,  contournait  le  globe;  leur  apparition 
ne  pouvait  avoir  lieu  qu'à  ciel  ouvert  et  quand  l'atmosphère 
pouvait  offrir  à  cette  classe  d'êtres  Routes  les  conditions  d'un 
air  élastique,  purgé  et  sain;  ainsi,  il  leur  fallait  des  monta- 
gnes et  des  pics  plus  élevés ,  pour  abriter  les  différentes  races 
et  leur  faire  respirer  un  air  plus  rare. 

Or,  même  au  quatrième  jour,  l'atmosphère  n'était  pas  en- 
core dans  des  conditions  assei  saines,  et  les  plateaux  de  la 
terre  n'offraient  pas  des  montagnes  assez  élevées  pour  être 
aptes  à  la  nourriture  et  à  Tentretien  des  oiseaux. 

337.  —  La  création  de  l'oiseau  s'opéra  donc  aussitôt  qu'il 
put  trouver  dans  le  fluide  de  l'atmosphère  ia  légèrelé  deTair 
purifié  qu'il  transmet  à  ses  vastes  poumons,  et  qui  le  soutient 
dans  ses  voyages  aériens.  L'oiseau  a  besoin  de  l'air  pur  qui 
pénètre  jusque  dans  ses  os  et  ses  plumes  ;  c'est  alors  seulement 
qu'il  peut  acquérir  l'activité  et  la  subtilité  qui  sont  l'essence 
de  son  être;  comme  le  poisson,  qui,  par  sa  complexion  molle 
et  flexible,  possédant  des  organes  analogues  à  l'élément  hu- 
mide, ne  peut  vivre  que  dans  l'eau;  comme  le  quadrupède  , 
placé  au  milieu  du  sol  terrestre  et  pierreux ,  a,une  organisa- 
tion dure  et  une  pesanteur  de  membres  qui  le  retiennent  atta- 
ché sur  la  terre*  Aussi  voyons-nous  que  l'oiseau  aquatique, 
le  canard,  l'oie,  le  cygne ,  retenant  dans  son  corps  une  quan- 
tité de  principes  humides,  est  bien  plus  lourd  et  plus  épais  que 
l'agile  habitant  des  airs;  ainsi  encoré"les  gallinacés,  les  din- 
dons^ les  perdrix,  les  poules,  les  autruches ,  etc.,  vivant  tou- 
jours sur  terre ,  en  ont  contracté  une  pesanteur  de  corps  qui 
ne  leur  permet  plus  de  s'élancer  au  vol ,  même  à  de  courtes 


198  CINQUIÈME     KPOQUE. 

distances;  ils  sont  forcés  de  laisser  aux  races  habituées  à  vivre 
dans  les  hautes  régions  de  l'atmosphère,  Tagilité,  qui  est  le 
privilège  de  l'espèce, 

338.  — *  L'insalubrité  de  Tatinosphère  durant  les  quatre 
premiers  jours  s'explique  facilement.  D'abord  la  terre,  molle 
encore,  produisait  des  évaporations  relativement  très-épaisses 
et  considérablement  délétères,  à  cause  des  immenses  submer- 
sions de  forêts  qui  s'enfouissaient  constamment  dans  mille 
endroits  différents  autour  du  globe.  En  second  lieu^  il  faut 
noter  Ténorme  quantité  d'insectes  produits  par  l'effet  de  la 
double  chaleur  sur  toute  la  surface  de  la  terre;  ces  insectes 
durent  envahir  la  presque  totalité  de  la  première  couche  de 
l'atmosphère.  En  troisième  lieu,  nous  signalerons  l'humidité 
constante  de  l'atmosphère,  par  suite  de  la  faible  action  de  la 
lumière,  qui  n'était  pas  encore  dégagée,  et  enfin  l'accumula- 
tion séculaire  des  cadavres  de  tous  les  animaux,  dont  une  pro- 
digieuse quantité  resta  sur  le  sol  jusqu'à  ce  que  les  cataclysmes 
les  eussent  engloutis  dans  l'intérieur;  car  les  oiseaux  de  proie, 
destinés  à  remplir  les  fonctions  d'équarrisseurs,  pour  ainsi 
dire,  ne  se  présentent  qu'à  la  cinquième  journée. 

339.  —  Cet  apparent  désordre,  cette  confusion  et  ce  mé- 
lange de  miasmes  provenant  de  l'air  corrompu,  des  cadavres 
et  des  insectes,  étaient  nécessaires  pour  former,  sur  la  croule 
totale  du  globe,  une  grande  et  épaisse  couche  de  terre  végé- 
tale devant  rester  toujours  molle,  et  d'une  nature  propre  à  être 
labourée;  car  les  premières  plantes  n'ont  pu  se  présenter  que 
sur  une  surface  trés-hétérogène,  variant.à  chaque  instant  par 
l'effet  des  éboulements,  et  qui,  laissant  à  découvert  les  parties 
minérales  ou  sablonneuses  et  arides,  rendaient  le  sol  impropre 
à  l'accroissement  des  plantes  et  aux  besoins  des  animaux. 

Il  fallait  donc  que  la  terre  se  formât  une  couche  propre  à 
la  végétation  et  convenable  au  séjour  des  êtres,  séparément 
(les  pierres  et  des  métaux  qui  devaient  rester  au-dessous. 


INTERVALLE,  190 

Ainsi,  pendant  que  le  feu,  à  Taidé  d'une  grande  partie  des 
matières  fraîches,  formait  à  rintérieur  les  produits  les  plus 
pesants  et  les  plus  précieux,  tels  que  les  minéraux  et  les  mé- 
taux, bases  de  la  solidité  de  la  terre,  celle-ci,  aidée  par  Teau, 
devait  également,  avec  une  autre  partie  des  mêmes  matières 
fraîches,  se  préparer  un  sol  gras  et  comparativement  léger 
pour  les  merveilleuses  productions  de  sa  surface. 

340.  —  Déjà,  à  la  quatrième  journée,  la  marche  du  progrès 
dans  cette  voie  s'était  trouvée  bien  avancée  par  le  travail  des 
siècles  précédents  ;  mais  dans  le  cours  de  la  cinquième  épo- 
que, la  terre  devait  arriver  à  son  apogée  de  splendeur,  et  la 
nature,  en  créant  les  oiseaux,  avait  pour  objet  de  purger  Tair 
des  insectes,  et  de  faire  dévorer  les  cadavres  qui  avaient  jus- 
qu'alors infecté  les  forêts  et  les  plaines. 

Que  Toiseau  ait  été  destiné  à  rendre  un  tel  service,  c'est  in- 
contestable ;  il  nous  en  donne  la  preuve  lui-même,  par  sa 
manière  de  vivre,  par  sa  propreté,  ses  mœurs,  qui  sont  res- 
tées constamment  invariables  depuis  sa  création. 

L'oiseau  est  l'animal  le  plus  décent,  et  par  là  le  plus  sym- 
pathique à  la  nature. 

Les  iles  de  guano  qu'on  a  découvertes  de  nos  jours  nous 
démontrent  que  Toiseau,  dans  l'état  sauvage,  va  déposer  ses 
ordures,  et  même  finir  ses  jours  loin  des  habitations,  qu'il  a 
purgées  de  son  vivant,  et  qu'il  ne  veut  pas  empester  de  ses 
restes  après  sa  mort. 

341.  —  Quel  merveilleux  spectacle  que  celui  de  la  nature! 
Voici  le  jour  qu'elle  destine  au  règne  de  Tanimal,  c'est-à-dire 
aux  animaux  plus  parfaits  que  les  monstres  qui  avaient 
existé  jusqu'alors,  et  elle  les  présente  avec  les  éléments  les 
plus  perfectionnés  pour  leur  bien-être. 

La  nature  a  travaillé  pendant  des  siècles  pour  arriver  à  ce 
degré  du  progrès  universel.  Elle  nous  offre  l'oiseau  chantant 
dans  les  régions  de  l'air ,  le  poisson  jouissant  de  l'élasticité 


200  GINQUIÈMB    EPOQUE. 

de  l'eau,  les  quadrupèdes  s'euiTrant  de  la  fraîcheur  des 
plantes  ;  et  afin  de  ne  laisser  aucuu  vide  dans  les  anneaux  de 
la  grande  chaîne  vitale,  elle  a  créé  en  outre  des  êtres  inter- 
médiaires destinés  à  vivre  dans  Tun  et  l'autre  élément,  comme 
les  amphibies,  qui  peuvent  eiister  tout  à  la  fois  sur  la  terre  et 
dans  Teau^  les  vampires  et  les  chauves-souris  qui  tiennent  du 
volatile  et  de  Tanimal  terrestre.  Tous  ces  êtres  ont  une  spé- 
cialité, une  mission  particulière  à  remplir;  leur  accroissement 
est  sans  limites  dans  tous  les  âges,  et  selon  les  changements 
de  température;  une  race  perdue  en  amène  une  autre,  plus 
parfaite;  car  pendant  la  longue  durée  des  siècles,  la  vie  des 
animaux  e(  celle  de  la  terre  n'ont  fait  que  se  confondre  en  se 
fusionnant  dans  une  seule  et  même  matière^  pour  donner 
après  la  mort  une  plus  belle  vie. 


LES   FOSSILES.  201 


CHAPITRE    XXI 


lies  F«»sile0 


SoMHAiRB.  —  Intérêt  des  recherches  da  cinquième  Jour,  342.  ^  Difficultés 
de  ces  recherches,  343.  —  Importance  des  corps  des  animaux-  primitifs, 
3liU.  —  Égalité  des  matières  solides  des  dnq  derniers  époques  avec  la 
totalité  des  molécules  de  la  première  époque,  345.  —  Époques  des  restes 
antédiluviens;  rapetissement  des  races,  346.  —  Fossiles  du  mastodonte, 
du  mammouth  et  de  Téléphant,  347.  —  Rhinocéros  et  géants  du  règne 
animal,  348.  *-  Le  mégathérium,  crapauds  fossiles,  reptiles  volants,  etc., 
340.  —  Squelette  du  mylodon  robustus,  350.  —  Étonnement  des  an- 
ciens à  la  vue  des  grands  fossiles,  351.  —  Sauriens,  Tiguanodon  , 
richthyosaurus,  le  lézard  géant,  352,  —  Opinion  de  Cuvier  sur  la  dis- 
parition eu  grandes  races ,  853.  -—  Belles  conséquences  de  la  théorie 
de  ce  sayant,  354.  —  Débris  fossiles  de  diverses  parties  du  monde,  355. 
—  Fossiles  de  Thippopotame,  356.  —  Fossiles  dé"  l'Algérie,  357.  — 
Fossiles  de  l'Amérique,  358,  359.  —  Observations  sur  les  cochons  et  les 
chevaax  fossiles  de  l'Amérique,  860.  ^  Le  dromatbérium  sylvestre,  361. 
^  Connaissances  peu  étendues  des  anciens,  362.  *-  Ije  dryoffithécui ^ 
ou  le  fossile  de  forme  humaine,  363.  —  Rhinocéros  de  Tempereur  Domi- 
tien,  364.  —  Les  colonies  de  M.  Barrande,  365.  —  Preuves  que  TAsie, 
l'Europe,  l'Afrique  et  l'Amérique  ne  faisaient  qu'un  seul  continent,  366. 


342.  —  Ce  cinquième  jour  de  la  création  offre  la  plus  belle 
carrière  à  nos  investigations,  car  c'est  la  veille  de  notre  pro- 
pre époque ,  et  la  terre  pourrait  bien  nous  y  montrer  quel- 
ques restes  des  êtres  qui  ont  existé  dans  cette  journée  mémo- 
rable. 

Mais  quand  même  la  terre  nous  présenterait  dans  ses  en- 
trailles quelques  nouveaux  vestiges  de  ces  vénérables  anti- 
quités» il  faudrait  le  génie  d'un  Cuvier  pour  en  rq>roduire  les 
physionomies. 

34S.  -^  Jusqu'à  ce  que  la  science,  à  force  d'explorations, 
ait  trouvé,  dans  les  fossiles  pétrifiés,  les  squelettes  ou  les  em- 


202  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

preintes  des  habitants  de  cette  époque ,  ou  d'avant  cette  épo- 
que ,  contentons-nous  de  les  apercevoir  par  l'analogie  des 
temps ^  par  la  nécessité  de  leur  apparition ,  c'est-à-dire  par 
les  rapports  forcés  qui  appellent  la  présence  d'un  être  là  où 
son  existence  est  nécessaire  à  l'harmonie  générale. 

Nous  pouvons  d'autant  plus  avoir  confiance  dans  nos  hy- 
pothèses, que  la  géologie  a  déjà  fait  sur  ce  point  de  grands 
progrès,  particulièrement  depuis  un  demi -siècle,  et  que 
bientôt,  nous  n'en  doutons  point,  elle  viendra  confirmer  nos 
supputations. 

344.  —  Les  formes  des  animaux  primitifs,  comme  leurs 
figures  et  leurs  physionomies,  étaient  certainement  hideuses, 
comparativement  aux  animaux  perfectionnés  de  la  cinquième 
époque;  mais  si  les  figures  étaient  laides,  les  formes  étaient, 
par  contre  y  d'une  taille  gigantesque,  et  ces  énormes  corps  ont 
prodnit  des  matières  solides  en  grande  abondance,  soit  par 
leurs  évacuations  durant  leur  vie,  soit  en  léguant  leurs  restes 
à  la  terre  après  leur  mort.  La  terre  avait  besoin  d'une  pareille 
matière ,  non  seulement  pour  le  travail  intérieur  réclamé  par 
l'élaboration  des  métaux,  mais  aussi  pour  former  Tengrais 
des  couches  végétales,  afin  de  préparer  l'organisation  pro- 
chaine de  l'agriculture  en  vue  de  l'arrivée  des  nouveaux  ha- 
bitants qui  allaient  bientôt  peupler  sa  surface. 

345-  -*  Nos  calculs  démontreront  que  le  règne  animal, 
concurremment  avec  le  règne  végétal ,  a  produit,  dans  les 
cinq  dernières  époques,  un  poids  de  matières  solides  équi- 
valent à  celui  que  pouvait  peser  la  totalité  des  molécules 
primitives,  dont  l'assemblage  s'est  opéré  à  la  première 
époque. 

La  justesse  de  ce  résultat  ressortira  des  explications  que  . 
nous  allons  donner  sur  le  règne  animal  et  de  certaines  sta- 
tistiques partielles,  ;  compris  celle  de  l'homme, à  la  sixième 
journée. 


LES   FOSSILKS.  203 

348.  —  Lçs  débris  des  grands  animaux  reconnus  anlé- 
diiuviens,  trouvés  en  grande  quantité  sur  les  bords  de  la  mer 
aujourd'hui  glaciale,  au  nord  de  la  Russie  et  en  Sibérie,  ainsi 
que  dans  le  nord  de  rAmérique,  prouvent  par  leur  position 
régionale  que  ces  débris  datent  de  la  cinquième  journée,  car 
à  cette  époque  le  climat,  dans  ces  parties  du  monde,  était  tel 
que  ces  êtres  pouvaient  y  exister,  et  c'est  précisément  aussi  la 
partie  du  globe  où  l'aride,  c'est-à-dire  la  terre,  était  alors  à 
découvert. 

Ces  animaux,  d'une  grandeur  assez  colossale  en  propor- 
tion des  espèces  qui  vivent  aujourd'hui,  nous  donnent  la 
preuve  du  rapetissement  des  races  à  mesure  que  le  globe  se 
rétrécit  lui-même  (1). 

347.  —  Le  mastodonte,  étudié  et  reconstruit  par  Cuvier, 
n'existe  plus  qu'à  l'état  fossile  ;  il  se  rapproche  des  éléphants 
et  se  classait  avec  eux  dans  la  famille  des  pachydermes  pro- 
boscidiens;  seulement  il  est  d'une  création  plus  ancienne  que 
l'éléphant. 

On  trouve  ^continuellement  des  fossiles  de  mastodonte  dans 
TAsie  septentrionale ,  en  Europe  et  en  Amérique,  particu- 
lièrement aux  alentours  des  rives  de  l'Ohio,  en  Virginie  et 
dans  le  Canada,  où  les  habitants  le  nomment  le  père  aux 
bœufs  ou  l'ancien  bœuf,  bien  qu'il  soit  quatre  fois  plus  grand 
que  ne  l'est  le  bœuf  actuel.  Le  mammouth  (2),  qui  est  aussi 
(l'une  taille  prodigieuse  et  qu'on  avait  cru  être  un  éléphant 
Carnivore,  a  fourni  les  moyens  de  l'examiner  par  les  fossiles 
qu'on  a  découverts  ;  et,  ce  qui  est  remarquable,  c'est  que  les 
ossements  qu'on  trouve  à  des  distances  énormes,  comme  en 
Europe  et  en  Amérique,  sont  pourtant  des  ossements  de  la 
même  espèce  et  de  la  même  taille. 

(4)  Voir  la  note  M,  à  la  fin  du  volume. 

(2|  Peales,  account  of  the  skeleton  of  Ihe  mammouth  and  an  his' 
lorkat  disquisition  on  fhe  mammouth. 


204  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

Après  le  mastodonte,  Téléphant  devait,  à  la  cinquième 
époque,  remplir  les  fonctions  du  bœuf  de  nos  jours,  et  il  pou- 
vait être  soumis  aux  mêmes  travaux  et  à  la  même  domesti- 
cité que  le  bœuf  Test  en  ce  moment.  Nous  en  avons  encore 
la  preuve  dans  les  services  analogues  que  cet  animal  rend  en 
Asie. 

348.  —  Les  squelettes  des  éléphants  et  des  rhinocéros,  qu'on 
a  trouvés  et  qu'on  découvre  constamment,  sont  de  taille  beau- 
coup plus  grande  que  les  individus  vivants  des  mêmes  races; 
mais  au  moins  nous  avons  la  satisfaction  de  voir  vivants  les 
descendants  de  deux  espèces  qui  ont  résisté  aux  changements 
de  climat  des  époques  passées.  Les  mastodontes,  les  mam- 
mouths et  bien  d'autres  familles  de  géants  du  règne  animal 
sont  éteints  pour  nous,  et  leur  disparition  nous  montre  que 
les  êtres  ne  peuvent  vivre  qu'autant  que  la  terre  et  le  climat, 
c'est-à-dire  les  conditions  physiques  de  la  terre,  leur  sont  ho- 
mogènes. Les  éléphants,  les  rhinocéros  et  tous  les  autres  ani- 
maux qui  descendent  des  races  anciennes,  quoique  plus  petits 
de  taille,  nous  prouvent  leur  origine  antédiluvienne,  et  sem- 
blent nous  dire  avec  orgueil  qu'ils  ont  acquis  le  droit  de  deve- 
nir à  leur  tour  les  géants  du  règne  animal  de  mtre  époque, 
tanclis  qu'ils  n'auraient  été  que  des  pygmées  dans  le  même  règne 
aux  époques  primordiales. 

349.  —  Dans  les  grands  fossiles  d'Amérique  on  a  décou- 
vert le  mégathérium,  de  la  famille  des  paresseux,  dont  la  gran- 
deur dépasse  celle  du  rhinocéros  et  même  de  l'éléphant;  ces 
paresseux  étaient  très-répandus  sur  tout  le  globe  et  la  race  en 
est  éteinte. 

On  a  trouvé  en  Suisse  des  crapauds  fossiles  et  des  reptiles 
volants  d'une  grande  dimension.  On  a  découvert  à  Honfleur, 
au-dessous  de  la  Seine,  des  crocodiles  à  l'état  fossile,  et  Bruce, 
dans  ses  voyages,  a  véritié  que  ces  animaux  ont  abandonné 
l'Egypte  eh  se  retirant  dans  la  Nubie  et  l'Abyssinie,  contrées 


LES    FOSSILES.  205 

qui  offrent  de  nos  jours  ie  climat  qui  leur  convient,  tandis 
qu'eu  Egypte  vivaient  autrefois  des  ours  blancs,  qiri  ne  peu- 
vent vivre  que  dans  les  glaces  du  pôle. 

Les  défenses  d'éléphants,  recueillies  par  milliers  près  des 
bords  de  la  mer  glaciale,  servent  aux  mêmes  usages  que  Ti- 
voire  frais;  les  czars  ont  voulu  autrefois  s'en  réserver  le  mo- 
nopole. L'éléphant  était  donc  très-répandu  dans  -les  régions 
qui  sont  aujourd'hui  l'extrême  nord  du  globe. 

En  1771,  il  a  été  déterré,  auprès  de  Yelhoni  (Russie  sep- 
tentrionale), un  rhinocéros  entier,  avec  sa  chair,  sa  peau  et 
son  poil  ;  sa  tête  et  ses  pieds  sont  encore  conservés  à  Saint- 
Pétei'sbourg. 

350.  —  Dans  les  plaines  de  la  Plata,  Amérique  du  Sud, 
dans  Tannée  1841,  M.  Pedro  de  Angelis  a  découvert,  à  sept 
lieues  nord  de  la  ville  de  Buenos-Ayres,  le  grand  squelette  d'un 
animal  géant,  qu'on  appela  mylodon  robustus  (1);  cet  ani- 
mal était  en  état  de  grimper  sur  l'arbre  sigillaria.  Le  sque- 
lette en  question  se  trouve  déposé  à  Londres,  au  collège  de 
chirurgie. 

Non  loin  du  lieu  de  celle  découverte,  on  en  fit  une  autre 
d'un  animal  à  carapace,  osseux  el  marqueté,  d'une  grande 
taille^  ressemblant  à  VarmadiUo.  Le  chargé  d'affaire  anglais, 
sir  W.  Parish,  a  acheté  Tun  et  l'autre,  el  les  a  expédiés  à 
Londres. 

35L  —  Thomas  Ha wkins  s'exprime  ainsi  (2): 
a  Parmi  les  écrits  des  nombreux  auteurs  de  Tantiquité,  il 
c<  nous  est  parvenu  des  notions  singulières  sur  des  os  et  sque- 
«  leltes  trouvés  dans  les  entrailles  de  la  terre,  et  qui  appar- 


{\)  Description  of  ihe  skelelon  of  an  extinct  giganiie  tlathy  Mylo- 
don rob%itëtu$^  Owen  by  Uichard  Owen.  London,  1842,  1  vol.  in-4o, 

(2|  Mémoire  of  icht/tyosauri  and  plesiosauri  extinel  monter  s  of 
the  ancient  earth.  London,  1834,  i  vol.  in-fol.  avec  24  gravures. 


206  Cl>QriÈllE     ÉPOQCE. 

«  tenaient  à  des  anîmaaiL  de  cette  ère  hypothétique  où  Ti- 
«  valent  des  géants  d^nne  dimension  extraordinaire.  Ncnis 
«  poorrions,  ajoote-t*il,  citer  bien  des  passages  dans  lesqa^ 
«  il  est  fait  mention  do  temps  et  de  la  place  où  des  os 
«  d'nne  grandeur  surhumaine  ont  été  extraits  do  sein  de  la 
«  terre.» 

Les  savants  de  nos  jours,  déjà  familiarisés  avec  les  expia- 
Fatioos  de  la  géologie,  pourraient  à  peine  croire  les  eSels 
sério-eomiqnes  que  ces  sortes  de  décourertes  produisaient  sur 
les  esprits  étonnés  dfô  philosophes  qui  Tiyaicnt  dans  ces 
siècles  passés.  De  là  naquirent  de  brillantes  fictions,  telles  que 
les  fables  des  Titans,  etc.,  etc.. 

352^  —  Il  n'y  a  aucun  doute  que,  dans  ces  débris,  il  y  aTait 
des  restes  de  l'espèce  des  pachydermes,  de  la  race  des  méga- 
ihériums^  avec  mille  autres  espèces  toutes  colossales,  et  sur- 
tout des  grands  sauriens  H),  ces  êtres  singuliers,  ayant  pour 
se  défendre  une  seule  corne,  comme  un  espadon,  arme  ter- 
rible,  que  M.  Gédéon  Mantell,  après  des  travaux  persévérants, 
a  su  décrire  ayiH^  un  vrai  talent  et  sans  doute  une  grande 
exactitude  (2). 

Le  géant  m^alosaurw\  et  un  plus  gigantesque  encore, 
Viguanodon^  auprès  duquel  nos  plus  grands  palmiers  ne 
seraient  que  des  arbustes  nains ,  et  le  prodigieux  ichthych- 
gaunvs  (3)  doivent  avoir  créé  dans  Fimagination  des  peuples 

(1)  «  D*^onnes  sauriens,  dit  M.  Alfred  Maurj  {la  Terre  et  l'Hamune^ 
1857),  fréquentaient  la  vaste  mer  crétacée,  et  Tan  d^eux.  déeoaTeit 
dans  les  couches  de  craie  de  Maestricht,  a  dû  à  cette  ciroonstance  son 
nom  de  moêoêaure  (le  saorien  de  la  Meuse)  ;  il  était  roisin  des  iguanes, 
et  sa  tète,  année  d'un  formidable  appareil  denté,  avait  un  mètre  et 
demi  de  long.  Cet  animal  monstrueux  a  été  aussi  retrou  vé  en  Angle- 
teriie  et  dans  la  craie  de  Meudon,  près  Paris.  ■ 

(2)  The  Geology  ofîhe  9omth^aMi  of  Englamd. 

^3)  Au  mois  de  jaîn  1858 ,  dans  le  canton  de  Berne  ,  des  fooilks 
ayant  été  entreprises  sous  la  direction  d'un  géologue  suisse,  M.  Meynu 


LES  FOSSILES.  207 

de  ces  époques  (où  les  découvertes  de  la  géologie  n'étaient  pas 
inême  soupçonnées),  une  panique  suffisante  pour  créer  tous 
les  monstres  que  la  Fable  nous  a  transmis  sous  la  forme  des 
hydres,  hippogriffes,  dragons,  etc. 

M.  Mantell  donne  les  détails  des  dernières  découvertes  fos- 
siles végétales  et  animales  (1). 

Nous  ne  suivrons  pas  l'auteur  dans  tous  ces  détails,  fort 
intéressants  du  reste,  ni  dans  les  débats  des  savants  pour  dé- 
couvrir si  ces. fossiles  gigantesques  appartenaient  aux  qua- 
drupèdes ou  à  d'autres  races.  Nous  remarquons  seulement  la 
conclusion  concernant  le  classement  de  Vichthyosaurus  ;  on 
reconnaît  que  son  nom  dérive  du  grec,  ichthyos,  poisson, 
etsatiro.^,  lézard. 

C'est  donc  le  lézard  géant  avec  ses  espèces^  races  et  va- 
riétés qui  abondait  dans  les  premiers  âges  du  monde;  ces 
êtres  sont  restés  les  princes  du  règne  animal  jusqu'à  la 
cinquième  journée  ;  après  cette  époque ,  la  terre  n'était  plus 
assez  molle  pour  leur  genre  d'existence,  et  ils  ont  fait  place 
à  des  races  mieux  appropriées  au  terrain  plus  dur  qui  se  for- 
mait. 

353*  —  Cuvier  dit  que  (2)  les  fossiles  ayant  donné  naissance 
à  la  théorie  de  la  terre,  lui  ont  fourni  en  même  temps  ses 
principales  lumières  ;  que  la  découverte  spéciale  des  os  fossiles 
des  quadrupèdes  peut  conduire  à  des  résultats  plus  rigoureux 
qu'aucune  autre  dépouille  de  corps  organisés;  mais  en  même 
temps  il  est  convaincu  que  les  races  des  grands  quadrupèdes 

on  mil  à  découverl  le  squelelle  d'un  ichlhyosaure  ;  ce  squelette  a  en- 
viron 12  mètres  de  longueur;  il  a  dû  être  déposé  au  musée  d'histoire 
naturelle  de  Bade. 

(i)  Pictorial  atlas  of  fossU  remains,,. ^  by  Gideon  Âlgernon  Man- 
teU,  esq.,  London,  ^850. 

(2)  Discours  sur  les  révolutions  de  la  surface  du  globe ,  pages  39 
et  42. 


208  CINQUIÈMK     ÉPOQUE. 

sont  éteintes,  et  qu'il  n'y  a  plus  aucun  espoir  de  les  voir  se 
reproduire  sur  notre  globe. 

354.  —  Cuvier  avait  raison;  la  découverte  des  grands  ani- 
maux anciens  sera  la  seule  qui  pourra  nous  conduire  à  for- 
mer,  à  peu  près ,  la  statistique  des  êtres  selon  les  temps,  et, 
par  leurs  caractères  et  les  altérations  de  leurs  formes,  nous 
désigner  aussi  les  climats  qui  régnaient  aux  diverses  époques 
de  leur  existence. 

Depuis  Cuvier,  on  a  continué  les  fouilles  et  l'élude  des  dé- 
couvertes avec  une  persévérance  et  une  habileté  merveilleu- 
ses. On  avait  appris  de  ce  savant  à  composer  une  carcasse 
avec  des  fragments  d'un  individu  ;  la  présence  de  quelques  os 
lui  suffisait  pour  reconstruire  l'animal  et  lui  rendre  sa  phy- 
sionomie; ainsi,  il  ressuscitait  les  formes  delà  nature  anti- 
que. Les  traditions  de  son  école  ont  heureusement  progressé. 

355.  —  Partout  les  débris  fossiles  nous  ont  confirmé  que 
l'Europe,  TAsie,  T  Afrique  et  l'Amérique  ont  été  habitées  par 
les  éléphants  qu'on  a  nommés  elephas  primigenius^  et  par  les 
rhinocéros,  qu'on  a  nommés  rhinocéros  tichorhinus. 

Les  auteurs  de  la  Géologie  de  la  Russie  ont  reconnu  que 
cet  éléphant  et  ce  rhinocéros  avaient  vécu  longtemps  dans  la 
Sibérie.  M.  Goldfuss  ayant  examiné  des  dents  molaires  d'élé- 
phants et  de  rhinocéros,  en  Allemagne,  y  a  trouvé  des  diffé- 
rences sensibles  et  les  a  nommés  elephas  prisms  et  rhinocé- 
ros htiiellensis.  Ces  différences  attestent  ou  qu'il  y  avait 
plusieurs  races  à  la  même  époque ,  ou  que  ces  variétés  appar- 
tiennent à  des  races  successives. 

Buckland  (1),  Gibson,  ont  trouvé  des  vestiges  nombreux 
de  ces  animaux  dans  la  célèbre  caverne  de  Kirkdale  en  An- 
gleterre. 

Les  ossenâents  de  ces  grands  pachydermes,   et  ceux  des 

(1)  Reliq.  diluv.,  pi.  VII. 


L£S  FOSSILES.  209 

nombreux  carnassiers,  rongeurs  et  ruminants,  qui  leur  sont 
presque  partout  associés,  se  montrent  disséminés  dans  tout 
l'espace  compris  entre  la  mer  Caspienne,  la  mer  Noire  et  la 
Baltique. 

356.  —  Avec  les  restes  d^éléphants  et  de  rhinocéros  géants, 
ou  voit  quelquefois  s'associer  des  ossements  d'hippopotames, 
type  complètement  étranger  à  la  faune  que  nous  croyons  d'or 
rigine  sibérique  ;  peut-être  se  rapprocheraient-ils  de  Tune  des 
espèces  vivantes  de  l'Afrique.  Une  dent  a  été  donnée  au  Mu- 
séum par  M.  Boucher  de  Perthes,  et  se  trouve  mentionnée  et 
figurée  dans  Tosiéographie  de  M,  de  Blainville  (Fasc.  du  g.  Sus, 
pi.  ix),  comme  canine  supérieure  d'un  grand  s^is  (sanglier). 

-357.  —  L^exploration  ,des  cavernes  de  l'Algérie  a  procuré 
également  des  ossements  de  lyhacochœre^  d*hyëae  tachetée  du 
Cap,  de  bos primigenim ,  et  des  vestes  d'éléphants  et  de  rhi- 
nocéros fossiles,  rapportés  par  M.  Renou  (1),  qui  sont  de  la 
même  espèce  que  ceux  trouvés  dans  le  lac  Salé  d'Amérique. 

358.  —  Le  président  des  États-Unis,  Jefferson,  a  décou- 
vert dans  une  caverne  de  la  Virginie  les  ossements  d'un  an- 
cien grand  animal  qu'on  nomma  megaloniXy  et  plus  tard  on 
trouva,  dans  la  vallée  du  Mississipi,  un  squelette  complet  d'un 
pareil  animal. 

Les  tatom  ou  dasypiem  ^  qui  vivent  encore  depuis  le  Mexi- 
que jusqu'à  l'extrémité  de  l'Amérique  méridionale,  sont  d'une 
taille  de  moitié  plus  petite  que  les  débris  fossiles  de  la  même 
r»ce  qu'on  a  trouvés  dans  les  fouilles  du  Mexique  et  de  l'Afri- 
que. 

359.  —  Mais  les  éléphants  antédiluviens,  de  l'espèce  la 
plus  colossale,  se  font  reconnaître  par  les  fragments  fossiles 
trouvés  fréquemment  dans  les  couches  de  terre  glaise  d'aï- 
luvion  de  l'Amérique  septentJ'ionale.  Ces  découvertes,  rappro- 

(t)  Moniteur^  2  mars  1858. 

14 


210  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

chées  de  Tobservation  analogue  relative  aux  débris  asiatiques, 
semblent  prouver  que  les  éléphants  de  la  cinquième  époque 
ont  survécu  plus  que  toute  autre  race,  en  traversant  les  der- 
nières révolutions  du  globe. 

On  a  trouvé  dans  les  forêts  vierges  de  TOhio  (Amérique),  et 
dans  le  lac  Salé ,  une  quantité  d'ossements  de  cet  animal  gi- 
gantesque, ainsi  que  dés  bois  de  cerfs  géants  et  d'autres  grands 
animaux  d'un  temps  primitif.  Il  y  a  à  Philadelphie  un  sque- 
lette entier  d'éléphant  trouvé  dans  Osage-County  dont  la  lon- 
gueur, de  la  queue  à  la  tête,  est  de  30  pieds;  on  a  trouvé  depuis 
des  os  bien  plus  gros  et  plus  considérables  qui  attestent  une 
taille  beaucoup  plus  grande  encore. 

•  360.  —  Notons  ici  deux  faits  très  remarquables  :  des  co- 
chons de  l'Inde  orientale  ont  été  retrouvés,  à  l'état  fossile, 
dans  l'Amérique  du  Sud.  En  second  lieu,  .à  rentrée  des  Espa- 
gnols dans  l'Amérique,  il  n'y  avait  pas  de  chevaux  du  tout; 
cependant  on  y  trouve  aussi  bien  qu'en  Europe  des  ossements 
fosBiles  de  chevaux  dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs;  le 
cheval  sauvage  a  donc  existé  dans  cette  contrée ,  mais  la 
race  chevaline  s'y  était  éteinte  ou  avait  été  détmite  dans  les 
âges  antérieurs,  peut-être  par  des  animaux  plus  forts,  parce 
qu'ils  n'étaient  pas  protégés  par  les  soins  de  l'homme,  comme 
ils  ont  dû  l'être  sur  l'ancien  continent. 

361.  —  L'un  des  plus  infatigables  géologues  de  notre 
temps,  le  savant  sir  Charles  Lyell,  nous  donne  des  détails  fort 
curieux  (1)  sur  de  nombreuses  découvertes  de  fossiles  de  toute 
espèce,  et  particulièrement  de  mammifères  trouvés  au  sein  de 
roches  d'une  haute  antiquité,  dans  la  Caroline  du  Nord  (États- 
Unis),  entre  autres  (2)  d'un  dromatheriMm  sylvestre,  ainsi 

(1)  Manuel  de  Géologie  élémentaire. 

(2)  Supplément  au  Manuel  de  Géologie  élémentaire,  par  sir  Charles 
Lyell. 


LES   FOSSILES.  211 

nommé  par  le  docteur  Ëmmons,  qui  rapporte  à  la  période 
permienne  (1)  les  couches  au  sein  desquelles  il  était  enfoui. 
Ces  couches  contiennent  aussi  des  débris  de  sauriens  théco- 
dontes.  Il  est  à  remarquer  que  des  espèces  fossiles  de  cette  fa- 
mille de  grands  reptiles  se  sont  rencontrés  également  dans  le 
Trias  supérieur  du  Wurtemberg.  L'auteur  ajoute  que  le  fossile 
en  question  est  aussi  ancien  que  le  bassin  houiller  de  Rich- 
mond  (Virginie,  Amérique),  et  que  le  dromatherium  appar- 
tiendrait à  la  partie  inférieure  de  la  série  jurassique,  plus  an- 
cienne que  le  schiste  de  Stonesfield,  et  par  conséquent  on 
peut  le  regarder  comme  l'un  des  représentants  les  plus  an- 
ciens, jusqu'à  ce  jour  connus,  de  la  classe  des  mammifères. 

362.  —  Les  anciens  se  sont  assez  rendu  compte  des  ani- 
maux vivants.  Nous  voyons  dans  Arislote  la  description  de 
presque  tous  les  animaux  encore  les  plus  remarqués  de  nos 
jours;  mais  les  anciens  n'avaient  pas  fait  des  fouilles  sous  la 
terre,  ils  ne  connaissaient  les  animaux  géants  que  par  les  tra- 
ditions verbales  transmises  de  père  en  lils,  et  qui  naturelle- 
ment s'altèrent  paries  exafgérations  et  finissent,  comme  on 
Ta  vu,  par  des  fables.  Ainsi  les  singes  de  presque  toutes  les 
espèces  ont  été  indiqués  par  les  anciens  sous  les  noms  de  j)i- 
thèques,  de  sphinx,  de  satyres,  de  cébus,  de  cynocéphales,  de 
cercopithèques. 

Les  orangs-outangs  et  tout  autre  animal  approchant  des 
formes  et  de  la  taille  de  l'homme,  mais  privés  de  la  parole, 
se  trouvent  compris  sous  ces  différentes  dénominations. 

363.  —  M.  Owen  a  trouvé  des  débris  d'un  singe  qui  a  dû 
vivre  sur  les  bords  de  la  Tamise,  et  qu'on  a  nommé  macact^ 
phocœnus. 

(i)  Le  calcaire  magnésien  de^  géologues  anglais  a  reçu  de  sir  R.  Mur- 
chisqn,  en  i84l ,  le  nom  de  Permiêny  du  gouvernement  de  Perm,  en 
Russie,  où  ce  terrain  occupe  une  surface  double  de  ceUe  de  la  France, 
el  contient  en  abondance  des  fossiles  très-variés. 


212  CIN(iVl£ME      ÉPOQUE. 

Il  y  a  plus  (le  vingt  ans,  un  géologue  français,  M.  Lartet,  a 
signalé  un  singe  fossile,  voisin  de  l'orang-outang,  qui  venait 
d'être  recueilli  en  France,  dans  un  dépôt  d'eau  douce  à  San- 
san  (Haute-Garonne).  Il  lui  a  donné  le  nom  de  dryopithecus, 
c'est-à-dire  singe  d*arire,  *parce  que  cet  animal,  qui  parait 
avoir  été  frugivore,  devait  grimper  sur  les  arbres  pour  en 
manger  les  fruits.  Ce  savant  distingué  a  depuis,  en  1856,  fait 
connaître  la  découverte,  au  sein  du  même  gisement,  d'une 
nouvelle  espèce  fossile  de  la  famille  des  orangs,  de  taille  supé- 
rieure à  celle  du  chimpanzé  vivant.  Les  parties  du  squelette 
qu'on  avait  trouvées  étaient  seulement  les  deux  branches  d'une 
mâchoire  inférieure  garnies  de  leurs  dents  et  un  humérus. 
Ces  débris  ont  suffi  pour  indiquer,  par  leur  structure  anato- 
miqué  et  leurs  dimensions,  une  espèce  se  rapprochant  de 
rhomme  plus  qu'aucune  autre  parmi  les  quadrumanes  vivants 
ou  fossiles  jusqu'à  présent  connus  des  naturalisâtes.  L'observa- 
tion des  dents  a  indiqué  aussi ,  d'après  leur  ordre  de  succes- 
sion el  d'après  leur  nombre,  que  ce  quadrumane  différait  du 
chimpanzé  et  correspondait  à  l'espèce  humaine. 

Déjà  on  avait  reconnu  que  le  gibbon,  par  son  squelette  en 
général,  se  rapprochait  du  type  humain  bien  plus  que  tout 
autre  singe. 

Vers  le  même  temps,  en  1854,  on  avait  découvert  en  Grèce, 
l>rès  d'Athènes,  un  autre  fossile  de  singe,  que  M.  Lartet  assi- 
mile à  un  genre  vivant,  celui  du  semnopithecm,  mais  qu'on 
«croit  du  même  âge  que  le  fossile  de  Sansan. 

a  Ces  faits,  dit  M.  Lyell  (Supplément  au  Manuel  de  Géo- 
logie), nous  font  voir  combien  il  nous  reste  à  apprendre  sur 
rhistoire  ancienne  des  quadrumanes,  surtout  si  nous  songeons 
que,  sous  le  rapport  géologique,  nous  connaissons  fort  peu, 
comparalivement,  les  contrées  tropicales,  où  cependant  il  fau- 
.drait  s'attendre  à  rencontrer  en  plus  grand  nombre  que  par- 
tout ailleurs  des  vestiges  de  genres  anthropomorphes  (ayant 
formes  d'hommes)  éleints.  Si  des  couches  aussi  anciennes  que 


LES   FOSSILES.  213 

le  miocène  ont  pu  nous  révéler  des  formes  jusqu'à  un  certain 
point  intermédiaires  entre  le  chimpanzé  et  Thomme,  ne  som- 
mes-nous pas  en  droit  de  présumer  qu'un  jour  d'autres  cou- 
ches d'une  date  plus  ancienne  ou  plus  moderne  fourniront 
également  de  nouveaux  anneaux  ostéologiques  entre  Thomme 
et  le  dryopithecus?  » 

364.  —  H  n'entre  pas  dans  le  plan  de  cet  ouvrage  d'indi- 
quer les  noms  de  tous  les  quadrupèdes  de  l'antiquité  ou  anté- 
diluviens déjà  reconnus  par  la  science;  c'est  à  elle  de  créer 
les  noms  à^ mesure  qu'elle  fait  une  découverte;  seulement  nous 
trouvons  que  Domitien  montrait  à  Rome  un  animal  auquel  on 
n'a  pas  donné  un  nom  particulier,  et  qu'on  appelait  le  rhino- 
céros à  deux  cornes.  Cet  animal  n'existe  plus  de  nos  jours. 
Domitien  en  fit  graver  l'image  sur  des  médailles,  ainsi  que 
le  raconte  Pausanias.  Cette  espèce  était  donc  déjà  très-rare  à 
cette  époque  ;  par  conséquent,  il  y  a  environ  dix-huit  siècles 
que  cet  animal  a  disparu.  Le  rhinocéros  unicorne  existe  tou- 
jours, mais  seulement  dans  les  pays  les  plus  chauds. 

365.  —  M.  Barrande  de  Prague,  avec  un  zèle  qui  honore 
sa  persévérance,  a  formé  une  des  plus  belles  collections  de 
fossiles  de  l'Europe  ;  déjà  plus  de  1,500  espèces  d'invertébrés 
fossiles  ont  récompensé  ses  efforts. 

Ce  savant  géologue  a  classé  par  colonies  les  formations 
probables  des  couches  de  fossiles  ;  ce  système  pourrait  être 
assez  juste  pour  un  plateau  spécial  comme  la  Bohême,  et 
offrir  la  gradation  des  espèces  éteintes  en  présence  des  races 
nouvelles  qui  se  remplaçaient  successivement.  En  effet,  les 
études  de  M.  Barrande  prouvent  que  la  faune  graduelle  d'une 
colonie  à  l'autre  présente,  dans  la  quantité  des  espèces,  une 
différence  de  8  à  9  p.  100,  ou  bien  de  1  à  2,  d'une  couche  à 
l'autre. 

■ 

Mais  il  serait  difficile  de  prendre  cette  théorie  pour  une  règle 
générale,  car  dans  les  grands  bouleversements  de  la  teri^  et 


214  CINQUIÈME      ÉPOQUE. 

particulièrement  sur  les  points  des  divisions  causées  par  les 
crevasses,  les  soulèvements  qui  ont  eu  lieu  en  même  temps 
que  les  transports  par  les  eaux  doivent  avoir  confondu  assez 
souvent  dans  un  même  terrain  les  produits  des  êtres  ou  des 
formations  d'une  époque  très-éloignée. 

Les  courants  souterrains  ont  dû  aussi  porter  les  dépôts  d'un 
bout  à  l'autre  du  monde,  et  causer  un  mélange  de  débris 
d'êtres  dissemblables,  lesquels  n'auraient  pu  vivre  ensemble 
sous  le  même  climat;  et  cependant  un  soulèvement  subit  les 
offrirait  aux  recherches  des  géologues  d'aujourd'hui ,  sur 
une  même  couche,  ou  dans  la  circonscription  d'une  même 
colonie. 

366.  —  L'analogie  du  terrain,  ou  des  couches  de  terre  et 
celle  des  fossiles  découverts  en  Amérique,  comme  en  Europe 
et  en  Asie,  prouvent  jusqu'à  la  plus  parfaite  évidence,  que 
tous  ces  continents  n'en  faisaient  encore  qu'un  seul  à  la  fin  de 
la  cinquième  époque  de  formation  de  notre  planète.  Nous 
verrons  bientôt  le  moment  et  la  cause  de  la  séparation  et  de 
la  division  des  différentes  parties  du  globe  terrestre. 


LES   INSECTES.  215 


CHAPITRE  XXII 


lies  Insectes. 

SoMMAiBE.  —  ImportftDce  de  Tétude  des  petits  ammaux ,  367.  —  Leur 
caractère  destructeur;  les  grillons,  les  cypris,  HOte^  368.  —  Insectes 
funestes;  insectes  utiles,  369.  —  Considérations  sur  la  multitude 
des  insectes,  370.  —  Leur  constitution  chimique,  371.  —  Leur  multi- 
plication combattue  par  les  oiseaux ,  372.  —  Les  oiseaux  insectirores 
et  les  insectes  malfaisants,  373,  374,  375.  —  Utilité  des  insectes,  376, 
377,  378.  —  Les  infiniment  petits,  379.  —  Opinions  diverses  sur  l'ins- 
tinct ou  l'intelligence  des  ammaux,  380.  —  Merveilles  de  leurs  fonc- 
tions animées,  381.  —  Exemples  d'insectes  apprivoisés,.  382.  — »  Origi- 
nalité du  travail  des  animaux,  383.  ~  Belle  question  à  résoudre,  384.  — 
Actes  mécaniques,  385.  —  Chefs-d'œuvre  spontanés  des  insectes,  386. 
*-  Habileté  naturelle  de  certaines  espèces,  387.  ^  La  solution  reste 
provisoirement  ajournée,  388. 


LES  INSECTES. 

367.  —  Les  auteurs  anciens ,  comme  là  plupart  des  auteurs 
modernes,  se  sont  plus  particulièrement  occupés  des- grands 
animaux  que  des  petits  ;  cependant  les  petits  ont  été  les  pre- 
miers à  paraître  sur  la  terre  ^  dans  Teau  et  dans  l'air ,  et  ils 
ont  été  toujours ,^  sous  le  rapport  du  nombre,  dans  une  pro- 
portion intiniment  supérieure  aux  grands;  les  insectes  ont  in- 
flué aussi  beaucoup  plus  sur  les  révolutions  physiques  du  globe 
ainsi  que  sur  les  changements  de  climats;  aussi  les  efiets  pro- 
duits par  leur  présence  auraient  pu  mériter  un  examen  plus 
approfondi. 

A  la  seconde  époque,  à  l'occasion  du  règne  de  l'eau,  nous 
avons  \u  l'importance  des  coquilles  et  des  polypes^  genre 
d'animaux  qui  se  sotit  présentés  les  premiers,  lors  de  la  for- 
mation de  cet  élément  ;  nous  ne  reviendrons  donc  pas  ici  sur 
l'origine  de  ces  êtres  primitifs. 


216  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

Nous  avons  fait  remarquer  en  même  temps  rimportance  de 
ces  petits  animaux  qui  habitent  au  sein  des  mers  (94-95),  et 
signalé  leur  participation  dans  les  altérations  de  I9  masse  des 
substances  terrestres.  Nous  allons  nous  occuper  maintenant 
des  insectes  de  la  terre,  qui  n*ont  pas  moins  contribué,  bien 
que  dans  un  ordre  différent,  aux  phénomènes  du  globe. 

368.  —  Les  insectes  de  la  terre  méritent  encore  plus  notre 
attention,  car  ils  se  présentent  constamment  sous  nos  yeux  et 
non  sans  nous  gêner  ;  ils  nous  font  souvent  nous  demander 
pourquoi  sont  venues  ces  masses  innombrables  de  mouches, 
de  fourmis,  de  vers,  de  chenilles,  de  criquets,  de  saute- 
relles, de  guêpes,  de  cousins  et  tant  d'autres  espèces  d'êtres 
infiniment  petits  (1)  qui  ne  se  contentent  pas  de  demeurer 
dans  ou  sur  la  terre,  mais  qui  osent  attaquer  les  autres  ani- 
maux sans  respecter  l'homme  même,  soit  quand  il  dort,  soit 
quand  il  est  éveillé. 

Nous  entendons  dire  souvent  que  la  création  de  ces  êtres 
importuns  était  inutile,  qu'ils  ne  font  que  nous  tourmenter 
de  jour  ou  de  nuit ,  gâter  nos  mets  sur  lesquels  ils  se  permet- 
tent de  déposer  leurs  œufs,  détruire  nos  étoffes  dont  ils  ron- 
gent les  (ils ,  ruiner  nos  propriétés,  etc. 

Il  y  a,  en  effet,  un  contraste  remarquable  en  apparence 
entre  la  conduite  des  insectes  de  la  mer  et  celle  des  insectes 
de  la  terre. 

Les  coquilles  et  les  polypes,  insectes  de  la  mer,  font  un 
travail  d'accroissement,  d'augmentation,  en  formant  des  bancs 
de  corail  qui  prolongent  les  rivages  et  ajoutent  des  fies  aux 
continents  ;  tandis  que  les  insectes  de  la  terre  font  l'effet  con- 
traire, ils  ne  travaillent  qu'à  la  destruction  et  la  portent  par- 
tout où  ils  vivent. 

On  a  rencontré  dans  des  excavations  de  grandes  quantités 
de  bois  fossiles,  presque  tous  rongés  par  les  vers. 

(A)  Voir  la  note  N,  à  la  fin  du  volume. 


LES   INSECTES.  217 

M.  Deluc  rapporte  qu'il  trouva ,  dans  une  colline  voisine 
de  r Atlas,  des  pièces  de  bois  fossile  au  milieu  d'une  couche 
de  coquilles  y  et  que  Tune  de  ces  pièces  de  bois  avait  été  tel- 
lement criblée  par  les  vers  qu  elle  ressemblait  à  de  la  dentelle. 

369.  —  Cependant  il  est  impossible  d'admettre  que  la  na- 
ture ait  mis  au  monde  ces  êtres  uniqnement  pour  qu'ils  fissent 
du  mal.  Au  premier  aperçu,  nous  voyons  que  dans  le  nombre 
de  ces  espèces  d'insectes,  s'il  y  en  a  de  fort  nuisibles,  exer- 
çant leur  action  funeste  soit  sur  les  végétaux  précieux  pour 
nous ,  soit  sur  nos  animaux  domestiques  et  sur  nous-mêmes, 
par  contre,  il  y  en  a  aussi  de  fort  utiles;  ainsi  l'abeiHe,  le  ver 
à  soie  et  la  cochenille  sont  trois  espèces  qui,  par  Içur  mérite 
extraordinaire,  feraient  pardonner  à  l'instinct  persécuteur 
des  autres  races. 

Il  y  a  dans  les  insectes,  comme  dans  les  grands  animaux» 
des  différences  extraordinaires  qui  se  trouvent  également  dans 
les  plantes  :  nous  voyons  que  l'herbe  la  plus  vénéneuse  peut 
avoir  un  emploi  utile  soit  dans  la  médecine,  soit  dans  l'indus- 
trie; de  même  les  insectes  les  plus  nuisibles  en  apparence 
doivent  remplir  une  mission  quelconque  dont  Tutilité  nous 
échappe  parce  que  les  effets  en  sont  indirects. 

370.  —  L'énorme  quantité  de  ces  petits  animalcules  exis- 
tant sur  la  terre  est  en  dehors  de  tout  calcul;  et  il  serait 
assez  difficile  de  savoir  laquelle  des  espèces  était  la  plus  nom- 
breuse aux  époques  primordiales. 

Il  est  hors  de  doute  qu'elles  ont  commencé  par  un  nombre 
restreint,  et  que  les  espèces  comme  les  races  se  sont  aug- 
mentées à  mesure  de  l'acroissement  des  variétés  des  plantes  et 
des  animaux. 

La  chaleur  étant  le  premier  élément  coopérant  à  leur  pro- 
duction, il  est  évident  qu'avec  la  grande  chaleur  des  époques 
primitives,  les  quantités  des  insectes  étaient  très-considérables 
sur  toute  la  circonférence  du  globe.. 


218  GINQUIÈMS    ÉPOQUE. 

Il  nous  reste  donc  à  supputer,  par  robservation,  les  nom- 
bres infinis  d'insectes  qui  se  sont  produits  depuis  cinq  cents 
à  mille  siècles,  sur  la  surface  d'un  globe  de  deux  cent,  de  cent, 
puis  de  cinquante  mille  lieues  de  circonférence,  et  de  nous 
demander  à  quoi  a  servi  leur  passage  sur  la  terre. 

371.  —  Pour  résoudre  ce  problème,  il  faut  savoir  queTa- 
nalyse  de  chaque  insecte  nous  xlonne  des  acides  et  des  mor- 
dants chimiques,  plus  ou  moins  abondants  et  variés,  selon  la 
nature  plus  ou  moins  dure  ou  molle  des  individus. 

Les  vers,  par  exemple,  offrent  une  pâte  acide,  molle,  dif- 
férente de  la  dureté  de  la  cantaride  ou  du  hanneton,  et  ainsi 
de  mille  espèces,  ayant  toutes  des  propriétés  diverses  (1). 

Or,. dans  les  convulsions  de  la  terre,  ces  masses  d'insectes 
engloutis  ont  été  la  matière  chimique  ou  l'ingrédient  nécessaire 
et  exigé  pour  le  perfectionnement  de  l'alliage,  dans  la  grande 
production  des  métaux,  et  leur  séparation  en  raison  des  qua- 
lités, précisément,  comme  les  coquilles  et  les  polypes, 
avaient  coopéré  èila  formation  des  pierres;  et  tous  ensemble 
ont  coopéré  ensuite  à  l'élaboration  du  règne  minéral  ;  car  on 
conçoit  que  le  mercure,  la  magnésie, .  le  plomb,  le  marbre, 
Tor,  le  cuivre,  l'argent  et  le  porphyre,  etc.,  n'ont  pas  été 
formés  du  même  ingrédient. 

Les  insectes  de  toutes  espèces  ont  donc  été  l'un  des  éléments 
essentiels  de  la  comi)osition  de  ces  produits. 

372.  —  Lorsque  l'intérieur  de  la  terre  eut  absorbé  assez 
de  matières  venant  de  l'extérieur,  les  minéraux  de  toutes 
sortes  furent  endurcis   et   purgés  par  les  amalgames  des 

(1)  Dans  les  insectes  qui  passent  des  mois  en  léthargie,  il  y  a  une 
grande  abondance  de  graisse;  dans  les  dienilles,  cette  graisse  forme 
le  tiers  de  leur  volume.  Le  blaps  produit  une  huile  brune  très-fétide  ; 
dans  la  glande  de  Taiguillon  des  guêpes,  etc. ,  on  trouve  une  liqueur 
âpre  qui  produit  une  inflammation  immédiate,  conséquence*  de  la 
piqûre,  etc. 


LES   INSECTES.  219 

coquilles ,  des  polypes,  des  vers,  des  insectes  et  des  plantes. 
Lorsque  la  tçrre  rélrécie  n'offrait  plus  que  la  moitié  de  sa 
surface  précédente,  alors  les  êtres  nouveaux  ne  se  présentè- 
rent plus  que  relativement  réduits  en  nombre  ;  ce  nombre 
pourtant  était  encore  considérable,  et  Tintérieur  de  la  terre 
les  absorbait  moins,  parce  que,  n'ayant  plus  besoin  d'au- 
tant de  matières  fraiches,  il  ne  s'ouvrait  plus  aussi  fréquem- 
ment qu'auparavant.  Alors  l'énorme  quantité  des  insectes 
devenait  nuisible  sur  la  terre;  ils  corrompaient  l'air  et  l'at- 
mosphère, au  détriment  du  climat  ;  mais  la  nature  devait 
produire  un  moyen  nouveau  pour  s'en  débarrasser  :  elle  créa 
les  oiseaui. 

373.  —  Tous  les  oiseaux  mangent  les  insectes,  mais  parti- 
culièrement la  classe  nommée  insectivores^  qui  est  la  sixième  . 
dans  Tordre  de  l'histoire  naturelle  des  oiseaux,  et  qui  com- 
prend une  cinquantaine  de  familles. 

Mais  les  oiseaux  sont  loin  de  suffire  pour  nous  garantir  de 
l'importunité  des  insectes,  dont  les  espèces  augmentent  tou- 
jours ;  nous  en  connaissons  déjà  plus  de  vingt  mille  variétés, 
et  chacune  se  multiplie  par  myriades  de  naissances  pério- 
diques. 

La  température  du  corps  de  tous  les  insectes  est  à  peu  près 
la  même  que  celle  de  la  terre  et  de  la  première  couche  de 
l'atmosphère  touchant  la  terre  ;  c'est  pourquoi  ces  animaux, 
et  surtout  les  larves,  passent  l'hiver  dans  un  état  d'engour- 
dissement; mais  en  été,  chez  nous  et  dans  les  pays  chauds,  ils 
exercent  toujours  la  plus  grande  activité  sur  les  règnes  végé- 
tal et  animal. 

Cette  activité  vise  constamment  à  la  destruction  de  l'objet 
que  l'insecte  touche,  comme  si  le  r61e  de  telle  espèce  était  de 
ronger  et  ravager  les  arbres  et  les  champs ,  tandis  que  telle 
autre  déviait  se  nourrir  en  attaquant  les  animaux,  non-seule- 
ment les  morts,  mais  aussi  ceux  qui  sont  en  pleine  vie.  Ces 


220  CINQUIÈME     ÉPOQUE* 

insectes  se  nourrisseDt  du  suc  et  de  la  substance  même  de 
leur  chair,  comme  aussi  de  leur  sang. 

Il  y  a  une  larve  qui  vit  dans  le  dos  et  sous  la  peau  des  bêtes 
à  cornes  ;  il  y  en  a  une  autre  qui  produit  des  tumeurs  sur  un 
animal  où  elle  se  fixe  pour  se  nourrir  du  pus  engendré  par  la 
plaie  quelle  à-  formée;  des  larves  du  même  genre  vivent 
dans  l'estomac  des  chevaux,  autour  du  pylore,  et  souvent  en- 
core dans  leurs  intestins. 

Les  moutons,  le  cheval,  le  bœuf,  ont  à  nourrir  dans 
leur  corps  des  larves  qui  se  tiennent  dans  les  cavités  des 
sinus  frontaux  ;  c'est  là  qu'elles  prennent  leur  accroissement, 
et  qu'elles  se  nourrissent  d'un  mucilage  que  les  moutons  ren- 
dent par  le  nez. 

374. —  Parmi  les  insectes  qui  se  nourrissent  du  sang  des  ani- 
maux et  de  celui  de  Thomme,  en  le  suçant,  il  y  a  d'abord  les 
pouXy  dont  il  existe  un  très-grand  nombre  d'espèces,  toutes 
très-différentes  les  unes  des  autres ,  les  puceSy  les  ricins,  les 
coitsins,  les  taons,  les  hippobosques  et  autres,  etc. 

Les  insectes  eux-mêmes  sont  sucés  par  des  arachnides  de 
la  division  des  acarides. 

Il  y  en  a  qui  vivent  dans  l'intérieur  du  corps  des  autres 
insectes;  tels  sont  ceux  de  la  famille  presque  innombrable 
des  ichneumons,  et  la  plupart  des  dnyps  de  Geoffroy,  des 
STphex  de  Linné,  et  beaucoup  d'espèces  de  son  genre  musca  ou 
mouche,  etc.  (1). 

L'accroissement  des  insectes  est  prodigieux.  Réaumur,  pour 
donner  une  idée  de  leur  fécondité,  a  fait  un  calcul  très-inté- 
ressant sur  X abeille  femelle i  il  a  trouvé  qu'une  seule  mère 
met  au  jour,  dans  moins  de  deux  mois,  12,000  œufs;  il  résulte 
encore  de  ce  calcul  que  cette  mère  a  dû  pondre  par  jour,  pour 
le  moins,  200  œufs. 

(1)  Dictionnaire  d* Histoire  naturelle. 


LES   INSECTES.  221 

Leuwenhoeck  a  trouvé  qu'une  seule  mouche  pouvait  pro- 
duire, en  trois  mois,  746,496  mouches  semblables  à  elle. 
Aussi  Linné  a-t-il  dit  spirituellement  que  trois  mouches  con- 
sommeraient aussi  vite  qu'un  lion  le  cadavre  d'un  cheval. 

375.  —  Il  y  a  des  insectes  qui  se  forment  dans  les  excré- 
ments ou  les  transpirations  de  certains  animaux;  il  y  en  a  qui 
ont  une  même  origine  chez  certains  quadrupèdes  et  qui  sont 
comme  prédestinés  à  être  le  fléau  d'autres  quadrupèdes.  Dans 
cette  classe,  nous  citerons  la  mouche  tsetséy  mouche  à  peine 
grande  comme  celle  qui  habite  nos  maisons,  qui  a  pour  ori- 
gine les  énianatioils  des  quadrupèdes  comme  les  antilopes, 
les  zèbres,  etc.  Cette  mouche  attaque  tous  les  quadrupèdes 
domestiques,  le  cheval ,  le  bœuf,  le  chien  :  sa  piqûre  est  mor- 
telle pour  tous. 

376.  -^  Ainsi  la  création  des  insectes  a  été  une  conséquence 
de  la  vitalité  générale.  La  terre  a  tiré  parti  de  la  quantité 
effrayante  qui  s'en  est  produite  jusqu'à  la  cinquième  époque 
au  profit  du  règne  minéral;  c'était  un  ingrédient  nécessaire 
avec  les  autres  corps  des  règnes  animal  et  végétal  pour  la  per- 
fection des  minéraux  et  des  métaux,  comme  nous  Tavons  sou- 
vent expliqué;  mais  c'était  aussi  une  augmentation  de  poids 
qui,  avec  les  autres  corps,  devait  continuer  la  formation  de  la 
terre. 

Sans  doute  que  l'exhalaison  dfe  tous  ces  corps,  jusqu'à  la 
quatrième  journée,  aurait  été  mortelle  pour  les  animaux  qui 
venaient  à  la  cinquième  époque,  mais  l'atmosphère  et  le  cli- 
mat devaient  être  préservés  de  la  corruption  de  ces  êtres  sura- 
bondants. C'est  pourquoi  la  nature  les  a  destinés  à  la  nour- 
riture des  oiseaux  et  d'autres  animaux.  Plus  tard  aussi,  à  la 
sixième  époque,  les  arts  et  l'industrie  ont  trouvé  à  utiliser 
quelques  espèces  en  les  détruisant. 

A  cet  égard,  la  science  n'a  pas  dit  son  dernier  mot,  car  les 
plus  nuisibles  attendent  encore  leur  emploi.  Jusqu'à  présent 


222  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

l'industrie  n'a  guère  su  tirer  profit  que  du  kermès,  de  la  coche- 
nille, des  abeilles  et  du  ver  à  soie. 

377.  —  Un  savant  écrivain  (1)  dit  que  l'orfèvre  et  le  lapi- 
pidaire  feront  bien  de  demander  aux  insectes  des  modèles  et 
des  leçons.  Les  mouches  ont  dans  leurs  yeux  des  iris  vrai- 
ment magnifiques,  près  desquels  aucun  éciin  ne  soutient  la 
comparaison. 

La  mouche  des  chevaux  est  terne,  grise,  poudreuse,  odieuse; 
elle  ne  vit  que  de  sang  chaud  ;  mais  son  œil,  examiné  au  verre 
grossissant,  offre  la  féerie  étonnante  d'une  mosaïque  de  pier- 
reries, telle  qu'à  peine  l'eût  trouvée  tout  l'art  de  Froment- 
Meurice(2). 

D'autres  insectes,  qui  ne  vivent  que  de  matières  mortes, 
d'ordures  et  de  décompositions,  émerveillent  nos  yeux  par  la 
richesse  de  leurs  reflets  que  nos  émailleurs  devraient  tâcher  de 
reproduire. 

378.  —  Il  y  a  des  insectes  qui  paraissent  créés  uniquement 
pour  détruire  des  insectes  plus  petits;  telle  est  la  brillante 
ddndèle,  animal  chasseur  des  autres  insectes,  très-ardent  et 
très-meurtrier,  pourvu  d'armes  admirables  en  forme  de  crois^ 
sants  qui  se  ferment  l'un  dans  l'autre  pour  exterminer  la 
proie.  Cette  nourriture  vivante  et  riche  semble  décorer  la  ci- 
cindèle  de  ses  merveilleuses  couleurs. 

Dans  les  ailes  du  hanneton,  on  trouve  les  dessins  les  plus 
parfaits  de  fleurs,  à  couleurs  éblouissantes,  que  Ja  main  de 
l'homme  ne  saurait  imiter. 

On  voit  des  insectes  dont  l'instinct,  en  rapport  avec  la  tem- 
pérature de  l'atmosphère,  peut  servir  à  l'homme  de  thermo- 
mètre ou  de  baromètre  naturels;  ainsi,  à  l'approche  des  orages 
ou  des  pluies,  les  abeilles  se  retirent  avec  empressement  dans 

(1)  Michelet,  V Insecte.  Paris,  4858,  p.  190. 

(2)  Orfèvre  et  bijoutier  de  Paris  ,  renommé  en  1858, 


LES    INSECTES.  223 

leurs  ruches  et  les  founnis  cachent  leurs  larves  ou  leurs 
nymphes;  les  mouches  piquent  plus  vivement  et  les  papillons 
craintifs  ne  s'élèvent  plus  dans  Tair. 

379.  —  Dans  le  règne  animal,  la  classe  la  plus  nombreuse, 
comme  la  plus  merveilleuse,  est  donc  celle  des  insectes;  elle 
ne  le  cède  point  à  la  botanique  sous  le  rapport  du  nombre  des 
espèces. 

Il  y  en  a  de  si  imperceptibles,  qu'on  ne  peut  en  reconnaître  les 
formes  qu'avec  un  bon  microscope,  comme  s'ils  étaient  une 
preuve  vivante  de  la  puissante  intelligence  qui  se  manifeste 
dans  la  création  des  êtres  infiniment  petits,  et  en  effet  la  sa- 
gesse du  Créateur  ne  brille  jamais  avec  plus  d'éclat  que  dans 
ces  êtres  organisés  qui  semblent  se  dérober  à  nos  sens. 

Dans  ces  êtres  presque  invisibles,  il  faut  reconnaître  une 
très-minime  partie  d'une  molécule,  déjà  grandie,  déjà  orga- 
nisée avec  une  prodigieuse  quantité  de  formes ,  ayant  une 
figure,  une  structure,  des  organes  de  la  manducation  et  de  la 
génération,  et  un  mouvement  volontaire,  et  tout  cela  dans  un 
corps  imperceptible!  Ce  spectacle  à  lui  seul  suffit  pour  élever 
notre  âme  à  la  contemplation  de  la  nature,  et  nous  porter  à 
l'admirer  dans  ses  inépuisables  variétés,  dans  l'abondance  infi- 
nie de  ses  créations,  dont  la  petitesse  même  est  nn  motif  de 
plus  pour  nous  stimuler  aux  découvertes  et  aux  observations. 

BXÀlEBN  SUE  l'instinct  OU   l'iNTBLUGENCE  DES  ANIMAUX. 

380*  — -  Mais  que  peut-il  y  avoir  dans  le  corps  des  animaux 
et  particulièrement  dans  les  infiniment  petits,  pour  qu'ils 
fonctionnent  avec  tant  d'exactitude  de  leur  vivant?  Est-ce 
instinct,  raison,  intelligence,  ou  quelque  autre  cause? 

Il  y  a  toujours  eu,  en  philosophie,  deux  opinions  sur  la  na- 
ture des  animaux  :  tantôt  on  les  a  regardés  comme  de  purs 
automates,  admirablement  construits,  mais  privés  de  toute  fa- 
culté, et  ne  se  dirigeant  que  par  le  jeu  machinal  de  leurs 


224  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

organes;  tantôt  on  les  a  considérés  comme  des  êtres  sensibles, 
et  doués  de  plus  ou  moins  d'intelligence  et  de  raison,  quoi- 
qu  en  un  moindre  degré  que  l'homme. 

Empédocles  soutenait  que  tout  être  sur  la  terre  avait  de  l'in- 
telligence et  de  la  raison  ;  il  en  attribuait  même  aux  végétaux, 
et  en  voyait  Teffet  dans  leurs  mouvements  pour  croître  et 
fleurir. 

Démocrite  et  Parménide  accordaient  aux  animaux  la  pré- 
voyance et  d'autres  facultés.  Aristote  leur  trouvait  des  traces 
évidentes  de  raison  humaine  ou  de  prudence.  Galien  allait 
même  au-delà;  il  leur  attribuait  une  raison  intérieure,  qu'ils 
ne  peuvent  nous  expliquer  faute  de  langage  articulé; 

Plutarque,  Lactance,  saint  Thomas  (1),  le  cardinal  Tolot  (2), 
défendirent  les  animaux  contre  ceux  qui  prétendaient  les  ré- 
duire au  rôle  d'automates. 

Déjà  Uippocrate  admettait  un  principe  intelligent,  qui  gou- 
vernait l'animal  ainsi  que  l'homme. 

Parmi  les  modernes,  Cudworth  avait  expliqué  les  instincts 
par  ses  natures  plastiques;  mais  Samuel  Reimar  a  encore 
mieux  développé  l'histoire  de  cette  étonnante  faculté.  Em- 
manuel Kant  a  reconnu  des  facultés  primitives  et  innées  dans 
rame,  et  Cabanis  admettait  des  sensations  intérieures  qui 
meuvent  imperceptiblement  notre  intelligence,  même  dans  le 
sommeil. 

381  • — Si  l'organison  des  corps  est  une  merveille  de  sublime  - 
conception,  les  fonctions  animées  de  ces  mêmes  corps  sur- 
passent encore  ce  sublime,  et  deviennent  une  merveille  in- 
compréhensible. 

Tout  ce  qui  existe  sous  nos  yeux,  végétaux  et  animaux , 
travaille  constamment,  avec  un  ordre  particulier,  pour  un 
ensemble  général  qui  étonne  l'imagination. 

(1)  Summa^  part  1 ,  secl.  2,  qu.  13,  art.  3. 

(2)  De  Anim.^  in-8»,  qu.  7. 


LKS    INSECTES.  225 

Il  ne  s'agit  pas  seulement  d^admirer  les  travaux  des  ani- 
maux, en  ce  qui  concerne  leur  instinct  de  conservation;  leurs 
œuvres,  même  tout  à  fait  indépendantes  des  besoins  de  Texis- 
tance  actuelle,  sont  exécutées  par  eux  avec  une  perfection 
à  laquelle  jamais  Thomme  ne  pourrait  atteindre. 

Ainsi,  les  polypes,  celte  simple  gelée  vivante,  que  nous 
avons  vus,  au  règne  de  l'eau,  construire  des  bancs  et  des  îles, 
pour  faire  résistance  à  l'élément  qui  leur  donne  la  vie,  ces 
êtres  frêles,  sans  le  secours  d'aucun  œil,  savent  fabriquer  ces 
étonnantes  constructions  de  coraux,  de  madrépores,  etc., 
etc.,  avec  des  formes  éminemment  élégantes  et  infiniment 
variées. 

Si  des  insectes  de  la  mer  nous  passons  à  ceux  de  la  terre, 
nous  voyons  les  manœuvres  des  coléoptères  qui  dévoient  nos 
arbres,  ou  des  teignes  qui  se  pratiquent  des  fourreaux  dans  . 
nos  vêtements,  opérations  d'une  industrie  surprenante,  opérée 
par  des  individus  si  chétifs,  que  nous  écrasons  de  nos  dédains, 
et  auxquels  nous  sommes  loin  d'accorder  la  moindre  lueur 
d'intelligence. 

En  remontant  vers  des  êtres  plus  compliqués,  et  avec  les- 
quels nous  communiquons  davantage,  depuis  les  poissons,  les 
reptiles,  jusqu'aux  oiseaux  et  aux  quadrupèdes,  nous  obser- 
vons chez  eux  beaucoup  de  grandes  industries  spontanées,  et 
dans  lesquelles  nous  ne  pouvons  pas  nier  qu'il  y  ait  des  in- 
dices d'intellect  et  de  raisonnement,  variant  en  raison  des 
besoins  et  selon  les  circonstances. 

382.  —  Plusieurs  de  ces  petits  êtres  sont  susceptibles  d'é- 
ducation; on  peut,  jusqu'à  un  certain  point,  les  apprivoiser; 
ils  semblent  comprendre  ce  qu'on  leur  enseigne.  £t  ici  nous 
ne  parlons  pas  des  mammifères,  tels  que  le  chien,  le  cheval, 
l'éléphant,  le  singe,  etc.,  qui  paraissent  posséder,  sous  ce  rap- 
port, une  intelligence  réelle  à  un  degré  assez  développé  ;  nous 
avons  en  vue  seulement  les  insectes.  Ne  sait-on  pas  que  des 

15 


l 


226  CINQUIÈME      ÉPOQUE. 

araignées  se  sont  montrées  sensibles  aux  sons  de  la  musique, 
et  même  en  quelque  sorte  reconnaissantes  pour  les  bons 
procédés  qu'on  leur  témoignait  ?  Personne  n'ignore  que  Pé- 
lisson  en  avait  apprivoisé  une  à  la  Bastille,  qu'elle  accourait 
à  la  voix  ou  au  moindre  sigiïe  de  son  ami.  El  celle  de  ce 
jeune  virtuose,  Berthome,  dont  parle  M,  Michelet  dans  son 
livre  de  V Insecte!  Quand  l'enfant  jouait  de  son  violon,  l'arai- 
gnée s'avançait  de  l'angle  du  mur  sur  le  pupitre,  puis  du  pu- 
pitre jusque  sur  le  bras  mobile  qui  tenait  l'archet;  elle  voulait 
écouter  de  plus  près,  comme  un  dilettante  intelligent  (1). 

On  pourrait  certainement  apprivoiser  bien  d'autres  in- 
sectes   Qui  ne  se  rappelle  les  puces  travailleuses^  qu'un 

industriel  donnait  en  spectacle  à  Paris,  il  y  aquelques  années? 

383.  —  Mais,  en  général,  Tanîmal,  dans  ses  travaux,  in- 
vente pour  ainsi  dire  tout  ce  qu'il  fait,  il  ne  copie  rien  ;  tous 
ses  actes  sont  originaux  et  non  imités;  l'hirondelle  n'a  point 
appris  de  nos  maçons  à  bâtir  son  nid,  et  quoique  les  guêpes 
et  les  bourdons  forment  des  cellules  régulières,  il  ne  leur  faut, 
pour  construire  ces  chefs-d'œuvre,  ni  règles  ni  compas. 

L'animal,  s'il  est  malade,  sait  choisir  les  herbes  qui  peu- 
vent lui  être  utiles,  et  certes  il  se  gardera  bien  de  toucher  à 
un  objet  qui  lui  serait  nuisible. 

{\)  Au  moment  où  nous  faisons  imprimer  cet  ouvrage,  nous  lisons 
dans  un  journal  de  Paris,  la  Gazette  de  France  du  29 septembre  1858, 
le  fait  suivant  : 

«  Un  riche  gentleman  de  Londres,  M.  W...,  consacre  son  temps  et 
une  partie  de  sa  fortune  à  faire  une  collection  d^araignées  de  tous  les 
pays.  Il  en  possède  actuellement  quatre  ou  cinq  mille,  et  chaque  jour 
on  lui  en  envoie  des  pays  les  plus  lointains.  On  ajoute  que,  pour  ap- 
privoiser ces  gracieux  insectes,  M.W...  emploie  la  musique,  à  laquelle, 
comme  on  sait,  les  araignées  sont  très-sensibles.  Il  est  arrivé  ainsi, 
dit-on,  à  des  résultats  extraordinaires.  Aux  premiers  sons  d'une  polka, 
les  araignées  quittent  leurs  toiles,  abandonnent  le  trayait,  et  s'endor- 
ment aux  accents  du  piano^ comme  un  fmancier  dans  une  loge d'Opiîra. 


LES    INSECTES.  227 

384.  Or,  il  s'agit  de  rechercher  ce  qui  fait  mouvoir  avec 
tanl  d'habileté  et  d*nlilité  les  moindres  animau^i  et  même  les 
plantes,  bien  qu'on  ne  puisse  découvrir  la  source  d'où  pro- 
cèdent  ces  actions,  ni  apercevoir  par  quel  motif  une  espèce 
suit  telle  industrie,  fait  telle  chose,  tandis  qu'une  autre  espèce 
en  suit  ou  fait  telle  autre,  toujours  si  parfaitement,  si  sage- 
ment, sans  changer  de  plan  le  moins  du  monde. 

385.  —  Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  résoudre  le  pro- 
blème de  la  vie;  seulement  il  est  certain  qu'un  système  d*or- 
ganes  profondément  entrelacé  et  combiné  avec  prévoyance, 
détermine  des  actes  de  conservation,  soit  en  vue  de  l'espèce, 
soit  eu  vue  de  Tindividu.  Parmi  ces  actes,  il  en  est  d'essen- 
tiellement mécaniques,  surtout  chez  les  végétaux  et  chez  les 
animaux  dans  le  sommeil  ;  telles  sont  en  particulier  les  fonc 
lions  de  nutrition:  l'absorption,  la  circulation,  la  respiration, 
l'assimilation,  etc. 

La  nature,  ce  grand  nom  qui  désigne  la  mère  de  tout  ce 
qui  ^ûsle,  fait  marcher  dans  l'obscurité  la  racine  d'un  arbre, 
pour  chercher  de  préférence  les  couches  fertiles  de  la  terre 
et  celles  qui  lui  sont  le  plus  homogènes,  tandis  que  les  bran- 
ches et  les  feuilles  cherchent  à  absorber  la  lumière  et  la  cha- 
leur du  soleil. 

Ëgalement,  dans  l'intérieur  de  l'animal,  la  nature  déve- 
loppe, par  atonies  imperceptibles,  l'instinct  qui,  en  grandis- 
sant, acquiert  une  propriété  individuelle;  celle-ci  se  met  à 
l'œuvre  immédiatement  avec  la  force  d'impulsion  qui  lui  est 
parvenue. 

Ce  principe  directeur  et  créateur  est  insinué  dans  chaque 
molécule;  parle  travail  de  son  développement,  elle  active  ce- 
lui des  organes  de  l'espèce,  et  hâte  ces  merveilleuses  combi- 
naisons qui  font  que  les  générations  des  êtres  créés  parti- 
cipent de  l'immortalité  sur  la  terre. 

^  Oo  porte  d'i&sliiicl,  de  eapacilés  natareiles.  Mais 


228  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

puisque  Tinstinct  est  identique  chez  tous  les  êtres,  les  capa* 
cités  doivent  être  également  semblables,  et  si  les  capacités 
sont  distribuées  à  toutes  les  myriades  de  millions  d'êtres  qui 
vivent  sur  la  terre,  il  est  naturel  qu'il  y  ait  des  myriades  de 
millions  de  chefs-d'œuvre.  L'insecte  en  donne  l'exemple,  et  si 
les  animaux  plus  grands  avaient  à  leur  disposition  des  mains 
et  des  outils  comme  en  possède  T  homme,  nous  verrions  des 
chefs-d'œuvre  bien  autrement  merveilleux  que  ceux  que 
rhomme  nous  présente,  malgré  ses  études  et  sa  science. 

Admirons  celte  araignée  qui  tisse  une  toile  avec  des  fils 
tirés  de  son  corps,  et  disposés  dans  un  ordre  inimitable  ; 
voyons  Fart  qu'elle  possède  pour  attirer  et  arrêter  les  mou- 
ches, les  manœuvres  adroites  qu  elle  emploie  pour  se  pro- 
curer la  substance  nécessaire  à  sa  vie  :  on  dirait  qu'elle  est 
un  homme  d'affaires  qui  attend  à  son  bureau  le  client  qui 
doit  venir  lui  apporter  son  tribut. 

Chaque  insecte,  dans  sa  spécialité,  opère  un  travail  égale- 
ment parfait  ;  l'abeille,  la  guêpe,  le  fourmilion,  etc.,  etc., 
sont  aussi  instruits,  dès  leur  sortie  de  l'œuf  ou  de  Tétat  de 
larve,  sans  études  préliminaires,  que  Tout  été  leurs  pères  au 
commencement  du  monde. 

Est-ce  instinct,  est-ce  intelligence  matérielle  innée  que  cette 
habileté  individuelle  ? 

Mais  peut-être  on  nous  dira  que  c'est  un  effet  extérieur, 
indépendant  de  prévisions  antérieures;  voyons  donc  des 
insectes  différents  qui  présentent  essentiellement  la  prévision 
antérieure. 

387,  —  Une  larve  de  fourmilion ,  en  sortant  de  l'œuf,  sans 
avoir  jamais  vu  ni  son  père  ni  sa  mère,  qui  sont  morts,  se 
trouve  seule,  orpheline,  sur  ce  vaste  théâtre  du  monde.  La  voilà 
qui  trace  dans  le  sable  un  cône  creux,  une  trémie,  se  place 
au  fond,  et  attendant  au  passage  les  fourmis  d'alentour,  les 
fait  glisser  dans  squ  puits  en  leur  lançant  des  grains  de  cable; 


LES   INSECTES.  229 

puis,  après  les  avoir  dévorées,  elle  va  porter  au  loin  leur  car- 
casse, et  se  métamorphose  en  mouche  névroptère. 

Voyons  encore  ces  guêpes  solitaires  qui,  déposant  leurs 
œufs  en  un  trou  pratiqué  par  elles  dans  du  bois,  et  y  mettant 
de  la  pâture  pour  le  ver  qui  doit  en  naître,  ferment  le  trou 
et  meurent.  La  larve,  née  dans  cette  loge,  toute  seule,  et 
dans  l'obscurité,  perce  le  mur  de  sa  prison;  elle  sort  au  grand 
jour.  Alors,  métamorphosée  en  guêpe,  elle  va  trouver  une 
compagne,  s'accouple,  sait  choisir  le  nectar  de  tel  genre  de 
fleurs  qui  lui  est  nécessaire  pour  se  nourrir;  puis,  pressée  de 
pondre,  elle  creuse  à  son  tour  un  trou  dans  le  bois,  y  apporte 
des  chenilles  qu'elle  ne  tue  qu'à  moitié,  pour  laisser  de  la 
chair  encore  fraîche  à  la  larve  qui  sortira  de  son  œuf;  enfin 
elle  se  comporte  ainsi  que  Ta  fait  sa  mère  sans  Tavoir  jamais 
connue,  sans  avoir  acquis  ni  habitude,  ni  science  de  qui  que 
ce'  soit. 

388.  —  On  ne  veut  pas  permettre  que  tous  ces  actes  soient 
le  fruit  d'une  intelligence;  ce  serait  un  blasphème,  s'écrie-t-on, 
de  dire  que  les  animaux  ont  de  Tintelligence,  qui  est  un  don 
exclusif  pour  l'homme  :  soit.  Mais  il  faut  bien  avouer  qu'une 
sorte  de  raisonnement  entre  pour  beaucoup  dans  les  actes  que 
nous  venons  d'énumérer,  et  que  nous  pourrions  passer  en  re- 
vue dans  chaque  espèce  animale. 

Nous  trouverons  dans  la  suite,  avant  de  terminer  cet  ou- 
vrage, d'autres  actes  originaux  et  importants  de  la  part  des 
animaux, et  lorsque  nous  arriverons  au  règne  de  Thomme,  nos 
recherches  sur  les  produits  de  son  intelligence  nous  donne- 
ront peut-être  sinon  la  solution  de  ce  grand  problème,  du 
moins  quelques  indices  plus  exacts  pour  caractériser  la  com- 
paraison des  instincts  et  des  intelligences,  chez  les  êtres  qui 
habitent  la  terre. 


230  CINQUIÈME      ÉPOQUE. 


CHAPITRE  XXiri 


flâlte   de»    Iiuieetes* 


SoMMAiBis.  —  Questions  concernant  le  bien  et  le  mal  produits  pur  les  ani- 
maux, 3S9.  —  Exemple  tiré  des  nuées  de  sauterelles,  390,  391.  — 
Causes  des  productions  innombrables  de  certains  êtres,  302.  —  Étude 
des  évaporatiogs  excessives ,  393.  —  Conséquences  de  Faction  de  ces 
fluides,  39/i.  —  Ce  que  deviennent  les  corps  des  animaux;  engrais,  3Q5. 
—  Éléments  du  poids  du  globe  à  la  cinquième  journée,  396.->- Calcul  Hhé 
des  abeiUes,  397.  —  Résultat  prodigieux^  398,  399.  —  Observations 
concernant  les  autres  classes  d'insectes,  /|00.  —  Emploi  qui  pourrait 
être  fait  des  insectes,  401. 


389.  —  Ed  attendant,  une  découverte  qui  serait  digne  des 
investigations  de  la  science,  ce  serait  celle  qui  ferait  conRaftre 
le  degré  de  bien  ou  de  mal  que  produisent  sur  la  terre  la  pré- 
sence el  la  masse  de  telle  ou  telle  espèce  d'animaux;  car  Pap- 
parition  et  la  durée  d'une  race  quelconque  causent  incontes- 
tablement un  changement  dans  l'ordre  habituel  de  la  nature, 
soit  dans  les  effets  de  l'atmosphère,  soit  sur  les  productions 
de  la  terre,  soit  pour  la  salubrité  du  Climat  dont  Tinfluenee 
r^aillit  sur  les  hommes. 

390.  —  Nous  voyons,  par  exemple,  tomber  à  Timproviste 
dans  une  plaine  une  masse  de  sauterelles  ou  de  criquets;  leur 
multitude  effrayante  dévore  instantanément  toute  la  récolte, 
toute  l'herbe  qui  se  trouve  sur  leur  passage,  dans  une  étendue 
de  plusieurs  lieues  (1). 

Nous  déplorons  ces  désastres  que  nous  ne  connaissons  cepen- 
dant qu'en  partie,  c'est-à-dire  que  nous  ne  savons  rien  voir 

(-1)  Voir  la  note  O  ,  à  la  fin  du  volume. 


SUITE   DES   INSECTES.  231 

au-delà  d'une  récolte  perdue  et  d'une  plaine  immense  tout  à 
fait  dévastée. 

Mais  bien  positivement  le  mat  ou  le  bien  ne  se  borne  pas  là  : 
les  milliers  de  tonneaux,  en  poids  et  volume,  de  ces  blés  ou 
herbes  qui  sont  entrés  dans  Testomac  des  sauterelles,  sont 
rendus  par  celles-ci  d'une  manière  quelconque,  soit  à  la  terre, 
soit  à  l'atmosphère,  soit  à  Tune  et  à  l'autre  ensemble;  et  cetle 
restitution,  ne  s'opérant  pas  sous  la  forme  primitive  du  blé  ou 
de  l'herbe,  dans  quelle  condition  se  fait-elle  et  quelle  est  la 
conséquence  de  cette  transformation? 

391.. —  Nous  avons  pris  au  hasard  la  sauterelle  ou  le  cli- 
quet comme  l'animal  qui,  sous  nos  yeux,  se  présente  assez 
souvent  dans  les  circonstances  indiquées;  mais  il  y  a  une 
foule  d'autres  animaux  (1)  qui,  à  des  époques  données,  pour 
des  causes  encore  secrètes,  se  rassemblent  en  masses  énor- 
mes, et  leur  présence,  en  nombre  sans  limites,  inflige  à  l'en- 
droit où  ils  se  trouvent  des  altérations  sensibles  (2). 

392.  —  Ces  productions  innombrables,  d'une  classe  spé- 
ciale d'animaux,  ont-elles  pour  origine  une  prodigieuse  quan- 
tité de  semence  accumulée  sur  un  point  donné,  ou  ont-elles 
pour  cause  l'instinct  amoureux  de  l'attraction  mutuelle  ou  l'é- 
nergie du  besoin  alimentaire?  ou  enfin  est-ce  l'atmosphère 
qui,  par  un  fluide  homogène,  fait  éclore  ou  produit  et  chasse 

{\)  Les  chenilles  se  multiplient  avec  la  même  rapidité;  en  1731 
elles  se  mulliplièrenl  dans  une  grande  partie  de  la  France  avec  une  si 
prodigieuse  fécondité,  qu^elles  dévoraient  à  Tinstant  môme  toutes  les 
pousses  des  plantes  et  des  arbres ,  ce  qui  détermina  le  parlement  à 
rendre,  le  4  février  1732 ,  un  arrêt  qui  enjoignait  à  tous  les  proprié- 
taires et  fermiers,  d'écheniller dans  le  délai  de  huitaine^  sous  peine 
de  30  livres  d'amende.  Cette  loi  a  toujours  continué  d'exister. 

(2)  De  tous  les  Insectes  malfaisants,  il  en  est  bien  peu  qui  le  soient 
autant  que  les  hannetons.  Depuis  leur  naissance  jusqu^à  leur  mort, 
ces  insectes  se  nourrissent  de  substances  végétales  ,  et  leur  font  un 
tort  considérable.  {Dicl.  d'Hist.  nal.) 


232  CliNQUlEME     KPOQUE. 

h  la  Ibis  la  masse  étrange  de  cette  multitude  d'êtres  d'une 
même  race? 

Si  c'est  dé  l'atmosphère  qu'en  dérive  la  cause ,  c* est  qu'il 
est  arrivé  sans  doute  dans  l'atmosphère  même  un  fluide  par- 
tiailier  et  subit  qui  a  déterminé  Téclosion  de  ces  insectes;  dans 
ce  cas,  ce  fluide  spécial  serait  entré  dans  ratmosf)hère  soit  en 
provenant  des  miasmes  de  la  terre,  soit  en  filtrant  des  cou- 
ches supérieures  de  Téther. 

Si  c'est  un  produit  de  Télher,  on  peut  l'attribuer  à  un  amal* 
game  de  molécules  qui  auraient  filtré  d'autres  planètes  et 
dont  le  principe  vital,  en  traversant  notre  atmosphère,  se 
serait  développé  subitement  par  la  rencontre  de  certains  mias- 
mes homogènes;  mais  si  c'en  est  un  de  la  terre,  sa  source 
vient  naturellement  d'un  excès  d'émanations  extraordinaires 
produites  instantanément,  et  qui  auront  été  déplacées  et  trans- 
portées par  des  courants  aériens. 

Tout  excès  d'émanations  d'un  objet  spécial  doit  produire  un 
désordre  dans  les  régions  de  l'atmosphère. 

393.  —  Quel  peut  être  l'excès  d'évaporations  d'un  objet 
spécial?  Il  est  facile  de  le  démontrer  :  continuons  d'observer 
comme  exemple  la  classe  des  sauterelles.  Lorsque  cette  masse 
innombrable  de  sauterelles  a  dévoré  et  absorbé,  sur  une  éten- 
dues de  plusieurs  lieues,  toutes  les  plantes  et  les  herbes (1), 
cette  nourriture  qui,  en  poids  et  volume,  aurait  fait  l'objet 
de  mille  chargements  de  navires,  cette  masse  énorme  se 


(1)  L'essaim  est  souvent  si  grand  qu'il  obscurcit  le  soleil;  à  son  cou* 
cher/ces  insectes  pleuvent  comme  une  averse.  Bientôt  il  ne  reste  plus 
sur  la  terre  et  dans  un  espace  de  8  à  10  lieues  une  seule  feuille ,  un 
seul  brin  d^herbe  :  les  arbres  se  brisent  sous  leur  poids.  La  plus  belle 
campagne  n'est  plus  qu'un  triste  désert;  la  faim  et  la  peste  sont  à  leur 
suite. 

Charles  XII  se  trouvant  en  Bessarabie,  se  crut  assailli  par  un  oura- 
gan môle  d'une  effroyable  grôle,  lorsqu'un  semblable  nuage  de  sau- 


SUITE   DES    INSKCTKS.  233 

trouve  dislribuëe  en  parties  très-peliles  dans  le  corps  de  ces 
myriades  de  millions  d'insectes,  lesquels  finissent  par  crever 
tous  sur  un  même  point,  et  la  quantité  incalculable  de  ces 
petits  cadavres  empoisonne  Tair  par  Tinfection  que  répan- 
dent leurs  corps  en  dissolution  ;  de  là  naissent  des  maladies 
épidémiques,  des  pestes  qui  enlèvent,  avec  la  famine,  des 
milliers  d'êtres  vivants;  de  là  de  nouvelles  émanations  mor- 
bides au  moyen  desquelles  les  miasmes  augmentent  et  passent 
dans  la  région  de  Taimosphëre  en  qualité  de  fluide  spécial. 

394.  —  Ce  fluide  spécial,  ces  miasmes  pestilentiels,  s'ils 
passaient  directement  dans  les  régions  supérieures  de  l'atmos- 
phère, n'occasionneraient  sans  doute  aucun  inconvénient, 
car  ils  s'y  amalgameraient  avec  les  autres  fluides,  et  peut-être 
même  qu'au  lieu  d'être  nuisibles  ils  seraient  utiles  dans  les 
combinaisons  secrètes  de  la  chimie  céleste. 

Mais  si ,  au  lieu  de  s'élancer  directement  dans  les  régions 
supérieures,  il  est  porté,  soit  par  sa  propre  pesanteur,  soit 
par  une  attraction  quelconque,  ou  par  une  influence  particu- 
lière ,  dans  la  direction  d'une  ligne  plus  ou  moins  droite ,  sur 
un  point  de  la  surface  terrestre,  malheur  à  ce  point ,  à  cette 
province  sur  laquelle  passerait  ce  fluide  pestilentiel,  en  em- 
poisonnant le  climat  et  l'air  que  les  habitants  respirent!  Telle 
est ,  nous  le  répétons ,  l'origine  des  épidémies  et  de  difiéren- 
tes  autres  calamités;  car  ce  poison,  venu  de  l'air,  n'est  pas 
seulement  respiré  par  les  habitants ,  mais  il  se  dépose  sur  la 


lerelles  vint  subitement  à  s'abattre,  et  couvrant  hommes  et  chevaux, 
arrêta  Tarmée  entière  dans  sa  marche. 

Dans  l'année  1613,  un  passage  de  sauterelles  eut  lieu  en  France, 
aux  environs  d'Arles;  plus  de  ^5,000  arpensdeblé  furent  moissonnes 
par  elles  jusqu'à  la  racine. 

En  Transylvanie,  il  y  eut  en  1781  un  passage  d'insectes  pareils,  et 
après  leur  dévastation  on  ramassa  1,500  sacs  d'œufsde  ce  terrible  in- 
secte. 


234  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

couche  terrestre,  sur  les  plantes  et  les  fleurs,  sur  les  liquides, 
sur  les  viscères  intérieurs  des  animaux,  et ,  selon  les  disposi- 
tions, il  crée  des  phénomènes  individuels  ou  généraux  dans 
TexpansioD  de  la  vitalité. 

395.  —  Les  cadavres  des  animaux  sont  des  corps  solides 
qui  restent  dans  la  terre;  ils  s'y  décomposent  sans  doute 
comme  se  décomposent  les  plantes  et  les  arbres;  mais  le  pro- 
duit de  cette  décomposition  n'est  pas  moins  en  grande  partie 
une  substance  solide  qui,  agglomérée  avec  la  terre,  en  aug- 
mente la  quantité.  De  nos  jours,  cette  opération  se  borne  à  la 
surface  et  opère  une  bonification  à  la  terre  végétale;  c'est  ce 
que  nous  appelons  engrais. 

Mais  aux  époques,  primordiales,  ces  corps  ont  été  une  sub- 
stance très-importante  pour  la  consolidation  de  la  terre,  ayant 
été  réunis  et  amalgamés  avec  elle,  et  ils  sont  entrés  par  les  ca- 
taclysmes jusque  dans  le  centre  du  globe  en  se  confondant, 
comme  on  Ta  vu ,  avec  les  autres  moléculesde  toutes  lesespèces  ; 
mais  le  règne  animal  a  fourni  bien  plus  :  les  corps  descadavres 
des  myriades  de  millions  d'animaux  ont  été  peu  de  chose  en 
comparaison  des  matières  fécales  et  uraloires  que  ces  mêmes 
animaux  ont  fournies  de  leur  vivant. 

396.  —  Nous  pouvons  donc,  sans  crainte  d'exagérer,  recon- 
naître, ainsi  que  nous  l'avons  déjà  énoncé  (345),  que  le  poids 
du  globe,  à  la  fin  de  la  cinquième  journée,  était  formé  à  nK)i- 
tié  des  matières  fournies  par  les  règnes  végétal  et  animal,  et 
que  l'autre  moitié  du  poids  provenait  des  molécules  du  pre- 
mier grand  assemblage. 

Nous  allons  en  donner  la  preuve,  en  chiffres,  par  le  calcul 
des  produits. 

397.  —  Pour  baser  la  solution  de  ce  grand  problème  sur 
des  faits  positifs,  nous  prendrons  une  classe  d'aninaaux,  et 
comme  les  infiniment  petits  ont  été  les  plus  efficaces  à  cause 


SUITE   DES   INSECTES.  235 

(le  leur  quanlité,  nous  choisirons  au  hasard  une  classe  dans 
les  insectes. 

Nous  prendrons  les  abeilles  (1),  parce  que  nous  pouvons 
contrôler  et  calculer  leurs  matières.  Dans  Tannée  1841,  le 
commerce  de  la  cire  a  été  reconnu,  par  le  transit  opéré  dans 
les  cinq  parties  du  monde,  de  400,000  tonneaux  (1,000  kil. 
chacun);  le  miel  a  été  seulement  de  200,000  tonneaux.  Natu- 
reUeraenty  le  miel  étant  en  grande  partie  consommé  par  les 
paysans  et  les  producteurs,  le  commerce  en  reçoit  le  moins; 
mais  nous  pouvons  hardiment  calculer  que  leur  consomma- 
tion égale  le  quart  de  la  production,  soit  200,000  tonneaux; 
par  conséquent,  basons  noire  calcul  sur  800  mille  ton- 
neaux. 

Les  abeilles  consomment  elles-mêmes  au  moins  ta  même 
(piantité  pour  leurs  approvisionnements  de  Thiver  ;  mais  nous 
n'en  tiendrons  pas  compte;  nous  nous  bornerons ,  pour  ce 
surplus,  à  considérer  les  corps  des  abeilles  après  leur  mort. 
Bien  qu'une  abeille  qui  aura  vécu  sept  ans  ail  consommé,  et 
par  conséquent  évaporé,  phts  de  cinquante  foiSy  en  poids,  le 
poids  de  son  corps,  nonobstant,  pour  être  plus  sûrement  dans 
le  vrai,  nous  nous  bornerons  au  minimum  de  tous  les  chiffres 
possibles. 

Il  faut  encore  compter  qu'on  ne  récolte  pas  toute  la  cire  et 
tout  le  miel  qui  se  produisent  dans  le  monde;  il  en  reste  dans 
les  forêts  et  les  cavernes  beaucoup  plus  que  l'homme  n'en 
recueille  pour  le  commerce  ;  nous  l'indiquons  sans  le  prendre 
en  compte;  notre  calcul  en  sera  d'autant  plus  exact. 

388.  —  Ainsi,  nous  admettons  800,000  tonneaux  de  cire 

{i)  Une  ructie  contienl  ane  femelle,  290  à  800  mâks  «t  16  à  20^000 
GUYrtéres.  Chaque  année  elle  produit  deux  ou  trois  essaims  doiamant  à 
peu  près  les  mêmes  quautilés.  Virgile  et  PUue  disent  que  la  durée  de 
la  vie  des  abeilles  est  de  7  ans.  Réaumur  le  confirme  ainsi  que 
IHifener. 


236  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

et  de  miel  par  an,  et  en  ne  calculant  que  pour  la  cinquième 
époque  seulement,  à  laquelle  se  rapporte  ce  chapitre,  et  la 
supposant  de  300  siècles,  il  y  aurait  eu  pour  cette  époque 
un  produit,  en  cire  et  en  miel,  de'  24,000,000,000  de  ton- 
neaux. 

.  Les  corps  des  abeilles  mortes  doivent  se  compter  à  peu  près 
pour  le  même  poids,  ce  qui  ne  sera  pas  exagéré  si  l'on  consi- 
dère que  les  mâles  se  renouvellent  à  chaque  ponte  et  meurent 
sans  jamais  riep  produire,  mais,  tout  au  contraire,  en  con- 
sommant une  partie  du  produit  des  abeilles  ouvrières.  Àin^ , 
ajoutant  encore  vingt-quatre  milliards  de  tonneaux  pour  ces 
corps  morts,  nous  aurons  quarante-huit  milliards  de  tonneaux 
pesant,  pour  une  seule  espèce  d'insectes  sur  la  terre. 

Considérant  que  la  superficie  de  la  terre,  à  la  cinquième 
époque,  était  plus  du  double  de  ce  qu'elle  est  aujourd'hui,  il  est 
naturel  de  supposer  que  la  production  a  dû  être  plus  grande 
encore  ;  il  est  vrai  qu'à  cette  époque  l'homme  devait  faire  du 
mief  sa  plus  agréable  consommation  ;  mais  le  climat  lui  of- 
frait dans  les  plantes  d'autres  mets  aussi  utiles  et  aussi  faciles 
à  obtenir;  par  conséquent ,  toute  considération  à  ce  sujet  ser- 
virait plutôt  à  augmenter  qu'à  diminuer  le  chiffre  que  nous 
posons. 

399.  —  L'abeille  n'est  qu'une  classe  d'insectes;  il  y  en  a 
300,000  espèces  vivant  sur  le  globe ,  sur  la  terre  et  dans  l'eau. 
Nous  pouvons  compter  au  moins  quarante  mille  espèces  qui 
font  un  travail,  d'une  manière  ou  de  l'autre,  en  rapport  de 
poids  égal  à  Tabeille;  nous  n'avons  pas ,  il  est  vrai,  sous  la 
main  les  produits  du  travail  de  chaque  espèce,  comme  nous 
avons  ceux  de  l'abeille,  mais  la  terre  lésa,  elle  les  reçoit;  les 
comptes  se  passent  entre  eux  directement,  sans  l'intervention 
de  l'homme,  qui  s'est  contenté ,  parce  que  la  cire  et  le  miel 
lui  convenaient,  de  faire  le  compte-courant  de  l'abeille. 

MO.  —  Il  n'y  aura  rien  d'exagéré  en  attribuant  à  chaqu« 


SUITE    DES   INSECTES.  237 

espèce  d'insecte  la  même  quantité  de  poids  comme  tribut  payé 
à  la  terre. 

On  ne  peut  pas  nous  dire  que  Tabeille  soit  la  race  la  plus 
nombreuse;  au  contraire,  le  moindre  examen  prouvera  qu'elle 
est  peut-être  la  classe  la  plus  réduite;  il  n'y  a,  en  effet,  qu'à 
la  comparer  aux  innombrables  multitudes  de  mouches  com- 
munes, de  fourmis,  de  vers,  etc.,  etc. 

Et  si  une  classe  d'insectes  ne  donne  pas  un  produit  aussi 
lourd  que  la  cire,  il  sera  compensé  par  la  multiplicité  des  in- 
dividus; ainsi,  par  exemple,  la  fourmi  ou  les  vers,  qui  ne 
donnent  qu'une  matière  gluante,  les  cousins  et  les  mousquitos, 
qui  ne  donnent  que  leurs  corps  secs,  fournifont,  par  la  pro- 
digieuse quantité  de  leurs  cadavres,  le  poids  qui  manquerait 
à  la  substance  de  leur  produit. 

401.  —  Si,  à  la  sixième  époque,  c'est-à-dire  si  de  nos  jours 
l'insecte  n'est  plus  aussi  utile  qu'il  Ta  été  pour  la  formation  de 
la  terre  ;  si  son  abondante  fécondation  nous  gêne,  pourquoi 
l'homme  ne  cherche-t-il  pas  à  eu  tirer  parti  ?  On  mange  le 
limaçon  ,  pourquoi  ne  mangerait-on  pas  d'autres  races  ? 
Shaw  rapporte  qu'aux  environs  du  Grand-Caire,  il  y  a  plus  de 
quarante  mille  personnes  qui  mangent  des  serpents  (Voyaqe 
en  Barbarie,  p.  355).  Les  Arabes  mangent  la  sauterelle.  Le 
célèbre  Lalande  mangeait  la  chenille  et  l'araignée  ;  il  trouvait 
à  1^  chenille  un  goût  d'amande,  et  l'araignée  avait  pour  lui 
la  saveur  de  la  noisette.  Qui  sait  si  quelque  classe  d'insectes 
ne  serait  pas  très-salubre  et  très-appétissante? 

L'industrie  aussi,  nous  le  répétons,  trouverait  immanqua- 
blement des  matières  premières  à  employer  avec  succès*  dans 
les  corps  des  insectes,  car  tous  contiennent  des  propriétés  spé- 
ciales et  tous  ont  des  principes  acides  ou  salins. 


238  CINQUIÈME     ÉPOQUE 


CHAPITRE  XXIV 

Maltlplieatioii  des  Animaax.  —  I^itr  Quantité 

entrée  dans  la  terre. 

Sommaire.  —  Calcul  des  matières  fournies  à  la  terre  par  les  quadru- 
pèdes ;  pourquoi  on  prend  le  rat  pour  base  de  ce  calcul,  402.  —  Carac- 
tère du  rat,  ses  habitudes,  ses  nombreuses  variétés;  sa  propagation, 
403,  404.  —  Calcul  du  nombre  des  rats  à  la  cinquième  journée,  405. 
—  Les  lézards,  /^Oô.  —  Les  serpents,  407.  —  Les  lamantins  et  les  cétar 
ces,  408.  —  La  baleine,  409,  410.  —  Le  kraken,  411.  —  Effrayante 
multiplication  des  harengs,  412.  —  Production  de  la  morue ,  413.  —  . 
L'esturgeon,  la  carpe,  414.  —  Les  poissons  et  les  crustacés,  415.  — 
Supputations  tirées  des  écailles  des  huîtres,  41G.  —  Monographie  de 
ITiuître,  417.  —  Les  oiseaux;  leurs  produits,  418.  --  OifficyJtés  d'un 
travail  de  statistique  parfait,  419.  —  Tableau  approximatif,  420.  —  La 
succession  des  êtres  et  de  leurs  produits  était  indispensable  au  travail 
progressif  de  la  terre,  421. 

Calcul  des  matières  fournies  a  la  tsire 

PAR   LES  QUAI>RUPt:i>ES. 

(02.  —  Après  rinsecle,  passons  aux  autres  animaux,  aux 
quadrupèdes,  aux  lézards,  aux. poissons,  aux  crnslacës ,  aux 
oiseaux.  Chaque  famille  a  fourni  son  contingent. 

Parmi  les  quadrupèdes,  quelle  serait  l'espèce  qui  pourrait 
nous  offrir  le  moyen  de  calculer  le  poids  moyen  et  la  quan- 
tité de  matières  que  la  race  animale  entière  donne  comme  nu 
tribut  à  la  terre  ?  Si  nous  choisissions  le  bœuf  ou  le  mouton  , 
notre  tâche  serait  facile»  mais  le  choix  ne  serait  pas  impar- 
tial ou  de  nature  à  fournir  des  résultats  exacts,  vu  la  quantité 
prodigieuse  de  bœufs  et  de  moutons  élevés  pour  les  besoins 
domestiques  des  populations  et  qui  passent  tous  les  jours  à  la 
boucherie  dans  tous  les  pays  du  monde;  on  pourraiit  croire 
que  rélevage  multiplie  les  individus  au-delà  de  ce  que  la  na- 


MULTIPLICATION   DES   ANIMAUX.  239 

ture  ferait  sans  les  nécessités  de  consommation  île  Thomme  ; 
et  en  outre,  la  quantité  de  bœufs  et  de  vaches  sauvages  dis- 
persés dans  les  vallées,  dépasse,  selon  nous,  de  beaucoup  le 
nombre  des  individus  dus  à  Télevage.  Le  bœuf  nous  oflrirait 
pourtant  une  statistique  plus  approximative  que  tout  autre 
quadrupède.  L'espèce  cheval  serait  aussi  celle  qui  pourrait 
convenir  pour  ce  calcul  approximatif;  mais  encore  ici  les  be- 
soins deFagricullure,  des  armées^  de  Findustrie  et  du  luxe , 
sont  cause  que  cette  race  est  artificiellement  augmentée.  L'é- 
léphant, et  toutes  les  grandes  familles  sauvages,  offriraient 
trop  d'incertitude,  et  peut-être  chacune  d'elles,  par  leur 
énorme  taille ,  donnerait  un  poids  trop  grand. 

Voulant  donc  être  plus  assuré  du  poids  moyen  que  nous 
cherchons,  et  éviter  toute  exagération,  tournons-nous  vers 
un  des  plus  petits  quadrupèdes  et  choisissons  les  rats. 

403*  —  Le  rat  est  un  animal  cosmopolite,  il  se  trouve 
partout ,  en  Europe ,  en  Asie,  en  Afrique ,  en  Amérique  et  en 
Australie,  et  loin  d'être  élevé  et  soigné,  comme  l'abeille,  on 
cherche  avec  raison  à  l'exterminer  autant  que  possible,  car 
il  ne  fait  que  détruire  tout  ce  qu'il  peut,  surprendre  et  rava- 
ger tout  ce  qu'il  trouve  sur  son  passage.  Nous  ne  serons  donc 
pas  accusé  d'exagération  en  calculant  d'après  ce  mammifère 
la  moyenne  de  poids  relative  aux  grandes  races. 

Le  rat  est  très-lascif,  et  apte  de  bonne  heure  à  se  livrer  à 
la  propagation  de  son  espèce;  la  femelle  fait  plusieurs  portées 
dans  Tannée,  et  chaque  portée  a  un  nombre  assez  considéra- 
ble de  petits. 

Les  rats  et  les  souris  cherchent  généralement  l'obscurité  et 
vivent  dans  les  trous ,  même  dans  les  latrines  ;  ils  creusent  des 
habitations  sous  terre,  mangent  tout  ce  qu'ils  rencontrent, 
matières  végétales,  animales,  même  putréfiées;  ils  dévastent 
tout  :  graînes>  farines,  Hnge,  papiers,  provisions  de  toute 
nature,  ils  attaquent  les  volailles  et  même  les  petits  agneaux. 


240  CINQUIEME     ÉPOQUE. 

et  quand  toule  espèce  de  nourriture  leur  manque,  ils  se  dé- 
vorent entre  eux. 

Les  dictionnaires  d'histoire  naturelle  indiquent  trente-qua- 
tre espèces  de  rats  et  souris  rongeurs,  plus  trois  cents  espèces 
numérotées  par  lettre  alphabétique,  depuis  le  rat  d'Afrique 
jusqu'au  rat  dit  lei^oyo^^r  ou  le  zibeth. 

Quelle  que  soit  la  destruction  de  rais  et  de  souris  qui  se 
lasse  par  Thomme,  par  les  chats,  par  les  chiens  ou  par  les 
oiseaux  de  proie,  il  en  reste  toujours  une  énorme  quantité , 
par  suite  de  la  grande  propagation  de  l'espèce. 

404.  —  Pour  établir  le  poids  des  rats  qui  rentrent  morts 
dans  la  lerre,  il  faut  faire  la  déduction  des  pertes  qu'ils  éprou- 
vent dans  leur  état  vivant. 

Aristote  rapporte  qu'ayant  mis  une  souris  pleine  dans  un 
vase  à  serrer  du  grain,  il  s'y  trouva  peu  de  temps  après  cent 
vingt  souris,  toutes  issues  de  la  même  mère. 

La  Perse  est  littéralement  infestée  de  rats  ;  Cuvier  disait 
que  la  Perse  était  la  source  des  rats.  L'Egypte  a  été  de  tout 
temps  prodigieusement  peuplée  de  rats  et  de  souris;  aussi  tous 
les  animaux  qui  faisaient  la  guerre  aux  rats  et  aux  souris 
étaient-ils  sacrés  chez  les  Égyptiens. 

En  Amérique ,  ils  abondent  comme  en  Europe  ;  à  la  Jamaï- 
que on  compte,  en  moyenne,  comme  perte  annuelle  causée 
par  les  dévastations  des  rats,  le  vingtième  de  la  récolte;  on 
tue  de  20  à  30  mille  rats  par  an  dans  chaque  plantation. 

Dans  les  ville3  et  les  village^,  nous  avons  la  preuve  que  le 
rat  suit  l'homme  partout,  et  qu'il  aune  singulière  adresse 
pour  se  cacher  et  une  grande  sagacité  pour  trouver  sa  nour- 
riture. Le  rat  est  hardi,  effronté  ;  il  s'introduit  partout,  et 
passant  pardessus  les  câbles,  il  se  faufile  dans  tous  les  navires; 
quand  dix  ou  douze  rats  ont  pénétré  dans  un  vaisseau ,  à  la 
Hn  de  son  voyage  il  y  en  a  quatre  ou  cinq  cents,  nés  et  vi- 
vant dans  le  bâtiment. 


MULTIPLICATION    PKS    ANIMAUX.  241 

-  h^  égouts  âe  tous  les  coins'  du  mondo  possèdent  des  nids 
de  racs;  ia Tamise,  de  Londres,  et  les  rigoles  ainsi  que  les 
canaux!  sous  le  pavé  de  Paris,  contieiineni,  presque^ en per-^ 
inanc^afe^  ^  ^n  nnilion  de  rais  et  de  sou,f*is  dans  la  proportion 
d'une  U^^  cajtrée..  ' 

.  Admettons  quç  la  moitié  de  ces  élres  soient  dévorés  par 
d'autr^^  aMmaux;  admettons  ^ue  sur  tout  le  reste  du  globe 
il  n'y  aiiqu€^  la  Htôitié  dQS  rats  et  des  souris  qui  se  trouvent 
dans  les  égouts  des  grandes  capitales,  il  nous  i^estera^  en 
moyenne,  up  quart  tie  million  de  rat£^  et  souris,  {^ar  lieue  car- 
rée, qui  rentrent  anuiuellement  dans  la  terre,  en  y  portant  le 
tribut  de  leurs  propre^  cadavres  (1), 

*  s,  '  ~ 

405.  —  Mais,  à  Tépoque  du  cinquième  jour,  les  rats  n'a- 
vaient pas  encore  tant  d'ennemis  empressés  à  les  détruire  ; 
leur  existence  était  plus  assurée,  et  ils  donnaient  à  la  terre, 
comme  les  autres  animaux,  le  tribut  total  de  leurs  cadavres. 
Aussi,  quand  la  terre  avait  une  circonférence  de  25^000 
lieues,  soit  une  surface  de  1,120,000,000  lieues  carrées,  en 
déduisant  les  trois  quarts  pour  les  mers,  il  restait  280,000,^00 
de  lieues  carrées  terrestres^  dans  chacune  desquelles  il 
.«'ensevelissait  au  moinç  un  demi-miUioa  die  i^s«  soit 
1 40,000, 0.00,00O»()0û^  ou  cent  quarante  mille  milliards;  et, 
^n  comptant  un  quart  de  kilogramme  par  rat,  op  a.MU  poids 
de  as, 000,000,000,000  kil.  ou  35.  milliards  de  tonneaux  por 
ai);  soitr  en  300  $i^cles^  1  million  50  mille  milliards  de  tour- 
neaux, 

Ain^i  1^  tribut  payé  à  \^  terre  par  Içs  t^ad^vres  de  ce  seul 
petit  mammifère  a,  été  bie^  pliis  iniportattt  qqe  c^kii  des 
abeilles*  £t  il  n'est  pas  déraisofmable  d'admettre  que  chaque 
espèce  des  grandes  races  en  a  fourni  autant. 

r 

(4)  Jl  est  entendu  que  nous  réparlissons  ainsi  par  kypothèse^  pQijir 
les  besoins  du  calcul,  sur  un  espace  déterminé. de  terrain  vl^^  i^^ts  et 
souris  qui  habitent  en  bien  plus  grand  nombre  dans  les  maisons. 

16 


242  CINQUIÈME      ÉPOQUE. 

^Q^  —  Les  lézards  et  les  serpents,  les  poissons  et  les  crus^ 
tacés,  sont  bien  plus  nombreux  que  les  rats  et  se  multiplient 
plus  prodigieusement  encore* 

Les  lézards,  dans  la  famille  desquels  entrent  les  sauriens, 
les  crocodiles,  les  dragons,  le^s  iguanes,  les  stellions,  les  camé- 
léons, etc.,  avec  leurs  mille  espèces,  races,  variétés  et  sub- 
divisions, ont  été  les  premiers  animaux  qui  ont  suivi  les 
monstres,  ces  grands  animaux  mangeurs  de  coquillages,  et 
dont  nous  n'avons  aucun  vestige. 

Les  lézards  et  les  espèces  citées  ont  dotic  joué  le  plus  grand 
rôle  et  formaient  les  plus  nombreuses  populations  aux  pre- 
mières époques  du  globe  «  lorsque  la  terre  était  dans  les  phases 
de  sa  surface  la  plus  étendue. 

Les  lézards,  les  crapauds,  comme  les  monstres,  avaient 
alors  une  taille  gigantesque.  Après  eux  venaient  les  salaman^ 
dres,  les  grenouilles  et  d'autres  races  de  mille  formies  dififé^ 
rentes.  La  fécondité  de  toutes  ces  races  était  prodigieuse,  et 
leurs  cadavres,  entrant  dans  la  terre,  y  ont  ajouté  un  poids 
considérable,  que  nous  calculons  approximativement  dans 
le  tableau  synoptique  qu'on  verra  plus  loin. 

407.  —  Les  serpents,  également  de  formes  et  de  grandeurs 
gigantesques,  et  prodigieusement  nombreux,  ^insi  que  les 
couleuvres,  les  phoques  et  les  amphibies,  les  testacés,  dans 
lesquels  il  y  avait  des  tortues  de  grandeur  colossale  (1),  et  qui 
vivtiient  par  myriades  dans  le  terrain  mou  et  humide  des  épo- 
ques primordiales  ;  tous  ces  colosses,  tous  ces  géants  primitifs 
ont  fini  par  remettre  leurs  corps  très-pesants  à  la  terre. 

408*  —  Les  lamantins  ou  poissons  anthropomorphes,  que 
Johnston,  Aldorvande,  etc.,  représentaient  sous  des  figures  de 

(4)  Même  aujourd'hui  on  Irouve  dans  les  mers  de  l'Inde  et  dans  le 
golfe  du  Mexique ,  des  tortues  qui  pèsent  six  à  sept  cents  kilogrammes. 
L'analogie  nous  induit  à  penser  qu'aux  époques  primitives,  elles  de- 
vaienl  être  dix  fois  plus  grosses  et  au  moins  cinq  fois  plus  pesantes. 


MULTIPLICATION     DES     ANIMAUX.  24S 

monstres  à  télé  d'homme,  qui  sont  réellement  des  mammi^ 
fères  de  Tordre  des  cétacés  et  de  la  famille  des  herbivores/ 
selon  Cavier;  les  lamantins  (1)  ont  reçu  les  noms  de  bœufs^ 
de  vaches  et  de  veaux  marins,  parce  c(ù'ils  paissent  l'herbe 
comme  les  ruminants*  Ces  animaux  se  servent  avec  beaucoup 
d'adr(  sse  de  leurs  bras  pour  transporter  leurs  petits  et  pour 
sortir  de  l'eau.  La  position  des  deux  mamelles  sur  la  poitrine, 
l'habitude  que  les  lamantins  ont  de  tenir  hors  de  l'eau  leur 
tête  et  la  partie  antérieure  de  leur  corps,  leurs  sortes  de 
mains»  les  poils  qui  garnissent  seulement  leur  mufle  et  qu'on 
a  pu  prendre  pour  de  la  barbe,  ont  fait  appeler  ces  animaux, 
pmsom- femmes,  hommes  barbus ,  homm£S  et  femmes  de  mer* 
Ces  êtres,  que  nous  voyons  vivants  aujourd'hui,  sont  sans 
aucun  doute  les  descendants  de  races  beaucoup  plus  grandes 
qui  existaient  à  Fépoque  précédente. 

i09.  —  Parmi  les  cétacés,  la  baleine,  qui  est  de  nos  jours 
l'animal  le  plus  colossal,  la  reine  et  la  dominatrice  des  mers, 
imprimant  le  respect  et  la  crainte,  par  sa  masse  énorme  et  sa 
force  invincible,  à  tous  les  poissons  et  aux  autres  animaux 
vivant  dans  Teau  ;  la  baleine,  si  elle  eût  existé  aux  époques 
primordiales  avec  ses  dimensions  actuelles,  n'aurait  été  qu'un 
petit  animal,  en  comparaison  des  bêtes  colossales  de  la 
classe  des  mangeurs  de  coquilles,  et  de  la  race  des  lézards 
géants. 

Les  baleines  se  présentent  déjà  au  cinquième  jour,  qui  offre 


(•1)  Les  plus  grands  lamanUns  du  Sén^l,  suivant  les  observatioas 
d-Âdanson,  u'onl  aujourd'hui  que  Irois  mètres  de  Long  à  peine,  et  pèr 
sent  environ  quatre  cents  kilogrammes;  ils  ont  la  tôte  conique  el  d^uiie 
grosseur  médiocre,  les  yeux  ronds,  Tiris  d^un  bleu  foneé,  el  la  prunelle 
noire;  les  lèvres  obarnues  el  épaisses  des  dents  molaires  aux  deux 
mftchoires^  la  langue  ovale^  quatre  ongles  d'un  rouge  brun  et  luisani, 
le  euir  épais  et  d-un  cendré  noirâtre,  la  graisse  bKincbe  el  la  chair 
d^un  rouge  pâle. 


241 


CINQUIÈME     ÉPOQUE. 


un  olimet  âl  des  pâtarages  sympathiques  etnécessair^  à  leur 

,  BUe6  06  dtvîsQni  déjà  en  plusieur»^  braoobes»  de  graodeur  et 
même  de  fbrines  diSér#ft(e»,  set^a  les  climats  et  les  o^rs 
qu'elles  halûteiil  (1). 

^10.  —  Dans  les  mers  de  la  Chine,  H  y  atait  dés  bâl'èined 
de  te  longueur  de  300  mètres,  mais  il  n'en  existe  plus  de  cette 
taille;  la  grandeur  commune  de  nos  jours  est  de  2^  à  36 
mètres. 

La  pêche  de  la  baleine  qui  se  fait  sur  les  côtes  de  la  Cali- 
fornie offre  une  série  île  faits  curieux,  qui  prouvent  que  les 
animaux  même  tes  plus  difformes,  s'ils  n'ont  pas  l'inteHi- 
gence,  ont  du  moins  nn  instinct  et  un  à-propos  qui  équivaut 
presque  à  la  réflexion.  Voici  des  faits  signalés  par  les  pê- 
cheurs de  ces  parages. 

«En  1&^7»  une  baleine  qui  avait  été  harponnée  sans  ré- 
«  sttllat  feignit  de  succomber  à  de  graves  blessures,  laissa 
u  approches:  deux  embarcations  chargées  de  matelots  balei- 
«  niers,  et  lorsque  ces  embarcations  se  trouvèrent  à  sa  por- 
m,  tée,  elle  se  réveitija  aussitôt  et  les  submergea.  Tous  les 
a  hommes  qui  élaieat  venus  pour  la  dépecer^  la  croyant 
«  morte,  périrent  aussi  sovis  le  pouls  de  i^a  vqn^eanee.^  » 

On  pourrait  citer  des  traits  nombreux  de  toutes  sortes,,  dit 
le  Moniteur  de  la  flotte,  qui  prouvent  combien  cette  baleine 
est  dangereuse,  et  quelles  précautions  il  faut  prendre  pour 
la  pêcher. 


(i)  Une  baleiné  qui  échoua  dana  Pile  de  Corse  en  «iSâO,  était  longue 
Ti«  34  mètres;  un  homme  à  cfaetàl  pou^vail  entrer  dans  son  -énorme 
gueule  ;  pour  retirer  le  grand  intestin  de  son  ventre  il  fallut  47  hommes; 
elle  fournit  67)500  kilogrammes  d&  lard.  C/était  uue  femelle  pleine; 
son  fœtits  avait  déjà  40  mètres  de  longueur  et  pesait  750  kiiogr. 

Une  baleine  de  24  mètres  seulement^  échouée  en  1726  dans  la  baie 
de  la  Somme,  avait  une  gueule  si  vaste,  que  deux  hommes  y  entraient 
à  Taise  sans  se  baisser. 


MULTIPLICATION  'd£fi     ANIMAUI.  2iS 

La  portée  àé  la  baleine  comprend  souvent  deux  petite  ; 
dans  rOcéan  pacifique,  les  baleinaux  naissante  ont  ordinal^ 
Iremeilt  de  10  à  12  mètres  de  longueur;  ik  escortent  leur 
taère  et  la  défendent  lorsqu'elle  est  îittaqoée.  On  en  voit 
tiui,  trop  faibles  |^ur  la  pTO<)égerv  se  jettonl  a«rdevant  des 
jpêcteurs,  aii»  d'at)ttrer  leiuF  attention  et  pte  permettre  à  leur 
mère  de  se  saftfver, 

41 J.  —  Danslps  cétacés,  on  remarque  plusieurs  espèces, 
çoaujae  le  cachalot,  )e  dauphin,  etc.; notons  aussi  le  kraken, 
ou  poisson-montagne,  ou  grand  serpent  de  mer,  qui  parait 
quelquefois ,  dit-(Mi ,  dans  les  mers  du  nord  comme  un  sou- 
venir de  sa  race  d'ancienne  origine.  Le  kraken  est  beaucoup 
plus  grand, que  la  baleine,  mais  exlrèjnement  rare.  On  pré- 
tend qu'on  en  rencontre  quionX  jusqu  à  une  lieue  d'étendue. 

Tous  cçs^grands  animaux  ne  sont  pas  bien  qtiles  à  Thom- 
roe,  et  Texcéplion  de.  la  baleine,  dont  il  retire  Thuile  et  les 
façons;  mais  ils^ont  très-utiles  pour  arrêter  la  multiplication 
des  poissons  et  des  petite  animaux  en  équilibrant,  par  la  des- 
truction, l'immensité  de  la  production  ;  à  la  mort  de  ces  grands 
animaux,  le  fond  de  la  terre  reçoit  de  leur  corps  on  volume 
et  »n  poida  tri^-considérables. 

LES   POid^Q^S. 

412.  —  Les  poissons  donnent  un  chiffre  de  population  vi- 
vanle  qui  étonne  rimagination  même,  et  j^'ils  n'étaient  pas 
soumis  à  ui>e  «d^tf-uçtioQ  obligée,  njéce^ire  et  périodi^uo^ 
49À  uaiatieut  ré^tfilibra  av^  T^^cès  de  production,  il  leur 
aitfSrtait  d'inné  anoée  pour  remplir  de  leurs  corps  entajssés  tous 
les  bassins  des  mers;  l'eau  n'aurait  plus  de  place. 

Pour  nous  .e^  faire  uoe  juste  idée ,  nous  aliops  en  examiner 
quelq^esrun^^ 

Les  harengs,  que  tout  le  monde  connaît,  sfd  tienoent  au 


246  -  CINQUIÈME      ÉPOQUE* 

fond  de  la  mer  et  surtout  dans  le  Nord.  Lorsqu'ils  se  meileot 
en  mouvement  en  sortant  de  la  mer  glaciale ,  ces  poissons 
forment  des  bancs  de  plusieurs  centaines  de  kilomètres  de 
largeur;  la  droite  va  sur  les  côtes  distende^  où  elle  arrive 
en  mars;  puis,  tournant  vers  Toccident,  elle  gagne  le  banc  de 
Terre-Neuve  et  disparaît  ensuite.  La  gauche  pvead  w  route 
vers  le  sud ,  et  se  subdivise  en  plusieurs  colonnes. 

Est-ce  que  Timagination  la  plus  fertile  pourrait  calculer  le 
nombre  de  ces  poissons  sur  une  étendue  de  plusieurs  centai- 
nes de  kilomètres  et,  bien  entendu,  sur  une  épaisseur  consi- 
dérable? 

Les  myriades  de  millions  de  ces  êtres  vivants  ne  sont  rien 
encore  en  comparaison  de  ce  qu'il  sortirait  des  femelles  qui 
font  partie  de  Texpédition  ;  dans  une  seule  femelle  de  moyenne 
grandeur  on  a  compté  68,656  œufs.  Qu'on  juge  de  ce  qui  ar- 
riverait si  la  troupe  restait  intacte  :  bientôt  il  n'y  aurait  plus 
assez  de  place  pour  cette  famille  seule,  car ,  en  une  année, 
elle  remplirait  au  moins  la  moitié  du  bassin  de  TOcéan  ;  si 
toute  la  génération  pouvait  vivre  sans  être  dérangée ,  il  suf- 
firait de  quatre  années,  et  les  harengs  seuls  envahiraient  com- 
plètement les  bassins  de  toutes  les  mers! 

La  pèche  de  l'homme  en  enlève  chaque  année  la  charge  de 
deux  à  trois  mille  navires,  c'est-à-dire  un  million  et  plus  de 
tonneaux  pesant  qui  sont  jetés  dans  le  commerce  pour  la  con- 
sommation publique;  mais  ce  serait  là  un  faible  secours  con- 
tre leur  envahissement. 

Tous  les  grands  poissons,  les  cétacés,  les  requins,  etc*, 
en  font  une  consommation  énorme  et  journalière. 

C'est  surtout  la  baleine  qui  a  pour  mission  d'arrêter  la  me- 
naçante invasion  de  cet  animal ,  car  la  baleine  lait  du  ha- 
reng son  principal,  sinon  son  exclusif  aliment.  Mais,  qui 
pourrait  le  croire?  le  hareng,  qui  pèse  à  peine  un  quart  de 
kilogramme,  peut  fournir  pendant  une  semaine  à  la  nourri- 
ture d'une  baleine  !  d'une  baleine  pesant,  elle,  15  à^20  tour 


MULTIPLICATION     DBS     ANIMAUX.  247 

neauX)  cest-ànlire  15  à  20  mUie  kilogrammes  I  Cependant 
c'est  une  vérité ,  car  une  baleine  de  moyenne  grandeur  est 
^ffisamment  repue  avec  11,000  harengs  par  jour,  et  comme 
nous  avons  vu  qu'une  femelle  porte  68,656  œufs,  qui  pro^ 
duiseot  autant  de  harengs,  elle  fburnit  donc  assez  pour  sati&* 
faire  pendant  une  semaine  à  la  nourriture  d'une,  baleine. 

Il  est  heureux  que  le  nombre  des  baleines  soif  en  proportion 
assez  considérable. 

413.  —  La  morue  est  un  poisson  doué  d'une  fécondité  en- 
core plus  effrayante  que  le  hareng;  les  femelles  possèdent  un 
nombre  d^œufs  si  prodigieux  que  Leirv^enhoek,  qui  les  a  comp* 
tés,  en  a  trouvé  9,340,000  dans  une  seule  femelle  de  grosseur 
moyenne;  mais  depuis  l'observation  de  ce  naturaliste,  on  a 
trouvé  qu'une  seule  morue  peut  donner  20,000,000  d'œufs 
fécondés;  heureusement  elle  les  dépose  sur  des  fonds  iné- 
gaux ,  entre  les  pierres,  où  une  grande  partie  devient  la  proie 
des  autres  poissons. 

La  morue  est  vingt  fois  plus  grande  que  le  hareng  et  pèse 
ordinairement  de  7  à  10  kilogrammes. 

Toutes  les  nations  vont  à  la  pêche  de  la  morue,  et  ies  Hol- 
landais, ainsi  que  les  Américains,  en  font  des  prises  considé- 
rables, en  sorte  que  tous  les  marchés  de  TEurope  en  sont 
constamment  fournis  toute  Tannée,  car  la  morue  est  bonne 
fraîche,  sèche  et  salée. 

Il  est  facile  de  voir  que,  sans  la  destruction  d'une  grande 
partie  des  œufs  par  les  autres  animaux,  et  sans  la  pèche  de 
l'homme,  la  morue ,  laissée  à  son  état  de  progression  libre, 
pourrait  à  elle  seule,  en  deux  ou  trois  années,  remplir  tout 
le  bassin  de  TOcéan  pacifique,  où  elle  s'entasserait  en  forçant 
Teau  à  sortir  de  son  domaine. 

4U  . —  Nous  citerons  une  troisième  race  de  poissons: 
l'esturgeon,  beaucoup  plus  grand  que  la  morue,  puisqu'il  a 


24S  GINI^UIBME      ÉPOQUE. 

de  5  à  8  mètres  de  longueur  (1).  11  abonde  dans  presque 
tous  les  grands  fleuves,  ainsi  que  dans  la  mer  Caspienne  et 
autres.  Ce  poisson  annechaif  très-délicale;  il  est  très-fort  et 
capable  de  tner  un  homoie  d'un  seul  coop  de  queue ,  lors- 
qu'on le  retire  de  Teau. 

L'esturgeon  produit  aussi  une  prodigieusequantilé  d'oeufs; 
on  en  a  compté  un  milHon  et  demi  dans  me  petite  femelle. 
Une  autre  femelle  d' esturgeon  pondit  119  li:irres  pesant d*œufs« 
et  comme  7  de  ces  œufs  pesaient  un  grain,  le  tout  pouvait 
être  évalué  à  7,653,200  œufs. 

Ces  œufs  sont  préparés  par  les  Russes,  qui  en  font  un  corn* 
merce  lucratif,  et  ils  en  composent  le  caviar,  qui  s'expédie 
sur  tous  les  points  du  globe. 

L'esturgeon  donc,  comme  les  autres  espèces  de  poissons, 
serait  capable  de  remplir,  dans  Tespace  de  deux  ou  trois  ans, 
en  s'y  entassante  tous  les  grands  fleuves  et  la  mer  Caspienne, 
»i  tous  les  œufs  pouvaient  éclore  sous  Teau. 

415.  —  Nous  nous  bornons  à  mentionner  les  trois  raceè 
dont  nous  venons  de  parler  ;  mais  tous  les  autres  poissons 
sont  également  d'une  fécondité  prodigieuse  (2);  et  assuré- 
ment, s'ils  n*avaient  pas  des  ennemis  qui  détruisent  tous  les 
ans  les  neuf  dixièmes  de  chaque  espèce,  leur  multitude  accu- 
mulée remplacerait  Teau  dans  tous  les  bassins  des  mers. 

C'est  encore  ce  qui  arriverait  si  on  laissait  intacte  la  race 
des  crustacés,  qui,  depuis  le  crabe  géant  des  côtes  de  la  Nou- 
velle-Hollande, dont  les  serres  sont  aussi  grosses  que  le  bras 
d'un  bomme,  jusqu'à  la  petite  écrevisse  qui  vit  dans  nos  ri- 
vières et  dans  nos  étangs,  produit  une  immense  quantité 
d'œufs  et  n  aussi  une  effrayante  fécondité. 

(1)  Pallas  en  cile  un  qui  pesait  2fi00  livres  (4,400  kiiÎQgramnies)  et 
qui  avait  40  pieds  de  long  (^3  mètres). 

(2)  On  a  vu  des  poissons^  pesant  à  peine  un  quart  do  kilogramme, 
contenir  ^00,000  œufs;  une  carpe  de  40  centimètres  de  longueur  en 
avait  ë6i2,^24;  une  autre,  longue  de  45  centimètres,  en  avait  342,144. 


MULTliaiCATiON  .Dis     ANIMAUX.  249 

On  eonnatt  ks  œafe'qiie  les  homards,  comme  les  éerévisâes, 
oai  sbils  lenr  qneoej  on  pettt  juger  par  là  ^é  \em  éetergi^èè 
reproduction.'  '         . .  .> 

Si  T'On  coosMère  la  matière  dont  est  composée  l'écorce  dé 
ces  animaux,  <m  couTiendra  que  le  poids  de  ces  êtres,  com-^ 
parati^en»eut  petits,  est  cependant  bien  fort  par  ses  m^^es, 
et  que  cette  ra*e  doit  donner  a  la  terre,  après  la  mort  des  îndi*- 
>idU8,  une  somme  de  matières  dures  4' un  poids  assez  notable^ 

l*huItrb. 

416.  —  Comme  nous  Tavonsdit,  et  ainsi  qu'on  peut  l'ob- 
server, toutes  les  races  d'animaux  paient  à  la  terre  le  tribut 
de  leurs  corps;  mais  la  mesure  et  la  proportion . que  nous 
cherchons  à  déterminer  pour  chaque  classe  d'êtres  ne  sont 
naturellement  qu'approximatives. 

Poursuivre  ce  travail  important^  examinons  les  objets  qui 

sont  le  plus  à  la  portée  de  nos  yeux.  Voyons^  par  exemple, 

l'huître,  ce  petit  animal  dont  Paris  consomme  un  nombre  de 

70  millions  par  an,  provenant  d'un  seul  petit  coin  d*uae  côte 

,  maritime  (1).  r 

Supposons  que  ces  70  millions  d'hui très  aient  pesé  10  mil- 
lions de  kilogrammes  ;  la  poulpe  ou  Tânimal  qu'on  «n  a  retiré 
et  qu'on  a  mangé  n'a  guèrQ  ptesé  en  totalité  qu'un  demi-mil- 
lion de  kilogrammes,  car  les  deux  écailles  ont  bien  pesélc^s 
neuf  dixièmes  et  demi»  Qu'a-i-on  fait  de  ces  9  millions  et 
demi  de  kilogrammes  d'écaillés?  Évidemment,  on  lésa  don- 
nés à  la  terre,  en  les  jetant  comme  oliget  inutile. 

L'huître  peut  servir  de  point  de  oomparaison  pour  tout 
autre  animal,  y  compris  Thomme,  au  point  de  vue  du  compte 
courant  de  chaque  individu  avec  la  terre. 

(1)  En  1853,  il  s'eist  consommé  à  Paris  70,876,825  huîtres  dp  là 
Manche,  venant  de  Cancale  et  de  Granville;  1,26^,430  huUres  venant 
d"'Ostende ,  et  374,400  haîtres  vertes  de  Marennes. 


250  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

L'hultre  ne  fournit  rien  de  son  vivant»  ni  en  transpiration, 
ni  en  excrétion  ;  tout  s'amasse  autour  de  son  écaille  ;  mais, 
à  la  fin  de  son  existence,  elle  donne  tout  ensemble,  tandis 
que  les  autres  animaux  ont  produit  périodiquement  ;  et  si  on 
rassemblait  tout  ce  qu'un  animal»  ou  Thomme  même,  procure 
journellement  à  la  terre  et  à  Tair»  on  trouviirait  que»  durant 
le  cours  de  sa  vie  (pris  en  terme  moyen),  il  a  donné  en  poids, 
tous  les  trois  ans ,  au  moins  neuf  fois  et  demie  plus  que  ne 
pèse  son  corps  au  moment  de  sa  mort.  ' 

Nous  aurons  Toccasion,  en  parlant  de  l'homme,  de  dresser 
sa  statistique  spéciale;  en  attendant,  l'huître  va  nous  suggérer 
quelques  autres  observations. 

417.  —  L'huître  nous  donne  l'idée  de  la  matière  qui  a  servi 
aux  premiers  jours  pour  la  consolidation  des  pierres,  ainsi 
que  nous  l'avons  souvent  indiqué,  dans  les  fusions  des  coquil- 
lages à  l'intérieur  de  la  terre. 

L'huître  nous  fournit  encore  la  preuve  de  la  rapidité  de 
l'accroissement  des  coquillages  et  des  crustacés. 

L'huître  est  hermaphrodite,  comme  la  plupart  des  fleurs  de 
nos  jardins.  Le  rapprochement  des  sexes  n'est  pas  nécessaire 
pour  sa  reproduction,  et  une  huître  produit,  chaque  année, 
dmx  millions  d'huîtres  pareilles  d  elle-même. 

n  n'est  besoin,  pour  s'assurer  une  grande  récolte  d'huttres, 
que  d'en  mettre  une  sur  un  fond  garni  de  branches  d'arbres, 
ou  parsemé  de  roches  on  d'autres  coquillages  présentant  un 
abri,  afin  que  les  huîtres  naissantes  puissent  s'y  attacher  et 
grandir.  Ce  qui  est  mortel  pour  les  huîtres,  c'est  le  mouve*- 
ment  des  vagues,  qui  balaient,  enlèvent  et  détruisent,  à  cha- 
que instant,  des  millions  d'enfants. 

On  peut  semer  un  champ  d'huîtres  sous  l'eau  comme  on 
sème  le  blé  sur  lin  sol  terrestre,  pourvu  qu'on  ait  soin  de  les 
garantir  contre  les  vagues. 

Avec  une  si  prodigieuse  abondance  de  production ,  Thuitre 


MULTIPLICATION     DES     ANIMAUX.  251 

a  donné  à  la  terre  plue  de  matière  pesante^que  toute  autre  race 
de  crustaoés  ; .  car  si  nous  prenons  pour  moyenne  le  chiffre 
d'hnitres  consommées  à  Paris  (qui  n'en  consomme  pourtant 
que  le  quart  de  ce  qui  s'en  consomme  à  Londres),  nous  arri- 
verons à  calculer  que  le  poids  des  écailles  dlmttres  jetées 
dms  les  cinq  parties  du  monde  sera  de  95,000  milliards  de 
kilogrammes  par  an. 

LES    OISEAUX. 

4I8>  —  Et  les  oiseaux?  Que  peuvent-ils  avoir  fourni  à  la 
terre  pour  leur  part  de  tribut ,  eux  qui  ont  été  créés  précisé- 
ment pour  enlever  les  matières  de  dessus  le  sol  en  dévorant  les 
fnsectes,  les  rats  et  les  cadavres  qui  surabondent  à  la  surface? 

La  statistique  des  oiseaux  sera  basée  sur  la  classe  des  moi- 
neaux, qui  est  pour  les  volatiles  ce  que  les  rats  sont  pour  les 
mammifères. 

Tout  ce  que  la  terre  donne  doit  lui  être  rendu  ;  quant  à  ce 
que  les  oiseaux  lui  ont  restitué,  nous  en  avons  un  exemple 
dans  ces  montagnes  de  guano,  dans  ces  iles  déjà  citées,  corn*» 
posées  entièrement  de  débris  des  corps  et  des  excréments  des 
oiseaux. 

L'oiseau  est  un  être  aussi  modeste  que  joli  ;  il  s'est  plu  à 
porter  loin  des  habitations  de  l'homme  ces  ordures  qui  se 
sont  amassées  en  énormes  quantités  comme  un  témoignage 
de  la  mission  qu'il  avait  à  remplir  sur  la  terre.  Nos  vaisseaux 
font  le  tour  du  monde  et  vont  par  milliers  chercher  aujour- 
d'hui le  guano  que  les  oiseaux  ont  ainsi  accumulé  dans  les 
siècles  de  la  cinquième  journée.  Ces  matières,  transportées 
dans  les  diverses  parties  du  monde,  sont  d'un  grand  prix 
pour  Tagriculture  ;  elles  enrichissent  nos  champs  en  les  ferti- 
lisant, après  être  restées  si  longtemps  déposées  inutilement 
sur  les  côtes  du  globe. 

419,  —  La  difficulté  de  dresser  une  statistique  parfaite  des 


m 


Cim^ttUE     ÉPOQUE. 


pDoduHs^e  ohaquâ  espèce  d'asimai  esteooomttugoiientéeftar 
l'igadtaiice  uù  noms  sommea  de  tout»  les  r»ets:qui'oaiTéeL« 
leineotexialé^fit  même  de  Ibates^l^  qiHexiatanCdeDasjîmra^ 
Cependant  ia  science  parviendra  avant  ^u^  s&ns'dailte;;à 
leé  découTirir*  «t  si  elle  a  l'appui:  de^ivejfiageiirsf  infedgabies^ 
comme  J,  Peron^  ^qui  ai^ppbrté  idejl'Aùstmrn^.au  landéû 
des  Plantes  de  Paris,  en  1804,  plus  deeent  malle édmotil" 
Ions  d'animaux  d'espèces  grandes  et  petites,  résultat  de  qua- 
tre années  d'un  travail  aidant  pour  les  découvertes,  il  ne  sera 
pas  douteux  que  l'aperçu  que  nous  allons  offrir,  pojir  préparer 
la  vote,  pourra  être  perfectionné  plus  tard,  et  ramené  à  ides 
chiffres  plus  prëcîs.  .  '  - 

420. —  Aperçu  approximatif  des  matières  solides,  des  corps 
ou  cadavres  fournis  à  la  terre  pendant  la  cinquième' époqye. 


REGNE  ANIMAL. 


Cinquante  mille  espèces  d'insectes  ^ur  la  proportion  de 

-  rabeillé,  à  48  milliards  de  raèti^  cubes  ou  tonneaux 
iho'^n}.  ........':       ./........, 

^ingt  «liUe.  espèce»  de  manuoirèies ,  en  misôn  du  rat  ' 
(n*"  405),  à  1  million  50  mille  milliards  de  mètres  cubes 
ou  iQjçtoeaii}^  pour  cbaqive  espèce  ^  ;   .  .  v  •  ».   ,,.  •■ 

Lézards,  serpents,  amphibies,  eta,  etc ,  . 

Lamantins  et  cétacés  ,  etc. 

PdîsBons  de  toutes  espèces  .   .   .   .   .  ...   .   ...-/. 

fCkfq^uàiïtt^eA'^mu^bdcêà,  ht^ti^eft,  etc,  quoique  MèD'pluàël^ 

j    Tes  que  Ip^  miéiunifèréB.,  nou9  n^ufc  boinoti»  à,  la  ^p^urité. 

iL.es  aiseaux. 


^    A 


«     .  I    • 


f 


i^if^œ  v<égétfkl  tofit  ense,m|ite< 


Total 


MILUARDS. 


0 


•2,ft0fli,0dO 


5,600,000 
2,2iOÔ,OOD 
4,«06,(^ 

.ai  ,900*000 

2,400,000., 


56.û00,d0tf 
56,AfO,000 


dl2,800,Ô0ê 


^  "■  ?"» 


Cent  douze  millions  huit  cent  mille  milliards. de  oi^ti^a  ci^be» 
ou  tonneaux  de  1,000  kil.  chacun. 


I'  »    Il  ■  ■  I 


MULTIPLICATION     DUS    ANIMAUX. 


&5B 


Ce  tableau,  nous  le  répétons,  n'est  absolument  vrai  que  re- 
lativement au  fait  des  matières  fournies,  et  noaquant  à  l'exac- 
titude du  chiffre,  qui,  en  ré^Mié^  doit  être  plus  considéraile ; 
mais  il  prouve  jusqu'à  révidéncô  que  la  (erre  a  reçu  une  masse 
de  matières  qu'elle  n'aurait  pu  recevoir  si  ces  êtres  n'étaient 
pas  venu^ sorte  globe.   *  ; 

42 !•  —  On  doit  iricluîre  de  ces  faits  :  que  ces  matières,  ces 
corps,  étaient  indispensables  à  la  terre  en  qualité  et  en  quan- 
tité, pour  la  fortifier  et  la  mettre  en  état  de  recevoir  Phomme; 
que  Thomme  ne  pouvait  pas  paraître  dans  ce  monde  avant 
que  le  soi  et  te  climat  de  la  terœ  fussent  appropriés  à  sa  con- 
stitution physique,  comme  Toiseau  n*a  pu  venir  avant  que  Vair 
eût  étééclairci»  comm^  le  quadrupède  n'a  pu  venir  avant 
que  les  plantes  fussent  formées  à  son  goût,  comme  le  poisson 
ne  pouvait  pas  venir  avant  qu'il  y  eût  de  Teau  pour  lé  rèce- 
vQir- 

Ainsi,  à  chaque  jour,  ou  à  chaque  époque,  la  création  a 

fait  un  pas  de  plusj  le  progrès  de  Ta  terre  est  dû  au  concours 

•  -  -  '  ■  ■ 

des  mêmes  êtres  qu'elle  a  créés  et  qui,  À  toutes  le»  époques, 
lui  ont  laissé  leurs  corps. 

La  terre  n'aurait  pu  être  la  terre  sans  son  amalgame  avec 
les  corps  des  végétaux  et  des  animaux  auxquels  elle  donnait 
la  vie. 

Les  animaux  et  les  végétaux  de  nos  jours  n^existeraient 
pas  dans  l'état  robuste  où  ils  se  trouvent,  si  des  animaux  et 
.des  végétaux  moins  forts  n^avaient  contribué  de  leurs  corps 
à  endurcir  et  à  fortifier  la  terre.   . 


>  ■       :      I    t 


»      r  '     > 


254  CINQUIÈME      ÉVOQUE* 


CHAPITRE  XXV 

OrigÊMÊm    première    de    la   MMière 
et  des  Planètes. 


SoMMAiEB.  —  Pourquoi  noua  avions  ajourné  Texamen  de  l'origine  de  la 
matière,  422.  —  Opinion  à  justifier,  423.  —  Aperçu  de  la  double  solu- 
tion, A2&.  -^  Rappel  du  trayail  du  feu  central  ;  état  de  la  question ,  425. 

—  L'herbe  et  le  bœuf,  bases  de  la  solution  cherchée,  42fi.  —  Origine  de 
l'herbe,  427.  —  Accroissement  et  poids  d'un  bœuf,  428.  —  Poids  de 
ses  diverses  parties,  420.  —  Observations  concernant  la  peau,  430.  — 
Ce  que  le  bœuf  a  reçu  et  rendu,  431.  —  DîvisioD  et  emploi  des  matières 
après  sa  mort,  432.  — .  Éléments  variés  des  différentes  parties  du  bœuf, 
433.  —  Rapport  de  l'estomac  avecie  centre  du  globe,  434.  — ^  Pourquoi 
la  même  nourriture  ne  produit  pas  de  cornes  dans  la  race  chevaline ,  435. 

—  Différence  des  transformations  dans  les  diverses  races;  conséquences, 
436.  -^  Exemple  de  la  prodigieuse  quantité  de  matières  fournies  par  les 
règnes  végétal  et  animal  >  437.  —  Causes  de  la  surabondance  des  fluides 
superflus,  438.  —  Ce  que  deviennent  ces  fluides  ;  erreur  commune,  439, 

—  Expérience  prise  pour  terme  de  comparaison,  440.  ^  AiqiUeatien  à 
l'ensemble  des  émanations,  441 .  —  Empjioi  du  superflu  ;  formation  de 
nouvelles  planètes ,  442. 


COMMENT  SB   PORMB   BT   SB   DÉYELOPPE   LA   VATIÈRB. 

422.-^  Le  tableau  des  matières  animales  et  végétales  four- 
nies à  la  terre  dans  cette  cinquième  époque,  tableau  que  nous 
avons  présenté  dans  le  chapitre  précédent,  et  dont  la  totalité 
des  chiffres,  quelque  hypothétique  qu'elle  soit,  n'est  pas  moins 
une  vérité  relative,  nous  porte  à  rechercher  la  manrère  dont 
ces  matières  se  sont  formées  ;  mais ,  pour  être  plus  explicita» 
ici  vient  le  cas  de  demander  comment  se  forme  la  matière  en 
général,  et  comment  elle  se  développe. 

Nous  avons  déjà  parlé  (n""*  19  et  20)  de  l'existence  et 
de  l'emploi  de  ces  matières,  mais  nous  n'en  avons  pas  ex- 


OKKilNE    DE    LÀ   MATIÈRE.  255 

pliqné  Foi  igine  ;  nous  devions  attendre  que  nous  fussions 
arrivés  au  règne  animal  pour  examiner  ce  fait  ;  car  ces  ma- 
tières ont  une  source  identique  dans  Tintërieur  de  Tanimal  et 
dans  le  sein  de  la  terre;  mais  c'est  surtout  Festomac  de  l'ani- 
mal qui  va  nous  montrer  le  laboratoire  dans  lequel  s'opèrent 
cette  merveillense  transformation  et  ce  prodigieux  accroisse- 
ment de  poids. 

Ce  sera  encore  Testomac  de  Tanimal  qui  nous  présentera 
l'analogie  du  travail  qu'opèrent  la  terre  dans  son  centre,  et 
Fatmosphère  dans  ses  régions  ;  dans  Tune  comme  dans  l'au- 
tre, le  travail  de  transformation  des  objets  s'effectue  avec  la 
même  activité  et  suivant  la  même  loi. 

423.  —  Nous  devons  aussi  justifier  Topinion  que  nous 
avons  émise  en  passant  (n""  22),  que  tous  les  quatre  ou  cinq 
siècles  il  doit  se  former  une  nouvelle  planète  dans  l'espace, 
par  Peffet  de  la  surabondance  des  molécules  vagabondes; 
opinion  que  nous  avons  sanctionnée  dans  le  chapitre  XIX,  en 
disant  que  la  formation  des  planètes  est  une  fatale  nécessité. 

L'explication  ne  pouvait  venir  également  que  dans  Tétude 
du  règne  animal,  car  c'est  encore  le  laboratoire  de  l'estomac 
qui  va  nous  mettre  sur  la  voie  pour  comprendre  l'^ubérante 
quantité  de  productions  de  la  nature,  dans  le  travail  de  la 
transformation  des  matières. 

VIL  —  Pour  résoudre  ces  deux  graves  questions,  rappelons- 
nous  les  phases  de  la  concentration  du  globe,  époque  par 
époque,  et  la  quantité  de  matière  animale  et  végétale  qui  y 
est  entrée.  Cette  matière  nécessaire  à  la  consolidation  qui 
s'est  opérée  dans  le  globe  terrestre,  et  qui  s'est  augmentée 
chaque  siècle,  demande  que  nous  examinions  dans  ce  chapitre 
de  quoi  elle  s'est  formée^  et  comment  s'est  produit  son  ac- 
croissement; cette  étude  fera  voir  que  toute  sa  quantité,  quel- 
que prodigieuse  qu'elle  puisse  avoir  été,  était  nécessaire,  et  a 
été  employée  au  travail  de  la  concentration  ;  mais  aussitôt 


256  .  cinquièmje:    êboqus. 

^iiela  4ur^é  de  la  t^r^  eiil  iodîqtié  qne  notre  globe  en  avait 
E0çilisuffi^;a4yn{nent^  r^xiibérai^Q  <ile  la  production  dut  s  OQvrif 
un  autFo  ïlébouehé  ;  alors  le  laboratoire  de  ratmosphèré, 
pçp^ant'soa  c^ncpiiits^  sut^Btitiiaien.  partît  aonaclu»!  i  celle 
dii  centre  il) teneur,  et  par  les  sOiisks.dti;  cette  atmosphère,  le 
surplus  dç  production  futtransporlé^  ;  lancé  dans  des  espaces 
de  la  terre  en  dehors  de  la  limite  de  notre  globe; 

425. -^  Le  travafil  du  centre  est  analogue  et  semblable  au 
ii»aVail  qui  s'opère  dans  l'estomac  d'un  animal. 

Nous  avons  suivi  jour  par  jour  les  phases  de  la  concentra- 
tion du  globe;  nous  avons  pu  entrevoir  le  grand  travail 
chimique  qui  eflFectuait,- à  l'aide  du  l'eti,  la  transformation  des 
matiëpes  daas  les  entrailles  de  la  terre  ;  nous  avons  remarqué 
qu^  la  substance  qui  servait  de  nourriture  à  ce  feu  intérieur 
était  les  matières  végétales  et  animales  qu'il  •  se  procurait  'm 
ppvrautpar  lies  cratères  ;la.  surface  4»  soU  contraint  dèa-lofs 
dQ  faire  tom}>er  dans  aeSi gouffres  toutes  les  matières  fr^bes 
qu'il  possédait*    , 

NiQQs  savons  dod^e  que  l^ahment  de  ee  feu;  centrât  était  les 
<$o)rj)^  d^$  végétaux  et  des  ai^maux;  hous  savons,  par  çofisé- 
quent,  par  rapport  à  la  terre,  quelle. masse  et  quelle  qitalité 
de  nouff H^i?6  41e  s'est  procurées  pour  ses  besoins  de  forma-- 
tion  ;  mais  nous  ne  savons  pas  joie  q.Doi,  conaffi^nt,  M  daf^ 
quelles  proportions  se  sont  formés  ces  corps  végétaux  et  ani- 
maux qui  ont  si  bien  servi  à  la  terre  après  avoir  été  èux- 
inênies  composés. 

:  <26»  —  Pour  savoir  donc  de  quoi»  comment  et  dans 
quelles  proportions  les  corps  des^  végétaux  et  des  animaux 
se  sont  formés;  pour  suivre  les  opérations  daos  l'estomac 
d'un  animal»  comme  no\is  avons  suivi  les  opérations  dans 
l'intérieur  de  la  terre;  enfin,  pour  recoiànaitre  qu'il  se  ftit 
dans  les  entrailles  de  l'animal ,  relativement ,  le  même  travail 
qui  s'opère  dans  celles  du  globe,  mais  bien  entendu  pour  un 


ORIGINE   BE    LA    MATIÈRE.  257 

résultai  différent,  attendu  la  différence  des  matières  et  des 
corps ^  noiîs  atlons,  comme  avee  un  microscope,  vérifier  les 
opérations  de  la  nature. 

D'abord  nous  allons  surprendre  à  sa  création  un  végétal 
qui  est  la  base  de  Taliment  des  animaux ,  et  parmi  les  végé- 
taux nous  choisirons  l'herbe  comme  l'objet  le  plus  simple  et 
le  plus  impérieusement  nécessaire  a  l'animal;  ensuite  nous 
prendrons  dans  le  règne  animal  un  être  qui  se  serve  exclu- 
sivement de  ce  végétal  pour  sa  nourriture,  afin  de  suivre, 
sans  mélange,  Tun  et  Tautre  dans  leurs  phases  de  production, 
de  travail,  de  division,  et  dans  toute  espèce  de  transforma- 
tions que  Tune  peut  faire  dans  l'estomac  de  l'autre;  et  pour  at- 
teindre ce  but,  nous  choisirons  le  bœuf  comme  Taniitoal  le 
plus  domestique  et  par  conséquent  le  plus  laeile  à  étudier. 

427.  —  L'herbe  croît  spontanément  sur  la  terre;  toutefois 
cela  prouve  que  des  atomes ,  ayant  le  principe  de  Ja  semence 
herbifère,  se  sont  trouvés  naturellement  ou  sont  tombés 
dans  le  sol.  N'est-il  pas  évident,  d'ailleurs,  que  chaque  goutte 
d'eau  contient  un  atome  du  principe  de  l'herbe?  Or,  cette 
herbe  pousse  et  croit  par  l'effet  de  la  chaleur  intérieure  et  ex- 
térieure du  globe,  et  par  le  concours  de  l'eau  qui  Tarrose, 
mais  à  la  condition  que  Tair  aussi  entre  comme  substance 
dans  la  formation  et  l'accroissement  de  la  même  herbe. 

428.  -^  Un  bœof  n'a  besoin  pour  vivre  que  d'un  peu  de 
celle  herbe  et  de  l'eau. 

Mettez  un  bœuf  dans  um  é^Me,  doÉinez-liri  assez  d'herbe 
fraîche  ou  sèche,  et  assez  d'eau,  et,  si  on  ne  lé  fait  pastrav^il- 
let,  VMS  trou verez,  Mx  bout  de  deux  aifs,  ce  beeuf  devenu 
gr»nd  elengrmssé;  pesez-le  vivant,  il  aura,  ï>ar  exemple^ 
1000  kilogrammes;  que  ce  poids  soit  moins  ou  plus  fort, 
c'est  indifférent  ;  la  proportion  du  résultat  sera  toutefois  telle 
que  nous  allons  l'indiquer.  Abattez  cet  animal,  et  vous  trou^ 
verez^  une  Iteure  après  sa  mort,  qu'il  ne  pèsera  plus  que 

«7 


258  CINQUIÈME      ÉPOQUE. 

600  kilogrammes  ;  donc  l'air  qu'il  a  évaporé  et  le  saïig  qui 
est  sorti,  formaient  les  deux  einquièmes,  ou  les:  40  pour  cent 
de  son  poids. 

429.  —  Le  corps  qni  reste,  pesant  600  kilogrammes  avec 
toutes  ses  parties ,  subit  encore  quelque  déchet  de  poîJs  dont 
voici  la  proportion  :  les  cornes  et  les  ongles,  comme  les  os, 
perdront  peu  ;  la  viande  ne  diminuera  en  24  heures  que  de 
3  à  4  pour  cent;  mais  le  suif,  mis  au  séchoir,  éprouvera  un 
déchet  de  30  à  40  pour  cent,  suivant  qu'il  possède  plus  ou 
moins  de  membranes  nerveuses  ou  dégraisse  d'oléine;  ce  qui 
diminuera  le  plus  dans  le  poids,  ce  sera  la  peau;  pesez  cette 
peau  fraîche,  si  elle  a  ÎOO  kilogrammes ,  par  exemple ,  faites- 
la  sécher,  et  vous  ne  trouverez  pins  en  poids  sec  que  40  kilo- 
grammes; donc  elle  aura  perdu  60  pour  cenl. 

430.  —  Cela  prouve  que  la  peau,  quoique  la  partie  la  plus 
dure  et  la  pJus  solide  à  Textérieur  de  Tanimal,  cette  peau  qui 
nous  fournit  un  cuir  si  épais,  après  avoir  été  tannée,  et  qui 
couvre  l'animal  d'une  protection  si  nécessaire,  est  cependant 
la  partie  la  plus  poreuse  qu'ail  possède;  que  ses  pores  sont  rem- 
pfis  d'air,  et  que  cet  air  retourne  dans  l'atmosphère  aussitôt 
que  sa  mission  est  terminée  par  la  mort  de  Tanimal. 

On  voit  donc  que  la  nature,  tout  en  donnant  la  peau  pour 
protéger  Tanimal  contre  les  effets  du  climat  et  contre  les  at- 
taques des  autres  êtres,  a  voulu  réserver  à  travers  Tanimal,  à 
travers  ses  pores,  une  communication  qui  devait  servir  pour 
le  libre  passage  des  fluides  et  mettre  en  rapport  l'air  extérieur 
avec  les  entrailles  intérieures  de  l'animal,  absolument  comme 
les  pores  de  la  croûte  du  sol  terrestre  établissent  la  commu- 
nication du  centre  du  globe  avec  l'atmosphère  et  les  régions 
célestes. 

431.  —  Voyons  maintenant  ce  qui  s'est  passé  de  son  vivant 
chez  ce  bœuf,  par  l'intermédiaire  de  son  estomac.  Il  a  mangé 
l'herbe,  il  a  bu  l'eau  et  il  a  aspiré  l'air;  il  a  rendu,  par  ses  ex- 


ORIGINE  DE   LA   MATIÈRE.  259 

créments,  par  ses  urines,  et  par  son  haleine  et  sa  transpira- 
tion, un  poids  égal  à  ce  qu'il  a  reçu,  et  il  a  converti  Therbe, 
l'eau  et  l'air,  qui  ont  passé  dans  son  estomac,  en  ces  quatre 
transformations  que  nous  venons  d'énoncer;  de  plus,  il  a  com- 
posé son  corps  d'une  masse  compacte  qui  se  subdivise  en  une 
multitude  d'objets  solides,  ^ue  nous  allons  examiner  en  les 
pesant  après  sa  mort. 

432.  —  Ce  bœuf  nous  laisse,  après  sa  mort,  les  600  kilo- 
grammes indiqués,  qui  se  partagent,  par  exemple,  en  : 

300  kilogrammes  de  viande, 
140  »  d'os,  cornes,  ongles,  nerfs,  etc., 

60  »  suif. 

100  »  la  peau. 


600 

De  ce  résultat,  400  hommes  auront  été  nourris  pendant  un 
jour  avec  la  viande  ;  on  aura  tiré  des  os,  soit  du  phosphore  pour 
une  masse  d'allumettes  chimiques,  soit  du  noir  animal  pour 
les  raffineries  de  sucre,  ou  du  noir  pour  engraisser  la  terre; 
le  suif  aura  donné  des  chandelles  et  de  l'oléine  ;  enfin  la  peau, 
dans  les  mains  d'un  tanneur,  aura  de  nouveau  acquis  le  poids 
de  100  kilogrammes,  car  cet  industriel  aura  rempli  les  pores 
avec  la  poudre  d'une  écorce  d'arbre,  afin  d'obtenir  le  cuir  qui 
fournira  des  semelles  pour  30  paires  de  bottes.  Et  tout  cela 
est  venu  d'où?  de  quelle  origine?  Del'^ir  et  de  l'eau,  qui  ont 
fait  croître  un  peu  d'herbe. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  :  ce  bœuf  a  rendu  bien  davantage 
pendant  sa  vie ,  si  l'on  veut  tenir  compte  de  l'énorme  quan- 
tité de  matières  qu'il  a  produites  en  digestions  et  en  urine,  et 
qui  ont  contribué  à  fournir  un  poids  d'autant  et  à  engraisser 
la  terre. 

433.  —  Si  on  analyse  chaque  matière,  la  viande,  le  suif. 


260  .  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

les  os,  le&  nerfs,  la  Hioelle,  la  peau,  lo  sang,  les  excréments, 
Tiirine,  etc.,  etc.,  on  trouvera  aussi  mille  variétés  dilTérentes 
les  unes  des  autres,  chacune  pouvant  servir  pour  une  spé- 
cialité dans  les  arts,  dans  tes  manufoctiires,  dans  la  nourriture 
d'autres  êtres;  et  finalement  le  tout  retourne  ou  se  présente 
pour  la  première  fois  à  la  terre,  pour  entrer  sous  mille  autres 
formes  diverses  dans  une  foule  de  produtitions  nouvelles , 
quoique  le  point  de  départ  n'ait  été  qu'un  atome  de  semence, 
développé  par  Tair  et  par  Teau  ! 

On  peut  donc  se  faire  une  idée  de  l'activité  du  laboratoire 
de  Testomac  d'un  animal,  puisqu'il  s'opère  en  lui  cestrans- 
formationSy  qu'il  s'y  crée  des  substances  tout  à  fait  différentes 
de  celles  qui  y  étaient  entrées. 

<3<.  —  Ici  se  présente  une  autre  considération  :  si  des 
brins  d'herbe  ont  le  pouvoir  de  nourrir  le  bœuf,  et  si  cette 
herbe,  en  fonctionnant  dans  son  estomac,  fermente  et  fait 
croître  l'animal  avec  plus  d'énergie  que  la  semence  n'a  fer- 
menté dans  la  terre  pour  faire  croître  l'herbe  elle-même,  il 
s'ensuit  que  l'herbe  est  devenue  aussi,  dans  l'estomac  de  l'ani- 
mal, une  source,  une  semence  de  développement;  que  cette 
semence,  ou  cette  herbe,  contenait  une  infinité  d'atomes  pro- 
pres à  se  diviser,  les  uns  pour  la  production  de  la  viande,  les 
autres  pour  les  nerfs  et  les  os,  et  d'autres  encore  pour  le  suif 
et  la  peau,  etc.  ;  ce  qui  nous  prouve  précisément  que  l'estomac 
de  l'animal  correspond,  par  analogie,  au  laboratoire  intérieur 
de  la  terre;  qu'il  remplit  les  mêmes  fonctions  que  l'estomac 
de  la  terre,  ou  le  centre  du  globe ,  où  le  feu  divise  et  prépare 
les  éléments  des  métaux  et  des  pierres,,  par  la  consommation 
qu'il  fait  des  matières,  fraiiche^  végétales  et  animiales  qui  sont 
entrées  dans  son  fayer  au,  2v  3%  4*  et  5*  jour. 

Ainsi  le  feu  de  l'intérieur  de  1%  terre  a.  fonctionné^  puis  il 
a  divisé  les  molécules  eu  les  subdivisant  dans  les  mille  varié- 
tés de  produits  généraux,  comme  l'estomac  de  l'animal 
fonctionne,  puis  divise  et  partage  les  molécuïes,  en  tes  dis- 


ORl&lNE   DE   LÀ   MATIÈRE. 


261 


tribuant  dans  les  mille  variétés  de  produits  particuliers  aux 
matières  animales. 

435.  —  Mais  puisque  le  brin  d'herbe  opère  de  cette  manière 
dans  Testomac  de  chaque  animal  qui  le  reçoit  pour  sa  nourri- 
ture, pourquoi  le  résultat  a-t-il  une  différence  dans  l'une  ou 
l'autre  race  animale? 

Par  exemple,  le  cheval,  qui  mange  également  de  l'herbe  et 
avale  de  l'eau  comme  le  bœuf ,  trouve  bien,  comme  celui-ci, 
son  développement  dans  la  division  des  atomes  de  cette  herbe, 
qui  produisent  ainsi  dé  la  viande,  des  os,  de  la  peau,  etc. 
Mais  puisque  c^est  la  même  herbe  qui  s'élabore  par  les  mêmes 
fonctions  dans  Testottiac  du  cheval,  poui^quoi  celui-ci  n'a-t-il 
pas  des  cornes  comme  le  bœuf? 

Ici  il  faut  reconnaître  que  c'est,  non  pas  la  nourriture, 
mais  rélément  de  semence  dont  le  cheval  a  été  engendré, 
qui  tt'avait  pas  le  principe  de  formation  des  cornes,  cette 
même  semence  ayant  une  différence  essentielle  qui  fait  pré- 
cisément la  distinction  de  la  race. 

Or,  quoique  l'herbe  renferme  l'atome  homogène  à  la  crois- 
sance des  cornes  dans  le  développetoent  du  bœuf,  ce  métoer 
atdme  ne  rencontrant  pas  dans  le  cheval  un  principe  identi- 
que à  l'élément  cornifère,  entre  datis  le  développement  des 
membres  qui  ont  le  plus  d'analogie  avec  sa  nature,  ou  s'il 
n'en  trouve  pas  dans  cette  analogie,  c'est  un  atome  qui  res- 
tera passif,  et  qui  sortira  danâ  les  excréments,  après  avoir 
contribué,  d'une  façon  quelconque  dans  Testomac  du  cheval, 
au  travail  de  la  digestion. 

436.  —  Chaque  race  d'animaux  doit  donc  transformer  son 
aliment  d'une  manière  différente,  bien  que  F  herbe  soit  la 
même  et  que  l'estomac  fonctionne  d'après  une  même  loi. 

11  s'ensuit  que  les  émanations  de  toutes  sortes  sont  égale- 
ment différentes  dans  chaque  race  et  dans  chaque  animal. 
Il  faut  donc  prendre  note  que  toutes  ces  émanations,  soit 


262  €IISQtlÈM£     ÉPOQUE. 

visibles,  soit  invisibles,  c'ést-à-dire  sous  forme  de  matières 
solides  et  liquides ,  ou  sous  forme  de  vapeurs  provenant  de 
l'haleine  ou  de  la  transpiration,  ont  toutes  des  principes,  des 
molécules  et  des  atomes  différents,  et  que  ces  molécules 
passant  dans  l'atmosphère  à  Tétat  de  gaz  ou  de  vapeurs, 
doivent  naturellement  former  une  variété  d'éléments  aussi 
considérable  que  la  quantité  en  est  prodigieuse. 

437.  —  Si  nous  ne  pouvons  pas  suivre,  même  parXinoragi- 
nation,  la  variété  des  qualités  de  ces  prodigieuses  émanations, 
pourrions-nous  au  moins  suivre  ou  saisir  leur  quantité  ? 

Si  nous  prenons  pour  base  le  résultat  que  donne  le  bœuf  pour 
toute  l'espèce  mammifère,  il  ressort  des  milliards  de  bœufs  (1) 
qui  sont  venus  sur  la  terre,  et  qui  ont  péri  depuis  le  premier 
individu  de  cette  race  animale,  jusqu'à  nos  jours;  il  ressort,  di- 
sons-nous, que  Tespèce  mammifère,  qui  a  compris  desmilliards 
de  milliards  d'individus,  a  fourni,  à  elle  seule,  à  notre  pla- 
nète, soit  dans  son  atmosphère,  soit  dans  l'intérieur  de  la 
terre,  soit  par  rémission  des  émanations  des  corps  vivants, 
une  quantité  de  matières  sufûsante  pour  égaler  en  poids  et 
'  mesure  une  vingtaine  de  fois  la  dimension  et  le  poids  de  notre 
globe,  et  que  ces  produits  élaborés  dans  les  intestins  de  l'ani- 
mal, en  développant  des  matières  infinies  d'objets  divers, 
donnent  des  molécules  relativement  diCTérentes  les  unes  des 
autres,  savoir  :  des  atomes  renfermant  en  eux-méiues  des* 
éléments  de  Tuniversalité  de  ces  produits,  et  d'autres  atomes 
composés  spécialement  du  principe  de  l'un  ou  de  l'autre  de 
ces  mêmes  produits. 

Ce  calcul,  qui  doit  se  baser  sQr  cinq  cents  à  mille  siècles, 

(1)  La  consommation  annuelle  des  bœufs,  dans  les  cinq  parties 
du  monde  ,  est  de  250  miitions.  En  50  siècles,  le  nombre  des  bœufs 
morts  serait  de  i  ,250,000,000,000,000,  soit  1  million  250  mille  mil- 
liards dMndividus  qui  ont  laisst^,  en  masse,  de  leurs  corps,  un  poids  de 
750,000,000,000,000,000  kilogrammes,  ou  750  millions  de  miUiards- 


OHKiliNE   DE    LA   MATIERE.  263 

Dous  ferait  connaître  le  résultat  qu'a  pu  donner  une  seule  es- 
pèce animale,  quelle  prodigieuse  quantité  de  produits  analo- 
gues ne  trouverions-nous  pas,  en  supputant  le  règne  animal 
4out  entier! 

438-  —  C'est  dans  le  règne  de  l'homme,  à  la  sixième  jour- 
née, que  nous  donnerons  le  calcul  d'une  classe  spéciale,  celle 
de  r  homme  lui-même,  car  il  nous  offrira  des  données  de  quel- 
que exactitude,  et  nous  permettra  de  faire  une  statistique  des 
émanations  générales.  Nous  traçons  en  ce  moment  cet  aperçu 
seulement  pour  faire  comprendre  combien  étaient  abondantes 
les  matières  animales  comme  les  végétales,  qui  servirent,  aux 
premières  époques,  pour  les  besoins  de  la  condensation  de 
notre  propre  planète,  et  combien  de  matières  fraîches  furent 
fournies,  dans  le  deuxième,  troisième,  quatrième  et  cinquième 
jour,  au  laboratoire  du  feu  intérieur,  qui  avait  pour  mission 
de  durcir  et  diviser  les  matériaux  dans  les  entrailles  de  la 
terre. 

Nous  exposons  cet  aperçu  général,  en  même  temps,  pour 
faire  comprendre  que  les  besoins  intérieurs  du  globe,  pour 
se  durcir,  ayant  été  toujours  en  diminuant,  la  quatrième 
journée,  par  exemple,  n'a  consommé  que  la  moitié,  et  la 
cinquième,  le  quart  de  ses  productions  extérieures  ;  et  par 
conséquent,  il  devait  rester  une  énorme  surabondance  de 
fluides,  produits  par  les  règnes  végétal  et  animal,  qui  ont  eu 
et  ont  encore  forcément  un  autre  débouché,  puisque  ces 
fluides  ne  sont  presque  plus  nécessaires  aux  besoins  du  centre 
du  globe.  C'est  ce  superflu  que  nous  avons  annoncé  déjà 
être  le  tribut  de  la  terre  ;  il  nous  reste  à  observer  de  quelle 
manière  il  est  échangé  et  dépensé. 

(39.  —  L'opinion  généralement  adoptée  jusqu'à  présent 
est  que  tous  les  fluides  de  la  terre,  après  avoir  passé  dans 
l'atmosphère,  retombent  sur  la  terre,  comme  si  à  l'atmo^ 
phère  seule  il  appartenait  de  transformer  et  de  purifier  l'air. 


264  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

Nous  avons  cherché»  mais  inulitâoient,  quelques  traités  à 
ce  sujelî  nous  n  avons  trouvé  aucnq  auteur  qui  eût  évalué  la 
qualité  et  la  quantité  présumabie  d'énianalioQs  que  la  lerre 
transmet  journellement  à  ralmosphère. 

En  l'absence  de  toule  donnée  de  la  part  des  auteurs  sur 
celle  importante  question,  nous  sommes  persuadé  que  l'opinion 
dont  il  s'agit  est  une  erreur  ;  car,  si  loules  les  émanations  de  la 
terre  n'avaient  pour  refuge  que  l'atmosphère,  Tatraosphère  elle- 
même  serait  en  danger;  bien  plus,  elle  ne  pourrait  pas  sub- 
sister, elle  changerait  de  couleur;  elle  serait  corrompue,  em- 
poisonnée; elle  n'aurait  pas  la  force  de  lutter,  à  elle  seule, 
contre  la  masse  des  émanations  ;  car  en  quarante  jours  seu- 
lement, la  terré  en  fournit  plus  en  poids  et  volume  que  le 
poids  et  te  volume  de  l'atmosphère  même. 

440.  —  Pour  avoir  un  terme  de  comparaison  relativement  à 
la  capacité  et  à  Tinfluence  que  peuvent  avoir  les  émanations 
du  règne  animal  et  végétal,  dans  le  travail  permanent  deTat- 
mosphère  considérée  dans  ses  limites  ordinaires,  nous  avons 
chcHsi  un  local  vaste  de  200  pieds  carrés,  possédant  son  atmos- 
phère oaturelte,  et  ayant  un  carreau  en  verre  pour  que  la 
lupiièrë  do  jour  pût  y  pénétrer.  Noos  avons  enfermé  dans  ce 
local  un  lapin,  dont  la  taille  était  d'environ  on  pied,  avec  de 
Teau  dans  un  bassin,  et  quelques  plantes;  nous  j  avons  ajouté 
des  végétaui  de  plusieurs  espèces,  et  suffisants  pour  la  nourri- 
ture de  eet  animal  pendant  qui  née  jours. 

Au  bout  de  dix  joui*s,  nous  avons  ouvert  la  porte  pour  visi- 
ter notre  petit  règne  animal  et  végétal ,  mais  nous  fûmes  re- 
poussé par  une  exhalaison  des  plus  méphitiques  :  l'atmosphère 
du  local  était  littéralement  empoisonnée;  l'animal,  on  le  voyait, 
commençait  à  souffrir  \  les  plantes  et  les  végétaux  qui  res- 
taient étaient  déjà  en  état  de  putréfaction* 

L'air  avait  donc  passé  bien  des  fois  dans  les  poumons  de 
ranimai  ;  Tair  avait  reçu  les  émanations  des  plantes  renfei- 


ORIGINE   DE    LA    MATIÈRE.  265 

niées  dans  cette  pièce,  la  corruption  des  végétaux  unie  aux 
exhalaisons  des  excréments  et  aux  vapeurs  de  l'animai»  avait 
changé  te  caractère  de  l'atmosphère,  qui  aurait  fini  par  asT 
phixier  ranimai,  et  être  pernicieuse  à  la  santé  de  Thomme 
qui  le  premier  serait  allé  ouvrir  la  porte  (1),  si  on  avait 
tardé  de  quelques  jours. 

Sans  doute  si  ou  eût  laissé  ia  moindre  ouverture  au  passage 
de  Tair,  naturellement  Tair,  en  se  renouvelant,  n'aurait 
présenté  que  peu  de  différence  avec  Tair  extérieur. 

441.  — Donc,  si  l'enveloppe  de  l'atmosphère,  cette  coliche 
supérieure  que  nous  avons  appelée  son  épiderme,  n'avait  pas 
dé  pores  pour  la  communication  avec  les  espaces  du  ciel  ;  si 
par  ces  pores  ne  s'infiltrait  pas  un  écoulement  perpétuel 
d'atomes  provenant  de  Téther  extérieur  en  échange  des 
atomes,  des  vapeurs  grossières  venant  de  la  terre;  si,  en  un 
mot,  les  émanations  du  règne  animal,  végétal  et  minéral,  de- 
vaient se  renfermer  absolument  et  être  retenues  dans  le  cer- 
cle de  l'atmosphère,  nous  le  répétons,  il  serait  impossible  de 
vivre  à  la  surface  du  globe,  les  effets  y  seraient  analogues  à 
ceux  de  l'expérience  précédente  ;  ils  seraient  même  bien  au- 
trement funestes,  car,  comme  nops  le  verrons  au  sixième 
jour,  les  exhalaisons  de  la  terre  fournissent,  au  minimum/ 
1 5,360,000  milliards  de  kilogrammes  d'air  corrompu  par  jour; 
ainsi,  en  quarante  jours,  il  y  aurait  un  dépôt  de  614,400,000 
milliards  de  kilogrammesdemiasmes  dans  l'atmosphère,  tandis 
qne  toute  l'atmosphère  elle-même  ne  pèse  que  523,260,000 
milliards  de  kilogrammes,  selon  les  chiffres  de  M.  Francœur, 
que  nous  avons  rapportés  n®  226. 

442.  —  I'  6i^t  donc  évident  qne  l'atmosphère  n'est  en  réalité 

(1)  Ce  que  nous  avons  expérimenté  en  cette  circonstance  se  vériQe 
malheureusement  trop  souvent  dans  les  habitations  de  certaines  fa- 
milles, et  surtout  dans  celles  des  concierges  des  grandes  villes,  et 
notamment  à  Paris. 


,266  ClNgUlÈME     ÉPOQUE. 

qu'une  place  de  transit,  pour  ainsi  dire;  elle  sert  de  labora- 
toire pour  les  petits  phénomènes  qui  concernent  la  terre,  en- 
suite pour  modifier  les  émanations  et  les  transmettre,  ainsi 
que  nous  Tavons  indiqué,  aux  régions . extérieures ,  en 
échange  d'autres  vapeurs  fraîches.  Il  y  a  donc,  pour  ce 
double  effet,  une  loi  d'attraction  constamment  en  activité 
qui  soulève  et  absorbe  les  vapeurs  de  la  terre  avec  une  pro- 
digieuse énergie;  sans  cette  promptitude,  l'air  même  que 
nous  respirons  ne  serait  pas  assez  pur. 

D'après  cette  loi,,  qui  est  incontestable,  vu  la  quantité  des 
gaz  méphitiques  que  la  terre  forme  et  dont  nous  venons  de 
préciser  le  chiffre,  attendu  que  notre  gaz  grossier  et  lourd 
est  en  plus  grande  quantité  que  celui  que  l'atmosphère  nous 
rend  en  air  frais,  pur  et  saliibre;  vu  enfin  l'augmentation  po- 
sitive de  la  matière  qui  se  crée  sur  la  terre,  indépendamment 
de  la  terre  elle-même ,  on  peut  admettre  qu'il  se  produit 
au  moins  10  à  20  pour  cent  de  nos  fluides,  de  nos  exhalai- 
sons terrestres,  en  sus  des  restitutions  que  nous  recevons.  Ce 
surplus  d'émanations  qui  passe  dans  les  régions  de  Téther, 
forme  la  portion  du  tribut  que  paie  notre  planète  à  l'univers; 
ce  tribut  d'atomes  se  convertit  en  molécules  vagabondes,  et  la 
.quantité  de  ces  molécules' qui  émane  proportionnellement  de 
toutes  les  planètes,  sont  forcément  appelées,  après  avoir  été 
attirées  par  le  soleil  (n^*  285  à  288),  à  s'agglomérer,  à  un  mo- 
ment donné,  et  leur  assemblage  compose  un  phénomène  spé- 
cial, un  nouvel  astre,  ou  une  nouvelle  planète,  dans  l'espace 
du  firmament. 

Yoilà  la  matière  qui  forme  les  corps  de  ces  nouvelles  pla- 
nètes, comètes,  etc.,  que  de  temps  en  temps,  à  l'aide  de  nos 
télescopes,  nous  découvrons  dans  les  champs  du  ciel,  et  que 
nous  enregistrons  comme  des  résultats  du  progrès  de  nos 
découvertes. 


l'animal-homme    sylvestre.  267 


CHAPITRE    XXVI. 


I4' Animal  -Homme   sylire«tre< 


SoMMAïuE.  ^  Formes  de  ranimai  approchant  le  plus  de  Thomme  à  la 
quatrième  journée,  443.  —  L'homme  sylvestre  de  la  cinquième  époque, 
444.  —  Il  sent  sa  supériorité  et  cherche  à  se  distinguer,  445.  —  Com- 
ment se  singularisent  le  lion,  l'orang-outang,  le  singe,  446. —  Note 
relative  à  l'orang-outang,  id.  —  Par  quel  acte  l'homme  sylvestre  ou 
préadamite  se  distingue  d'abord,  447.  —  Preuve  tirée  des  amas  de  nitre, 
448.  —  Preuve  tirée  des  facultés  actuelles  de  l'animal,  449.  —  Origine 
du  culte  des  excréments ,  et  note^  450.  —  Bornes  de  l'entendement  des 
quadrupèdes;  séjour  des  premières  races  humaines,  451.  —  Invention 
de  la  chasse  et  de  la  pêche,  453,  453.  —  Découverte  du  fer;  enfance  de 
l'industrie,  454.  —  Premiers  vêtements,  455.  —  Premières  habitations 
construites,  456.  —  Mariages  primitifs  ;  formation  de  la  faniille,  457. 
—  Formation  des  sociétés,  458.  —  Premières  guerres,  459.  —  Conclu- 
sion, 460.  I 


443.  —  Avant  de  quitter  cette  cinquième  époque  si  impor- 
tante pour  noire  globe,  examinons  si  elle  nous  offre  les  traces 
de  i'animal-homme,  qui  aurait  dès-lors  habité  la  terre,  et 
quelle  sprte  d'homme  ce  pouvait  être. 

Jusqu'à  la  quatrième  journée,  les  couchés  terrestres  étaient, 
comme  on  l'a  vu,  excessivement  pénétrées  de  miasmes  délé- 
tères; par  conséquent,  il  n'était  pas  possible  qu'il  y  eût  à  cette 
époque  des  êtres  ayant  les  organes  de  l'espèce  humaine;  aussi, 
quelque  gigantesques  que  fussent  les  formes  des  animaux, 
quelque  variées  que  fussent  les  espèces,  celle  qui  aurait  le 
plus  approché  des  formes  de  Thomme,  dans  cette  quatrième 
journée,  devait  avoir  une  peau,  ou  un  cuir  assez  fort  pour 
garantir  l'individu  contre  l'humidité  de  ces  miasmes  et  brouil- 
lards jadis  permanents,  qui  commençaient  à  peine  à  se  mo- 
difier par  le  changement  des  gaz  dans  lesquels  Toxy gène  devait 


268  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

figurer  pour  que  Tair  raspirable  fût  approprié  à  la  constitu- 
tion physiologique  de  la  nouvelle  espèce.  Cet  animât  devait 
aussi ,  par  la  même  raison ,  avoir  le  corps  tout  couvert  de 
poils  pour  être  protégé  contre  les  accidents  de  température  , 
contre  les  attaques  des  petits  animaux,  des  insectes,  etc.; 
c'est  ainsi  que  sont  constitués,'  mais  sous  des  formes  réduites, 
les  orang-outangs  et  les  singes.  Mais  à  la  cinquième  journée, 
la  températui-e  était  déjà  toute  différente  :  l'atmosphère  s'étant 
purifiée  après  Tapparition  des  volatiles,  et  à  mesure  de  la 
multiplication  des  oiseaux ^  l'animal^homme  a  présenté,  dans 
cette  époque,  des  formes  plus  perfectionnées,  ainsi  que  cela 
devait  être,  conformément  à  la  loi  du  progrès  de  la  nature; 
il  avait  une  plus  grande  taille  et  un  extérieur  plus  parfait  que 
le  singe,  Torang-outang,  ou  tout  autre  animai  approchant 
le  plus  de  Tespèce  humaine. 

444. —  Or,  cet  animal,  que  nous  nommons  homme  sylvestre, 
a  dû  forcément  paraître  avec  la  cinquième  époque,  attejidu 
les  qualités  du  climat,  qui,  étant  approprié  aux  conditions 
de  son  existence,  sollicitait  sa  venue,  de  même  qu'aux  pré- 
cédentes époques,  les  autres  êtres  avaient  été  successivement 
appelés  à  paraître  avec  leurs  variétés  ou  espèces  différentes. 

«  Chaque  phase  de  température  par  laquelle  a  passé  la 
«  terre,  »  dit  très-bien  M.  Alfred  Maury,  dans  son  remar- 
quable ouvrage,  la  Terre  et  V Homme,  «  a  été  marquée  par 
«  un  mode  d'existence  spéciale  et  en  vertu  d'une  action  divine 
c(  dont  le  mode  demeure  pour  nous  un  mystère  ;  les  végétaux 
«  et  les  êtres  vivants  ont  apparu  quand  la  température  a  at- 
a  teint  un  degré  compatible  avec  la  vie  !  » 

Cet  animal  a  donc,  comme  les  autres,  subi  des  modifica- 
tions et  des  perfectionnements  dans  sa  forme,  à  mesure  de 
Tavancement  des  siècles.  Ainsi,  si  la  cinquième  époque  a  été 
de  trois  ceints  siècles,  cet  être  peut  avoir  éprouvé  sans  incon- 
vénient, et  même  il  a  dû,  par  une  conséquence  des  change- 


L  ANIMAL-HOMME    SYLVESTRE.  269 

ments  survenus  sur  la  (erre,  subir  trou  cents  fois  et  par  gra- 
dation presque  insensible,  deî=i  perfectionnements  physiques 
de  génération  en  génération,  en  sorte  qu'à  la  tin  de  cette 
cinquième  journée,  la  race  s'est  trouvée  beaucoup  plus  belle 
de  formes  que  celle  qui  avait  paru  au  commencement  de  la 
même  époque.  . 

445.  —  £n  admettant  donc  que  l'espèce  perfectionnée  ait 
duré,  sous  sa  meilleure  forme,  seulement  le  tiers  de  Tépoque 
dont  nous  nous  occupcHis,  il  s'ensuivra  que  pendant  ce  tiers, 
c^est-à-dire  pendant  les  cent  derniers  siècles  de  la  cinquième 
journée,  Thomme  sylvestre  ou  préadamite  a  dû  dominer  par 
ses  formes,  son  adresse  même  ou  sa  dextérité,  au-dessus  des 
autres  êtres,  et  que,  sentant  sa  supériorité,  il  a  cherché,  par 
un  premier  acte  de  son  entendement,  à  faire  une  chose  qui  le 
distinguât  des  autres  animaux,  ses  inférieurs. 

Que  pouvait  faire  cet  habitant  des  mêmes  plaines,  vallées 
et  forêts?  il  avait  pour  lit  le  même  soi,  pour  le  couvrir  la 
même  voûte  du  ciel ,  la  même  eau  à  boire,  les  mêmes  fruits 
pour  sa  nourriture  ;  il  grimpait  sur  les  arbres  comme  eux,  il 
marchait  et  courait  comme  eux  ;  en  un  mot ,  tout  était  égal 
entre  lui  et  les  autres  animaux. 

446.  —  Que  fait  aujourd'hui  le  lion,  qui  se  sent  être  le  roi 
des  animaux?  Tout  le  monde  le  sait  :  quand  il  a  faim,  il  ne 
pense  qu'à  dévorer  sa  proie;  mais  aussi,  quand  il  est  rassasié, 
il  se  montre  généreux;  bien  plus,  il  se  conduit  en  héros  et 
protège  les  faibles  animaux,  lorsqu'il  les  voit  menacés  ou  at- 
taqués par  le  tigre  ou  d'autres  carnivores;  ceux-ci,  à  sa  vue, 
s'éloignent  pour  ne  pas  commencer  un  combat  dangereux,  et 
renoncent  à  leur  proie. 

Que  font  de  même  l'orang-outang  ou  le  singe,  qui  se  sen- 
tent  aussi ,  dans  leurs  forêts ,  les  plus  adroits  de  tous  les 
animaux  ? 


270  '  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

Personne  ne  l'ignore,  l'orang-outang  (1)  etle  singe  ont 
Tair  d'être  toujours  occupés,  toujours  affairés.  L'orang- 
outang,  plus  sérieux ,  arrache  sans  cesse  des  bâtons  sur  les 
arbres  qui  lui  conviennent  ;  il  va  choisir  les  meilleurs  fruits, 
et  s'il  peut  entrer  dans  une  butte  d'hommes  vivant  à  l'état 
sylvestre,  comme  les  sauvages  et  les  nègres,  il  leur  enlève  une 
femme,  qu'il  transporte  sur  ses  bras  nerveux  au  milieu  des 
arbres  de  la  forêt;  le,  après  avoir  satisfait  sur  elle  ses  propres 
appétits,  il  lui  jette  des  fmits  et  l'abandonne. 

Le  singe  fait  des  grimaces,  comme  si,  pour  le  succès  de  ses 
occupations  pressantes,  il  avait  besoin  d'exprimer  des  idées 
pour  lesquelles  la  parole  lui  manque  ;  il  parait  mépriser  les 
autres  animaux  et  leur  tendre  des  pièges,  comme  s'il  désirait 
les  soumettre  à  ses  bizarreries. 

447.  —  Par  la  même  analogie,  l'homme  sylvestre  de  la  cin- 
quième époque  devait  avoir  des  idées  plus  avancées  sans  doute 
que  le  lion,  l'orang-outang  ou  le  singe.  Entre  autres  idées, 
il  avait  assurément  celle  de  sa  propre  supériorité;  et  soit  qu'il 
eût  la  parole  ou  une  partie  seulement  de  la  parole,  juste  ce  qu'il 
en  fallait  pour  se  faire  comprendre  des  autres  êtres  de  sa  race, 
il  est  certain  que  cet  homme-animal  (car  nous  ne  voulons  pas 
dire  simplement  Vhomme,  et  cela  avec  d'autant  plus  de  raison 
qu'il  n'est  pas  encore  tel  que  nous  le  voyons  aujourd'hui),  cet 
homme-animal  donc  avait  des  vues  au-dessus  des  autres  ani- 
maux. Mais  quel  pouvait  être  le  premier  acte  de  diversion 
qu^il  devait  faire  pour  se  singulariser,  puisqu^l  se  trouvait 
exactement  dans  les  mêmes  conditions  sur  la  terre  ? 

Ce  premier  acte  a  été  de  déposer  ses  nécessités  naturelles 
dans  une  localité  spéciale,  choisie  à  l'exemple  des  grands  oi- 
seaux, soit  pour  ne  pas  être  offensé  de  l'odeur  désagréable  des 
ordures,  soit  pour  d'autres  causes  que  nous  verrons  ;  et  de  ce 

({)  Voyez  la  note  P,  à  la  fin  du  volume. 


L*ANIMAL-HOMMË    SYLVESTRE.  271 

fait  il  nous  reste  des  preuves  incontestables,  d'où  ressort  évi  - 
demment,  chez  cet  animal,  une  première  lueur  d*intelligence. 

«8.  —  En  effet,  Tindustrie  et  le  commerce  ont  trouvé 
que  le  ni  ire  est  rare  dans  nos  climats;  la  science  a  reconnu 
que  sa  production  est  lente  et  difficile  ;  le  commerce  alors  a 
cherché  et  a  trouvé  le  nitre  en  grande  abondance  dans  l'Inde, 
et  surtout  en  Tarlarie  et  en  Egypte,  La  science,  après  examen 
de  ce  produit,  a  déclaré  que  le  nitre  ne  se  forme  que  des 
détritus,  principalement  des  animaux  et  des  végétaux  réunis, 
et  ne  se  développe  qu'après  leur  fermentation,  lente  et  éla- 
borée par  le  travail  des  siècles. 

Or,  comme  nous  découvrons  de  nos  jours  des  amas  immenses 
de  nitre  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amérique,  et  spécialement  en 
Tartarie  et  en  Egypte ,  ces  dépôts ,  faute  de  fossiles  plus  ex- 
plicites, parlent  d'eux-mêmes,  et  nous  fournissent  la  preuve 
et  les  traces  d'une  grande  population  ancienne  habitant  ces 
plateaux  de  la  terre  dans  la  cinquième  époque. 

U9,  —  Pourquoi  cette  population  aurait-elle  en  l'idée  de 
déposer  ses  détritus  naturels  dans  des  lieux  particuliers?  Rien 
n'est  plus  facile  que  de  répondre  à  cette  question.  D'abord 
ces  lieux  devaient  être  de- grandes  excavations,  ou  des  ca- 
vernes ,  ou  des  précipices  profonds  qui  abondaient  à  la  suite 
des  éboalements  passés  (1);  car  les  amas  de  nitre  nous  expli- 
quent positivement  une  pareille  origine. 

Or,  l'homme  sylvestre  ne  pouvait,  à  son  début  sur  la  terre, 
jouir  que  d'une  dose  assez  faible  d'entendement;  deux  besoins 
impératifs  étaient  les  seuls  objets  de  sa  pensée  et  le  sujet  de 
ses  occupations ,  c'est-à-dire  manger,  et  rendre  se» digestions. 

Pour  manger,  il  n'avait  qu'à  ramasser  les  fruits  des  arbres 
et  de  la  terre.  Toutefois,  il  remarqua  qu'il  faisait  son  choix 

(1)  Ce  qui  était  à  la  cinquième  époque  le  fond  d'un  précipice  a  pu 
devenir,  à  la  sixième,  le  niveau  du  plateau  et  même  la  cime  d'une  mon- 
tagne, par  Teffet  des  soulèvements  que  nous  avons  souvent  indiqués. 


272  CINQUIÈME     ÉPOQUES. 

plus  facilemml  et  mieux  que  les  autres  anioiaux ,  et  qa  il 
pouvait,  par  son  agilité  et  son  adresse,  regarder  le  ciel  et 
grimper  sur  les  arbres,  casser  les  branches  et  exécuter  toutes 
sortes  d'évolutions  impossibles  aux  quadrupèdes. 

Il  observa ,  en  outre,  que  les  quadrupèdes  laissaient  le  pro- 
duit de  leurs  digesti<ms  partout  où  Je  besoin  le  demandait  : 
l'homme  sylvestre ,  se  sentant  supérieur ,  ne  voulut  pas  imiter 
en  cela  le  quadrupède;  ce  fut  la  première  idée  qui  le  poussa  à 
agir  comme  nous  Tavons  expliqué ,  mais  c'était  aussi  le  seul 
acte  difTérentiel  qui  lui  fût  possible  à  ce  moment  pour  se  dis- 
tinguer à  ses  propres  yeux,  car  pour  tout  le  reste,  ainsi  que 
*nous  l'avons  dit,  il  était  fatalement  forcé  de  copier  les  autres 
animaux» 

Ainsi,  sa  conduite  ,  dans  cette  circonstance  (1),  a  été  le 
premier  pas ,  le  premier  acte  d'une  action  spontanée  de  son 
entendement  supérieur  aux  quadrupèdes;  peu t-étre  aussi  que 
les  grands  oiseaux,  qui  opéraient  ainsi  sous  ses  yeux  ^  ontcon^ 
tribué  à  lui  en  fournir  ridée. 

Cet  acte ,  continué  de  génération  en  génération ,  est  devenu 
un  devoir  pour  les  enfants  par  respect  pour  la  disposition  pa- 
ternelle, et  dans  la  suite  il  a  fini  par  être  un  devoir  de  reli- 
gion. 

450.  —  Quelque  faible  qu'ait  été  l'entendement  de  Thoi»- 
me  sylvestre,  son  second  mouvement  de  réflexion  l'a  porté  à 

(1)  Si  nous  nous  trouvions nous-inômes  aujourd'hui,  toul  civîliséa 
que  nous  sommes,  sur  le  même  Verràm  et  dans  les  mêmes  conditions 
que  ces  animaux,  il  nous  serait  impossible  de  rien  faire  de  différent 
de  ce  qu'ils  font;  car  pour  manger  nous  aurions  l^es  mêrpes  fruits,  la 
même  eau  pour  boire,  le  même  sol  pour  lit  et  le  même  ciel  pour  toit. 
Un  seulacte  dépendrait  de  notre  voloïilé,  et  nous  le  remplirions  assu- 
rément :  ce  sérail  de  déposer  nos  digestions  dans  un  endroit  à  pari; 
pour  tout  le  reste,  nous  serions  soumis  à  une  nécessité  fatale,  et  nous 
ferions  ce  que  font  les  antres  animaux ,  justïd'à  ce  que  nous  eussâoil^ 
obtenu  des  moyens  d'amélioration. 


L'ANlMAL-fiOMMfi    SYLVESTRE.  273 

I 

aperçevoir.q^u'il  r^d»ii  à  la  terre  ce  cpt'elle  \m  avait  fourni  ^ 
mais  (|u'il  faisait  cette  restitulioa  sous  uae  forme  différentt^ 
de  l'objet  qui  était  eiitré  dans  son  corps  >  ce4te  matière^  qui 
avait  soutenu  et  fortifié  son  corps  et  soriajt  de  lui  comiMune 
^rabondàflce,  niéritait  ses  remerctmeBts;  et  sa  reconnaissance 
lui  insinuant  df  regarder  cette  traosfprmatioja  comn^  un  roi- 
rade,  il  en  a  fait  le  premier  objet  de  ses  adorations. 

Delà  vient  le  culte  des  excréments,  qui  s'est  conservé  long- 
temps aussi  dans  la  sixième  époque,  à  tel  point  que  les  Indous 
adorèrent  et  adorent  peut-être  encore  aujourd'hui  les  produits 
excrémentiels  de  la  chaise  percée  du  grand  Lama,  qye  les 
prêtres  vendaient  aux  fidèles  sous  forme  de  poudre  renfer- 
mée dans  de  petites  boites ,  ou  sachets ,  précieuses  amulettes 
bien  dignes,  en  effet,  des  adorations  de  Thommel...  (1). 

iSI.  —  L'entendemeat  borne  des  animaux  quadrupèdes 
iodique  assez  qu'ils  n'ont  jamais  pu  avoir  l'id^  d'aller  dépo- 
scor  dc^QS  un  lieu  particulier  leurs  excréments  ;  toutefois,  nous 
avons  vu  l'instinct  porter  les  oiseaux  à  faire  des  dépôts  de 
cette  nature;  à  plus  forte  raison ,  à  n>esureque  l'instinct  s'est 
développé,  Têtre  animal,  ou  l'animal-homme,  a  naturelle- 
ment accompli  cette  action  comme  un  premier  signe  de  son 
intelligence;  il  reste  plus  que  prouvé  que  ce  fait  a  été  l'acte 
d'une  population  humaine. 

Ainsi  s'expliquent  les  amas  énormes  de  nitre  que  les  siècle 
ont  produits;  ces  matières  animales  nous  montrent,  par  leur 
situation  actuelle ,  les  points  du  globe  où  les  races  humaines 
primitives  séjournaient  par  peuplades  considérables  dans  la 
cinquième  journée. 

^52^ —  Çe$  pi^emiers  êtres  4e  la  race  humaine  sauvage 
étaient  grands  de  taille  ;  les  besoins  de  leur  appétit  devaient 
être  relatifs,  et  conséquemment  leurs  évacuations  abondantes. 

(i)  Voyez  la  note  Q  ,  à  la  fin  du  volume. 

18 


274  CINQUIÈME    ÉPOQUE. 

Pour  satisfaire  la  faim  avec  Taccroissement  des  générations , 
les  fruits  des  arbres  ne  suffirent  plus.  Voyant  les  grands  ani- 
maux attaquer  et  dévorer  les  petits,  l'idée  leur  vint  de  faire 
de  même,  et  l'adresse  suppléant  à  la  force,  ou  la  secondant , 
ils  inventèrent  la  chasse  et  la  pêche  ,  qui  fournirent  à  leur 
nourriture  les  animaux,  les  poissons,  le  gibier  que  F  instinct 
leur  faisait  rechercher. 

453.  —  Pour  prendre  le  poisson,  rhomme  sauvage  se  sert 
de  branches  d'arbre  ;  un  arbre,  creusé  par  Tâge  ou  par  la 
foudre  et  amené  sur  le  rivage  par  les  vagues,  lui  donne  l'oc- 
casion de  s'avancer  sur  l'eau  pour  pêcher  plus  loin  ;  voilà  là 
pêche  et  la  navigation  dans  leurs  premiers  essais. 

Un  bâton  lui  sert  pour  prendre  les  oiseaux  et  tuer  de  petits 
animaux;  Vunion  de  plusieurs  sauvages  munis  de  bâtons  leur 
procure  la  force  et  l'adresse  pour  combattre  les  animaux  car- 
nassiers et  apprendre  aux  quadrupèdes ,  même  les  plus  terrir 
blés  par  la  force  et  la  taille,  que  dorénavant  ils  seront  sou- 
dais à  l'homme.  ^ 

454.  —  Les  premiers  hommes  sauvages  remarquèrent  les 
orages^  les  tempêtes,  qui  étaient  fréquentes  et  terribles  à  cette 
époque;  l'éclair  et  la  foudre  qui  enflamment  et  brûlent  un  ar- 
bre, leur  inspirent  l'idée  du  feu;  ils  saisissent  ce  feu  allumé 
sous  leurs  yeux,  voient  avec  quelle  facilité  il  se  communique 
à  des  végétaux  desséchés  ;  deux  morceaux  de  bois  dur,  frottés 
avec  force  au  milieu  d'une  atmosphère  brûlante,  leur  four- 
nissent également  le  feu;  deux  cailloux  solides  font  jaillir  des 
étincelles  qui  embrasent  des  feuilles  ou  des  écorces  sèches; 
ils  se  rendent  maîtres  de  ce  feu  auquel  ils  devront  bientôt  l'i- 
dée de  faire  cuire  les  aliments  et  plus  tard  de  former  des  ou- 
tils :  de  là  l'industrie  dans  sa  première  enfance. 

455.  —  Le  climat  très-chaud ,  la  terre  presque  ardente, 
permettent  aux  hommes  sauvages  de  vester  toujours  «us; 
mais,    dans   leurs   chasses   au  milieu   de  forêts  épaisses. 


l'animal-homme    sylvestre.  275 

il  y  avait  des  plantes  épineuses  ;  Tidée  vint  de  couvrir  avec 
les  plus  grandes  feuilles  des  arbres  les  parties  du  corps  les 
plus  sensibles;  cette  idée  fournira  plus  tard  celle  de  se 
couvrir  avec  des  peaux  d'animaux,  et  ensuite  de  tisser  des 
brins  d'herbes^  puis  réunir  des  filaments  de  plantes  et  plus 
tard  filer  du  chanvre,  pour  se  faire  des  couvertures,  des  toi- 
les, etc.,  qui  ont  servi  à  envelopper  leurs  corps,  et  des 
filets  pour  prendre  les  poissons  et  les  oiseaux; 

456.  —  Les  cavernes,  très-nombreuses,  offrent  des  retraites 
pour  la  nuit;  l'ombre  des  montagnes  et  celle  des  grands 
arbres  présentent  la  fraîcheur  que  nos  hommes  sauvages 
cherchent,  en  se  mettant  à  Tabri  des  rayons  d'un  soleil  ar- 
dent; cette  ombre,  ces  cavernes  donnent  l'idée  de  faire  des 
huttes  avec  les  arbres  et  les  branches  :  premier  pas  à  Fart  de 
la  construction. 

457.  —  L'homme  sauvage  n'est  pas  seul  au  milieu  des 
bois  ;  un  instinct  l'entraîne  vers  sa  compagne  ;  la  nuit  les 
enveloppe  de  son  ombre;  la  nature  commande,  elle  est  obéie; 
Texistence  de  Thomme  est  doublée,  elle  est  triplée  au  bout  de 
neuf  mois  ;  le  nouvel  être  auquel  ils  ont  donné  le  jour  aura 
besoin  pendant  longtemps  de  lait,  de  secours,  de  soins. 

Pourquoi  le  père  n'abandonne-t-il  pas  ce  petit,  comme  le 
bœuf,  qui  oublie  son  veau  et  le  laisse  à  la  mère  sans  plus  y 
songer?  Parce  que  Thomme  sauvage  voit  cette  petite  créature 
mieux  faite,  dans  ses  formes  en  miniature,  que  lui-même  qui 
en  est  l'auteur  ;  de  son  admiration  est  née  un  sentiment,  c'est 
Famour  paternel  ;  les  feux  de  ce  sentiment  s'allument  et 
s'animent  par  une  action  mutuelle  ;  un  lien  durable  se  crée  ; 
le  partage  des  plaisirs  et  des  peines  est  établi  :  la  famille  est 
formée. 

458.  — Les  petits  grandissent,  le  père  domine,  il  est  chef 
dans  la  famille,  il  donne  des  signes  de  commandement  ;  on 


276  CINQUIÈME     ÉPOQUE. 

obéit,  Tautorité  et  la  subordination  sont  établies.  Le  nombre 
des  individus  augmente^  la  race  s'étend,  elle  trouve  des  êtres 
semblables  dans  d'autres  contrées  ;  la  société  se  forme. 

459.  —  La  réunion  d^  hommes  sauvages  présente  biwtôt 
un  chiffre  nombreux  d'individus  de  la  même  espèce  ;  m  se 
communique  ses  sensations  et  ses  désirs;  on  se  divise,  et  bien- 
tôt r^pèce  est  ivoj^  nombreuse  sur  plusieurs  points  du  glotbe; 
de  là,  des  querelles  et  des  désunions;  les  combats  commen- 
cent^ et  avec  eux  s'allument  les  guerres  de  destruction,  entre 
les  individus  de  la  même  race. 

460.  —  C'est  ainsi  qua  existé  et  péri  partiellement  la  race 
des  hommes  préadamites  (1),  géants  de  taille,  et  sur  lesquels 
nous  n'avons  eu  jusqu'à  présent  d'autres  renseignements  que 
les  récits  mythologique  et  les  fables  des  poètes  de  l'antiquité, 
mais  qui  nous  ont  laissé  des  preuves  irrécusables  ^e  leur 
existence  dans  les  amas  de  nitre  analysés  par  la  science- 
Ce^  populatipns  cint  dû  être  trës-npmbreuses;  elles  ont  à  peu 

près  disparu  avçc  les  s^utr^  êtres  da  la  cinquième  époque,  m 
moment  ^u  grand  catacJysiiie  qui  a  terminé  ce  jour  nnéwor»^ 
ble  àfi  la  Bible,  et  ouvert  la  brillaqte  aurore  du  dixième  jiNir 
de  la  création. 

(1)  Ypyez  la  note  R,  à  la  fin  du  vohime. 


SIIIËME  JOUR 


00 


SIXIÈME   ÉPOQUE 


RÉ6NE  DÉ  L'HOMriC 


Tout  se  tient,  tout  s'unit  :  un  nœud  mystérieux 
Joint  et  le  ver  et  l'homme ,  et  la  terre  et  les  deux  ; 
L'Étemel,  dans  ses  mains,  tient  cette  chaîne  immense 
Que  termine  l'insecte  et  que  l'homme  conmience. 

Chènedoluê, 
Le  Génie  de  C Homme, 


O  mystère  profond  des  enfances  sublimes! 

Qui  fait  naître  la  fleur  au  penchant  des  abimes? 

Qui  donc  prend  par  la  main  un  enfant  dès  l'aurore 
Pour  lui  dire  :  -^  <  En  ton  &me  il  n'est  pas  jour  encore , 
Enfant  de  l'homme!  Avant  que  de  son  feu  vainqueur 
Le  midi  de  la  vie  ait  desséché  ton  cœur, 
Viens,  je  vais  t'entr'ouvrir  des  profondeurs  sans  nombre! 
Viens ,  je  vais  de  clarté  remplir  tes  yeux  pleins  d'ombre  ! 
Viens,  écoute  avec  moi  ce  qu'on  explique  ailleurs. 
Le  bégalment  confus  des  sphères  et  des  fleurs. 
Car,  enfant,  astre  au  ciel  ou  rose  dans  la  haie, 
Toute  chose  innocente  ainsi  que  toi  bégaie  ! 
Tu  seras  le  poète,  un  honmie  qui  voit  Dieu. 
Ne  crains  pas  la  science,  âpre  sentier  de  feu. 

Ne  crains  donc  pas  l'ennui  ni  la  fatigue,  —  viens; 
Ëcoute  la  natiure  aux  vagues  entretiens.  2> 

Vktqr  Hugo, 
Les  Rayons  et  Us  Ombres. 


SIXIÈME  JOUR 


00 


SIXIÈME   ÉPOQUE 


BieilE    DE    L'HOMME 


CHAPITRE   XXVII 

Tnter^vall^  du  elnquième  an  sixième  Jour. 

Sommaire. —  Continuation  de  la  condensation  de  la  terre,  461.  —  État 
plus  solide;  orbite  fixée,  662.  —  Chiffre  des  réductions,  463.  —  Éden  , 
ou  paradis  terrestre ,  464.  —  Pause  rétrospective ,  A65.  —  Jour  de 
Moïse,  466.  —  Division  du  jour  d'après  le  soleil,  467.  —  Justification 
de  nos  supputations  concernant  les  époques,  468.  -^  Facilité  d'étendre  * 
leur  durée,  469.  —  La  Bible  prise  pour  guide,  470.  —  Durée  et  opé-« 
ration  de  Tintervalle  du  cinquième  au  sixième  jour ,  471.  —  Ce  que 
c'est  qu'un  jour,  472. 

461.  —  A  la  doquième  époque,  comme  nous  rayons  indi- 
qué, la  terre  était  beaucoup  plus  solide,  beaucoup  plus  dense 
et  dure  qu'aux  jours  précédents  ;  aussi  avait-elle,  en  mille 
points  divers  de  son  intérieur,  des  formations  complètement 
cristallisées,  qui  éclatèrent  successivement  à  différentes,  pé-' 
riodes  de  cette  époque;  ces  éboulements  gigantesques  et  par- 
tiels, fournissant  toujours  des  matières  fraîches  à  son  œuvré 
souterrain^,  opérèrent  la  réduction  et  le  rétrécissement  du 


280  SIXIEME   ÉPOQUE. 

globe  par  parties  distinctes,  de  manière  que  dans  le  courant 
des  300  siècles,  les  uns  portèrent  profit  à  la  mer,  qui  reçut 
un  lit  plus  profond  sur  quelques  points  ;  dans  les  autres  siè- 
cles allernalivement,  c'était  la  terre  qui  éprouvait  des  affais- 
sements de  quelques  centaines  ou  de  quelques  milliers  de 
lieues  sur  divers  points  de  sa  surface. 

^62.  —  On  voit  par  là  que  le  cataclysme  <j[ut  finit  la  cin- 
quième époque  n'a  pas  été  tout-à-fait  de  ta  même  nature  que 
ceux  qui  ont  terminé  les  autres  époques,  c'est-à-dire  que  la 
terre  n'étant  plus  une  pâte  malléable  dans  aucun  endroit,  n'a 
pu  être  bouleversée  sens  dessus  dessous  ;  sou  état  plus  solide 
la  maintenait  dans  sa  fixité  ;  de  plus,  la  sphère  du  globe 
avait  parcouru  nombre  de  fois  son  ellipse  avec  son  aridedé- 
couvert  successivement,  à  Test,  au  sud,  à  l'ouest  et  à^  um^d^ 
cet  aride,  qui  se  trouvait  en  ce  mottefll  entre  lé  nord  et  Ingst, 
occupant  à  peu  près  le  point  presque  central  dé  la  sutSàce^ 
avait  déerk  tant  de  fois  l'ortMle  du  globe  àdào»  i#  eoovs  des 
siècles,  que  sa  route  était  définitivement  tracée  et  fixée  dans 
l'espace  ;  et  elle  le  sera  à  tcmt  jan^ais,  ea  marquant  le  lit  sur 
lequel  le  globe  oontiffuefat  ses  évolutions  autour  du  Èôteit. 

^S3.  ^^  La  ciiiquièiAe  époque  finit  donc  ^  laissant  le  globe 
dms  une  eîreonfére»ee  réduite  à  douze  mîUéH«ues,  dont  un 
quart  présente  l'arrde,  ou  !a  terre  (Mcoïrverte,  situé  dans  le 
centre  entre  le  nord  et  l'est,  ou  à  peu  près  aux  limites  du 
point  où  Taride  avait  commencé  à  sur^r  aux  premiers  mo- 
ments de  sa  copdensatioq  ;  les  trois  quarts  ou  le  reste  de  la 
surface  du  globe  sont  occupés  par  Teau  qui  entoure  le  dé- 
couvert. 

^6^.  "—  C'est  au  HÛlieu  de  ce-  vsâle  et  magnifique  plateau 
que  nous  devons  contempler  ce  paradis  terrestre^  cet  Eden<, 
dans  lequel  la  Bible  nous  enseigne  que  fui  créé  et  placé  te 
premiçi^  bouin^,  Adam. 

4SS.  ^  Mais  avant  d'entrer  dans  les  fait^ bi^toilqàés  d^  ce 


.    INTSEYALtEi  281 

grand  jour  qm  dure  encore,  et  dont  nous  n'avons  pf obaUe- 
QK^nt  pâR  parcouru  l^  première  itnoilié  ou  i«  matinée,  nous 
devons  faire  une  ocMitte  patise,  afin-  &e  reporter  nos  regàrcts 
sar  ie  passé,  et  voir  si  notts  avons  bien  établi  les  phases  de  1& 
foiTMition  du  globe  par  ses  époque»,  et  Aotâmment  par  les 
intervalles,  qtti  ne  s6nt  point  indiqués  dans  la  Bible  ni  dans 
les  auteurs  qui  nous  ont  précédé. 

^66*  ^  Moïse,  en  écrivant  (a  Bible,  a  dû,  comme  nous 
l'avons  déjà  remarqué,  et  comme  nous  l'expliquerons  tout  à 
rbeure,  se  borner  à  raconter  succinctement  les  principaux 
faits,  laissant  aux  sages  pour  lesquels  il  avait  écrit  son  PentOr 
teuqtie,  le  soin  des  interprétations  et  de  leurs  dévelopements. 

Ainsi,  le  jour ,  composé  du  soir  et  du  malin,  signi6e  et  com- 
j^rend  le  temps  du  passage  du  soleil. 

En  voici  TexpUcation  élémentaire  : 

Entre  le  soir  et  le  matin,  il  y  a  la  nuit,  et  entre  le  matin  et 
te  soir,  il  y  a  plusieurs  divisions  que  les  Égyptiens  avaient 
adoptées  et  que  nous  signalerons.  En  n'indiquant  que  deux 
parties  seulement,  le  soir  et  le  matin.  Moïse  laissait  sous-en- 
tendre  toutes  les  autres  divisions,  qui  étaient  trop  bien  con- 
nues comme  faisant  partie  tnatérielle  du  jour,  et  précisément 
ptfree  qu'il  passait  sous  silence  les  phases  les  pins  nombreiKes 
d«  jour,  i\  entendait  faire  raliégorie  d'une  époque;  car  jour, 
ou  épèqiM  était  pmtfr  lui  synonyme. 

Linte¥valle  qui  sépara  les  jours  est  mesuré  dans  fe'  Sfyh^ 
de  Moïse  par  m  mot  qui  exprime  ane  ttranifesfation  phéno- 
ménale.    - 

L'astronomie  lui  était  connue,  et  la  période  de  la  grande 
année  solaire»  ftp^peljée  aujourd'hui  ]^éee8sim  des  éqmnoœes, 
de  36,000  ans,  était  aussi  pour  lui  synonyme  d'une  époque 
ou  d'un  jour. 

^67.  —  Yoici  d'autres  preuves  que  nous  tirons  du  récit 
d'anciens  auteurs  :  à  l'époque  de  Moïse,  les  besoins  de  la  so- 


282  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

ciëté  exigeaient  qu'on  pût  indiquer  exactement  les  tostaots 
du  jour  destinés  aux  opérations  communes.  On  se  tourna  yers 
le  soleil;  la  marche  de  cet  astre  divisait  naturellement  le 
jour  en  plusieurs  portions,  qu'on  a  nommées  :  VAur^yrt 
ou  le  matin ^  le  lever  du  soleil,  V(want-midi,  le  midi, 
X après-midi,  le  comher  du  soleil,  le  crépuscule,  le  mir  et 
la  nuit. 

Or,  les  sages  de  Tantiquité  tenaient  pour  principe  qu'avant 
le  jour  avait  été  la  nuit;  que  la  nuit  avait  été  le  temps  des 
ténèbres,  du  chaos  et  du  mystère,  et  ils  appelaient  la  nuit 
mère  du  jour  (1). 

Ils  ajoutaient  que  le  jour,  tils  de  la  nuit,  ne  devait  pas  se 
permettre  de  demander  Tâge  de  sa  mère,  et  que  celle-ci  n'é- 
tait pas  obligée  d'cQ  rendre  compte  à  son  fils.  Ces  données 
suffisent  pour  justifier  le  sens  d'époque  d'une  durée  indéter- 
minée attribuée  au  root  jour. 

Relativement  au  jour  ordinaire  ou  à  la  journée  commune^ 
les  Égyptiens  avaient  adopté  la  division  de  douze  heures  pour 
le  jour  et  douze  heures  pour  la  nuit  ;  et  l'origine  de  cette  im- 
portante classification  vient  encore  d'un  animal,  comme  ils 
nous  Font  laissé  entendre  dans  leurs  emblèmes  (2). 

^68.  —  Ces  explications  justifient  les  supputations  que  nous 
avons  appliquées  aux  diverses  époques,  quelque  hypothétiques 
que  puissent  paraître  nos  nombres  de  siècles,  ils  n'en  sont 
pas  moins  très-probables;  au  surplus,  que  les  époques  aient 
été  plus  ou  moins  longues  que  nous  ne  l'avons  marqué,  la 

(i)  Du  chaos  sont  nés  rÉrèbê  et  la  nuit*,  de  la  nuit  jointe  à  l'Érèbe 
sont  sortis  le  jour  et  la  lumière.  (Théogonie  de  V abbé  Beroibr,  t.  1^% 
p.  320. ) 

(2)  Dans  leurs  allégories,  par  remblème  d^un  cynocéphale  (magot), 
c  parce  que,  disaient-ils,  cet  animal  fait  de  Teau  12  fois  par  jour  ,  et 
dans  des  intervalles  égaux.  ^)  {Histoire  civile  du  Calendrier^  par  Cocbt 
DE  Gebeun,  t.  ïV,  p.  7^.)       ■ 


INTERVALLE.  283 

réalité  ne  produirait  pas  de  différences  notables  et  sérieuses 
dans  le  calcul  des  événements  qui  se  sont  succédé,  et  que  la 
force  desi  choses  devait  faire  naître  pendant  le  travail  des  or- 
ganisations et  des  compositions  alternatives  des  matières,  et 
des  êtres  qui  ont  dû  coopérer  à  reformer  ces  matières  d'où 
sont  venus  de  nouveaux  êtres,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  Té- 
poque  dans  laquelle  nous  nous  trouvons  (1). 

^69.  —  Il  serait  certes  plus  satifaisant  de  savoir  au  juste  la 
durée  d'une  époque  indiquée,  désignée  sous  le  nom  de  jour; 
elle  peut  avoir  été  de  mille  siècles,  comme  elle  peut  n'en 
avoir  compris  que  trois  cents  ;  nous  avons  adopté  dans  tous 
nos  calculs  un  chiffre  minimum,  car  l'exagération  conduit  à 
Terreur,  tandis  que  nos  déductions  étant  basées  sur  les 
chiffres  les  plus  modestes  dans  l'ordre  de  la  probabilité,  les 
auteurs  qui  nous  suivront  sur  le  terrain  des  recherches  cos* 
mogoniques  pourront,  s'il  y  a  lieu ,  étendre  le  nombre  des 
siècles,  lorsqu'ils  auront  des  preuves  que  le  travail  souterrain 
de  formation  exigeait  un  temps  plus  long  que  celui  que  nous 
avons  énoncé  (2). 

(i)  Les  préires  du  dogme  moderne  de  Zoroastre  disent  que  les  six 
temps  de  Moïse  étaient  composés  d'un  certain  nombre  de  jours  :  le 
premier  de  45  jours^  le  second  de  60,  le  troisième  de  75,  le  quatrième 
de  100,  le  cinquième  de  80,  et  le  sixième  de  75.  Il  est  clair  que  par 
iourt  ils  entendaient  des  époques, 

(2)  M.  Alfred  Maury  parle  d*oiseaux  qui  ont  laissé  des  parties  de 
leurs  squelettes  comme  témoignage  de  leur  existence  à  un  âge  que 
PLUSIEURS  MTBiADEs  d'amnées  Séparent  de  nous, 

{La  Terre  et  VHomme.) 

«  Le  calcul  établit  qu^un  boulet,  de  la  même  dimension  que  la  terre, 
chauffé  au  rouge  et  abandonné  ensuite  au  refroidissement  dans  des 
conditions  du  môme  genre,  emploierait  plusieurs  millions  d'années 
pour  descendre  au  degré  de  temp'érature  qui  règne  actuellement  sur 
noire  planète.  Que  le  globe  ait  été  originairement  en  proie  à  une  cha- 
leur aussi  élevée  jusque  dans  ses  régions  centrales,  ou  que  Tignition 


284  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

Bu  reste,  la  durée  (fuite  épo()ue  ue  peut  rieti  ôter  ûi  ajoa-, 
ter  à  notre  adteiration  pour  le  créateur  de  Tunivers,  ce  chef- 
d'oétfvre  qui  se  maintient  a^ec  une  succession  st  mer'veilfeuâe 
d'ordiie  et  de  perfection. 

Nous  avôtiè  écarté  lés  chiffres  des  systèinès  des  phitosoptes 
anciens  et  modernes,  par  la  raison  qu'ils  n'ataiént  d'autre  ap- 
pui que  la  Fable  ou  Timaginsetion  dès  Auteurs.  Ainsi,  l'Egypte 
faisait  régner  ses  dieux  sur  la  terre,  pendant  11, 000  ans* 

Les  mages  de  la  Chaldée  prëtendaieAt  avoir  une  histoire  du 
ciel  qui  remontait  à  470  mille  ans. 

Des  Indiens  ont  soutenu  que  la  formation  de  notre  planète 
avait  eu  lieu  il  y  a  plusieurs  millions  d'années. 

470.  —  A  la  vue  de  ce  chaos  de  conjeetures  et  d'hy  pstlièM 
sans  appui  que  nous  avons  dû  repoosser,  nous  avens  pm  la 
BiUe  pour  giride,  en  plaçant  à  eôié  d'elle  les  découvertes  de 
la  géologie.  Si  la  Bible  a  été  pour  nous  le  phare  qui  écleiK 
Hovestigation  historique,  la  seience  est  le  creuaet  qui  mus 
ft  feurBÎ  les  moyens  de  remplir  les  vides  laissa  paii  la 
Bible. 

Le  jour  de  Moïse,  ou  son  époque,  qui  en  est  l'équivalent, 
esidonc  parfoitetnent  justitié.  Quant  à  rintérvalle^  que  ndus 
atons  employé  comme  faurore  dé  chaque  jouf ,  il  iïoiss  e^t 
prouvé,  par  la  Bible  même,  qu'il  va  s'étendre  du  jour  de  la 
création  d'Adam  au  cataclysme,  qu^^elle  énonce  sous  la  dénor; 
mination  de  Déluge  universel. 

47  L^  -r  Par  eet  iotervallevoip  par  aelte  aui^re  d«  aixitee' 

ne  s^y  soit  étendue  que  jusqu'à  une  certaine  profondeur,  on  n^entre- 
Toit  pas  flttorns,  âaHà  rbisfeire  de  \é!  MH^i^om  la  ed^ d'étf  ti^  c«AeuI, 
dés  èbafnes'de  siècle^  véritàbliemenl  déodesilfréM  en  is^mpaMiàdn  des 
éinq  ou  six  milt énairès  que  nous  étilie  coflâr^tti»atiittllânt  Al  fif^ëtendoe 
(i!](roiiologfé  dé  Tèi'e  du  mondef.  n 

{Terre  et  ctel^  pslr  M.  Jean  RtiWAtJD, 
^ges  124  et  42$.) 


inteevàlle.  J185 

jour,  nous  avons  la  preuve  du  parfait  repos  qui  était  néces- 
saire à  la  terre  entre  une  époque  et  la  suivante,  ou  entre 
deux  jours  consécutifs  de  la  création. 

Cet  intervalle  a  été,  comme  aux  époques  précédentes,  la 
période  la  plus  belle,  car  le  repos  permettait,  ainsi  que  nous 
l'avons  to^JAm^s  m*  1^  irfiiomreÛf mmt  «t  la  viviâottion  des 
êtres  dans  un  état  plus  pf^fajit  q^  Çfi\^\  çù  ils  étaient  le  jour 
précédent,  et  tel  qu'ils  pussent  paraître  en  rapport  avec  le 
nouveau  climat  et  le&  nouvelles  productions  que  la  ti^r^pUis 
consolidée  et  une  atmosphère  plus  pure  devaient  leuF<<^rir. 
(Test  donc  Taurore  qui  annonçait  le  perfectionpement  du 
nouveau  jDur  à  chaque  époque,  et  c'est  avec  raison  que 
Moïse  désigne  «elle  du  sixième  jour  comme  étant  le  paradis 
terrestre. 

Ayant  expliqué  le  jour  comme  Tentendiaeni  lés  ânéiens, 
Bou$  teimneroBS  ee  chapitre  en  considérant  le  jour  tel  que 
Boosi'avond  souà  nos  yèûx. 

4Î2.  -^  En  résumé,  qu'est-ce  qu'un  jour  ? 

Un  jour,  c'est  une  épocjue  entier^. 

Le  jour^  c'est  un  cadre  dan^  Iiequel  1^  x^^m  &it  son  tra- 
vail. 

Le  jour  est  notre  compagnon  de  voyage  ;  il  nous  fait  as- 
sister à  sa  naissance  le  matin,  à  sa  mort  le  soir,  et  à  sa  résur- 
rciction  au  bout  de  vingt-quatre  heures» 

Si  le  jour  était  un  être  doué  de  la  parole»  U  nous  dirj^it  yei:-^ 
balement  tous  les  niiystères  de  la  créc^tion»  car  ces  np^ystères 
s'accomplissent  da^s  son  sein» 

Lj^  jour  est  uniE^  image  de  notre  existçoçe,  c'est  une  période 
complète  dans  laquelle  la  naturç  se  plaH  ^  f^f^  toujlps  ses 
évolutions,  tous  ses  échanges  et  toutes  sesi  combinaisons. 


286  SIXIÈME   ÉPOQUE. 


CHAPITRE  xxyin 

itaUte  de  Flnterralle  du  clnqulènie 
au  sixlèine  Jfoar. 


SomiÂiRB.  —  Création  de  rhomme,  selon  la  Bible,  U13,  —  Repos  du  sep- 
tième jour,  &7Û.  —  Formation  dJÈve,  475.  —  Chute  d'Adam,  476.  — 
Patriarches  anté^luylens,  477,  478.  —  Postérité  de  Seth,  479.  —  Ages 
des  premiers  patriarches,  480.  —  Corruption  des  hommes,  481.  —  Noé 
et  son  arche,  482.  —  Observation  sur  le  récit  de  Moïse,  485.  —  Con- 
séquence de  ce  récit,  484.  — ^  Omission  de  la  Bible,  485.  -^  Réflexion  à 
Tendiroit  de  la  chronologie  ,  486.  —  Les  géants,  487.  —  Note  de  dom 
Calmet,  t<f.  —Récit  de  Bérose,  488.  —  Relations  des  Juifs  avec  la  Chine, 
1^89.  —  Antiquité  des  populations  chinoises,  490.  —  Temple  de  Jagre- 
nat,  491.  —  Pagode  de  Chalambrom,  492.  —  Induction  tirée  de  l'exis- 
tence de  ces  monuments,  493.  —  Monuments  anciens  en  Amérique , 
494.  —  Grotte  de  la  Nouvelle-Grenade,  495.  —  Découvertes  du  général 
Lopez ,  496.  —  Hommes  géants  en  Amérique,  497.  —  Récit  du  Talmud 
concernant  Adam,  498.  —  Explication  de  Tallégorie,  499.  —  Chronolo- 
gies profanes,  500,  501.  —  Objets  qui  échappent  aux  cataclysmes,  502. 
—  Nouveau  rapetissement  du  globe,  503. 


LA   CRÉATION  d'aDAM. 

^73.  —  La  Bible  nous  donne ,  comme  la  conclusion  du 
grand  œuvre  de  Dieu,  le  sixième  jour  de  la  création. 

Ce  jour  a  été  celui  de  la  création  de  Thomme,  mâle  et  fe- 
melle, formé,  selon  l'Ecriture,  à  Timage  de  Dieu  lui-même, 
qui  Iili  dit  de  croître  et  de  multiplier  et  de  dominer  sur  tous 
les  autres  animaux  de  la  terre,  de  la  mer,  et  sur  les  oiseaux 
du  ciel,  ainwsi  que  sur  toutes  les  herbes  et  les  plantes  (Genèse, 
ch.  I,  V.  27  et  suiv.). 

i7i.  —  Le  septième  jour,  Dieu  se  repose,  c'est-à-dire  cesse 
de  créer.  Il  sanctifie  le  jour  du  sabbat  ou  du  repos. 


LA     CRÉATION     D'âDAM.  287 

475.  —  Le  premier  homme  a  été  appelé  Adam  (1);  Dieu 
lui  donna  la  supériorité  sur  tout  ce  qu'il  avait  créé  ;  puis  il 
lui  envoya  un  sommeil,  et  tira  d'une  de  ses  côtes  Eve  (2),  qu'il 
lui  donna  pour  épouse  et  pour  compagne  (Genèse,  ch.  II, 
V.  21  à  25). 

476.  —  Quoique  Dieu  eût  mis  tout  à  la  disposition  de 
l'homme,  cependant  il  lui  avait  défendu  de  toucher  au  fruit 
de  l'arbre  de  la  science  du  bien  et  du  mal ,  sous  peine  de  tom- 
ber en  dîsgrâee. 

Un  serpent  séduisit  Eve,  qui,  à  son  tour,  séduisit  Adam, 
et  Tun  et  l'autre  furent  punis  de  leur  désobéissance  et  chas- 
sés du  paradis  terrestre  pour  être  livrés  aux  peines  du  travail, 
châtiment  mérité  qnMls  avaient  encouru  pour  eux ,  leurs  fils 
et  leurs  descendants. 

477.  —  Comme  Taurore  du  sixième  jour  est  courte  jus- 
qu'au déluge  universel ,  et  que  la  Bible  nous  donne  les  noms 
de  tous  les  patriarches  de  cette  période  mémorable,  nous  al- 
lons les  lui  emprunter  d'après  son  ordre  chronologique. 

478.  —  Adam  et  Eve  eurent  deux  enfants  :  Caïn  et  Abél. 
Caïn  ,  jaloux  deson  frère  Abel,  le  tua.  Ce  crime,  reproché 

par  le  Seigneur,  força  Gain  à  s'éloigner  pour  expier  sa  faute  ; 
vagabond  sur  la  terre,  il  se  retira  vers  la  région  orientale  de 
l'Eden  (Genèse,  ch.  IV ,  v.  16). 
Caïn  ayant  connu  sa  femme  (3),  elle  conçut  et  enfanta  Hé- 

(1)  j^dam^  dans  ta  langue  hébraïque  ancienne,  veui  dite  homme  ^ 
ou  tes  hommes. 

,  (2)  £p€  a,  dans  Thébreu  ancien,  la  signification  d^étre vivant^  prin- 
cipe do  vie,  de  régénération  et  de  fécondité. 

(S)  La  Bible  ne  dit  pas  où  Caïn  avait  troavé  cette  femme;  s'il  Pavait 
prise  pour  compagne  avant  son  départ,  il  existait  donc  des  femmes  à 
ia  portée  de  cette  famille  primitive;  ou  bien,sMI  est  parti  seul  en  quit- 
tant sa  famille ,  il  aurait  donc  rencontré  à  Textréme  orient,  où  il  s*est 
rendu^  une  population  établie  là  avant  son  arrivée. 


288  SIlUllS  SPOQDC. 

NOCH.  Il  bâtit  ensuUe  une  ville  qu'il  appela  Henogblil^  du  nom 
de  son  fils  (id.,  v.  17).  Hénogb  engendi^a  Ibad;  Irai»  engencha 
Maviael;  Mavia^  engendra  Matbusael  ,  et  Mathijsasl  engen- 
dra Lamegh,  qui  eut  deux  femmes  :  âda,  qui  en£anta  ^I|  fils 
nommé  Jabel,  qui  fut  le  père  des  pasteurs,  et  Sella,  qui  en- 
fanta TuBALGAîN  ;  celui-ci  perfectionna  l'art  de  travailler  les 
métaux  et  fut  très*habile  dans  les  ouvrages  d*  airain  et  de  f$r 
(Genèse,  ch.  Vf,  v.  17  à  22). 

• 

^79.  —  Adam  et  Eve,  privés  de  leur  fils  Kbfi\ ,  reçurent  du 
Seigneur  la  faveur  de  le  remplacer  par  Sxth. 

Comme  la  race  de  Setb  a  été  une  postérité  cbérie  de  Dieu , 
récrivain  sacré  s'applique  à  la  décrire  plus  particulièrement 
que  celle  de  Caïn. 

Voici  Tordre  cbronologiqtie  de  ces  patriarcbes  : 

Adam,  à  rage  cte  130  ané,  engendra  Seth ,  et  vécut ,  après 
cette  naissano»,  800  aos;  Adam  mourat  à  Tâge  de  930  lùis* 

SsiH ,  à  riige  de  105  ans,  engendra  Enos  el  monnit  figé  de 
912  ans. 

Enos,  à  r&^  de  90  ans,  engendra  Galuftn  et  mourut  âgé 
de  815  ans^  Enos  ipeleva  le  culte  religieux  par  des  céréœcuiies 
extérieures  (Gefl»  V,  v.  9). 

CaînalN,  à  rage  de  70  ans,  engendra  Malaléel  et  mourut  à 
rège  de  910  ans. 

Malaléel,  à  l'âge  de  65  ans,  engendra  J[ared  et  siourirt  à 
l'âge  de  895  ans. 

Jaiwp,  à  l'âge  de  jl62,  an?»  engendra  Bénoch  et  mourut  à 
Vè^  de  962  ans. 

HinocB ,  à  l'âge  de  65  ans ,  engendra  Hathusdaet  moimit 
âgé  de  365  ans. 

IfATHusALA  OU  Motkmoiemj  à  l'âge  de  187  ans,  engendra 
Lamecb  et  mourut  âgé  de  969  ans. 

Lajkiech  ,  à  l'âge  de  182  ans,  engendra  Noé  et  nM)urut  âgé 
de  777  ans. 


LA     CRÉATION     D'aDAM. 


289 


NoÉ,  àTâgé  deSOO  ans,  engendra  Sem,  Cham  et  Japhet 
(Génère,  ch.  V,  v.  1  à  31.) 

,  •  *■  •  -  .  *         • 

480.  —  Pour  trouver  exactement  la  durée  de  l'intervaHe, 
ou  l'aurore  de  ce  sixième  jour ,  nous  devons  récapituler  les 
âges  d'après  Thistoire  de  ces  10  patriarches. 


V  Adam.   .   . 

.  qiii 

1  ;   '    --'Il 

vécut  930 

ans 

,  ayant 

engfeiHfré'Seto  à^  130  ans; * 

2°  Seth.  .    .   . 

D 

D      912 

» 

ayant  engendré.   .   .  à    105    u      | 

$°;Én<»  .   .   . 

.       » 

»       905 

» 

»    ' 

» 

..  .à       90    » 

4°  Caînan  .   . 

» 

»       910 

)■• 

» 

M 

.  à      70     » 

a^"  Malaléel.  .   . 

» 

i>      895 

]> 

» 

.  à      65     ». 

6°  Jared  .   .  . 

.       ^> 

»       962 

j> 

» 

» 

-à     162  .  » 

T»  Enoch.   .   .   . 

» 

»      365 

» 

» 

» 

.à      65     » 

S°  Mathusalem 

.       » 

»       969 

» 

» 

» 

.  à    187     » 

9°  Lamech .  .   . 

ï> 

»       777 

» 

.  », 

» 

.  à    182    » 

W  Noé 

» 

»       950 

» 

lors  du  déluge  était  i 
Total.   . 

^é  de  600     V 

.   .  1656  ans. 

Ce  nombre,  indiqué  parMoise,  est  aussi  la  règle  de  l'hislo- 
jriea  Josèpbe  (lib.  I,  Antiq.y  cap.  3),  pour  fixer  la  durée  de 
rinlervalle  ou  de  la  première  période  de  Thistoire,  si  l'on  ^uit 
te  texte  hébreu  vulgaire,  ancien ,  et  laVulgate;  cependant  Je 
grec  des  Septante  donne  606  ans  de  plus  et  porte  Tintervalle 
k  2M1  ans;  le  texte  samaritain ,  au  contraire,  a  349  an&de 
moins  que  Thébreu,  ce  qui  réduit  Tintervalle  à  1307  ans  (1), 


(i)  Le  Pentateuque^  et  par  conséquent  la  Genèse,  d'o$  ces  çhiffref 
lOBt  i^j^S)«^e^t;))ar|^DQr:j^.S4|u'à  no.us  par. trois  sp.urçes  différentes  : 

1°  Les  Hébreux;  c'est  d'eux  que  l'Église  chrétienne  a  reçu  le  texte 
aujourd'hui  partout  en  u^age; 

^'»  Les  Samaritains*,  ils  descendent  du  mélange  des  dix  tribus  avec 
les  colonies  établies  sur  leur  territoire  par  Ézar-Haddon,  au  retour  de 
la  captivité;  leurs  ancêtres.,  sous  Néhémie ,  demandèrent  en  vain 
d'avoir  part  à  la  nationalité  d'Israël; 

3"  Enfin,  les  Septante,  ou  70  interprètes  juifs  d'Alexandrie,  qui, 

19 


290  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

481.  —  Le  chapitre  YI  de  la  Genèse  nous  signale  la  cor- 
ruption des  hommes,  déjà  bien  multipliés  sur  la  terre;  et,  par 
son  verset  4,  il  nous  explique  que  ces  hommes  étaient  des 
géants,  dont  la  race  était  tellement  corrompue,  que  Dieu  s'était 
repenti  (v.  6)  d'avoir  fait  naître  Thomme,  et  qu'il  avait  ré- 
solu de  l'exterminer  (v.  7).  Seulement,  Noé  ayant  trouvé  grâce 
auprès  du  Seigneur,  parce  que  c'était  un  homme  juste,  Dieu 
lui  permit  de  fabriquer  une  arche  pour  se  sauver  avec  sa 
femme,  ses  trois  enfants  et  leurs  trois  femmes  (v.  14),  et  deux 
animaux  de  chaque  espèce. 

482.  -^  L'arche  de  Noé  était  grande  de  300  coudées  de  lon- 
gueur, 50  coudées  de  largeur  et  30  coudées  de  hauteur  (ch.  VI, 
V.  15  (1). 

Noé,  ayant  l'âge  de  600  ans,  entra  donc  dans  l'arche  avec 
sa  famille,  composée  de  huit  personnes  (chap.VII,  v.7),  et, 
protégé  par  cet  énorme  vaisseau ,  il  surnageait  au-dessus  des 
eaux,  pendant  que  le  cataclysme  ou  la  catastrophe  du  déluge 
universel  engloutissait  tout  dans  la  terre,  en  donnant  la  naort 
aux  êtres  vivants. 

483.  -—  Voilà  ce  que  Moïse  nous  a  laissé  de  plus  précis  tou- 
chant cette  mémorable  période,  depuis  Adam  jusqu'au  déluge 
universel. 

Moïse  a  été  d'abord  historien,  puis  capitaine,  enfin  légis- 
lateur; il  vivait  2513  ans  après  Adam  (2).  Nous  ajouterons 

environ  300  ans  avant  J.-C,  traduisirenl  Vancien  Testament  en  grec 
pour  les  Ptolémées  d'Egypte. 

(1)  En  mesures  d'aujourd'hui^  l'arche  de  Noé  représente  150  mètres 
de  long,  25  mètres  de  large  et  15  mètres  de  haut. 

Le  navire  Léviathan,  construit  eette  année  à  Londres,  mesure  200 
mètres  de  long  ,  25  mètres  de  large  et  18  mètres  de  profondeur,  mais 
comme  il  a  une  double  paroi,  il  ne  porte  en  capacité  que  1,000  ton- 
neaux de  plus  que  l'arche  de  Noé. 

(2)  Abrégé  historique  des  72  livres  de  la  Bible,  par  B.  de  BoTtiÈRE. 
Paris,  1829. 


que  Moïse  était  l'homkne  le  plus  savant  de  son  temps,  et  qu'il 
a  dû  connaitre  personnellement  les  tils  ou  au  moins  les  petits- 
iils  de  Sem,  Cbam  et  Japhet,  fils  eux-mêmes  de  Noé«  et  avoir 
reçu  d'eux  des  renseignements  bien  plus  détaillés  que  ceux 
qu'il  nous  atransmis  par  la  Genèse. 

M(Hse  a  écrit  la  Genèse  (1)  dans  le  style  métaphorique  de 
€on  temps  ;  mais  ses  œuvres  chronologiques  et  historiques 
devaient  renfermer  de  plus  amples  informations;  malheu^ 
reusement,  ces  précieux  documents  ne  sont  pas  arrivés  Jus- 
qu'à nos  jours. 

Lliistorien  Josèphe,  déjà  cité ,  a  sanctionné  les  récits  de 
Moise,  sans  ajouter  de  grandes  explications. 

Le  père  Calmet  a  donné  des  interprétations  plus  amples 
dans  son  histoire  de  TÂncien  Testament,  et  surtout  dans  ses 
dissertations  sur  la  Bible  et  son  commentaire  sur  la  Genèse. 

484.  —  Ce  que  nous  trouvons  de  positif  dans  ces  six  cha- 
pitres de  la  Genèse,  c'est  : 

1  •^  Que  les  hommes  étaient  très-grands  ;  c'étaient  des  géants  ; 
2*  Que  la  durée  de  leur  vie  était  de  six  à  neuf  siècles; 
3"*  Que  leur  puberté  se  développait  tard,  puisqu'ils  commen** 
çaient  à  engendrer  après  l'âge  de  60  ans. 

Ces  circonstances  coïncident  parfaitement  entre  elles,  l'âge 
génératif  se  trouvant  en  rapport  avec  la  longueur  de  la  vie, 
et  celle-ci  avec  les  dimensions  de  la  taille,  de  même  que  Tâge 
génératif  actuel  est  en  rapport  avec  la  longévité  actuelle  et 
avec  la  taille  que  rhomme  a  de  nos  jours.  Cette  loi  s'observe, 
au  surplus,  dans  tout  le  règne  animal.  Ainsi  l'éléphant,  qui 
est  de  nos  jours  l'être  le  plus  grand  et  qui  vit  1 50  à  200  ans, 
arrive  à  son  âge  génératif  bien  plus  tard  que  le  cheval ,  qui 
ne  vit  que  20  à  30  ans. 

(4)  Astruc  et  d*autres  savants  ont  démontré  que  Moïse  a  composé 
la  Genèse  de  fragments  d'histoire  épars  en  Orient. 


192  SIXIÈME   ÉPOQUE* 

^85.  —  La  Genèse  ne  dit  pas  de  quelle  couleur  était  la  face 
d'Adam  et  d'Eve;  étaient-ils  blancs,  noirs  ou  rouges  ?  ni  quelle 
langue  ils  parlaient,  ni  quelle  était  la  femme  que  Caïn  a  épou- 
sée; elle  ne  nomme  pas  davantage  celle  de  son  frère  Seth  et 
ne  donne  pas  le  chiffre  des  populations  de  chaque  tribu  ;  elle 
ne  dit  pas  non  plus  quelles  étaient  les  mœurs  intimes,  les 
occupations,  ni  quels  furent  les  progrès  en  bien  et  en  mal  de 
ce  peuple  choisi  des  temps  primitifs. 

486.  —  En  Tabsence  de  ces  renseignements  qu'on  ne  trouve 
pas  dans  la  Bible,  nous  allons  chercher  des  éclaircissements 
dans  les  historiens  profanes;  nous  aurons  ensuite  des  témoi- 
gnages plus  authentiques  dans  certaines  découvertes  récentes 
que  nous  signalerons  a  leur  suite* 

Nous  n'en  devons  pas  moins  être  reconnaissants  envers  la 
Bible  pour  nous  avoir  fourni  une  chaîne  de  succession  dont 
les  anneaux  se  tiennent  sans  interruption  depuis  Adam  jusqu'à 
NoÉ.  Peu  importe  que  les  historiens  aient  voulu  admettre  que 
la  durée  de  cette  période  a  été  précisément  des  1656  ans  qui 
sont  indiqués  par  le  temps  génératif  de  Tainé  de  chaque  pa- 
triarche, au  lieu  de  prendre  les  âges  successifs  de  ces  mêmes 
patriarches,  dont  l'addition  monterait  à  8575  ans.  Certes,  ce 
dernier  chiffre  serait  plus  en  rapport  avec  la  vérité,  car  en  85 
siècles  on  pourrait  concevoir  Taccroissement  d'une  population 
aussi  nombreuse  qu'on  veut  nous  le  faire  supposer. 

Mais  en  16  siècles,  et  avec  des  conditions  génératives  aussi 
retardées  ou  aussi  lentes,  le  résultat  de  là  population  devrait 
être  bien  minime  et  nullement  en  rapport  avec  ces  extrava- 
gances d'immoralité  et  de  perfidie  qui  ne  peuvent  être  attri- 
buées qu'à  des  populations  pressées,  agglomérées,  depuis  long- 
temps corrompues,  et  dont  les  excès  et  les  vices  leur  ont  fait 
encourir  le  courroux  du  Seigneur. 

En  conséquence,  nous  respectons  la  Bible  en  ce  qui  con- 
cerne la  partie  historique  et  religieuse;  mais  quant  à  la  chror 


LÀ     CRÉATION    d'aDÀM.  293 

noiogie  et  aux  lacunes  de  la  partie  historique  profane,  nous 
ne  pensons  pas  qu'elle  ail  jamais  eu  rintenlion  d'interdire  les 
recherches  et  les  classements  qui  s  y  rapportent. 

487.  —  I/Êcriture  parle  des  géants  qui  vivaient  très-nom- 
breux avant  le  déluge  :  elle  les  nomme  des  hommes  violents, 
cruelsy  qui  ne  suivent  pour  règle  que  la  violence  et  la  force 
de  leurs  armes  (1). 

L^Écriture  les  nomme  aussi  quelquefois  Raphaïms:  Cbo- 
dorlahomor  et  ses  alliés  battirent  les  Raphaïms  ou  les  géants, 
à  Astaroth-Carnaïm. 

Les  Ënacims  (2)  étaient  les  plus  fameux  géants  de  la 
Palestine  ;  ils  demeuraient  à  Hébron  et  aux  environs.  Leur 
taille  était  si  fort  au-dessus  de  l'ordinaire,  que  les  Israélites 
n'étaient  que  comme  des  sauterelles  auprès  d'eux. 

Moïse  parle  du  lit  d'Og,  roi  de  Basan,  qui  avait  9  cou- 
dées de  long,  sur  4  de  large,  c'est-à-dire  5  mètres  passés 
dé  long  (3), 

Goliath  avait  6  coudées  et  une  palme  de  haut  ;  ce  qui  re- 
vient à  3  mètres  et  plus. 

Toutes  ces  autorités  ne  nous  permettent  pas  de  douter  qu'il 
n'y  ait  eu  autrefois  des  hommes  d'une  nature  fort  au-dessus 
de  la  grandeur  des  hommes  ordinaires,  et  aussi  fameux  par  la 
hauteur  de  leur  taille  que  par  leurs  crimes  et  leurs  violences 
(Sag.,  14, 16;Eccles.,  16,  8). 

Yoici  maintenant  ce  que  nous  disent  les  historiens  profanes. 

US.  —  Bérose,  le  plus  estimé  des  écrivains  chaldéens,  s'ex- 
prime ainsi  :  «  Un  grand  nombre  de  siècles  se  sont  écoulés 
«  avant  ce  fameux  ravage  des  eaux  (le  déluge  univergel),  par 

(1)  Voir  la  note  S,  à  la  fin  du  volume. 

(2)  Celaient  donc  les  descendants  d'Enoch. 

(3)  Dictionnaire  historique^  théologique ^  géographique^  critique  et 
moral  de  la  Bible ,  pour  servir  d'instruction  à  la  science  de  l'Écriture 
sainte.  Paris*  4760. 


294  SIXIÈME   ÉPOQUfi. 

«  lequel  toul  Tunivers  périt.  Nos  Chatdéens  en  ont  eonseryé 
«  rhistoire  fidèle. 

c<  Ils  écrivent  qu'en  ce  temps-là,  vers  le  mont  Liban,  » 
«  existé  £nos,  la  plus  grande  ville  des  géants»  dont  la  domi- 
c<  nation  s'étendait  sur  le  monde  entier,  depuis  le  lever  jusqu'au 
c(  coucher  du  soleil. 

«  S'appuyant  sur  la  grandeur  et  la  force  de  leur  corps,  ces 
((  géants  se  servirent  des  armes  qu'ils  avaient  inventées,  pour 
«  opprimer  tous  les  hommes;  et,  livrés  à  leurs  passions,  ils 
«  inventèrent  des  tentes,  les  instruments  de  musique,  et  toute 
a  espèce  de  jouissances  de  luxe,  ils  mangeaient  des  hommes, 
«  faisaient  avorter  les  femmes,  et  les  préparaient  pour  les 
«  manger  ;  ils  s'unissaient  à  leurs  mères,  à  leurs  filles»  à  leurs 
<x  sœursy  à  des  garçons,  et  à  des  animaux  :  méprisant  la  re- 
c<  ligion  et  les  dieux,  ils  c(Hnmettaient  tous  les  crimes. 

c(  En  ce  temps-là  beaucoup  d'hommes  prêchaient  et  pro-^ 
«  phétisaient  ;  ils  gravaient  sur  des  pierres  la  future  destrue-^ 
«  tion  de  l'univers;  mais  les  géants  conservaient  leurs  habi- 
«  tudes,  se  moquant  de  toutes  ces  prédictions.  La  colère  et  la 
«  vengeance  des  dieux  les  y  poussaient  à  cause  de  leur  impiété 
«  et  de  leur  crime. 

«  Un  seul  di'entre  les  géants  avait  plus  de  respect  pour  les 
«  dienx  et  de  prudeaee  que  tous  les  autres,  même  les  p]u& 
«  honnêtes.' 

i(  Il  habitait  la  Syrie,  et  son  nom  était  Noa  ;  il  avait  trois 
«  fils,  Sam,  Chem,  Japet;  et  leurs  quatre  femmes  étaient 
«<  Titée  la  grande.  Pandore,  Noela  et  Noègla.  Celui-ci,  re- 
«  doutant  la  ruine  que  les  astres  annonçaient^  commença, 
«  dès  l'an  78  avant  l'inondation,  à  construire  un  navire 
«  couvert  comme  un  coffre.  La  70'  année,  depuis  que  ce 
«  navire  avait  été  commencé,  l'Océan  franchit  ses  limites  au 
i(  moment  où  l'on  s'y  attendait  le  moins  (1);  les  fleuves  et  les 

(t)  Nous  prenons  noie  de  celte  dcclaration  :  rOcéd»  franchit  ses 


LÀ     CRÉATION     DADAM.  295 

«  f(mtaiDes,  bouillonnant  jusqu'à  leur  plus  grande  profondeur, 
a  eouvrirent  de  leurs  eaux  toutes  les  montagnes;  et  au  même 
«  in&tant  tombèrent  du  cieU  pendant  nn  grand  nombre  de 
a  jours»  avec  une  extrême  impétuosité,  qui  était  même  suma- 
«  turelle,  des  pluies  très-abondantes. 

(X  Ce  fut  ainsi  que  le  genre  humain  fut  sufTocfué  par  les 
«  eaux,  excepté  Noa  et  sa  famille,  que  le  navire  en  sauva. 

«c  Ce  navire,  élevé  par  les  eaux,  s'arrêta  an  sommet  du 
«  mont  Gardiens;  où  Fon  dil  qu'il  en  reste  encore  quelque 
«  partie,  a  laquelle  les  hommes  vont  prendre  du  bitume 
c<  dont  ils  se  servent  principalement  pour  les  expiations.  » 

489.  —  Les  colonnes  élevées  par  les  astrologues  descendants 
de  Seth  sont  placées,  par  Flavius  Josèphe,  dans  la  terre  Séria- 
dique.  Or,  le  nom  de  Sères  était  justement  celui  qu'on  don- 
nait aux  Chinois  du  temps  de  Josèphe;  donc  Thistoire  chinoise 
antédiluvienne  avait  été  connue  des  Juifs,  et  leurs  relations 
avec  la  Chine  étaient  extrêmement  anciennes. 

I/après  ce  fait ,  bien  que  la  Chine  fût  très-éloignée  de  la 
Syrie,  où  habitaient  nos  patriarches,  la  route  devait  être  as- 
sez facile,  et  cette  longue  distance  était  certainement  parsemée 
de  populations,  autrement  le  commerce  des  Juifs  ne  se  serait 
pas  alimenté  jusqu'à  la  Chine.  Les  Juifs  ne  se  seraient  pas  en- 
gagés dans  des  voyages  si  prolongés  sans  y  trouver  de  grands 
profits. 

490.  —  L'an  2297  avant  Tère  chrétienne,  la  61^^ 
du  règne  de  Yao  ,  il  y  eut  une  grande  inondation  en 
Chine,  si  grande  et  si  générale  dans  tout  l'empire,  que  les 
eaux  du  Hoang-Ho  se  mêlèrent  avec  celles  du  Ho-ai-Ilo  et  du 
Kiang. 

Le  roi  Yao  assembla  tous  les  grands  de  sa  cour  et  adressa 

•  limites  au  moment  où  i'on  s'y  attendait  le  moins.  Cet  auteur  ancien 
ra{>portait  bi«n  exactement  ce  passage  qui  explique  le  commencement 
physique  de  l'inondation.  Nous  verrons  plus  taixl  h.  yérilé  d'un  tel  fait. 


296  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

la  parole  à  Ssè-Yo,  rofftcier  supérieur  qui  avait  Tinspection 
sur  tous  les  gouvernements  des  provinces  (1)  ;  d'après  les  or- 
dres du  roi,  Ssé-Yo  présenta  à  Sa  Majesté  le  plus  célèbre  in- 
génieur de  la  Chine,  Pé-Koen  ,  lequel,  par  des  travaux  gigan- 
tesques et  qui  durèrent  9  ans,  forma  de  grands  et  nouveaux 
lits  aux  principales  rivières.  Le  peuple  avait  souffert  naturel- 
lement des  pertes  considérables,  mais,  grâce  aux  soins  de 
leur  chef,  ce  malheur  n*est  plus  arrivé;  et  même  \ës  provin- 
ces de  San-Ouè  et  de  San-Miao,  lieux  d'exil  pour  les  crimi- 
nels ,  au  nord  de  la  montagne  Nan-Chou-Chan ,  où  est  la  source 
de  la  rivière  Ouei-Choui,  furent  l'objet  de  soins  et  de  dépen- 
ses pour  garantir  à  jamais  contre  le  retour  d'un  pareil  désastre. 
Ces  dépenses  furent  en  peu  de  temps  payées  par  des  tributs 
proportionnels,  répartis  en  9  classes,  et  dont  rétablissement 
annonce  une  intelligence  financière  admirable  (2). 

Ce  renseignement  historique,  obtenu  en  Chine  même,  dans 
les  livres  anciens  du  pays ,  nous  prouve  qu'à  cette  époque  re- 
culée, la  Chine  était  très-peuplée  et  avait  déjà  un  système  de 
lois  organisées  et  une  instruction  supérieure  dans  les  arts  et 
les  sciences;  quant  à  l'inondation  susdite,  quelques  auteurs 
prétendent  qu'elle  est  arrivée  à  la  même  époque  que  le  déluge 
de  Noé;  par  conséquent,  c'est  le  même  événement. 

Voyons  maintenant  ce  que  disent  les  monuments,  qui  sont 
une  preuve  plus  certaine  encore. 

491*  —  Le  temple,  ou  la  pagode  de  Jagrenat,  dans  l'Inde, 
est  un  édifice  qui  porte  360  cadjes  ou  toises  indiennes  de  lon- 
gueur, sur  une  largeur  de  240  cadjes.  Il  est  tracé  dans  un  pa- 
rallélogramme régulier  que  forme  son  enceinte  extérieure. 
Cette  enceinte  est  fondée  sur  un  immense  bloc  de  granit  que 

(1)  Histoire  générale  de  la  Chine  ^  traduite  du  Tong-Kien-Kang- 
Mou^  par  le  père  de  Mailla.  Paris,  4777,  t.  I,  p.  54. 

(2)  Oq  peut  lire  la  traduction  dans  VEssai  des  plus  anciens  monu- 
ments de  géographie j  de  Fortia  dTrban,  no36i. 


LA     CRÉATlOîT    d'aDAM.  297 

Ton  a  nivelé  et  coupé  en  plaie-forme,  dé  manière  que  le  vif  du 
rocher  sert  de  soubassement  à  tout  le  pourtour  de  cet  énorme 
édifice  (t).  Celte  immense  enceinte  est  taillée  dans  le  roc  mê- 
me, elle  est  abaissée  maintenant  à  9  pieds  français;  on  a 
élevé  le  mur  de  clôture,  qui  a  15  pieds  de  haut,  ce]qui  donne 
un  relief  de  24  pieds  à  la  galerie.  La  largeur  totale  est  de  38 
pieds;  sur  cette  largeur  est  prise  une  double  galerie  de  14 
pieds,  régnant  en  péristyle  sur  le  développement  des  quatre 
côtés  du  parallélograme ,  et  qui  est  soutenue  par  un  double 
rang  de  pilastres  couronné  par  un  entablement  et  son  chapi- 
teau, d'un  style  simple  et  élégant,  mais  d'un  ordre  qui  n'ap- 
partient à  aucun  de  ceux  en  usage. 

Ce  temple  surprend  l'imagination;  on  y  remarque  la  pro- 
digieuse élévation  de  la  pyramide  couronnant  la  principale 
entrée,  la  hauteur  gigantesque  du  monument,  de  304  pieds 
du  rez-de-chaussée  à  sa  cape,  sur  laquelle  sont  posés  des  or- 
nements en  cuivre  doré,  qui  couronnent  cette  majestueuse  py- 
ramide; ses  faces  sont  surchargées  de  sculptures  à  tel  point 
qu'elles  se  confondent  et  troublent  les  yeux. 

Ce  monument  antique ,  dont  les  inscriptions  sont  illisibles , 
ayant  été  effacées  par  les  siècles,  est  plus  étonnant  que  ceux 
de  l'Egypte;  il  remonte  à  l'époque  antédiluvienne,  et  com- 
mande l'admiration  de  l'homme  pour  la  grandeur  et  la  majesté 
de  la  Providence,  au  culte  de  laquelle  il  était  destiné. 

492.  —  La  pagode  ou  le  temple  de  Chalambrom  est  le  se- 
cond monument  de  Tlndoustan  ;  les  Tamouls  prononcent 
chédambaram.  Celui-ci,  quoique  très-ancien,  est  postérieur 
de  plusieurs  siècles  au  temple  de  Jagrenat.  La  tradition 
ne  lui  donne  qu'une  antiquité  de  5,000  années,  tandis  que 
l'histoire  des  Indous  rapporte  l'érection  de  la  pagode  de  Ja- 

(1)  M.  Legoux  de  Flaix,  dans  Tatlas  joint  à  son  ouvrage,  donne  le 
plan  géomélral  du  temple  de  Jagrenat.  {Essai  »ur  l^Indoustan,  par 
Legoux  de  Flaix.  Paris,  1807. 


298  SIXIÈME  ÉPOQUE. 

grenat  à  uae  date  de  1 1  ^600  ans  ;  oo  voit  eo  eOet  encore 
une  inscription  placée  sur  la  principale  porte,  et  qui  relate  le 
nom  du  monarque  sous  le  règne  duquel  cet  édifice  séculaire 
a  été  acbevé.  M.  Legonx  de  Flaix,  qui  en  a  fait  -le  dessin  sur 
les  lieux,  en  atteste  Tantiquité,  de  manière  à  convaincre 
même  les  plus  incrédules. 

Le  temple  de  Jagrenat  est  consacré  à  Roudre,  c'est-à-dire 
au  suprême  ordonnateur,  qui  signiQe ,  an  figuré,  tout  ce 
qui  est  ;  et  celui  de  Chalambrom  est  dédié  à  Brouma,  l'un  de 
ses  attributs,,  la  puissance  exécutrice. 

Ce  temple  est  renfermé  dans  un  carré  long  de  390  toises 
(780  mètres)  de  développement,  dont  le  pourtour  intérieur 
forme  une  vaste  galerie  divisée,  dans  tout  son  périmètre,  en 
appartements  occupés  par  autant  de  familles  de  brames,  qui 
desservent  ce  temple,  et  qui  font  le  service  du  culte. 

493.  —  Nous  pourrions  citer  des  centaines  de  monuments, 
les  uns  plus  anciejds  que  les  autres,  et  prouver  ainsi  l'âge  de 
ces  deux  premiers  ;  mais  ces  citations  seraient  superflues,  car 
les  réflexions  du  simple  bon  sens  nous  fournissent  une  preave 
plus  forte  que  tous  les  autres  monuments  qui  pourraieiii.  toe 
mis  sous  nos  yeux. 

£n  effet,  ces  magnifiques  monuments^  de  5  ou  11 ,000  aiKs, 
qui  se  présentent  k  uous  avec  une  richesse  et  une  grandeur 
colossales,  ne  peuvent  avoir  été  construits  qu^après  bien  des 
siècles  d'essais,  d'études»  et  par  gradation  successive.  La  per- 
fection des  arts  et  des  sciences  ne  s'improvise  pas  par  enchan- 
tement ;  elle  ne  vient  pas  comme  une  inspiration  à  des  sau- 
vages ou  à  des  hommes  qui  n'^auraient  pas  vu  et  observé  des 
constructions  auparavant;  donc  avant  ces  monuments,  il  y  eo 
avait  eu  d'autres  bien  inférieurs,  et  si,  en  suivant  la  chaîne 
qui  conduit  au  perfectionnement,  nous  retournons  sur  nos 
pas,  il  est  évident  que  nous  trouvons  qu'une  longue  suite  de 
siècles  se  sont  passés  depuis  la  construction  de  la  première 


LA    CRKlTlOIf     DABAM.  299 

botte  de  rhomme  primitif,  jusqu'à  celle  de  Tëdifice  somptueux 
du  temple  de  Jagrenat,  ou  de  tout  autre,  et  nous  devrons  ré- 
trograder si  loin,  que  nous  serons  nécessairement  ramenés  à 
la  cinquième  journée  de  la  création,  comme  nous  Tavons  in- 
diqué. 

i9L  —  Toutefois,  nous  avons  des  preuves  plus  matérielles 
encore  pour  confirmer  Texistence  des  monuments  de  l'époque 
antédiluvienne;  et  ce  qui  surprendra  le  plus,  c'est  que  nous 
avons  découvert  ces  preuves  eu  Amérique,  contrée  que  notre 
eiviKsation  n'a  connoe  qu'au  quinzième  siècle  de  notre  ère. 

Oui,  en  plusieurs  endroits  de  rAmérique,  nous  avons  trouvé 
des  vestiges  de  monuments  fort  anciens;  c'est  surtout  au 
Mexique,  au  Pérou  et  dans  les  provinces  de  la  Nouvelle-Gre- 
nade que  ces  découvertes  ont  été  faites. 

495.  —  Dans  la  Nouvelle-Grenade,  qui  est  presque  sous  Té- 
quateur,  se  trouve  une  grotte  ou  caverne  dont  l'entrée  est  au 
niveau  du  sol,  et  dont  la  voûte  est  en  partie  naturelle  dans  la 
montagne  et  en  partie  travaillée  au  ciseau  par  la  main  de 
rhomme.  A  l'entrée,  et  comme  si  c'était  un  gardien,  il  y  a  un 
tigre  colossal  en  pierre  très-bien  conservé.  La  sculpture  de  ce 
monument  est  du  même  dessin  que  les  monuments  que  nous 
voyons  dans  l'Indoustan. 

L'entrée  de  la  grotte  avec  le  tigre  se  trouve  en  ce  moment 
dans  un  passage  assez  étroit,  entre  deux  montagnes.  C'est  en 
raison  d'une  pareille  position  que  ce  monument  a  été  préservé 
de  la  destruction  du  temps.  A  son  origine,  il  devait  y  avoir 
une  plaine  et  même  une  ville  devant  la  grotte,  car  il  aurait 
été  impossible  de  transporter  un  bloc  de  pierre  aussi  colossal 
à  travers  des  montagnes  ;  et  quand  même  cela  eût  été  possible, 
à  quoi  bon  le  faire?  pour  orner  un  désert  impraticable,  tel 
quil  est  aujourd'hui  ? 

Nous  verrons  bientôt  comment,  dans  des  lieux  où  il  y  avait 
de  vastes  plaines  et  des  villes  bien  peuplées,  se  trouvent  au- 


300  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

jourd'hui,  en  Amérique,  des  montagnes  escarpées,  rappro- 
chées l'une  de  l'autre  et  hérissées  de  précipices* 

496.  —  A  peu  de  distance  de  cette  grotte ,  dans  la  même 
province,  dans  le  cercle  de  la  ville  de  Neyva,  Tex-présidenl 
de  la  Nouvelle-Grenade ,  M.  le  général  José  Hilario  Lopez,  a 
fait  pratiquer  des  excavations  dans  ses  vastes  propriétés,  et  a 
tiré  de  la  terre,  d'une  profondeur  de  2  à  5  mètres,  des 
statues  colossales  de  la  plus  grande  beauté  (t),  représentant 
des  chevaux ,  des  singes,  des  crapauds,  des  figures  d'hommes 
et  de  femmes*;  on  remarque  avec  étonnement  que  toutes  ont  le 
regard  tourné  vers  Torient. 

A  peu  de  distance  des  excavations  ci-dessus,  on  a  trouvé 
une  table  colossale,  en  pierre,  que  cinquante  hommes  pour- 
raient à  peine  mouvoir;  celte  table,  fort  bien  polie,  est  pla- 
cée sur  quatre  pieds  en  pierre  en  forme  de  pattes ,  prenant  leur 
souche  dans  un  seul  pilastre  central ,  à  peu  près  comme  les  ta- 
bles modernes  de  nos  plus  habiles  ébénistes. 

Ces  monuments,  sur  quelques-uns  desquels  il  y  a  encore  quel- 
ques vestiges  d'inscriptions,  sont  absolument  du  même  travail 
que  ceux  des  Indous  et  des  Égyptiens  ;  en  outre,  ils  sont  d'une 
seule  pierre  ;  or,  on  sait  que  les  Égyptiens  ne  faisaient  aussi 
que  d'un  seul  bloc  leurs  statues,  colosses,  tombeaux,  obélis- 
ques. 

497.  —  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  significatif  encore,  ce  sont 
les  restes  des  hommes  de  la  classe  des  géants  qui  se  sont  con- 
servés aussi  en  Amérique. 

Nous  avons  vu  nous-même,  en  Amérique,  quelques  grou-^ 

(1)  M.  le  général  José  Hilario  Lopez  ^  avec  un  louable  amour  des  dé- 
couvertes pour  la  science,  continue  toujours  ses  excavations;  il  nous 
a  promis  de  nous  envoyer  les  dimensions  et  les  dessins  des  monu- 
ments qu'il  a  découverts  et  qu'il  découvrira,  avec  tous  les  détails;  et 
aussitôt  que  nous  les  aurons  reçus,  nous  nous  empresserons  de  les 
soumettre  à  la  curiosité  du  public. 


LA     CRÉATION    d'aDAM.  301 

pes  de  sauvages,  les  hommes  ayant  7  pieds  et  les  femmes  6  et 
€  1 12  ;  mais  nous  n'aurions  pas  osé  en  parler  dans  cet  ouvrage, 
de  crainte  que  notre  simple  témoignage  ne  parût  pas  avoir 
assez  d'autorité. 

D'autres  voyag^irs  en  ayant  déjà  parlé,  et  en  particulier  le 
Commodore  Byron ,  dont  le  rapport  a  été  inséré  dans  un  jour- 
nal de  Paris  (1),  ce  témoignage  justifie  notre  attestation  et 
nous  permet  d'ajouter  qu  à  \û  vue  de  ces  débris  incontestables 
d'un  autre  âge,  nous  avons  été  fondé  à  conclure  que  ces 
hommes,  presque  géants,  sont  encore  de  la  race  directe  des 
hommes  dont  nous  avons  vu  la  souche  à  la  cinquième  jour- 
née. 

498.  —  L'aurore  de  ce  sixième  jour  est  tellement  resserrée 
et  restreinte  dans  la  Bible,  qu'il  nous  semble  convenable  de 
borner  aussi  nos  recherches  ;  nous  les  reprendrons  dans  la 
suite  de  la  journée.  En  attendant,  revenons  à  Adam,  à  qui  cette 
aurore  brillante  est  destinée,  et  voyons  ce  qu'ont  dit  de  lui  les 
histoires  et  les  écritures  des  nations. 

LeTalmud  raconte  qu'Adam  fut  créé  si  grand,  que  sa  tète 
touchait  au  firmament.  Les  anges  à  sa  vue  en  murmurèrent  ; 
ils  représentèrent  à  l'Éternel  qu'il  y  aurait  deux  êtres  suprê-. 
mes,  un  au  ciel  et  un  autre  sur  la  terre.  Dieu  vit  alors  sa  faute 
et  la  répara:  il  appuya  sa  main  sur  la  tête  d'Adam  et  réduisit 
lé  colosse  à  une  taille  de  1500  pieds. 

Le  Talmud  est  une  Apocalypse  composée  par  les  rabbins  ; 
ils  se  sont  servis,  comme  Moïse,  de  l'allégorie  et  de  la  méta- 
phore, en  se  réservant  l'explication,  qui  est  leur  secret. 

Cependant  nous  pouvons  aussi  donner  une  explication  du 
récit  précédent. 

D'abord  le  mot  Adam  signifie  en  hébreu  le  peuple,  ou  les 
hommes  au  pluriel  ;  et  ce  nouvel  Adam ,  qui  se  présente  au 

(1)  La  Pairie  du  7  mars  1858.  Voir  la  note  T,  à  la  fin  du  volume. 


302  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

mande  plus  beau  de  formes  et  de  visage  que  tous  les  hommes 
qui  l'ont  précédé,  est  placé  oaturellement  au  sommet  de  l'é- 
chelle du  gei:ire  humain . 

499.  —  L'allégorie  signifie  : 

Que  si  tous  les  tK)mmes  préadaiDites  avaient  été  posés  debout 
l'un  sur  la  tête  de  l'autre,  Adam,  nronté  sur  la  tête  du  dernier, 
aurait  touché  le  firmament.  Dieu  ayant  appuyé  sa  main  sur 
la  tête  d'Adam,  tout  ce  qui  était  sous  ses  pieds  disparut,  c'est- 
à-dire  que  tous  les  êtres  mortels  sont  entrés  dans  letoml)eau, 
et  que  lui  Adam  s'est  trouvé  rapetissé  dans  sa  stature,  en  de- 
meurant toutefois  d'une  taille  encore  assez  grande  pour  dcK 
miner,  par  son  nouveau  nom  d'homme  et  par  sa  physionomie 
nouvelle,  sur  tous  les  êtres  du  règne  animal,  dont  il  devenait 
le  roi. 

500.  —  Avant  de  terminer  les  chapitres  cooeernant  l'inter- 
valle du  sixième  jour,  il  est  à  propos  de  jeter  un  coup  d'œil 
sur  les  différentes  chronologies  que  les  nations  les  plus  im- 
portantes de  l'antiquité  avaient  appliquées  à  la  création  du 
monde. 

Les  documents  d'après  lesquels  les  prêtres  ou  les  sages  ont 
établi  ces  époques  ne  sont  pas  arrivés  jusqu'à  nous  ;  mais 
sans  doute  ils  ont  fondé  leurs  calculs  sur  des  faits  qui  leur  ont 
servi  de  guides. 

Dans  des  matières  aussi  graves,  un  calcul  de  chiffres  doit 
partir  d'une  base  positive  ;  ainsi,  chaque  nation  doit  avoir  eu 
son  système  pour  appuyer  les  preuves  ou  les  faits  qui  per- 
mettaient de  fixer  un  point  de  départ.  Puisque  nous  n'avons 
pas  le  moyen  de  découvrir  leur  base  fondamentale,  qui  serait 
cependant  très-curieuse  à  connaître,  contentons-nous  de 
noter  le  résultat  de  leur  calcul,  en  rapportant  leurs  dkiffres 
dans  l'article  qui  va  suivre. 


LA    CRÉATION     D'aDAM. 


363 


SOI. 


CHRONOLOGIE  DU  MONDE. 


TRADItlOlV  DES  PEUPLES  ANCISIfS  JUSQITA  L'EVE  DES  HÉBEECX. 


Règne  de  Bramah ,  selon  les  livres  des  brahmites,  extraits 
par  la  société  anglaise  du  Bengale 

Règne  de  Tensio-Dai-Tsin  :  ce  fut,  selon  la  croyance  des 
Japonais ,  à  la  voix  de  ce  premier  dairi,  que  le  monde 
sortit  du  chaos 

Commencement  de  Ki,  ou  périodes  des  Chinois;  naissance 
de  Poan-Kou ,  qui  fut  le  premier  homme,  selon  leurs 
annales 

Ère  des  Chaldéens ,  suivant  Épigëne 

Ëre  des  Ghaldéens  ou  Babyloniens,  suivant  Bérose;  nais- 
sance d*Aloras ,  qui  lût  le  premier  homme,  selon  ces 
peuples 

Ère  des  anciens  Perses  ou  Mages 

Ère  des  Phéniciens,  selon  Sanchoniaton 

Création  d'Adam,  Jusqu'à  Jésus -Christ,  selon  les  tables 
d'Alphonse,  roi  d'Espagne. 


ARRteS. 


8,983,298 


2,362,394 


2,276,479 
720,000 


480,334 

100,009 

30,000 

6,984 


S02-  —  De  cette  grande  et  mémorable  période  d'Adam  qui 
devait  se  terminer  par  la  destruction  de  ses  descendants,  et 
n'épai^gner  qu'une  seule  famille^  il  ressort  pour  nous  la  preuve 
que,  dans  les  grandes  catastrophes  du  globe,  il  y  a  toujours 
eu  quelques  existences  de  sauvées,  et  si  Thomme,  avec  sa  frêle 
complexion,  a  pu  reparaître  sain  et  sauf  après  le  déluge,  il  y 
a  toute  raison  de  croire  que  les  édifices  solides,  les  monu- 
ments les  plus  importants,  auront^  avec  d'autant  plus  de  pro- 
babilité, résisté  aux  assauts  du  cataclysme,  et  qu'ils  pourrcmt 
en  grande  partie  être  retrouvés  par  les  hommes  d'une  époque 
future,  qui  en  feront  leur  prdit. 

503.  —  Ainsi  finit  l'aurore  du  sixième  jour,  par  un  cata- 


304  SIXIÈME    ÉPOQUE. 

clysme  que  nous  pouvons  autheniiquement,  cette  fois-ci,  ap- 
peler le  cataclysme  du  déluge  universel. 

Pendant  que  Noéet  sa  famille  reposaient  dans  l'arche,  et 
que  les  peuples  disparaissaient  dans  le  bouleversement,  le 
globe  se  réduisait  à  la  forme  et  aux  dimensions  qu'il  a  encore 
aujourd'hui  ;  les  détails  de  ces  changements  seront  expliqués 
dans  la  matinée  du  sixième  jour.  Mais  nous  devons  examiner 
auparavant  l'un  des  plus  graves  résultats  de  ce  cataclysme. 


CHAPITRE  XXIX 

Formatloo  de  l'Amérique* 

Sommaire.  —  Noé  dans  son  arche,  50/i.  —  Sortie  de  l'arche,  505.  —  Ré- 
duction de  la  circonférence  de  la  terre,  506.  —  Cristallisation,  crevasses, 
effets  des  explosions  volcaniques,  507.  —  Action  de  l'équilibre,  508.  — 
Séparation  des  masses,  509.  —  La  grande  crevasse,  510.  —  Fonoa- 
tlom  déflnltl've  de  l'Amérique ,  511.  —  Formation  des  lies,  512. 
—  Explication  des  effets  produits,  513.  —  Combinaisons  physiques  du 
déplacement  des  continents,  514.  —  Double  objection,  515.  —  Action 
de  la  pluie;  ses  conséquences,  516.  —  Preuve  que  l'Amérique  n'a  point 
subi  d'inondation  universelle,  517.  —  Avantage  du  cataclysme  pour 
l'ancien  monde;  formation  de  la  Méditerranée,  518.  —  Les  îles  de  l'Asie 
et  rOcéan  pacifique,  519.  —  Séparation  des  lies  Britanniques  et  de  Fis- 
lande,  520.  —  Représentation  du  globe  avant  et  après  la  séparation, 
521. 

504.  —  Noé,  entré  dans  Tarche,  selon  les  Écritures,  le  25 
novembre  de  Tan  1656  de  la  création  du  monde  ou  d'Adam, 
voit  son  arche  s'arrêter  sur  le  mont  Ararat,  en  Arménie,  le 
dix-septième  jour  du  septième  mois  après  son  entrée. 

L<3  premier  jour  du  dixième  mois,  les  montagnes  commen- 
cent à  présenter  leurs  sommets;  cent  dix  jours  après,  Noé  Kl 
sortir  un  corbeau  qui  ne  revint  pas  (Gen.  YIII,  v.  6,  7);  sept 


FORMATION   DE  L  AMÉRIQUE.  305 

jours  après,  il  fait  sortir  une  colombe,  qui  re?ieiit.  Au  bout  de 
sept  autres  jours,  il  la  fait  encore  sortir;  elle  rentre  sur  le 
soir  portant  un  rameau  d'olivier  d4mt  les  feuilles  étaient  toutes 
t>er^e8(Gren.VIlI,v.  1 1);  il  attendit  néanmoins  encore  sept  jours, 
et  il  envoya  une  troisième  fois  la  colombe,  qui  ne  revint  plus. 
Le  rameau  de  feuilles  vertes  prouve  évidemment  que  toutes 
les  plantes  n'étaient  pas  détruites  et  quil  y  en  avait  même  en 
pleine  vigueur.  La  colombe  qui  n'est  plus  revenue  nous  indi- 
que également  qu'elle  a  trouvé  des  êtres  de  son  espèce,  aux- 
quels elle  s'est  réunie. 

505.  —  Noé  sortit  de  l'arche  Tan  601  de  son  âge,  le  27* 
jour  du  second  mois,  qui  répond  à  décembre.  Ainsi  il  y  est 
demeuré,  d'après  Moïse,  un  an  et  dix  jours,  savoir  : 


17"*  jour  du  premier  mois ,  entrée  dans  l'arche. .  .  * 
17"*  jour  du  7~*  mois,  les  eaux  commencent  à  baisser. 
1*'  jour  du  11*"*  mois,  les  montagnes  se  découvrent . 
!•'  jour  du  l*'mois,  Noé  lève  la  couverture  de  Tarche. 
27»«  jour  du  second  mois 


jours. 

mois. 

180 

=. 

6 

104 

= 

3.14 

30 

=B 

J 

56 

*= 

1.26 

jours.  mois. 

Total  (1) 370    =    12.10 


Son  premier  soin  fut  naturellement  de  dresser  un  autel  au 
Seigneur,  qui  l'avait  conservé  avec  sa  famille  pendant  une 
année  dans  l'arche;  et,  après  l'holocauste  des  animaux  les  plus 
précieux,  il  Ht  sortir  tous  les  autres  animaux,  auxquels  il 
donna  la  liberté  des  champs.  Il  considéra  ensuite  le  beau  pays 


(1)  L'année  de  360  jours,  qui  était  conforme  au  mouvement  du  so- 
leil en  rapport  avec  la  terre  avant  le  déluge ,  cessa  de  Tôlre  après  ce 
cataclysme. 

Les  Chinois ,  dès  le  temps  d^Yao,  contemporain  de  Noé  ,  comptaient 
Tannée  astronomique  ou  solaire,  de. 365  jours  et  6  heures;  telle  est 
notre  année  julienne. 

20 


306  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

qui  TeDlouraii,  et  se  disposa  à  Thabiter  et  à  en  jouir  avec  les 
sept  autres  membres  de  sa  famille* 

Mais  avant  d'entrer  dans  les  détails  relatifs  à  Tbomme  et  a 
ses  œuvres,  il  est  nécessaire  de  porter  nos  regards  sur  la  phy- 
sionomie que  présente  notre  globe  après  le  cataclysme  qui  a 
changé  les  formes  de  la  terre* 

506.  —  Nous  avons  laissé  notre  planète,  à  la  fin  du  cin- 
quième jour,  avec  une  circonférence  de  12,000  lieues,  et  nous 
la  trouvons,  après  le  cataclysme  du  déluge  universel,  réduite 
à  9,000  lieues,  telle  qu'elle  est  à  peu  près  aujourd'hui. 


507.  —  Si  le  grand  cataclysme  du  cinquième  jour  a  été 
différent  des  cataclysmes  antérieurs,  c'était,  ainsi  que  nous 
Tavons  expliqué,  parce  que  la  matière  terrestre  se  trouvait  alors 
plus  dure  et  plus  dense  qu'auparavant.  En  effet,  dans  le  cours 
de  la  cinquième  journée,  la  terre  s'était  endurcie  de  plus  en 
plus,  au  point  de  se  cristalliser  en  beaucoup  d'endroits.  Par 
suite  de  cette  cristallisation,  au  moment  du  cataclysme  qui  a 
marqué  la  fin  du  cinquième  jour,  elle  s* est  brisée  en  ouvrant 
des  crevasses  et  en  détachant  de  sa  masse,  soit  en  long,  soit 
en  large,  certaines  parties  de  l'aride. 

Ce  dernier  résultat  s'est  manifesté,  au  cataclysme  du  déluge 
universel,  partout  où  les  explosions  et  lés  vapeurs  partant  de 
l'intérieur  rencontraient  les  crevasses  précédentes,  propres 
à  leur  donner  les  passages  qui  leur  étaient  nécessaires.  Les 
masses  qui  se  détachèrent  alors,  et  qui  sont  restées  séparées 
depuis,  devaient  s'éloigner  encore  davantage  lors  du  dernier 
cataclysme,  celui  du  déluge  universel,  en  raison  de  la  nou- 
velle impulsion  et  de  la  force  énergique  imprimée  par  les 
nombreux  volcans  qui  repoussaient  les  fragments  superficiels 
du  globe.  L'éloignement  de  ces  masses  devait  aussi  être  subor- 
donné à  la  puissance  expansive  de  ces  volcans,  qui,  en  les  re- 
poussant, les  accompagnaient  à  leur  nouvelle  destination* 


FORMATION   DE   l'aMÉEïQUE.  307 

508.  -^  Noos  le  répétons,  tant  quo  le  globe  était  resté  d'une 
nature  moins  molle  et  pâteuse,  la  (nasse  avait  pu  demeurer 
unie,  sa  malléabilité  lui  permettant  de  se  prêter  sans  effort 
aux  exigences  d'un  juste  équilibre;  mais  lorsque  cette  masse 
s'est  endurcie,  et  en  partie  cristallisée^  il  ne  lui  fut  plus  pos- 
sible de  céder  ni  de  se  déformer,  à  moins  de  se  briser,  conime 
le  verre,  qui  se  brise  mais  ne  plie  pas. 

Lorsque  le  durcissement  qui  s'opérait  dans  Tintérièur  par 
l'action  du  feu  eut  entassé  les  minéraux  d^un  côté,  et  pro- 
duit ainsi  sur  ce  point  un  poids  excessif,  il  fallut,  pour  con- 
server réquilibre,  donner  un  contrepoids  à  la  partie  afiaiblie. 
Nous  avons  vu  comment  cela  s'était  opéré  aux  jours  précé- 
dents ;  mais  le  moment  était  venu  où  cet  équilibre  ne  pou- 
vant plus  s'obtenir  par  un  mouvement  a  Tintérieur,  dut 
nécessairement  s'effectuer  par  une  séparation  de  ta  terre  à 
l'extérieur. 


CUANG£VEffT  B  ASPECT  DÇ  LA   SUi^PACB  DU   GLOBE. 

5QS.  *-^  De  manière  que  l'aride  où  le  découvert,  qui  se 
mootraii  encore  en  un  seul  bloc  au  cinquièiné  jour,  et  qui 
n'avait,  pendant  l'intervalle  ou  Taurore  du  sixième,  que  d^ 
crevasses  plus  ou  moins  larges,  ouvertes  aux  cataclysmes  pré-* 
cédents,  a  éprouvé,  dans  le  c^iaeiyfioie  du  déluge  untverscil; 
la  séparation  complète,  du  moins  à  la  surface^  d'un  gr^nd 
nombre  de  parties  par  l'éloignement  des  fragn^ents,,  dont  les 
crevasses  annonçaient  une  prochaine  dislocation. 

Cette  séparation  violente  a  repoussé,  à  diverses  distances,:  ces 
portions  de  l'aride,  qui  ne  formaient  auparavant  qu'une  seule 
masse,  et  qui  dorénavant  paraîtront  en  former  plusieurs, 
toujours  rattachées  par  la  base  ou  posées,  pour  ainsi  dire,  sur 
le  même  piédestal,  mais  en  masses  isolées,  suivant  leur  éten- 
due, soil  en  co&linests.,  soi4  m  fies. 


308  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

Cette  séparation  présente  un  cbangement  complet  sur  la 
surface  du  globe  terrestre. 

510.  -^  La  plus  grande,  la  plus  longue  et  la  plus  im- 
portante crevasse  se  trouvait  du  nord  au  sud;  elle  était 
bien  visible  et  déjà  large  à  l'aurore  du  sixième  jour;  elle 
n'empécbait  pas  la  communication  des  peuples  d'un  côté  à 
Tautre*  Cette  crevasse  aura  été  peut-être  d'une  demi-lieue  de 
largeur;  elle  divisait  la  terre  presqu'à  moitié  dans  la  direction 
indiquée.  On  pouvait  pressentir  qu'une  séparation  était  im- 
manquable; que  la  masse  la  plus  grande  resterait  à  sa  place, 
en  raison  de  sa  pesanteur,  et  que  la  masse  la  moins  lourde 
serait  repoussée  à  une  distance  assez  éloignée  pour  établir 
un  équilibre  proportionnel. 

Sl|.  — La  masse  la  plus  forte  était  à  l'est,  et  elle  y  est 
restée. 

Nous  ne  savons  pas  de  quel  nom  on  appelait,  à  l'aurore 
du  sixième  jour,  le  continent  de  cette  masse  ;  après  Noé, 
on  rappela,  comme  de  nos  jours,  TAsie,  l'Afrique  et  TEu* 
rope. 

La  grosse  masse  partielle,  dont  la  crevasse  s'étendait  du  nord 
au  sud  de  l'aride,  était  à  Touest,  et  dans  l'écartement  violent 
qu'elle  a  subi,  sa  surface  s'est  portée  plus  à  l'ouest  encore; 
cette  masse  forma  elle-même  un  grand  continent,  que  nous 
appelons  aujourd'hui  rAmériiiiie. 

512.  —  Les  différentes  îles  qu'on  remarque  sur  l'étendue 
d«  vastes  océans  ont  été  également  Teflet  de  cette  violente  sé- 
paration, et  chacune  d'elles  a  dû  s'arrêter  où  nous  les  voyons 
maintenant,  car  c'était  le  terme  de  la  force  centrifuge  qui  les 
mouvait,  et  qui  était  la  conséquence  de  l'opération  du  .ré- 
trécissement que  l'intérieur  du  globe  éprouvait  dans  cette  ca- 
tastrophe solennelle. 

513.  —  Pour  se  rendre  compte  du  grand  fait  que  nous 


FORMATION   DE   L'aM£RIQU£.  309 

venons  d'exposer,  il  suffit  de  sMmaginer  que  le  gouffre  im- 
mense qui  existait  dans  le  centre  ardent  du  globe  avait  be- 
soin de  recevoir  un  renouvellement  d'air  en  même  temps  qu'il 
se  trouvait  surchargé  de  matières  solides  qu'il  fallait  éloigner. 
De  cette  double  nécessité  devaient  résulter  tout  à  la  fois  l'ex* 
plosion  des  volcans  et  le  soulèvement  des  montagnes.  C'est 
aussi  ce  qui  est  arrivé  ;  mais  en  même  temps ,  les  crevasses 
qui  avaient  été  déjà  faites  et  dont  les  bords  et  le  fond  étaient 
plus  cristallisés  que  les  autres  endroits  de  la  terre ,  devaient 
être  les  premières  à  céder  à  l'impétuosité  des  explosions. 

SU«  —  Il  en  est  donc  advenu  que  partout  où  la  matière 
était  comparativement  faible,  elle  a  été  soulevée  par-ci  par-là, 
en  masses  plus  ou  moins  grandes,  plus  ou  moins  élevées. 

La  place  que  ces  soulèvements  laissaient  vide  dans  l'inté- 
rieur, fut  immédiatement  remplie  par  des  matières  nouvelles 
qui  se  portaient  naturellement  dans  l'enfoncement  des  terrains 
les  plus  mous  ou  les  moins  cristallisés. 

Où  se  trouvaient-ils,  ces  terrains  moins  cristallisés? 

Naturellement,  c'étaient  en  grande  partie  ceux  qui  se  trou- 
vaient les  plus  éloignés  du  foyer  des  combustions  de  l'aride 
des  derniers  siècles;  c'étaient  donc  les  terrains  qui  étaient 
couverts  d'eau  à  la  partie  opposée  de  l'aride  actuel;  c'était  en- 
fin la  partie  tout-à-fait  ouest  (pour  ne  pas  dire  Tantipode  de 
la  masse  de  Taride  actuel),  qui  allait  céder  du  sud  au  nord. 

En  cédant,  cette  immensité  de  matières  pesantes  produisit 
une  force  de  pression  telle  qu'à  l'instant  même  les  crevasses 
de  la  partie  opposée  s'élargirent ,  et  en  s'élargissant  trans- 
portèrent tout  le  corps  du  terrain  qu'elles  entouraient. 

C'est  ainsi  que  la  masse  du  continent,  aujourd'hui  améri- 
cain, qui  touchait  la  masse  principale,  ou  l'ancien  monde,  de- 
puis le  sud  de  l'Afrique  jusqu'au  pôle  du  nord,  a  été  d'un 
seul  coup  déplacée  par  une  violente  commotion*  Dans  ce  mou- 
vement, elle  a  obéi  à  sa  propre  pesanteur;  elle  s'est  arrêtée  à 


310  SIXIÈME   ÉPOQUE. 

la  place  précisément  laissée  vacante  par  l'affaissement  qui  ve- 
nait de  se  produire  et  où  son  poids,  comme  nous  T avons  dit , 
devait  faire  équilibre  au  globe  terrestre. 

515.  —  On  nous  dira  que  l'ancien  monde  a  subi  le  déluge 
simplement  par  l'effet  des  pluies,  et  que,  si  les  choses  s'étaient 
passées  comme  nous  venons  de  les  décrire,  la  masse  portée  à 
l'ouest,  ou  l'Amérique,  aurait  été  inondée  par  Teffet  des  eaux 
aussi  bien  que  l'ancien  monde. 

Nous  allons  répondre  à  celte  double  objection. 

516.  —  ly abord,  quant  à  la  pluie,  certes  elle  a  été  plus 
abondante  qu'à  aucune  époque,  quelle  qu'elle  fût,  dans  le 
courant  des  siècles,  et  c'est  précisément  pour  cela  qu'elle  a 
contribué  à  faciliter  la  séparation  des  continents,  ainsi  que 
nous  l'avons  indiqué. 

En  effet,  elle  a  dû  s'amasser  longtemps  d'avance  dans  l'at* 
mosphère  pendant  que  le  soleil  exerçait  toute  l'énergie  de  sa 
chaleur  sur  la  terre,  ce  qui  dut  produire  une  violente  séche- 
resse qui  concourut  à  l'achèvement  de  la  cristallisation  dans 
certaines  localités,  cristallisation  qui  était  fort  avancée  déjà 
par  l'action  continuelle  du  feu  souterrain. 

La  pluie  n'est  que  la  restitution  de  l'humide  que  l'at^ 
mosphère  attire  du  globe;  plus  elle  en  absorbe,  plus  elle  en 
rend. 

Si  donc  il  a  plu  à  torrents  pendant  40  jours,  il  est  natanil 
de  penser^  car  c'est  physiquement  prouvé,  que  l'atmosphère 
avait  absorbé  antérieurement  presque  la  moitié  de  l'eau  qui 
ci^uvrait  la  terre  et  qui  remplissait  le  bassin  de  la  mer;  donc 
l'eau  était  très-basse  tout  autour  du  globe. 

11  est  prouvé  aussi  que  plus  la  terre  est  sèche,  plus  elle  ab- 
sorbe d'eau;  de  manière  que,  quand  même  la  pluie  serait 
tombée  autour  du  globe  en  raison  d'un  à  deux  mètres  par 
jour  pendant  40  jours,  ce  qui  est  énorme  sur  une  cii'confé' 
rence  de  12,000  lieues,  ce  qui  serait  même  impossible,  car 


FORMATION    DE   l'aMÉRIQUE.  311 

toute  l'eau  de  la  mer  n'y  suffirait  pas;  mais  en  accordant 
cette  impossibilité,  la  terre  desséchée  au  point  OA  elle  se  trou-- 
vait  avec  ses  crevasses,  et  les  trous  formés  par  les  éboulemenis 
nouveaux,  devait  absorber  la  plus  grande  partie  de  rbuiçide 
ou  de  Teau  à  mesure  que  la  pluie  tombait. 

Donc,  en  ce  qui  concerne  la  pluie,  elle  ne  pourrait  à  elle 
seule  avoir  fourni  au  maximum  que  20  à  30  mètres  d*eau  en 
état  de  rester  sur  le  sol  le  plus  bas  du  continent  de  l'est,  et 
encore  cela  n'aurait  pu  s'opérer  qu'à  Taide  d'une  inondation 
venant  de  l'Océan  et  pouvant  se  maintenir  sur  la  surface  de 
la  lerre. 

Pour  ce  qui  regarde  le  continent  qui  se  transférait  à 
l'ouest,  toute  inondation  sur  lui-même  était  impossible,  comme 
on  va  Texpliquer. 

• 

517.  —  Nous  disons,  en  réponse  à  la  seconde  objection, 
que  l'Amérique  ne  pouvait  pas  avoir  d'inondation  perma- 
nente ni  à  son  est,  ni  à  son  ouest;  c'est  tout  naturel  à  l'en- 
droit de  Test,  puisque  ce  continent  s'éloignait  de  sa  position 
primitive,  et  comme  il  se  transportait  avec  sa  base,  dont  la 
racine  était  au  centre  de  la  terre,  dans  la  marche  de  son  écar- 
tement  il  laissait  un  énorme  vide  qui  appelait  l'eau  de  tous 
les  côtés  par  la  loi  du  nivellement;  or  ce  vide  était  forcé,  et 
l'eau  devait  pénétrer  et  affluer,  comme  par  mille  cataractes, 
dans  cet  immense  et  profond  lit  que  l'imérique  abandonnait 
à  rOcéan. 

Du  côté  opposé,  à  l'ouest,  TAmérique  ne  pouvait  pas  non 
plus  être  atteinte  par  l'inondation:  d'abord  nous  avons  vu 
combien  l'eau  devait  être  basse  par  suite  de  la  grande  ab- 
sorption, de  l'atmosphère;  ensuite  le  mouvement  du  nouveau 
continent,  qui  s'avançait  vers  l'ouest,  pressait  et  poussait 
l'eau,  qui  était  forcée  d'entrer  dans  l'Océan,  dont  le  grand  lit 
atlantique  se  formait  et  s'étendait  à  mesure  que  la  même 
masse^u  continent  l'abandonnait. 


L.    _ 


312  SUiÈMJi     ÉPOQUE. 

En  trpisièiiie  lieu»  il  faut  remarquer  que  tout  reitrême 
ouest,  qui  comprend  Tocéan  Pacifique  d'aujourd'hui,  ayant 
subi  le  plus  fort  affaissemeat  de  tout  le  globe,  Teau  est  tom- 
bée daos  les  gouffres  de  sou  propre  lit;  ainsi  l'eau  se  trouvait 
plus  basse  que  le  niveau  du  sol  du  nouveau  continent  qui 
venait  s'installer  au  milieu  des  deux  océans. 

U  faut  encore  noter  que  l'eau  a  ses  passages  sout^rains  à 
travers  tous  les  continents,  et  que  l'Amérique  emportait  avec 
elle  les  meilleurs  fleuves  de  l'ancien  monde,  dans  les  lits  des- 
quels l'écoulement  des  eaux  de  la  pluie  torrentielle  s'effectuait 
rapidement. 

518.  —  On  peut  demander  ce  qu'a  gagné  l'ancien  monde 
à  ce  cataclysme  et  à  cette  séparation.  Ce  qu'il  a  gagné,  le 
voici  :  l'élévation  des  montagnes  que  cette  révolution  a  éle- 
Tées  plus  qu'elles  ne  l'étaient  auparavant,  et  d'autres  monta-- 
gnes  ou  collines  qui  ont  été  nouvellement  soulevées,  ont  fourni 
l'occasion  de  fixer  les  différents  degrés  de  purification  de  l'air 
atmosphérique,  ce  qui  est  assez  important  pour  la  salubrité 
des  climats  de  toutes  les  régions  et  pour  l'hygiène  aussi  bien 
des  hommes  que  des  oiseaux. 

L'ancien  monde  a  gagné  encore  à  cette  révolution  que  la 
mer  Méditerranée,  la  mer  Noire,  l'Adriatique,  se  sont  formées 
par  les  affaissements  survenus  aux  terrains  qui  composent 
leurs  lits.  A  cette  occasion,  les  eaux  venant  de  l'Océan,  ayant 
trouvé  une  crevasse  entre  l'Espagne  actuelle  et  l'Afrique,  se 
sont  ouvert  un  passage  que  les  Grecs  appelaient  détroit  des 
Colonnes  d'Hercule  (le  détroit  de  Gibraltar),  et  sont  venues 
remplir  les  bassins  indiqués,  de  la  Méditerranée,  de  l'Adria- 
tique et  de  la  mer  Noire ,  en  se  conservant  en  outre  un  pas- 
sage souterrain  qui  maintient  une  communication  perpétuelle 
et  des  échanges  continuels  de  leurs  eaux  avec  celles  de  l'océan 
Atlantique. 

519.  —  L'extrême  est,  c'est-à«*dire  l'Asie,  a  eu  ses  sépa- 


FORMATION   D£   l'âMÉRIQUE.  313 

ri^lioos  de  son  côté  presque  aussi  imporlantes  que  TAfrique  ; 
seulement,  comme  l'Asie  avait  plus  de  crevasses  et  une  cris- 
tallisation plus  ancienne,  ses  séparations  se  sont  accomplies 
par  fragments  plus  petits,  ce  qui  explique  la  nombreuse  quan-_ 
tité  d'iles  et  d'archipels  que  nous  voyons  dans  Focéan  Paci- 
fique et  les  mers  de  la  Chine,  du  Japon,  etc. 

Quant  au  continent  de  TAustralie,  il  a  été  visiblement  dé- 
taché de  l'Afrique  et  de  TAsie,  au  point  où  s'est  formée  la  mer 
des  Indes;  et;  dans  le  travail  de  son  écartement,  il  a  laissé 
sur  la  route  une  multitude  de  ses  propres  fragments,  qui  sont 
aujourd'hui  les  Iles  et  les  archipels  de  la  Sonde,  de  la  Ma- 
laisie,  etc.,  etc. 

520.  —  Au  nord  du  globe,  les  séparations  les  plus  impor- 
tantes, après  la  partie  appelée  Amérique,  qui  est  allée  au  loin, 
ont  été  l'Islande,  et  la  Grande-Bretagne,  dont  s'est  détachée 
rirlande.  Une  partie  de  la  Grande-Bretagne  a  continué  ce- 
pendant de  rester  assez  près  du  continent,  et  n'en  est  séparée 
de  nos  jours  que  par  une  crevasse  qu'on  a  nommée  le  Pas- 
de-Calais,  qui,  à  la  cinquième  époque,  était  encore  plus  ré- 
trécie,  plus  étroite,  ne  présentant  peut-élre  alors  qu'une 
simple  fente. 

Cette  crevasse  s'est  fort  peu  élargie,  soit  qu'il  n'y  eût  pas  à 
proximité  des  volcans  assez  puissants  pour  pousser  plus  loin 
la  partie  détachée,  soit  que  la  place  qu'elle  occupe  mainte- 
nant ait  suffi,  au  moment  de  la  séparation,  à  l'équilibre  gé- 
néral de  la  planète. 

Les  falaises  des  côtes  de  chaque  côté,  en  Angleterre  comme 
en  France,  sont  bien  en  rapport  de  hauteur  et  de  nivellement 
sur  plusieurs  points,  et  la  qualité  du  terrain  est  également 
la  même;  seulement  le  fond,  dans  la  Grande-Bretagne,  pré- 
sente plus  de  couches  de  houille,  parce  que  ce  point  du  globe 
avait  une  plus  grande  quantité  de  forêts,  qui  y  sont  restées 
et  se  sont  refroidies  à  demi  consumées,  dans  le  travail  des  en- 


314  SIXIÈME     ÉPOQUE. 

foocements  primitifs,  comme  nous  l'avons  expliqué  aux 
n^*  255  et  275. 

521.  --  Nous  plaçons  ici  deux  gravures  du  globe  terrestre. 

La  première,  marquée  9,  ou  avant  la  séparation,  montre 
notre  planète  à  Tépoque  de  Tinlervalle,  c'est-à-dire  depuis 
Adam  jusqu'à  Ndé,  lorsque  la  terre  n'était  encore  qu'un  bloc, 
sillonné  à  la  surface  par  des  crevasses.  Dans  cette  période 
figure  la  masse  atlantide,  qui  devait  plus  tard  laisser  sa  place 
à  un  océan. 

La  seconde  gravure,  marquée  10,  ou  ajifès  la  séparation^ 
représente  ce  même  globe  avec  l'écartement  de  ses  parties  à 
la  surface,  après  le  déluge,  c'est-à-dire  depuis  Noé,eltel  qu'il 
existe  de  nos  jours. 

Si  Fou  prend  en  main  un  planisphère  sur  une  assez  grande 
échelle,  on  pourra  mieux  vérifier  les  emboîtements  des  terrains 
que  la  nature  livre  à  notre  examen  pour  constater  leur  union 
primitive. 


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FORMATION   DE   L  AMÉRIQUE.  3  15 


CHiPITRE  XXX 

Preuves  de  la  formAtioii  de  l' Amérique. 

SoMMAiBE.  —  Les  faits  toujours  appuyés  de  leurs  preuves,  522 .  —  Preuves 
physiques  ;  correspondance  des  caps  et  des  golfes,  523.  —  Preuve  tirée 
du  système  des  volcans,  521.  —  Nomenclature  des  principaux  volcans, 
note  U ,  id.  —  Tremblement  de  terre  de  Lisbonne,  525.  —  Tremblement 
au  Pérou ,  326.  —  Cataclysme  au  Katntschatka,  527.  —  Cataclysmes 
partiels;  effets  à  attendrcr  du  prochain  cataclysme  général,  528.  — 
Preuves  historiques;  l*ile  Atlantide,  529.  —  Récit  de  Platon  au  sujet 
tle  cette  lie,  530.  —  Autres  autorités  Concernant  T Atlantide,  531.  — 
Identité  de  foits  entre  cette  île  et  l'Amérique,  532.  —  Statue  des 
Açores,  333.  ^-  Statue  de  la  Nouvelle-Grenade,  534.  —  Inscription  de 
rile  Cuervo  dans  les  Açores  ;  les  Gouanches,  535.  —  Tombeaux,  mu- 
railles défensives,  en  Amérique,  536.  —  Découvertes  analogues  dans  les 
fouilles  de  Tancienae  Assyrie,  937.  —  Monuments  trouvés  par  les  con  * 
quérants  espagnols,  538.  —  Origine  do  cps  monuments,  539.  —  Le 
Faratno  d'Àssuay^  décrit  par  M.  d'Orbigny ,  540.  —  Monuments  sur  les 
hauteurs  des  Cordillères,  541.  —  La  forteresse  duGanar,  542.  —  Le 
porphyre  dans  les  deux  continents ,  643.  —  Monuments  des  Incas  con- 
frontés avec  ceux  de  l'Egypte,  544*  ^-  Pourquoi  ils  sont  tombés  en  ruine» 
545.  —  Débris  des  monuments  du  Mexique,  546.  —  Preuves  physiolo- 
giques et  géographiques \  les  Gouanches,  54*7.  —  Identité  de  latitude, 
aimilitude  d'usages^  548.  -^  Différences  physiques  des  habitants  de 
l'Amérique ,  549.  —^  Les  Amazones  ,  550.  ^-  Preuves  commerciales  ; 
recherches  des  navigateurs  phéniciens,  551.  —  Radeaux  américains  et 
chinois;  forme  identique  des  chapeaux,  552.  —  Goût  commun  pour  les 
mêmes  objets  de  luxe  chez  les  Américains  et  chez  les  Africains,  653.  — 
Analogie  tirée  de  l'influence  du  sol  sur  le  caractère  des  habitants  de  l'an- 
cien et  du  nouveau  monde,  554*  —  Conclusion  confirmant  notre  système 
relatif  à  la  formation  de  l'Amérique,  555. 

522.  —  Dans  le  cours  de  cet  ouvrage ,  nous  avons  cons- 
tamineDt  signalé  à  côté  des  faits  les  preuves  à  Tappui,  toutes 
les  fois  que  T impérieuse  nécessité  ne  nous  a  pas  imposé  une 
hypothèse  équivalente. 

Dans  ce  chapitre  très-important,  où  s'agite  la  question  si 


316  SIXIÈME      ÉPOQUE. 

4 

grave  de  la  formalioo  de  rÀmérique  et  de  rorigine  de  ses 
habitants  primitifs,  qui  a  été  l'objet  de  tanl  d'études  et  de  re- 
cherches infructueuses,  nous  devons  fortifier  la  conviction 
que  donnent  nos  explications  par  des  preuves  qui  nous  sem- 
blent incontestables. 
En  premier  lieu  : 

PREUVES   PHYSIQUES. 

523.  —  La  carte  géographique  sous  les  yeux ,  nous  acqué- 
rons la  preuve  que  rAmérique  s'est  détachée  de  l'ancien  mon- 
de, et  que  toute  sa  longueur  est  correspond  parfaitement  à 
la  partie  ouest  de  notre  continent,  par  les  côtes  qui  se  font 
fece  sur  toute  la  longueur  de  l'Europe  et  de  TÀfrique. 

Si  la  correspondance  est  plus  visible  à  partir  du  30™«  de- 
gré dé  latitude  nord ,  jusqu'au  cap  Magellan ,  à  l'extrême  sud, 
c'est  parce  que  Tespace,  ou  la  mer,  qui  sépare  les  deux  con- 
tinents de  l'ancien  et  du  nouveau  monde,  est  moins  parsemé 
de  ces  fies  laissées  en  route  par  Teflet  du  cataclysme. 

Il  suffit  de  remarquer  le  ventre  ou  renflement  énorme  de 
TAfrique,  depuis  le  cap  Vert  (1)  jusqu'au  sud  de  Libéria;  ce 
renflement  s'embotterait  fort  bien  dans  la  mer  des  Antilles  et 
le  golfe  du  Mexique,  qui  sont  demeurés  vis-à-vis  en  Amérique; 
seulement  cette  partie  du  continent  américain  a  perdu  des 
fragments  qui  sont  les  fies  du  cap  Vert,  les  Açores,  les  Ântil- 
les,  qui  ont  été  à  plusieurs  reprises  soulevées  et  enfoncées  (2), 
Haïti,  Cuba,  etc. ,  etc.  Au  contraire,  le  renflement  du  Brésil, 
en  Amérique  (3),  correspond  au  golfe  de  Guinée,  en  Afri- 
que (4) ,  avec  lequel  il  s'embotterait  également  bien. 

(1)  Marqué  n?  1  sur  la  gravure  n"*  10. 

(2)  Bien  des  fois,  même  de  dos  jours,  il  se  présente  de  ces  phéno- 
mènes :  les  volcans  souterrains  soulèvent  de  nouvelles  îles. 

(3)  Marqué  n»  3  sur  la  gravure  n**  10.  ' 

(4)  Marqué  n»  2  siur  la  gravure  n*  10. 


FORMATION   DE   L'aMÉRIQUE.  317 

La  Patagonie  est  une  partie  qui  s'est  allongée  dans  le  tra- 
jet, mais  sa  forme  indique  clairement  qu'elle  enveloppait  la 
poîntesud  de  l'ancien  continent,  c'est-à-dire  le  cap  de  Bonne- 
Espérance  et  le  sud-est  de  la  Cafrerie. 

Si  Ton  veut  considérer  de  même  les  deux  continents,  ancien 
et  nouveau,  dans  leurs  parties  au  nord  du '30°***  degré  dé  la- 
titude septentrionale,  on  verra  que  la  correspondance  des 
caps  d'un  côté  avec  les  golfes  situés  sur  la  côte  opposée,  sans 
être  aussi  .prononcée ,  est  pourtant  très- facile  à  reconnaître, 
en  tenant  compte  des  lies  et  des  presqu'îles  qui  s'y  sont  for^ 
mées  :  ainsi  l'Espagne  et  la  France  correspondent  au  bassin 
situé  au  sud  des  États-Unis,  entre  la  Floride  et  la  Nouvelle- 
Ecosse. 

Qu'on  imagine ,  en  rétablissant  les  cboses  telles  qu'elles 
étaient,  d'un  côté,  l'île  de  Terre-Neuve  reportée  dans  le  golfe 
de  St-Laurent ,  le  Labrador  dans  la  baie  d'Hudson  ;  de  l'autre 
c6té,  les  îles  Britanniques,  comprenant  l'Ecosse,  replacées 
dans  la  mer  du  Nord,  la  presqu'île  des  Scandinaves  (la  Suèdi)  et 
la  Norwége)  rapprocliée  de  la  Russie,  en  remplissant  la  Bal- 
tique, aussitôt  le  Danemark  s'emboîtera  naturellement  dans  le 
Skager-Rack)  et  la  côte  orientale  de  l'Amérique  présentera 
des  correspondances  parfaites  avec  la  côte  occidentale  de  l'Eu- 
rope. 

Nous  n'insisterons  pas  sur  les  détails  de  cette  correspon- 
dance; il  nous  suffit  d'avoir  mis  sur  la  voie,  car  il  nous  sem- 
ble impossible  que  tout  observateur  de  bonne  foi  ne  se  con- 
vainque pas  de  sa  réalité  au  premier  coup-d'œil  qu'il  jettera 
sur  le  planisphère  terrestre. 

524.  —  Il  est  bien  facile  de  reconnaître  encore  la  solijdité 
de  notre  théorie*  En  examinant  la  carte  dn  Système  osseux f 
aqueux  et  vokanique  du  globe.  L'auteur  de  ce  système, 
M.  AragO)  indique  les  contre-courants,  les  lignes  volcani- 
ques, et  les  montagnes  terrestres  et  sous-marines.  Après  cet 


318  SIXIÈME      ÉPOQUE. 

examen,  il  faut  conaidérer  le  nombre  des  voleans  enflammés 
gui  existent  de  nos  jours  (1)  ;  on  verra  que  sur  74  vol- 
cans encore  en  pleine  activité ,  et  produisant  des  éruptions 
notables,  il  y  en  a  dans  la  seule  Àmértqoe  62.  On  peut  se 
foire  une  idée  de  l^Amo»  qif  ik  ont  «w  dans  Técaiienient 
de  la  xaasm  do  oasÊkient  araérietnn,  qolls  avaient  la  nàssàoR 
de  transporter.  Sans  doute  ils  ont  exercé  çà  et  là  de  grands 
ravages,  de  grandes  destructions;  et,  dans  la  même  occasion, 
ils  ont  aussi  rétréci  des  terrains,  soulevé  des  montagnes,  en- 
seveli des  villes  et  des  populations  entières;  mais  il  en  a  sur* 
vécu  assez,  qui  n'avaient  rien  souffert,  et  qui  peut-être,  en 
certains  endroits,  ne  se  sont  pas  même  aperçues  de  la  gravité 
de  la  catastrophe. 
Et  pour  en  donner. un  exemple,  sur  une  petite  échelle  : 
525*  —  Le  tremblement  de  terre  de  Lisbonne,  qui  a  été, 
pour  cette  ville,  un  phénomène  égal  à  un  cataclysme  du  globe, 
ne  fut  pas  du  tout  ressenti  par  les  peuples  vivant  en  France, 
ou  dans  la  plus  grande  partie  du  monde.  La  belle  oité  que  le 
phénomène  a  frappée  n'était  qu'un  grain  de  sable  en  compa- 
raison du  globe.  Voici  toutefois  des  détails  sur  cet  évéoemeot, 
à  jamais  mémorable  pour  le  pays  qu'il  à  ravagé.  Nous  les 
reproduisons  seulement  pour  donner,  par  la  compacaison  de 
ce  qu^a  fait  le  mouvement  d'un  seul  volcan,  une  idée  de  ce 
qu'ont  pu  faire  2^000  volcans  à  la  fois,  dont  lés  74  ci-dessus 
cités  existent  encore  en  activité,  quoique  travaillant  bîen  fai-» 
blement,  et  seulement  pour  le  besoin  respiratoire  pour  ainsi 
dire  du  centret 

Le  1""'  novembre  1755,  à  Lisbonne,  le  tremblement  com«- 
mença  par  un  bruit  souterrain  qui  ressemblait  au  tonnerre  ; 
puis  une  forte  secousse  renversa  la  plus  grande  partie  de  la 
vitie,  et  tua  6,000  personnes  en  6  minutes.  La  mer,  api*ès 

|t)  Vo.>ez  tes  noms  de  ces  volcans  et  leur  situation  géographique, 
no4c  13 ,  à  la  fin  de  oe  volume. 


FORMATION    DE    l'AMÉRIQUE.  319 

avoir  laissé  la  barre  à  sec,  revint  avec  fureur,  élevant  ses  va- 
gues à  50  pieds  (17  mètres)  au-dessus  du  niveau  ordinaire. 
Quelle  inondation  ! 

Plusieurs  des  hautes  montagnes  de  TEstramadure  occi- 
dentale s'entrouvrirent,  et  formèrent  des  crevasses  à  leur 
sommet.  Quantité  de  monde  s'était  réfugié  sur  un  quai  de 
marbre  qu'on  venait  de  construire  è  grands  frais  ;  tout  à 
coup  le  quai  fut  englouti  avec  tout  ce  qii'il  portait,  ainsi  que 
beaucoup  de  petits  bâtiments  amarrés  près  de  là  ;  et  Ton  ne 
vit,  à  la  place,  qu'un  gouffre  qui  a  aujourd'hui  168  mètres 
de  profondeur.  Plusieurs  vaisseaux  en  mer,  dont  un  à  40  lieues 
à  Touest  du  cap  Saint-Vincent,  éprouvèrent  aussi  des  se- 
cousses plus  ou  moins  violentes.  On  s'aperçut  encore  de 
légèresoscillationsàAntigoa,  auxBarbades,  dans  la  Norvège, 
en  Suède ,  en  Allemagne,  en  Suisse,  en  Hollande,  en  Corse, 
en  Italie,  dans  la  Grande-Bretagne  surtout,  où  l'agitation  des 
lacs^  des  rivières  et  des  sources  fut  extraordinaire.  Ces  signes 
prouvent  la  communication  directe  qui  existe  dans  les  ré- 
gions souterraines  du  globe. 

528.  —  Au  Pérou  (2  octobre  1746),  un  tremblement  de  terre 
éclata,  plus  terrible  qu'à  Lisbonne  :  on  ressentit  2,000  se- 
rousses  dans  les  premières  24  heures.  L'Océan  se  retira  deux 
fois  et  deux  fois  revint  avec  furie.  Une  partie  de  la  côte,  près 
de  Cailao,  fut  convertie  en  baie,  ainsi  que  quatre  autres  ha- 
vres :  de  23  navires  mouillés  dans  la  première  de  ces  villes, 
19  sombrèrent;  les  autres  furent  portés  à  de  fortes  distances 
dans  les  terres.  Des  4,000  habitants  de  Cailao,  200  seulement 
échappèrent.  Lima  fut  entièrement  détruite.  Quatre  volcans 
firent  en  même  temps  éruption  dans  d'autres  districts,  ceux 
de  Lucanas  et  Conversiqnes  de  Caxamarquilla. 

52L  —  Au  Kamtchatka,  le  6  octobre  17Î7,  la  nder  sub* 
mergea  le  pays  à  une  immen^  hauteur;  puis,  se  retirant  ayeo 
autant  d'exagération  qu'elle  venait  d'en  mettre  dans  ses  en- 


320  SIXIÈME     ÉPOQUK. 

vahissements,  elle  laissa  à  sec  l'espace  entre  la  première  et  la 
deuxième  des  ifes  Kouriles.  Ces  changements,  il  est  vrai,  ne 
furent  que  temporaires;  mais  il  se  fit  aussi  des  changements 
permanents  :.des  plaines  furent  les  unes  affaissées,  les  autres 
exhaussées.  Dans  quelque»-unes  des  premières  il  se  forma  des 
lacs  intérieurs.  La  configuration  de  la  côte  fut  aussi  changée, 
et  de  nouvelles  baies  furent  signalées  par  les  navigateurs  sur 
le  rivage. 

528  —  Ces  petits  cataclysmes  partiels  éclatent  de  temps  à 
autre  à  des  distances  considérables;  ils  ont  toujours  tourmenté 
le  globe,  comme  nous  Tavons  expliqué  dans  les  journées  pré- 
cédentes; seulement  à  notre  époque  ils  sont  plus  concentrés 
et  leurs  explosions  sont  plus  rares.  Il  est  indubitable  qu'au 
premier  changement  d'époque,  c'est-à-dire  lorsqu'il  arrivera 
dans  l'avenir  une  nouvelle  révolution  géologique,  soit  sous  le 
nom  de  cataclysme,  soit  sous  celui  de  déluge  universel,  la 
conséquence  inévitable,  la  plus  douce  qui  puisse  en  résulter, 
sera  une  nouvelle  séparation  des  continents;  ainsi  l'Ame- 
rique  sera  indubitablement  séparée  en  deux  continents  pour 
le  moins,  et  toutes  les  crevasses  de  l'ancien  monde  s'élargi- 
ront comme  à  l'époque  précédente;  de  là  un  endurcissement 
plus  fort  du 'globe  terrestre,  qui  sera  alors  aussi  compact  et 
aussi  dense  que  l'est  la  planète  Vénus,  et  conséquemment  il 
se  réduira  à  une  circonférence  d'un  millier  de  lieues  moindre 
que  n'est  sa  circonférence  actuelle. 

529.  —  Les  descendants  de  Noé  ont  raconté  à  leurs  en- 
fants qu'il  existait  avant  le  déluge  une  grande  tie  Atlantide, 
que  Noé  avait  vue  et  fréquentée,  puisqu'il  avait  vécu  600  ans 
avant  cette  catastrophe. 

Cette  tradition  a  passé  de  génération  en  génération  jus- 
qu'aux Grecs,  qui  ont  fini  par  l'introduire  dans  leurs  poésies 
mythologiques;  mais,  sur  ce  terrain,  l'existence  de  Ttle  en 
question  devenait  dès  lors  assez  douteuse. 


FORMATION   DE   l'aMÉRIQUE.  321 

Cependant  les  Égyptiens  ne  raillaient  pas  à  ce  sujet;  ils 
conservaient  un  respectueux  souvenir  de  Texistence  dé  la 
grande  Atlantide,  qu'ils  supposaient  avoir  été  submergée,  car 
Noé  ne  la  voyant  plus  s'était  imaginé  tai-mênae  que  la  catas- 
trophe du  déluge  univei^l  l'avait  engloutie,  comme  aussi  il 
croyait  que  la  mer  Méditerranée  était  un  réceptacle  des  eaux 
du  déluge,  où  elles  continuaient  de  submerger  les  hommes 
qui  habitaient  auparavant  cette  contrée. 

Les  auteurs  graves,  comme  Platon  et  Âristote,  ont  pris  cette 
tradition  au  sérieux  et  se  sont  trouvés  d'accord  pour  mention- 
ner la  disparition  de  l'île  Atlantide  par  l'effet  d'une  submer- 
sion; ils  reconnaissaient  qu'à  l'époque  même  de  cette  pré- 
tendue submersion  s'était  opérée  l'ouverture  du  passage  des 
colonnes  d'Hercule  (ou  le  détroit  de  Gibraltar),  qui  a  fait  rem- 
plir d'eau  les  bassins  de  la  Méditerranée,  de  l'Adriatique,  de 
la  mer  Noire,  des  lacs,  etc. 

Solon  a  raconté  les  merveilles  de  l'Ile  Atlantide,  dont  il 
tenait  le  récit  des  prêtres  égyptiens.  Ce  récit  est  tràs-curieux 
et  assez  impoitant;  nous  l'offrons  à  nos  lecteurs. 

530.  —  C'est  Platon  qui  nous  a  transmis  la  substance  de 
l'entretien  de  Solon  avec  les  prêtres  égyptiens. 

a  Un  jour,  dit-il,  que  ce  grand  homme  (Solon)  s'enlrete- 
((  nait  avec  les  prêtres  de  Sais  sur  l'histoire  des  temps  recu- 
«  lés,  l'un  d'eux  lui  dit  :  —  Solon,  Solon  !  vous  autres  Grecs, 
«  vous  êtes  encore  des  enfants.  Il  n'en  est  pas  un  seul  parmi 
«  vous  qui  ne  soit  novice  dans  la  science  de  l'antiquité;  vous 
u  ignorez  ce  que  (it  la  génération  des  héros  dont  vous  êtes 
«  la  faible  postérité.  Écoutez-moi,  je  veux  vous  instruire  des 
«  exploits  de  vos  ancêtres,  et  je  le  fais  en  faveur  de  la  déesse 

«  qui  vom  a  formés,  ainsi  que  nous,  de  terre  et  de  feu 

c(  Tout  ce  qui  s'est  passé  dans  la  monarchie  égyptienne  depuis 

c(  8,000  ans  est  écrit  dans  nos  livres  sacrés Mais  ce  que 

«  je  vais  vous  raconter  de  vos  lois  primitives,  de  vos  rois,  de 

21 


322  SIXIÈME     ÉPOQtE.» 

«  VOS  mœurs  et  des  révolutions  de  votre  pays,  remonte  à 

«  9,000  ans. 

«  Nos  fastes  rapportent  comment  votre  république  a  ré- 
«  sisté  aux  efforts  d'une  grande  puissance ,  sortie  de  la  mer 
Cl  Atlantique,  qui  avait  envahi  l'Europe  et  TAsie;  car  alors 
c<  cette  mer  était  guéable.  Sur  les  bords  était  une  grande  île, 
«  vis-à-vis  de  Tembouchure  que  vous  nommez  les  colonnes 
«  d'Hercule  (1). 

«  Cette  île  était  plus  étendue  que  la  Lybie  (2)  et  TAsie  en- 
«  semble.  De  là,  les  voyageurs  pouvaient  passer  à  d'autres 
«  îles,  d'où  il  leur  était  aisé  de  se  rendre  dans  le  conti- 
«  nent. 

«  Dans  cette  île  (rAilantide)  il  y  avait  des  rois  dont  la  puis- 
«  sance  était  formidable.  Elle  s'étendait  sur  cette  île,  ainsi 
«  que  sur  les  îles  adjacentes  et  sur  une  partie  du  continent. 
«  Ils  régnaient ,  outre  cela ,  d'un  côté  sur  toutes  les  contrées 
«  limitrophes  de  la  Lybie  (Afrique)  jusqu'en  Egypte,  et,  du 
«  côté  de  l'Europe,  jusqu'à  Tyrrhénia  (Italie).  Les  souverains 
«  de  l'Atlantide  tentèrent  de  subjuguer  votre  pays  et  le  nôtre, 
tt  Alors,  ô  Solon  1  votre  république  se  montra,  par  son  cou- 
«  rage  et  par  sa  vertu,  supérieure  au  reste  du  monde.  Elle 
«  triompha  des  Atlantes...  Mais,  dans  les  derniers  temps,  il 
«  survint  des  tremblements  de  terre  et  des  inondations.  Alors 
«  tous  vos  guerriers  furent  engloutis  dans  la  terre,  en  Tes- 
«  pace  de  24  heures,  et  l'Atlantide  disparut.  Depuis  cette  ca- 
«  tastrophe,  la  mer  qui  se  trouve  dans  ces  parages  n'est  point 
«  navigable,  à  cause  du  limon  qui  s'y  est  formé  et  qui  pro- 
«  vient  de  Tîle  submergée.  »  (Platon,  dans  le  Timée.) 

Platon ,  dans  d'autres  dialogues  et  particulièrement  dans 
celui  du  Règne,  parle  de  l'affaissement  de  l'île  Attantidet  et 


(1)  Aujourd'hui  le  détroit  de  Gibraltar. 

(2)  Les  anciens  appelaient  l'Afrique  la  Lybie, 


FORMATION    DE   l'aMÉRIQUE.  323 

examine  ce  qui  a  dû  arriver  au  genre  humain  lovs  de  cette 
catastrophe  (1). 

531.  —  Strabon,  Eudoxe,  Diodore  de  Sicile,  Âmmien  Mar- 
cellin,  et  enfin  Pline  et  Élien,  confirment  le  fait  de  Texistence 
de  Tîle  Atlantide,  Un  écrivain  plus  moderne,  Gënebrard,  pré- 
tend même  que  l'on  peut  prouver  la  vérité  de  son  existence 
par  plusieurs  circonstances  tirées  de  la  Genèse  (2). 

On  comprend  que  cettq  grande  île  de  l'Atlantide,  qui  n'é- 
tait séparée  du  continent  que  par  la  crevasse  que  nous  avons 
indiquée  et  qu'on  croyait  submergée  depuis  le  dernier  (Cata- 
clysme, est  précisément  le  continent  actuel  de  rAmérique, 

532.  —  Fortia  d'Urban,  qui  a  fait  des  recherches  considé- 
rables sur  Texislence  de  l'Atlantide,  dit  que  c'était  un  conti- 
nent très-riche,  produisant  toutes  choses  ;  ses  habitants,  pro- 
filant de  feurs  richesses,  élevaient  des  temples,  des  palais, 
construisaient  des  forts,  des  ponts,  des  arsenaux,  etc.  «  On 
«  voyait  les  statues  de  toutes  les  reines  et  celles  de  tous  les 
«  hommes  qui  étaient  de  la  race  des  dieux  ;  elles  étaient 
«  d'or  !...  II  y  avait  les  plus  grands  animaux,  le  mastodonte 
«  surtout....  » 

Or,  à  la  découverte  de  TAmérique  par  Christophe  Colomb 
en  1492  et  dans  ses  quatre  voyages  successifs,  les  Espagnols 
remarquèrent  des  peuples  innombrables,  des  nations  policées, 
des  empires,  des  républiques,  et  Fernand  Cortez  non-seule- 
ment trouva  dans  le  Mexique,  en  1519,  des  statues  en  or, 
mais  aussi  les  pavés  des  appartements  des  palais  du  roi  Mon- 
tézuma,  et  même  les  tours  des  temples  étaient  doublés  de  ce 
précieux  métal. 

(\)  D'autres  auteurs  de  Tantiquité  ont  également  parlé  de  la  sub- 
mersion de  File  Atlantide,  en  disant  qu'elle  existait  en  face  et  au  de- 
hors des  colonnes  d'Hercule,  et  qu'il  était  resté  comme  un  échantillon 
de  ce  eontinent  dans  les  îles  Açores  et  les  Canaries. 

(2)  Fortia  d'Urban,  art.  370,  page  228. 


324  ,    StXlÈME     ÉPOQUE. 

CoinmaiU  a-l-il  pu  se  rencontrer  des  peuples  sur  ce  con- 
tinent, et  avec  les  habitudes  de  vie  et  de  Imie  analogues  à  ceux 
de  la  terre  d'Afrique  ? 

Ce  continent  étant  isolé  de  toutes  parts,  on  crut  pendant 
longtemps  à  un  passage  par  le  nord  de  TÂsie  ;  mais  si  ce 
passage  eût  existé>  comment  supposer  que  les  peuples  eussent 
fait  une  pareille  émigration  par  le  pôle  arctique?  Ils  avaient 
assez  de  terrain  et  d'une  qualité  parfaite,  plus  à  leur  proximité 
pour  rhabiter;  et  certes  ils  n'auraient  pas  porté  avec  eux  ces 
idoles  trop  pesantes,  quoique  d'or,  à  une  distance  de  plusieurs 
milliers  de  lieues.  Au  reste ,  celte  supposition  s'est  évanouie 
depuis  qu'on  a  reconnu  que  l'Amérique  est  complètement  sé- 
parée de  l'Asie. 


PREUVES    MONDMERTÀIËS. 

533.  —  Dans  Tannée  1641,  le  roi  de  Portugal  Alphonse  Y 
permit  à  don  Henri  de  peupler  les  îles  Açores.  On  trouva  dans 
celle  de  Cuervo,  la  plus  éloignée  des  côtes  de  l'occident ,  une 
statue  représentant  un  cavalier  qui«  de  la  main  gauche,  tenait 
la  bride  de  son  cheval,  et  de  la  droite  montrait  l'occident. 

Cette  statue  avait  certainement  élé  sculptée  à  l'époque  oii 
les  îles  Açores  faisaient  partie  du  continerft  de  l'Afrique,  mais 
étaient  toutefois  séparées  par  la  crevasse  d'avec  l'île  Atlantide. 
Lors  de  Técartement  nouveau  des  deux  continents,  les  Açores 
forent  elles-mêmes  détachées  de  l' Afriqueet  restèrenten  route, 
comme  les  Canaries.  Cette  statue,  qui  montrait  du  doigt  roe- 
cident,  voulait  donc  indiquer  que  de  ce  côté,  en  face,  au-delà 
de  la  crevasse  ou  du  détroit ,  se  trouvait  une  autre  terre, 
c'est-à-dire  l'Atlantide;  ou  bien,  que  là  était  la  capitale  ou  le 
séjour  des  rois,  puisque  les  prêtres  de  Sais  dirent  à  Solon  que 
les  Atlantes  régnaient  aussi  sur  une  partie  de  la  Lybie,  ou  de 
l'Afrique. 


FORMATION    DE   L  AxMÉRIQUE.  325 

534.  —  Remarquons  que  cette  circonstance  coïncide  par- 
faitement avec  l'attitude  des  statues  que  les  fouilles  du  géfiéral 
Lopez  ont  mises  au  jour  dans  la  Nouvelle-Grenade,  et  qui 
toutes  regardent  rorieiit(496).  Ces  statues,  ayant  été  faites 
dans  riie  A.Uanttde,  montraient  ou  regardaient  rorie&t,  pour 
indiquer  aussi  la  terre  dont  cette  île  se  trouvait  séparée. 

535.  —  On  voyait  dans  la  même  fle  de  Cuervo,  sur  le  roc 
où  était  la  statue,  une  inscription  en  caractères  inconnus. 
On  a  conjecturé  que  ce  monument  était  phénicien  ou  cartha- 
ginois (1),  et  les  raisons  qu'on  en  donne  seraient  assez  plau- 
sibles, si  Talphabct  punique  n'était  pas  assez  connu  pour 
faire  croire  qu'on  l'avait  mal  interprété.  Ce  monument  est 
plus  ancien  que  Tyrel  Carlhage;  il  appartient  peut-être  aux 
Atlantes,  dont  la  mce  vivait  des  deux  côtés  du  détroit,  et  a 
subsisté  encore  longtemps  après  le  déluge  sous  le  nom  de 
Quanzes  ou  Gouanches,  qu'on  croit  être  un  reste  de  ces  an- 
ciens peuples  (2)r 

En  1803,  le  docteur  Tilesiers  éçrîva;ît  le  25  octobre  de 
Santa-Cruz-de-Ténériffe.  Ce  savant  naturaliste  avait  examiné 
plusieurs  des  momies  qu'on  rencontre  danç  les  grottes  des  îles 
Canaries.  Il  a  trouvé  aussi  un  monumçnt  représentant  deux 
figures  de  Gouanches  sous  leyr  ancien  costuma;  ils  tiennent 
dans  la  main  un  féiAUi;,  sont  courpnnés  de  fleurs  et  vêtus  de 
peaux  d'animaux.  (Fortia  d'Urban,  art.  370,  page  220^ 

536. —  M.  Alcide  d-Orbigny  ra,pporte  qy-on  a  trouvé  des 
tombeaux  d'une  forma  gî^tesqi^^u^  bien  dans  le  Péroju 
que dari& les  forêts AeSmui-^i^m {États-tînis).  Des^ restes  de 
quelques  (»^res  de  ces  moniiimepts^  owt  fait  évaluer  leuifs  di- 
mensions jusqu'à  100  piefis  {33  wèlrea)  de  haut  et  800  pieds 
(2ft6  mètres)  de  diamètre.;      -      ^  , 

,  •*','■■'  '  ' 

(i)  Histoire  de  France^  pac  Villarel.  ln-12,  l.  XVI,  page  377.  Paris, 
1765. 
(2)  Voir  la  noie  V,  à  Igtûn  du  volume. 


326  SIXIÈME     ÉPOQUE. 

Des  murailles  en  briques  el  en  terre  ^  dont  F  ouverture  est 
à  Test/ forment  une  ligne  de  défense  de  50  milles  de  déve- 
loppement au  sud  du  lac  Êrié.  Ces  forts,  d'api^  les  calculs 
approximatifs  de  M.  Culter,  remonteraient  à  12  siècles;  ils 
consistent  en  bâtiments  divisés  en  plusieurs  salles,  comme 
ceux  qu'on  a  découverts  dans  la  Louisiane  :  on  y  trouve  des 
idoles  el  des  inscriptions. 

M.  d'Orbigny  fait  observer  que  les  plus  grands  tombeaux 
sont  dans  les  parties  méridionales;  il  suppose  que,  vu  Tétat 
sauvage  et  inculte  des  habitants  actuels^  ceux-ci  seraient  des 
émigrés  venus  du  nord  vers  le  sud. 

Nous  croyons  qu'au  lieu  de  12  siècles  supposés  par  M.  Cul- 
ter, ces  vestiges  datent  d'une  antiquité  bien  plus  reculée,  et 
que  l'abrutissement  des  peuples  a  marché  de  parité  avec  le 
dépérissement  des  arts  depuis  la  catastrophe  du  déluge;  car, 
à  cette  époque  terrible,  quantité  de  nations  onl  dû  périr,  et 
celles  qui  sont  restées  doivent  avoir  voyagé  du  sud  au  noid  et 
du  nord  au  sud,  dans  Tespoir  de  trouver  leurs  parents  ;  elles 
ont  tini  par  se  fixer  au  terme  de  leurs  voyages,  se  trouvant 
ainsi  confondues,  dispersées  et  souvent  isolées  en  petit  nombre 
dans  des  contrées  éloignées,  où  elles  sont  tombées  à  Télat  sau- 
vage en  perdant  toute  instruction  et  toute  trace  de  civilisation. 

537.  —  Les  monuments  qu'on  rencontre  au-dessus  du  sol 
parlent  aussi  clairement  que  les  découvertes  géologiques  qui 
se  font  au-dessous  de  la  terre. 

Les  excavations  qui  portent  à  notre  connaissance  les  mer- 
veilles de  Fanliquité  s'exécutent  aujourd'hui  aussi  bien  en 
Asie  qu'en  Amérique.  Le  temps  n'est  pas  éloigné  peut-être  où 
Ton  pourra  en  opérer  aussi  dans  l'intérieur  de  l'Afrique. 

Pour  l'Asie,  depuis  que  l'Angleterre  s'est  emparée  de  Tln- 
doustan,  du  Mogol,  e(c.,  et  que  ses  savants  voyageurs  ont 
parcouru  l'intérieur  de  l'Asie,  ils  ont  fourni  à  la  science  de 
précieux  restes,  d'après  lesquels  on  ne  peut  plus  impuné- 


FORMATION   D£   L  AMÉRIQUE.  327 

ment  nier  l'antiquité  très-reculée  des  nations  existantes  sur  le 
globe. 

Entre  autres  vestiges  d'une  date  antérieure  au  déluge,  sont 
ceux  qui  rappellent  la  ville  ou  la  tour  de  Babel.  La  tradition  de 
la  Confusion  des  langues,  qui  se  place  immédiatement  après 
le  déluge,  donne,  à  elle  seule,  la  preuve  de  l'existence  de  nom- 
breuses nations  parlant  différents  idiomes  et  se  trouvant  réu- 
nies sur  un  même  point  de  la  terre  au  moment  où  Tinduslrie 
humaine  songeait  à  rétablir  les  grands  chefs-d'œuvre  monu- 
mentaux que  le  déluge  venait  de  détruire. 

A  Tappui  de  ce  fait  d'archéologie,  le  colonel  Rawlinson  a 
trouvé,  dans  les  fondations  de  l'emplacement  de  Babel,  dettx 
cylindres  qui  portent  une  inscription  à  peu  près  pareille  à 
celle  qui  avait  déjà  été  découverte  et  savamment  traduite  par 
M.  Oppert,  et  insérée  dans  les  Annales  de  philosophie  du  Mu- 
sée  britannique,  à  Londres.  Le  détail  de  cette  intéressante  dé- 
couverte se  trouvera  eu  note  à  la  fin  du  volume  (1). 

Le  puissant  empire,  dont  ift  monuments  allaient  être  re- 
construits par  les  Babyloniens,  avait  été  certainement  peu- 
plé par  dès  hommes  très-avancés  dans  les  arts,  de  Tarchitec- 
ture,  du  dessin  et  de  la  sculpture,  et  leurs  relations  s'éten- 
daient aux  peuples  voisins  de  l'Afrique  et  conséquemment 
aussi  à  ceux  de  l'Atlantide  qui  faisaient  partie  de  l'Afrique. 

Il  est  donc  hors  de  doute  que  le  même  goût  des  arts,  que  le 
même  système  de  monuments  s'établirent  jdans  le  centre  de 
l'Asie  comme  en  Afrique  et  comme  dans  l'Atlantide,  car  les 
honmies  et  les  ouvriers  passaient  d'une  contrée  à  l'autre  pour 
s'y  installer  et  coopérer  aux  mêmes  œuvres  réclamées  par 
l'aisance  et  le  luxe  des  peuples  de  ces  anciennes  villes. 

Il  est  même  prouvé,  par  les  récits  des  prêtres  égyptiens  , 
que  le  peuple  de  l'Atlantide  possédait  plus  de  richesses,  plus 
d'aisance,  plus  d'esprit  guerrier,  que  le  peuple  d'Asie  ;  dans 

(1)  Voir  la  noie  X. 


1 


328  SIXIÈME     EPOQUE. 

de  lelles  coudilions,  ce  peuple  de  l'Âtlanlide  émigrait,  et  por- 
tait ou  la  guerre  ou  Tinduslrie  dans  les  autres  pays. 

538.  —  Maintenant,  en  outre  des  fouilles  qui  se  pratiquent 
en  Amérique;  et  que  nous  avons  déjà  notées,  nous  pouvons 
aussi  jeter  un  coup  d'oeil  rétrospectif  sur  quelques  monuments 
que  les  Espagnols  ont  trouvés  à  leur  arrivée  dans  ce  nouveau 
monde,  au  15*  siècle,  et  qu'on  avait  supposé  être  les  œuvres 
des  Incas. 

Avec  un  peu  de  réflexion,  les  Espagnols  auraient  pu  à  Tins- 
tant  même  s'apercevoir  que  les  monuments  gigantesques  qui 
se  présentaient  à  leurs  yeux  étaient  incompatibles  avec  le  ca- 
ractère mou,  inerte,  et  faible  des  hommes  qu'ils  assujettis- 
saient comme  des  agneaux,  et  chez  lesquels  on  ne  trouvait 

« 

pas  la  moindre  trace,  même  des  outils  indispensables  pour 
travailler  la  pierre.  Les  Espagnols  pouvaient  aussi' cbnsmerer 
qu'un  pSuple,  qui  avait  des  terrains  immenses  disponibles, 
s'il  eût  voulu  faire  des  travaujL  gigantesques,  aurait  choisi 
des  emplacements  spacieux  et  analogues  aux  exigences  ordi- 
naires de  l'aisance  et  du  luxe  ;  il  n'aurait  pas  négligé  les 
beaux  sites  de  sa  patrie,  pour  construire  des  chefs-d'œuvre 
d'une  grandeur  colossale  dans  les  ravins,  ou  entre  deux  mon- 
tagnes,  ou  sur  les  pentes  et  les  cimes  de  monts  escarpés  et 

inaccessibles. 

•  >  •  • 

539,  T-  Telle  est  la  position  des  restes  que  nous  vayons 
encore  aujourd'hui;  d'où  nous  pouvQUS  conclure  qu'ils  se 
trouvent  dans  cette  situation  par  TefTet  de  la  presision  qu'a 
dû  produire  le  cataclysme  daps  la  violence  de  son  actiao,  au 
moment  qu'il  Iranspojct^ijt  \^x  ,masse,:Siir.  iin  anti^  hémisr 
phère. 

Mais  les  Espçi^ol^.  cpoquérwts  du  1,5^  siècle  n'allaient  pa^ 
scruter  le^  découvertes  .de  la  science;  ce  qu'ils  eberçbaient, 
c'était  l'or,  les  richesses,  ^t  la  domination  $ur  le  pays.  Il  est 
vrai  qu'à  leur  époque  pn  était  loin  d'imaginer  que  ee  nou- 


FORMATION   DE   L'AMÉRIQUE.  329 

veau  monde  pouvait  avoir  été  une  partie  de  l'ancien,  car  il 
s'esl  passé  depuis  lors  près  de  quatre  siècles  sans  que  les  études 
aient  fait  éclore  celte  idée  ou  cette  recherche.  . 

540-  —  Parmi  les  preuves  monumentales  que  nous  pourrions 
encore  citer  à  l'appui  de  la  vérité  de  notre  système,  nous  ne 
mentionnerons  pas  les  petits  débris  que  nous  avons  reconnus 
nous-noême  dans  cent  endroits  différents,  depuis  le  nord  jus- 
qu'au sud  du  continent;  ils  seraient  insignifiants  maintenant; 
nous  nous  bornerons  à  une  dernière  preuve  qui  a  beaucoup 
d'importance;  nous  la  tirons  du  remarquable  ouvrage  de 
M.  Alcide  d'Orbigny,  Voyage  en  Amérique. 

Ce  savant  voyageur  s'exprime  ainsi  : 

«  A  Alausi  (en  Colombie),  bourg  de  5,000  habitants,  com- 
«  mencent  des  forêtsépaissesquinevç^t.fiï^ir  qu'à  l'Océan» 
«  PÎlus  loin,  à  Puma-Chaca,  après-  ce  :  vaste  jJateau  qui  se 
«  prolonge  sur  les  cordilières  de  0*^  à  3®  de  lat.  australe,  pa- 
tt  raît  une  masse  de  montagnes  qui,  comme  une  diguç 
«  énorme,  réunit  la  crèle  orientale  des  Andes  de  Quito.  Ce 
«  groupe,  dont  la  base  est  de  chiste  micacé  et  le  revêtement 
«  de  couches  porphyriques,  est  connu  sous  le  nom  redoutable 
a  de  Paramo  d'Assuay.  Dans  les  mois  de  juin  et  de  juillet,  ce 
«  passage  est  l'effroi  des  voyageurs.  Surprises  par  la  neige, 
«  des  caravanes  entières  d'hommes  et  de  mulets  sont  plus 
«  d'une  fois  restées  englouties  sur  cette  crête.  Passant  a  une 
«  hauteur  égale  à  la  cime  du  mont  Blanc,  celle  route  est  ex- 
«  posée  à  des  tourmentes  plus  affreuses  que  celles  qui  régnent 
«  sur  nos  Alpes  et  sur  nos  Pyrénées.  Pour  gravir*  le  Paramo 
«  d'Assuay,  on  traverse  Puma  Llacta,  village  situé  à  peu  près 
«  à  la^  même  hauteur  que  Quitd  ;  j?uis  on  ne'cessèkïe  motiter 
<x  jusqu'à  Salanag,  petit  plateau  où  l'on  fait  une  halte.  I^e  là, 
«»  *û^gagne  ceWî  de^Pieheâ;  puis  celttî duLîtaii,dh  feôtoménce 
«le  Paramo,  point  le  plu^  haut,  lé  pltis  terrible,  le  plus. 
«  dahgefreux  de  ce  chemin.  SoUv'eîit  le' froid  seul  y  tue;  il 
((^'raidit  lès  inembrcé  et  ôte  toulé'facùhé  d'avancer.  Échappe- 


a^O  SIXIÈHS     ÉPOQUE. 

«  t-on  à  la  mort,  il  est  rare  que,  dans  la  mauvaise  saison, 
«  on  ne  quitte  pas  le  Paramo  avec  un  membre  gelé.  Au 
«  point  culminant  du  plateau,  se  trouvent  deux  étangs,  Tun 
«  de  180  pieds  de  long,  dont  Teau  reste  à  9°  R.  au-dessous 
«  de  zéro;  l'autre  a  1,000  pieds  de  long  sur  800  delai^e. 
«  Près  de  ces  lacs,  qui  ne  semblent  nourrir  aucun  pœsson, 
<x  croissent  des  pelouses  assez  touffues  de  graminées  alpines. 
«  Ces  lacs  «ervcnt  de  limites  à  la  plaine  de  Puyal,  stérile. 
«  marécageuse,  n'offrant  au  pied  des  mutes  qu'un  terrain 
«  argileux  et  inconsistant.  » 

Sur  un  pareil  point  du  globe,  sous  Tinâuence  d^un  tel 
climat,  sur  un  sol  aussi  désolé^  quelle  nation  aurait  jamais  le 
courage  ff  aller  bâtir  des  palais,  des  édifices  et  ^tfès  monu- 
ments qui  serA  ent  ordinairement  pour  le  hne  des  rois  et  Fa- 

■ 

grément  des  peuples?  Cependant  sulVôns  te  savant  autèifif^iii 
va  nous  décrire  ce  qu'il  a  vu. 

541.  —  «  A  cette  hauteur,  continue  M.  d'Orbigny,  et  au 
a  milieu  d'une  telle  nature,  se  voient  pouftaat  des  restes  im- 
a  posants  de  la  magnificence  des  Incas.  »  (L' estimable j9u- 
teur  s'en  rapporte  à  ropinion  générée  des  Espagnols*}  «  Due 
«  chaussée  bordée  de  pierres  de  taille ,-  véritable  voie  romaine 
«  pour  les  proportions  et  la  solidité,  se  prolonge  sur  le  dos  de 
«  ces  Cordilières-  Dans  un  espace  de  6  ou  8,000  soètres  de 
a  longueur,  cette  route  conserve  la  même  direction.  Ob  peut 
«  même,  au  dire  de  quelques  voyageurs,  en  observer  la  eon- 
a  tinuation  près  de  Caxamarca,  à  çmt  vingt  lieues  ausud  de 
a  TÀssuay,  et  l'on  a  été  porté  à  en  conclure  qu'elle  établi^it 
<i  un  qhamin  par  les  crêtes  des  Andes»  entre  Guzco  et<2>iUo. 
«  A  quelque  distance  de  ce  chemin^  et  à  une  hauteur  de)i«O00 
a  mètres,  gisent»  au  milieu  des  glaces  et  des  neiges,  le^  ruines 
«  d'un  palais  qu'on  croit  avoir  été  celui  de  llncas  Tapao- 
«  Yupanqui,  converti  aujourd'hui  en  quelques  masures  nom- 
a  noées  los  Paredones.  »  L'auteur  ajoute  :  <x  On  s.'explique  dif- 


FORMATION   DE   L* AMÉRIQUE.  331 

«c  ficikment  le  choix  de  ce  local  pour  une  m^son  de  plai* 
«  sauce,  à  moins  que  la  Yne  des  glaces  et  de  la  neige,  pendant 
«  huit  mois  de  Tannée,  nefàt  une  jouis^anœ  pour  lesoaye- 
«  rain  qui  Ta  bâtie.  » 

Sefait-il  possible  qu'un  souverain  trouvât  de  la  jouissance 
à  bâtir  dans  une  localité  impraticable»  pour  demeurer  les 
deux  tiers  de  Tannée  au  milieu  des  souffrances,  loin  des  corn- 
munications-et  loin  des  populations  qu'il  serait  appelé  à  gou- 
verner? Mais  ce  n'est  pas  tout;  voyons  encore  la  suite  de  ces 
restes  magnifiques  que  Tauteur  décrit  : 

4 

512.  *—  «  En  descendant  le  Paramo  d'Assuay  vers  le  sud, 
«  on  découvre  un  monument  pâ^umen  plus  important  encore» 
«  Vlnffapika  ou  forteresse  de  Canar,  C'est  une  coUijDte  termi* 
€(  née  par  une  plate-forme.  Là  s'élève,  à  la  hauteur  de  5.à  6 
c<  mètres,  un  mur  construit  en  grosses  pierres  de  taille,  for* 
«  mant  un  ovale  régulier  dont  le  grand  axe  a  3S  mètres  de 
a  longueur;  l'intérieur  de  cet  ovale  est  un  terre-plain  d'une 
«  végétation  charmante.  Au  centre  de  Tenceinte  se  trouve 
«  une  maison  haute  de  7  mètres  et  ne  renfermant  que  deux 
«(  appartements.  Ces  deux  pièces,  comme  les  édifices  d'Her- 
«  culanuro  et  comme  tous  les  monumentsdu  Pérou,  n'avaient 
«  point  de  fenêtres  dans  l'origine...» 

c(  Les  pierres  du  monument  du  Canar  sont  d'un  porphyre 
«  trapéen  d'une  grande  diwreté,  enchâfssant  du  felèspath  vi- 
cr  treux  et  de  Tamphibolé....  » 

L'auteur  ajoute  encore  :  «  Bouguer  et  La  Condamine  ont 
«  vu,  dans  des  temples  d'Incas,  des  mufles  d'animaux  en  por-- 
c<  phyre,  avec  des  anneaux  mobiles  de  la  même  pierre  qui 
c(  leur  traversaient  les  narines..  *. 

c<  Au  pied  de  ta  colline,  dans  an  lieu  retiré  et  i^ous  un  ber^ 
«  ceau  d'arbres  touffus,  sur  Tune  des  faces  du  rocher,  est 
a  tracée  une  suite  de  cercles  concentriques  représentant 
«  Timage  du  soleil,  avec  des  traits  effacés  qui  semblent  in- 


332  SIXIEME      ÉPOQUE. 

«  diquer  des  yeux  et  une  bouche.  D*après  les  indigènes,  ce 
«  serait  là  un  monument  de  création  divine,  auquel  la  main 
«  de  l'homme  n'aurait  rien  ajouté,  » 

543.  —  Remarquons  la  profusion  du  porphyre  dans  ces 
monuments  de  rAmèrique;  l'Asie  et  TÉgypie  nous  présentent 
également  en  porphyre  la  plupart  de  leurs  anciens  monu- 
ments. 

544.  —  Une  déduction  fort  simple  prouvera  aussi  que  ces 
restes  ne  sont  pas  l'œuvre  des  Incas ,  mais  qu'ils  sont  d'une 
origine  bien  antérieure.  D'abord  tous  ces  vestiges  se  présen- 
taient au  moment  de  Tin  vasion  espagnole  dans  le  même  état  où 
on  les  voit  aujourd'hui  (sauf  quelques-uns  des  monuments  qui 
ont  été  altérés  depuis  par  les  bâtisses  des  Européens).  Ensuite, 
tous  ces  restes  se  trouvaient. et  se  trouvent  toujours  au-dessous 
du  sol;  il  n'y  a  que  de  rares  exceptions,  comme  le  palais  du 
Canar,  cité  ci-dessus,  qui  même  ne  sort  que  de  quelques 
mètres  à  la  surface.  Si  l'on  fait  la  comparaison  des  ruines  de 
Thèbes,  qui  pourtant  datent  de  plusde  4600  ans,  où  l'on 
voit  encore  sur  pied  des  milliers  de  colonnes,  d'ares,  de  sta^- 
tues,  d'obélisques,  etc.,  etc.,  malgré  la  dévastation  de^  Turcs, 
on  se  demandera  s'il  est  possible  de  supposeif  que  les  ruines 
de  l'Amérique ,  qu'on  rencontre  dans  un  état  mille  fois  plus 
désolant,  puissent  avoir  été  des  coustruclions  récentes,  habi- 
tées par  les  Incas,  qui  étaient  en  grande  prospérité  au  nioment 
même  de  la  conquête.  Non,  certes;. les  iRicas  au^raienl  p^résenté 
ces  i9oaument&>  s'ils  avaieat  été  construits  p^r^K ,  daj^^  un 
parfait  é^,. et  quand  :môme>  <je  nm  nfi)f^mlif^  ^uppq^JWe, 
les,  EwQp^ei)s  Jie^  aurRiwt  négligés  f  t  ^aijf}Qnûé.s ,  ite  n'au-^  ^ 
raient ^u> entroîS; sièclciSj ^ulemjpati  to^i^r d^njSf, jiiuqé^^  de* 
dégradation?!,  beaii/çouppiiiSi^^  ;^>Tbèl»ft<     t 

545.  ^^  On  demàndeira  pôi^^quoi  lea^fiies^,  qili  pdssèHiiienl 
tant  de  richesses^  n'ont  pas  rétabli  des'  anerëns  mbnumenis. 
Il  Cî^t  feidle  de  comprendre  que  les  peuples  ayant  été  disiper- 


FORMATION    DE   L'aMÉRIQUE.  333 

ses  par  le  cataclysme  du  déluge ,  ceux  qui  se  sont  trouvés 
dans  le  nouveau  continent  Tout  parcouru  de  droite  et  de  gau- 
che, au  nord  et  au  sud,  pour  se .  reconnaître  ;  il  aura  fallu 
plusieurs  générations  avant  d'arriver  à  pouvoir  former  de 
nouvelles  nations;  en  attendant,  les  arts  négligés  furent  per- 
dus; les  usages  furent  complètement  changés.  De  nouveaux 
hommes  inventent  de  nouvelles  choses  sans  s'inquiéter  des 
anciennes;  qui  sait  combien  de  fois  ces  peuples  ont  passé  de 
l'état  social  à  l'état  isolé ,  pour  revenir  à  des  réunions  com- 
plètement différentes?  Sans  doute,  les  Incas  avaient  beaucoup 
d'or ,  puisqu'ils  possédaient  des  mines  abondantes  de  ce  métal, 
mais  sans  lui  donner  la  valeur  que  nous  y  attachons  ;  pour  eux, 
ce  n'était  pas  une  monnaie,  mais  un  simple  métal  bon  pour 
les  décorations  de  luxe. 

•  Les  teiïiplès  et  lès  habitations  âé»  chefs  étaient  Jeurs  seuls 
édifices;  la  plupart  des  maisons  n'étaient  construites  que  d'ar- 
bres et  couvertes  de  branchés. 

548.-^  Nous  pourrions  encore  indiquer  les  immenses  ruines 
découvertes  flans  le  Mexique ,  au  milieu  de  ses  vastes  forêts , 
et  ignorées  pendant  trois  siècles  ;  car  c'est  seulement  en  1787 
que  le  capitaine  Del-Rio  et  \lonzo  dé  Calderon,  pour  la  pre- 
mière fois,  rencontrèrent  sur  leur  passage  les  grands  décom- 
bres  de  l'ancienne  ville  de  Colhuacan,  depuis  lors  nommés  les 
ruines  de  Palenque,  dessinés  sur  les  lieux  par  le  capitaïneDu- 
paix.  La  ville  de  Colhtiacan ,  située  non  loin  du  Mlcol, affluent 
du  TirHja,  parait,  autant  qu'on  peut  l'établir  à  l'aépéet  de  ses 
ruines,  avoir  eu  de«ept  à*  huit  lieues  de -tour.  Dàn&  cette  éten- 
due désolée ,  «on  distingue  des  vestiges  de*  temples,  diès'  têtes, 
des  sculptures  mutilées,  des  fortifications ,  tles  tombeaux ,  des 
pyramides,  des  aquedûCs,  ete^;  tous  ces  débris sôïift  dans  un 
état  plu§  dévasté  et  avec  une  apparence  plus  ancîenne^uetes 
ruines  de  Tbèbes  ^  encore  ex;istant6s  sur  pied.  Les  morceaux 
les  mieux  conservés,  en  fait  de  pyramides,  seirouvenià  Te- 


334  SIXIÈME     ÉPOQUE. 

huantepec,  avec  des  hiéroglyphes  à  peu  près  pareils  à  ceux^ 
d'Egypte. 

Si  nous  avons  fixé  nos  observations  de  préférence  sur  les 
mines  monumentales  de  la  Colombie ,  c'est  à  cause  de  la 
position  géograpbiquement  coûcastrée,  ou  pour  mieux  dire 
resserrée,  de  ces  ruines;  car  à  Taspect  de  leur  emplacement 
actuel,  toute  idée  de  leur  construction  récente  doit  disparaître* 

PREUVES   PHYSIOLOGIQUES   ET  GÉOGRAPHIQUES. 

547.  —  Les  Gouanches,  qui  formaient,  à  Touestde  l'Afrique, 
une  fraction  du  peuple  atlantique  (535),  existent  encore  en 
Amérique;  ils  ont  porté  naturellement  leur  nom  avec  eux;  il 
y  a  encore  de  nos  jours  des  tribus  très-nombreuses  d'Indiens 
appelés  Gouanches,  en  Amérique,  comme  il  y  en  a  aussi 
dans  les  iles  Canaries.  Et  il  se  présente  un  fait  plus  parlant  qui 
prouve  que,  dans  cette  peuplade,  il  y  avait  des  hommes  su- 
périeurs, car  c'est  d'eux  que  sont  venus  les  habitants  du  Pé- 
rou, qui  ont  fait,  comme  les  Mexicains,  des  prodiges  sous  le 
rapport  du  faste  qu'engendrent  les  richesses;  ils  ont  établi 
une  province  qui  a  conservé  leur  nom  i  et  ont  donné  aussi  à 
la  capitale  le  nom  de  Guanacho,  aujourd'hui  Guanuco;  cette 
ville,  à  45  lieues  nord-est  de  Lima,  contient  25,000  habitants 
et  a  40,000  Indiens  tributaires. 

548.  —  Quoique  dans  la  séparation  des  deux  grands  conti- 
nents le  Mexique  ait  conservé  à  peu  près  la  même  latitude 
que  le  nord  4e  l'Afrique,  et  que  la  pesanteur  de  la  masse  ait 
diliHé  le  sol  en  portant  plus  au  sud  le  Pérou,  il  n'y  a  aueiui 
doute  que  l'un  et  l'autre  de  cas  pey^,  lorsqu'ils  formuent  par- 
tie du  grand  plateau  de  l'Atlantide,  n'aieot  été  relativement 
en  ligne  directe  de  comibunication  intérieure,  le  premier 
avec  la  partie  nommée  r£gypte,  et  le  second  plus  particu- 
lièrement avec  l'Assyrie  et  même  avec  la  Chine.  Cette  o>pinion 


FORMATION   DE   l'aMÉ&IQUE.  335 

ressort  de  l'ensemble  des  faits  que  nous  exposons  et  eueorc 
de  plusieurs  analogies  rencontrées  à  Tépoque  de  la  découverte 
par  les  Espagnols»  Entre  autres,  on  a  trouvé  que  le  Mexique 
était  gouverné  par  un  roi  qui  possédait  ^euleiaest  le  pouvoir 
temporel,  les  prêtres  y  exerçant  les  fonctions  religieuses, 
comme  celd  se  pratiquait  dans  le  nord  ou  en  Egypte,  tcmdis 
qu'au  Pérou  les  pouvoirs  ecclésiastique  et  séculier  étaient 
réunis,  comme  ils  l'étaient  à  Troque  des  patriarches  avant 
Noé. 

549.  —  Les  peuples  qui  habitaient  l'Atlantide  étaient  nom- 
breux et  épars  sur  les  différentes  parties  de  ce  grand  conti- 
nent; ils  devaient  naturellement  avoir  des  types  différents  de 
physionomie,  selon  les  climats  ou  les  latitudes  respectives  du 
nord  au  sud; 

Ces  différences  s'observent  dans  chaque  tribu  des  indi- 
gènes américains,  même  depuis  que  la  catastrophe  du  déluge 
a  faitrapprocher  les  races.  Ainsi  les  Guaranis  sont  imberbes, 
tandis  que  les  Guarayos  sout  pourvus  d'une  barbe  patriar- 
cbale  qui  leur  descend  sur  la  poitrine. 

Les  Patagons  sont  grands  et  forts,  tandis  que  les  Péruviens 
et  les  Guaranis  sont  petits  et  trapus. 

La  couleur  est  très* variée;  les  Américains  du  nord  sont 
cuivrés  etrougeâtres;  les  Péruviens,  les  Patagons,  etc.,  sont 
bistrés  comme  presque  toutes  les  nations  du  sud,  tandis  que 
les  peuples  des  sombres  forêts  sont  jaunâtres  et  presque 

blancs. 

--      '  ■  •  .        ' 

SSQ.  -—  L'Aniazonê,  ileiive  primitif;  èkisle  ««cOMf  atijoui^ 
U-hcri ,  et  lui  seul  ^flli^ir  pt%^ud  j^dûr  ITfoQter  ^què  VAmé- 
riqiiè  e^t  rëéliétnênt  l^aÀdèhôè  ÂÏlâiitide'dë  VëfidqQe^èiiitô- 
ditevienne.'  "^  '  •  '"  '  ''^  '''"'  '"    '   ■■"■'  '■"'•  '  '  -  ■ 

L'Amatone  est  le  ^nn  grand  fleuve  du  monde;  il  prend  sa 
source  au  Pérou,  dans  le  lac  Jauricocha,  prèi  de€1lânuc(>^,  in- 
diqué cî-desfeus. 


33C.  .fixtius    iroQOs:/;'  -m 

iLei:VOyf>gèiir-pbil4Mophe'>LaGoDdBftlin(^^:^  'R'ât«t)rctlltt 
cmttHCû:  qi^À  un  petit  ^nombrei'^.  fmUi:4nài^:>qtiii((léfeB(I&it 
avfC  vigucnf  e6ux.qai«Vaient'  nëeitéisBiconfimoe^WttoBiBii' 
pas  4»e  rAmèritroe  a^eûtreceU  4ta[|^toti3seiiv'hïieihlt«iif(el»' 
roaaodee.  (Le  Jfonrfe^fîMiîi/',  t.  VIv^ia67i)ni»io:»  iiti  î<h>» 

Ontie  ces  t^moigHagee'gétiinvpluquBs.^t^iHX^âiBslnfer&ilMii 
àutotout'phjui^gique!'i1ans>le8ieBnsc«Èm8^dC8ifiiei4il«sJiif>i'^' 

Nousvc^oflï  dutS'Jesifnniiea'a«éricdliKii)ph»td;evëioM^' 
et  de  força  de^caroctèire  quS' denBiifes.r^feH)iveë'dei  tfà|iiâ9ii'l 
monde,  qui-sant  plus  paiuhtesergénéraluii  !;<'<!  i'<"'    .^i-yj-v. 

Nous  àvoDs  vusouveoti,  eoAiliémqalC'v  'M'HUenalles^^rte, 
voies  de  fqit'mtne^les  hopaies;' âniib  dèf;iqiti?utiel>feiiàièi0e  ' 
présentait  an  milieu  du:  oowlwt,'  la'liAlei4:easailij<i6t-les>t)Mi'"i 
teaiiK«,leiiésMpourftqpper«.toinbàMnt!C«ipii6ipBr,«lMUftBte«'' 
meritata  ehbd'ime'feiiiaKn^  s'dlfeffçftitxQOTfij^ua^àH^Cm" 
milieu  des  combattants.  ■  ''■••■i'  '■- 

femfiies,se,fijri]qer  ,^p^ ^^(tmj.téÈ^i.çiltre, eil?^!lfft^ïni'"liî^<;féH(^';i 

---;  ifli];)  'jiirilua'J'JlIUiq  lli   pit'J'^'lui'jiïOi;  ViSebSïCiM  à  Vu-i*- 


appHqu&à.fi9ireil^^^yiçes,iîplesftp^f^r,l^g9lçip»^,^^erT. 


FORMATION    DE    LAMÉRIQUE.  337 

• 

cille  (déiroil  de  Gibraltar),  et  se  sont  mis  à  chercher  TAttan- 
tide  à  droite  et  à  gauche,  partout,  et  iis  sont  allés  si  loin, 
qu^iis  ont  découvert,  au  lieu  de  ce  qu'ils  cherchaient,  les  ties 
Cassitéridès  (ractuelle  Islande),  où  ils  ont  continué  longtemps 
à  faire  un  commerce  très-lucratif.  Après  la  chute  des  Phé- 
niciens, les  Égyptiens,  qui  avaient  conquis  leur  pays,  renon- 
cèrent à  ce  commerce  maritime  qui  leur  paraissait  trop  loin-^ 
tain;  t(s  auraient  d'ailleurs  assez  de  richesses  chez  eux.  Ensuite 
le  peuple  carthaginois,  qui  avait  entrepris  ce  genre  de  com- 
merce, succomba  lui-même,  à  cause  de  la  mollesse  dans  la- 
quelle Vavaient  plongé  les  richesses  qu'il  avait  recueillies  avec 
l'intérieur  de  l'Afrique,  dont  Carthage  était  le  seul  port  d'ex- 
portation, comme  elle  était  la^seule  place  pour  la  trai^action 
des  affaires,  ainsi  que  nous  Tavons  rapporté  dans  un  autre 
ouvrage  (1).  Après  ce  peuple»  aucun  autre  n'a  plus  songé  à 
TAtlantide. 

552.  —  Lors  de  la  conquête,  les  Espagnols  ont  trouvé  que 
les  indigènes  américains  faisaient  entre  eux  un  grand  com- 
merce. Les  transports  venaient  du  centre  de  Tînlérieur,  et  ils 
se  servaient  de  grands  radeaux  qu'on  appelait  champans;  ces 
champans  étaient  construits  d'un  fond  plat,  pour  la  naviga- 
tion des  fleuves  et  rivières  de  Tintérieur  ;  leur  longueur  était 
de  50  à  60  pieds  sur  20  de  largeur  ;  la  partie  centrale  était  oc- 
cupée par  une  sorte  de  berceau  couvert  en  feuilles  de  palmier 
assujetti  avec  des  bambous. 

Ces  masses  énormes  ne  pouvaient  servir  que  pour  les  fleuves, 
où  l'eau  n'était  souvent  que  de  1,  2  ou  3  pieds  de  profon- 
deur, et  en  arrivant  à  proximité  des  embouchures  où  le  fleuve 
commençait  à  être  plus  profond,  on  transportait  les  produits 
sur  des  radeaux  ou  des  pirogues,  ayant  une  quille,  propres  à 
naviguer  sur  une  eau  plus  profonde,  et  aptes  ainsi  à  arriver 
dans  les  ports  du  littoral.    . 

(I)   Recherches  sur  Voiigine  du  Sahara  H  de  ses  sables  mouvantSy 


Les  ItidietiBidefb  (0(i\mMB4etm(MsiamÊi^ 

quatre  siècles,  foDil«Afttfaiiis>6tf<âuté«i|)ii(idbiffi<e«q^  U 

Mvigdalma^  et  ^éafi^^dliriifiMlilkit^  Â0fiâii)dt<diifj»id>àaiiiM*d. 
'  Le$  huMeiïi^  délift  Cïllâfffidiië/ip^ 

que  éelleâ  des  peujiles  dfncàîn's  et  àsiàtiqirefej'  f èssoWf"  ^6"'^ 
similitude  de  leurs  gohlS  pour  lès'btpM^kcm'gc'iJiWiy'féllf 
apportait  If:  GQntq9|/Bi<cef  il$i  a^ntr|i^eq|,p^^i;|^^ties  n^es 


ïàBfl^tifel'   ^''''P-^'M.  Hî-/non|  ^.^.M'Hii.Hiî/^  noid   , ^^i^Kint^nooii') 


FORMATION.  I>E  i'aMÉHIQUE.  33^ 

etfm^^kh^^fmmM^ï^miimyiHà^ià^  laipariiei  MFd'de^ 
cette  Amérique,  ce  peuple  encore  (^f^iHènfetice^^^ùr  ain&i 
dirs^iisuiivâfU:^  jtteiteâides^œatiançi^iapporteriUQef  â^tie  ;éncr* 
gië  dsfili«i(teb  mbfefràiaÉ  (|ili;,srart)a$e^ 
ef«BijificaobtiQiiê£m(tfîii)M.^à:lv^^  k-&ol'  de 

lfA«iëQif(|mcact^]aik^  6oi3$.Qe  r^pporl^  qu'il  est 

J)Mad&MâcHii;JoÙ3Gtllpml)/)Ojft»f(WJ!/m^î^  Fei3ii«n(i  C^r 

{Biiih¥mm^\^')9imiQ\enifhtem\,àmi\]&  Ni\\^àvt}l^%\qm  et 

Dément  les  Européens,  quels  avaiiAagîi^  c^  PAUVewx.V^^^ 


rantâ  leur  ofit  apportée.  Nous  l'apprécieront  bien t(5t,  cette  ci- 

^''^^-L^îîriimndantv^â^ap^^  jireiivèâ  qii'n'eèt  ï)o$si- 
ble  de  réunir  de  nos  jours,  et  en  aj'cfM^fit  èf'(îètteâ  'lîUé''îi&u^ 
VëBolir(I^^Htifh6i4r  '!a'*ilarratto'  cdfndmt^' âèsymuà''^^^^^ 
BilfÛ^Kl  1iés"c6tés  des  ^deux  ùioiiafe^  /téè'ôkéniente^  .fd^àifeà  déi^ 
él^iïlïiA^s  an^teïià  qur  vi^îént^  tt^ihfeh  '  érf  k;teéri(j[taè  fe^gqte 
c^ëofiftli^iit^yii^nit'  h/YéMènïMïîmi  W'(\n^  ÔnVUrièj^r^ri 

àè'iSiiil'Vtt*^'^^  a*Pbbfeët/oèl'é  dihiàt  W^êl^K 

pHlV^if8H%iïiblè  l]8iif' lèH'V  '«Si(S(èntfëf^^ii\''^aflft!ibf^ihtoi^ë>l^^^ 
méi>^Mii8A'ûk  's4çfy1î#'i)d^!seUfëiûéiiraai»  éMiaÔts; 

akft'âWfi^i^  ïiiyn3é''yi'aaii'èkistUt*p'ruâen  AtîïéritïUé,  où 
Ton  m  rencoatrel}btlW>sVfeWsifâssfles.(î6W^ 

circoustaoces,  bien  examinées,,  prouvent  jusqu  à  l'é^j-^— -^-^ 


340  ,  SlXlÈUli   ..ÉPOQUE.,  ^,.,^j, 

que  les  4eux  cpolm^ts  étaient  |rJéun^^|e^^cQ|a..1l^f^eÀl|^^ 
époque, .a^seï, récente.;,  qu^  jaçéwj^>tiQi^^î5^t^effg}^ée  ^  4(Çr-j 
iiier.cataclysiqe,  pa.i> J'éJiacgi^s^wen^dB.I^ (^y^j^^/q^ 
pai^iVd^ià  (lerAfnqiifl..^|ii^afttJ^ft  tp^^iljfJiîSj^^HWtt^f^ 
pliw  ancieaç.aMi,e.ura.... ....,, .,...  ,  ,..,  ^ç,^  t^,jî,ç1   „jo,^,  -o.or-» 

Cette  a^parajUpn,, ainsi,  qv^pï^i:^  ^pe^^^i^.J^^^  4ft 

re^te.,  par  réqqilibrp  dç  lapiqnèt^.,  ^nfrvjiir/îKoioqo'n  H  .^ibrr, 

^    '  .    .        I  ■•    ...  '  ..  ..I    '-'.  tqfïfOYn  /frnr»  sol  19  odisfl'l 

•  • .'  ;    •'  J:.r  •  i-'i       -:•]  "'  -']  '-'t j-r^vu!  n!  m^  ZiiO'j  p"^^  i)7n  60/ 

'Ciî  .'»'!'  ')'.  .i.a  '.1  s> '»<^''ij-yr»  f:'     'jinr«|»iiinî  ?iulq  ,Ofîil  ^fjl(| 

•)\'  ;.  <•••'?  '•  fr-Ml'  f.  -/r!u  .Jifti'.v  (îif  tir;) r^rtunq  iim  .i^iau'hcff  8fp. 

Origine  des, premievs  Kims.   r  .,,  . 

,  i"j7i7nq  ni)  b"lib)3  'X*ai7^0D  £>rJnob  Dmaiorl  (  c 

Thomme,  557.  —  Contemporanéité  du' déluge  universel,  558.  —  Ques- 
^''  déiifrâfés<Mdrt/5MJ.  ^^^efeèb^lMlW4^yi^iëW%ti^^ 


,o5apu  t*-,0pii|K)iiidfi^ii^rtTiaiitwl  3ô(^:~  Sfiïiweeert>^«gBesalftiiioWiUkitî<j 


^      oig^iques.57-Q,  .77,.^tératipM:et  ^l^^V^rAtbnasnci^gdw^  de^ 
:  571,  —  Gomment  onr  pu 'se  peupler  les  lies -et  les  continents,  572.  — 


»7i,  —  comment  onr  pu  se  peupler  les  îles -et  les  continents,  672.  — 
4féstfmé^a^hkHcJpî6ioïl^'57»?d^'  '^  ^^'    ''*  t'iiia)^   81)D   noilliil  iJX5 

>j^   îi;q  '.aU>-.>j //'j  ,  ii<jiji"î)ri  i",i  ab  ot/uu^  ollsd  >iijbj  fii 'iiio 
556.  -  Apr^^..py9)^,^(^n§^t^'/fiÇ|§baggfiç^ 

u.mye^§e/;,,q^t  ^ajj^enjni^^,)'iftter)5|il|^3  ^ftiJ^f  rft>^,SXJànift 


Nous  avons  laissé,  au  chapitre  XXIX,  Noé  et  sajj|jjp^^gï^r, 
le  Wiçp.t; Arafat.,  awino^^ 
lions  degrM  au  Pieivtou|,^pujs^nl,qai  Jes  fiv^^  ..|. 


ÇRIGINE     DiRS  '  i?KKMlEÊS     ÊTRES.  341 

'te  môTVtAraràt  •ëtaH%t)lus  hatite  montagne  éu^^  ïtki- 
lii'rfé  yro '^1tlbë-f  c'é'riioht'dôT^^  1^  ceirtre  Û'tiri  ^Vàn'diïHa^ 
téà\r'qWWVâft(  1ë^  di^luèe,  'ëlètît^  pèiipië  d'iiAe  nrimensè  popii- 
iaèdrrf  ^M^iîif^tH^r  dé  dette  Hauteuf  à  ^në  gi^ànde  dis- 
lance j  mais,  hélas!  ses  yeux  cherchaient  en  Vain  ces  villes, 
cêsvîlïâpsycJeiVaste'd'bt  H^es  d<!^  quil  avait  connus 

jadis.  Il  n'apercevait  plus  rien  VtotttëlaitdrspaTii  *  les  pierres, 
l'herbe  et  les  eaux  avaient  pris  laplace  jadis  luxuriante  des 
richesses  des  hommes. 

Noé  fixa  ses  yeux  sur  la  nouvelle  face  que  présentait  la  terre 
tiutour  de  lui;  il  adm^raii^e  nop}?ç}|e, riclgiesse  plus  naturelle, 
plus  fine,  plus  tranqiiille,  la  richesse  de  la  nature  avec  lous 
ses  parfums,  qui  promettait  un  séjour  plus  délicat  et  plus  noble 
h  rhomme  doni  là'cfesfînée ^taît^d^ën  nrofitër. 


ésr:'— 't!a:BiMené^i]Çl  pàa  quefie'étiîtjk  tqijlè  de  Noe; 
seuIe|^iU.,jeî^,,pqifs,4;lfly'>):%yaii,^Lar^  §Qçlit  de 

l'arctfô*^  Pâi5ttlet4gev'q*ii  étatt  yége^  vH'il  id«&  Jioiïlfi^ 


puidqit^)ine«lB?vay«ta«>a)W9ia,-~piat^  tejBHdeiiipi'it  «(vécu  eSî^ore 

au  milieu  des  mœurs  et  des  usag^,;.d&^:§pii^.  §^^nts>  4^Ni^  la 
matinée  de  notre  époque. 

Cette  sixième  ^poqu^j^}^  joujp^^Jfi»  '^  ^^h\e  a  commencé 
par  la  plus  belle  œuvre  de  la  création ,  c'est-à-dire  par  la 


itfo&^'Ôàns^lè 


de  la  ^P^tl6«'%f  ik' Wrlaftféitti?  dfe^'^  8ii 


342  SIXiferiE      ÉPOQUE."/'   '^" 

s'il  n'est  Jdeàtiné* qu'à  servir  déiraitMtbtf  att'^rôgrë^^eb  ^fe^^^ 

sant  placç  à  son  lour  à  un  être  eiifeorb  nfleîHéi&'^ë^iài'?^'^'*'^ 

Avant  d'examiner  'cette  iquëèttoW;'tf  ^i^flt'^bii^ëi^Mliiïèrer 

rhomme  dans  toutes  les  phases  de  sâ^Vîfe^/^  ^^'  ^"P  '-^'"^'^^^  ^•'' 

558.  —  L'hoI^me.se  trouve  ,auJQurd']ffl[i^.çajg|ig\5iP9[SOf^^ 
le  contemporain  du  déluge  universel,  c'est-à-dire  de  Taug^^f 
du  sixième  jour,  ou  de  la  .sixième ^poqu^^j^^.,  ommoirj  "lî 

Nous  sommes  donc  en  face  d'un  événement  qui  ^l^ftj^xPf 
matin,  car  4900  ans  (1)  ne  sont  rien  dans  Thistoire  du  temps; 
mais  les  faits  qui  se  sont  passés  dans  cette  période  sont  plus 
autberilîquès  que  ceux  despéri'odéfe't)iiféHerti*s;''ê*Hëùs  ren- 
controns heureusement^àfoHs'deriàiriés  preuves  infaillibles  à 
l'appui  de  nos  explications. 

^'Nôùs  attoris  doilU'exftimn«ï'1'libthttkd'l}Hî«i(fiidient  ^^ino- 

ralement;  car  nous  sommes  en  présienfeé  de  laii-nfteiilëî"«t*Jl 

ne  peut  rien  nôus'cadher,  in  laisser  tieii  de^prèWëfeié*?^. 

Noustav'ons  ^buà  la  màîrt  viVèlnt 'élihoft';  ^^r^oméçimw, 

' ïïdà  rë*éf éhës  iàeràht  aussi  éxacfeé  qnie  pbsèifclè;  ^-'  .-'nii)//tij 

,     559-  -r-  Pour  procéder  avec  ordxe.  nous  devons  .exa- 

.  1?  Çoïnmeu^  eeivôftu  W' JMQf4*e.tin,pfWlterj4¥)mPftj 
2°  Le  rapport  de  la  nature  physique  î^  l'Jhff^ipi»^  ^j^ja 

/t^rw^wle^.ftmmïiuîi,  le*  v^imxi^i^:mU^fmm\^mnno3 

jusqu'à  no»  joursr;  .;.,•:,      .....-,  ,,.j,,:.f.  -uMjfji/iî.iii  'jâi/iL.Kj 

ii,.si°  jkiQpifpi^et.^e  \a  l0^^d0  l^,i!(e>»piM^^^ 

(1)  Depuis  le  déluge  iusqy'à  Jésus-rChrisl,.  .  .-.    .    .     3ro44  ans.  , 
Depuis  nolro  fre.  '.  \'  '.  ■•;'';".''.•■!■  !".'  ".  'V'/''^  '^i  '"'' 


ORlGliNE,  pf:^S.J?RKiyilï;RS     ETRES.  .343 

.;^'*,L'oçigifle,ide&4Aïfg*ges,,pl  poarqMP^  de,  Iftn- 

de  même  que  les  acç^^^l^^  ..^^  ^  ^  ;,^  ,.  j . .  .     . ,  ,  ,      , 

7®  Le  but  de  la  création  de  l'homme; 
,^;  jjà^  ïi^tMiti^^  Wm^è; m' '  i&i  '  réàblteti'  •  'de  '^fedte  ciViHsa. 

9*  yhorame  comttë^ 'éh^ 'întMRgéDt ;  "m  cônaaMè'd «près 

^ln<|  lU«>-     ».'-•'       j    "!î  fj    'I.-.'.   >■      ..  /,       i^-    •■-     '  .     -...  !        !   ;■   .    ., 

d'animansuaftles  et  femelles  se  trouva. réujoie,  la.  loi  degéi^- 
r^ioBi.jtra tailla  à  la  p)\iUipljc«^m  dps.ii|divi(Aus.et,d^.e^- 
jit^f^çfile.jpri^WjÉ;  ;lor^iu'|Gwi  ;  baffle  -m»  gr»ift.  4e..Wér  iia,lçr;re 
travaille,  et  au  Ijoutid'w.cejrVïin  ipmps^sjw^r.lediivçlçippçrï^w^ 
de  la  fermentation,  les,  crains  se  multiplient  en  forme  d'épis; 
fèsiépismârissènt^,  él'îon  fâït  ïa  récolte  V  mais'  autant^if  est 
fafcilede  comprendre  la  multiplication  d'une  chose  qui  existé, 
'Hh téWWfll^^ferîîïltfB^ïlei i dé>  s*^  trett*^  (îO!ïypté?>  d#  («Jiflmèrif  •  est 
venu  sur  la  terre  le  premier  être  de  chaque  espèce  qw4ii«$ 

Comment^ m^^^tit^^kiÉ^ymv  >lii' tewe . te?'pr«!ni6r'iie^taè, 
'^^eî^l^péhfte^^lic)felri^^  l^iptemieriy^h*(^ft,'>le  préÉ&S^^  iéhfeval^i  lô^pre^ 
'Miri^*efépMi¥iil;Mé'prieW!fié»^insô<5td,iI^ 
premier  individu  de  chaque  espèce  animait??'  "[  ^^'-  > '«»i)^^t 
''i»'l8g*ffc^éiitv''da'fftî»Jfô'*fè^ef  'ffegiéfeH'  ljoÉrtm<5li^!  êe*  ^'«s^enu 
8ur  la  terre  le  pi^éMtlêtt  4À4n^il']^béi  ^lat  j^ftt^ilièrëc  pla^itev  le 
premier  grain  de  blé,  le  prenjier  raisin,  enfin  le  premier  ar- 
bre  '^<  félreriiier  frtiit^'-a/àà'^  ^'épè^P"'''''  "■'  ^""'  •;,'  '  • 

56|,~.  ^  Aous  ent^pdjQjOs  faire  abstraction  complète  de  tout 


re^heifche  de^ceUa  6(mhcoid6îilaio^éalk)ffijàsr^  j  ëoHdrrittoi^^^ 
paiiii6)déî^  confin^a*  parJ'^élodeMôànraétaaH 

vrage  (û«  7,'8,  Sri^'ia;  \i\  V«)rii'Mtï^emtff1M^ 

c'e^-S^dirt  qu'elles leiï^éne' le  t/i4ûliï^e'ày^ W;''l<a[ ""MW- 
quent,  puisqu'elle  est  pleine  de  vie,  comme  c'est  induodâfiie^ 

notre  terre  (»  fQrnftft,daip»}éBMf^§o#hflWfiy#ri 

OSiW>>BP  rftflî<feî'i^)>.  i jiifon  ^j^  inp  r'OJ^M^ni  89l  ,Jiofn  bI  aoiqiJ 

conque,  a  produit  de  même  un  insectefyifBigJ^  CicçuSiflee^n) 


ORIGINEL  0$tJ'*vi>R]^M^iËtLiS^  ÊTRES.  M^ 

rhomme  même.  Si  uu^bof|»fn8iip6isd4ieàlpa9pi'b^^^  ^il  â'ô 

în^i^itabbxtaanë  qiiiÈtreustff  'iai^^éiiie utca^^âteme^^  d<s^  tep  ver^ 

ill^llâ^iflib  ()QabeéeEi8pQjaiiji>c{«iL;bKedtôt  l'ora»erom>4i«^;  pi^piilâu 
têJDsâaoEBie  .^qjBmœihew^ai  leuché  son  .cdrps^  et  cependant»  il 
verra  attachés  st:  $onb  ^dflwneJ  une  întfinilé  ya«lPes <insieet0$ 

£iSy%f?^y^g/;W^.'.Mi,fil^'î?  qui,  .^ès 

plus  ou  moins  chaude,  et,  sous  beaucoup  de  rapports,  tfiffé^ 
feBtd^è>l9<irMiis^¥c((f^Pd^-|â^l^ei^(pd¥tie^^^  eërpsV^I  ^4n- 
suil3^é  te^)d«^i'ë'é!fSài@à'éliMfêy  de/  ntoâi^è'>i[(irdâ!ufiëi^ï>»1é^ 
msedlBfei  v^rl^,  «triviiftl  lèsA'flr^i^se^' <t^^  "qd'ift'  pè^éëdient 
enTate«W)*feaaipàytïé'fldkîG?pk'dôii*^l#fe(^^  " -'*  ''  '  '^^ 

^•<Oli?iiiî^0iMï<îd  j«jqtlîà^^feoi*âniè  éspèeeà^  ^^*ei^'  »  flMi^ectëà^ 
aïk|e^i|%^ftitf^ï^^Mëièà^'«mfl'to%ïflëh^ 
après  la  mort,  les  insectes  qui  se  nourrissbSfeiit  'fort 'ftièti' dëS 
3oey3deollhcftâiâfe>^k«t.  Wéf  Mvétf  ViS^Vé^^^ut^  Fhohifaie 

piivi^^tfite^>«Ér*»i ifs .pèns^irt^tMsV' eÇ^  ItiiteënC^eâf  'j^afeë 'à 
d%«|r^')tegéc«éfeH»*fe(M'^fe'ivëfe^^»^ 

565.  —  Mais  ce  n'est  pas  l'homme  seulement  qui  est  sujet 
àr^litiit^'l^vpi^jtii^i  eiè&'indécfë^ éâ'k^#érî  îKdën^e*  ta  Tie i^ns 
s'en  apercevoir;  tous  les  autres  animaux  ont  un.  sort  pareil 

^kh^%W^  f^m^WM M^^^^^^^^^ 

presque^d^ji^fj.lMi  j»Pf>f*^bi)i^^^      ,^^^n  ..ppèsfejifver ..  Vatoillô)  etter 


Mh  'u>i  '  sixiiEH«ii'iËP4iQ^Et/:KHfiH 

4aAiBe'a'<b)a!)f!«MveBtâURisoa,eoF.ps^|KAit^iAseçt^ii4f()i<nw> 

La  loi  est  donc  la  même  poufVitOH^aWtiEiuilKitS'^Qur  («ut 

le.EÇSW.dttrègfeABifii^ij.le.ilBi^çtDfl^  si^p^ffli^l^orps  g^un 
prjn«i)e*iJWtS,vqui  ,a  .une, vit^fil^  .(ipro^d^W  flfiç^ 

«elftppçfflenu^^  ,-;...,  .,  ■■  .1..  r.',,,,  ,,,-,  m,,:;.,,,!  .,i.  ,,,.,d'i,; 
'  5BB.'-^  Polir  ïugéi^  cbrabien" ce  |)^BlïW'vjtè'lle^'aélica»J  U 
lie  s"iigit  qiK!  d'ob^l^ëf  ce  qlii  se  jù^'é  jt^t^n^lettiefit  a-9Ui^n)& 
'yews.'"'        "'     ■■    ■■-■■■■;''■■■■.■  ^■■■^■'..' '[■:  1  ■;>.■;  ^-'mi  ■jij.'.'njt 

Si  l'homme,  qui  WitfiialtïèsMr  tonrè^dértàe  ties'iosédti^ 
qui  ne  sont  que  1e'prodiii{tle's«s  ënilBsioiW  vitales  iabÀudaii>- 
nées  à  élles-mêiiiefe  siii*  son  cbT\w,  prend-  uff  >!iiige  eV  sa  'del- 
tdie,  i>ar  ce  Bimplô  iiniW  détruit  toute:  Kictivilddesmol^ 
cilles;  tie  seal  acte'  niodifiie,  'aHfAe  \W^mii'^mhlt(tèie6>  k 
■anôairtili'lenr  vitalité;  '  ■'    '•  ■■  •    ■    [■■■■■■}   i'  '  i-.'i!:j'i 

Ainsi  lorsque  l'homine  se  lave,  le  contact  de  l'eau  ettao^ 
de  Mite  4e  «liéat'JaQlOlii'  d«  «t»i^  uoPfj8;'ihiErtLtôilBesi«liatl»sés 
è  ëclore  svrr  son  dpidermâ'^ièsetft  éia>  aot)t)>eiatûrté4  pttote 
-llqiiid*.'    ■■  ■      ■■■■■■';■;■■  i.i'.-j.  ;--■  r:.  ;  :  .'Ui-,.,!!- n -w  .w 

rispii'atiOn  'cOnden'ilCTit  dôâc 
^îïiais  t'éniî'ssièri|dé'ï'Haléîim 

sieçfeg;ions'einerees,'if' 
Caufrc^'I 


illles' ^émanations' vont  â'ms 

jiesfëkions'r^*'*-^''"'''''  ^ 

Uj  de  loul  à 

[#'i5;. 


c«iitribiit!  pour  >a  parl.a  a  loii]at(pn  a  v 
esiHJnetoucéâ  les  rois  au  ç]le,jrencoBtre  ^ 
liables  a  son  il^Teiopiiemehi;'  dfM'le  ci 
atlu'ce  dans  (es  assemuukjE»  deslméâ  à  1 
veaiii  astres,  ou  île,  won  veau  j;  corpssol 


tpltl'haillBet^t^leaslm«'t^(«teii!a«©flB■dK!l(n»lftlefrl«)J'lie»■e^ 

tmèg-annétim>èrnMfif^iév^'>-\  .>u\ùi,<  .à  lu.,,.,  i-.  ,.■>!  ,.■.; 

arbre,  un  bomme,  ou  un  éléphant,  ne  peuvent' girtVe^'soHiV 
fl'lTO;fll^e<>IHiJp«ifftumfptfâ?M:i9aKeUe*teswipDCe,99Jva 
gwJHiw-  dep»  iviteliM  l'«»l>ryan?.huniain  à$m, le  ,îeftUi4e  Si 
femme  n'est  pas  plus  grand  que  la  pùinte  d'une  éj)ingle,.  atril 
^tkigjerfiie  ode  ihlt;l'ormaliQ»'<l'un>Jiioini»<;.itle  6.pd«i]aiâe,hau- 
laot^ilitïiia^fi  {)yiioi»âoe««  HBSHiAMeZjl'éléfd^otr'  j.  i  c 
-  l'jQiH!^  a3t'^ib#iAte<AowiiBt)(>^.d']iQHmw  m  itt'^l^fibaQt  .arrive 
^flo&iiuaieiidïWtj(*âl»ilfffrer(iM:p0ï»è(l$.rfe8iqpftlitteB«a^f!g(»» 
1^  c*Ji!*fi!quii6e iiioav^iil  dans.Jefiem  de  la- fwoBie,  oa  de  i',ér 
léphant  femelle,  pOHcquoi  l'individu  jie  se.déMMoppeii&iIntI 
"PïISfSi-i  .■-  ',  i  ■■!■  i-.i.i...  ^  ',i  .  .(■  .    '-  -'i:'  ■.■','■;  ■        .  i'  ■  ■ 

<,,;0f-^iii  Q*t<!i»riaJtn<Kttt>,,dpjii¥  :ie  «Qtirsijdajla;  Co^fkM^ii  df 

et  ces  moments,  nous  les  avona  appelés  le»  mtervallea,s,^lQr^ 
^le.^lil^çt  étajl  trè&7pi;op,reà,ï^iredévd^  Iesi)t6mesv.mi» 
^dfôfiutïeS|  astres,  et  qui  trouvjfiifini  1  elat  de  la  terre  eii'àn^- 

Togié  avec  ,leure  .propriétés  productives,  .  ,     .     ' 

Ainsi,  dans  le  jf'- -'-•-^  ■--"  — ^ -Ide  l'èaù,  tes  atomes!  des 

Doissqns  ont  pu  se  net.'  élément,  comme  iés 

friwb  1110/  ^jl*'/'  l|.;  ;i:ic  11      I  i,'iii"'i  /in 

plan  es  avaient  pu  la  terre  onrait  une  coiir 

cne  propre  a  leur  te  même  que  Té  'principe 

animal.a  pu  aussi^  ur.  due  les  plantes  mi  dnl 

pffecl  «ne  subslanc  ,         '                         ' 

Si  (Tohô,  .dilns  ri  lèmè  .au  cinquième  jour, 

.unaiome  animal qi  int.desinge  oud  liomtee 

8  est  iroiive  sur  un  près  d  un  f^rDreini  d.une 
plâiilie  donnant^  par.  nvpomese,  ue  la  comme^'ou'une  autre 

siiiHlance  équivalente;  si,  de  plus,  une  température  douce  et 


Î48  '    ■■■s)ai\iniKhip»9^E.i''-"'ti' 

(lir  ,et,f)âise:foiuHi6r:  pftt>  UabtMtptiM  (Isioena  sutMtsnCèt  Âv^ 
IriUvBqui  ÉtaitÀiï(l<'portée!,'COQunéil'>vaiidra^«tot«oÀ1f«itsf^ 
9lie<lrW^''Vtdui»it<4>in8,'.dO<pettei)i)ahièrB^  siiljRaisèàaC«)0i^4ôi* 

Nous  avons  une  prei^  (ie«e(tc  lm^llloii^dé)^(Hfi:Ali[iol]id6ii0 

ye|leç  t9rtnes,sçf]é)iç|ftBP<fft  rWf'fi  l*[^ediifl«?iKHjëaihiallil(p 

^9^1  ir:;,:    .■::li;i    .:!  J^ù   .'Il   ;ifli.|[0-(    .iioid  ■"•ir))  a'i^/Tâq  £oni 

0iitsBg:^d0ii*l1krâuei8eiBerait<t>e!rï»cti6b»ëèi^ft^'dë^dH)J9yib^iEi? 
SUeceSBife:    '•'''•'  '■■  ''J  ,''K-"i:i>!  '< ''ii  "si  oli  ml.iB-jgob  JfioicriuiWi 

que  tMRis  ne-Toalïonsta^'et^'^i'^IlH'^'t^'^^'Ûë''^^^*^^'^ 

de  formalion  ou  de  création,  et  il  est  lout-à-Hft'îfiâWSJ^idïî' 
pv'cxniséqbém,-  •tiaé')a>  )^ab«He  t'iibmUlcf  iv}#ftbë  '  If^'^éï  -  \m 
ai^^ireote,-c4r,'ffvh«>pdrt>ctiimwe<tie'')'l(iiïtr<ë<'  Hiitiltâïfl  Itiâ^ 
joui'S  remonter  au  principe  que  nous  venons  d'ilAffl|Uër^^M^ 
la^fdriBpitioÉi  dttip««i«i"^ie»m''i  -'■W"'  ^-n-^o  ob  «./nmori  ^'.J 


OBIGINë  .S«S-<tRB«IIIL&'ÉTRES.  Si^ 

iQQlél9ettli)iU'a«ufâ  qaeioliBqiieiietipèbe.teifiolUtiifirivéb'ftehf  la! 
localité  favorable  à  ce  (iéveloppement,  suivant  f)*'ftiatHi«'(léi' 
Bt(liPfiiluBiM(to'soliisi***tïiiHl'il«>9cali'Bft;.ii!  :Mii!..i.i/.;^.Ki-: 
i>-CT|[.r.U.'»'n(ïwe^tobe^i  «estïrtié%''Voit'.  èlAiétt^è  "Wné  fôïs,' 
l«iiuBt«fe»e-f(i*WS:ti|^ï*fertHW^siîtl  Ijri'è'Clè  (t^'lA»tiimfe;"^)i!- 

rfl^  ({^Heil'éMieiit^l«^'hothMë3iflM'!^'nciëil^t!èiil[^rcï^)^WiVi^' 
mes  pervers  que  Dieu,  comme  le  dit  te  Bible,  avait  r^cH/î 
(Hçpffçrm^flf t,  pftr,  Ije.  d|jl?s«,,uDiK«rsftl|,  HM-panitllt reatasurffiphe 

pourraient  descendre  de  la  race  actuelle,  mais  qui  poârmienli 
8fl^i,;^re,(!^;^)çar,dç(,i^(HiiYfiU«fl:ififité«ih6-é(Btiaées«i'fliiWes 
astj^.,sai\ar^|lfi,BjlSl*fn^iaMeiOW»awp9'iM(fK(sé,ftllrCTr¥»nl. 
sflP^lr?  ftçrrg|juflijp()v^epi|!ç(imat,ito(jt,8r&rftfcivoP8We  à  tem*. 

«l^^WflPfiR^Oh-,.  tm.l  U',    1;    ;■>    .nii'i..-)  '.1:  i-    "'-'■•'   --'i   -'-^ 

,,.Un,»?|tj«nftl'^iMi*P9«'llfti'diMP.S6»Lquî'rt  ideaièdie.sufBnttti 

Dfl^f  Kft^Hi'fl  <le§ir,WP5,|n9BNflH9Sj)tep*.Mtaies,les.«pèo*sl(i«- 

^eOp'iBBWfll.'b  t^mi-i  ^.jmi  ■11'}.  '.<|i  inJhi  <•■    T,piM.i,i  .-■  'im-- 

Les  hommes  de  cette  autre  foimalioriiHniii^eait  de^tfaalïlési 


4«éri)bwlp«^fmiiiBMopfMrr»l'j»^  |»M)iiei0âi!Sfpaen,oaitl» 
toutes  les  conséquenees  que  nous  augurcul9k)ittéiiifteè^Ké^H^ 
actuelle  et  pendant  le  premier  quart  de  siècle  contemporaUi  de 

Noé.  

Car  d^où  seraient  venues  ces  grandes  populations  qu'on 
trouve,  peu  de  temps  après  le  dernier  cataclysme,  éparses  sur 
les  continents  et  dispè/sée4  sûi^'ltààU^ilâfiilliers  d'îles  qu'on 
reconnaît  habitées  à  mesure  qu'on  les  découvre,  et  générale- 
meMfOHipiÊès  ddmaUqpifiHt^iHYaseaâlittfPenifAieiUd'itm^ 

Ce  grand  nombre  d'hommes  et  de  JtWJPii^^tti^^f  ^^  ^ 
continents  et  d'iles  très-éloignés  les  uns  des  autres,  qui  n  ont 
jamais  eu. daireUtûonsentre  eux.,  puisqu  ils  xie.connaÂ$i&^^t 
pas  là  navigation,  côttlinent  se  trouvaieîxt-ils  tfeis  ees^ten- 
drpits?  ..  -  r       .  .  . 

jËvftdemment  on,  au  moment  du  cat^lyj^e  du^  ^éiluge^iini- 
vei*se!,  la  terre  s  est  brisée  en  mille  parties,  jf^rojelant  •  ses 
fragments  au^  dislances  actuelles,  comme  nous  raijj^ns  ^sjpli- 
qué  (SIU  6t2),  6tempartantav.ee  elle  tojule  1^  (H^ulîllimi^qui 
couvrait  chaque  fragment;  ,    .       ~     '  ' 

On,  au  premier  quart  de  siècle  de  Noé,  lé~cUmat  ëtàit  ^tel, 
que . la  reproductif»  des:espèiçi)s.sur  l.^lLerf4,ft.Bu.s'#e4uer 
par  les  atomes  venus  des  autres  astres,  ainsi  ^oe  nous  Viitdi- 

•873:  *^  Notre  opillion^e8t<dt!)lu^qa^à'Chaq^eio^vaiieId'llne 
époitiié  àf  àiitre  des  épôi^a^s  'primtlîvèsf;  te  leitfe  à^'imemi  à 
sa,siM?ei;(i^!  fti^.chalf?m'  \^\okiif^i(.^^^^^^^ 
parTincendie  ou  par  TefTet  de  combustion  dtt^cir^i^'ieata- 
clysme  ;  et,  jusqu'à  ce  que  cette  chaleur  se  fût  refroidie,  la 
siirto(^"'tèiVésÎTe 'êtàït  (ïë'A^^ 


'^\o:xk^\s\iî\\\vànm%'ii\^^^^  ''•^^*^<i  '^J'^  »" 


i 


NATURBiiy&ML'lHOMQVIBiiGMIPARÉE.  dSt 


lir/i/p  «noiJiiluqoq  èsbairi;^  ?/>•>  ^'Mirn/  JfLOinio^  .''obiii.) 

o[II«pfMnPt'lde..'lft;i:nii)ù0i%^;-pi^  'riljpHOifnpift..:! 

airee  la  Terre,    les   AnimannL ,    Ie«  Vé^tMàHJn^ 


575.  -—  Symétrie  des  organes  et  de  leurs  fonctions,  576.  — ^  Autres  ana- 

lo^Qs  entre  rbomme  et  la  lerre,  577.  -^  Pourquoi  le  végéial  diflfôi^  dé 
-''U'afÀlmàl/èT^! —IhippeWdeinîOniiàoiài^eeiIe'm^^         WÔy.^  Dtrii^it 
r"  <  fqRfM^  daj]^'élept?f^ijt^»|58q.}Tr  f  oi^cjiofl  di^  poiete?  ii  readfjpi^  de  r«é|QQ-.  y 
:i,.trwîité,  581*5 —  Correspon4ance  (te  Thomme  et  des  autres  ôtres  avec 

Tatmosphèrc,  582.  —  Les  pores  dé  rhomrac ,  oS5.  —  Nouvellô  aiiàto-   ' 
' "î^gft  '^Àwé  •l!htf<nAié  é^ 'ïa-tewé',  SS^/ ^*— '  îOorfet^ôhdanèG  déd"  traiâ  i-fegnes '  ■ 

avec  la  terre,  585.  —  Loi  de  supériorité  |Q(Ç  <}'^ér|fritf  au  p^ysiQue.^.  , 
j^|aYjf0pîaf^|ij^KrT.Aniaqç^.(^^s^??O^Yçm^  et  l'homm^; 

cpnMdératiôhs  physiologiques,  5B7.  —  Rapport  J)hysique  de  lliomme  et 
'''»ï^fe''Aiitpe^"'èiiifnatik,i88;  JJ-'i)îfféréhcë"dii'si^3fèrtiB'  dè'nntnti'dn  entre. j. 
~  i  h  ia  iiégôHHfçit^l^liiifflll  Vii!58ft^.^-  liappçttPf«t odilféijçfi^e^  d^alf^  ii^yqlèities  , 

de  géoératioa»  590.  —  Effet  de  l'air  dans  l'acte  de  nutrition,  591., t* 

L'air  comme  aliment;  moyen    d'épuration,  592.  —  Décomposition  de 

''rfTfai<jJLh^lëiftëri«*Mèûèdaïa.nuttfîti^^  PrDdigï€ti!ïe('mas8e^*air 

f]  f  fj^sqmpi^  rpp  J^'eg;lfèce,^i)JflpfHjiî^  S9^.  TTî ,  Cqpsqminatjipp .  prpduîtç  pnv 

•    les  trois  règnes,  595.  —  AuJtres  cauâei^  de  consommation  considérable,  et 

ni  ,oiI)io'i'J')'i  j)ïl  '.>^.  ir"il/;i!>  .');i'n  onp  '"•>  h'i'p-'.ij  ,  1'>  •  '!•",  '!•! 
un  état  passif;  cependant,. <ivW^,/^n|fiW«iqVfilnW*t!*'','«H?!i 


352  SIXIEME     ÉPOQUE. 

ses  altérations,  et  manifeste  sa  part  contributive  d'action  par 
son  poids  dans  la  balance  du  mouvement  et  par  sa  décompo- 
sition dans  les  formations  nouvelles. 

Le  minéral  prépare  la  terre  qui  produit  le  végétal  au  ser- 
vice de  ranimai. 

L'animal ,  en  avalant  le  végétal ,  s'assimile  donc  des  par- 
celles quelconques  d'essence  minérale. 

575.  —  Dans  la  composition  chimique  du  corps  de  l'homme, 
il  y  a  une  parfaite  analogie  et  afûnité  avec  le  corps  de  tous  les 
autres  animaux,  avec  les  plantes  et  les  minéraux  ou  la  terre. 

Tous  contiennent  l'oxygène,  Thydrogène,  Tazole,  le  car- 
bone, le  soufre,  le  phosphore,  etc.  La  différence  n'existe 
que  dans  la  quantité  de  l'un  ou  de  l'autre  de  ces  ingrédients 
simples  ou  composés. 

Pareillement,  l'analyse  des  cendres  d'une  plante,  celle  d'un 
animal,  comme  celle  de  l'homme,  donne  les  mêmes  produits 
et  ne  diffère  aussi  que  par  la  quantité,  en  plus  ou  en  moins, 
de  telle  ou  telle  essence. 

576.  —  La  terre  contient  des  pierres  et  des  métaux;  nous 
avons  les  os  et  les  ongles. 

Les  plantes  ont  des  branches  et  des  feuilles;  nous  avons  des 
bras,  des  doigts  et  des  cheveux. 

L'homme,  comme  les  autres  animaux,  a  les  mucosités  des 
fosses  nasales  ;  il  a  la  transpiration  du  corps.  Les  arbres  ont 
la  gomme  et  les  suintements  humides  qui  indiquent  une  fonc- 
tion symétriquement  pareille. 

577.  —  La  terre  travaille  dans  son  intérieur  par  l'effet  du 
feu  central;  ce  feu  purifie  la  grande  masse  au  profit  des  ma- 
tières qui  se  divisent  en  minéraux  et  métaux,  et  se  stratitient 
par  couches,  ou  s'échappent  par  des  expirations  dont  les  vol- 
cans sont  les  cheminées. 

Nous,  dans  notre  corps,  nous  avons  également  le  feu  vital, 
plus  Testomac,  sorte  de  laboratoire  pour  la  division  de  la 


NATURKlOB"t'ilOHHB^C««PABËK.  BSEl 

SHninri«iafe,<  -et /enOIrkstlHt^rMixi^ ^«outi^oUmM  wa' vbicans 

dttjWrtiet,   nu  K',!]    !■,  tiHIIl-'IHH.I  llil     -n  ■■ilA  ly.  ■!<    ■■:IJii;.> 

La  terre  reçoit  la  semenMletiloiTistHiié'JlDlt'riittti'tfltt^htHtbi 
âit,<nteiC[;te<j)iini^tifèçoif  ûoi  aMnie'de'Mswncè^titS'tiAtiire 
Tait  naître  rbomme.  .'..ri.  i  i-.i  ■.■,/ 

-■i^À'Afl^imitVàixttBmi  léitenc»)  )»<rt9mifn«,>n'biie'ft's'^- 
cuper  le  moins  du  inoDdb.rie  IIaecv^e9eibeM<l<tei'rettllH^6ir; 

'.^,fifîf;^i1'^^W^%>^>)?ff'flF««- :■'■■■■;■-■-' ■'■■•'■'  -  ^  = 
^f'G9ttj>-^>Si.)eooiteil'eiiVégéterpMBeiite'urimctitiiTi'é'h6inbr6 
diongUnasique.cehiide'ra'nimâi.  klest-  qûesa'vfe^'i^ptèhd 
unr.iDolni^re.Dombre'd'ecljOrls.  ■'..,.•■■.■<    -^   ■ 

'Sitaisabetencé  du  vég^l  n'offire  pas  tes  ti^iis  néfVeux  e't 
muaelilniree^o'âA  qu'il  n'ai  pas  leiensibilKé  ni  ik  Idcomo-" 
biliW.  .-  -],■..■.  ,io^<-n-^.- 

"'6j'9,'  — Ndtiî-seillénienlif  y  à  daiis  1 
iiSentfqtiie'à  celle  qi)r  a  tormé'  h'  phrtè 
niA\ë'¥\ia(aa\b,  camàe  les  'idib^raùi; 
coaslammenl  dans  30d  corps  les  mém 
di'eiii^utei.'Âflnaicte(:;^:miité^|i^«-Mrt'KéteofHicité,->o'«st 
de  l'intérieur  de  la  terre  que  s'exhate  'le"vbOBpIWre.'éff^^ 
&{l*rçaU/eiv,eotr$allÉiw(t  «ilreiebaildBlle'Ida^  «ertftittéklnïï^s 
nouvellement  ouvertes;  la  flammefieif^maimbiqtie'ittli^tftle-'' 
iwtol^;àil'«in[de-ttiinéineiinjdei>la:itiim,>-ft'e««iie'^4»«^Néïéqui 
'  sîwt  «flatté  daïntrtsDMi4niilewnaiti«eB*pt4D^J'deinén(f,'  apri»' 
DQtoelEMMtMronisktmitideèMivid  iè>ifibo^plH>r#^^#^ëtA|àdié' 
dans  la  fabrication  des  aliumetteSiiiei^lfe  HMfë'WhlèVWtéit-iJJ 
»^it,^qlp(l[Wft„|^.i!^Ht\9J-^,|i^  i)fltWiWW*.P^aiu-piWffe 

'ir^llitJiila  0^.  ta  ./iinJ^tn  J'>  /iicrjEiim  no  Iii;i8ivib  !w  iijp  i»i;)iJ 
-fi802'>HiMilÂ(a^UHa^.*i!eJMl^^«eqH«)i^'aB«fei%i^'9Ihit§'l. 
le  grain  des  céréales  que  dans  l'ffitiP>i«n«lltaëafïi"eèi^W 

ré»érteiitiprimitilildeilear'feu"«Mt*J''  ■»li  ''■>'f>^  •  "'<""ii^''''  -^'l'i 


3S4  SIXIÈME  ÉPOQUE. 

No»-sfiiiilenidiit  l'éloetri ^eUé  est  le  sottrce  ëe  la  vie  animate 
et  végétale,  mais  elle  accompagne  constamment  les  animaux, 
{es  vë^tou3  et  les  minéraux;  de  plus,  l'électricité  estérieure, 
en  rai^QD  de  son  affinité,  les  saisit  et  les  enveloppe  :  tootes  les 
fois  qu'une  pointe  quelconque  d'une  natore,  soit  minérale, 
soit  végélalei,  soit  animale,  se  préseEtesur  le  passage  de  Té* 
lectricilév  cette  poiftte  devient  son  eomdiicteHP. 

L'électricité  intérieure  du  globe,  celle  qui  eonlribue  à  la  vie 
des  animaux  et  des  plantes,  comme  celle  de  j'atmosph^e, 
sont  toutes  d'une  nature  identique. 

581.  —  Les  pointes  placées  à  la  surface  de  la  terre  attirent 
réiectricué  atmosphérique  j  une  pointe  quelconque  fait  aussi 
jaillir  Tétincelle  d'une  machine  électrique. 

Dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  TefTet  est  identique,  car 
kl  oa«8e  est  la  même  :  l'électricité,  qui  tend  toujours  à  se 
mettre  en  équilibre,  c'est-à-dire  à  se  distribuer  également  sur 
tous  les  corps,  s'écoule,  par  les  pointes,  de  l'atmosphère  ou 
des  nuages,  où  elle  s'est  concentrée,  vers  le  réservoir  commmi, 
qui  esl  la  terre  elte-même  ;  ou  bien  elle  s'échappe  avec  ex- 
ptosion  de  la  machine  sur  laquelle  on  Ta  accumulée,  vers  les 
régions  aériennes  où  elle  se  trouve  en  moins. 

Si  «fie  tige  de  fer  élevée  attire  la  foudre,  l'arbre  pointu  a 
te  même  pouvoir,  et  la  pointe  des  cheveux  de  Thomme  a 
également  le  miéine  pouvoir,  seulement  avec  une  diminution 
proportionnelle  ée  force  attractive. 

Le»  poissons  des  mers,  et  jusqu'aux  moites  méduses  elles- 
mêmes,  qui  pestent  k  fleur  d'eau,  transmettent  par  leurs 
écailles  ou  par  leur  peau  le  phosphore  qu'on  aperçoit  à  dé 
grandes  distances. 

De  là  ressort  qu£i  W  princi^  éleclri^iUQ  vi^l  est  dan.9  tous 
les  cqrps  sans  excepiiomk,  e^  qu'ils  s'attirent,  par  ajâxiité  toutes 
les  fois  qge  des  pointas  favori^^mt  leur  Qoriraspc^dan^^.  Dooe 
l'homme,  comme  l'arbre,  comme  le  fer,  comuH^  les  poiçsons. 


NATURE   DK  L'ttOMaiE   COMPARÉE  355 

a  la  même  affinité  avec  l'aimospbère  qu'avec  la  terre  el 
Feiaii. 

582.  — Dès  correspondances  sans  nombre  sont  donc  éta- 
blies, de  bas  en  baut,  entre  Tbomme  et  Tatmosphère,  comme 
entre  Ta^tmosphère,  la  terre  et  la  mer,  comme  entre  Thomme 
et  la  terre,  tous  agissant  dans  le  même  sens,  et  parallèlement 
à  la  sève  ascendante  de  chaque  être;  la  terre,  elle  aussi,  entre- 
tient, par  le  suc  des  végétaux,  des  relations  continuelles 
entre,  le  sol  d'où  il  sort  et  Tatmospbère  où  il  s'évapore  en 
partie. 

583:  —  L'bomme,  comme  la  terre,  comme  l^atmosphëre, 
nous  l'avons  déjà  vu,  a  des  pores  innombraMes,  par  lesquels 
sortent  ses  émanations. 

Ces  pores,  suirant  Letewmhôek,  %ont  si  «ombreux  et  pi  pe- 
tits, qu'il  y  en  a  125,000  sur  Tespace  qu'occuperait  un  grain 
de  sable.  II  soti,  par  ce  crible,  dés  vapeurs  continueMes,  et 
d'après  les  expérieiices  de  Sanctorim,  un  bomme  qui  m^nge 
Ott  boit  la  quantité  de  hait  livres  dans  un  jour^  en  perd  cinq 
par  la  transpiration  insensible. 

584.  ■ —  Les  conséquences  qui  découlent  de  ce  résultat  sont 
remarquables,  car  elles  nous  indiquent  la  proportion  de  ce 
que  la  terre  émane  et  retient  dans  ses  échanges  avec  l'atmos- 
phère. Or,  que  pourrait  faire  la  terre  de  ce  quelle  retient^  si 
ce  n'est  pour  le  fournir  au  centre  du  globe  comme  une  ma- 
tière fraîche,  en  tant  qu'elle  est  nécessaire  pour  le  grand 
travail  central  du  feu,  qui  entretient  la  vitalité  et  la  chaleur 
de  la  planète? 

Il  en  est  de  même  de  f  homme  qui,  de  ces  huit  parties  qu'il 
a  introduites  dans  son  estomac,  après  en  avoir  rendu  cinq 
par  la  transpifation,  en  retient  trois  pour  l'entretien  de  son 
corps,  dont  I  existence  et  la  vitalité  dépendent  de  cet^e  nu- 
trition. ' 

Si  Khomme  conserve  ces  trois  hiHtiènf>es  dans  sot>  estomac , 


356  SIXIÈME   EPOQUE. 

c'est  pour  laisser  à  celui-ci  les  éléments  d'un  travail  qui  doit 
être  perpétuel  sous  peine  de  mort  ;  la  moi  t  frapperait  égale- 
ment notre  planète,  si  elle  n'avait  pareillement  son  travail  et 
son  mouvement  perpétuels. 

Mais  comme  l'homme  restitue  à  la  terre  ces  trois  huitièmes 
par  les  excréments,  les  urines,  etc.,  la  terre  rend,  à  son 
tour,  ces  mêmes  trois  huitièmes  par  ses  exhalaisons  amalga- 
mées dans  les  milliers  de  phénomènes  qui  passent  sous  nos 
yeux. 

585.  —  Tout  animal  qui  mange  et  qui  boit  absorbe  ou  s'as- 
siiniie^  transj^ire  et  rejette.de  son  corps  tout  ce  qu'il  avale, 
précisément  comme  l'homme. 

Tout  arbre,  toute  plante,  toute  feuille  végétale  absorbe, 
transpire  et  rejette,  proportion  gardée,  ainsi  que  l'homme  et 
les  aulres  animaux. 

La  terre  a  donc  une  correspondance  identique  avec  le  règne 
animal  et  avec  le  règne  végétal. 

Le  règne  minéral,  qui  est  moins  sensible  et  par  conséquent 
ne  peut  pas  produire  une  transpiration  d'humeurs,  donne  ce- 
pendant à  la  terre  son  tribut  proportionnel ,  en  se  décompo- 
sant suivant  les  besoins  réclamés  par  l'intérieur  ou  l'extérieur 
des  couches,  depuis  le  centre  du  globe  jusqu'à  la  surface  ;  son 
travail  est  plus  lent,  plus  long,  mais  non  moins  efficace  pour 
l'ensemble  des  besoias  de  la  nature. 

Après  l'examen  des  généralités,  voyons  les  détails  particu- 
liers de  la  composition  individuelle  de  l'hoinme,  avec  la  terre, 

•  * 

les  animaux,  les  plantes  et  les  minéraux. 

586.  — r  La  nature  a  pour  mission,  au  point  de  vue  maté- 
rieU  de  développer  Taccroissement  des  corps  dans  le  sens  de 
la  perfecjtion. 

Si  le  corps  d'un  homme,  d'un  animal  ou  xl'une  plante,  <hi 
une  partie  quelconque  d'un  de  ces  êtres,  est  difforme,  c'est 
qu'à  l'origine  il  y  a  eu  un  dérangement  spécial  dans  le  pre- 


I4ATURË  I>£   L  HOMME   COMPARÉE.  357 

mier  travail  du  développemeni  de  Tétre  qui  se  trouve  af- 
fecté. 

Le  germe  générateur  est  toujours  régulier.  Cependant  il  y 
a  intrinsèquement  des  degrés  de  supériorité  et  d'infériorité. 
Dans  le  premier  ordre,  il  apparaît  des  perfectionnements  qui 
s'élèvent  jusqu'au  sublime,  et  dans  le  second  on  remarque  des 
monstruosités. 

Celte  loi,  qui  est  régulière  et  constante  dans  Tordre  maté- 
riel pour  tous  les  êtres  du  r^ne  animal  et  végétal,  est  identi- 
tique  aussi  dans  Tordre  moral  et  intellectuel  qui  regarde 
Tbomme. 

587.  —  La  terre,  comme  nous  Tavons  va,  tourne  sur  son 
axe,  c'est-à-dire  sur  elle-même,  en  ii  heures;  en  sorte  que  son 
mouvement  à  Téquateur  est  de  6  lieues  1/4  par  minute,  ou 
416  mètres  par  seconde,  ou  375  lieues  par  heure,  ou  9,000 
lieues  par  jour.  Son  feu  intérieur  est  la  force  motrice  de  cette 
grande  et  perpétuelle  évolution. 

L'homme  a  également  son  centre  d'évolution;  le  srége  en 
est  le  cœur.  Le  battement  du  cœur  s'exécute  en  une  seconde; 
d'où  il  se  fait  60  pulsations  en  une  minute,  3,60fr  par  heure, 
ou  86,400  par  jour.  L*agent  qui  produit  ce  mouvement  est  le 
sang,  qui  est  pour  Thomnae  ce  que  Taxe  central  est  pour  la 
terre. 

Le  cœur,  dans  son  ventricule  gauche,  contient  60  grammes 
de  sang,  qu'il  pousse  dans  l'aorte,  ce  qui  cause  le  battement. 
Or,  puisque  le  cœur  bat  3,600  fois  par  heure,  il  en  sort,  par 
heure,  7,200  onces  de  sang,  ou  600  livres  de  12  onces;  mais 
toute  la  masse  du  sang  contenue  dans  le  corps  d'un  homme 
ne  monte  ordinairement  qu'à  2i  livres.  Donc,  en  divisant 
600  par  24 ,  on  trouvera  que  toute  la  maêse  du  sang  passe 
par  le  cœur  25  fois  par  heure,  et  par  conséquent  600  fois  par 
jour. 

Le  cœur,  qui  n'^a  tout  au  plus  que  6  centimètres  de  long 


358  SIXIÈME   ÈA*0(jUS. 

sur  i  de  large ,  emploie  à  chaque  baileDienl  une  {oit^e  de 
50,000  kilogrammes. 

Il  faut  une  masse  d'air  de  5  pieds  cubes  (  t6  décimètres 
cubes)  pour  entretenir  la  respiration  d'un  bomme  pendant 
une  heure;  et,  dans  cet  acte,  il  se  produit  environ  244  grains 
(13  grammes)  d'eau,  ou  par  minute  41  grains  (217  milli- 
grammes (1). 

588.  —  Lsi  charpente  ou  le  squelette  du  corps  de  rbomme 
détermine  sa  configuration  et  est  placée  suivant  la  proportion 
de  sa  taille,  comme  la  charpente  des  corps  de  tous  les  autres 
animaux  détermine  leur  configuration  proportionnelle.  l\  en 
est  de  même  des  rapports  de  la  chair,  de  la  graisse,  du  sang, 
des  viscères  et  dés  fonctions  de  toute  nakrre,  sauf  Torgane  de 
la  parole,  dont  l'homme  seul  est  gratifié. 

589.  —  Un  arbre  qui  croît  dans  Ri  forêt,  un  animal  qui  vit 
dans  les  bois»  un  homme  qui  naît  à  la  campagne,  ont  la  char- 
pente plus  forte  que  la  plante  cultivée  dans  une  serre,  quun 
animal  domestique  ou  un  bomme  né  et  vivant  dans  les  mol- 
lesses de  la  ville. 

L'homme  et  les  animaux  exécutent  leurs  digestions  à  l'in- 
térieur; les  végétaux  les  effectuent  extérieurement. 

Les  premiers  ont  la  faculté  de  manger  et  de  porter  dans 
leurs  cavités  intérieures  le  dépôt  de  leur  nourriture. 

La  plante,  n'ayant  point  la  faculté  de  locomotion,  absorbe 
et  rejette,  grandit  et  meurt  à  la  place  même  où  elle  a  pris 
naissance. 

Un  végétal  se  reproduit  par  bouture,  de  même  qu'un  po- 
lype divisé  en  plusieurs  morceaux  fait  de  chacun  de  ces  mor- 
ceaux autant  de  polypes  distincts. 

La  génération  et  la  multiplication  des  individus  ont  aussi 
des  rapports  presque  identiques  dans  le  végétal  et  dans  l'ani- 

(1)  Eneylop.  méthode  arl.  air. 


iHATURË  DE   LHOMMfi   GOMPARK£.  359 

ma),  car  ThMime  fi'a  que  deux  aetes  qtii  dépeiftdent  de  sa  vo 
lonté  :  manger  et  engendrer;  tout  le  re^te  $e  fait  chee  lui  na- 
torelleiiaent,  comme  cheztooi  autre  ar>imal. 

590.  —  Dans  le  végétal,  le  rapprochement  des  sexes  n'est 
pas  un  acte  volontaire,  il  se  fait  irrésistiblement.  L'applicar 
tion  du  pollen  de  l'organe  mâle  à  Torgane  femelle  est  la  con- 
séquence  forcée  et  mécanique  de  la  disposition  des  parties,  et 
en  outre  le  pins  grand  notnbre  des  végétaux  sont  hermaphro- 
dites, c'est-à-dire  portent  dans  une  même  fleur  les  deux  sexes  : 
ces  deux  sexes  sont  généralement  disposés,  l'un  par  rapport  à 
l'autre,  de  manière  que  le  pollen  tombe  mécaaiiquement  sur 
le  stigmate  de  l'organe  femelle. 

591.  —  La  nourriture  est  en  proportion  de  la  Uûlle  :  l'ani* 
mal  la  reçoit  en  objets  solides  et  liquides;  la  plante  la  reçoit 
des  corps  humides^  gazeux  et  vaporeux  4  les  uns  et  les  autres 
aspirent  4'air. 

L'air  aide  à  la  décomposition  des  substances  dans  le  corps 
de  l'animal,  comme  dans  l'intérieur  du  végétal  et  dans  le  sein 
de  la  terre;  c'est  pourquoi  l'analyse  des  cendres  ou  des  élé- 
ments d'une  plante,  ou,  comme  on  l'a  vu  (575),  d'un  homme, 
donne  des  aeides,  des  sels,  des  alcalis,  de  la  pesasse,  de  la 
soude,  de  la  oftagnésie,  àe  l'oxyde  die  fer,  de  l'albumine^  etc. 

L'homme,  ranimai,  la  plante,  la  terre,  la  mer,  en  remuant 
constamment,  émettent  des  évaporaliens  sales,  mauvaises  et 
pernicieuses  :  l'air  s'en  charge;  il  en  fait  l'analyse,  il  en  re- 
jette une  partie  au  dehors  de  notre  atmos^lière  et  nous  rend,  à 
nous,  l'autre  partie  transformée  et  bonifiée  par  l'amalgamation 
d'atomes  frais,  arrivés,  pour  notre  bien-être  général,  d'autres 
sources,  de  mille  points  divers  de  Teapace,  qui  est  réellement 
son  grand  laboratoire. 

Si  nos  atomes  individuels,  notre  haleine,  montent  dan&  les 
régions  supérieures,  et  si  nous  respirons  l'air  et  les  atomes 
qui  nous  viennent  de  la  même  source,  i\  est  évident  que  nous 


366  SiXI£ll£   ÉPOQUE. 

avons  par  là  ooe  liaison  invisible  avec  les  fé^cfos  les  plus 
lointaines  du  ciel;  donc  nous  avons,  individueilemenl  et  pro- 
portionnellement avec  les  astres  ou  les  corps  célestes,  les 
mêmes  rapports  de  liaison  électrique  et  physique  qu'a  la  terre 
avec  les  autres  planètes  et  son  soleil ,  car  la  terre  renvoie 
à  la  même  source  et  reçoit  de  la  même  origine  l'air  et  les 
atomes. 

L  AIR   COMME  ALIMENT. 

592.  —  L'air  est  le  premier  aliment  pour  la  terre  elle-même, 
comme  pour  l'homme,  comme  pour  les  animaux  et  les  végé- 
taux; chacun  en  absorbe  en  proportion  de  sa  taille;  chacun 
en  tire  le  princi[ie  de  son  activité;  de  cette  activité  ressort  le 
mouvement  perpétuel  et  relatif,  ou  la  vitalité. 

Quand  même  il  n'y  aurait  pas  d'autres  motifs,  la  terre  de- 
vrait tourner  avec  la  rapidité  que  nous  lui  connaissons  pour 
solliciter  l'épurement  de  Tair,  et,  en  forçant  le  passage  par  les 
pores  de  l'atmosphère,  renouveler  la  masse  d'air  nécessaire  à 
Talimentation  de  tous  les  êtres  qui  l'habitent. 

Comment  serait-il  possible  de  renouveler  l'air,  si  la  masse 
totale  du  globe  ne  l'épurait  pas  par  la  rapidité  de  ses  évolu- 
lations?  Comme  un  éventail  rapidenàent  agité  diange  l'air  au- 
tour de  notre  visage,  ainsi  la  terre  roule  rapidement  pour 
changer  l'air  autour  de  la  sphère  terrestre. 

L'homme  avale  plus  d'air  que  de  toute  autre  matière;  il 
en  avale  continuellement  et  il  le  convertit  en  sa  propre  sub- 
stance. 

Dans  l'homme  et  dans  les  animaux  de  toutes  espèces  l'air 
entre  par  la  respiration ,  travaille  par  la  digestion ,  et  sort 
par  la  transpiration  et  par  les  voies  inférieures. 

Dans  le  végétal  et  dans  la  terre,  Pair  entre  par  i'absoption  ; 
il  fonctionne  dans  la  plante  en  aidant  à  ses  développements  ; 
il  agit  dans  la  terre  par  rafraîchissement  en  faveur  du  feu 


NATURE    DE   L*HOMM£   GOM PARÉE.  361 

central;  Tarbre  ou  la  plante  le  rejette  par  les  branehes,  les 
feuilles  et  les  fruits,  et  la  terre  le  rejette  par  les  évaporations 
t^restres. 

593.  —  L'air  qui  entre  frais  dans  le  corps  de  l'homme,  de 
l'animal,  de  la  plante  et  de  la  terre,  sort  de  tous  ces  corps 
dans  un  autre  état;  il  est  vicié,  corrompu,  et  a  besoin  d'être 
aussitôt  envoyé  au  loin  pour  s'échanger. 

S'il  restait  seulement  une  heure  sur  la  surface  de  la  terre 
sans  mouvement  et  sans  déplacement,  Tair  ainsi  corrompu 
empoisonnerait  tous  les  êtres  à  Tinstant  même. 

Comment  s'éloigne-t-il?  et  comment  esl-il  remplacé  subi- 
tement par  un  autre  air  frais?  C'est  précisément  par  reflfet 
du  mouvement  violent  et  perpétuel  de  la  terre  autour  de  son 
axe,  et  par  son  passage  dans  les  pores  innombrables  de  Tat- 
mosphère. 

594.  —  Cuvier  dit  qu'après  l'expiration  la  plus  forte,  il  y  a 
encore  de  100  à  60  pouces  d'air  dans  le  poumon. 

Godwîn  prétend,  lui,  qu'après  l'expiration  la  plus  forte 
possible,  il  reste  encore  1786  centimètres  cubes  d'air  dans  le 
poumon.  Thompson  a  trouvé  que  le  corps  humain,  qui  aspire 
à  chaque  fois  655  cenlimètres  cubes  d'air,  a  28,800  aspira- 
tions par  jour  et  porterait  13,100  centimètres  cubes  par  mi- 
nute dans  le  poumon,  ou  786  décimètres  cubes  par  heure,  ou 
18>864  décimètres,  ou  24  kilogrammes  par  jour. 

D'après  cette  dernière  indication,  qui  est  le  terme  moyen  le 
plus  probable,  il  est  évident  que  la  race  humaine,  composée 
d'un  milliard  d^individus  sur  la  superficie  de  la  terre,  aspire  à 
elle  seule  vingt-^juatre  milliards  de  kilogrammes  d'air  par 
jour. 

595*  -^  Si  la  race  de  Thomaie,  à  elle  seule,  aspire  24  mil- 
liards de  kilogrammes  d'air  frais  par  jour,  en  comptant  coua- 
me  terme  moyen  (1)  cette  consommation,  les  80,000  races 

(-1)  Ce  terme  moyen  est  irês-miniihe,  ear  une  grandef  partie  des  ani- 


362  SIXIÈME  ÉPOQUE. 

d'iiDinMLQX  à  poumms,  mant  9ur  le  globe»  consôtninâéottt  en 
aspirations,  pour  cette  partie  du  r^ne  animât  saulemeiit, 
1,920,000,000,000,000  (un  million  neuf  cent  vingt  mitlè 
milliards  de  kilogrammes)  d'air  frais  par  jour. 

Le  règne  végétal  en  consomme  beaucoup, plas;  mais  pour 
rester  dans  le  minimum  »  nous  nous  bornons  à  lui  accorder  le 
même  chiffre  de  1,920,000  milltards. 

La  terre,  les  fleuves,  le  sable,  les  cavernes»  etc.,  en  absor- 
bent au  moins  autant  que  les  deox  règnes  animal  et  végétal 
ensemble,  c'est-à-dire  3^840,000  milliards  par  jwir»  ce  sera 
donc  7»680f000  milliards  pour  la  totalité. 

Le  règne  animal  et  le  règne  végétal  en  rendent  immédiate* 
ment,  par  expiration,  les  cinq  huitièmes;  admettons  une  égale 
r^titution  immédiate  de  la  terre  et  des  eaux.  Mais  touies  ces 
restitutions  sont  d'une  nature  altérée;  on  échange  Tairusé, 
corrompu,  contre  l'air  frais;  la  conséquence  est  que  ces  cinq 
huitièmes  font  4,800,000  nailliards  de  kilogrammes  d'air  cor- 
rompu, usé,  que  la  terre  rend  par  jour  à  l'atmosphère,  pour 
ie  compte  des  êtres  qu'elle  fait  vivre;  elle  lui  rend  aussi  les 
autres  trois  huitièmes ,  mais  ceux-ci  passent  sous  d'autres 
formes,  pour  reparaître  en  résultats  différents  ;  ils  sont  con- 
vertis en  vapeurs  et  augmentés  d'autres  gaz  qui  entrent  dans 
les  phénomènes  étrangers  au  simple  échange  de  l'air. 

596.  —  Le  résultat  du  calcul  ^i  précède  est  «m  minimum, 
et  concerne  seulement  ie  rapport  de  l'homme  avec  la  terre, 
iesaoimauxy  les  plan^^et  les  minéraux,  dont  l'aspiratiofi  et 
respiration  ont  éié  particulièrement  te  sujet  de  ce  chapitre. 

Nous  n'avons  compté  ni  avec  la  chaleur,  ni  avec  la  glace^ 
ni  avec  les  océans,  ni  avec  les  évaporalions  des  cadavres  qui 
sont  sur  1^  surfaee  du  globe,  m  avec  les  gaz  artificiels  émanés 
desproduils  de  l'industrie,  ni  avec  les  nûaiimes  des  milliers 

maux  aspirent  4,  8  et  même  dix  fois  plus  que  Thomme;  tels  sont  les 
chevaux  ,  les  bœufs,  les  chameaux,  le  lion,  Télé^bant,  la  baleine,  etc. 


NATURE    DE    LflOMMl    COMPAR££. 


363 


de  marais  putrides,  et  nous  resterons  encore  bien  au-dessous 
de  la  réalité  si  nous  admettons  que,  pour  neutraliser  les  mias- 
mes de  ces  diverses  émanations,  la  terre  doit  recevoir  au  moins 
autant  d'air  frais  que  les  trois  règnes  ensemble;  donc,  ajou- 
tons encore  7,680,000  milliards  de  kilogrammes  qui  feront 
leur  échaiige  imâiédiat  conti^  la  putréfaetton  tocaie  de  la 
surface  du  gh>be,  et  dans  ce  oan,  il  résaMera  paar  nous,  que 
Tair  corrompu  que  la  terre  rend  journellement  à  l'atmosphère 
est  de  15,360,000  milliards  de  kilogrammes. 

On  conçoit  que,  si  cette  <}uantité  de  miasmes  restait  une 
heure  seulement  stationnaire  sur  la  première  couche,  en  con- 
taet  avec  la  terre,  le  genre  humain  périrait  immédiatement 
empoisonné. 

597.  —  Maïs  le  Créateur  n'a  pas  pennis  que  la  matière  res- 
tât stationnaire  une  seule  minute.  Tout  doit  marcher  sans  in- 
terruption; et,  éans  cette  ararche  même,  il  s^opète  un  grand 
travail  au  profit  de  tons  les  éires ,  de  manière  que  knit  est  si 
bien  ecmibiné,  si  bien  calculé,  que  les  masses  des  émanations, 
qui  seraient  mortelles  à  l'humanité  si  elles  restaient  station- 
naires,  deviennent  une  source  de  vie,  de  santé  et  de  puissance 
par  Teffet  de  leur  propre  mouvement.  Ce  mouvement  invisible, 
comme  la  matière  elle-même,  est  l'origine  de  la  force  la  plus 
pttîssaate  de  l'univers. 

Noos  allons,  dans  les  chapitres  suivants,  exfriiquer  Tofiga- 
nisation  et  les  effets  de  ces  matières,  et,  dans  un  chapitre 
particulier,  nous  les  traiterons  dans  leur  spécialité,  en  pre- 
nant pour  base  leur  formation  et  pour  ouvrier  de  cette  forma- 
tion l'homme  même,  ce  qui  nous  donnera  l'occasion  de  faire 
le  compte  courant  de  l'homme  directement  avec  la  terre  et 
avec  les  astres. 


364  SIXIÈME   ÉPOQUE. 


CHAPITRE  XXXIII. 

Prlneipe  de  la  Loi  de  la  Petsaoteor  ou  du 
MojBvement  perpétael  dans  la  Naiare. 


Sommaire.  •—  Problème  laissé  à  résoudre  par  Newton,  508.  —  Ren- 
contre des  molécules,  source  de  la  motion,  599.  —  Cause  première  du 
mouvement  perpétuel,  600.  —  Preuve  tirée  de  la  circulation  du  sang 
dans  rhomme,  601.  —  Loi  de  ce  mouvement,  602.  —  Identité  de  cette 
loi  pour  l'homme  et  pour  les  astres,  603.  —  Principe  de  cette  loi  dé- 
montré par  les  fonctions  de  l'homme,  604.  —  Pourquoi  la  motion  est 
perpétuelle,  605,  606.  —  Résumé  des  proportions  suivant  lesquelles 
s'exerce  la  motion  ;  point  d'appui  des  corps  célestes,  607. 


598.  —  Newton  démontre  bien  que  les  mouvements  des 
astres  procèdent  purement  du  combat  ou  du  juste  balancement 
des  forces  centrales,  la  force  centripète  et  la  force  centrifuge, 
la  gravitation  et  la  motion. 

Comment  se  produisent  ces  forces?  Newton  ne  le  dit  pas. 

Où  est  la  source,  Torigine,  le  point  d*appui  de  ces  forces 
pour  soutenir  la  pesanteur?  Newton  ne  le  dit  pas  non  plus. 

Ce  qui  est  calculé  dans  Tarticle  précédent  nous  fournit  une 
clef  pour  résoudre  le  problème  omis  dans  les  explications  de 
Newton. 

599.  —  Si  nous  observons  cette  masse  d'émanations  con- 
stantes et  perpétuelles  qui  se  produisent  sans  cesse  éternelle- 
ment, sous  forme  de  vapeurs,  soit  grossières,  soit  invisibles  ; 
si  nous  considérons  que  ces  vapeurs,  en  s' élevant  de  la  sur- 
face de  notre  globe,  rencontrent  immédiatement  d'autres  va- 
peurs qui ,  s'étant  purifiées  dans  d'autres  régions,  s'empres- 
sent de  prendre  la  place  que  les  premières  viennent  de  quitter, 
nous  devons  admettre  que  c'est  la  simple  rencontre  de  ces 


PESANTEUR    ET    MOUVEMENT     PERPÉTUEL.  365 

deux  fluides  d'espèce  différente  (air  c(H*rompu  et  air  frais) 
qui  provoque^le  combat,  qui  est  la  source  de  la  motion. 

Si  encore  nous  considérons  qu  il  s'exécute  une  opération 
identiquement  pareille  autour  des  milliers  de  mi  llionsde globes 
épars  dans  Tunivers,  noua  serons  forcés  de  reconnaître  qu'en 
raison  de  la  prodigieuse  quantité  de  ces  fluides,  toujours  en 
mouvement  et  toujours  convbattanis,  ii  se  forme  par  leur  ren* 
contre  ce  jusie  balancement  sur  leqnel  est  basée  la  force  de 
l'équilibre,  et  que  cette  force,  en  devenant  compacte,  resserré 
les  liens  sur  lesquels  s-éiablit  le  point  d'appui  dans  le  Système 
de  la  gvamteiion  tmiverselki  . 

600.  —  Nous  avons  déjà  dit  (n**  189)  qu'il  ne  nous  est  pas 
permis  de  demander  pourquoi  le  Créateur  de  l'univers  a  fait 
les  mondes  et  établi  ces  belles  lois,  mais  qu'il  nous  donne  l'in- 
telligence ,  et  dès  lors  la  permission  de  découvrir  œmment 
elles  opèrent. 

Nous  sommes  disposé  à  croire  que  nous  avons  résolu  le 
problème  du  comment,  en  disant  que  les  forces  centripète  et 
centrifuge,  la  gravitation  et  la  motion,  en  un  mot,  le  mouve- 
ment PERPÉTUEL  et  son  point  d'appui ,  sont  basés  sur  Texpira* 
tion  et  Taspiration  auxquelles  sont  assujettis  les  corps  com- 
posant r  univers. 

Et  comme  les  corps  composant  l'univers,  c'est-à-dire  tous 
les  astres,  toutes  les  planètes,  exercent  les  mêmes  fonctions 
que  les  petits  corps  qui  les  peuplent  ou  les  habitent,  chaque 
petit  corps  peut  donner  l'idée,  et  mieux,  la  def  de  l'éclaircis- 
sement relatif  à  la  composition  du  mouvement  perpétuel  et 
aux  effets  accessoires  qui  en  dérivent. 

Pour  être  bien  clair,  bien  intelligible,  nous  allons  baser 
l'explication  de  notre  pensée  sur  un  des  êtres  de  notre  globe, 
et  puisque  nous  sommes  à  l'époque  du  règne  de  l'homme , 
c'est  chez  l'homme  que  nous  allons  puiser  notre  preuve. 

601.  —  L'homme,  pendant  sa  vie,  a  en  lui-même  le  mou- 


I 


366  SIliiMS  ÈPOQVB. 

vemmt  ferpétueh  c'est  le  baiiement  de  son  cœur  et  la  circQ- 
latioQ  de  so»sans,  opérations  pour  lesqliellesil  n'a  rien  à  faire 
diraeteiMttt  ;  il  suffit  qu'il  prenne  sa  nourrilnre  et  qa'il  laisse 
partir  le  superflu  par  ses  évacuations  journalières. 

N^re  planète ,  c^est*à<Kiire  la  terre,  ne  fait  pas  davantage 
par  elle-même  ;  elle  reçoit  Tair  frais  et  les  rayons  du  soleil,  et 
émane  le  superflu  de  ses  vapeurs.  Cette  simple  combinaison 
{qm  est  en  rapport  identique  avec  ce  qui  se  fait  dans  Thomme) 
alimente  son  feu  central,  et  suffit  pour  la  tenir  purifiée  et  pour 
exareer  son  mouvement  perpétuel,  comme  s'exercent  le  batte- 
ment du  cœur  et  la  circulation  du  sang  dans  Phomme, 

Mais  comme  Thomme  est  un  grain  de  sable  en  comparai- 
son de  la  terre,  son  mouvement  perpétuel  cesse  avec  la  petite 
durée  de  sa  vie,  qui  peut  être  d'un  siècle;  de  même  la  terre» 
qui  est  aussi  un  grain  de  sable  en  comparaison  de  tout  l'uni- 
vers, aura  une  durée  proportionnelle  qui  sera  peut-être  de 
50,000  siècles,  et  encore  cette  longue  vie  n'est  qu'un  point 
dans  l'éternité. 

• 

6M  —  Mais  quelle  est  la  Foi  qui  fait  exercer,  dansrhomme, 
le  mouvement  perpétuel  du  battement  du  cœur  et  de  la  cir- 
culation du  sang  ? 

La  voici,  cette  loi  :  elle  est  déterminée  par  la  respiration, 
c'est-à-dire  l'aspiration  de  l'air  et  Texpir-ation  de  son  haleine. 
L'homme  aspire  l'air  frais  et  expire  l'air  corrompu;  de  ïà  l'en- 
trée et  la  sortie  de  l'air  de  son  corps;  la  rencontre  de  ces  deux 
airs  provoque  le  combat  iinliqué  par  Newton.  C'est  ce  combat 
qui  s'opère  jour  et  nuit ,  continuellement ,  qui  entretient  le 
battement  du  cœur  et  la  circulation  du  sang,  en  un  mot,  qui 
entretient  sa  vie,  ou  mieux,  son  mouvement  perpétuel  durant 
sa  vie. 

L'opération  est  précisément  la  même  pour  la  terre  ;  seule- 
ment kl  terre  opérant  sur  une  échelle  grandiose,  le  combat 
est  plus  violeat  dans  la  rencontre  des  denx  airs,  ou  de  ces 


PESANTEUR    £T    MOUVEMENT    PERPÉTUEL.  367 

deux  vapetirs,  ou  de  ces  dem  gaz,  tandis  que  chez  rhoiiime, 
où  l'opén^ion  se  produit  sur  une  très^petite  échelle,  la  ren« 
contre  de  Tair  qu'il  aspire  et  de  Thaleine  qu'il  expire  est 
presque  insensible,  mais  l'effet  est  identiquement  le  mèmey 
puisque  cet  échange,  on  ce  combat,  est  la  loi  qui  entretient 
ses  forces  centrales,  sa  motion,  sa  force  centripète  et  centri- 
Cuge«  en  un  mot,  sa  vitalité. 

603.  —  Il  est  donc  prouvé,  comme  Newton  Ta  indiqué,  que 
les  mouvements  des  astres  procèdent  purement  du  combat  ou 
du  juste  balancement  des  forces. 

Or,  si  nous  trouvons  que  le  mouvement  et  le  juste  balan- 
cement des  forces,  c'est-à-dire  le  battement  du  cœur  et  la 
circulation  du  sang,  sont  pour  Thomme  ce  quest  pour  les 
astres  le  mouvement  des  planètes  sur  leur  axe,  il  est  évi- 
dent que,  pour  l'homme  comme  pour  les  astres,  le  même  prin- 
cipe, la  même  loi,  agit  d'une  manière  parfaitement  iden- 
tique. 

604.  —  Maintenant  il  importe  de  savoir  d'où  dérive  cette 
loi  dans  la  nature.  Comme  c'est  une  combinaison  forcée,  irré- 
sistible, une  fatale  nécessité  et  une  conséquence  tout  A  la 
fois,  nous  allons  l'expliquer  en  prenant  pour  base  loajours 
l'homme,  qui  est  le  plus  k  notre  portée  pour  éclaircir  notre 
pensée. 

L'homme  est  forcé  de  respirer  ;  quand  il  dort  ou  quand  il 
veille,  quand  il  marche  ou  quand  il  reste  tranquille,  jour 
et  nuit,  toujours  il  respire.  Or,  nous  avons  vu  (n*  594)  qu'il 
aspire  dans  les  24  heures  24  kilogrammes  d* air  frais,  les* 
quels  s'échangent  contre  24  kilogrammes  d'air  corrompu  qui 
sort  de  son  corps  ;  ce  qui  fait  en  lui  et  pour  lui  seul,  un  mou- 
vement d'action  de  48  kilogrammes  de  vapeurs  par  jour. 

L'homme  ne  peut  pas  éviter  ce  travail,  qui  se  fait  en  lui-- 
même sans  qu'il  s'en  aperçoive^  bien  que  ce  soit  ce  travail 
^t  le  maintient  mvêmt. 


de  sa  quantité,  à  être  pressée  et  à  voltiger  pçrpél;iiiSH||Mrt} 

àm  m^Rof\^w^}mvM^%  ^'iirtj]^b«iidié«sii^^H«nt 

ils  doivent  finir  par  arrii^raâlSipiâlIpiBlAJbiteKllIIPliitii^i^d 

à  s'unir.  ,,,..,.  ^        „•« 

Oc»  cûmnae  la  tôiantQ  des  atomes  se  trouve  souoiise  a  TrînkN 
.Umi/Hinr,  aaïï  oo  ^ojfincla  =^lii)  gcno')  Rftb  imoa  apasayroi 
AuTsion  de  la .  terre,  nous  allons  en  retrouver  le  nombre  dans 
sm.iiiniB  . HOiJfliloJp.noo  siipcin)  »d  iioloa  ol  819/  sâSMUeUîm 

.ènnoilnsm  é'Çeb  aaovs'l  anon 
9leOBoilafiilé8'|Lt4lliail<dié^)^pSM^1Bd«plH:)^A«  ^ëffifflf  %e 

litn^H  êfi^-Ùti^AHo^tdat^if»  ï^l-l^i^u^éftfllfa&lif^^fbi^ 

iiÉiktm  mmiv^mk  ik^sM^fë<2i9betâ>eâ|^eisU  tfiMi^rP' 

(N^(^aiA4il6P  d'  (^'  ^^  ■  àligasoèn  slfiiel  anu  J89  8§aBi{9 
3^pÀ^»<¥««^i^éKblfh^Hifa(bllth«ai§&i^v4^ 
quantité  de  15,360,000  raUliards  de  kilos  d'M?^fl^i>^P=' 

PRpftoHriM^fiqafiftp,<»A(fonri  ^(nfi^ftlifsq^diiiiiiSuffecaiitt 

gMxiUtftteMbTi^O^OibmMiMrtlitifle  JMkenndn*  fa^}0lmiq86'i 
Cette  masse  de  molécules  est  forcée  d'opérer  en  se  reuguK 
v§|ft8trio«r«9UM«^l)«Nt(Hrt  4«((9dMnA|i«m  «étqigBntiÉBe 
àiëb(!fm%ia^»iMhmiûofht»m  4»SBdéint8aiÈMrHeiiaq  lala 
é0|td  qiiioAbéj9ià;^ptoiiêbliâmi  A»l»>esil#ii!teéBiafltoflM'l 
(1^9  lft9^«Hl^»9lc^i«1ftihefiotoiMlP0lqé(i  fliépbœanlMiië'ttUiM'l 


SS 


PESANTEUR    ET    MOUVEMENT   PERPÉTUEL.  369 

atômes  qui,  en  ligne  directe,  verticale  ou  oblique»  se  trouvent 
sur  leur  pasvsage,  lesquels,  à  leur  tour,  forcent  le  déplace- 
mrat  des  atftmes  plus  voisins,  et  ceux-ci  celui  des  plus  loin- 
tains, et  ainsi  en  avant  jusqu'aux  régions  les  plus  reculées, 
marchant  de  couche  en  couche  à  travers  1* espace  de  toutes 
les  régions  célestes,  qui,  par  ces  passages  des  atomes  de  bas 
en  haut  et  de  haut  en  bas,  sont  continuellement  agitées  et 
travaillées. 

Or,  par  la  raison  qu  il  y  a  des  milliers  de  millions  de  pla- 
nètes égaies  à  la  nôtre,  ou  plus  grandes  que  notre  globe,  et  que 
chacune  fonctionnant  de  la  même  manière  émet,  en  propor- 
tion de  sa  grandeur,  ses  émanations  superflues ,  pour  une 
partie  desquelles  elle  reçoit  en  échange  des  atomes  purifiés, 
la  motion  est  forcément  perpétuelle. 

606.  —  Dans  ce  mouvement  irrésistible ,  les  molécules, 
forcées  de  sortir  des  corps  (des  planètes  ou  des  individus), 
sont  attirées  vers  le  soleil  de  chaque  constellation,  ainsi  que 
nous  Tavons  déjà  mentionné. 

Comme  ces  molécules  grossières  subissent  l'attraction  de 
l'astre  solaire,  de  même  les  molécules  purifiées,  fines,  subis- 
sent l'attraction  de  la  terre  ;  celles-ci  sont  attirées  dans  le 
corps  de  la  planète  et  des  hommes,  des  animaux  ou  des 
plantes,  comme  les  premières  sont  attirées  vers  le  soleil  ;  ré- 
change est  une  fatale  nécessité  :  de  là,  te  combat,  le  juste 
balancement,  la  force  de  pression  et  la  loi  de  gravitation  des 
corps  en  général. 

607.  —  Sur  une  petite  échelle,  l'homme,  par  l'expiration  et 
l'aspiration,  a  le  battement  du  cœur  et  la  circulation  du 
sang. 

Sur  une  plus  grande  échelle,  la  terre  éprouve  le  même 
effet  par  ses  émanations  et  ses  attractions.  Pour  l'un  et  pour 
Tautre  la  cause  et  les  effets  sont  identiques  ;  la  cause ,  c'est 
Tair,  et  les  effets  sont  la  reproduction  de  l'air  ;  le  moyen  est 

24 


le  combat  oa  It  nécessité  it  rechange;  cette  nécessité  s'étend 
sur  lotis  les  êtres  du  firmament. 

Les  mille  millions  (Ka^e^  et  de  j^  sont  assujettis, 
par  lenrs  émanations  et  leurs  attracuons,  à  reposer  sur  cette 
organisation  matérielle  des  molécules  toujours  en  mouvement: 
la  qîSM  fn'fiîlîe^Se^îSnîlSHa  îfrtArfl?W%?5>«i1SB^ÏI  pe- 
sçinteur:  Vùcétm  compacte  dé  cette  meUière  offte  Fanmi  m" 

-'^tfllîarddiiè  iNtï!«Iiffettt>l  m"mifëêéfi,  tm'tè^nmi^iim- 

m  fiii€ej',%p$^  forc^<)rét«l1(»  W^m  0KF«f^«!CH)ttiiitftison 

.S£d  ,l£d  «aah£M3  &[  ab  ioJ 

îjb  80ÎJ1O8  «noiÎJBnemo'b  èliînBiip  «I  iio768iuo4  —  .808 
li  /j§nnrioo  ae  on:}9i  n  li  «p  -lifi'b  èiiJafiup  al  Js  iBfliinc  en§ài 
eiuBbnaqaO  .s-iib  9I  «uori  o^éhfq  inp^ioons  sniiuori'l  ojjp  b  x'n 
bI  b  Q-n^i  bI  11/8  iJiBq  Jiio  i/ip  gôaimori'fa  ôidaiofi  9I  labriBcasb 
6  loaioî  euon  JJBis^i  oo  ^mcbA  Jobvb  uo  ^snpoqà  araéiwpnio 
-oiJns'I  on  aiiOH  ;î)u§B7  qoiJ  d^oiUoq/il  ouo  98floqài  as  mfA 
.89iiliii3  9b  luolcD  iijj  looq  8Jn9ui9lè'b  diiiBl  ,8Bq  8noiTiba9iq 
ub  supiJaiJBia  9aij  i9e89ib9b9l(li£8oqflii  Jfl9ai9l6§9  iiBi98  11 
-ùiBO  uB'upaui  oiBbA  8i*ijq9b  9J8ix9  Jflo  JDp  89aimoïrb  ôidraofl 

.l98797ifllf  98Ul9b  ub  9018^10 

-floJfiOD  8fjon  8fl079b  81100  ^aèfigiolà  «qnit)!  890  ob  biBgà'I  A 
cjupigolosg  noiJieoqmoo  b1  isq  J9  9iioi8id*[  iBq  .oibaoïqqB'b  19J 
.èJiupiJnB  9lu£.£l  aulq  si  sôb  ,9j9  b  9doI§  oiJon  9up  ,9n9l  bI  afa 
8iiGb  99onByB-8éil  Bî^b  iifijè  iup  ç9fliBaiiiri  9D/n  bI  iBq  èJqusq 

-Oni  89b  9yii9iq  lUOq  9i891  119  8U0n  li  •8JlB  8£fl  i9  89009198  89l 

9:ipii8ii  îB  jjûog  iuf  j9  iiovB8  bflBig  nw  Jn9j8f^llB  inp  sinomun 

.9qqol979b  é[')l) 


l>ii9Jè'ô  à)i88SD6n  oii9o  ;9gnjsi{oà'l  sb  Miéi^oàn  si  no  i^iUaco  r»i 

.Insnifiinift  ub  eoilê  39i  auoJ  iîj? 

9)J93  •IJJ8  'i98oq9i  é  ,gnou9mJJfi  aifj^r  J9  «ribiJenBOTÔ  8iu9l  im\ 
: Ja9£a97uom tt3?:iuo[uol  a9lua9lom ^^b elloiièjcni aoUB^'nw^io 

.  jSomvàire.  —  Impossibilité  de  calculer  le  nombre  Œho'mifies  adteneurftà^ 
,quos  reconnues  comme  exactes,  612.-^  Total  des  hommes  fovniô  jus- 
respàçe  Jiumaine ,  ol7.  — •  Restitution  et  tribiU;  de  riiomme  en  faveur, 


Loi  de  la  création  >  621,  622. 

808.  —  Pour  savoir  la  quantité  (Tëmanations  sorties  du 
règne  animal  et  la  quantité  d'air  qu'ail  a  reçue  en  échange,  il 
n'y  a  que  l'homme  encore  qu1~puisse  nous  le  dire.  Cependant, 
demander  le  nombre  d* hommes  qui  ont  paru  sur  la  terre  à  la 
cimiuième  époque,  ou  avaat  Adam^  ce  serait  nous  forcer  à 
faire  en  réponse  une  hypothèse  trop  vague;  nous  ne  l'entre- 
prendrions pas,  faute  d'éléments  pour  un  calcul  de  chiffres. 

Il  serait  également  impassible  de  dresser  une  statistique  du 
nombse  d'hommes  qui  ont  existé  depuis  Adam  jusqu'au  cata- 
clysme du  déluge  uiiiverselv 

A  regard  de  ces  temps  éloignés,  nous  devons  nous  conten- 
ter d'apprendre^  par  ThistcHre  et  par  la  composition  géologique 
delà  terre,  que  notre  globe  a  été,  dès  la  plus  haute  antiquité, 
peuplé  par  la  race  humaine,  qui  était  déjà  très-avancée  dans 
les  sciences  et  les  arts;  il  nous  en  reste  pour  preuve  des  mo- 
Qwnenlft  qiû  attestenl^  un  grand  savoir  et  un  goût  artistique 
déjà  développé. 


SlllEME    EPOQtJË. 


exactrtude^  approxim,aav«^^e^  |p^«| 
aura  une  base  assez  solide. 


£i 


9'  j  Minol  kéwAI  ,.:\l  J,ne7B  ?,9e,^  hb'I  .kniA,—  ,019 


,3,043  avant  J.-Ç. 
Sem,  son  nls,  pren 


âge  de  100 .ans:, il  eneenqra,,  deux, ans. anr^,  atdI 


le  teite  hébreu  orAna.r^  a  1|^  ve{;s^Q^Ja^^.^^,^Çg.p^^ 


,.  mort,  en 

(lethis  et  celui  de^JÏeinph.s  ^1).     ,,.«,,„«!  eab.^on.o-.è'piL  bI 
ti'ieme  patriarche,  et  deja  s  élevait  la  vuie  ou  la  {PW,mb%- 


l)el,  qui  a  marqué  l'époque  de  la  Confusion  des  îanffûSRS.JGe- 
jl^jitgpqyîfjqyp  i9idbiano9  eh  si»u[  onofa  Jifiiae  II  —  .1 18 

il'Ùfe  ïiwïù#të^Kfeè#e%ife«i'Pfq»âl'?P,>W8'%V§!k'f  3^3  ïfe 
"^Rfudë^^ir^V^'A^'Mëaigié  «Hyt»é!MélS>âir«;<M9b^%J^ 

affirme  que  Noé  avant  sa  mort  a^(<^8iq#QJéfANMii^<^Wfli- 
•g9^{#fi#  l^[>ffl»i^  (i/@  iiH^i^  ^[jfieBMlaga  que  .fftfils 

•■!!f»Dui(p  ô(t<}/(5  hiîioirioJ  Jno  9ahqoiJa9  Jno'I  iup  zufto  ;9}3fixs 

(/«rne,  par  Lenglet  Dufresnoy.  Paris,  1823,  1. 1,  page  64. 


COMPTE    GOURANT    D£   J^'hOMME.  373 

affaiblisseroeat 


et  petits-fils  avaient  fait  de  la  terre,  et  tnéine  raffaiblissen) 

,')hiR«  s;)cf:i3  OPc.'i  ')tni  (.  •  •• 
610.  — 

blisse  4e$  ro 

H^ ^ 

Ainsi,  vçrs  la  fin  du,  oremier  siècle,,  après  le  çatS^élfsme , 
^  Ce.  siècle,  suivant,  (es  nations  efâ^èni  deja  en  çomiàunica.- 
la  aiffémnce.des  langages.^  •( ^'  «'rflf^K^^Iî  '">«'  J^«"^^^" 

-*}T^9tt  ipoj  fil  00  61117  b!  JlBV9l9  8  Btel)  J9  31131611  Ji5q  SfnOf  II 

-9<t))  .«OTijîiftJ  asb  «okM^HoO  bI  oL  tupoqà'l  àupinm  g  îup  JîmJ 
61  !.. —  Il  sérail  donc  juste  de  considérer  qv^ls^MPpli^p 

les  8U8ceplibili(ép„3iHr  cfeHPjptgjftWj^^gi^ijfllfog^i^  çftRp 

Jilé^ft4adi«»lf«8»«bJ'eHP»«nJ9«Sf^fite?Befc(Wiff  dwiffllSiîW 
->q9ânfel^ifi|}{Myb>ii^iVVi^6  Jiom  £8  inBVfi  èo(^  dup  âmnrti.i 

8li)^,  aup  B8^j|«Qsfl^ff&  g^âMIt  IKi>  ffidâlMiy^  ^liii«Bti^tiflé 
exacte;  ceux  qui  l'ont  entreprise  ont  toujours  avoué  que  celle 
W  !H)Wgttr'ëtâll*'î«pMîfle»^~ilîfesl8P*»îhttgfe  î^^iîtr'iU'ne 


fHre,  8ur  twle  U  surface  di  ^ob«9dilniMHior^4thiili^^mi'J 
divisés  de  Jaj?g.^^|g(jyr%5lift{oo  no  ,feiiriO-8H8àl  i  boVl  90 

En  Eu^pj.    V  .  ■  .  M^iimtÊiimasé  siioVl 

.a*^'Se8e   • .  • .  •  .16^ 

Afrique.    ...       ICO 

-.'.:<7  j'   v  snoi^BA^ÉtèSqèé^.')  upeiei  b  f^dgaiiob  sidnioa  99 
••.  ■:  io;)'.  jo  sisloôr?  82  ~,Hoq  Js  .sIo^w-rmfTjJnçJidBiI'fa  sbiBÏI 
ïL if.i:ifai  iSS        ....    ?<•<>.»  "?'"'.o«^    .jusm^l 

Ce  cbifiVe  est  bien  aa-dMHi(«i>de^ft|ofëM«^qui!  n9  .sisM 

noiJeluqoq  bI  ,èo>î  aéiqB  asloéia  aisim 
Vwci  une  plus  récente,9{9|iiji^DJ||i^Xmw%W%y-i$^fl(f^m 
géographe  et  professeur  ^JtâaWïfifsilélAïsftegyçbiejiiijn  s  jjo^ 

JeI^utop*-.    ;    •.    •.    -  272  MÎIffWiyj'î'^f»  81100 
^liiBillim  ^IKëie.    .     .     .     ,    .7810  .sjaai  li 

■.  -*on  vMnd  aiioInB  amurebupsël  ius  ftstamdï  ab  J9  eararaori'l» 

AœtranT!    .'    ;  2  •^**ï"'*>' 

-liam  aal  gàiqfi'I)  .anal  cl  9b  9lcloJ  yMbymia  .bJ  —  .i.19 

:  90000  ,89ilG0  891091 

-'T^i^^^iMi^iiâdAsS^  H.  Dîeteriei  port«9(fa7p^|uaa)  de 
)a  Chine  à  4004â()lfiÂilBtttandisqnftle.demieti3è(fensement, 
dressé  par  i'ordi^âe9tâiil|^ear  de  la  Cbins^ilKkUi,  la  porte 
à  425  million8.000^02M     ....  9opiiàaiA'l 

Si  l'on  pouva^^l^oos  les  Pe«ê8|f8jf8«J^te^.^  iCfe 
tërieur  de  rAniéfl9i»j^^^n,|rouverait^%^ggjj^^l^j  Ijgs^g, 
plus  de  150  mitiienb  d^twbitante. 

Enfin,  notre  âVi^^^tjt^  la  p(»putatfl$b><ikt«lè^|tdMi)l«i<'- 

toû^  dJe>>ag^^r>.n«ir,  «mwiip^ntLÂ(4if^£  msmsÂiMmi 


De  Noé  à  Jésus-Christ,  on  coi^mi#lflk«'  «''  «^'^''' 
Notre  ^»i«MliMi»tM9nd ,    ii^l9ua  n^ 

<Mal.  •  .  ■  .  •    SStô'^hs. 

081       ...    .auphiA 
Ce  QoiBtM>e  daane(|%,t  à  raison  de^4pg^/^tioQ«  ou  4  mil- 
liards d'habitginjta  par  aifecke,  et  pour  5$  siècles  et  demi  seu- 
lemexit.    '?"^/''^l"  «^«î    .    .    •    .        234  milU^rds 

Mais,  en  suppo»m^'*i8b4ifcl8Mr-uB  noid  tas  ôiTiirio  el) 
miers  siècle  après  Noé,  la  population 

nous  déduir^ji^  g^g .     .     .     .     .-agoTai^ 

Il  reste.  O^V.   \     »    «     «    .9iM4  milliards 

d'homines  et  de  femmes  sur  lésquW  niryis  allons  b9s^  niiire 
compte.  ^  1*1 

6U.  —  La.sui)ecflde  totale  de  la  terre,  d* après  les  meil- 
leures caries,  donne  : 


,ifl9ffl98fl9KABit9im9b*sIiôop8ibn6lJ,âWllilftP00i  éônidD  bI 

9Jioq bI  ^rifiaffidpi^nidO  gJ  oh  laeiscJtjWMftftbio'l  isq  àassib 

l'Amériiue .     •     .     .     l,820,000,8floillim  S£i  b 

.alflBJidori'b  onofUiin  Oôl  ob  8ulq 
S«tf%»>lfMil*4Bjtfqfefil6hiqoq  si  SS^'^MrM  etion  ^nftaa 

^«i^ldftdHi^aiiHi  âl^Qavé^mnmmSk .-lêêÊimdiëfk^fig^^ 
Ycrsité,  ce  qui  porterait  le«iitUBttk&rto4léàrM%ilildIii9d  «noistqcnod 


XJfe  .3UtfOH'tlXltHt/ii»a<jî)KdTIUaj 

^sleldsiïHlqnMiàHiJIdttrMMirnlsaMâliqAiKhiiitiiBtM^- 
^  dépMl'Iel(létu|mjit9tp^èëâo9ii»iirB)rffliqn^BioitlM^ÙMfr 


''ft«in«iÀ  «nW^.  ë(t)iilJi<tfâiM|AMfllllea^l«li4nKl«ta««i- 

!>'lii«)rii'll'â|kiiiii<^U<%ilHttlliM><>llii«aW«g*<4l«l%4WliAie 
de  la  terre:  ce  qui  équivaut  à  une  couclie  de  cette-^pMlSSir 
'«Ci«m»W!,  'ié  ï;pieSS)^«MA'liM((»eft  ftUBrtsos»  jArait 
■'èërfHIrfe^  ,lniiyii/a  alyiJiii'I  êncl)  laupilq/a'l  gnolle  aiion  9iip 

qu'il  a  léguë  son  cadavre  à  la  terre;  mais  itMf>W^iAlt1ësMt:n 
"'p\tti  a^WiiCaviltlAltrïllM  4[>«Wi»«IIHiSWfm«f<)>«»'Mtrëe 
"lit"»!  iflMeWI  im««WI4làta^reJlaMtai«seiin«s>l»i4 
3Up  9b-iB^  9n  9119  ;  amulov  (roa  SDq  9jn9lïl§lj6n  ,âi]îtinn0391 
-31  Mibrrm  ïlli^nilOSIifl)!  (i»fl»fe»W «l)ll|  #«bSl««M^«p" 
-epla»l«IV)J)«9J«„JHIBi|(»,phi((mj((^j|JW,S|)l  l«W«,i|)|ylti4>>8FMW 

H«ft4«iiul9[«iM>)è»i«'ia»We>ii!)<il)jiH'ji|)IJ«Ml.w«iMf'j'iNf'' 

uNtei'jiqnulft   HOOH   iiiol)  aaiiiioclegav  Ja  aautlioquM  aaluaàl 

En  état  "de  maladie,  il  Jtg)i#l/#)9tl«efl|dW«^ljlljlillli°" 
-np^emdtuMillIjoiailit^jqjWiyitf  i|H«<  jMSMiMioyiaadO 


C0HPTE30()OllnXMftR[t'H0UHE.  ^1 

-aB^ti!f9a)inoilse*pfËIÉelBaleaiMie(]fl>tidMlitonpl«lï«toste, 

concession  possible,  nous  restei^aMflttBS'ito  tiiistie^wïjtmdle 
e  par  léle,  et 
i6  ïïïï  mnnard 

I  8fi  IJO  ,--3iJ 

avec  l'aiSS'iiê'felWJef  H'BsPVHil',  «î(ISlftiWsfe«M(A9|^ 
-B|»»ltooiieHii«(«l6iAtei»r«liMWiSBfiSÎI(!WIÏS%!0aL(jV^  et 
-r«»Mlll*iMHH,*)lifli8l)\(»it*^  jBfHlii^fS  ,«tW!n*  /iti^iil!f#!' 

sAihii'»  «li*ii6#*rflft(i(|t«(Jji»|,ji*i{o«jjjiap;i)|i  jifslSie 

liâeîlW^-!)Jly3  s!)  gdDiios  9nij  fi  Jimviupô  iup  9a  :9ri9J  jil  9b 

que  nous  allons  l'expliquer  dans  l'article  suivant,  es^j^iUi- 
-iÀ»l#ai)«ilM|i|W«i«WiP«f|p8iteli|ifel>B(W%iWittW''"' 
nènl(>i«eerfli)«eiH)glM«l»li«t  teneaifTOrfHlf H«M  issMl'' 
naklsaiinMrilMDIJi  8i„m  ;9,Mj  jl  i  9Tieb»o  nœ  àugàl  0  li'np 

■    pio(iie««Me»«tf Moi)sii4«)i«>ttii>  miàmi  sm  sm»  «'n°^ 

reconnattre,  n'augmente  pas  son  volume  ;  elle  ne  garde  que 
n^e^WaiJltlIiiiilfe  pRi9«M^a%<j  ISbtPMnfdrlIÏ  nradOé!  re- 
sqSWIilÇiy  ¥l(|iiW§«i  MitiSMt>M'l'>'/'4<4$'«)'^>'^>«i'l«<'<><|s- 
!»lMt'ï4M>iS!^''^n"ctil'lUi>i«>WWrl)Wl)ti|H>llisiutifl»  HD- 

lécules  superflues  et  vagabondes  dont  nous   tfd0tt|)it(9Adu 
"^febMJffëW'flébfit-'ffit^tiêf'Atift^^t.  li  .aibslsm  9b'  titlh  nH 
ObservoiM'HWi  a(lii^ya«IU>ill«:'<Wlllcgilii«ntl»npon- 


d«Me<  e^èib^in  «nrùii^oHMillIttiiftW'iqttiCàrteiaM^Sèo 
eBuleatoqpQt:ftbepM:4)«4^  tanéb  dë-Méuif  à»  1^  i  jwjmIi  éattm  n 
a»fiiHlfMmt^i0leiieeiipi'<UftBâiB9M#i  6àm»mBÈti^ifi>m  7 

619.  -  VoiciH«Ml^^^t^l4JoMlgBi#^<fêfm'Mrf  ' 

'%'fftW5fii   no'up  J«9'a  Jisq  é  *nq  smaiod'l  «ïbM  —  .0S8 
Dans  l'état  robnste,  il  robrnitde  trois  qiiaTts.^<jn  JÂtePWIHt» 

liquide  pajE,#dHQ#»  mTî^mi^imsfàfils^,i^m  hmmÊa 

ressort  que,  pendant  qu'il  est  au  niondflUJ){fmilifyi|tlt^st$im«\ 
fois  en  urine!  «jfjnfiiû  -^ulq  noM  àjiJfiBnp  an»  ,sio'ja*> 

220,325,000,000;^»ïftf  fÀ^Sii'^ilfê.^^^'S'^'*!  «^'«l  *'^ 
-.•Jitn>;rjp  b1  loiJnoinàf)  ob  liiefii-jlDoa  è)è  JnfifB  Jnd  silo/ 

c'est-à-dire  dej^pJfe^^Jt^ilBfla'^'.WîjftW/iï  JcJa  I  aaeb  (ud 

iDonlagiies  de  la  grandear  de  rBysmlaya. 
H  aura  donné,  en  outre: 

''i'.i^iLfë  fil  3ijp  'iij'bn9J>  >fjîj  ^ii/i  J49*  îè^  'i»'>fi0ii3hbili5  lara  6.1  U/ 
peùie  de  75  kilognunme»..,,;,^^^,,,.^.^,,  „^  ^„.„| „,„.„.,-,  ^sb  imlB-,  ^tIoh 


COMPTE  C»!Il9lÙHWaBil«/«0HlliE.  993^ 

6t20>  —  Mais  l'homine  pris  à  part  n'est  qu'un  iâdi'VMtP' 

nSint^'^fi^i  4Aêâte'^a^ifiS(np^ta&>¥k<^<i^ifl«iÉ«,  ••Jmnm 

sfi  l\Ât^^«R^18dlii^fiâ^<<IU'l0i>h^i]fiâ  «OidO^'f^Ànë^ltiff^^ 
déjà  énorme  du  comp(%inépu'ife<^èèJén(e^^é^<EâJîSi«^ 

f&m^ifii-ê^'^t^^aRbaom  ub  Jao  Hop  Incbnoq  ,onp  J lo^ioi 
encore,  une  quantité  bien  plus  j;rande.  îsaitu  ii.-»  isioi 

présente  un  cj4gfiy)|;fi?c|Sfi,iflgJ}^}jb|^(^ jloj^gef^i^jipe 

ce  poids  prodigieux ^iJi^n^ryi^^j^  W6?f>00,000,e£S,0£i; 
Notre  but  ayant  été  seulement  de  démontrer  la  quantité 

bué  dans  l'état  vlvWia(aeeS'*lflié*#aitl^lènrti!iHyI>  3«ifa-B-J«9'j 

•CYcIem'jirf  obiuobfiBig  el  9b  aangeldom 

:0'iJi)0  119  ,'jnnob  biub  11 
(1)  \s.  mer  Méditerranée  est  sept  fois  ptuo  étendue  que  la  surface 

de  la  France  -,  elle  reçoit  l'eau  de  •'«'o^^^fgVl^'^M^p^^.f^HK* 
des  9  fleuves  qui  vont  s'y  perdre.  Halley  a'caiçulé  qu  iis'evaMre  de 

cétife'ffièr'yifflvto^ù9'^i*?ié's;^8rf%iHite<ftl'fôftrMiJi^'diâîi?ASsi 

notre  calcul  des  évaporations  est  très-modéré-;»""""''»'''' ''  ^^  **''  ''""" 


380  SIXliUE     ÉPOQUE. 

I?c  .3MM0H  J   aa   Ti^/nuoD  aTiMoa 

Od  se  demande  donc  où  sont  allées  toutes  ces  matières tque 

Sita^-'KffiS^fîtaftiP'^  89ïoqmoa  Jnoa  9a  9n93T)/wiu  Fdiflna 
,,.,...  .      j    .anotbnol  zaïaoïg.  aïooi 

La  dissolution  des  corps  exige  du  temps  pour  Douvoir^t  e- 

^<^iëPi  ''kmÂMt^i  mit 


8eMV&<liln^Mi^rîlW'fif%rît':'  .     , 

i*8iâiaévyfl§teë*à^ïimfuiiiiiiî(fr 


iBYin 


wornins^e  transiorme  au  prompius  spécial  au  legne  vegeiai; 
••''ll^^attm.^f^^WM'eîgffl  âfetfil^^^^^^^ 

^rê'^^gîoÉ  mm  f mgc» 

les  corps  quf  i^ffi^vèmlilfefélfl  aîin§  son  ini^ieur,  et  cela  pour  le 
besoin  de  sa  formation,  afin  d'endurcir  la  planète  et  de  former 
ces  mille  qualités  de  minéraux  que  nous  avons  signalées  en 
détaillant  le  travail  intérieur  dt^^ jours  passés. 

822.  —  Nous  Tavons  suivi,  ce  travail,  nous  l'avons  suivi 
pas  à  pas  depuis  le  premier  jour  du  grand  assemblage  des 
molécules,  indiqué  au  commencement  de  cet  ouvrage;  mais 
tout  en  suivant  avec  admiration  le  progrès  de  la  consolida- 
tion du  globe,  nous  n'avions  pas  peut-être  aperçu  la  source 
certaine  des  molécules,  ni  les  nécessités  de  leur  emploi;  il 
fallait  traverser  les  siècles  peu  à  peu,  un  Jour  après  l'autre , 
jusqu'au  terme  de  la  création,  pour  vérifier  les  détails  des 
formations  et  la  source  de  la  matière.  Il  fallait  arriver  jus- 
qu'au règne  animal ,  puis  à  celui  de  l'homme,  afin  qu'il  nous 
expliquât  par  son  intelligence  comment  les  anneaux  de  la 


COMPTE   COURANT    DE    L  HOMME.  3SI 

aunAtis'isilem  a;i3  aaluoJ  r^sbUv.  Inoa  l'jo  onol sbriBoiab sa  nO 
tMin<r  universelle  se  sonl  composés  Pae|^ftfèçyi(:|||Bl^j,46 
93rz9  80105  aali  noiJirloe>:ib  i!.l 

im-JT'Wi  Sfflififïl  sn  llo'l  J» 


mêmfeT  exemple  ïo  leur  pla"*,tf«i}iÇiAj|Jsj„Vfcffl>|| 


quilïté  intérieure,  a  se  panfier  en  émanations  en  rai^j|ç^ 

■laiinol  !)!>  ]9  9l^fi£lq  ci  imiibivj'b  iiilc  ^noilismiol  bk  ob  iiiowd 

iiu  aaàleiiyis  amwc  auon  9i/p  ziiBi^iiiin  ab  «ylilEiip  silim  «93 

.a6-a6f|  aiHoi  aitb  ■mahàJni  licvfiHal  îneMinJàb 

iviiia  sno/o'I  p.hoh  ,lif;7Git  93  .Î7iiia  ano'/s'l  euoW  — ■  .SC3 
83b  ageidmaasB  biieiy  ub  moi  la'tns'K]  9l  aîii(|'Jb  acq  é  ?.6q 
aifitn  ;9giiTïiio  J99  9b  JHsraoonaiiimoa  iiB  iiiprbni  ,a9lu3àlorn 
-Bbiloanoo  cl  9b  aâiyoïq  9I  iiorjGiimbe  397G  JiiBïhia  ns  iuoJ 
aoiiioa  cl  ooiaqB  ailâ-fuaq  an<]  aiioivB'n  buoit  ,9dol3  ub  noit 
li  ;io[qm9  mal  9fa  aàJiaaaaàn  asl  in  .agluaàlom  f.3b  anieJisa 
,  silnfi'I  a^iqB  moi  ""  .tioq'^  «aq  ealsoîa  sàl  ie8i97BiJ  jIbIIbI 
esb  alicilàb  a9l  i9Îlii97  luoq  .noileèiD  b\  ab  sraieJ  iiR'ijpent 
-aui  igvniB  jibIIbI  II  .aiéilcm  bI  ftb  aoiuoa  r.I  Ja  snoilcmioï 
800«  lî'ijp  nîîn  ,9inmof!'f  9b  iiibs  é  aiuq  ^  iBcnins  ariyâi  iic'up 
si  »h  itijii9(nic  ayl  Insnimco  oaagaillaJni  iioa  luq  Jêupilqx» 


lijo  <iiii  ^eJ  ,^.o§/:)5ncl  aob  ûnighoM  iij«  ftodoisrios'i  eeb  siiel 


des  I4»ii«aes  ,  des  Idiémes  e|^f^jf|IS7#TIIt^{6 
inn  ;\\^\mV\(i  ?)V>i\o\f.  ^i  ylulîlni  oafiivoo  lod  iio^  19  ,nif^93  8b 

SiOHHAiRE.  -7- Pjremiers  besoins  deA'enTaiit^623..--r-()Blnion  (ie9_^¥.vit&- 


OK^iiiîl  ano'jip  tij87i5  v'n  li'up  main'faoo  fea  II  .(I)  «  siiw*  » 

tes  q^ue  l'instinct  de  manger,  et  cet  instinct  lui  fait  chercher 
iHi^tdt^â'lâanim  a^ëlsâ  Wè^>'^ottiflgW9g[^fèn'gle<S^  il 
mtfWnfWë^ifilsfft'?  ^l(flê^éfil-éî^nttâ^Sâ'VâiftV^Î(^ 
M^m  ^  ^flâl^'hP1^e{flt«flé^,^%dt^Hl^lé?!FI{  i»m 

infiniment  petit  qui  l'a  créé  ;  elles  existedV^'^^qfe^f^ 

hlf>R«-|Mqi<»tt)âllu}«Wfist^Midafl«^9iiVp.  ^mo  no  msoA  ,iia  nu 
m(&S^  a)e8|)^JUitalo«Mnxidoi\t8lq)^âDâbcfi9ad|ifi)d}»ta^iBa 

cette  semence  le  principe  des  couleurs,  du  parfum,  en  un  mot, 
de  la  formation  complète  de  laMlQ^  ,i   i  ,\,umr^^  »b«oU  (Ji 


8Î4.  —  Un  grand  nombre  dô  savants  ont  passé  leur  vie  à 
faire  des  recherches  sur  Torigine  des  langages.  Les  uns  ont 
pris  des  racines  desi9J|g»p,mûdeçpA&  pp^  les  attribuer  aux 
langues  nK>rtes;  d'autres  ouf  vouiu  que  le  chaldéen,  ou  Fin- 


Nous  remarquons,  entre  tous,  un  savant  infatig^H^ourt 
de  Gebelin,  et  s(m  bel  ouvrage  intitulé  k  Monde  primitifs  qui 

es(|il9AkUcmifit4iiGimb^  iangoe^iSten-âffet^. 

kt^tlrn^  ^arto"^  ¥oA^i^wt^mMèsiëti9ip\i'^^  <)éf&Hs  très* 

«  guei  déposent  hautetamt  ^^ elles  descendent  toutes  aune 
«  seule  »  (1).  Il  est  convaincu  qu'il  n'y  avait  qu'une  langue 
pHin¥a>v>^d^É^l)é''Hd{|âiHeâV'ldHay  m\iÛnh  TXdmhe 

'>^lift?diPfl8W»J¥»fh9J8ix9  89ll9  ;  9èio  fi"I  iup  liteq  Jnsminûni 
-d|ttL}a«^  i!ÏWfiinl3^rMlt,i{H»'f«)iïif«f«llf)!iO^(^dftQ  Mif 
un  cri,  hùua  ou  otia,  .qiâiii8l^#lnSffi»Ql8aiHBlicNâql«t^i^«IAi 

flb  Atii03>â(  eflnàdfimdi(9^&cal{aiiMt(»i^«  «ér  èHFPpK)>*te«P^ 

,1om  nu  ns  .mulieq  ub  ,81ij9[hoo  89b  oqianiiq  9I  oonsrag?  9JJ90 
(1)  Monde  primMf,  l.  1,  p^îf^PSlÇl  9l>  '•Jâlqmo-J  noitaffliot  fil  9l» 


384  ,    SIXIÈME  É1P0QI}£< 

sentiment  de  douleur  qu'éprouve  renfant  ou  du  besoin  de 
manger. 

627.  —  Supposons  que  le  père  et  la  mère  ne  sachent  pas 
parler,  et  qu'il  n'y  ait  aucun  habitant  autour  d^eux,  Tenfânt 
ne  pourra  certainement  pas  apprendre  à  parler;  mais  ils  con- 
tinueront de  se  regarder  mutuellement  ;  il  s'ensuivra  bientôt 
un  langage,  d'abord  des  yeux  entre  la  mère  et  l'enfant,  et 
ensuite  de  signes. 

Lorsque  Tenfant,  grandissant,  montrera  avec  le  doigt  un 
arbre,  il  émettra  un  son  de  voix,  il  articulera  un  mot  qui  si- 
gnifiera l'objet  montré.  Ainsi  l'arbre  sera  nommé  pour  tou- 
jours avec  le  mot  qui  aura  été  prononcé;  l'enfant  fera  de 
même  pour  désigner  un  animal  et  tout  autre  objet  qu'il  verra 
autour  de  lui. 

628.  —  C'est  ainsi  que  les  membres  de  cette  famille  primi- 
tive se  formeront  un  langage  suffisant  pour  s'entendre  entre 
eux,  et  les  enfants  qui  naîtront  successivement  dans  cette  fa- 
mille, trouvant  déjà  un  certain  nombre  d'expressions  acquises, 
en  ajouteront  d'autres  à  leur  tour,  à  mesure  que  le  besoin  leur 
en  fournira  l'occasion.  Il  en  résultera  qu'après  deux  ou  trois 
générations,  cette  famille,  déjà  nombreuse,  aura  son  langage 
particulier  ;  de  là  le  premier  progrès  de  TinteHigence. 

629.  —  Admettons  que  cette  famille  soit  née  en  Asie;  mais 
il  s'en  trouvera  mille  autres  qui  seront  nées  en  même  temps 
en  Amérique t  en  Afrique,  en  Europe  et  sur  des  iies  qodl^ 
conques. 

Toutes  étant  donc  dans  des  circonstances  identiques,  cha- 
cune forme  son  langage  spécial  ;  car,  pour  chacune,  ce  lan- 
gage est  une  nécessité  que  lui  fait  comprendre  le  simple  /lot/a 
ou  ouà,  qu'a  prononcé  l'enfant  en  naissant.  Ce  cri  a  suffi  à 
l'homme  pour  savoir  que  sa  langue  est  déliée  el  destinée  à 
son  service.  Il  en  use  donc  et  crée  ses  expressions  ;  le  temps 
et  la  pensée  se  chargeront  de  les  perfectionner. 


ORIGINE   DES  LANGUES.  385 

630.  —  Lorsque  la  multiplication  des  hommes  eut  engage 
les  familles  à  voyager  pour  s'étendre  sur  celte  belle  terre  qui 
les  entourait,  certains  membres  de  ces  familles,  en  arrivant 
à  dix  ou  vingt  lieues  de  distance  des  limites  qu'ils  n'avaient 
jamais  franchies  auparavant,  auront  été  très-étonnés  de  voir 
pour  la  première  fois  des  hommes  semblables  à  eux-mêmes , 
vivant  dans  des  conditions  pareilles,  s  exprimant  dans  une 
langue  issue  de  leur  instinct  et  améliorée  par  Tintelligence. 

Naturellement,  la  première  chose  qu'on  aura  faite  en  se 
rencontrant  aura  été  de  s'adresser  la  parole;  mais  sans  doute 
on  ne  se  sera  compris  ni  d'un  côté  ni.de  Tautre. 

631.  —  Cependant  on  se  rapproche;  l'un  désigne  du  doigt 
l'objet  qu'il  nomme,  l'autre  le  comprend  et  indique  à  son 
tour  le  nom  qu'il  avait  donné  à  ce  même  objet  (1)  ;  et  ces 
familles  voisines,  finissant  par  adopter  l'un  ou  l'autre  nom, 
forment  des  séries  de  mots  exprimant  les  objets  les  plus  né- 
cessaires à  la  vie.  De  là  le  langage  parlé  par  un  grand  nombre 
de  familles,  qui  s'uniront  pour  composer  une  nation. 

Voilà  certainement  de  quelle  manière  se  sont  formés  des 
milliers  de  langages  et  de  dialectes  tout  autour  du  globe;  et 
chez  les  nations  dans  le  sein  desquelles  il  est  né  des  hommes 
d'une  plus  grande  intelligence ,  la  langue  a  été  plus  enri- 
chie, plus  améliorée  par  leurs  soins. 

Il  s'est  trouvé  bien  souvent  que  le  même  objet  a  été,  par 
hasard,  désigné  par  la  même  expression  chez  plusieurs  peu- 
ples, mais  prononcée  différemment. 

532.  —  La  prononciation  a  été  dans  tous  les  temps  et  elle 
est  encore  aujourd'hui  bien  plus  variée  que  l'expression  ou 
le  mot  même  :  on  peut  s'entendre  par  sentiment,  on  peut  se 
comprendre  par  le  fait,  mais  on  ne  peut  pas  s'expliquer; 

(1)  C'est  ainsi  que  nous  avons  nous-môrae  expérimenté  avec  les 
sauvages^  en  Amérique. 


386  StXlÈMB   ÉPOQUE* 

Taiiglais,  ralieinuml^  le  hollaiidais»  oât  des  mots  qupa  écrit 
prestque  identtqnenieatv  «lais  qu'on  pit)n»ne(fi4'uH6.inanfière 
tout  à  fait  dUTéiônte  daaB  ruB^  ctraiitte  Isaigii&^^lbiei^fikis, 
il  y  a  de  nosjQurs;,  dans  le  même  pays,,  chez. , les  mêqtief  na- 
tioos,  des  hommes  parlant  la  même  Jangiie,  qu|.fl|e,§J}  çp^ 
prennent  pas  ;  cela  viept  de  raccent  avec  le^qiiel  on  prpnonce 
Je  même  mot»  et  cet  accent  e^l  très-différent ^dansr  la  J:j|9}^çhe 
d'an  homme  né  dans  le  midi,  ou  dans  celle  de  rhomç^e^ui 
est  né  dans  le  nord  d'un  pays,  chez  une  même  natioiu,.,  ,„ 

.  -   -•     ^         ■         -  ■         .       '     -■'■'.    -"»  V  ■;  ■:    M'iîfT 

e^USSB  DE  LA  YAKCfenà  ]]fE8.  Pp^SK)^Qll|ipSl     ;,    ;.;  |   r,r 

633.  —  Àl  quoi  doil-pn  attribuer  ïa  différence  îVfînîèjîes 
accents  dans  la  prononciation  naturelle  d'un  niémë  înpt , 
sortant  du  gosier  d'an  homme  ?  "  -     .  , '^  - 

On  doit  l'attribuer  à  cette  grandei  loi  générale  de  Ta  ialure 
quimrie  ifowf  ce  qu'elle  produit.       ,  "  '"  '   ':'**    , 

Comme  il  y  ^  une  différence  daii s  lès  physionomies,  dans 
led  visages  de' tiras  lèsrindiivida^-de  l'i^s^céhumiine,.i£dst-à- 
dire  d^ms  tout  te  milèiieird  deè  Êtres  4sotiiposdqt  là  i  pdpalatibn 
du  globe,  puisqu-itii'y  apàs^déwx  %uf8S,*Bflk^|^^ 
deux  tempéraments  identiquement  pareil^/ttli^t-l>le&  ^itû^el 
que  fesïoi*ga«es:c)e^te  «oïfiv  fe^jrjAr^  p^isétitent 

4Sgàlemeûi'^dé>1a'>tiiiifëiteifi3eiîi'l  é  Ic-jaf  ih  -rihi^q  ob  oiîoîot 

i^emM  géh^mlë^n^is^^tdi^fae  jpafiFsMbmiPdii 
â  la  f^nipe;  elle  s«ôkserv3e)dîiTià;tàut)ie  tè^nemim^lwtaème 
végétal  :  on  ne  trouvera  jamais,  nullit»^itV'dd(fit)èt#6£^Ijiitln^ 
tiqaik&entsèâihtablqi  ^'le0  attires  éèiiit%otavërte)d0«^        de 
feaiUeSvlimt^  néag^eâ  bra^éte^  éh^hièk  I 

on  ne  trouvera  pas  sur  un  méliAe'^&ièri^^iifJsartiMiJi^jfae 
branche;  deiiis  feuiltps  èxatote{Éiènt^(>aiMfti9¥  ;  i(^  >f^/«â»à)  tou- 
jours queUfoe  dlfféreïfcë  entre  diés.     '    *^   ?     ''-'■  '"^   ,?îr!8 

li  était  donc  impd^ble  que  la  pèfTolS  êi>  Patcmt  dismt 
uniformes  chez  les  hommes.  .'*iif>4 


CAUSES   DE   LA   YAHIÉTÉ   DES  PHTSIONOMIES.  387 

Cependant  ce  que  )a  nature  se  refuse  à  produire,  Fart  ei 
la  civilisatïon  ont  chercfaé  à  Topérer,  et  toHà  roriginedes 
iénguee^  pariées  ël  écrites  tbet  toutes  les  nations, 

634.  —  Quel  est  le  motif  qui  oblige  la  nature  à  faire  ces 
changements,  à  vue  d'œil,  dans  tout  ce  qu'elle  produit? 

Le  niotîf  se  trouve  clairement  expliqué  par  le  mouvement 
universel  et  la  constante  rotation  de  la  terre.  Comme  les 
êtres  ou  les  objets  qui  naissent,  poussent,  ou  viennent  au 
monde,  paraissent  toujours  au  moins  à  quelque  centième  de 
minute  de  distance  les  uns  des  autres,  cela  suffit  pour  justifier 
le  fait  de  leur  diversité:  n'arrivant  pas  exactement  au  même 
instant  ni  dans  des  gibgonstakges  rigoureusement  semblables, 
des  différences  intérieures  ou  extérieures  de  physionomie, 
d'organes,  d'accentuation,  etc.,  doivent  se  produire,  puisque 
les  conditions  ont  successivement  varié. 

Ainsi,  il  y  a  pour  cette  diversité,  motif  de  distance^  motif 

de  pc^ition,  motif  de  climat,  et  motif  de  temps. 

'"*'■•.' 

835.  — 'Lemolif  de  temps  suffirait  à  lui  seul  pour  expliquer 
la  tartëté  de& physioocmiies  et  de»  organes;  car  dans  la  même 
jâimite,  ctekis  la  m^e  sec(»ide,  à  deux  mëtrei»  de  distance,  le 
$e»ps  est  différent. 

:.  idimi^  pai?  e^eûdple^  le  Pantbéonu'esl  paa  loin  de  TObser- 
vatoire  de  Paris;  eh  bien!  à  Finf^ant  oè  le  méridien  de  TOb- 
S!nn^MM3re  tnarqiie  »idi^  lePantliéw,  situé  plûa  à  f  est,  pré- 
fleotê.dbui^;aQcond6s  de  difiEérence;  c'est-à-dire  qu'il  a  déjà 
Rfidt  el  deux  secondes. 

lie  tnéridieo  de  Versailles,  qui  n'est  que  de.  20  kilomètres  à 
l-0aeâi  de  Paris,  est  d^  ôaretard  de  plus  de  50  secondes  sur 
fc'fcwifi^  4e  «ette  dernière  fville , 

(((jîrww^b:,  pditit  de  départ  du  premier  méridien  an- 
glais, est  situé  à  2'  20"  de  longitude  à  l'ouest  de  Paris; 
sratieure  est  de  9'  et  22*'  secondes  en  retard  sur  celle  de 
Paris. 


388  B'iîtitîtft:  '^'  tv^^tn'r^ 

N^w-York,  Siliié  h  76  degrés  de  lottgtt^  à<\)tfefettîe  Miis, 
a  5  heures  en  retard  sur  celle  de  Pâïisv'!»  "I'î  '"  *>b  .noije-jia 

San-ïVancîëco,  en  tJàiifcrrriiè,  eàtfeirté'à  lab'âég^^idWdtfl 
gilude  ouest  de' Pfitrfe,  él  Ia^iffër6ii^é'>*3ihà''sott*^ttèi#e^i«l 
de S'heu^es  2*^ de  retard  sur- Pârir.  ''^'  » "-*i  J'^»  oaimofl  J 

Lors^tf  à  'Pë«s  ttoûs"âVOiïs'mMr;'&  »sôil'  atltîf  ddëio^'c^a 
dire  à  18«  diéghé^  de  WngUlide/  ètt  *[•  hMH«ttï^>eîe^ï'lôaTgi« 
qui  depuk'  le  détroit  de  Bebritig,  m  nèrd'^èft  Wï«out^ll^i2èj 
lande,  au  sud;  traverse  ou  cmit^e  Tdoôâ«f'Pfid«(ltt^Jl«rtéMé 
sur  ce  point  de  petites  ileâ  madrépoH^u6i>pt0^'bû<dft>ûîlSëâ^ 
bitées.. 

Il  est  donc  naturel  que  l'arrivée  ^u  monde  oé  deïïx"Tnfrai- 
vidus,'  ou  ioàêmé  dé  deux  feuilles!,  ne  pur$se/p^^li^^^ 
des  conditions  identiques,  quoiqu  ils  nàîsseût'àu  iiiemé^ms- 
tant.  ,  ,  .-  \ 

'!'■•-:    i"Hi<-    *'  '   '•»  '-'  '  il  .■  '    ^  •;[ -.1         iiri'  L^I  '11'^  jnod 
.'■'•ut/;':]»:  ."'i   •'''••!;  h:;  ^s[»  .-if^-^Mlni/n  'Jï^'Mi/i'iq  au 


1. •  ^  'î  J 


du  mal  morAl,  6/1 1.  ,  ' 


(  • 


êtres  animes  ,  et  pour  diriger  1  organisation  du  service  fer* 
restre,  en  dominant,  comme  nous  1  avons  aeiamiP  remarauer, 
par  son  intelligence,  sur  le  règne  hnimai. 


Ml^SiOJX.  ^£  i.I|QMME:.  389 

,^t989.  rfr-ij^.ritc^àikmiiie  n'e^t  pas  l'objet  .principal de  la 
création,  de  même  que T homme  n*^st  p^&  aoipi  but  spécial; 
l^W^ûï^%;yDirifli  flUfle.  formant,  établir,  le  Gjautrôpwli^  de  la 
r^s§it§flv^«>larfopc^)b«utalpde6.aulre.sapimqu^     .     ....  ; 

L'homme  est  placé  au  sommet  de  .Kiéchelie  des  corp^ppgai 
ûiii^fft/Jojifîy.^niR  Ql  yconseryer^ne  préj^^d^a^ce:  n(«urflUfée, 
§[îoY|û^id^.jï}od^rftri,rpar  wjje  jqdiçieij^  disUibuIiioû,,  ,1q  trqp 

m^m\ pojiif  .réprimç,r,.pqr  lï^idapvédali(Hi,q<,i,'il.§xer«e, .,J'çût^ 
<»^sfeY]â<lihoBdaiifi€)dtiirj^ûq  v^gétAl  •   ->,:..;  mI»  f  m:..    > 

.fÇM.,:— .  L'bomme  est  cosmopolite:  tous  les  coins  de  la  terre 

— n«în  /.îi  ■!>  "'Vf  ■»;  i;<'  •    ■.!         /■    •   -^  i  ^-  rM     '■  '  u 

peuvent  convenir  a  son  tempérament,  attendu  qu  il  peut  s  ha- 
Diluer  avec  facilite  a  tous  les  climats. 

Il  est  le  seul  être,  le  seul  absolument,  doué  de  la  parole  et 
muni  de  mains  délicates,  instrument  merveilleux  destiné  à 
exécuter  les  prodiges  imaginés  par  la  pensée;  il  marchie  de- 
bout sur  la  surface  de  la  terre,  la  tête  élevée  comme  pour  ad- 
mirer les  cieux,  et  commande  en  maître  à  toutes  les  autres 
créatures. 

Cependant  cet  être  super jeur.  qi%  aRPA?pï)ce  n'a  pas  en  réalité 
un  privilège  au-dessus  des  autres  êtres,  relativement  à  la  sou- 
mission qu'ils  doivent. à  la  nature.  Il  souffre  même  plus  que 
les  autres  de  f  influence  des  climats  et  des  orages  ;  il  est  assu- 
jetti à  être  décimé  par  les  pestes,  ravagé  par  la  oetite  vérole, 

\'^\^^^.^^\^m^m^^^^  ct  le^, au- 

tre»^fl<tou«A;^>^n*'Otttiie^f>la'i«»tupë  lui "ar  imposé  des  besoins 
cdffl&^e-'p^ftt  '  ë&ïiti^ëb'À1îitïëét'''f  avafl%é^  dr^sjâ  Suj)réirimie. 
Ainsi  elle  l'oblige  à  être  laborieux  agriculteur, "intrépide  na- 
vigateur, infalieable  artiste:  il  faut  qu'il  se  confectionne  des 

vêlements  poux  suppléer  a.  la  couverture  naturelle  dont  lî  n  a 
8î>b  oiamOfni'jT /]  firjiiiôvij'.:!' ;j  n.H':  .<:;.iji    .  .'i!--"'  ••'T>    îm '• 

pa&ele.iavorise  comme  les  autres  animaux,  .qui  sont  couverts 
d  une  peau  gariiie  de  poilàm  arme^  d  un  cuir  préservatif, 
ilest  donc  forcé  d  occuper  les  b^as  dont  la  nature  I  a  gra- 


390  SIXIÈME   ÉPOQDfi. 

titié;  mais  en  même  temps  la  nature  a  imposé  è  llimnme  un 
devoir  plus  important,  c'est  de  bien  employer  Ttfitdligence 
qu'il  a  reçue  exclusivement  en  partage. 

639.  —  La  Getiëse  dit  que  Dieu  condamna  la  femme,  qui 
avait  goûté  à  Tarbre  de  la  science  du  bien  et  dû  mal,  èî  tii^ 
accouchement  douloureux.  ' 

Comme  dans  toute  autre  parabole,  Moîàé  s'est  môtUtié  f6tv 
ingénieux  dans  cette  allégorie,  aussi  belle  que  juste.  ' 

C'est  la  vie  sociale,  la  vanité,  les  passiotis,  l'excès #8m0(ii^ 
propre,  qui  ont  rendu  la  fkmme  civilisée  sujette  &  cesà  màiix.  - 
Les  femmes  de  tous  les  peuples  sauvages  aecMcbonC'étaAiÉit' 
douleur,  tandis  que  tes  femmes  des  nations •cîvîHsée^  sont  pr4- 
cisément  celles  qui  éptouvent  des  accidents  funestes  dSÀ^^ 
leurs  cx)uches. 

Plus  on  se  tient  près  de  la  nature ,  plus  elle  nous  favorise  y 
plus  on  s'en  écarte,  plus  elle  nous  punit. 

Les  femmes  laborieuses  des  campagnes  accoiidicfnt  satis^^ 
peine,  et,  presque  comme  les  femmes  sauvages,  se  rétablis^iit^ 
au  bout  de  quelques  jours.  On  en  a  vu  en  Suisse,  >en  Rtiési^^^ 
prendre,  dès  le  lendemain,  leur  nouveau-né  sur  leur  Jos'*!»' 
retourner  à  leurs  travaux  dans  lescliamps.  Lei^  felmineS'des 
sauvages,  en  Amérique  et  en  Afrique,  n'iilterr^mpent  pas^i 
même  leur  ouvrage  pour  accoucher.  '    •  •'^î  » 


.^.; 


640.  —  Il  est  possible  que  la  création  ait  eu  on  vue,  dajas 
la  formation  de  r homme,  le  service  physique  qii'il  devait 
rendre  à  la  terres  mais  son  but  morpi,  en  ce  qui  repartie  lé 
bien  et  la  vertu  qui  sont  imposés  à  l'homme  par  le  bienfait  de 
rintelligence  et  de  la  parole,  a-t-il  élé  atteint  ? 

Il  est  permis  d'en  douter.  L'histoire  des  siècles  depuis  lé  | 
déluge,  dont  un  abrégé  formera  le  sujet  d'un  prochain  chapitre 
de  cet  ouvrage,  et  le  tableau  des  actions  de  l'homme  qui  se 
déroulent  sous  nos  yeux,  présentent  un  triste  contraste  à  l'en- 
droit de  ce  but  désiré. 


MISSION   DE  l'homme.  391 

Quelle  qiié'  initia  perfection  physique  de  Ifboiniiie».quel 
que  soitil'dfidteHe^m^rable  de  la  iiatare  dan^  U  composition 
de  ses  organes,  les  vice^4^J'68f)^*toiP9i^i0l4:d4MiuFéde 
tout  temos  1^  ypes  mof'ales  de  sa  création.  La  ciyilisatipn„  les 
lois^  Q^tjÇ.W  jusq^  ICI  despalliatus  iiin^puissants. 

641.  —  Les  vices  sont-ils  innés  dans  rborpmei  ou  ^iit-ils 
lajf«ki$é«iA!m3ft^4«i  Jllïficcié^ 

Nous  crQjeQ6|  qu'ite  np  sont  .p^^  né?  avec  r^x>«ime«  car 
Dîwia  !M^.4(^parfeit.-yieBfpiiït;^^^^  Biaîi .ajryiyej^u  nicmde 
a\9$ji»ii  ij^iur  iipqo<}6»Ml4  c/est  Mm  p\wW<V^h  ^9^  comme 
OQif!ii0jati.2^t!ci^ti9elQf|  J0.  eukùrei.q^  Orpplique^ 

-Jiia^iinal>e8(;  4ca»e  é^m ila  société»  ttaîs  c.e  in^ ^i wie  cause; 
ceMeica«i9#^  viânt^de^.abeirratipiis  de  rintelli^ence  employée 
en  opposition  du  but  pour  lequel  l'homme  Ta  reçue  d^  son 

L'examen  de  cette  c<^^^,api^l)eil'attfni(^Oj9i»4(^p^lo8ophes; 
ILi(af)9UlYmil»t<q«f^,  )(j^n$  t9W  les  .(empstir  iBi^'^^fie^^  plfs  (ri- 
y»tefc4l«tovphj^,itti)apaWefiiiPi^^  c^lj^jqwi.pi^SWsmné  «le 
p^^teur  ^iedansite  sein  /des.v^^tdiDtés^  ^  danç^l'^^pvie  d^  ji^^sr 
s^*c)le  bien  .matiérifkl  qui». «^  -KîWt  ^99m\^mf{  Pfls»»  : 

^M&kQm^^  djii  p^re.f^  Irandmat  jn^tir^f  M^ein^t  a  TeiM'^i^t  ; 
lesF^buft.'Çn^i^g^^  jetiS9^^lLTAppai'l'a¥^,)^it,¥Jftuejui'  du  corps, 
l'élévation  de  Tesprit,  ou  J^.poiivw  qp'ojn- .ex-^isço»  ,• 

La  cause  des  abus  qui  ont  fait  dans  tous  les  siècles  les 
malheurs  des  hommes,  lié  saùrail  jamais  errëà^èfe  proclaiiï&e, 
affn  fiue'la  peWe  ou^  le  souveuîV  de  Jeiïrs  tiirie^ëà  cbiisé-^^' 
qupuces  puVsç  servir' dé  fréln.  «ut  (iàssîôns^  des  hônVmës';  car 
si  le  tableau  d^  maùi  qu'éûtralhe  fêiëès  de'  tlms  vïcés  né 
pa['vient  pas  à  les  corriger,  '  le  désortli*e  finli-a  |iar  ravaler 
l'homme  civilise  àù-dèssôus  de  1  homme  sauvage,  et  même  de 
la  brute.  '      '^ 


»-.- 


...   .  • .' j    . . .  . . . . . ^- . : î  im^ÉMiihc/ •ci'HIfiifelfff  ^'^  5jq i:)iîiicf  au  k 

vli  II  )\\  i:/    •♦•MI  .j-.iiMini  i  "*  'H'îiiio')  :iiiij(i!mi'nfî3SîO(9'iu'jn9  liJ 


religieuses  de  ces  peoples ,  648.  —  Le  Guesa  ,  649.  —  Fonnation  éé^"^ 


<dies-rëgn&it'ltàgeid)or,'  eAttà  t)bmtiié'pat^'4b'ëIbî^lA-fliaCëA 
dans  tout  leur  é^rât'isi'puretié  lêésT^xmi'lëfèé^é^WÊ- 

4e  là  religion  >  chacun  alors  remplissait.çooiKiisvajr  atVf^bottf 
heur.  •       .,  !,..>  •.•|)i'iin(>!i|  •■ildmod 

. ,  p,pwqjjqi.,a-tTPn,  flt^ér^ : çe^ .type  iriftgnijifl«|e.,4e)4'*3ii8t»ce 

IMWWP^! '•■!.■!  iiii'i.'  M  •.'•    'I'!'!  '  ùri-.iuiia '«im-it-iob  2Ji«l  29! 
, , ,:l^,lJf^^itif^fl,lYe^^,fR^p  p^tje., ftlfér^lpwi  ajt  é»^  i9«4l(k!Pëy«Mt 

Is  8^J'W^t^s»iiS'^(J<e%d3^?lJ§,yrt^erfylej¥i^iV!ftiP««t4S  la 
trui,  à  la  soif  de  l'ambition;  tous  ces  crimes  s'i^nWih^ 

^.y;)ulu  l'afi^^piti"  W»filétWe*?it.fl^Fiileifl4^waP  jwiff^ho  » 

;t.«43v'H«-'  Enl  eÉteil  aepois-'CtfttéiicsHastPèlJHtf/^àilî^'fl* 
hommes  is'fôiiradcbundeiainsii  q^ë>kr  t(u<'^''Së>']^â?  i9^}^<ib 
qoiàodiqitôl'aiipBntiohid^oÉietaete  lioU^fel'  ^  '  «-'^  <^  ^"o^  *' 
Mais  si  les  premiers  descendants  de  Noé  montrent  des 
moeurs  et  sont  en  possession^ ^' un  bonheuir^^r^çoj^i^^^^affuo- 


L^'oiïÂiÉ  dî^iLïSÉl'  393 

nie  avec  le  bien-être  approchant  de  celui  de  l'âge  d*or,  pour- 
quoi, peu  de  temps  après,  commençons-nous  à  voir  de  nou- 
veau reparaître  dqq  ;Dl]é^|R:lrgp^Tï^je^*;)désordres  poussent 
bientôt  l'homme  à  exercer  les  plus  grandes  cruautés,  comme 
si  un  principe  de  maligiît4«$LVMtiiH<|llQil  mission  de  perver- 
tir encore  le  genre  humain;  comme  si  l'intelligence,  au  lieu  de 
coajyeibufi^oà'l'/Ordre^^admÎF&bleide  ki^tnatuoE^  agftt -été  cliorgée 
de^âYoîi^ose^i'i'fè'fe^cdtaffiëlt^  ce^yèMàtirë^^^^  pouvait 
r6|{S'?(S(ii|r^^ 

^yïtttïfllfg^edéfe  hnmulïie  ibfnèTfem-erit  traéiiëë' dié^îa  ij^ 
et  ae  la  perfection  des  œuvres  de  la  nature^quo*  ?te,pr/cfpQpant 
d'assimiler,  autant  qu'il  lui  serait  possible,  ses  propres  œu- 
jffiî^]%(p^.fierfi^Gtippn^ipep,t,  rh4?OTine  .a^fondé^ipjouiî^  pwrye- 
fljurprjfi^y#.rne«4^  la;cqlturô.de  };efipril4^,€»  dptinant5à'oe^JBi■ 
J^fqj^,,3Ç|l^s^^^.pfa^ique»•te^  '  '  •'    1'  î> 

onéMu.é  uOjrLà»  ervili«itîk''à-Mlë  téteïl^feùt'^àuè'tnèttité  le 
Wod^i^e  dé  v'rhawianïté?  A-tMeHë  prHaâlr'îes  'bltenfaît^ 'que 
semble  promettre  son  nom?  '' 

^'OfBtèirèÈCdfe^ërmîsd'ën  ddùl'ér;  tai^;  eû]preriàntèë(rféinient 
les  faits  des  temps  modernes,  Thistoire  nous  dit  qu'èn'l^àiWh'éé 
JW^abftftètoë! èi^  (!'),'•*  lés' Jiilfs  detlj^rërfé'î'ÛdttV'À^dfi^é^ëlait 
Afltoidbeli,''(bWittWdrb'ti*è^'aë^2!0t)lw^^ 

-t^ftat*^q\k^îfe'iaVaîért'<!!ie"si''èt''cë^^ 

cfliftiiliîërtttéè^45àivtitttël  'éfe^lHiêtoe*'  Ji/i^'  fôiil'^M^  jî^ynSySh 
«  eri'égyptëi  mk  WïiiëilMèfiï'tixiwm  HiMtàHts';  ^cëti^-cS 
*O^QR^i  ^  Aipxan^fii^^^oà  jilS)iiaas^orp.rtJt  Jedio  les!  J»ifs,£l*n- 
éb  d,^f  ^ft4PKipM*»Mil^sr:|uifc, pçti^ôumflt}  l'Égyplai'€tr^^^ 
«  tout  à  feu  et  àrSfkj^^ffls  ae^otiàèiVBiîtmtta»!^ 

Xv  ChTonoiogte  ancienne  et  moderne^  page  272. 


394  SIXIÈME  ÉP0QUI5. 

«  versent  Ja  ville.de  S^JamiBe,  et  fo^t  périr  j^lus  de  2SK^tO00 
«  personneei*  .  ^  ,  j 

«  Les  massacres  de  cette  année  font  {4us.4'ii9  i^iiiWià^u, 
«  vieiiœes.  »    -  •^;d..>^  -i/';:^^-?  jo^a  ofî  ^n 

A  une  époque  plus  récente»  .k^  Jton¥t)e^;l«»jjg|^lP4M^^ 
dan§  lepuyç  leplu§  riche  et  l§  plus  civilisé^  TEsp^ign^  avaient 
élevé  un  tribunail,.Qeluî  de  r.influisiliohr  jli^^^  vi-  , 

vants  les  hommes  qui  avaient  des  opinions ,pQlïUq}iesou^r^^^^ 
gieuses. différentes  des  leurs..  .  ,  '       V".., 

Et  ces  atrocités  se. commettaient  au  nom  du  D^eu  mijséricorr 
dieux  et  pas^ient  pour,  un  hp,mmage;2j  sa  bçjqleir  \H  V^^l^hr  ' 

Eotin»  d0  nos  jours,  dans  le  centre  de  rÈWi^plL 
ment  est  allé  si  loin  «  que  des  hqmipes  se  disanj  civilïs&  o^^^ 
cherché  à  faire  prévaloir  Ja  doctrine  que,  la  jrro^j^n^té  fstié 
roi/.e'est-rà-direque  oe  aii'iune  honnête  famille/îiforceué-" 
pargne,  aurait  an^assé  pour  1  éducation  de  ses  enfant^»  serait 

un  VOU  .        :     .  '{  .    .     • 

645.'  —  ^frég^rem^nt  dfé  iHn'leiïigencèVrf  dé  W'i/Wft^r 
tion  nous  offre  de  tels  exemples  en  Europe,'  en  "Asie'  éf  en' 
Afrique,  dî^ns  Tancien  niondè  enRni  voyons  ce  qiié  ^kni^i- 
que,  le  monde  nouveau  où  nous  sôniimes  allés  dànyiélifélr/"' 
disions-nous,  de  civiliser,  voVons  ce  que  ces  peuples, ^suîVaili^ 
nous  jusqu'alors  sauvages,  ont  gagné  à  notre  cmiisàUôn.  ' 

Depuis  îa  découverte  iie  rAmérique  par  Christophe  Çoîciiiltj,  ' 
en  1492,  les  grands  civilisateurs  ont  ét^  Férnand  Côhéz/^Fi- 
zarro,  etc.  Us  ont  trotrvé,  tomme  rious  raioiSsdèjâilttrcRîis 
le  Mexique,  dans  le  Pérou,  et  sur  toutes  les  fies,  ou  dans  les 
continents,  dé  nombreuse^  (iopulattonsî  très^rwhès,  irès-dt)- 
sées,  conslitu&s  en  royaurties,  en  république^;  ete.   •    -  ^^  '"*^' 

Ces  sauvages  étaient  loin  d'avoir  les  beaux  habits  dés  fe- 
pagnols,  c'est  vrai;  les  armes  à  feu  leur  étaient  inconnues; 
Peffet  de  ces  machinées  meurtrières  les  a  étonnés, >stupéfiés;i 
ils  se  sont  mis  à  genoux  en  voyaotia  flatnme  etteoMip.  môTn 


l'homme  citllisfe.  395 

te)  porté  par  an|ii$il;  car,  comme  tte  adoraient  \é  sdéîl,  ils 
croyaient  que  c'était  leur  Dieu  qui  avait  mis  la  foudre  dan^lQs 
maîDBcWcas  dtrâti^b.^  -,     '  —  -  > 

Ils  se  sont  soumis  comme  des  agneaux  à  ime  poignée 
d'hidtlIiaÉiéë  pitéiteiiâas  civil^^ 

646. -T- Ouetlé  pVgè  honorable  Thistoire  aurait  pu  enregis- 
trer, si  ces  ciyïlîèaletai*s  eussent  réeltement  saisi  cette  belle 
occasion  au  profit  de  la  Vi*aîé  Civilisation  I  Comme  îl  aurait 
été  facile  d'amener  ces  peuples  à  la  véritable  vertu,  disposés 
qu'As  étaient'^  la  plus  complète  soumission!  "'; 

Maîs'dbrtez^  Pizarrpi  et  tous  leurs  successeurs,' n*ont  pensé 
qu^à  prendre  i*or  qui  âbbndaît  dans  lès  mains  des  Américains, 
lesquels  né  connàîssaieiit  pas  la  vïiléur  àe  ce  métal;  et,  non 
contents  de  prendre  fout  1  Or  qu  ils  pouvaient  trouver,  et  de 
recevoir  celui  que'îes  Américains  leur  donnaient  vôlorilàîre- 
ment,  ces  civilisateurs  lès  iheltaierit  à  la  torture  et  tés  massa- 
craîent  dans  l'espoir  d'en  recevoir  encore  davantage  {Xj:  '  * 

Et  pendant  t^ois  siècles  les  Espagnols  envoyaient  de  TAmé- 
mérique,  a.  la  mère  patrie,  des  vaisseaui^  chargés  d  or  et 
d' objets  précieuï/ enlevés  k  ces  pauvres  habitants  prîmitiféV' 
en  même  temps  gu'ils  lès  d^pouîlraient  chez  eux'deleufspfo- 
prîètés,  (ië  ieurs  terrés  et  de  leur  pays.       '     "       '  '^*''* 

Un  exemple  que  nous  tirons  entre  fnille  suinra,  poul*  don-  ' 
ner.unè  idée  de  ta  ci^uautédes  bïvïfisaf ëîirs  éi  de  IS  ^ïAàtifeué-' 
tude  des  Américains  indigènes.  .       ' 

Mh  --^■JEàli522i.F.fqn«pi^R?»r^p^'ava§^^  #qs  Ifint^rieu^p, .. 

(1).  ©ftiu  la  GabwilMtMDWjQi|ï.dp.Bog<4%jfi»j.iy.:a  je  1»P  .G**î^tayiii^,,3 
dont  le  bassin  «st  siUiç,  à  â.OOO  mitres  ^i^-dessus  dp  la  mer.  Lors  de  la  ^ 
conqviéle>,le9  naturels  se  trouvant  persécutés  à  cause  de  leurs  trésors, 
jetèrent  dans  le  lac' tout  leur  or  et  leurs  î)ierrés  précieuVes,  regardarit 
ce^Fac  commB  uhedlVÎhHé  tutélalre.  S^aïéspàrèës-réoSt»,  Jesstgeîit^*' 
du  càpkaii^GhaVfé^  Codhrftne  éfit  tentié^^uèr^uii  deAftèdmnMntijiiiv  ! 
opété>en  |MK»liev  a> 'valUiO&x^eRtrepraiieare.  quel^in»^  s^ueUe^  d'or«. 


'4H  &%^vtiti^  ivnfQ^tJ 

^i  B&plt;g(m',  et  Devient atee'le  littie  die  j^oO>f»ilièot^^^  hif^K 

arrive  à  Tumbaz  et  à  Piyura.  L'année  sui vaille; lé 'WéfÈlèfîlA^ 
di» .pai^$  > ^ient  éa  pensoii»e  '  visiter  te< tqu&rtèï  >ée§  É^pbMrLe 
^apflainuYalverdB.  veat  le  «cokiTerti^ièiitn'  M^ci^tmWj 
L'Iiu)»$  nfesl  pos'C<i«¥alncD  elTefasë  (aproiÈClSô^  éhiTe^'^fié^ 
H^n^j  Ye^hrwde.  lui  -montre" setii'bréTial ne  i  'flifïcHlï^pï'eStflt! 
li^rey  lâ^snet  à» son  oreille  et  dit:  <t  Ce  quento^mé  tildf^ti^ 
npTépond!pa6,.»î€tJl  loi  jelte- le 'litre;  -''.l'iliii  '"'^nirjii-^  -'»j 
j.iLe  ir^igr^x  en  fureur  crie;&lar»:'CcAax  drAftf$,^bk*étt#fi^? 
(^i  pprole-de  Dieu  a  été  profanée.  Vengez  ce  =crtttô''dèèt  îfe 
S9tpgda$  infidèles»  »  Le  signai  donné,  le  -e^inon  réëâniië'^Vèd 
fracas  ;  les  pauvres.  Indiens  sont  intpito^&blenienK  ût^iè^^ëè,' 
^jQ;i;oi,Àtohaalpa'.est  amené  prisc^nbier  nu  qu^àlfëTl'^Uif  iÀs- 
tftîiltjjMiffttàiPiafinroipour  se  trouver  ^maître  d^é  *i(ftll^é'lë*l^l^ 
ci)9»|ea!deiJ'JiieaSriÂt8lhua)pa  offr(^  pour  m  tnu^m^  âëVëi6p]l\f 
diiw  >$a:  '  pi^BS)»  j;  i  l' ordonne  "à  ses  sdj  etsr  d^ëiééUtc»'  >sa  1*11^ 
messe.  Dais  de!  intervalle, 'de»  ËspBgûols,-envoyéé*piii^OPiïirt* 
dans  tout  le  Pérou,  y  sont  partout  traités  comme  des  dieux  , 
cto^'tqui  (ironvïe»  qU'Mi  '««nraiti  pu  conqàë^Vitiiurt  l(é  |)ayT5  jftfi^la 
4oBfiKort/y'dxoTbjtQntlftTaifço'n'd-'Atdhûalpay^^^^ 
QlJaidfistfibnttoaTOndtà  (ihlaftbeOâOiaM  i^?^WmMvïm^ 
fcnittiié  obansrqdè  û^m  p(mm\^i^m>m^  eà^'Hhërié  ?^ii8^d; 
i!«fffes^i»$'è0|iKU)iirë/tô  imp^^ 

mu  mqâiiBii0rià>étf>édbi^é>^;ipb)lt>ëe'^ùsli^  %fm-' 
i^sftortuliieslde  cè»àippii%eviil>^d>fàitl<èl)[tii1i^  ;iiét^bifti^i^aiiMP 
Ift.faiïemij'.aeé5étteiq«fe4)dbdài.  ;'»l'i<»'i>'i  ohikhI  f^nrrb  hiuoino) 

slWB*rTnT|SftCftfflpwfôW*4ed^ïmpaiaBg^  àesIèitilàMfteii» 
ç^  âpf^QfHéi^^  A^âriolii»S'UAis  •riaundlèlrdi^to&l^  bous  daoM 


Ilf  ^i^((^i  HK)Bp^ntt  ;t  ils-  AQi  leioonnaissaicTiÉ'pas^  ih  'n'"<Bvnimî 
Jijfimj^i  c^te^pl^,  ()i^i{lac  ^  'lui;  ^ il^Mftddreieoh  le  ^i^^|etiie§ 

Yf^y^iji^fi^*  If^AKs» pr/âlra$(  }0,émimi  )..lesrf«ôlree|  étâîa^^^d^ 

@J^g^(  'Ç^nl^r^Mp^e^oripUavis  a^veoi  deoCe  to'ifaa  ^sisiliU^iè<} 
ces  sacriGces  inhumain^ientFdieotià  teUflotot  dçHisfltiifoii'rbtiu 
S^^'^lf^i^^.i^R^)^  qvie.le^ivibtUsttcs  ellesiiÈâmestsY-^P^^^^iit 

iftq^r|i^ui^nA,.ç^ip3iiqii0je$ïprélw«4fflfisuAi»it^       -  'i  .  >ij  »iiil 

Pff  l^rai>,4a)lo4)gii«iinirini  lan  dirigeailï  eiiosii/le;  iliadd  nsdi^&fl^ 
4H(lRWPift  >W*alft  CiôltiTeJigi^cX^flùunileflisèirôèldiiia  '{W^ 
tiftB^ };>(^,flMi'»|vr(HiY!Ç Mfqwe>ies<;ptétfl€riviqûi  qiii(iiBène<^lei»pi' 

/iitul><'/H»  ■Hiiino'j  <'>ih(t  !inJ'n,(j  liHj-' Y  .lurii/I  ol  JnoJ  aniîb 
PJlVUcéig^yjÊfl  PPoCïçlp  MWRMç>»il&)  ailTïéeB^iorifiiiiiii€ifaitbte 

^9Sm  ^ÀM^f»^  j^i!f§^Tâ^niÀv^Mgmu([i\  i  Getj  ebfajiti  iteUtèfc 
toujours  d'une  bonne  famille;  Ulétaif:  v^uémàkuUaûreinài^i 
par  les  parents  dès  l'âge  de  5  ans;  jusqu'à  10  ans,  il  était 
«ijGdiîinéletiéle^é  ()aa^iË(}efi]^ë;*I^Éii(j44»f}e^âh)r^  nl^pmyWle 
^k)^mma  çb(4^ài'dâliaasirleâOkiiB^i(lertr&iti     ^èiâëtt^f  )^a!tfé> 


398  SIXIEME     6P0QU£. 

racles  :  puis,  à  rei|>irati(m  de  la  15*"  année,  on  le  conduisait 
vers  la  colwne^  espèce  de  gnomon  destiné  à  tnesurer  les  om- 
bres solstieiales  et  le  passage  duscutleil  par  tezénith^r  Les  prê- 
tres ou  MQue»  smv9ienl  la  viettme^  MçisqQés  comme  les  prê- 
tres d'Égypie^  ils  repi^slénlaient,  cepxr^ci  Bodbicà,  le  Dieu  à 
trois  télés,  coHilBe  U  Trimouiti  imlieit;  ©eux-là/ Ghiav  la 
kmiûe  de  Bocbica  ;  é'antresi  Famagota,  âyaibole  du  m&U 
avec  uac&il,  qoatre^xr^UeSiet  «ine  loâgUe^iae^iievjQuandHcette 
procession  altégpriqtie  était  ^rivjée  à  la  coionnei  on  y  liait  la 
victime,  et  à  l'instant  même  une.nuée  deflècdiaiveBaienl?la 
frapper*  Son  cœur»  acraché  tout  de  suite,  détail  ofkri  à  Sa- 
cbica^  le  roisoieil  ;  puis  son  sang  était  neeuailti  èstasi  les  vases 
sacrés. 

Il  faut  dire  que  parmi  les  sacrifices  humains  de  4;es  peuples 
se  trouvaient  ceux  des  prisnaniers  de  gueire,  imm<ilésxlans 
un  but  de  vengeance.;  maïs  la  même  abonrimitioa  avaii/lleu 
f^i^  les  Indes  oriefilales,  et  sous  les  jmx  mêmes  des  Anglais, 
è  U9e  épofiue  bieir  plus  récente»  De  plus,  on  eontinHiaiti  :en 
Âsie>  à  voir  le  spectacle  des  épouses  des  rois  et  des  prêtres, 
s' immolant  vplontair^e^,  à  la  mort  de  leurs  maris^four 
lesr^oindre  sans  retard  4ans  le  monde  des  trépassés,  oq.ils 
pouvaient  avoir  besoin  d'elles,  ...'.,.. 

Ces  uso^es  4e  h  {)ln&  b^ute  antiquité  se  spp  t  tronjT^s  irépRp- 
dus  en  Asie,  en  Afrique,  aussi  bii^  qu  ep  A|n|^nqi|<)f«  .   ' 

^  r  6(0;  ;  "-r  t^s^^ifidigènc»  «wérioains  a  voient  >  pricffonâéroen  t  Je 
r^ntiment religieux:;  au^i^iloblrie  peupte •s'est  pnompsement 
converïi^Waparole  des  prêtT<a$.cathoWq«ie&  y;        \«    »    i:  -. 

Mais  6^,p!9nvfG^iAfl(léi$Gaîni^^  «près  sfêtre  ôonvetitiB.'à>ola 
.iiOuvelle^ï^Upoç,  IW3  ^  yîiîenlv;pas  mojhSîOnte^Ker'  lei?jr;Or  et 

liQur :b^Hjlf9^if<9Çi^^'^>l6ttt' pâj^i  .iis/duiieiilv  >ei>lgraÉile 
partlevdAV{mir;lt9S:dfimestique$tde  cesr-eotpiquéiraiDls;;  %tiia6|l{tfi- 
rent  dan#.  c^tte  via  ^'e^e^iiage.  les^.Tiée^'etJaL^châjflUoheidont 
leurs  n^ftres  leur  donnaient  Texemplei:      ^     .  ::'^".    l-y-^v. 
Un  très^graod  noiiibre  é'entce  euxne  parent  longtemps 


souffrir  une  pareille  6!!Listence;^l8  préférèrent  emporter  leurs 
oonscienoes  pures  au  milieu  des  bois,  loin  des  oâteset  des  en- 
'll^mtidé^leQrs  imœurs  et  de  iem%  lofô  primitiTes.  tlîspersés 
dfiiis  les^foFêts  de  rmtérieur  de  rÀmërique,  ils  commencèrent 
une :y tel  péDÎtile^  Leur  position  ^U  bien  changée.  Privés  de 
r  iQuibes^  leurs  ressources" antérieures,  loin  des  centres  de  leur 
•  tOQornifaeroet  sans  temptes  el  sans  maisons ,  ils  sont  redevenus 
des  sauvages;  lesgéitémtio^fis  successives,  de  plus  en  plus  ha- 
•  biuiëes'à  lavie  des  forêts^  phis  endurcies  par  Thabitude  des 
>  '  peîneset  des  privations^  sentirent  s'accroître  leur  haine  contre 
lè&Mmme$  étirangers  ;  n'ayant  d'autre  souvenir  que  les  ou- 
Irages:  veçm  pèir  leurs  pères,  ils  jurèreiDl  d'en  tirer  une  écla- 
tante vengeance,  et,  dans  toute  occasion,  ils  ne  manquèrl^nt 
<f)iodp4'eKercer. 

:  '^'èst  ainsi  que,  pendant  deux  ou  trois  siècles,  le  centre  de 
t  vJf  Ainéricpie  du  Sud  et  du  Nord  a  vu  augmenter  le  nombiie  des 
,  saUtc^es^  de  là  des  actes  continuels  de  cruauté»  et  la  guerre 
.;<d'0itenmnation  apportée  et  suivie  contre  eux  p^v  les  Euxro- 
^^péens.. 

651.  — '  Ptes  tard,  Témlgratiôn  européenne  se  multiplia 

cdnsidérablenrent  sur  toutes  les  c6t(^s  noîrd  et  sud  de  TAmé- 

rique,  et  cette  nouvelle  population,  portant  des  afmes  è:  feu, 

-•Ht;  là- châsse  aux  sauvages,' qui  n'aValèrtt  (Jùe  d^  javelots 

et  des  bâtons  pour  èédëfendte.     '  •    i     '  **    *'  "'  •     "'■"' 

!  ij6  icàrnage  I  cxijstinua 'Con9tani!iMifeiitu '&iii  tua^ 

<  deices^paHJVfrësétre^;.  oq  priMetit  pays:partioiitv  du  noMiiu 

sud,  et  ceux  qui- Miplent*'encoreV<eirfbrt'peltl -IJoWhre,  eoiit 

î  icahoettlréset  vivent -retirés  if  =  oôtë 'des' bêtes  llétoièféé.     '• 

!\  -Si  Hfuèlquesrmis  de  ces  iqalheureu^r  tentèrervt  il^  se  tappro- 

tidfterjde&enva:hi£éettité,  ils/fu)*e»t'fol%éS'dtitëèterè  une  ù^rlaitie 

~  iii|4ia;ni;e  ;  toist  a4)f»los^4)n  daignpié»  ^Tf^pèièr'dëS'I^iénB,  et 

i.onileupiitlsigiâcede^leQr-acheier'Ie^BÏr outoBpeàux,  oii  le 

niiel,  qu'ils  présentaiakitv'i  Ce  petit  commerce',  toute  ravan- 

tageddseu^ahi^ettrsy  a  servi  eftcorel 'pô^r  ^fëmprë  le  ca- 


400  SIXIÈME     ÉPOQUE. 

ractère  des  ladiens,  et  depuis^lors  ils  sont  devenus  pins  astu- 
cieux et  plus  dangereux. 
Voilà  le  tableau  des  bienfaits  portés  aux  indigfenès^'^HiDllil}' 


( .  "• 


'j  ••  I 


de  rAmérique  par  la  civilisation  européenne. 

652,  —  Mais  si  cette  lutte  déplorable  a  presque  exterminé 
la  race  originelle  des  Américains,  du  moins  les  conquérants 
en  ont-ils  profité? 

L'Espagne  a  été  la  prehiière  à  s'emparer  du  centre  et  du 
sud  de  l'Amérique.  Les  richesses  énormes  qu'eUe  en  a  reti- 
rées  ont  produit  la  corruption  du  gouvernement  el^  porté  la 
mollesse  au  sein  du  peuple  espagnol.  Les  cruaqtés  qiiç  l fe 
pagne  a  exercées  en  vue  de  maintenir  sa  ciominatiôix  ont  .fini 
par  lui  faire  perdre  sa  conquête,  et  elle  reste  aiiioi^rd'hui 
plus  pauvre  qu'elle  n'était  avant  Ferdinand  et  Isabetîé,  qui 
s'étaient  approprié  le  Nouveau-Monde. 

C'est  le  châtiment  naturel  de  la  justice  dé  Dieu.  .  ,  » 

L'Angleterre  a  éprouvé  le  même  sort  dans  rAmérique  du 
Nord,  et  par  les  mêmes  raisons  elle  a  pjerdu  les  Êtats-?lfnjs. 

Si  l'Angleterre,  alors  pauvre,  est  devenue  plus  riche  que 
l'Espagne,  elle  le  doit  à  son  industrie,  car  le  nord  dcVAp^é- 
rique  ne  pouvait  pas  lui  donner  autant  d'or  que  le  si^d  e^^  of- 
frait à  l'Espagne;  mais  la  décadence  qaajmèn,^  la  coçjj^upjipii . 
unie  à  la  mollesse,  vice  qu'inflige  ce  mét^l  au^  pa^Jipnp  CftfH|fle- 
aux  individus  qui  le  possèdent,  est  réservée  à  l'Ji^^lç^pfrft'^ 
pour  un  jour  qui  n'est  pas  bien  éloigné ,.  car.  ejleagit  c^-ce, 
moment  dans  les  Indes  orientales  comme  J'a  fait  l'p§pagqe; 
dan^  le  sud  de  l'Amérique.  <  „  ,  \\^ 

653.  —  Nous  termiaerons  ce  ebapitce  ifelatHià  IdiCËviUia^ 
tion  par  un  des  derniers  faits  arrivés  aux  derniers  .ndoments 
de  la  domination  espagnole  en  AmériqaOi'  O'étai^  eii  tôlfi,- 
lorsque  le  général  Morillo  faisait  les  deriiiers  efforts  pour 
abaltre  la  révolution  des  indigènas. 

Après  les  revers  d'un  côté  et  de  l'autre,  et  dans  les  inter- 


naient  une  ville  que,  plus  tard,  ils  (lQy9#0nt:dejDaai9emi  léynn 

m^àii^^mi\\hmmmf^\i^\^^.  Klwe^n^ng^swi^y  et 

les  plus  cruelles  eséçèl^Ji|W^'Ç(»iWîJ»W^J^  ipKJ^v^:€«^^«<HB 
^t surtout  contre  les  hommes  de  talent.  ,     .       ., 

il  y  avait,  a  ce  momeat,  plusieurs  personnages  mstruits  et 
qui  se  livraient  avec  une  grande  persévérance  a  1  étude  des 
sqiences-  Ces  hommes  étaient  1,'espoir  dupavs:  on  conaptait 
sur  leur  savoir  pour  Téducaiion  scientifique  de  la  prochaine 
génération.  Parmi  ces  hommes  vraiment  célèbres  se  trouvaient 
le  djimisie  Cabàf  et  les  botanistes  Caldaz  et  Lozano. 
.  ^l^'mfàugàble  Caïdaz,'  fjuî  avait  été  utile  aussi  à  M.  de  Hum- 
bbtjli, 'é^alit'ala  fois  géologue ,  minéralogiste  et  astronome; 
ses  recnprcîÉies  sur  la  formation  des  races  américaines  auraient 
aôhn'é'délrès-curïeux  et  précieux  renseignements;  ses  écrits 
étaient  nombreux,  mais  tous  en  manuscrit;  il  se  réservait  dé 
les  faire  ipopirîaiér  en  Eiirojpe,  ou  de  faire  venir  des  presses  en 
iiûlnljii'e  âpres  son  travail  de  rédaction;  maïs,  hélas!  un'van- 
dalé'^ftè  ISL  (iire  espèce  devait' en féver  à  la  '|)6slérîté  ces  précieux 

0è(^^'''r;[^''/""  '"'[    ''"';•  ^\\"\\'   '    '  ' 

*'Wl8*ii^,1e'général  MorilloVàunom  ^dii  gouvernement  es- 
pa^ifiil,  'ivail  reconquis  pour  un  instani  la  Nduvélïe-Grenade^ 
^W'^lf^  à  '^ahta-Vé  rtë  Bogota  fut  le  sigtiard'éf  êcutions  san- 


m¥^&i!fr,^oîiV(yJi^^  l^W 

publique  le  spectacle  d'un  grand  intëîiaÈ'*i^ot#'fen''sè'^p- 
seBièi(oi»2Bl(liMËai')p<»u}fpmbdf6  ^^RBB'jfapieri^,  îbdit  rtc  PSéftez 
(etnmiTDÎe,  aiBoisMhissaz  'éefiiYnEBtEutrFt£r9{)Gef«9nfc  des'tr^so)^ 
^^fclilr  de  );6tij'ôbu0)[êiài;né'eBt  leitnrvoqlalei^teiniativie;  il> 
«iqoq  dEkSoa}H3sespidQ8(dédèimitâs9i^^ 
«  sr  vous  détruisez  mes  écjâtow'^fiimri  KfiteuKitiufevdi&al,  salli^dz: 
«-tsmtf)«^6iBilti()*f teB^lop;  lsJEiiv<las')Jvouiei;>an''Foir  iM^tsgUe^ 

2« 


402  «iiiÈ&rB   Érairufii. 

«  quoiqu'ils  aW^itisnneîit  à  mon  pftys;  «dtettx  vaii|is^u«r«e 
«  trésor  doit  au  pouwi^  d'un  entienlioqfi^  dlétirrdétraks'^la 
«  postérité  VOHB  serai  WiMMilioisaatiliv'D^  ..î  omraoïl'I  «l-up^oi 
Caldazfie  s'était  j^iiâtte^lifléK|aeatei^iifaasiynet,,^)0^ 
séquent,  il  «kurail  <tûîéu-e'i«p6ctéip»ilefgéaëpaï«sp«papd^ 
nom  de  la  eivitisaiîoti  et  <U  la}m%éptfa8»ic8:barb^iWi&nâsî 
stupide  que  Céroqe,  ar/Jp;ana  V^jt^OMjjpUji^^  (^ald^if  sur  Ignace 
puWique  mêmp,.  «1  jnopaç*t  ^  Ift  ./i^^t^ug^îfla 
ouvrages-  On  »vait^fftp|ftxé,(lpua^^J^rfifJ^^uj|  WmW 
tous  ses.  manuscrits  et  «^^JYf f?:,  .^3(/SSeglïj^^?fo  Wfm^ 
par  le  feu.  .        ,    .-.,î  ,;.  'j',wj)'i'ii  ^leun'ïof)  asn  seih 

•  1  ^ 


»  I  "  '  »  ■  ■  I 


4       '1 


CHAPITRE  XXXVIII.      -'-noiliîdii^  Jo 

•'.;■•  i     .  :  .n:';rii-{r;Hriaxiiio:'»  ..I  aé(I  —  ,368 

gences,  655.  —  Heureupe"  directip^i  <Jes,  patriarches.  656.  — r  Accapare-. 

'^  meftt  d^  Îiîtel«ééncfes/ei57.  ^-*drtoàl!()&  fiis^ctfâ^^Sfe,'^^! 

—  Prépondérance  des  chefs,  650.  —  Origine  de  la  supersti1fOâ([|IGd 

,  se  forme  deux  camps,  663.  —  l,es  guerres  commencent.  664.  -r  Xora- 

/     tien'4&lf 'éèttnfiâ^dâpèety-^  FBDd^fiéilgMÛ,^|8ABâiikifûfi]&Clferol 

4e&  30  tyrans  et  du  pouple-^  66p.  -—  J^e  despotisme  envahit  la  terre- 

^670.  -- Weâtes  al)érr^ti<às'de'  là'  înilltikidô/iîir^^ciéfâlt  ^ 

productiéit-;  â6SJâff^lAi»-{'«lipè(àailuf^yihèlV^6fri;  UiCÀsAUÊiStxAtitîtp 

nirt»Uig6ne«,,ô73i.TT+m^v<wsWptfeP8..iiHxACT  «\iîîWlho^%£7 

L'intelligence  au  18**.*sièclê,  675.   -       .^    .  r  .        «l 

•  •  -j      .îi<\    u  ":.i  -v)  filxi/til)  OlIIfflOD  tfl/519n 

6S<.  ^  ï)ûns  cette  sîJdènié'jWii^riéëj  ^l^î^t  fc^8fffe^te|Mis 
le  déluge  universel,  rintdfigence  dé  PhdhifaieaiSér^^^à  fA#pe 
btsioifem  grandes  pages«  >3i  ^fi^uSiiWtttiMs  M^ivrey^illet 


L  flOMMS    HISTORIQUE.  403 

)paEjfjeuîUet,xba^a8tède  nous  fournirait  des  milliers  àevo- 
Jumesqài^aiteàféraicpit  106  ég^nsments  sans  nombre  à  travers 
lesquels  T  homme  a  pro«ifiDé^«»i.;es9rit  sublime  dont  il  a  été 
-giMiA^,JsQUB)rift  ttitiîeoii^'iotelligsiid^  conduire  au 

iibqiifac9tttj<.ttrqèéj]pdlheu|reu8efl^  plupart  du 

i^amp^  iqd'àdiiiDr&idt^t  féaéral  tout  opposé,  à  «on  but. 

""ïl^è'-pèî^lsiViarttrré;  est  vaKéié  d^^^  hommes;  les  uns  la 
'^^jlcJ^fâiflfJi^'tfn  haùl|1(iegré;  les  autres^  un  degré  inférieur; 
'''tfiffili^éls'^fiôteà  lih'dè^é^^  c'est'-à-dire  qu'elle  est 

ebez  ces  derniers  partagée  en  branches  plus  ou  moiés  faibles 
et  diverses;  mais  le  principe  étant  un,  ces  brancbes  condui*- 
raieot  au  même  but  géuéral»  si  la  culture  redressait  à  propos 
et  ramenait  sur  le  véritable  chemin  rinlelligence  inférieure 
et  subalterne.       j  .  v  z  /  7     >  -      ;  ^ 

656.  —  Dès  le  commencement,  les  chefs  des  familles  primi- 
tives oif^'f^iaM&ti  ^'it'^nail»  diri^r  les  intelligences  des 
hommes;  amsfr^'sa^inlitté'd^lft'joiitiiée,  période  heureuse  où 
la  nature  seule  agissait,  ces  patriarches,  donnant  Texemple 
dëiPVërf Û*,  iMSSiemt  le»  lïonhétri^  dés  pedples;  qiii,  m  leâ  imi- 
tfjjfl  49Ju^a,i^         la  yérîtablè  yîè  die  paix^dô  gloire  et  de 

fi  K7: -^  Cette  Vîert 'à  paà' duré  ïong^^  qtietques^ècles 
â]^^îfslpà),i:i,arches  vinrent  d'àiïtrés  esprits  (jui  accaparèrent 
le)43ciâino{iole.de(â  inteUigeaeés^  «'étaéent  tdes  honuxies  d'une 
ïJëîîétifaTSqn  i^eiharqûablè;  ^^^  p6«r  la  clarté 

^'■^^]^i:,!e^pritt'|^^  était  faale ;  dlmprîmèr  ^la  direction 

c|u'ilsi(«atitaient  ài^intel^geBce  4^  pei4>lâ<et  de  (aminlaler  sui- 
vaiA^^rt^Infes  fertiles.  I**5frfAe'qiiHfe  on f^^^  consi- 

dérant comme  devant  étendre  lé  plus  le  domaine  dé  leur  pré- 

•'  Hifgig,  >^  Mairf  eee^hommes  supérieur»:  en 'intelligence  s'étant 


404  SIXIÈME     ÉpeQOs; 

multipliés,  Tan  aè  voulait  passe  scmmettrè  à  i^auii^;  ^acufli 
préteudit  à  sa  part  de  doinvnaticm  Ou^^fit^lièf^ééi^Krtii  à^il^ll 
profit.  Tous  isë  <)iYi9èveiil;''i(iniiiétiHfaMÛ%{iém  ^itfirêStes 
sectes,  les  unes  fireâaùU'poui' 'peUgi^ 4^'^Uh Mcpl^^^^ 
astres,  les  autres  adorant  les  étoiles,  la  lune-^40îlèil^U^§ëÙ 
ou  Tair,  ou  des.(Ue^^,4e&diçmi-4jep  de fp^inc^iiu^ 

de  formes  animales,,  et  iP^^^^nit  mlPifts^fl^ec-^^ 
sons  ^fantastiques  qv^  a9u^MyoypB^,#fis^J^|ii^jj(fe4^^ 

nisme.  .  .,,,,.  ,.      .  >,,;,  -, ,  :-.•  i-^    «ri  ancL  8ia9':r.q<T£ 

659.  —  Tous  ces -chefs;  ^  s^a{^Qtâ4^fit-pf^bè«ëé9'fa^pè(| 
devins,  prêtres,  etc*,  s^étûlent  attiré)M^^oiï#^»^iflMÉ^ 
peufries  chez  lesquels  ils  semaiëtii<Ieu^i'itedoii§  éli^^èp^^M^W 
leurs  idées.  Ils  avaient  dans  leur^inaifië  ^i^Té(^6'îf<^ifi^^^^i 
tière;  ils  pouvaient  diriger  Vinlelligenç!8,.^e.riî,9!3^  la 

voie  de  la  véritable  vertu.  S^ik  ravaie/jt^y(0ulu,,ils  POBvaient 
tîxèr,  pour  la  postérit^,  la^lq|jde  la^ijerf^^^^^ 
maintenue  de^généra^tiw  ey  §^néi;a^î^9Jj;>af3  it.^Bè|\^iMM 
que  ces  ma^es  etm.prêtfé3..fu^§ent,  de  eén|f^^^^      ^M^m 
ration  aussi,  ,îpu40^§4eç,çS^)^^^^^^^^^ 

et  de  la  vérité;  car,  avant  tout,  il  fallait  Vexemple  pour  pou- 
voir conservera  st^&aaë'^iHs' la 4bb*»^W.^    —  -£93 

660.-  Ces  gra3flp,Hi»n3.es,|a,^^;e^r^^(>oy{||§}jt^j^^^^^ 
tivaient  1  instruction  et,  Ifô .  sciences;  mallieurëiisëmèqt,  ils 
étaient  avares  de  leur  'savoir  et  ne  ^^(>{^raij^nm^jî^i[^M^^|Çy|u|^ 
faible  partie  de  leurs  connaissances  aux  peuplesf  ils  eh  fai- 
saient le  pluf'èfti^ëllt  aefe'^fïpë?eg^."fitem  (ilAnïver*l?en 
physique,  en -fehlhifë;  %n^  inailfërÂâlfl^ees'.'^iî^âiHfei^iéôJ^d 
restaient  à  hiiib^^s,'^élèVVëèyâg^  s^s^(tes!^<lèmiéâitl^. 
De  temps  en HeMps  i(^'àriHëif#{^n%''uif^mâiiï4lM^|gê 
astronomîqtie,  quisé'Vétifiaitj'm^inftihé^ïâimîi'è^n^ 
sition  chimique qui'ëïonriaît,  àiiTsi'<{tië^çl'à^ifrfeàffeffêfâ.â4rti 
sique,  etc.,  et  les  annonçaient  aux  pëiïJ)ïêë'''côÔirii^^8ë#%tfî- 
racles  dus  à  la  puissance  de  M.  ou  teIii4i«itveé«kN»aajl8ii>ùr 


L'HOMJyiS     HIStXORLQUE.  405 

lui.djîa  offr^Mes»  des  holocaustes,  des  tributs,  etc.,  etc.,  aux- 
quels le  .peui)teis'<ifiapre^t  de  coirtiilnier. 
r..  Be\ik)i)e  prÎQ^ipe  dela.superstili^v  du  fanatisme  et  la 
^.ai^im)de[)ia^i):^^)3iâe3/pPétre8.ou.de$  cbefede  cultes  dans 

taii$;  1^ vii^iepsi.   ..i      ,  . 

,  .gg|..akJiLtb  fôHtine  et  là  puissance  furent  donc  l'apanage 
dëS  eèirporalîofls''dès  mages  et  des  prêtres;  aussi  le  nombre 
désfc^^tes  atte  éû's'àugmiéntàiit.  Quand  il  n'y  eut  plus  de  dieux 
apparents  dans  les  astres  et  dans  les  éléments,  on  créa  des 
p9ppi4'éire$jQ»a^Qeiife$,  et.  lorsque  ces  noms  eurent  épuisé 
i^)C«»Plï|Î9Jiisi9»^4ep  jiettres.de  Ifalphabet,  on  finit  par  fabri- 
SU$^.::4l^][dtèu|(  61)  {i^ierre,  en  métal  et. en  bois;  de  là  Tadora- 

ttty[i  dfl^.îfWte^crf.  d^imag^^^^ 

'"  é^/— 'Devenus  trës-i-iehes  et  très-puîssanls,  les  prêtres  fu- 

1...^  ^./id.:....-  -.O-^.,.^..  ^.:_  M  convenait 

dans  leurs 
nommèrent  des 
rSi^^,'^aÔn  ^à^]ivolr'pBr  c^^^  physique 

péûlîitît^iiû^^s^âlsposaîent'e  dé  la  force  morale. 

663.  —  Dèscj?,,mosW»*t.  l'iRftçlligçpçe  si^ibit  un  partage, 
elle  s'est  trouvée  divisée  en  deux  camps  :  dans  l'un  se  tenait 
re/*iietî'f  ïl'oii4t)!^^''(félus^d:*h  formant  une 

^std^a^mitiàtricertfaiisr  fdtclcissée  toute  la  multitude, 
dunnteiijgenèe  soumise. 

iiMh^7Tî(h%  ^^nifi^M^o^  WP.c^ssivQ?.t^^s,XQi§.  trouvèrent 

SÎjteBÇttP'^iiÇ^fM^^BW.  IP^  discours  .des  .devins,  qui  encou- 
fflgft9èÇft\l(l^?M.Af;Hi^^  *^^^^^  volontiers  et  avec 

i?,^j^fl?  Te^Pl^fi^Qcei.deJwir  (}^  .bonheur  des  bienheureux 
(^nç  Jje  çi^,  ,d$m^ ^^jB' séjour  iciiji^;  était  promis ,  en  récompense 
di\^8^6rifice  4«!  le,uf  vjg^^ 

ï»  865^—  On  avait  supposé  que  rhojnme  ne  pouvait  être  re- 


e  ta  sève  s'éehaufTâiï  fiiseiraffiH 

,  et  l'année  suivante,  .câ^tlSliB 
'i     _  -11'  - 'iiiii'iin  fil  filji>]r,'i»ii 
ce  les  meilleurs  fruits.  ,    . 


:106  SIXIEME     ÉPOQVt. 

tenu  dans  le  bien  que  par  la  crainte  des  sttppticts  les^ltHis 

épouvantables;  snppositioB  feusse  et  c«nlinir«'â  Vkti/fasm\^^ 
universelle.  ■      -    ■■        -  '-"■''"■    :"<i'  i'^  is  ,Tnhm-i 

La  violence  abfutU  rhonftne  et'Ië'W«a-MrHMt;«"l'I  ^""^«'^ 

Il  y  avaitaussi  ce  proverbe:  «  Qui  aike'bien]cnMu'b'wi,^»* 
etroDeu  tirait,  par  afialogie,  un  point  d^.coat'^r^i^n/'tfii' 
arbre  qui  donne  peu  de  fruit,  on  le  frap^it;  avpc  u'nMton;. 
de  coupa  sur  la  tige  et  sur  les  branclits,. depuis  lépiéç 
qu'au  sommet  :  la  vitalité,  de  1  "  "'     ■*'"' 

mail  par  ces  coups  réitérés, 
donnait  en  grande  abondance  les  meilleurs'lî 

Ce  traitement  bnital  paraissant  çonfofme^0|j^,^t^|  ae^Jâ 
physiologie,  on  l'imitait  dans  certains  (^as.dç.in^ja^ie^iç^ 
l'homme,  en  employajit  la  flageUatictn,:  }^,,|ipppi,^pi^'i^  1^ 
vésicatoires,  qui  laissent  des  empreintes  sur;iM  P^W^  .^^''^ft^ 
les  coups  de  bâton  sur  l'écorce  de  l'arbre.       liovt;?,  o^iigninri 

Le  peuple  soumis  et  iguorant  ne  raisonnait  pas,  et  devait 
se  prêter  à  tout  {je  bonne  foi;  il  reoeiiait'h«nbleisiaQt4es.g99p6 
de  bâton,  ei  IOBte!:auftrGiflagellutiaDr«diiwist«!i$idî'aËeèï]:M 
raison  suffisante  d'une  obéissance  sans  af)ip«l^  .f0  i,UvÀ)tfis 
plonger  les  générations  Budce3âresifettâiutiptoû^<i4>9^ 
sèment.  ■  .  .    .  ,.    ,  .,  .y...!  i,;  ■.,;,  ji,,!  tioimwi; 

686.—  Longtemps*  après,,  pàrarent'tp^sSgë^'bi'l't^'iliw^ 
égyptiens.  C'étaient  d'abord' dés' vrais  sàyàiife'è'Cd^  ^ftiÔ- 
thropes  qui  essayèrent  de  relever  l'inteltigéocé  [/^tiBe^]^-!' 
lie  de  la  minorité  de  la  grajide'ryc'e'h'^mâv^'^  i^'nM  #3fflfi 
trop  tard.  ■  -^  -:..■..-„.  ïi.-ormp  swU.oo  .1 

Les  hommes  du  peuple  ava 
coutume  de  ne  point,  ftç  t^i^rn; 
répugnait;  ils  aimaient  mieoxi 
et  croire  aveuglément  aux  préi 
étaient  expliqués  par  ceux  qu 
leur  temps  et  leur  jeunesse  à  t] .  , 


jBB7  —  h  é4flft^ivûn  à  m  peuple  OQ  se  fait  (tas  dans  la  durée 
iJ  nflfl  flwiq  gépwfiitjd*  (1  faut  ^wècjips  Cernent  peur  U 
baucber  et  si  des  entraves  en  arrêtent  la  marché)  elle  ne 
s  opère  plus  JÇ^  çon^^çplj^lie^^fr-^dl^te  durent  re- 
Dpiiç;W<8L^Jeuij>laD.âe  {perfet^oonemcnt  ef  se  restteindie  de 
iic^veau  à  cultiver  le^  sciences  enlce  eitv  Du  roomëtil  ^e 
ce  jçftfti  eut  ^e  pris  ils  e  renïet-mèrenl  rigdut-euhçment  dans 
le  ST^Ieme  ,d  i  monopole  de  1  intctrigence,  et  firent  dès  lors 
çÉis"  circonspeçtb,  çt  en  apparence  plus  absolus  que  leurs  de- 
vanciers Ce.pendant  lU  avaient  Te  d^sic  Se  la  propagation  ge 
nerale  dé  la  lumière  et  la  preuve  en  est  qu  ilb  se  montrèrent 
généreux  ils  ne  refusèrent  jamais  d  admett  è  aa  partage  de 
Kup  irj^tàilbn^  tous  tes  ëlringéry  de  tètent  qui  sèprésen 
Ôfflnf  ils  (çs  inttiâielit  à  leurs  grandes  détiouV^ftes  «t  après 
^  (ïiiuîe  fe'la  grandeur  égypticnfte  tious  a-tois  retrouvé 
ôflKPÎtfe'^triboplies  gred^  leiirs  disciples  les  traces  de  leur 
immense  savoir 
Un  ni  h 

<^n8  ^  OM  Kœ  rpihrïoioiphës  grecs  o^  grand»,  iinrilt 
^ifee9<[(n'fotit>  twedMootpe  dSffirtatiuu/n-âttMQtiqueteiilift- 
^^^ideS  I3gypbfir(«. 

-aillS(^^i^<tiiilsd£8iMneBLmBtnB£e  drpenple^^  ils 
auraient  fait  de  la  population  grecque  le  modèle  brillani  dss 
l^pj^gt^^jifs^^el^ifr  la„yei;tu  q^  exemple 

^ÈhSM  S^S'Pil?,"^'^^  ""^H^  W  innéàse 

le  contraire  qui  devait  arriver,  u  ni  perse- 

cntésî.c'est  que  les  prêtres  dç  la  Grèce  n'étaient  ptîé  ïès  prê- 


ïn 


'^S&"im?piS'i&ikii\i,  %Mitimë  du  savoir 
mWS^MlVWiilii  ikWm  ISâr'deiiinléressemenl , 
HrmctStelJÀliÂ'Wqnè'Wrinieilèlacond^^^ 

»pWs&ffiiS,fefii!liWiiëut:i""'    -.  - 


408  >    IIXIÈMrfi      ÉPOQITEW 

Les  prêtres  :grecsétaie{U  poissants;  ^s  do^pinaient  par  la 
wpçrstition ajiissi  W^.lçs  r^,  Jfef jtycFftP^te q«ie  tes  ç^^pea. . , 

Les  philosophes  furent  persécutés,   b^^i^,  €W|^r^(9afi^y 
et^cm^eat  jB^Si)^  l»P«t,'  p^.,baiipiÇfcipflur  ,teiiiî&Hl^OTfce8* >v 
'  Socrate^ay^t  .4^,boi|iie  /krqigu^i^tf  p^Miiiiaife^i^f^b^ 
ses^  fiimisi;  il  rôhwip  ga,  lep  jmmmmh  ^i  i^fj^lmwm^m- 
timedes  tyrans,  persuad4îlWlapï*5.Ba,pi()j?*Jetp(JVIv«ttipdQ*)n 
injuste  iî^i)djaBma4ipA<BeraU,^l)]fenij^  iS(^e««eiob  et 

un  (mn  .q^\  §m\!i^^^^'^tiM  wiwwwrfiltemeit  dif)  PMôiM«s4tt- 

.  669.  —  Nou3  avons  iQyrnellemènt  sous  1^,, yeux,  des  t^- 
bieaux  aux  couleur^  si  y âriéçs  gui,  nops  axpoa^p t  Içç  jmeryeilr 

les  extérieures  de  la  nature.  ,    Te    t  f    .    '     ,  .  ,î  /.„. 

Représentons-nous,  pour  un  instant,  le, tabljeaiimterieur 

du  cœur  humaip,  avec  lesxnilles  variejes  de  ^l^telhgeftçe.b^- 


èWdia  et  enseigna  là|yo|Qfe^^Mn|^a§jy5^fe%V^ 
en  donnant  lui-même  I  exemple  de  la  Vertu  unie  aux  devoirs 


dub9acitssygn,t.%il^^ôpilfé:^î>  ài^rwpWidc^sa  patjriç»  se 
û!i  4ftij.j:.fe)i^j^a|é«ftttvpeJtPc^  a^tophon^ 

qui,  étant  tombé  de  chev^)o#|i)^iQa.i^rjl&lr^ftU€^9Ôi)fJt«iété 

^f^,V^^\,,\\Téi  4f^ji^MMè(^tH  P9rM:.^rlieu.ide'4ftr*é;^>te«- 
qcwdp.fcig^fl^^M'èâP'isqsiifQSWtji^^  défela  jetomÂs 

en  fuite,  il  fut  le  derni^èiA*l*çe^«l^^.îie*yftitey  tlitooitfdoi'si 
^cjï^pe  fli5^©#8âe,jfli]^(¥^i^^guà;ï>^  le 

Ç^^qfiH«,\%Wrjei)^igni4ifete^at  1^  6on!|WO|T6i(*:eïnple, 
^^mip  iitmm^^^  J^tmlhvt  4^  toiilte  Jes(  JecônB^àu  Thiomme 
celle  de  $e  .Q,Qnaftîtrer  s^i-mêm^,  de  ne  pas! foire  à>Jun  autre 
ce  que  npus  ne  voudnons  pas» qu'on  nous  fit,  de  remplir  sa  tft- 


j 


l'homme    historique.  409 

che,  d'éviter  les  voluptés,  d'abhorrer  le  vice,  d'être  bon  père 
et  bon  époux,  de  se  montrer  pour  modèle  à  ses  enfants,  et 
dévoué^ii'  son  papys. 

VeybM  ^  Sôôisate,  faisait  tous  les  jours  des  cours  publics, 
sans  jamais  âetiiander  un  salaire,  en  disant  que  l'avantage  de 
sandre  ses  disciples  vertueux  était  le  seul  profit  et  le  plus  so- 
lide 'qu^il  eât  pu  retirer  de  ses  fatigues. 
V  Sur  un  autre  plan  du  tableau,  voyons  les  trente  tyrans 
-d'Â^nesv  qui  le  condamnent  à  mort  sous  des  prétextes  fri- 
voles, pour  se  débarrasser  d'un  homme  trop  admiré,  trop 
honoré,  et  dont  Jes  vertus^  distillées  dans  le  cœur  du  peuple» 
leur  donùaiént  ombrage  et  crainte,  pensant  bien  que  si  le 
peuple  devenait  instruit,  ils  ne  pourraient  plus  manier  à  leur 
gré  le  gouvernail  de  la  fortune  publique. 

Au  troisième  plan  du  tableau,  voyons  ce  peuple,  ces  masses 
stûpidés,  comme  hébétées,  sans  discernement,  incapables  de 
juger  le  bien  et  le  mal ,  ayant  une  intelligence  froide,  passive, 
|ftèifiraitftoîi  rîà'nt,  suivant  Témotion  d'un  cœur  inhabile  à  se 
i^ndrë  compte  de  ses  propres  sensations. 

v  870Li^^—  Le  tabler  quS  précèéènoiis  présente  le  degré  de 
GtnW^ioti  où  se  tratuvaît  le  monde  »  a|lràs  trente  siècles  de 
ètàviâil^t «depuis  le'  déluge  universel. 
.^;oIjir)^v)âiofi*^â0't'intelligenceen  deux  camps,  comme  nous 
)%v<$ns  vu,! devait  •produire  ee  résultat  désolant  :  les  masses 
igoo^antes  '$k  bomptatônt{)ar  millions,  et  les  hommes  instruits 
toutlau'fplas  par  q^elque^  centaines. 
v'  PiutniiiiilBS^îiomniies'instruïts,  la  majorité,  ne  songeant  qu'à 
son  pis^pfeiirtérét,  se  laissait  maîtriser  par  l'ambition,  la  ri- 
chesse et  un  désir  effréné  de  domination;  Tun,  aspirant.à  se 
rrâdre-'hiâépendafit  de  l-autre,  tirait  à  son  profit  tout  ce  qu'il 
pouvait".  BientAlune  infinité  de  petites  cours,  de  seigneurs  et 
de  despotes  se' partagèrent  la  terre,  les  provinces,  et  s'arro- 
gèrent le  droit  de  vie  et  de  mort  sur  les  masses.  C'est  daps 


410  siaifeui'ÈPuomui  j 

cette  situation ,  qu'en  traveiiniBt  k8<sièclêa,'iBini9iln>u)iioDâ:da 

race  h8fnBine''au'iaojtCD'Agtt  '■  ■  ■•■  ,:,  ■<ai  i-i;i:>]ri  non  ob  .viiiJ 

B7I.  -  Cemoyen-â^e.est'rfchê'èW'éatâitWi^fifeS^iitHriflês?' 
en  guerrespartieltite;  èri-bi^àafe,''«l/i'a^ier4«"frt)Mtrièfe.« 

Si  le  peupte  a  négli^  tc>ccàSion'*^*^felo^àtnâ6iîifl!afii 
licence,  il  n'a  pas  ioalbeareuMaiei>t;iiKra4aéiiÂ^xeiaple^^e 
badurie,  Tropsoaveot  HA'thifiAié^kj'miiUi'Tuim^feii\i§\mi 
actes  de  riolenoe  qu'il  TOyait  escrcer  ^r  s<w  wigndiA^fMri WW) 
grande  échlellê;  mais  sod  ëtet  de^ét^en^Riiee  loÀMijtOf^i^ 
la  drcoDspectiofi ;  c'était  enisecreti;qvie  jl«,ii^l^iniË^tai8 
ses  projets  sanguinaires.  -  Ses  JifteniliEin»iiitnuvaiâ^n%$rC<wtib 
foient dans  le sitence.  Intelligence, rnstiqHe.eh smalineêS^ 
iéées  éiaidnt  conriisfis^^sa  .positioa:doùtèuse;)'«b1^9it<^tre7t 
courir  à  la  ruse;  il  troavaitdans  la.fourbei^  61  paiiiles.^<9r^ 
âé'SDO  întdligeBCe  cempriméç,  ^es  res»Qtirett$.  podT  ^^|ife 
sea passions,  el  aen  pessiœis  finiesaieBi  -par? leiooigâH^T^i^îii 
crime.  .  ■.,    f,  i;.  -      r  .-y.i/?-.!!  noil 

672.  —  Franchissons  le  m6yen^âgè.'3aHs'te'éUi%t¥etêrJ«irf> 
les  considéraMon»  V>-.4i>t  pO|^^  ^t,  giierj^,{^çroi|^des 
cette  sura,l«iBdaneû^e,peuple,  .pfis,pli»(i!i5.n(t9^g  5^9,^  ^H^7 
B!W8  vrljé^*i(i:,l^.,nîqtifa,  (pM  ,99t  ifajt^^çil^îj^  (l^^iflftS% 
^Hirabondftiit^,d«^pevp!e,J^4î(  çoïw^ructiqp,^  l^j^çj^^/flifl^ 

.-\ïl,y_,3  e»îfiaiîs,-fpiisi,^es,.^ps  [^ 
d%*s,)ftRftÇfi,tiîUffl^i|g,/:ymft^^^p( 

m^rf  flMûrwfiÇr(l'ifttô)iigfiflfç„n; 

moyens  de  diminuer  la  suraboudan 
ïfe  4eTfi9WtiftW9(SftNi-^Dsi,^<i 
swtjp»rJ'w^il*^i^:,à  4^  fr^p^njf. 
déçimation  iq^ii^.p^r^le^  ^epBs,' 


L  HOUUH     aiSTDRIQUj:  411 

■  Si.'im  cohtniife,  le  peuple «ûtéïé  dirigé  vers  la; libre  cul-  . 

lurë  Oe  son  intelligence  et  de  sao  ^prk,  il  se^serait  parlé  à 
la.^gj^()^i^^sl8rjesl9(plaix\eSr^n|Uaqif_afitijé  improductive 
ï'^^iflçl^ft^empfiifl^jnt^^.  Ce)yiÎ9q.«citi(tivé.et  habité  n'a 
jôqi^ipjEtp'ï^l^it^ïi'ftii^e  pgj-tie^e/if  surfajce  delà  terre. 

^IfiTSii-UM  TbatèS'jeKtorivDlcietiB  mlciilëesstpriDcipaJeiaeiU^ 
lee'gdèrrts  gënéi^les  MrpàrlicoliôrèB  portaient;  «ii  préjudioel 
(S0atidérS(ble9U!t  progr^  dail'inlelligencey  etDOlammeDt  à 
sWfiiâppliëMidn'  an'dér^ppfteinent'de&artg  et  de  LlnduMrie. 
SM'^cMces:  étaient  déjà  presque  oubtiées  ;  bien  mieuiveUesi 
eft%^aier)t'iëS'tj'rMi3,  et  ils  les  proscrtTaieiitl  Si- de  leiopsâ^ 
atitre-'ùn^  botaïae  de  génie  osait  se  aïootaer,  il  ri«juait  les 
toflures,'*!  s'esposaitmêioe  à  Hvs  brftlé  vifl...  C'est  avec' 
(^  trl^^sounnir  qae DMts  ar^iToiis  su  17*  siècle  de  ootrt  ère,- 
^èble'ôÛ-  l'ÎBietHgenee -du  Jieuide  était tombée.aU  nivew  dé- 
l'igiforbnce  des  premic*^  hommes  sylvestres,  avec  l'aggrava» 
1)01)  des  vices,  produit  de  la  mollesse  et  des  mauvais  exemples' 
<ijptjC0wtxcii()'a\aieDt  p»^éj*«  ii^fectés.  .  ,,    ,.  ;  ..     j.^^ 

''ht  —  Toutefois  l'inièlligenceeomipriméefivâltfîsseÉ-âoo- 
viîm,  aaris  différeiits  Et*(s,  éclai^  cortitne'ottéiWffibeî.'quibrfee' 
^rèdiiit  en  projéètites  le»  Cerctea  qUî'reiit6tlréilï;:'les'fci61é> 
éH%vèM  M' létmiés  ■  m-àiiéri^ii'  'tmiesf'tffià'i(flllëg^  ^ 
ak  ■'iiiàsÀt^èk"XfiK^'\es  cfrrtsëquërtttt-ldfe  ^éte^'i^oUltiabst 

W''dù':J(istf;"*t-âè(a^' 

iè"1b3^Ht>kiriflé^  élites 
H'iëill'Jî^eeffitiBitiWi' 

s-Tli^ttaintint  de  è6n 
cbkiil  à  la  copiéitë  il  le  défaut  de  raisomnetnent. 


412  SIXIÈME     ÉPOQUE. 

675.  —  Entin,  aa  18*  siècle,  la  philosophie  a  pu,  au  moins 
en  Europe,  se  permettce  de  paraître  encore  une  fois  sur  la 
scène  du  monde.  Malheureusement,  Timpulsion  trop  vive  a 
produit  des  excès;  il  a  suffi  d'ouvrir  Ja  lice  à  rintelligeoce, 
pour  que  le  tourocôs  se  soitimftuédiaWm^uè  rempli  d'hommes 
à  idées  élevées  et  parfois  trop  brusquement  avancées. 

Des  hypothèses  bonnes  et./nj^uyfij^  ont  été  produites, 
discutées,  critiquées  et  acceptées,  et  elles  ont  cependant  pré- 
paré le  lit  du  1 9*  siècle,  sur  lequej  sont  venues  se  reposer  plus 
solidement  les  découvertes  que  l'humanité  était  en  droit  de 
connaître  depuis  de  longs  siècles. 

Le  terrain  des  scienpes/gr'esjt  pl4Sjajçijpurd'hui  un  sol  inter- 
dit à  la  généralité  des  hommes  ;  il  n  est  plus  Tappanage  du 
petit  nombiy^  a"fsi,,f omiçe.tçi^eg^lgj  ijtffi|ligeûî^td;4|ite 
se  mettent  en  mouvement  pour  poursuivre  les  secrets  de  la 

"?lF.?îj'!?^-?PÂ^^C^9*^  sanyojn|Çi„J|  feui-ci'r^pérçj'.HÀcCelte 
gi^ainjis  dicûii)wtQ:don)tla^itliiw<'apparifl^i  à4^hraâ!ne«eul. 


c'esli^à^dift  *  décoûVH^  et  léS^CSui*  ttrfïMl^iiaffëHarMffime 
génétaletneflt'  iç[^rg|ilei,.^qj;  Ji^.îes^j^igjt  ,l§%jffiQx^^^îy,i  re- 
médier. 

^  .0:^   ?<)  vidiTioiï  9î  Jnob  ^poipéia  ^ob  noi8<i9O0ïJ2  fia  —  .8^3 
V.  .nr|îj>  ?AhSff^  <M'^n  oup  iiiloD  h  •iiiomqrja  naW  inarnsnis; 

;  xiÀ  ânîtiiHitrQ^o6^  ^ié>  ^^(^mM'm^é^^^mm^^mm 

reBlpri]];(>DfoFniém^tiàii»$«»e#¥é«AtteV9<»i^^ 
fois  un.ià{ii^ndi^  ^ifi$^iii^4%dq(P^é^li<»l«^^^  '^^JiPVdëfii^^ 
cbte'jconoèi^iiaQhi^li^flttèièè  ^^ k^^  ^W^vm^^mx^àe 
riiQiiHiHnOTr  tafomêïâ^JÔfJfuIJilaî^caHê?»  «lo-'J  èsb  asiJe  d'.n 
,0  tîoi]î'îj3q8ïb  irjsf  «  io  aorJfioiîOi  'fusl  b  Jaoflio/ieè^oo.;^ 
.gsit'i'OfTi  81U9I  oh  j!i>t  ë)9  fi  îup  ioiqnia'I  olei^in.;o 
'  ^^i;  ^'iJorr  ob  ollonotorn  aoijcèio  ki  9biBS9i  mp  90  j^ 
3:.;  1.Ï797  a9  908.:(îq  G<?(rrr?TrTrr^^.iJon  ,8JiiLa.:i'1i5ri  a9c5  ob  je 
--:  rU    k^n  1M.^'-  î;»m;ùO'''^'i>  ^l'^f'O  ^i^^f-  ^î^^*"    ^^  '*  f^^  ^  •  'i^'' 

.• ,  f  ■   -,    .    ■>"-.,  ,      .  '  .  i.-  j      I ,.  I    '  •  •   •  i  <  •  '       '1       •    *  *-  •  t . , 

'  i'  ■  • 


V  I 


bI  eb  8î97i)9>  •■  4  ^'îvinaufOii  *iir)q  ^.^'rnovu^^'ïi  iî-j  M-'î'»*:^     - 


676.  —  La  successioa  des  siècles,  dont  le  nombre  est  cer- 
tainement bien  supérieur  à  celui  que  nous  avons  supposé, 
MHfe^f s4^S»^^ii'*®«B^8iâftil«g«^^  Qes  ^otosp'«|oeii«tt&  ayons 

Y-fiffiSS'ïtoftifis  ^8f 4«olrttKi6.^Rbj*i||faQftf*  afifB9gl]pbec.ir  aloX 

sbNftfftffl^SBfoPW»  «fl»À'B^  ^nwmipïr  joflCiiimicpéatioû 
des  êtres  des  trois  règi^^ijilajji^l^f^inayri  im)imiBS8ià(i 
successivement  à  leur  formation  et  à  leur  disparition ,  et 
constaté  l'emploi  qui  a  élé  fait  de  leurs  matières. 

En  ce  qui  regarde  la  création  matérielle  de  notre  planète 
et  de  ses  habitants,  nous  Savons  donc  passée  en  revue  avec 
rapidité ,  il  est  vrai ,  mais  assez  clairement  pour  que  le  lec- 
teur soit  en  mesure  de  faire  ses  commentaires,  et  d'ajouter, 
par  de  nouvelles  recherches,  des  considérations  qui  ne  feront^ 


414  -  hPXEKDIOEJ    : 

à  notre  avis,' que  confirmer  et 'ëclwmr>ilai4nt^eâtiotre 


.677.  -  Ma«è.<ïû.té^p,,^<ïr#ti9^5TRt^t^eîlfi,dçf,$9B8%cé- 
leste&ou  terceslrps eï^dejfiprpbal?»*»!^ taftw^îilmLpF^- 
tiop  ifloralp ^l, ^rtftqt,.l9| ,«Jirçfîtj^^ , «V^ifloMo  8îH^%jl';^.t8fir 

pa«  aussi  ,99s  s,ériei»e^  6tfl4.^?|,^i,fl9W^MS;i^'^s^^^|P 
sublime,  «mcçpaoq  <^  VfJ^tÇ}ljg«P^l*W9#ï?ï'flMkjî9.^tei- 
xm\  celte  ifl^ryeiMe,,  nçi^is  ,ftyft«s,é^^„^fqig^-,4ç;#p^l,4w^e- 
JDeat..  comipe  raj&&J^tjiii',tr,jstç,£Qj)tnt^e,r^Ypq-,lA  {i|^egl,if)p 
.des  açfes  <\f^.\^  ,na(^i|r^„i)^  (^ypD;ï;r(9^i,pfl^  fei^lilç)  mf 
fie  ce.pMtçaye  a,^puyp(i;„  8'4t.fiî»r,POP^&i.,l3.,f0Hiï^ijj(u 

Jft  raçp  entière  t!ai>f,SiaB  jep^çfDftlçî.iÇpç^fis^^^it;^,^ 
les  i^ultais^,acte&^eri9jpDw,pp,;^i)SiDfiP3%iÇflnte'^n^ 
avec  la  beauté  des  résultai  des  actes  de  la  natore?  Quel  est 
1^  principe  ^ui  pbuss^  J'horbifie  dans  le  malheur  lorstfoe  ses 
aspirations.et  s^  b^iii^ lui'f^Jit ^^^d\^M^êi^m% 
une  puissance  ^trapgè're  à'sa  vbldnié'  qitfïlinôîUe  ^'f  sjfn'm- 
amë'  ïuî-oiëiaè  àui!'eJt;ralH§iEÎ"^e 

.r'il  'un   Jrt..   .r.T.^'i  I  ,.j|    iiip    |r,  _9,(,, 

pas  ta  ticbe  .de 

intrie  passpéciali 

ii,  'comme.',to,iis 

36  à  iin  point  lïe 

;  en^bicn.ofi  e^ 

irce,  imecréatîùt 
création  peut-être  indépendante  de  la  ci  ._    _    ., 

fKut-dtPfc;  iQânie>({nc  «'istunie  cvéatioBlnDiqneinïeat  Éwnée 
de  la  voloRlé  de  l'homme,  et;  date  eci  oasu^nouk  poM;^çnb'JdK- 
naiider  àl'bomme  poiinpoi- cette  vbktdté^uetteiintkUigBacË, 
'qifil  a  totalement  à  saidieposi^ion,.  il  m  la 'dirigé!  {ap  dbiban 
odté  pour  son  propre  bien->ôlre  etpotr  «isbil  de  UailètaD  ei^pèi&. 


L  DOHKfiHOKAL. 


.flT8.  —  Pealrêlre  rhdmme  noua  répon^a  qo'il  y  a  uûe 
force  supérieure  et  inconnue  qui  l'entraîne  aux  actes  doHt.Ies 
conséquences  sont  nuisibles  à  lui-même  et  à  la  société. 
"*'lWÏ*lfè!'q(li'ia  ;(illlp4rt  (liS'itiaavaliirésultatii  tes  actions 
'^%ïiWrftJéî'ÉBA'«iieflët"l'iitlfe^d'une(brceinvi^ble.'i)tinsce 
lW;^lt«W«Sek  lliJ»li«*iiMi|t!'*WiTli!J  M*1I  »«  thér- 
"k^VUmiS  Mmv&sWa  iit^WniitluI*  (wtiirB  étl  «nlile 
"iJiÂiàtoyfl'tau»  JfejlWrtrfoiî  [TOtlft  iB  aSfttiT,  â  ïéiMKhcê;  SI 
■JaA'BIMift-'Nis'lloityéiiS'Jé'tè^rtSiWri  et*  l'extirper;  '  '■■ 
■^■iWilif <%iï(<ri! ei' 'f'oaWiil«â*illr  ilt'enitetilt '|«ils«mlV il'ftot 
Wê^lit»  ll)rt'.liilB'lW;'!i«nréWà(itl'lioi«i!!  S'Il'WveiKi'esl 
■WWSfcl-'ijaè'te'éWntBiï'llé'Séo  M*n-«r«i'Ml*(i'«i)tt'(lè'ie 
itUiSiff(ilrlSet'>i*Wta»Uï«S  IWHé,'  il  ifeirCléliiirttjsèr.l'llh- 
'Y)uK^l"ïi'|Mitili'#Uile'li'i(tmiMr'Mtbii>rlëi'oUMclfes';mitis 
»«ieiW'(!liftiii'H»t«HW*4imtfétil ësr««e'l*'Billd«, ««il  I*- 
i>Ha«'.'Trtiii»enïil''*'êroMsi»iniretitMleM;'     '  "■■> 


o^nttlh  -«tfSignttlvilaHaBets  da.>mal,  «^eHi enûildiqKfir  Ini^ 
-^èdaçpwr  4H<aoiHiaJm,^l&utjétLidiBrl<Ëm)teQrB(ile»  carae- 
,âàfles>ëljB£pa3sîoi)SîdeSboiQmea>  celte'étndstitDtiâiiib  àlrao- 
nvdrilà  qsfilt^dèeilaiée^quipFédemioeBtr  ebee  .uoe  >natiaii, 
^fiiiilte mi^éf iel  et  flilide.uHir&l.  L'uii>el  raulie<«si8lflat,  l'un 


416  APPENDICE. 

et  Tautre  pèsent  d'un  poids  considérable  sur  T  individu  isolé 
et  sur  la  société  entière. 

La  création  du  fluide  moral  est  un  fait  qui  se  produit  réel- 
lement dans  rhomme,  par  sa  volonté  et  par  Içs  circons- 
tances de  sa  vie,  et  qui  se  transmet  de  génération  en  gé- 
nération ;  par  conséquent,  Fétude  en  est  très-importante,  et 
mérite  que  nous  entrions  dans  quelques  détails,  afin  de  prou- 
ver combien  il  est  nécessaire  de  connaître  la  valeur  du  fluide 
humain,  pour  que  chacun  s'applique  h  perfectionner  son  ca- 
ractère, non-seulement  en  vue  de  son  propre  bien-être  sur  la 
terre,  mais  aussi  pour  contribuer  à  celui  de  T^pèce  entière, 
et  cela  même  dans  son  propre'intérêt,  car  le  reflet  du  bien  ou 
du  mal  d'une  masse  d'hommes,  ou  même  d'une  nation,  re- 
tombe immanquablement  sur  chaque  individu,  quelle  que 
soit  la  classe  dans  laquelle  il  se  trouve  placé. 

681.  —  Si  nous  étions  sur  un  balcon,  et  qu'au  lieu  de  voir 
les  passants  à  leur  extérieur,  habillés  richement  ou  pauvre 
ment,  nous  puissions  apercevoir  l'intérieur  de  la  pensée  et  le 
cœur  de  chacun;  nous  aurions  le  triste  spectacle  d'une  ulcé- 
ration générale;  car  tous,  sans  exception,  hommes  et  femmes, 
riches  et  pauvres,  sont  afTectés  au  cœur  par  un  mal  déjà  pro- 
noncé, ou  encore  en  germe,  mais  prêt  à  se  développer. 

Comme  nous  ne  pouvons  voir  que  l'extérieur,  et  que  nous 
jugeons,  soit  sur  le  luxe  apparent,  soit  d'après  le  reflet  de 
la  misère,  nous  nous  bornerons,  pour  commencer,  à  étudier 
le  caractère  des  souffrances,  telles  que  l'époque  actuelle  le3 
présente  à  nos  yeux. 

682.  —  Quelle  est  la  classe  la  plus  soufTrante,  du  moins 
en  apparence?  Sans  doute,  c'est  la  classe  pauvre,  cette  classe 
qui  souvent  n'a  pas  de  pain  à  manger;  mais  supposons  que, 
par  un  miracle  extraordinaire,  le  pain  tombe  naturellement 
dans  la  bouche  du  pauvre,  penserait-on  que  les  souffrances 
de  la  société  en  seraient  amorties  ?  Loin  de  là,  la  racine  des 


L  HOUME    MORAL,  417 

mauvaises  passions  humaines  a  pris  trop  d'empire  dans  les  in- 
dividus, ils  se  sont  créé  trop  de  besoins  pour  que  le  pain  (et 
sous  ce  nom  nous  entendons' désigner  tout  pl^et  nécessaire  à 
la  vie)  suffise  pour  déraciner  !a  misère  générale  qui  lient  en- 
lacée.toute  iii  sociél,é'.  .',    ,  ' 

La  première  étude  à  faire,  la 
tuelle  dès  nations  civilisa,' 
aurait  pour  but  dé  découvrir  lei 
efficace  à  l'hupaanité  souffr^i'n 
tout,  un  remède,  pour  la  classe) 
matériels,  et  (insuitc  pourla  cl 
car l'ùneet  l'autre  souffrent, é 
çnl  besoin  de  se  réformer.  ['.\  ^  . 

683. —  Or,  co.iaiDfi;  laelEkas9'I«att0|dépei»l:et  dépendra: 
loujou 
mëde,' 
par  Iti 

.Qùd 
doiis'f 
noni  ij 
aussi  I 
liçhe  j 
]ij;e)i.o 
Sousi) 
jh-di'rç 
sont  pi 
demie 

iBalbâiiraijoqt)deD'âtOBSr4fâ{teaiipËreJaiU  mt  Wsk^se^ltGi^, 
saaB.<}ueoei!iierci'B*flpf«îetç«ïvfcilHico«iq*e«etfc'iDlaasev(!a|ti!»'' 
fajt(^<îenK>D<j^BaiKeb.iit'ai;{iasr.  téna.«pis¥t»  de  l'affinité  (fm,  • 
dans  l'ordre  de  la^aiwe^:  iqaprïmel'atËrtctcon  intime  du  bien  ; 
et  du  mal'  iaes.  le  .rppport  .géséraj  de  tou^  lek  étr^j   . 

684.  —  Si  la  classe  élevée  par  la  richesse  ou  par  l'intelli- 


418  Ai'PENDICE..  ' 

gerice  avait  fait  une  étude  snr  le  fluide  m^rnU  cette  c1d8se,^dê«- 
puis  bien  des  siècles,  aurait  changé  de  systèjQoet.  et  Torgani^ 
sation  de  la  société  aura^U  depuis  Uxngljeinps  ui^a  }m^,  4ii^éreple 
de  celle  qu!^lle  a  encore  au|ûurd'luû,,.r  ...  ;;,  ;  r,,  »v  ;  -^ 
En  effet,  si  nou^  disons  à;  un  hoo^ipi&.iriobf^rlKH^^JV  4?  ^Ht^ 
Taisance  qu'offre  la  fortune,  à  qui  .rien.ne.,i?îanque>:,qiïipfjiit 
avec  son  argent  obtenir  tout  ce  qu'il,veut;.^inoua  di3oa$,àiçpt 
homme  :  Vous,  aurez  des  pialadies,.  vqus  inourrez,  |^fi,tuD^lleT 
raent,  il  le  croira,  par^ce  qu'il  levQii  tous  lesjiDsurs,;!Wi?Li^'§i 
nous  lui  disons  :  Yous  aurez  de  la  misère  au  milieu  de  jtQpte 
vôtre  richesse,  et  cétie  misfere  vous'  viendra  de  ce  pSÛVre 
hère  qui  se  trouve'daris  la  rue,  que  vous  nfe  connaissez  pias, 
et  bien  plus,  vous  aurez  précisémehl  dans  vôtre  coeur,  la  même 
misère  dont  cet  homme  est  accablé  î  A  une  pareille  sortie^,' 
rhomme  riche,  Thonime  élevé,  non-seulement  ne  nbùVcroira 


pas,  mais  il  se  rira  de  nos  paroles,  il  nous  traitera  de  vision- 
naire,  de  fou,  et  cependant  rien  ne  serait  plus  vrai  que  notre 
discours.  4    r 

"■'■■■     -    ■'■■  •'■•  '-    ■■■  ■  •  cokî.UAiioKs:    •■"•■■''''"''  "■■''■""'  '""'^ 

. , .^5k  r-.^9n Wjon^ y udans. cet ^vf^g^,, ^ )cl)apitre.:^V, 
comment,  ^f<?ri?)q,rheï:be  et  cf3.qMei(îkvieptG^Ufl.jigr^  ^^jf^ 
\:^ifip^i^  fJ- Vq  i  'îfipiitîl  npusftvpns  viji  aii^si^qu^  j^^  in^m^Uef^ 
d^ç  rpsioifWî.^'pft  jcJ^vaU/lait  Ii8?  naôo)^  ÇwçtjPf^^  f(^^^f» 
gfiftppgjard0.^^  ^Wtiieft'deJa,T,vilailiJé  deJ'^niïpalv  piftipvq«»i7 

tori^apparen;($^d€iic€s  dp^être$,w  (;i  .;-  ^vimIiî^  iîn.jHir. 
Comme  il  existe  donoM^OM  différ^(^  ide^i^^iUpn  ^0S 
chacun  decc^auiraaiu,.  pour  le.dévj^pnemeptd'i^pefliôfne 
^ut^tance,  U  exi^,  également  da^s  le^  homo^es  que  .divi»n^t4 
de  tempéranientr  qui  fait  q^i'unc  mime  sub^ani^e  seidévetr 
lopp^d'upemanière  toute  différente  chez]' un  ou  cb^a  V-aut^e» 
et  cette  diOTérence  affecte  le^in^i^idu^,  auivant  qa,'ilâ.p9^T^ 


L  HOMME   MORAL.  419 

dent  plus  ou  moins  de  chaleur  vitale  ou  des  passions  plus  ou 
moins  prononcées. 

Par  conséquent,  la  substance  de  Pair  (ou  des  miasmes),  qui 
est  avalée  par  tous  les  hommes,  détermine  la  variété  des  pas- 
sions ^l  leurs  conséquences  à  diflFéfents  degrés  chez  Tun  ou 
tJiei  l'autre  ;  c*est-à-tiire  que  le  même  air  respiré  par  deux 
hommes  produira  chez  Tun  le  développement  d'une  sensation, 
d^une  maladie,  d'un  besoin,  d'une  volonté,  d'une  passion,  etc., 

tout  dîfférèfits  de  ce  qui  se  produira  chez  l'autre. 

i.   ■    -■ 

.6.86.  — :  S'il  n'y  avait  dans  la  nation  entièrB  qu'un  seul 
homme  dominé  par  de  mauvaises  passions,  on  pourrait  dire 
que  son  caractère  fait  exception,  puisqu'il  s'est  développé  en 
mal  par  l'aspiration  d*un  fluide  qui  était  bon  pour  tout  le  reste 
des  hommes  de  la  même  nation.  Mais  quand  on  voit  plusieurs 
individu^,  ou  jiiéme  la  majorité,  Çt  peut-être  la  totalité,  do- 
niinésd'unjB  manière  ou  de  l'autre  par  dçis  passions  enneniies 
de  leur  propre  bien-être,  et  nuisibles  à  chacun  et  aux  autres,  on 
doit  raisonnablement  comprendre  que  le  fluide  que  chacun  as- 
pire, soit  par  l'haleine,  soit  par  la  pensée,  est  un  fluide  vicié 
et  pernicieux. 

887.  ^^  G'eM,^OBCWn  fait  avéré,  que  la  société  ne  doit  im- 
puter l^-à  ene-raêmélesmauxdont  elle  gémit.  L'homme  isolé 
n'est  dominé  pài"  lés  '  passions  que  perce  qu'il  leur  a  laissé 
osurpen  sor  lui  on  empire  qu'il  devait  exercer  sur  elles.  Le  pou- 
vàltril  ?  Là  comnliunauté  dès  hommes  n'a-t-elle  pas  contribué 
à^pafraiyser*seîsf6rees,  à  le&  affaiblir,  peût^^^  même  à  les 
anéantir?  Bien  plus,  la  société  n'é-t-elle*  pas  encouragé  le 
vibè  et  les  passions  lès  plus  malheureuses?  - 

'^  Les  passions;  dit  Dntlds,  n'ont  par  elles-mêmes  rien  de 
*^  vicieui.  EHes  deviennent  bonnes  ou  mauvaises  par  \vs  effets 
«  qu'elles  produisent;  C'est  la. sève  des  plantes,  on  en  doit 
«  juger  pair  les  fruits.  Que  deviendrait  la  société,  si  on  la  pri- 
c<  vait  de  ses  ressorts,  si  on  en  retranchait  les  passions  ? 


420  APPENDICE. 

c(  Qu'on  apprenne  aux  hommes  à  s'aimer  entre  eux,  qu'oit 
«  leur  en  prouve  la  nécessité  pour  leur  boaj^eur.  0^  peut  leur 
c(  démontrer  que  leur  gloire,  et  le^ur  bien-être  p^rse,  trouvent 
«  que  dans  la  pratique  de  leurs  devoirsMPQurlea  Fi^fb*|3  RteiN 
«  leurs,  il  ne  faut  que  les  éclairer.i>       .  ... 

Cet  illustre  moraliste  énonçait  une  grande,  vérité^ -piais  il 
n'a  présenté  aux  hommes  qu'un  côté  de  la  médiaillei.  quand,  il 
leur  a  dit  de  s'aimer  entre  eux  pour  leur  bonheur  ;  cela  est 
bien  superficiel  et  peu  accessible  à  Voreille  d'une  grande 
majorité  des  hommes.  Au  contraire,  s'ils  tournent  la  médaille 
et  s'ils  voient  de  l'autre  côté  la  peine,  le  châtiment. personnel 
qu'ils  s'infligent  eux-mêmes,  en  n'obéissant  pas  a  cette  doc- 
trine, oh  !  alors  le  propre  intérêt  venant  se  mettre  en  jeu,  ils 
réfléchiront  plus  sérieusement. 

-     V 

688.  —  L'illustre  Pope,  une  de  ces  intdligeffices  d'élite 
qu'il  faudrait,  lor*sc(u*elles^paraisdén^OBur  ta  tieFre(';tîuHtv^ 
comme  on  cultive  le  tdé,  a^n  d'aM<rir^'pelteriiiteitigon£Mes 
épis  nombreux,  a  dit:'  "     !•       '    /  oll^fio'  J-.9  If  .s*.  » 

Homme,  sois  convaincu  de  ce^è'V^rift  jî^'iCA  l'.i  é  SUpiîqCP': 
Que  dans  la  vertu  seule  est  la  (ëlicité. 

Seule  elle  irouvé  en'  soi  sa  proprè'V^iîottpeiîSiP*^"  J.  -  -  .093 
^       Des  biens  qu'elle^WçoHs-<des*lètt*  q€«&llfe[Taia|ieftf!ie[îlor8  tujpclc 
Jouis  égal^n^^  ft  yw>,,fans,t'éi^0u,îji^ai^,g|^  g,^(     ^j  ^^^^ 
S'élever  d'un  rival  çu  tomber  le  pouvoir.         ^       .      ^,   .  , 
Dans  la  seule  vertu  gh  le  *bOnhèui\uprê'rtte:''^'^^**'ï'^''  ^'  ^*if^'«**' 
ïl'faut  donc,  ayttn4't(»itrv'se't!biûkRWîfeoiftto9è/9  Oi^OJ  c!  eu, 

Et  eneBfêl,  sirhemmè'vbu&iit'«e^i<»pnattrà>  hwf-nftWiieil  s'il 
voulait  bien  compfendré  (\û'fihii^jeÈV(^n^  graiit  dëoiaâiiie;aur 
celte  terre,  qu^à  (^lîitelilué  Wi^  4^îîJr»gWHiera 
ciété,  il  n'est,  souiller  appoint  pl^Stf(|àé,^i0^^ëga:ljAu  pluepaif- 
vre  de  son  espèce;  que  le  dernier  soupir  s'exhateraîpour  IHin 
et  pour  l'autre  de  la  même  manière,  et^q^eieurs  cendres  se- 
ront un  jour  confondues  sans  aucune  distinction  de  la  part 


l'homme  moral.  421 

de  la  terre ,  peut-être  que  ce  tableau  présent  à  sa  pensée  tous 
les  matins  lui  donnerait  à  réfléchir. 

Cependant  ses  idées  prendront  encore  une  meilleure  direc- 
tion, si  nous  lui  prouvons  qu'avant  d'entrer  daps  le  tombeau, 
il  y  a^  pendant  la  durée  de  sa  vie^  un  fluide  moral  qui  le  tour- 
mente et  dont  il  pourrait  être  victwieux  par  sa  volonté  et  par 
ses  adesy  dé  manièi^e  4  jouir  delà ^vie  bien  plus  agréablement 
qu'il  ii'en  jouit  en  ce  liidment  sur*  la  terre. 


Ç39^  7^  Xes  preuves  que  nous  avoiis  données  dans  cet  ou- 
vi:a"'geâe  ridentîté  de  laWinposil'ion  de  l'homme  avec  la  com^ 
position  dé  ïa  matière  donl  est  faite  la  terre  ainsi  que  tous  les 
autres  animai^^^^^^^  Hé  son  corps 

aux  autres  corrm,  exigent  que  nous  montrions  aussi  la  simili- 
tude înte\réctuelle  qui  existe  entre  lui,  homme,  et  les  mêmes 
corps.  ^ 

'"Bèce^rapport  il' ressortira,  de  la  manière  la  plus  lumineuse 
'^Ifliioimne,  qu-il£s(  kitHBême  Tartisan  de  ses  malheurs 
ftXirtsl^^tpârûeqiiiâv'COQlî^tQiiites  les  dispositions  de  la  na- 
ture, il  est  rebelle  à  Tintelligence  qui  lui  indique  toujours  un 
ordre  de  conduite  régulier,  et  ce  que  nous  disons  de  1  homme 
s'applique  à  la  nation  entière* 

690.  —  L'hon^iia.ç  ^  crée  lejnot  intelligence  et  il  se  l'est  ap- 
pliqué exclusi^akeni  eomme sa  propjtiété^  parce. que  c'était  le 
mot  le  plus  significatif,  le  plus  beau;  le  plu& sonore;  il  a  at- 
tribué à  l'animal,  m\\v  le  même  fait.le  mot  instinct;  et  ce 
que  la  terre  exéeute:  dans  le  mémeiordre^  Jl  la  désigne  sous  la 
dénomination  A'œuvre  de  la  nature. 

Ihn'y  a  pas  de  comparaison  à  établir  entre  ce. que  nous  ob- 
tenons de  la  terre^  qui  nous  donne  /tout  jpar/aiï,  et  ce  que  nous 
tiroflsdenfaoèrei;tleliig(^eJ^j(}.'hQmme,,doat  les  jeffets  resteront 
•toujours  eniarriSce  et  iniieû  loin  de  la  perCeclion  des  produits 
de  lanature.:     ^     •*    ■  -  - 

MaisRous  pouvpn^  très-bien  comparer  les  entendements 


422  ^APPENDICE. 

et  les  actions  des  animaux  avec  rintelligénce  sublime  et  1^ 
actions  de  l'homme. 

691.  —  Commençons  par  les  actes  de  Vbomnia 'enters 
rhomme,  et  examinons  d'ebord^le  sétitmiétit,  qni  a^t  la  piiM 
mtëre  passion  qui  sorte  de^l'âroe.  '  v.    '    -  -•  .  .i  . 

Voyons  un  homme  qui ,  ayant  besoin  d^un  autre  bjûmmel, 
a. recours  à  lui  et  obtient  robfet  clé  ses  désirs.  L'intelligence 
humaine  exigerait,  en  pareil  cas,  que  celui  qui  est  ainsi  favo- 
risé conservât  envers  son  bienfaiteur  un  sentiment  de're^dn-^ 
naissance,  et  lui  prouvât  à  Toccasion  sa  gratitude. 

Ëh  bien  !  sur  mille. cas  de  cette  nature,  nous  en  verrous 
neuf  cent  quatre-vingts  qui  auront  un  résultat  tout  ïicèn- 
traire. 

Nous  noterons  quelques  faits  journaliers.  > 

Si  vous  êtes  bienfaisant^  si  vous  secourezuii  infortuné^  on 
si  vous  lui  formez  une  position,  lorsqu'il  aura  acquis,. geà^ 
à  vous,  une  fortune^  attendezrvousd'abord  à  le  voirs'élioi^^ttekp 
de  vous:  Vorgueil  a  poussé  dans  son  cœur  avec  Jai far tnàe; 
ridée  qu'il  vous  la  doit  pèse  sur  lui  ;  oui,  la  pensée  qv'ilvoas 
a  des  obligations,  le  fait  rougir  en  yotre.pi;é$ence>  11  voqij^eait 
ne  plus  vous  rencontrer i,  carv  dans  $or  iniérieuf ,  i^éprP^Y^ 
un  combat  entra  le  sentiment. qui  lui  icapose^laîreçot^naisr 
sance  et  Torgueil  qui  la  repousse.  Dans  cjb  combat^  Torgueil 
généralement  l'emporte;  conséquemmenli, il  vous  ha|t  ^0: se- 
cret ;  il  vous  nuira  donc,  s'il  le  peut,  et  il  fjniiia.môme''pair,Êt«"ô 
votre  en aemit  ,.  .  .    .    ,  •..—.!=.;.{ 

Si  votre  fortune  n'est  pas  assez  grancîepoiuriyQtu^.permkeiUfe 
4e  faire  la  position  .d'un  infortuné  qui  réa^araç  .voire  . bien:: 
veillance,  mais,  que  cependant,  par  bonté  (Jç  oceur,  vous  lui 
donniez  des  secours,  ou  si  vous  l'accueillez  auprès  djB  vpijs, 
attendez-vous  à  le  voir  au  commencement  très-zélé,  trèsHBmr 

« 

pressé  à  vos  intérêts;  mais  aussitôt  qu'il  ae^a  bien  au  cquraiit 
de  toutes  vo3  affaires,  il  tâchera  devons  soundettrC/ à  ses  yo^ 
lontés;  s'il  ne  réussit  pas^  il  deviendra  également  votre  enn^ 


l'hommis  moral.  423 

mi,  €i  le  pl«is  dftngerèux  de  tous^  car  il  coonaft  vos  affaire 
et  votre  position. 

:  uNoijfi  oâ^aigitailwonspas  d'autres  exemples;  dés  faita de  ce 
g^mer^id^fif.  ao^es^d-iog^mlil^è  «aipàssenè jouÉneNemènt  à  ]a 
connaissance  de  tout  le  monde  et  aeciuseni  la  dégéBéreseence 
d^}re$pèoe<fajimailiei  .<  .  '  .'  •  m  •  '.v.\  ■  . 
)  ^Jb'uigraditud&est  ie^sentiirsent  le  pinRlécher  conH»e  it  est 
aussi]  fôipffeméepQiobiie  de  reffronJferie.(|ii}  ehcoura^  ^'iioiiinie 
àiioKsdeâiviice&i!'"  -  i» -'-  .  .:- 
Voyons,. pèropposiftiaD^' ta  condvile  d-uo  àAéû  en  pareUte 

ittUn  nhi^nià  i<|ut  vous  aUres  fait  du  bien,  sdit  que  vous  lui 
montriez  de  la  bienveillance,  soit  que  vous  le  nourrissiez^ 
vous  témoignera  aD!^sitôt'^{|  recôanaiësauce  ;  il  S'attache  à 
ipotrèi|iL6PSonne,:ik:se'dévi)ueëv(>tre  sûreté,  il  veillera  surdos 
bîéi]â,,4l  aéra  le 'gardien  Gdèler  de  votns  propriété;  il  vous 
d^feûdli'â.en  touiè  ôdcasioti  ^  41  Be4&issertt  luerpour^vous  sauver. 
;  :  l^f^  i^hieli  ja  donc  junisientiméiitplus'pioble^  plus  élevé  qtie 

Miflte.  ^'Prétettdi^dit-otï  qiië  Tàiciiott  dti^éhieti'^éttfn  effet  de 
éwTtf^tiWiktf'M&ié  ri^tinfct-Be'  complMtid'¥>olif »feé  Hèéôirià 
iàiftérteteèt^|^I^^<ifê6,'«élsMqi^e  toati^^  dbrftfi*?  «ié'Afiféftdbe 
iiâ  Jiaiftq^el<,<  •  êûûn  'p(yèit  '  teut  >ee'  'qui  »se*  i^â  (iprtHfè  <à'  1  k  'dcfri^er- 
vMiôtt  kfe'Vêtt^e^fdndfldttkiEltti;  et'à^cèlîiWè  l'hbAfttféf  iyo^È^^ 
éj^tâëiW^nfMtisIJA^tU'  ^  ^  .-^-^1  >i^^'^  ^''-î'^'  ''  "''^  •""^■'  '^  •  ^^'''-^ 
L'action  volontaire,  qui  se  fait  spontanément;  qiirîvîenVdé 
reteèfm'(itfî'àMift^fetJt'^l«é  eu  riuisrfelè,^  qtii'  est  originelle,'  créée 
à^imt^lïtl^à  l^ôééask)*,' in*è8t  pllis;  urt  teffel-  d'éTîHsf iîictV  îiiafé 
bièif'leifrùJtdè  là' cdiiCéptibfi  et  dé  reàtendéWrtt.  La  préiivé 
eii 'e^t'<iue  ié  ^éhién,  «qui  à  f)rii5  èf  tîftcbé  dé  proti^ér  son  Wétf- 
feHteuï'j^  se  ftiit^lAiéi^^^r  iiii;'  ^riiit^îe'  u'n  -acte  d'itislittct 
ijueitfé'àè  mtë  tiïer?^^(M'nïêhyeifhferi,lqirt'ëai^ésteson  niâttH^ 
(jd4  4tA  ^vpri-Bttë;  paft^ses  ^eux'  et  ptfr  îë'miiiîVétfieht  dé  sa 
qUèue,  ya  jdîéen'lé-toyànfr,  présente  ses^  délits  et  Ses  crocs 


424  APPENDICE^ 

menaçants  à  son  ennemi  comme  pour  l'avertir  de  s'éloigner 
sons  peine  de  recevoir  ses  morsures;  n'est-ce  pas  encore  une 
preuve  d'indulgence  de  la  part  du  chien  que  cet  avertisse- 
ment? Et  lorsque  tout  à  cou[y  il  se  met  en  action  et  livre  ba- 
taille, puis  qu'il  retourne  vainqueur  vers  son  maître,  ne  té- 
moigne-t-il  pas,  par  sa  démarche  joyeuse,  qu'il  cousait  Tim- 
portance  du  service  qu'il  a  rendu? 

On  ne  peut  nier  aussi  que  le  chien  n'ait,  à  un  degré  plus 
élevé  que  Thomme,  le  pressentiment,  Todorat,  la  vue.  À» 
reste,  bien  d'autres  animaux  ont  ie  sens  moral  plus  délicat  et 
les  sens  physiques  plus  perspicaces,  plus  exquis,  qu'on  ne  le 
remarque  chez  l'espèce  humaine. 

693.  —  Le  singe  appelé  titi  ou  capucin,  dans  les  forêts  de 
la  Colombie,  ressemble  beaucoup  à  un  enfant:  même  exprès-, 
sion  candide  et  malicieuse»  mén^j^  mobilité  dans  les  traits  ; 
s'il  a  peur,  à  l'instant  n^ême  ses  yeux  se  mouillent  de  larmes; 
s'il  est  content,  il  bondit  de  joie  et  grimace  de  la  manière  la 
plus  gentille.  Timide  et  délicat,  le  titi  s'apprivoise  facilement 
pourvu  qu'onje  tienne  /lu  milieu  des  arbres;  dans  une  plaine, 
il  devient  tj^iste  et  dépérit.     ^ 

Cet  autr^  §iQ^  ^PP^!^  ^  vindita^  fort  gentil,  à  l'air  doux 
et  timide,  ne  s'irrite  qu'à  la. vue  des  oiseaux,  contre  lesquels, 
avec  l'agilité  d'pn  chat,  il  s'élance  sur  les  brapches  et  égorge 
sa  proie^-s'il  pput  la  saisir. 

Et  cesrOiseaijx,,.expos^s  à  la  persécution  de  cette  sorte  d'en- 
nemis, ont  l'adri^sse  de  construire  leurs  nids  d'une  manière  si 
artistique  qu'il  est  impossible  aux  singes  de  les  atteindra;  ces 
nids  sont  à.  p,eiQe<  suspend  us  sur  les  cimes  des  branches  et  n'ont 
qu'un  petit^trou  au  milieu  caché  de  manière  à  rendre  impos- 
sible ia  vue  de  ce  qu'il  contient. 

Cette  précaution  des  oiseaux  n'esl-ellepas  l'indice  d'un  sub- 
til entendement? 

69^  —  Plusieurs  philosophes  du  1 8""  siècle  ont  aussi  com- 


L'hOMH£   BtORÀLv  425 

paré,  soùs  le  rapport  de  rintelligence,  rbomme  avec  les  au- 
tres animaux,  et  un  poète  a  fait  parler  unehuitre  qui  s'adresse 
de  cette  manière  à  l'homme: 

Que  trottves-tu  là  qui  t'étonne? 

Apprends  que  dans  cette  prison  x 

Qu'entre  vous  océan  Ton  nomme, 

Chacun  de  nous  a  sa  raison. 

Et  que  rinstinct  de  tel  poisson 

Vaut  rintelligence  de  l'homme. 

DORAT. 

695.  —  On  voit  que  le  cjbien,  le  singe,  l'oiseau,  et  tout 
autre  animal,  grand  et  petit,  que  chaque  individu,  chaque 
race,  conservedegénération  en  géuération ,  toujours  Qdèlement, 
le  mêmeentendemeut,  ou  le  même  instinct,  si  Ton  veut.  Pour- 
quoi ne  voit-on  pas,  chezces  races  animales,  les  mêmes  change- 
ments que  nous  observons  chez  les  hommes?  Ceux-ci  changent 
d'opinion  à  chaque  instant;  la  fidélité  à  une  opinion,  et  par 
conséquent  les  actions  qui  en  découlent  chancellent  constam- 
ment. 

C'est  parce  que  les  animaux  n'ont  qu'un  but,  celui  de  faire 
chacun  leur  devoir;  aussi  une  même  race  n'émane  jamais  par- 
mi ses  membres  d* autre  fluide  que  le  naturel  qui  existait  dans 
sa  famille  depuis  son  origine,  et  les  descendants,  conservant 
toujours  pures  leurs  habitudes,  restent  exempts  de  cette  cor- 
ruption horrible  qu'enfante  le  poids  du  mauvais  fluide  que 
l'homme  produit  ou  absorbe  dans  le  cours  de  sa  vie,  et  qui  se 
transmet  d'un  individu  à  l'autre  pour  son  propre  malheur  et 
celui  -de  sa  race. 

Ainsi,  c'est  le  fluide  matériel  et  moral  de  chaque  race  ani- 
male qui  dirige  le  sentiment,  ou  l'instinct,  des  individus  de 
la  même  famille. 

696.  —  Cependant,  l'homme  se  croit  l'être  le  plus  parfait  de 
la  nature  ;  orgueilleux  de  sa  personne,  il  ne  veut  pas  s'alrré* 
ter  à  cette  réflexion  que,  comme  être  physique,  il  n'y  a  aucune 


426  APPCNDICfi.' 

diiféreiice  eotre  laî  el  la  brute,  puisqu-il  remplit  absoUinieni 
les  mènies;  foneticins  noturelied  que  t<mt  aiitre  animât  s^t^es^ 
tre.  Il  ne  veut  pas  nodpltis  arrêlfe^^se^'i^fteiîonSstlf^^esàt>^ 
tiens  instinctives  des  animaux. 

L'bomme  se  croit  omnipolefi4>à  causede son  intelligence, 
et  il  ne  voit  pas  que  le  plus  souvent  il  remploie,  cette  intel- 
ligence',Menséni^  inverse  dti  buf^pbtif  létfùëlié Créateur  fe'^ui^ 
a  accordée.      "  "  -  '" ''    '"'■'   ''  ''''  •"''-^' 

A  rèxceptioii  de-quelq^ïésftommèsd'éîite;  là  plupa^tTdiés^n- 
divîdu^  de  l'espèce  hurttWne  à'écorcheratent  les  unf  fes'âtltîés^ 
pour  s'approprier  ce  (|ui  appartient  à  leufié  vôisittfe,  tn^iïiy''à 
leurs  amis,  même  à  leurs  parents.  f    ti  ^  t  <•».!:• 

Et,  quand  il  montre 'cette  aviditë,  Vhoirtme,  avec  éélVé  In- 
fériorité de  sens,  se  croît  meilleur  ijiie  les  âuttes  ammauïf' 


■     T 


.  697i.  —Celte' perfection  individuelle  de  tt'inteHigëtaeèdfoç 
VhiWf»'^  pos^^^'^wcJquerftiible'qnèHe^it'eûd 
ternit  h|i:-ni0tpe^  par  sos  actj$g$;$a..C0nd4iHe  fatlMmti^emir  qu*jt 
n'est  que  Fintenajét^iéif^e  eû|re,vl^vbrpte:ét  rhopwqeiq'iiii^tipi^ 
dra  à  [la. septième  joiirHée*  .  «;     '   .  ..      ^    t  .  .  h  f;!  Awh' 

L'homme. factuel  estil-être  le.pliisltoéchaat;  il  faifc'ptiMrfle 
m^l  h  sa  propre, race  qtie  Iom  lesrailimauaL  ne^  s'entstont!  §eàSb 
entre^eux  è^jtou.iesle&  épaques  ipassét^ssdçdà  ctésïi&by'rj  ■-li»': 

il^^  afijn^aux.de  la  même  raiee  se  cbe!i?dfieQt{réfh»Bekiè!qiièk> 
rellf  ;  '  ils.  ■:  fpftt ,  -,  te  -.gMeJ^re'  bontre  d'Huttes  'raofs>  ^èûahaiwarti^ 
DQ^ »leur^4M<)9Bsi0i3i^)^Ofit  promptameoÉ  iètominées^  ie>)v«àd-< 
qnwr  mwgcîsa  i(fi0Umei:etjlQut'Clé(>  finiu'Lfhniftiïie,  «q^bèn^. 
tf^^re»,.  :  îCboT^he  fiçôni&!«rtmBn4?  •  qiifepeUèj  à>8qn&Hanhla*Mf^*9 
guerre  entre  eux  est  acharnée ^îperpélaelle;Mahaifiev^'<îhi^ 
çane^  laiforfî^ntepie,  J'çtôtucë  sont  les  moyônsLiàwiiiiib^^iiiire- 
Ipppe  ceiïx  4e  son  espèce  quillj  peut  app)fh0heri;>UptwiuM0 
iQur  paix >  dévore  lettiis  .rtesottrôe^vJeiif.  pnéparu/ioûBL^Ioiigaf» 
agopje;  airr^l'homroe.est  plus  cruel; qiie «IdAruté*  iiw;AHJi=  o 
L'homme  est  si  loin  d'-Mre  parfaib^  <^siiiftveogièMiq(i'iive 


L  HOMMft  MORAL.  421 

s'aperçoit  pas  que. le  mal  qu'il  prépare  à  son  semblable  doit, 
tôt  ou  tard^  retoiyiber  &ur  lui-même  ^arla' loi  de  Talfinitéqui 
règle  Ip^ilee  qui  existe  d«m  ,1a  iti^ture»  . 


t  , 


CA.V9BS: 


.  69;^.  —  Maiuteinam,  vpyiQrfâ  les  causes  qui  attirenl  SM^r 
rhomme  le  fluide  pernicieux,  origine  de  ses  malheurs*  . 
,  L'homme  ne  s'est  pa3.encoreaper^  qu'il  y  j^ki  d^ns  l'ordre 
mq^al,  uni^  sorte  d'^aJKinité  intime  qui  faitoOmmuuiquerJe 
^a| Qu^e  bie;i général  ide  rijidivi<lu  à  re^pèceeotière,  être*' 
ciproquement. 

Cette  ph^ervatiou  a  échappé  jusquf'4  présent  à  la  pitoélraiion 
des  moralistes»  et  cependant  riei^  .n'est  plui^  réel.         .  ( 

L'homme  riche  se  persuade  qu'attendu  qu'il  possède  une 
gn^defixrtuae,  il  est  à  l'abri  du<mâlbeU#;  il  voiiles  pauvres, 
il  Mes  plaint^iNeur  donne  aussi  peut-^tre  qnelques'  secourir,  et 
voiljBi  M»t;t6iX)yant  aToiffiûoeompli'  sa -tâche,  il^it:  al\ilftii( 
ee.foeijfai  po4  tttél  ll>se(:poée  leni(4iHaiiiliropiè;    "^  '     ''*  '  -  ' 

Mais  la  classe  nombreuse  des  pauvres  et^des^êtt^eii  souffrante 
alesniémes  besoûis(sa«fla<lup[e)  qu'a'lafcla<;se  plas^l'estreinte 
ie&  hoDunes  dehesç^'â •la>ci«i5se>fA)âibreyse né -{ieiitt ptfs^sftisP 
faire  ces  tesoins.^  tmpérieiiiX4'qui'«ont^eukiÉlè^«dri^e!^ié<létieev 
elle  fdoil^aMtffrirt^i-iséttie  souffranee  aigiid^'étend  «sm^i  UA^^'^iil- 
tilnde  d/âtces^qui;  forinent  ila  Jgtaùde  mstjmi^  dé  te'  po()ulatfon> 
Tiiwtte;^  cette.soutfl'aliee^3dtjmeidui«i»mriâel'h«FiiJitflè><e»tù^ 
gnétique  ,eti lëieo trique' |s  eUei$e'4:omffluniqi)ejet^''0Of»inè<^tfif 
oonjta^D^ ! seUei'passe  dàbs  lUmetidei Vtièmv^  'VUffé]  ^ui^  ^p9i\^ 
eoatrecottpv  toriffreà»80n!tour/^-'-'"»'-  "•   •  ■'  '"«i'*  '^'''•'  •  '"'S'^ 

Lftisouffmècei du  riche;  iaos  douiez  b'esO^as '«te' la  méMê^ 
nature iqtieilasottlfrpiiicdifhi!  pieuvre;  kt^riiîhe  peut  ^lenir  té 
qu'il  Veut  avec  son  argeùt-;  ^la  soufframeequi  s^'est  gliiâséè  pw 
contagion  jotons<  isoh  àme  sera  d'hpe  nature  '4out62  diffërente; 
mails  la  misère  intime^  sera  la  "méoie. 


428  APPENDICE. 

699.  —  On  connaît  la  coniagion  du  corps  :  on  sait  que  la 
péste,«  le  choléra-morbus,  et  toute  autre  épidémie,  se  com- 
muniquent même  sans  l'attouchement  ;  il  suffit  de  respirer 
quelques  atomes  de  cet  air  corrompu  ;  Feffet  de  cette  sorte  de 
contagion  grossière  et  violente  est  le  rapide  développement 
de  la  maladie,  et  généralement  la  mort  en  est  la  consé- 
quence. 

L'haleine  est  également  contagieuse  ;  mais,  plus  subtile, 
elle  transmet  ses  atomes  bons  ou  mauvais  à  la  personne  qui 
Ta  respirée;  c'est  ce  qui  arrive  très-souvent  et  même  jour- 
nellement ;  bien  plus,  cela  se  passe  forcément.  Partout  où 
îl  y  ^  agglomération  de  peuple,  Tair  local  est  insuffisant  pour 
la  respiration;  or,  comme  les  poumons  doivent  constamment 
fonctionner,  ils  reçoivent  forcément  Pair  ambiant  de  quelque 
nature' qu'il  soit;  par  conséquent,  les  hommes,  quand  ils  sont 
réunis,  aspirent  rhateine  les  uns  des  autres. 

700  — Jbes  malheureux 'entassés  dans  leurs  petites  mai- 
sons^ où  le  ^re,'  la'mèrie  et  les  enfants  n'j>nt  tous  ensemble 
bien  saaviHitxiu^uiifêseuie  chambre  qui  sert  à  tous  les  services, 
avalent  jomr  et  i^i^ jlae  haleme  empoisonnée  par  la  respira- 
tion commune;  de.  là  lar.triste^e,  les  chagrins,  les  soucis,  et 
la.misère  oaatatèi^ieHë'se  Imnsmettent  du  père  aux  enfantSfy  ea 
s'incorporânt  dans  les  viscères,  dans  le  sang,  dans  l'esprit 
même,  et  ces  misères,  dont  la  racine  s'est  ainsi  inoculée  et  se 
développe  ai^ee'l'accnRssementi de  rîndiyidu^. feront  rç^^eptir 
leur  effet  matérid-iet  miHrab>penddDLi truite  Jei.4iAfée  d^trl^ 
Vie-  '  *^.>  ..'0.  *"■.  ■«,<•  'Aj'j\i'\).j  r/j'c  a..,  -,K.ak^ô  ?.:t\  k-  ••«. 
'  Dans  le  courant;  dela^vie^  c6ttei,géfiéraUoi|,iee$.'€ailffiOto 
devenus  hommes,  habitués  aux  privations,  aux  chagrins,  à 
l'air  corjromçu.r  n'y,.gon,t  .pgi%  lfpp^^ibJi^j^.n^çi|^^),  fi'est 
pès  moins  vrai  eque  lei*8  sa«g  e$l  vèeié>vq*ie,  fleurs  .çi^ha- 
Iskons  seront  corrompues,  ^t(  -que  leu  cocrtiption  ka,  crois- 
sant chaque  fois  qu'une  nouvelle  privation  et  de-  nouveaux 


L  HOMME   MORAL.  429 

chagrins    attristeront    les  instants  de  leur    pénible  exis- 
tence (1). 

L'haleine  et  fas  exhalaisons  de  ces  étires  entraîneiront  né- 
cessairement ces  propriétés;  puis  celte  haleine,  ces  exhalai- 
sons, passeront  dans  le  sang  et  influeront  sur  l'âme  de  tout 
autre  individu  qui,  par  une  cause  ou  l'autre,  se  trouvera  de 
près  ou  de  loin  contraint  de  les  avaler,  et  Tair  ne  manque  pas 
de  les  transmettre  à  tout  le  monde. 

701.-^  Or,  la  classe  riche  fréquente.  les...assemblées,  les 
concerts,  les  thé&tres,  les  égUsje^i  etc«  Les  réunions  y  sont  ha- 
bituel lemi^iit^assez  nombreuses,  et  par  conséquent  hors  de 
pr^portioft  avec  l'aix  existant  dans  Tatmosphère  de  la  salle, 
4an^  je  théâtre  <)u>  dans  Téglise»  çtc.  Donc  Fhaleine  sortie  de 
leur  j)puche  remplao^  l'air  pur.  Au  bout  de  peu  d'instants,  cet 
air  n'est  plus  le  mênoe;  on  avale  alors  les  évaporfitions  et  les 
haleines  des  autres.  Comme,  chez  tous,  le  sang  est  déjà  plus 
01^  moins  imprégné  de  l'w  vidé  dontidnûos  signalons  Uori- 
ginè  à  l'article  précédent vietccoimnediiujai^rs  et  partout. des 
hommes  de  la  classe  indiquée  sont aiébessakesiaux  serviees^du 
local, -il  s'ensuit  qu'il  est  impossible  d'écbtfiper  entièrement 
à  la  contagion  de  la  misère  et  dés  senânsènti^di^adés  dés 
êtres  souffrants,  corhme  il  serait  impos»blôdd'iéf ker  êa^eonta^r 
gion  d'une  peste  gi  on  respirak  rèaleiee  de8ipÊsliférés[)3daiîs 
leur  appartement.        ..     >r        '  o»)  ,fe:o  :>i     =j'    ;    o    -i 

Ainsi  la  tristesse  et  les  peines  quegkniffieé' la{.graiidj^i^flse 
de 4b  population  viennent  forcëmaït  eôrrnn9re.l6sang,ide 
cœur  et  les  sentiments  des  hommes  qui  croient  s'en  teniri  à 
tU^tance  ou  être  à  Tabiri^da  contact  de  la.  misère  humaine 

"'(l)  Dans  ce  lableau  fipti^tfôbsi^ëprësêiildiis^  la 'luittàliôn'la'plus 
ordinaire;  lious  pâssons/^ns  rferidirer,  saf ie&  èffÊt&  pvimtlifs^  inévi- 
tables, dérivés  d'un  sang  acre,  vicié,  et  dluiij^, position  malheureuse 
qui ,  en  outre  du  besoin,  fait  pencher  les  garçons  vers  les  désordres  de 
Timmoralité,  les  pousse  au  vol,  et  les  fîUes  à  la  prostitution. 


430  APPENDICE. 

par  l'effet  de  leur  position  plus  indépendante  et  plus  élevée. 


i  ••' 


702.  —  Mais  il  y  a  plus  encore  :  la  eouftagîc»!  est  positivé, 
même  en  dehors  des  jeouses  indiquées^  aux  artidies  'qui  pré- 
cèdent. .  ;   »■•  • 

La  çpatagîDn  de  la  oorrûptron  da  ^aflg^etdéi'é^prtf/  séé(Mi^ 
inpniqae, iBfiiOUtre,!  pac  oe que  noLis>aipfieti€rÀtis  te  poidBdè^ 
fluides.  Il  y  a  1^  fluide  matériel;  et^te-fiaide  uioral  i  le  maté- 
riel est  celui  que  nous  veûîdfis  de  spécifier,  qtn"^'iv^\itë^v 
rhaleine;  le  fluide  moral  est  celui  qui  se  transmet  par  la  j^n- 
sée,  et  sur  ce  terrain,  l'homme  ridie  fait  une •  ample  téôdlie 
et  absorJbe  énormément  plus  qu'il  ûe  le  suppose  de  h  ûfïisëré 
de  l'homme  malheureux. 

En  effet,  le  pauvre,  qui  n'a  d'autre  ressource  que  de  ga- 
gner son  pain  parle  travail  que  le  riche  lui  procure,  rhortime 
d'affaires  qui  attend  ses  profits  spéculatifs  de  Thomme  riche, 
oht  sans  cesse  leurs  'pensées  et  leurs  vœîix  tournés  vers  liifi  Xe 
fluide  moral,  qui  est  comïhe''resséncé  de  la  pensée,  suit  la 
même  direction,  et  p'âr  conséquent  aussi  T essence  du  râalheur 
etdèla  misère  se  réfléchît  sur^  lé  riche,  comme  se  réfléchit  la 
chaleur  qui  frappe  une  muraille  èl  qui  transmet  son' eliet  sur 
le  visage  quand  on  regaMèen  face  cette  riiuraille,qû,  si  Ion 
véùt;*éomme  leléol'éîf  qui  frà'^p^  la  terré  èifàiî'rm^^ 
lumière  sur  fa  lune.       '     \  '  , 

703[  -^««len 'que  Iff' «tfîde  Mt'  ainsi  dirè^ctémeriit  àcif'éésé 
par  la  pëtlséé-flU  |iôiiVi^  oti*dte  Petite  sdti'Mni  âif^^rt'éfrèvc^^^^^ 
8o4Helt^Hii^*i«tti^  *e  flttîde-^^^i^une'sbrte'  tf'attl^rt^^^^ 
nant  de  ses  propres  désirs;  car,  vaniteux  comme  il  Testée' 
sa  .position,  son  s^mour-rpropte  rfen,  tmuY©  suï'êxcité/^OCet 
am^mr-pïfopi;^  ,n'iest;Auipe  cJio$e<}uei  teîd&ir  deifaîDCfparter'de: 
lui,  d'^cquiérir  de  la  glQirie,  d'avflir-dè  la  réputation,' d'^ea** 
tendre  prononcer  son  nom  et  faire  son  portrait  për  le  plus 
grand  nombredebouches^po^ible.  non€,'8on  désîr,iscm!fluide 


l'homm£.  MoaAL.  43 1 

expectnnjt,  recherche  et  attire  celui  (fiie  le  malheureux  lui 
avait  déjà  adressé.  Ces  deux  fluides  s'affinent',  pour  ainsi 

4iç^^  ^  9^l^ig|tIMItt.  '       >  ' 

.  ^ri^fD^sibrii! qu'on  BeiKoitpes'ees'ftaiidés;  flous  répondrons 
qu'on  ne  voit  pas  non  plus  dans  un  œuf  de  poule,  cotnpoi^é 
4'i^n) jtMJii^i^idl  d*à&bla»c';,  Je  moiiidre tiade  nrdëfiaug^  ni  de 
p(^nl^$.y.ni^4e.ftbr€â  B^vscailaires,  'et  cependant  tôiAcete  existe 
et  p^natjï  à  tio$s  yeux  des  «fue  Toenf  aétééefiaaffë  par  la  poule 
Q)i,|nMin(ifeip»riiiDe  chaleur  artifideliev 
~nl4  jUajUire^danssasag^se,  oacbeànotre  vue  trop  gros- 
sij^fVQ  ,\es  pbjetsi infiniment  petits;  mais  elle  ne  refuse  pas 
le^;^:(«e^[veB  de  .ce  cpi'elle  prpdnit,  et  le  magnétisme  ani- 
mal, qui  est  reconnu  par  la  science,  nous  fournit  la  preuve 
ii^rjéfr^g^ble  de  ia-cocrespondanoe  des  fluides  de  Thomme  à 

7Û4'.  —  La  nature  nV  donné  à  Thon^n^e  quj?  cinq  seps  t  la 
Vûe;Vbd6rat,  te  tact,  l'ouïe  et.le  goût;,  les  fepimes^  en  admptt 
^ènt  un  sîxiéÀjé,  c'est  celui  qui  est  relatif  ay  §ent.itnQi[tt  de 
l^è/iiibjuri  dans  ce  cas',  les  six  sen^  seraient  en  rapport  avec  le. 
i'ôilliiÉ/rlçdèâ  jours  de  la  création  1,  ,  ,,  ,  .  ri,.' 
**ïl  est  'reséryë  probablement  aux  hpmm^  dCj  ia  septièipe, 
j\iiii*aeé  iPàvbir  un  seplièmo  sens,  dont,  ôpttô  nç.sc^irîops  aajtj^^^^ 
cipeY  le  hdm,  mais  qui  aurait  ïa  propriété  ^efajjr^^pjerceyofjr 
les  fluides  moral  et  matériel  qui  existent  immanquablement 
eljijyj^^^foflçUQ.nflÇflt^ 
Wî?.*?- i^MOTes  m^^         m^^^  mJrmm^  imn^édjatewettt. 

}  MhiT^rî^i^^BOifmtàoiU'è^^  dfes  clauses' 

nibllMÉiniisesyil  é'^âabKt  4ij^^germé^danî^<lés^vrs 
menricbe;  lè>prefxxieiî  effet  dè^  <^é  génne  est' un  nià4atsè  dont  if' 
n»^  rënd;pa^ieomp^ei;ùn^ospèee  de  doéèonlèûtëàientimoral,  ' 
oui  uii;  désîr  qHi^  ite  >  pousse  llisénsiMèihieii  t  à  Wn^  pa^iorr  ;  alors 


432  APPENDICE. 

ce  sera  sur  celte  passion  que  se  développera  toute  la  force  du 
fluide  pernicieux. 

Il  y  a  mille  sortes  dépassions  ;  nous  ne  parlons  pas  des  plus 
ignobles,  qui  sont  les  plus  communes;  seulement,  pour  satis- 
faire sa  passion  morale  ou  physique»  Thomme  fera  tout;  il 
oubliera  même  qu'il  est  homme  ! 

706.  —  Dans  le  cadre  ordinaire  de  la  vie  humaine,  ce  qui 
domine  le  plus,  c'est  la  vanité,  Torgueil,  le  désir  effréné  de 
surpasser  ceux  qui  nous  entourent,  de  paraître  plus  riches,  plus 
considérés,  plus  vaillants  ;  c'est  l'indice  instinctif  que  chaque 
homme  sent  qu'il  est  encore  sur  une  échelle  inférieure.  Il 
cherche  à  monter,  et  quand  même  il  a  réussi  à  obtenir  Tac- 
complissement  de  ses  vœux,  il  n'est  pas  satisfait  ;  son  cœur 
désire  encore;  il  est  peut-être  plus  malheureux  qu'auparavant; 
il  a  surtout  des  reproches  à  se  faire,  des  remords  à  expier,  et 
il  marche  vers  la  tombe  convaincu  qu'avec  toute  sa  gloire  et 
ses  richesses  acquises  aux  dépens  des  autres,  il  n'obtiendra  de 
la  terre  que  le  mélange  de  ses  cendres  avec  les  cendres  des 
hommes  qu'il  aura  le  plus  cruellement  offensés  durant  sa  moi^ 
telle  carrière.  Et  en  partant  il  laisse  deux  testaments:  Pun,  à 
sa  connaissance,  affecte  ses  biens  à  ses  héritiers;  l'autre,  au- 
quel sans  doute  il  n'a  jamais  songé,  et  qu'il  leur  laisse  égale- 
ment,  c'est  son  fluide  moral  pernicieux,  qui,  s'inoculant  dans 
ses  héritiers,  va  combattre  et  probablement  détruire  le  bien- 
être  que  pourrait  leur  procurer  l'héritage  de  ses  richesses 
matérielles. 

707.  —  Il  est  donc  clair  comme  le  jour  que  les  passions 
des  hommes,  les  vices  des  tempéraments,  les  maux  qui  en 
sont  la  conséquence  ont  leur  origine  dans  l'espèce  elle-même: 
le  point  de  départ,  la  première  source  vient  de  la  misère  de 
la  majorité  des  pauvres  et  des  êtres  souffrants,  dont  les  fluides 
sont  forcément  attirés,  absorbés  par  la  minorité,  c'est-à-dire 
par  la  classe  aisée,  sans  que  celle-ci  s'en  aperçoive. 


L  HOMME  .MORAL.  433 

Cette  vérité  est  effrayante  si  on  la  consiilère  altentivemeat; 
et,  après  mûre  réfleiion,  est-ce  que  rhomme  riche  n'aimerait 
pas  mieux  être  un  peu  moins  riche  et  sortir  de  cet  esclavage 
du  fluide  qui  te  tient  enveloppé,  comprimé,  qui  assujettit  son 
existence  et  même  celle  de  ses  enfants? 

Nous  allons  encore  lui  donner  quelques  preuves  de  cette  ter- 
rible vérité. 

EXEMPLES. 

708-  —  Il  y  a  fort  peu  de  familles  qui  parviennent  à  se 
perpétuer  dans  une  longue  succession  de  générations  en  ligne 
directe;  un  nom  s'éteint  au  bout  d'un  ou  deux  siècles  ;  tandis 
que  la  race  d'un  animal  ne  cessera  de  se  continuer  en  ligne 
directe  que  par  un  changement  de  climat  sur  le  globe,  ou  par 
Teffet  d'un  cataclysme. 

Une  plante  dépasse  des  milliers  de  siècles  sans  altération 
bien  sensible;  ainsi  le  chêne,  la  vigne,  etc.,  sont  de  nos  jours 
ce  qu'ils  étaient  du  temps  de  Noé  et  même  avant  lui* 

Si  la  postérité  directe  d'un  homme  riche  arrive  à  deux  siè^ 
des,  il  est  certain  que  dans  l'intervalle  encore  ses  successeurs 
auront  traversé  bien  des  vicissitudes;  ils  auront  probablement 
perdu  la  fortune  primitive  de  leurs  ancêtres,  peut-être  ils  l'au- 
ront refaite  et  perdue  de  nouveau  à  plusieurs  reprises;  pour- 
quoi ces  alternatives  de  bonne  et  de  mauvaise  fortune  quand 
lé  fondateur  de  la  famille  avait  assis  l'édifice  delà  sienne  avec 
tant  de  soins,  et  qu'il  avait  employé  tous  les  moyens  possibles 
de  garantie  pour  sa  stabilité  ? 

La  raison  en  est  simple  :  le  sang  et  l'esprit  corrompus  dé 
plus  en  plus  par  la  quantité  et  le  poids  du  fluide  de  misère, 
dirigé  par  la  classe  souffrante,  ont  affaibli  le  tempérament  de 
ces  héritiers  d'un  riche  patrimoine  ;  le  bon  fluide  a  été  faible; 
déjà  les  malheurs  et  les  désastres  qui  les  ont  frappés  de  mille 
cOté^  sans  qu'ils  s'en  aperçussent.  Si  ces  hommes  avaient  eu 

S8 


434  AFPEffDice. 

poar  gnide  va  esprit  sain,  s'ils  avaient  fkH'lé-un 'iM 'Tf^ànt 
sur  )e  fluide  moral  de  la  communAulé;  si  éax-ïnèaiei'  aViH«é( 
pu  résister  aux  maàvaiaes  passions,  soit  de^pi4ftt£i6ôitd1if-' 
jaslice,  ils  auraient  su  conserver  leùir  bien  et  vHVea^lM^ëftip 
tempsheureus.  '     •  ■   ■   ^  "  >£  " ''-li!-':!  ■    ,■■ 

709. — Un  autre  esemple,  plus  clair  cncOTe,, se  rernaràuç. 
tons  les  jours  chez  les  hommes  appartenant  à  la  classé  la.futis 
heareose  en  apparence,  et  même  à  celle  qui  sern|)té^'jitâéeeè 
l'apogée  de  l'échelle  sociale. 

Qu'un  homme  conçoive  un 
ses  facultés;  lorsqu'il  aura  l 
dépensé,  et  qu'il  croira  être 
arrivera  qu'à  ce  moment  m 
main  l'objet  de  ses  désirs,  il  : 
tourné  à  l'opposé  de  ses  pi 
échappe.  Et  si  jamais  il  a  pu 
plus  souvent,  soit  à  des  circo 
vues,  soit  à  des  causes  tndéper 
nant  peut-être  de  personnes 
comptait  le  moins.    '        ^''..^  ,,  ..■.,,.  '    rfi 

C'est  la  preuve  la  plasirrécusané  dëTa  nBlltle  individaene 
deThomme".  .       j^„,    ,,,,(^s..  „^  9103^,3  _  ..,^ 

On  a  nommé  ces  accidents  «  les  C^WiÇ^^f^jf^fil:fif>^j^ft. 
si  le  sort  était  un  être  qui  préside  .aui,:éyéi:|ei^tji|it^jj^,J,     ,.  .,, 

On  doit  plutôt  voir  qufi,.pomme  touî  ^  J^ç|^ai;i^,^s  fliçwifiîj 
d'une  nation,  la  grande  quantité  et  la.diy^r|ité4iij^0u^jiii;tr. 
rai  pernicieux,  par  son  choc  è,  l'intér^iy  de  j'I^çiïijf^e,  j^op.- 
trebalance  notre  volonté,  etinQi)^puis^)iiai^^sur.,le,f£iiiie('4 
sèment  de  nos  plus  ardents  désirs.  ,^,.,.,,  .,,  iioiiiissllipi  fia  i^L:- 

710.  —  Oo  voitencofc  dtJrffiÀïtJSA  iAaf4ttëh£âftï<>(«âfl8iîce 
pour  aiii»  dire  obstinée  de  bieà^'4ti''Bk'W^f||gVei%oêiiteâ# 
pmoBues  ou  certaine»  ràmiitèsVpë^eï'é^êV'^lI  é^'qé?^ 
MitKpm  par  un  homme  M  k^asuïit;^  ^f'^'^it^l^'iMNi« 


l'homme  moral.  433 

^itr^mdra  luunia'a  contre  ses  désirs.  D'où  vient  cette  tena- 
cilé^eb^ne, fortune  ou  de  revers?  Ëvideimneot  il  doit  y 
avo^VP^  cttu^j.e^  U  est  impossible  de  ne^as  attribuer  cette 
caiitsç  it.uDe^<ii$poBitiaa  préventive  de  l'individu,  provenant 
d'un  Quide  matériel  et  moral  earaciaé  dans  ses  viscères. 
^  Le  Quide  qui  existe  dans  une  race  animale  est  en  équilibre^ 
it  pYa  âoè^^oininé  qui  l'ait  fait  sortir  de  son  équilibre,  en 
mv^^ûnt  leLBitoations  dès  ètrèsjdaDs  l'espèce.  Or,  le  balanoe- 
mentgâieral  cherchaat  a  faire  une  compensation,  il  arnve 
nt,  en  totalité 

1  ou  du  mau- 
homoie  actuel 
viscères  une 
è  qualité,  soit 

a  agi  avec  in- 
luide  mauvais 
à  ses  desœn- 
le  an  tribut  de 


çomme.une  dette^d'héritage. 


vient  delà  rdigion 
holiqiies,  les  pi'otes- 
'  méthodistes,  etc., 
it^  issues  du  chri^ 
ifimpris,  ne  forment 
36'  trois  antres  quarts 
'pagïoiâiue,  divisé 


qUfBf  ^M    !«"■'.'  ^'"■^vo  MMTV  t" 

■joB«»S#>ïl»»«f)ffll*>  #»%i«cili(i  psrtij»  du  monde,  cha- 


4i6  APPENDICE.      '- 

A  quoi  tient  cette  prospérité  exceptionnelle  et  ëviitaddè?  Ette 
tient  à  l'homme,  qui,  sentant  sa  faiblesse^ nài)ureMl^<is'incline 
respectueusement  devant  Dieu,  sous  quetqM»  fortpe  (^i^ 
teuille  le  lui  représenter  :  Kliomme  comprend  q«i^l«>64  dràb 
sa  nature  d'adorer  un  être  suprême,  auqitôl  il  doit  sou^^^^i^^ 
tence  et  sa  conservation.  ?     '    •'ho^ov  ?n  -^' 

Le  poids  des  fluides  incline  donc  entièrement  de^ce'eôté; 
chaque  peuple  porte  ses  hommages  et. ses-  vOêés  au*  dteu^iAd»! 
il  professe  le'culte,  et  ce  culte  prospère;  Les > prêtres  et^téd^mi^ 
nistres  n'ont  d'autres  ennemis  qu'eu^^êmiss,  se-jaSoUsèkHt 
entre  eux,  se  décriant  mutuetlemeirt  da^ns  teuv^^Vâgi^^  %ii 
vue  d'abattre  un  culte  rival.  -«.;:.  .     '. 

Heureusement  ceux  qui  proclament  des  èn^eurs'ir'ont -pas 
longtemps  le  pouvoir  d'entraîner  avec  >eûx  une viâë^orité-^ 
fluide  dans  la  même  direction,  car^le^peuptev  ddfiH  ibn'i)on 
sens,  aperçoit  tôt  ou  tard  l'esprit  de  pas^q,  d^  )ii)olfeie  ^t 
d'intérêt,  qui  perce  dans  les  diatribes,  au  lieu^derresp^sd^U- 
nion  ou  de  véritable  religion  ;  le  peuple  ne  fait  dçnc  aucun  cas 
de  ces  sermons  de  partis.  ^      »    /:   -l=         ..i^ 

C'est  ainsi  que  les  prêtres  et  les  riifmkrësià(B'^cét'f^^ 
ne  voient  à  leur  suite  qu'une  faible  minortt(^|'et!^qàe^ièîife 
traits  les  plus  poignants  ne  peuvent  huirè,  tfai^r^^l^urs^^éf- 
fbris  incessants.  - '^    a:  ..■  .-'o^i»  ^M^oo^iq  i^Ji^ 

Chaque  religion  prospère  jusqu'à  Ce  qiie  '  të  pçiiPlê  l'iMièr- 
çoivé  que,  sous  le  nom  de  corporétiàn  fètigîéikei  tel' pretlfe 
et  les  ministres  ont  accumulé  degrandes  ^rjlchesse^,  aHuimen- 
ses  propriétés,  des  terrains  can^idéràiblès,,  ét(^^^  re- 

venus dont  le  superflu  suffirait  pour'  soulager  ^e  i^f  ûîill^*lât- 
sères;  alors  seulement  il  éclate  dès  scissions,  dfôré\^tres,  \les 
schismes;  le  fluide  moral  entre  en  ébullittôïif'iHji' ^M 
déplace,  son  mouvement  agit  avec  plus  d^énèr^è^/'il^  èîd^'^^ 
suite  des  divisions,  des  sectes,  etc.vaînsi  qtoè  rhlStîiîJ^^^ 
'  feurait  des  preuves  nombreuses.  *  ;    ''  ''\    '^^'*'' 

712,  •—  L'action  du  fluide  moral  nous  paraît  donc  une  vé- 


L  UOMM£   MORAL.  437 

• 

fivé  iQ{2M)t^aibte.  Mais  voici  encore  quelques  autres  preuves, 
j  .li'élôqvieiÉccrdfttn  (»ateur^,  la  parole  des  ministres  d'un  onite 
f  uelf^ooque,'  ao^  montrent  également  combien  il  est  facile  de 
;ftûfle  fientâii^p  tj^rs^qn  point  déterminé  Topinion,  c'est-à-dire 
lai.plufijr8nde  |^a(rlio.du  poids  du  ftaide. 

Nous  voyons,  à  tout  instant,  la  masse  du  peuple,  dans  une 
:fllr6on»iaitc6fdonBée;4se  porter  aux  excès  de  la  joie  ou  de  la 
v(toilleui}i>our:céder,  sans  savoir  pourquoi,  à  un  aveugle  entrai- 
«om^t^  i»}iqae0àent  pouv-suî^re  un  exemple^  absorbée  qu'elle 
^est^fâlr  Iiii<si,m9l0  ea^viement  d'inclination;  nous  la  voyons 
.S9  piîessjiiv^Quriir,  s'afrêler,  s6  grouper,  pour  une  bagatelle, 
pour  un  minime  objet  de  curiosité. 

<>i;.<Q9¥i>iiloisyôimntft:subitS'6ont  un  signe  que  le  fluide  moral 
:^Q0lir^)jE)aiTpii^;  9randie^<{^aiilfté  vers  une  direction  spéciale. 
j  oXî^st  8orîcetife]drrection.qu,'il  importe  de  veiller,  car  le  jour 
jqu&^fieupire  éfN)tovera:i'inftii^ce  de  la  bonne  direction,  ce 
-jiMirhlàrâS^fa»6eliiiidu6bpiitaèiir  pour  une  nation. 

713.  —  Rien  ne  prouve  mieux  1  existence  d  un  fluide  mo* 

^iîi't%'^ii'te'^fflP^^(?^Wf,,^\^  ^^?  produisent  ces  orateurs  qui 
jj^ll^ie^^  etjJ^J^j^^^^   4es^  masses  d'horçmes  au  même  instant, 

été  préconçu  d'avance.  Une  autre  preuve  ressort  aussi  de  ces 

J^^i^e^ions  iq^ts^t^nées^^       liaient  et  se  communiquent  à 

linËlfoùlé  d  hommes  al  asb^ct  d'un  site,  d'un  point  de  vue, 

«  Lors  de  1  expédition  d^gypte,  lorsque  I  armée  française 

M^"^o^lÇ]jT^i  ^  m:.  (J.-B.  Eyrès,  l  armée  entière, 

à^ràspect  de  ces  îuînes  ^pai^sesi  s'^arréta  d'elle-même,  et,  par 
uiirmouvèjag|en^j^^^  d'ad^mirî^tion,.  battit  des  mains.  » 

t.^eiithjl[us^^çç^^^  général;  ils  lui  faisaient 

.^onAredeilé^irs  cQr^  poiii:  le  pfésefvçr  des  rayons  ardents  du 
soleil,  afin  qu'il  put  prendre  |es  dessins  de  ces  antiques  débris, 
et  mettaient  leurs  genoux  en  rond  pour  lui  servir  de  table. 


436  APPENBICE. 

7U.  — Au  reste^  ce  fluide  moral  a  été  reconnu  dès  la  plus 
liMte  antiquité ,  et  les  hommes  les  plus  éminents  Tont  ap- 
précié dans  tons  les  siècles.  Les  prêtres  et  les  ministres  de 
tontes  les  religions  antiques  et  modenies  le  proclament  haute- 
ment; peut-être  que  ceux  de  nos  jours  ne  font  de.  même  que 
par  tradition. 

Ces  prières  en  commun  que  Ton  recommande  surtout  dans 
tes  calamités  publiques,  les  proees^ons,  les  assemblées  reli- 
gieuses, quel  en  est  le  but  1  N'es^-ce  pas  de  i^éfmit  1%  plus 
grande  masse  possible  de  fluidamoral  el^^delui  donqetijiBe  di- 
rection déterminée?  .'  .  >  ne  ? 

S'il  y  a  une  famine,  une  peste,  une.sécbere$se^ii.' jiijt^iiê4ron 
pa«  iout  le  peuple  à  ne  porter  ses  vœux,  ses  pensées,  ses 
prières  que  vers  un  même  point ,  afin  d'obtenir  de  Dieu  la 
plttie,  rabondànce  ou  la  santé?    ^  ,     r^c 

Nous  avons  encore  un  exemple  fmppant  âtt^tte,;ér^4^ 
les  sectateurs  de  la  religion  mahofluélane,  q^i/fust  i^nl^^ef^ 
racinée,  et  par  là  la  plus  tenace ^da|^(i)Bt  pm^J^hi^^iï^ 
prit  des  Turcs.  Le  Coran  leur  défend  roéme[  de^isç}|t^^ay^ 
les  infidèles  en  matière  de  religion.  Leurs  prêtres  dc^u^nt 
l'exemple  en  pratiquant  rig6ureu$emeptl€3%;ippIfj§4yÇAj 
Leurs  prières  publiques  se  font  six  fpis  par. jQ9rljr^l^^sr  ^i)Je 
moral  est  donc  toujours  porté  à  la  mèpciedif^qii.^l^Q^içJis- 
sionnaires,  qui  souvent  ont  réussi  ^,.C0nvert|i^46¥IjÇ^ÛI^  ^^ 
et  des  Indiens,  n'ont  jamais  pu  parvenir  à  convertir  un  Turc 
au  christianisme,  et  la  majorité  de  cette  race  (i^ommés  n'a 
jamais  avancé  d'un  pouce  dans  la  civIlisâtioriV  car  Teuf  vo- 
lonté ferme  tend  toujours  au  même  but  :  c'est  l'effiîf^e  lêfir 
ft«ide  moral.  "   '*'^' 


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i/homms  moaàl.  439 


CHAPITRE  XL. 

Wwà  Tient  le  poids  du  Fluide  moml 
et  qui  revtretlent. 


%' 


Sommaire  -r  Origine  du  mauvais  fluide,  715.  —  Erreur  au  stget  de  la 
classe  ouvrière,  716.  —  Causes  provenant  de  la  manière  d*élever  les 
eniànts»  717.  —  Causes  tirées  do.  la  conduite  des  hommes,  718  à  71<k 
-*  Quelle  est  la  classe  la  pHu  exposée  à  estrelienir  le  mauvais  fluide, 
—  721.  —  La  Justice  et  ses  écarts,  722  à  795.  r-  Comparaisona  avec  • 
les  barbares ,  726.  —  Conséquences,  727  à  731.  —  Conclusion,  732  à 


715.  —  Du  moment  que  le  sang  de  Thomme  est  vicié-  par 
le  poids  dti  mauvais  fluide  matériel  et  que  le  fluide  moral  a 
corrompu  son  entendement,  il  flotte  sur  l'océan  du  désordre. 
Si  des  causes  étrangères  se  présentent  et  viennent  augmen- 
^  sa  ^t^âtesée,  le  mal  grandit  dans  des  proportions  sans  li- 

^(^ipelift  à^àndir  c6  mal?  D'où  yient*il  et  pourquoi?  Qiiellas 
sëHt'lèK^'caUsëS'qisi  ébàruenl  la  bonne,  voie  et  quelle  est  la 
cHisse^e  la  sûdété  q«tfi^àugmefite  le  plus  ce  mal? 
-  ^'Kéiiâ  •alfdfls  reéhiôrelier  la  solution  de  ces  qu^ons. 

7 16^—  Ûiri  est  assez  dans  l'habitude  d'attribuer  les  convul- 
sions  de  la  société^  les  révolutions  politiques,  au  chômage  des 
ouvriers. 

Cette  idée,  prise  en  général,  est  une  erreur.  D'abord  les 
véritables  ouvriers  (et  le  nombre  en  est  grand),  loin  d'être 
dangereux,  même  en  état  de  chômage,  sont  calmes,  modérés 
et  pacifiques  y  parce  que,  s'ils  Font  pu^  ils  ont  fait  quelques 
économies;  ils  possèdent  soit  une  somme  à  la  caisse  d'é- 
pargne, soit  un  crédit  moral  auprès  de  leurs  voisins.  Donc  ils 


440  'ÂPi>^ENDltÉ*      ' 

auront  la  certitude  de  ne  pas  manquer'  de  palh.  Its  sonï  cal- 
meSf  parce  que  le  crédit  perèontiël,'la  éonduitë  régùRère  et 
l'ameur  de  la  famille  leur  impdsent  robli^ktloh  fiin  bon 
exemple  à  donner.  '  :   .  -  p-x       «  .  t? 

Mais,  sous  la'dénomination  générale  d'ouVrierèV  il  ^'glisse 
non-seulement  les  hommes  qui  travaillent  de  leurs  bi^a$,''mais 
aussi  ceux  qui  spéculent  de  Vesprît  les  W%s  crdisësC  Cëàï  celte 
gent  qui  est  dangereuse;  elle  se*  rèncont^s  matheutëusëiUént 
dans  (a  classe  ouvrière  aussi  bieb  qiie  dans  idiùiëi  tes  autres 
braâches  de  la  société.      '^  ! . .  - 

Cette  espèce  vetft,dit^!ë;trtLVaHler,'^ttlaiS  trës^pè* 6U >àMt 
du  tout.  Ce  sotit  ces  hommes  tfès-hoiiibreàot  qâi'vohdi^ent 
dominer/s'enrichir,  a^mporte  par  quëtà"moyensVsabs  Jàëiâi^ 
être  contents  ;  ils^nttoajoûr^  4tl()uiè«i:  Qe>  l«0Ht  ëth^(]iii^Mè^ 
teut^eâ  plus  grande  Vtuamité.'l'^eixpaAsion  d'tm  Buiéé  iiMé- 
riel  et  moral  pernicieux,  c'est-à-dire  celui  des  mau valises  pën^ 
sée8,-^^urce  duj3U3^  s<jRti4nep;,qui,e^^^^^ 

les^^actiojiS-v,..  ^  .(    ^\\.,^,  ^\  ^Knu-y,  yuMU:,^.  imhi  i^3  st'îimof* 

pas  Tun  et  l'autre  4^^qA^^.cmt4^^^  m^ 

vais  Aui4&^«e  V^pÇ^^Urfl??,  s^pf^sW^,  i^^b^^^ 

VÎS€!fel!W;^  pOaFtg^flS^t^fPW^UJirtOSVtft.^  ^l    ;wh,-; 

.  ,pès,qu:u%;^ni^^^^v^p9J^^fB^^ 
'    v0ntde.l>9y^jip««^^Bf^e^Ja^j8]^^ 
eftf^nlsy^ws^  un.  m^^t>]  J^ 

leur>nne,.png,(}i§p<ï$^ti<Sî;%  jîa,|^  IHgPÏ^WS  4*  M^r 

La  compçss^iQUi  (le$i:.Yisçiès«ïS.rflu<.l^-v(^liPq,^^ 
digestion,  d'où  résultent  des  engorgements  et  la  cacochymie, 
cause  pnemiètè  dtfWchltî^hlëJLë 'saiiy^^^  le 

corlfe,  l*e^uW;âii'cei'Vékii'èl!  y''pt^àùit-'M'  ^éoMlsî^^^  dfe 
paroxysthêS  IJ'épflëpsiei'tès  l'àhges^^^  nietteh^  4U  sd^^lice 
et  nous  défdrmeiitV^Le  thaÎTlÔt,  lès'bé^eé 'del!togè',"cdmpri- 
ijiànt  Tenfànt,  sont  donc  une  coûlumelhseri'sèe  é^  bfuelle  pour 
le  physique.  Voyons  leur  effet  poiir  le  moral.  '  '    '  ^■'  '•   *"    " 


l'homme  mohal.  441 

Une  position  contrainte  devient  fatigante,  engourdit  les 
orgaw»,  tîause  4ie  la  douleur,  force  l'enfant  à  s'agiter  avec 
violence,  et  par  ses  tiraillements  elle  fait  quelquefois  sortir 
des  hernies  ou  démettre  des  articulations.  Ces  accidents  ai- 
grisseat  davantage  renfant  ;  il  multiplie  ses  lamentations, 
^és  pleurs  deviennent  une  habitude  :  cette  habitude  de  crier 
s'earacine,  prend  de  la  force  et  se  substitue  au  calme,  qui 
devrait  être  l'un  des. attributs  de  Tenfant.  Les  pleurs  et  les 
cris  ie  rendieni,  irascible,  témérairç  et  indomptable  ;|  de  là 
vient  cette  première  inquiétude,  point  de  départ  du  déraison- 
nement qui  sera  la  base  de  son  tempérament  futur. 
'.  Xes^rabes,  qui 'ont  un  tempérament  calme,  uniforme, 
commQ..tous.les  Orientaux;  les  sauvages  de  l'ancien  et  du 
noweaumonda^  qui  sont  si  parfaits  dans  les  formes  du  corps, 
n'ooA  jamais  pensé. à  torturer  les  enfants  dès  leur  nai^ance 
par  des  laqge».  . 

718.'—  ta  composition  physique  intérieure  du  corps  d'un 
homme  est  identiquement  pareille  à  celle  des  corps  de  tous 
les  autres  hommes,  et  le  placement  des  organes  est  parfaite- 
ment arïalogue  à  la  proportion  de  sa  taille. 

Pourquoi  rem?arque-t-on  une  disproportion  souvent  infinie 
dans  le  caractère  moral  d'un  homme  comparé  à  celui  d'un 
îiuti^e?  Puisque  le  caractère  moral  est  produit  par  le  dévelop- 
^eiii'éllt' déS  facultés  physiques,  ce  caractère  devrait  également 
kvoirxinè "pâMïiîte  conformité  de  perfection ,  et  tous  les  hom- 
me^ ne  dëVi^ieriC  avoir  en  vue  qu'un  même  but,  celui  d'amé- 
Horalftitt*  èft^'de  f)<*6grés,  conformément  aux  lois  de  la  nature. 

749.  — r.  Ce  qui  a  contribué  à  faire  prendre  une  fausse  route 
au  moràl^de  l'homme,  c'est  le  tort  qu'il  a  reçu  d'un  autre 
homme.  On  oe  p&ut  pas  nier  que,  lorsque  nous  éprouvons  une 
insulte  ou  une  injustice  non  méritée,  nos  sentiments  s'altè- 
rent, et,  au  moment  de  cette  altération,  notre  sang  échauffé 
n'est  plus  dans  Jes  conditions  paisibles  oà  il  était  auparavant. 


4,42  ,  ÀPt>£Naicj£.   . 

i-haleine  et  ja  pensée,  clest-p-dire  le  Qi)ide,.jp^(^rjiel  ei  le 

fluide  lûoral»  se  trouvent .9ll^ç^i^?^.ej, f^^^^ 
Qou»^  ils  ser^t  aujj^ibjl^,.  ide^  çriè^  pu  ,dia  lom,..i^  ç^^e  voisin. 
Les.iactfis  d'i^plîce^  les  ipaçivaU^^       1^  pç^iif^,  pon.naé- 

ritécîs.jsoiat4aiMîM  ?<>W^  ^S^uyws  fluide  .iç^  Or^,  si  les 
parents,  soit  par  ignorance,  soit  par  superstition/  font  souffrir 
leari  èÊêâtkU^^àhsi^pk^ïÀi^wtisBàfBbimonà^^  cmqiçttent 
«m  aet03id^iiôtffitîoe',^siqia;deateiïia«dM  laaift/ils:  nfen 

èauseirt^pM^mufais^'des^doiifciiA  k\Veûî&B^j:ceÀpn'^\gtîi  stfn 
tempérament  et  Texcitara  à  faire  à:  snKPtohr^'dis'^infaalièes 
tciraqu'il 'sera»ïdQlt&"r  y  ''j.'  .''•bîiO'î'7o;>*lt  -.  oioi-j  fo^  -l^- 

ilij«islic^'<«i&  àiltr^ljwwmescojn'jt'  -ô  psai  ^.-^^  :'•  f-'  -fha  ^rcn^ 

>:  7!20vfi^>.Gfi9»p^daGgi»»dft;^^ 

irop  afesKtffeé  4*  ^»|l^^ji|]^^i^u^«»ij^ 

«Ii^^f9^,.-|y8^ntiflifii«|  fei»«g^(tefj.A(fo*ftwF;l^PΫ^ 

^«M»fteii0hîffîi^«^tirfi§tié«i«*ryw^  /•. 

vo  ta  f9ii^|^l^i9§pi|)^MQg^eo)fj^;^^  mmw- 

rêt;  il  tâche,  il  est.yfajj,^  9«RÏiÔ6i*9*e»ttipfi!4«^(:SBÎiJb^ 
-<î^.y<¥i%jyçeiWftS©fffiPleRt^ft^  \BJ^g»«e%^^ft«i^  sflp^apti- 

^ir«s(H'  «t^^jôè^^  ïmym 

4^1:  lovjmtriiQi^èia'Moii!  ÎMkéMfi^.ipîiM^  ^^àmmyml^ 
4à  la  ^mcieno^.  et  B»ar^é  «uy  )Ua>  gii^mj^  d^  y^iws  ipil 
aum* dépouillées  ou  len^^rsées':  enr  sm  pflpssageto  mj      ;  •* 


L'flOîiiMl:  BIÔÀAL.  443 

parfuïiie'^èveijâté  'tkm  iiiérièêel,  accusent  le  t\el  de  Finjiistice 
^es  b6mïh(^,.lBt/iii)i^àntà  fèw  tour  pfÀr  përiire  to^^  ïeligion, 
"ktks  traB^etfeîil;  à )àgénêtMhf^  Va M^ui Vrë  ttdëe  de 
la^iSiéJÉiânfeii]  et  déifà'liàinè  ileshbinmëst^^^ 

'   /ïH  >^» A^^èse*gîooiirtrfliw6çuîgëiiéry j;  ill«>ug3ir£fete à  ydr 

({iislle  ^  1»  dasseitefiihommes  IabpiHS,eKf^i)^ 

cfau^te 'peii{|lef)oe, gsritm  du  âujdte  lÂs  Jbatbèiyr^  qui  ;^  $»bdi- 

■"^»i8èi0Bstaai«dedH?a»dieaL  ^.i;j>]  jê;  .;>i*ji:^xe'î  *e  p^-^^'^-vi-,  ■   ^ 
On  sera  étonné  d'apprendre  que  ce  geaiiei  iCelte^strdrpeAe 

^tâe'diànkml^qfiéimte  kdm  eotF^bei^sjtatiarfe^pait^ 
ment  par  la  classe  des  hommesaMOMpNls^^été  «miiéela^niraH- 
sîon  de  les  détruire. 

"^  "'9iô6^â^tÀ;^u  ^ètiM^i^^^^kU^^ti^iïèis  tiiffé0é  le 

ter  en^%fâWtl^^  s^tl  <aë^'M(â^li^da('«^té 
bmm  |iypâftièr4ësWâl^'ii^ltb 

îi»ë»^  i»MK(^aé#l^#H8/  i»mé^t%ilt)ëé^,^'i^^i]^'«é»  Éé»-* 
pable,  sauver  la  yeme  et  sa  fortune  menacée.  A  cet  effetV^ 

avait  en»|Kriiii^4^^|'atfâN$idf]^ne^l^^ 


de  la  stutue  àfi  |^  jiuiUi^'ii.Ci'iâtaH  iituit'feainie  b)aiit)ite6''}itUl 

el  de  l'eutce.  j;nsj^.  ,uf)e>fl>>atEn««i(i£e  j^iûsigailini  qoerâtiju^Uot 
ne  regarde  personne,  qu'elle  est  impartiale,  que  le  bienidift 
mal»le.|or|L.ou:la'faà^Qn.^r{iat[tflfieX|i^'leBiraU-peBdB,f«t'i^e, 
le  jufjflmient  Br()poBiîft,,l'*ij|iarit(é'  publique  feià-maUitehi»;  lik 

décision.  .i.ri.:;,:'  ,>i.     ■'■■■  i'    ■■■■■■.■(.■■,■■•,  hh    '-A  ••.'■■■MU. 

léidf^Iirp  des 

ï^iiiBt^oii»»^ 

jegfëpiiQitBto  W 
ualité  du/gwtle 

^,  Sous  iiJÇ[6tçJJç,^gi4^,^§|^sjBii,fter^i^gçtfïd^,:ift'^ 
vjénÏF'^'.ajdfi'j^^^jiR  5ai^Mfl<o«'^r[ï»esoiH4iyl|>ï»utetwpnW 

désordres,  sévèrement  punis,  disparaîtraient  de  la  soQJ^oi'» 

volonté,  la  fausse  interpréiatipfl<;i;jntl^éfW«fioe»tGilpirt»^St' 
gence  des  hommes  qui  ont  été  appelés  k  siéger  comme 
jW»?%!ifi  .^'Aim'  ta^nm  '(